Titre : La Petite presse : journal quotidien... / [rédacteur en chef : Balathier Bragelonne]
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1868-08-01
Contributeur : Balathier Bragelonne, Adolphe de (1811-1888). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32837965d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 août 1868 01 août 1868
Description : 1868/08/01 (A3,N835). 1868/08/01 (A3,N835).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k4717837q
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-190
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 22/10/2017
L'AIGLE RAVISSEUR
M. Powell, riche propriétaire aux environs de
Hobart-Town, ville d'Australie, était parti à la
chasse avec quelques amis dans la vallée qui
s'étend au nord du mont Wellington, que Flin-
ders avait surnommé le mont de la Table. Il
avait été convenu qu'on se réunirait pour déjeu-
ner sur les bords ravissants de la rivière Huon.
Les dames devaient également s'y rendre. C'é-
! tait une partie de plaisir à l'occasion des rele-
vailles de Mme Powell, créole douée d'une rare
beauté.
A l'heure dite, tout le monde se trouvait au
rendez-vous.
Le lieu qu'on avait choisi était planté d'arbres
au feuillage touffu. Le voisinage d'une cataracte,
dont les eaux filtraient à travers la terre et ré-
pandaient la fraîcheur ; la beauté des sites et
ipar dessus tout le plaisir qu'on s'était promis,
prédisposaient tous les cœurs à la gaieté.
On se mit à table, c'est-à-dire qu'on s'assit au.
tour d'une nappe étendue sur l'herbe et chacun,
dans les meilleures conditions gastronomiques, fit
honneur au festin champêtre, pendant que des
domestiques, gens de couleur variant du bistre
cuivré au chocolat foncé,^ servaient avec un
louable empressement.
Le coup d'œil était superbe ; hommes et fem-
mes, chevaux de.selle et bêtes de somme, pré-
sentaient le pittoresque aspect d'une caravane
campée dans une verte et fraîche oasis.
Au dessert, les joyeux propos circulaient avec
les vins généreux de France, et plus d'un écho
endormi dans la solitude profonde, fut réveillé
par les éclats de rire des convives.
A ce moment où, tout entiers à la joie, les
convives goûtaient les délices de la vie, un petit
cri, partant des airs, fit tressaillir Mme Powell,
qui se leva soudain comme mue par un ressort
mécanique. Tout le monde pâlit à b. vue d'un
oiseau de proie emportant dans ses serres un
cbje', qu'on ne tarda pas à reconnaître avec un
indicible sentiment d'épouvante.
C'était l'enfant de Mme Powell, que la nour-
■ rice avait déposé, à une centaine de pas, sur un
schall suspendu aux branches d'un arbre, en
guise de hamac.
La petite créature s'était réveillée au moment
où le léger tissu de ses langes s'était déchiré
ï.ous les serres, et elle avait poussé un petit cri
entendu par la mère, qui gisait maintenant éva-
nouie sur l'herbe ; car la première, elle l'avait
reconnu.
L'aigle fuyait toujours avec sa proie, se diri-
geant vers le mont Eucalyptus, situé à une dis-
tance de deux kilomètres.
Déjà, deux domestiques, courant dans cette
direction, étaient loin dans la plaine. A leur
exemple, les amis de M. Powell s'élancent sur
leurs traces, armés de leurs fusi's.
.Arrivés les premiers au pied de la montagne
formée de blocs de basalte, les noirs la gravissent
avec une fébrile activité. Dans cette ascension
périlleuse, ils semblent se faire un jeu des ob-
stacles réputés insurmontables, s'accrochent
aux aspérités, s'arrachent les ongles, se déchi-
rent les pieds, franchissent les précipices, af-
frontent mille morts. Enfin, ils atteignent au
sommet, haletants, couverts de sueur et ensan-
glantés. Là, ils sc trouvent en présence d'un
pic inaccessible. Le nid d'aigle est clans l'an-
fractuosité de la roche et hors de toute atteinte.
EL pourtant ces hommes, exaltés par la rage
, et le désespoir, n'hésitent pas à se dévouer.
Cuûte que coûte, ils veulent rapporter l'enfant
à leur mère. L'un saisit d'une main une plante
grimpante et tend l'autre à son camarade, qui,
le pied posé sur une saillie de rocher, s'avance
en contournant l'obstacle surplombant l'abîme,
s'allonge, lève le bras et plonge la main dans la
cavité rocheuse.
Au même instant, un cri rauque et perçant
retentit dans l'air ; un aigle fond sur lui et l'ac-
cable de coups de bec et d'ailes se succédant
avec une violence et une rapidité effrayante.
Dans l'impossibilité de revenir sur ses pas, aveu-
glé, étourdi, il sent ses forces qui l'abandonnent;
il va se laisser tomber dans le vide... Soudain,
une détonation se fait entendre; l'aigle blessé
agite ses ailes, cherchant vainement à se soute-
nir dans les airs, et roule du- haut du ciel dans
la plaine.
Une demi-heure après, les nègres rejoignaient
leurs maîtres, auxquels ils remettaient en pleu-
rant le pauvre enfant tout sanglant et la tête
affreusement mutilée.
L'aigle avait crevé d'un coup de bec le crâne
de l'innocente créature et les aidions s'é!aipnt.
repus de sa cervelle. —
F.
LE BANDITISME AU MEXIQUE
Le Globo raconte en ces termes un nouvel exploit
des plagiarios mexicains :
Juan Santos,Catalan de naissance, fermier à quel-
ques lieues de Mexico, a l'habitude de se 'rendre,
pour entendre la messe du dimanche, dans un vfl-
lage voisin du chemin qui conduit de cette capitale
à Lerma.
Il y a quelques jours, il fut informé qu'on avait
l'intention de l'enlever pour le mettre à rançon,
pendant une de ses excursions hebdomadaires, et
il prit la précaution de s faire accompagner par
deux amis ou parents pour aller, comme de coutume,
assister à l'office du dimanche. Il s'attendait il ètre
attaqué, sur la route, à l'aller ou au retour, mais la
réalité trompa toutes ses conjectures.
Au sortir de l'église, après la messe, neuf bandits
lui barrèrent le chemin et il s'engagea une lutte
dans laquelle l'un de ces bandits resta mort sur le
terrain; les habitants du village restèrenttranquilles
spectateurs de l'événement. Les personnes assail-
lies de la sorte se réfugièrent dans une maison
qu'ils eurent la chance de trouver ouverte, et cela,
non sans quelque résistance de la, famille qui habi-
tait cette maison. Après avoir pénétré dans l'inté-
rieur, et avoir fermé les portes, elles furent l'objet
d'un siège en régie, de la part des malfaiteurs. Ces
derniers entourèrent la. maison, tentèr nt un assaut,
et, enfin, le chef de la bande se présenta en qualité
de parlementaire et exigea 10,000 piastres à titre
d'indemnité pour la vie de son camarade, qui avait
succombé au début de la lutte.
Les opérations de l'attaque et de la défense et
les, pourparlers relatifs à la capitulation durèrent
une heure et demie, ce qui permit à l'un des habi-
tants du village, d'avertir un détachement qui sur-
veillait le chemin de Mexico il Toluca, et qui se déci-
da il se rendre sur le lieu (te l'événement que nous
relatons. Mais au moment où le détachement se
présentait à l'une des extrémités du village, les
bandits, parfaitement montés, s'échappèrent par
l'autre extrémité, pour rentrer dans leurs repaires.
Les Espagnols, ainsi -auvés, sont allés se réfu-
gier à Mexico, et ponde temps après leur arrivée,
ils ont reçu de la part des plagiarios, sommation de
leur remettre 8000 piastres sous peine de mort.
LA VÉRITÉ SUR THÉODOROS
(Suite et fin)
Alors le Negus faisait mettre tous les assis-
tants à la queue et contenus dans des barrières
tout comme à la porte d'un théâtre; ses nègres
apportaient des corbeilles pleines de toutes les
sommas que lui avait versées le dernier tribut
et jusqu'au dernier thabari, il distribuait cette
réserve lui-même et avec une juste réparti-
tion.
Aux dames, il fàisait porter des mmteaux de
cour avec ses compliments, car il ne parlait
jamais directement à aucune femme.
A ses favoris, ou il envoyait un certain nom-
bre d'esclaves, après les avoir fait baptiser, ou
quelque riche parure dont il se dépouillait.
- Ainsi, à M. Bourgaud, qui non-seulement lui
avait créé une artillerie, mais lui avait fait, pour
lui spécialement une paire de pistolets sur les-
quels figuraient, en lettres d'or ces mots :
Au Roi des Rois !
Théodoros envoya la selle que portait aux
grands jours sa mule favorite.
C'est l'une des épaves que M. Bourgaud a
sauvées de son naufrage , et je ne crains pas
d'être démenti en disant, après l'avoir vue et
admirée, qu'elle vaut bien, avec tous ses riches
accessoires, une dizail,e de mille francs.
On en jugera, du reste, par cette description
faite par mon compagnon de voyage, M.Antonin
Boudin :
Son poids est énorme, tant elle est surchargée
d'ornements en argent massif. Elle a la forme
des selles arabes du moyen âge et sa richesse
est certainement comparable,sinon supérieure, à
tout ce que nous ont laissé de plus splendide
les rois maures d'Espagne. Tout le travail est
en filigrane, mais en filigrane comme les Véni-
tiens seuls savaient en faire au moyen âge, et
comme n'en savent plus faire les Arabes. C'est
inouï de délicatesse, de goût et de fini dans
l'exécution. Toutes les soudures-,-et elles doivent
se compter par milliers, sont dissimulées avec
tant d'art, que l'œil le plus exercé n'en retrouve
aucune.
De loin en loin, de gros ornements, ayant la
forme de coupes renversées, et du volume de
petits bols, présentent un fouillis d'arabesques
savantes, d'une ténuité et en même temps d'une
solidité incroyables.
Par ci, par là, sont semées, enchâssées dans
des montures d'argent, de grosses pierres mul-
[ ticolores du pays. j
Le tout repose sur un fond d'argent massif.
Les dessins se répètent sur le frontal, le ci-
mier, qui est un chef-d'œuvre à lui seul, et tout
le harnachement.
Aux mors sont attachées deux espèces de
brides, en quadruple gourmette, qui pèsent bien
trois kilogrammes; elles se terminent par des
ornements travaillés à jour, que surmonte une
croix latine.
A l'extrémité de la croupière pend une dé-
coration analogue, mais beaucoup plus lourde.
Ce qu'il y a de chaînettes, de croisillons, de
fleurettes, de sequins miroitant et bruissant au-
tour de cette selle, digne des sultans de Stam-
boul est inimaginable. On en remplirait un
boisseau.
La housse est tout aussi riche. L'étoffe, en
laine et soie rouge et verte, est bourrée de fili-
granes, et l'étoffe qui recouvre le dossier de la
seile, en velours de soie'cerise, en est également
tis sue.
On dirait la plus merveilleuse de nos banniè-
res d'orphéons.
Un seul reprocha a été adressé à ThéJdoro;,et
avec une certaine raison. C'est l'arrestation pres-
que toujours arbitraire,des missionnaires et de la
plupart des consuls qui pénétraient en Abyssinie.
Et encore il y a bien des choses à (lre à ce
sujet. Théodoros avait beau répondre à ses fa-
miliers quand on lui adressait une requête à ce
sujet :
1
« Tâchez d abord d être des hommes avant
que je renvoie ceux que le hasard a amenés. »
Il avait d'autres motifs ; peut-ètre les mis-
sionnaires et envoyés anglais n'on L-ils pas aEsez
compris qu'en Abyssinie ils étaient avant tout
chez Theodoros, et, comme on le lira bientôt
dans l'ouvrage que prépare M. François Bour-
gaud et qui aura pour titre :
L'ARMURIER DE THEODOROS
ou
Onze ans de captivité d'un Français en Abyssinie,
on verra que c est surtout chez les noirs que
« charbonnier veut être maître c.hez lui. »
On verra également quelle perte a faite J'Abyse
sinie et quel avenir lui est réservé maintenant
que les sauvages G-alias doivent l'emporter.
Et ce pauvre enfant de Théodoros. le roi
d'Abyssinie et de Terrouark, et de la fille du
roi de Tigré, comment ne pas s'intéresser à son
sort, lui dont le nom prédestiné était Alameao,
traduisez: Le monde, je l'ai vu 1 !
ADOLPHE DUPEUTY.
UN CONSEIL PAR JOUR
Un professeur de la Faculté de médecine m'a
affirmé que, sur cent malades, quatre-vingt-dix
mentent à leur médecin, et lui cachent les im-
p: udences commises par eux et ayant entraîné
la maladie.
C'est une déplorable faiblésse, cause de bien
des erreurs de la part même des praticiens les
plus expérimentés.
Songez, vous tous qui tenez à guérir, qu ces
cachotteries qui ont leur source dans l'amour-
propre, peuvent vous coùter la vie !
HENRI D'ALLEBER
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AUX EXPOSANTS ET AUX VISITEURS
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Force fut donc aux voyageurs de traverser
cetle fouie de visages empressés et souriants, et
à Nanetto de répondre comme une reine par des
sourires à toutes ces bonnes figures qui lui
souhaitaient la bienvenue.
Les cinq frères déjà arrivés se tenaient sur le
! seuil de leur maison, et au premier rang, Dé-
; cembre se faisait remarquer par l'air de su-
pr',:fic satisfaction répandu sur ses traits.
Enfin, la lourde voiture s'arrêta, et la jeune
fille, légère comme un oiseau, s'élança à terre,
sans même user de l'appui £ue lui offraient
toutes les mains.
— Ma mère! ma mefe'... criait-elle, cher-
chant de l'œil, au milieu de tant de tètes amies,
cette tète chère et vénérée.
Ne la trouvant pas, elle s'arrêta tout à coup
et sentit comme un coup aigu et inexplicable
l'atteindre an cœur.
— Ma mère! répéta-t-elle. Où donc est ma
mère ?
Le? douze frères se regardèrent, anxieux, et
s'inle ^ rogeant les uns les autres.
Il s'écoula une seconde de pénible et solennel
tildlcc, On eût dit qu'un sombre et lourd nuage
venait de s'abattre sur toute cette joie ; qu'il
courbait toutes les têtes et portait la nuit dans
lout. ? les âmes.
— Ma mère n'est-dIe donc pas avec toi? dit
fnfin Janvier Lollier.
Non, répondit Najiette qu'un vague pres-
sentiment fit tressaillir, pourquoi serait-elle avec
moi?
— Parce qu'elle est allée à ta rencontre.
— Alors, lit M. Médard plus péniblement im-
pressionné qu'il ne voulait le laisser voir ,
c'est que nous aurons pris deux chemins diffé-
rents.
Cette explication si naturelle et si simple
suffit à rassurer tous les esprits. Nane'te, seule,
ne put. parvenir à vaincre complètement ses
craintes, et ce fut d'un air inquiet et préoccupé
qu'elle répondit, aux compliments et aux ca-
resses dont on l'accablait.
Enfin elle put se débarrasser de toutes ces atten-
tions et de tous ces bras tendus vers elle ; suivie
de M. Médard, du prince et de ses frères, e le
entra dans cette maison qu'elle avait quittée qua-
tre ans auparavant.
L'air de fête qui y régnait, la table mise, tout
jusqu'au vieux chien de la naiscn tournant la
grande roue du tournebroche, lui arracha un
sourire. Joyeuse, elle allait s'abandonner à ses
douces impressions, quand tout à coup le même
serrement de cœur, cruel, inexplicable et vague,
qu'elle avait déjà ressenti, vint fCTtérer les roses
de son visage.
— Pourquoi ma mère n'est-elle pas ici? mur-
mura-t-elle.
Décembre l'entendit. Il mit aussitôt la main
sur l'épaule de Mars :
— Frère, lui dit-il, Nanette est inquiète, al-
tops à la recherche de potre mère. £I
Toute la famille tint conseil. Janvier raconta
que la mère Lollier avait déclaré qu'elle se ren-
drait d'abord à Saint-Eustache, puis qu'après
avoir vu le vicaire, elle irait au devant des voya
geurs.
On calcula le temps écoulé, 1 t longueur du
chemin, on tint compte de cette circonstance que
le canote avait traversé la barrière à la nuit I
tombante, qu'il n'y avait rien de surprenant. à ■
coque ceux qu'ils contenaient fussent passés de-
vant Mme Lollier sans la voir ; mais il fallut
avouer qu'elle, attendant comme elle avait dù
f ire, aurait certainement aperçu une cavalcade
aussi nombreuse.
M. Médard, consulté, fut d'avis qu'on allât à
. la recherche de la bonne mère :
— Elle ne peut, dit-il, revenir que par la rue
Saint-Martin ou la rue Saint-Denis. Que Mars
et Décembre prennent la première, que deux
autres remontent, la seconde. Vous vous rejoin-
drez au bouievard, ferez une pointe jusqu'au de-
hors des murs,et reviendrez aussitôt ici, quelque
soit le résultat de vos recherches.
Rossignol fil observer qu'il était au mieux
avec le gardien de ia porte Saint-Denis, que sa
présence pouvait être utile, et s'uHrit pour faire
partie du détachement de Décembre.
Les cinq hommes partirent donc dans les di-
rections indiquées, se rejoignirent au iieu dit,
comme l.n le pense bien, sans avoir rencontré
la mère Lollier. j
Le lieutenant de M. Médard s'aboucha aassi- i
tôt avec le gardien de la porte Saint-Denis. Ce-
lui-ci se rappela parfaitement qu'une femme,
dont le signalement répondait tout à fait à celui
de la mère Loliier, lui avait, quelques heures
auparavant, demandé si le carrosse du prince de
Courtenay'n'était point entré dans Paris, puis,
qu'après être restée un instant assise sur un ta-
lus de la route, elle avait dépassé la porte et
marché vers les champs.
Depuis, il n'avait plus revu cette femme.
Etait-ellc encore hors des murs? Il ne pouvait
en répondre. On remarqua bien un carrosse en-
tons de cavaliers, mais non une femme à pied
et seule.
Les cinq hommes allèrent jusqu'au ruisseau
de Méniimontant, s'arrêtèrent à l'endroit même
où la mère Lollier avait" succombé, sondèrent
du regard et en tous les sens-l'horizon, appa-.
lèrent, et finalement ne virent et n'entendirent
rien.
— Bdh' fit l'un d'eux, la mère est à cette
heure chez l'OUS. retournons-y.
Arrivés rue dos Ecrivains, ils n'eurent pas
davantage des nouvelles de celle qu'ils cher-
chaient.
L'inquiétude de la famille devint alors ex-
trême.
P. DE LA MOULIÈRE
(La suite ai& prochain numéro.1
M. Powell, riche propriétaire aux environs de
Hobart-Town, ville d'Australie, était parti à la
chasse avec quelques amis dans la vallée qui
s'étend au nord du mont Wellington, que Flin-
ders avait surnommé le mont de la Table. Il
avait été convenu qu'on se réunirait pour déjeu-
ner sur les bords ravissants de la rivière Huon.
Les dames devaient également s'y rendre. C'é-
! tait une partie de plaisir à l'occasion des rele-
vailles de Mme Powell, créole douée d'une rare
beauté.
A l'heure dite, tout le monde se trouvait au
rendez-vous.
Le lieu qu'on avait choisi était planté d'arbres
au feuillage touffu. Le voisinage d'une cataracte,
dont les eaux filtraient à travers la terre et ré-
pandaient la fraîcheur ; la beauté des sites et
ipar dessus tout le plaisir qu'on s'était promis,
prédisposaient tous les cœurs à la gaieté.
On se mit à table, c'est-à-dire qu'on s'assit au.
tour d'une nappe étendue sur l'herbe et chacun,
dans les meilleures conditions gastronomiques, fit
honneur au festin champêtre, pendant que des
domestiques, gens de couleur variant du bistre
cuivré au chocolat foncé,^ servaient avec un
louable empressement.
Le coup d'œil était superbe ; hommes et fem-
mes, chevaux de.selle et bêtes de somme, pré-
sentaient le pittoresque aspect d'une caravane
campée dans une verte et fraîche oasis.
Au dessert, les joyeux propos circulaient avec
les vins généreux de France, et plus d'un écho
endormi dans la solitude profonde, fut réveillé
par les éclats de rire des convives.
A ce moment où, tout entiers à la joie, les
convives goûtaient les délices de la vie, un petit
cri, partant des airs, fit tressaillir Mme Powell,
qui se leva soudain comme mue par un ressort
mécanique. Tout le monde pâlit à b. vue d'un
oiseau de proie emportant dans ses serres un
cbje', qu'on ne tarda pas à reconnaître avec un
indicible sentiment d'épouvante.
C'était l'enfant de Mme Powell, que la nour-
■ rice avait déposé, à une centaine de pas, sur un
schall suspendu aux branches d'un arbre, en
guise de hamac.
La petite créature s'était réveillée au moment
où le léger tissu de ses langes s'était déchiré
ï.ous les serres, et elle avait poussé un petit cri
entendu par la mère, qui gisait maintenant éva-
nouie sur l'herbe ; car la première, elle l'avait
reconnu.
L'aigle fuyait toujours avec sa proie, se diri-
geant vers le mont Eucalyptus, situé à une dis-
tance de deux kilomètres.
Déjà, deux domestiques, courant dans cette
direction, étaient loin dans la plaine. A leur
exemple, les amis de M. Powell s'élancent sur
leurs traces, armés de leurs fusi's.
.Arrivés les premiers au pied de la montagne
formée de blocs de basalte, les noirs la gravissent
avec une fébrile activité. Dans cette ascension
périlleuse, ils semblent se faire un jeu des ob-
stacles réputés insurmontables, s'accrochent
aux aspérités, s'arrachent les ongles, se déchi-
rent les pieds, franchissent les précipices, af-
frontent mille morts. Enfin, ils atteignent au
sommet, haletants, couverts de sueur et ensan-
glantés. Là, ils sc trouvent en présence d'un
pic inaccessible. Le nid d'aigle est clans l'an-
fractuosité de la roche et hors de toute atteinte.
EL pourtant ces hommes, exaltés par la rage
, et le désespoir, n'hésitent pas à se dévouer.
Cuûte que coûte, ils veulent rapporter l'enfant
à leur mère. L'un saisit d'une main une plante
grimpante et tend l'autre à son camarade, qui,
le pied posé sur une saillie de rocher, s'avance
en contournant l'obstacle surplombant l'abîme,
s'allonge, lève le bras et plonge la main dans la
cavité rocheuse.
Au même instant, un cri rauque et perçant
retentit dans l'air ; un aigle fond sur lui et l'ac-
cable de coups de bec et d'ailes se succédant
avec une violence et une rapidité effrayante.
Dans l'impossibilité de revenir sur ses pas, aveu-
glé, étourdi, il sent ses forces qui l'abandonnent;
il va se laisser tomber dans le vide... Soudain,
une détonation se fait entendre; l'aigle blessé
agite ses ailes, cherchant vainement à se soute-
nir dans les airs, et roule du- haut du ciel dans
la plaine.
Une demi-heure après, les nègres rejoignaient
leurs maîtres, auxquels ils remettaient en pleu-
rant le pauvre enfant tout sanglant et la tête
affreusement mutilée.
L'aigle avait crevé d'un coup de bec le crâne
de l'innocente créature et les aidions s'é!aipnt.
repus de sa cervelle. —
F.
LE BANDITISME AU MEXIQUE
Le Globo raconte en ces termes un nouvel exploit
des plagiarios mexicains :
Juan Santos,Catalan de naissance, fermier à quel-
ques lieues de Mexico, a l'habitude de se 'rendre,
pour entendre la messe du dimanche, dans un vfl-
lage voisin du chemin qui conduit de cette capitale
à Lerma.
Il y a quelques jours, il fut informé qu'on avait
l'intention de l'enlever pour le mettre à rançon,
pendant une de ses excursions hebdomadaires, et
il prit la précaution de s faire accompagner par
deux amis ou parents pour aller, comme de coutume,
assister à l'office du dimanche. Il s'attendait il ètre
attaqué, sur la route, à l'aller ou au retour, mais la
réalité trompa toutes ses conjectures.
Au sortir de l'église, après la messe, neuf bandits
lui barrèrent le chemin et il s'engagea une lutte
dans laquelle l'un de ces bandits resta mort sur le
terrain; les habitants du village restèrenttranquilles
spectateurs de l'événement. Les personnes assail-
lies de la sorte se réfugièrent dans une maison
qu'ils eurent la chance de trouver ouverte, et cela,
non sans quelque résistance de la, famille qui habi-
tait cette maison. Après avoir pénétré dans l'inté-
rieur, et avoir fermé les portes, elles furent l'objet
d'un siège en régie, de la part des malfaiteurs. Ces
derniers entourèrent la. maison, tentèr nt un assaut,
et, enfin, le chef de la bande se présenta en qualité
de parlementaire et exigea 10,000 piastres à titre
d'indemnité pour la vie de son camarade, qui avait
succombé au début de la lutte.
Les opérations de l'attaque et de la défense et
les, pourparlers relatifs à la capitulation durèrent
une heure et demie, ce qui permit à l'un des habi-
tants du village, d'avertir un détachement qui sur-
veillait le chemin de Mexico il Toluca, et qui se déci-
da il se rendre sur le lieu (te l'événement que nous
relatons. Mais au moment où le détachement se
présentait à l'une des extrémités du village, les
bandits, parfaitement montés, s'échappèrent par
l'autre extrémité, pour rentrer dans leurs repaires.
Les Espagnols, ainsi -auvés, sont allés se réfu-
gier à Mexico, et ponde temps après leur arrivée,
ils ont reçu de la part des plagiarios, sommation de
leur remettre 8000 piastres sous peine de mort.
LA VÉRITÉ SUR THÉODOROS
(Suite et fin)
Alors le Negus faisait mettre tous les assis-
tants à la queue et contenus dans des barrières
tout comme à la porte d'un théâtre; ses nègres
apportaient des corbeilles pleines de toutes les
sommas que lui avait versées le dernier tribut
et jusqu'au dernier thabari, il distribuait cette
réserve lui-même et avec une juste réparti-
tion.
Aux dames, il fàisait porter des mmteaux de
cour avec ses compliments, car il ne parlait
jamais directement à aucune femme.
A ses favoris, ou il envoyait un certain nom-
bre d'esclaves, après les avoir fait baptiser, ou
quelque riche parure dont il se dépouillait.
- Ainsi, à M. Bourgaud, qui non-seulement lui
avait créé une artillerie, mais lui avait fait, pour
lui spécialement une paire de pistolets sur les-
quels figuraient, en lettres d'or ces mots :
Au Roi des Rois !
Théodoros envoya la selle que portait aux
grands jours sa mule favorite.
C'est l'une des épaves que M. Bourgaud a
sauvées de son naufrage , et je ne crains pas
d'être démenti en disant, après l'avoir vue et
admirée, qu'elle vaut bien, avec tous ses riches
accessoires, une dizail,e de mille francs.
On en jugera, du reste, par cette description
faite par mon compagnon de voyage, M.Antonin
Boudin :
Son poids est énorme, tant elle est surchargée
d'ornements en argent massif. Elle a la forme
des selles arabes du moyen âge et sa richesse
est certainement comparable,sinon supérieure, à
tout ce que nous ont laissé de plus splendide
les rois maures d'Espagne. Tout le travail est
en filigrane, mais en filigrane comme les Véni-
tiens seuls savaient en faire au moyen âge, et
comme n'en savent plus faire les Arabes. C'est
inouï de délicatesse, de goût et de fini dans
l'exécution. Toutes les soudures-,-et elles doivent
se compter par milliers, sont dissimulées avec
tant d'art, que l'œil le plus exercé n'en retrouve
aucune.
De loin en loin, de gros ornements, ayant la
forme de coupes renversées, et du volume de
petits bols, présentent un fouillis d'arabesques
savantes, d'une ténuité et en même temps d'une
solidité incroyables.
Par ci, par là, sont semées, enchâssées dans
des montures d'argent, de grosses pierres mul-
[ ticolores du pays. j
Le tout repose sur un fond d'argent massif.
Les dessins se répètent sur le frontal, le ci-
mier, qui est un chef-d'œuvre à lui seul, et tout
le harnachement.
Aux mors sont attachées deux espèces de
brides, en quadruple gourmette, qui pèsent bien
trois kilogrammes; elles se terminent par des
ornements travaillés à jour, que surmonte une
croix latine.
A l'extrémité de la croupière pend une dé-
coration analogue, mais beaucoup plus lourde.
Ce qu'il y a de chaînettes, de croisillons, de
fleurettes, de sequins miroitant et bruissant au-
tour de cette selle, digne des sultans de Stam-
boul est inimaginable. On en remplirait un
boisseau.
La housse est tout aussi riche. L'étoffe, en
laine et soie rouge et verte, est bourrée de fili-
granes, et l'étoffe qui recouvre le dossier de la
seile, en velours de soie'cerise, en est également
tis sue.
On dirait la plus merveilleuse de nos banniè-
res d'orphéons.
Un seul reprocha a été adressé à ThéJdoro;,et
avec une certaine raison. C'est l'arrestation pres-
que toujours arbitraire,des missionnaires et de la
plupart des consuls qui pénétraient en Abyssinie.
Et encore il y a bien des choses à (lre à ce
sujet. Théodoros avait beau répondre à ses fa-
miliers quand on lui adressait une requête à ce
sujet :
1
« Tâchez d abord d être des hommes avant
que je renvoie ceux que le hasard a amenés. »
Il avait d'autres motifs ; peut-ètre les mis-
sionnaires et envoyés anglais n'on L-ils pas aEsez
compris qu'en Abyssinie ils étaient avant tout
chez Theodoros, et, comme on le lira bientôt
dans l'ouvrage que prépare M. François Bour-
gaud et qui aura pour titre :
L'ARMURIER DE THEODOROS
ou
Onze ans de captivité d'un Français en Abyssinie,
on verra que c est surtout chez les noirs que
« charbonnier veut être maître c.hez lui. »
On verra également quelle perte a faite J'Abyse
sinie et quel avenir lui est réservé maintenant
que les sauvages G-alias doivent l'emporter.
Et ce pauvre enfant de Théodoros. le roi
d'Abyssinie et de Terrouark, et de la fille du
roi de Tigré, comment ne pas s'intéresser à son
sort, lui dont le nom prédestiné était Alameao,
traduisez: Le monde, je l'ai vu 1 !
ADOLPHE DUPEUTY.
UN CONSEIL PAR JOUR
Un professeur de la Faculté de médecine m'a
affirmé que, sur cent malades, quatre-vingt-dix
mentent à leur médecin, et lui cachent les im-
p: udences commises par eux et ayant entraîné
la maladie.
C'est une déplorable faiblésse, cause de bien
des erreurs de la part même des praticiens les
plus expérimentés.
Songez, vous tous qui tenez à guérir, qu ces
cachotteries qui ont leur source dans l'amour-
propre, peuvent vous coùter la vie !
HENRI D'ALLEBER
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Force fut donc aux voyageurs de traverser
cetle fouie de visages empressés et souriants, et
à Nanetto de répondre comme une reine par des
sourires à toutes ces bonnes figures qui lui
souhaitaient la bienvenue.
Les cinq frères déjà arrivés se tenaient sur le
! seuil de leur maison, et au premier rang, Dé-
; cembre se faisait remarquer par l'air de su-
pr',:fic satisfaction répandu sur ses traits.
Enfin, la lourde voiture s'arrêta, et la jeune
fille, légère comme un oiseau, s'élança à terre,
sans même user de l'appui £ue lui offraient
toutes les mains.
— Ma mère! ma mefe'... criait-elle, cher-
chant de l'œil, au milieu de tant de tètes amies,
cette tète chère et vénérée.
Ne la trouvant pas, elle s'arrêta tout à coup
et sentit comme un coup aigu et inexplicable
l'atteindre an cœur.
— Ma mère! répéta-t-elle. Où donc est ma
mère ?
Le? douze frères se regardèrent, anxieux, et
s'inle ^ rogeant les uns les autres.
Il s'écoula une seconde de pénible et solennel
tildlcc, On eût dit qu'un sombre et lourd nuage
venait de s'abattre sur toute cette joie ; qu'il
courbait toutes les têtes et portait la nuit dans
lout. ? les âmes.
— Ma mère n'est-dIe donc pas avec toi? dit
fnfin Janvier Lollier.
Non, répondit Najiette qu'un vague pres-
sentiment fit tressaillir, pourquoi serait-elle avec
moi?
— Parce qu'elle est allée à ta rencontre.
— Alors, lit M. Médard plus péniblement im-
pressionné qu'il ne voulait le laisser voir ,
c'est que nous aurons pris deux chemins diffé-
rents.
Cette explication si naturelle et si simple
suffit à rassurer tous les esprits. Nane'te, seule,
ne put. parvenir à vaincre complètement ses
craintes, et ce fut d'un air inquiet et préoccupé
qu'elle répondit, aux compliments et aux ca-
resses dont on l'accablait.
Enfin elle put se débarrasser de toutes ces atten-
tions et de tous ces bras tendus vers elle ; suivie
de M. Médard, du prince et de ses frères, e le
entra dans cette maison qu'elle avait quittée qua-
tre ans auparavant.
L'air de fête qui y régnait, la table mise, tout
jusqu'au vieux chien de la naiscn tournant la
grande roue du tournebroche, lui arracha un
sourire. Joyeuse, elle allait s'abandonner à ses
douces impressions, quand tout à coup le même
serrement de cœur, cruel, inexplicable et vague,
qu'elle avait déjà ressenti, vint fCTtérer les roses
de son visage.
— Pourquoi ma mère n'est-elle pas ici? mur-
mura-t-elle.
Décembre l'entendit. Il mit aussitôt la main
sur l'épaule de Mars :
— Frère, lui dit-il, Nanette est inquiète, al-
tops à la recherche de potre mère. £I
Toute la famille tint conseil. Janvier raconta
que la mère Lollier avait déclaré qu'elle se ren-
drait d'abord à Saint-Eustache, puis qu'après
avoir vu le vicaire, elle irait au devant des voya
geurs.
On calcula le temps écoulé, 1 t longueur du
chemin, on tint compte de cette circonstance que
le canote avait traversé la barrière à la nuit I
tombante, qu'il n'y avait rien de surprenant. à ■
coque ceux qu'ils contenaient fussent passés de-
vant Mme Lollier sans la voir ; mais il fallut
avouer qu'elle, attendant comme elle avait dù
f ire, aurait certainement aperçu une cavalcade
aussi nombreuse.
M. Médard, consulté, fut d'avis qu'on allât à
. la recherche de la bonne mère :
— Elle ne peut, dit-il, revenir que par la rue
Saint-Martin ou la rue Saint-Denis. Que Mars
et Décembre prennent la première, que deux
autres remontent, la seconde. Vous vous rejoin-
drez au bouievard, ferez une pointe jusqu'au de-
hors des murs,et reviendrez aussitôt ici, quelque
soit le résultat de vos recherches.
Rossignol fil observer qu'il était au mieux
avec le gardien de ia porte Saint-Denis, que sa
présence pouvait être utile, et s'uHrit pour faire
partie du détachement de Décembre.
Les cinq hommes partirent donc dans les di-
rections indiquées, se rejoignirent au iieu dit,
comme l.n le pense bien, sans avoir rencontré
la mère Lollier. j
Le lieutenant de M. Médard s'aboucha aassi- i
tôt avec le gardien de la porte Saint-Denis. Ce-
lui-ci se rappela parfaitement qu'une femme,
dont le signalement répondait tout à fait à celui
de la mère Loliier, lui avait, quelques heures
auparavant, demandé si le carrosse du prince de
Courtenay'n'était point entré dans Paris, puis,
qu'après être restée un instant assise sur un ta-
lus de la route, elle avait dépassé la porte et
marché vers les champs.
Depuis, il n'avait plus revu cette femme.
Etait-ellc encore hors des murs? Il ne pouvait
en répondre. On remarqua bien un carrosse en-
tons de cavaliers, mais non une femme à pied
et seule.
Les cinq hommes allèrent jusqu'au ruisseau
de Méniimontant, s'arrêtèrent à l'endroit même
où la mère Lollier avait" succombé, sondèrent
du regard et en tous les sens-l'horizon, appa-.
lèrent, et finalement ne virent et n'entendirent
rien.
— Bdh' fit l'un d'eux, la mère est à cette
heure chez l'OUS. retournons-y.
Arrivés rue dos Ecrivains, ils n'eurent pas
davantage des nouvelles de celle qu'ils cher-
chaient.
L'inquiétude de la famille devint alors ex-
trême.
P. DE LA MOULIÈRE
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