Titre : La Petite presse : journal quotidien... / [rédacteur en chef : Balathier Bragelonne]
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1868-07-26
Contributeur : Balathier Bragelonne, Adolphe de (1811-1888). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32837965d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 26 juillet 1868 26 juillet 1868
Description : 1868/07/26 (A3,N829). 1868/07/26 (A3,N829).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k47178317
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-190
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 22/10/2017
LA PETITE PRESSE
S cent, le nuiacro , ~ , . . JOURNAL QUOTIDIEN ; 1 «,... . Il ^7 - » VI'Dt., le. «te -
AfOKN'EMENTS. — Trois mois. Six mom. On M.
Paris .. S fr. 9 Cr. Ir.
Dépar'aments.. G * 1
. Adirtt)j istru.,. ir : E. DELSAUX. ig e4
3014 année. — DIMANCHE 26 JUILLET 1868. — N* 829
fifrerJeirr- Propriétaire : J A N N 1 N.
1l.éd.iCfeut' en chef: A. DE HALATUIKU -4 Il à G E L-0 I&IZÎ4-
liOREAUX D'ABOXNEME',Î'r , ; .-ne DrÓUo&. :
Admwistïutio* ; 13. place ifreda. ■ *
PARIS, 25 JUILLET 1868
LES CONCOURS DU CONSERVATOIRE
Dans quinze jours, chers lec-feurs, vous
renconh'p,r'C'z a chaque instant dans lés rues
des uniformes de lycéens isolés. Les vacances
auront conv en ré.
Vers la méiiv époque, il vous arrivem, en
descendant votre escalier, de trouver, debout
sur la dernière marche, une petite file, l"
bras droit teridu, qui dira en vous tournant le
ios :
... Eh ! quoi 1 seigneur, vous ll'ùles point parti?...
Ou bien :
De ma présence oneo, j't:npoisonnc vos yeux)...
Paris est la v'lle des bizarreries. Aussi ne
aérez-vous point étonné.
r— Ah ! rJir y-vous j'ai une élève du Con-
servatoire dans ina maison
(Æ9 concour? du Conservatoire ont eu lien
wtte semai.;e.
« Les concou:0 sort le triomphe dts mé-
diocrités. »
C'est là une p'o;:..:c erreur.
La vérité ôsI que le bénie estr'TC, tout sim-
i)leaient.
cr Avec le Cu!i ervnoir*, a dit Alexandre
Dumas, jo fé ¡;',r: u nff^&lric® dE;- la tîlle de mon
, portier. »
Eh! mon Dicn! citer nmitre, h file de vo
Ire portier se ferait ar.tnfP, quart) mémo 1"
Conservatoire n'existcrnil pas. et elle jouerait
nioins suppoi'iableivient à coup t.Ùi, la co-
médie.
On peut devenir un grnnl écrivain, san-s
être ,alié au col!(;g'I'; mais à une condition ce-
pendant, cest d'appicadre l'or\t>ogrdphe et
la syntaxe.
De même rn ro vricr cn:¡pdier, amoureux
du théâtre, peut SI:: [aile applaudir n'importe
où, en jouant (Il- son miuux n'importe quoi.
Mais, s'i! veut devenir un véritable comédien,
il faudra qu'il apprenne à dire le vers.
Le Conservatoire e? un collège, qui a "on
baccalauréat comme l'antre. Tous les bâche-
Mers ne sont pas des aigles ; mais les aig-es
n'ont jamais perdu leurs ailes à passer un !
1 ^exameû. , ..
Je VOll<:l ni rnécmté, l'année dernière, lhi9- <
Iiii!,p du Conservatoire.
Une des belles idées drtsrCônventton fat
dr. faire de l'art, de la musique et delà flé-
clarnafion une des bran.ht s de l instruction
publique.
La même année, qui vit éobre la Constitu-
tion, vit naître le Conservatoire.
« La Convention nationale, dit un peu p'us
tard François de Neiifuhateau, ava't 5pn{i que
ie gouvernement représentatif doit s'ernparer
de cette diversité de dispos tions dont la na-
ture f'nrichit l'inte ligeuce humaine, pour la
diriger vers les grandes choses cl faire Jaillir
la gloire nationale de t'excrcicc des talents
dans tous les individus C'est ainsi que la
pr voyance a céé, pour le connu un It"s ci-
toyens, un ctah'!5'-'jmeRi. où Ils peuvent
recevoir des leçons qui précédemment se
payaient au pouls de l'or. B
Dans GÍlvarni, une vieille femme, hum-
b!eme)'t vèuie, aide une jeune fille à l'a":,cr
une robe de h:'!.
— Eh bien ! iti verras, ma fille, comme tu
seras aussi dans tous t.fa états, aux débuts de
ta petite 1 C'est aux miens qu'il fallait voir feu
ma mère !..
Un.pnu plus loin, une autre vieille, un
balai i la main, sur le sI-ni: d'une loue, re-
pafdc sortir une jeune femme, en élégant
cos ume du matin :
— C'est elle qu'est applaudie!... Et qui
qn'a le mal ?...
V's élèves du Conservatoire sont en effet,
le plus souvent, des filles d artistes ou de con-
cierges, et ia raison en est bien simple.
Peu d'acteurs et !'C:l d'actrice• font f"rtnnf.
Dans leur position mixte entre .a bourgeoisie
et le peu-le, ils ne savent queilo p!ofessi<)n
donner à leurs e!'f.u)ts. Le pere porte une re-
dingo'te et la mère un chapeau. Il est b en
(ii Hi ci'e de f. i marier? Il faudrait une petite dot. Ou se tire
d'emb'n'ras, en la meuant/nu théâtre.
Pour les (iibs de concierges, le th: ¡lt l't
constitue une aristocratie et un roman. Une
est un por-te d'observation mervvlîlpuv.
De là on > oit eut er et sort r les gens — D'où
M. A... revient il chaque soir?— On Mme
B... va --t-elle chaque matin?— Tiens, une
figure que je ne connais pas! — Ce ieirne
homme a des moustaches, c'est peut-être un
officier! — Oh! lar charmante toilette-qu'a
cette jeune femine; je parierais que c'est une
actrice T... *
Dans l'intervalle des npplrilion;.t, on lit,
quoi? des romans. Et les aventures de per-
Ronnages imaginaires se joignent A l'irrpres- j
sion produit/1 parles personnages réels, pour
faire rêver. L'hor zon de la loge est un pauvre
rad e à de telles imaginations. L'enfant le
trouve bientôt trop étroit, ft la mère elle-*
même, qui ne s'est jamais bien résignée à
son sort, se dit : —Je revivrai dans ma fiile!..
et se sent toute prête à h suivre dans les
voyages qu'elle pourra entreprendre à travers
la destinée...
Je connais d'autres mères d'actrices. j
Un officier, I1fl employé meurent, laissant
une veuve et une fille. Les deux femmes sont
bien élevées ; l'instruction le;!r a c éé des re-
soins que Ja maigre pension qn'el!rs reçoivent
ne leur permet pas de !:atih!a!'!'; plies mettent
des ganis pour faire leur m'''n;!ge; elles tra-
vai 1 le n t; el les 1 u ttent
Mais :'enfant soupire, lorsqu'un hacard la
conduit dans un bel, appartement ou la md.
en présence d'une robe de soie. La mere, qui
n'a qu'elle, est faible et s'rpouvante :
— Que deviendra rna fille, avec les gnùts
de-luxe qu'elle tient de sa naissance (t ut:itOft
éducation ?...
— Mnmnn, c'est beau d'être une grande
artiste ! s'écrie un soir la pensionnaire.
El 1:1 mè' e, après une nuit pans sommeil,
marmite en tremblant : Il i
— On peut entrer au th:';!tre et, demeurer
sage. Nous avons eu madan:e Rose Ctrri ...
Quelques j urs ap!'cs, un (-ft'anger, mon-
taht le fanhoug Poissonnière vers dix heu-
res du matirrreveontre une grande j^une file,
bdle. distinguée, et vêtue d'mditnnc onde
laine. Le port- est d'une princesse, la robe
d*une ouvrÍere. Mais, à dix heures, les prin-
. ces-es IH) sont pas encore sorties et les ou-
vrières sont depuis longtemps à 1 tlelièr.
truelle est donc cette inconnue?...
• C'est lu victime de Mme Rose Chérit qui se
rtfnd aux cours du Conservatoire.
' Pnisse-t-eîle obtenir un premier prix de-
«saifl 1 . « -
TONY RÉVILLON.
P. S. — Dans nn' de, trois articles que j'at
donnés, hl semaine dernière, au, Saisir 'dis,. '■
parler de Lyon, se trouvait up ' lietit tableau
1-a
M. Labanme, impr'mciir ét dir..'ctpnr de, la 1
Mw immctte, m'écrit aujourd'hui pon'r me de-
mander de rectifier un'chiffre de"'ce tableau.
C'est à dix mille exemplaires et non il dm!.
rail e, que tire son j'inrnai. S'H est une réc1»-!
mation que je sois heureux d'accueillir, c'est.
Ct'He-ci. Chaque numéro d'un jxirnal est lu,
en général, par quatre pt-r?onrres. J'ai donc
vingt mille lecteur- lyonnais à aj^mter lt mon
total de l'autre jour. Déplus, la MúrÍunnette
est une brave petite feuilll', spirituelle et har-
die... Giàce à el e et an la presse sa-
tirique est vaillamment représentée à Lyon.
Ce double succès mente d'être constaté haute»
I ment.
T. R.
La morale chez les grands journaux
îl fMait naturel de nenerr que puritains
de VUniùji ne man fieraient pas. à] l'occsion
de la discussion du timbra, de rabâcher en-
core une foi'!, 't l'ins.tar de ce vieux radoteur
de Catorr, leur rsemnit< rnel :
Di'lendil est C'lrtl/ft';o !
Mort aux petits journaux popu1aires! mort
à ta littérature impudique, qui... que,., et*,,
'-:c.
Mille pardon?, Uxiœ*jxui mie,-comparez,
s'il vous I)l îl., la hU.-rahm' des petits jow-
*wu;x à celle qai s'épanoLii^, avec la garantie
de l'Ec le de méd'CÍlie. à votre qu itr èiua
p- ge, sons la signature de M. CAPSULES M-O-
THKS et de M. B.SCL:IT--.OL vu;n, et. dites-
nou''-, 'cn . çojïsçieucp, de tjuci côté \lsL fÜnpu-
dt', ur. " '
Et ce vieux diable de ]ourna l des Débats
qui s'avise aussi, Dieu me [Mruottne! de se
f,ire ermite et de tonner contre les « JUlhli-
cations dpsti' ces A r.'pan'hc des romans %,ut-
gairt's et le compte rendu des procès cdè-
bres ! Jo)
Eh 1 Basile, mon ami, si prompt à vous
scandaliser d'une paine dans l'œil du pro-
t'twin, m' vous sonv itr-.t-il Plus de certain
puccès d'argent auquel on sacrifiait sans re-
LA
FEMME IMMORTELLE
PAR
PONSON DU TERRAIL
PROLOGUE
LA MAISON ENCHANTÉE
XXXVII
36
Quand le marquis de la Roche-Maubert Fe fil
àsrgagé dans la passage mystérieux et que le
bruit de ses pas, retentissant d'abord sur les
aiarciies de l'escalier, se fut éteint dans l'éloi.
gnement, le boargeois (iu.ltaume Laurent chan-
gea tout à coup- ,dtittitude avec le chevalier de
Castinc..
Yoi!' les mtméros j>ari!s depuis k 21 juin.
— Monsieur, lui dit.i:, si vous ,'ou!ez bien,
nO:1:3 all-ns causer un peu.
— Vuto.nticra, répondit ie chevalier qui ?e
i-opa à califourchon sur une chaise et mit son
épée nue entre ses ja-ubes.
— Etes-vous le fils, le neveu 0\1 simplement
l'ami du mar juis Y reprit Guillaume*
— JH suis siinp'e1! ent son ami.
— Depuis 'longtemps?
— Dt puis ce. matin.
Alors ta'tt mieux, fit le bourgeois, une
amitié de i'i fraiche date n'est ias dang.:reu¡;;e.
— Plaît il ? •
On se console de la perte d'un ami de
Yi :gt-quatre heures, pouisuivit Guillaume avec
flegme.
— Te mOllucs-tu de moi, marouflte ?.
— Dieu m'en garde! mon gentilhomme.
Mais la voix de Gt111 aume, faisant cette hum-
ble réponse, n'6:ait. plus la même.
Elle était timbrée d'une nuance ironique, mê-
lée à une sorte-d'accent d 'atitorité.
— J'espère bien, repr,L le ch-vulier, n'avoir
pas à pleurer le marqu,6.
— Peuh! Qui sait?
Et dans tous les cas, reprit le Gascon, tu
sais ce que je t'ai promis...
Mais non, ja ne ,.ail:! pas, .,riit Guillaume.
— Je t'ai promis que si. dans deux heures. le
marquis ne revenait pas, je te passerais mon
épée au travers du corps, (iit le Gascon.
— Ali! c'est juste, je n'y pensais, plus.
— Tu as l,¡i; b:en burdi, mainLe;);mt, drôle !
— Voulez-vous donc que je pk'ur<.;?
— Non, mais j'e veux que tu aies vis-à-vis de
moi 1 attitude qu'un bourgeois doit, avoir viç-a
vis d un gcnUihomme.
— E>;c ,Pz-i& >i, dit Guillaume, j'iznore les
bedes manierez. Mais nous avons deux heures
slevant i-ous, n'e&t-ce pas?
— Deux heu; es de vie pour toi, car si le
marquis ne revient pas... j
Bbo, je comprends. Mais qu'allons-nous
j fjrire de ces deux heures? Avez-vous soif ?
— Heu ! heu 1 dit le Gascon en faisant chipper
sa langue.
— J'ai dans ce.bahut nue vous voyez là. eon-
tinua Guillaume, deux ou trois flacons de vieux
vin .
— Eh bien ! voyons lei;...
— Aimez-voua le jeu, dit encore GinUaume,
, — Parbleu !
— La bête ombrée, par exempta ?
— C'est mon jeu de préJi'eetion.
— Eh bien ! dit Guillauine, il m'est avis que
nous allons nous amuser un brin pendant ces
deux heures.
11 altn ouvrir ta bahut, y prit deuxjrefi^rabies
bouicille: couvertes de toiles «Taraignée?, et
les arporta ain-i que deux gobele's sur la tabla-
qui se trouvait au milieu ie la sa 'Ie.
Lf8s bouteilles débouchées, il remplit !ea go-
belets.
A votre s''lntél dit il.
— A la tien ne plutôt, dit le Ga5iWD,OU mieo.x,
à cello du marqGi'j.
Le bwurgeo.s hocha la tête et ne répons*
i pats.
I - Et ces cartes, Oll sont-elles? dit encora
Cast, rac.
— Là, dans coU? pièce voisine qui me sert
de cha i,bre àcouch*r.
— Va les chercher.
-Ne buvez pas tout en mon absence, aï
moiPS, dit Guillaume ('Il souriant.
Et il entra dans la pièce voisine.
11 est t(;u. à fait bon homme. dit le Ga?con,
f!t je souhaite, en vérité, qae le marquis re-
vienne sain et- sauf do son aventureuse expédi-
n.n, car j'aurais de la répugnance à i'occire.
Deux minutes s'écouFîrent.^S^pffrte de^ la
chamh e dans laquelle Guillaume était êntré se
rouvrit.
Mais te chevalier ne pur réprime* un geste et
an cri de surprise.
Guillaume n'était pics GaiRaume, ou plutôt
S cent, le nuiacro , ~ , . . JOURNAL QUOTIDIEN ; 1 «,... . Il ^7 - » VI'Dt., le. «te -
AfOKN'EMENTS. — Trois mois. Six mom. On M.
Paris .. S fr. 9 Cr. Ir.
Dépar'aments.. G * 1
. Adirtt)j istru.,. ir : E. DELSAUX. ig e4
3014 année. — DIMANCHE 26 JUILLET 1868. — N* 829
fifrerJeirr- Propriétaire : J A N N 1 N.
1l.éd.iCfeut' en chef: A. DE HALATUIKU -4 Il à G E L-0 I&IZÎ4-
liOREAUX D'ABOXNEME',Î'r , ; .-ne DrÓUo&. :
Admwistïutio* ; 13. place ifreda. ■ *
PARIS, 25 JUILLET 1868
LES CONCOURS DU CONSERVATOIRE
Dans quinze jours, chers lec-feurs, vous
renconh'p,r'C'z a chaque instant dans lés rues
des uniformes de lycéens isolés. Les vacances
auront conv en ré.
Vers la méiiv époque, il vous arrivem, en
descendant votre escalier, de trouver, debout
sur la dernière marche, une petite file, l"
bras droit teridu, qui dira en vous tournant le
ios :
... Eh ! quoi 1 seigneur, vous ll'ùles point parti?...
Ou bien :
De ma présence oneo, j't:npoisonnc vos yeux)...
Paris est la v'lle des bizarreries. Aussi ne
aérez-vous point étonné.
r— Ah ! rJir y-vous j'ai une élève du Con-
servatoire dans ina maison
(Æ9 concour? du Conservatoire ont eu lien
wtte semai.;e.
« Les concou:0 sort le triomphe dts mé-
diocrités. »
C'est là une p'o;:..:c erreur.
La vérité ôsI que le bénie estr'TC, tout sim-
i)leaient.
cr Avec le Cu!i ervnoir*, a dit Alexandre
Dumas, jo fé ¡;',r: u nff^&lric® dE;- la tîlle de mon
, portier. »
Eh! mon Dicn! citer nmitre, h file de vo
Ire portier se ferait ar.tnfP, quart) mémo 1"
Conservatoire n'existcrnil pas. et elle jouerait
nioins suppoi'iableivient à coup t.Ùi, la co-
médie.
On peut devenir un grnnl écrivain, san-s
être ,alié au col!(;g'I'; mais à une condition ce-
pendant, cest d'appicadre l'or\t>ogrdphe et
la syntaxe.
De même rn ro vricr cn:¡pdier, amoureux
du théâtre, peut SI:: [aile applaudir n'importe
où, en jouant (Il- son miuux n'importe quoi.
Mais, s'i! veut devenir un véritable comédien,
il faudra qu'il apprenne à dire le vers.
Le Conservatoire e? un collège, qui a "on
baccalauréat comme l'antre. Tous les bâche-
Mers ne sont pas des aigles ; mais les aig-es
n'ont jamais perdu leurs ailes à passer un !
1 ^exameû. , ..
Je VOll<:l ni rnécmté, l'année dernière, lhi9- <
Iiii!,p du Conservatoire.
Une des belles idées drtsrCônventton fat
dr. faire de l'art, de la musique et delà flé-
clarnafion une des bran.ht s de l instruction
publique.
La même année, qui vit éobre la Constitu-
tion, vit naître le Conservatoire.
« La Convention nationale, dit un peu p'us
tard François de Neiifuhateau, ava't 5pn{i que
ie gouvernement représentatif doit s'ernparer
de cette diversité de dispos tions dont la na-
ture f'nrichit l'inte ligeuce humaine, pour la
diriger vers les grandes choses cl faire Jaillir
la gloire nationale de t'excrcicc des talents
dans tous les individus C'est ainsi que la
pr voyance a céé, pour le connu un It"s ci-
toyens, un ctah'!5'-'jmeRi. où Ils peuvent
recevoir des leçons qui précédemment se
payaient au pouls de l'or. B
Dans GÍlvarni, une vieille femme, hum-
b!eme)'t vèuie, aide une jeune fille à l'a":,cr
une robe de h:'!.
— Eh bien ! iti verras, ma fille, comme tu
seras aussi dans tous t.fa états, aux débuts de
ta petite 1 C'est aux miens qu'il fallait voir feu
ma mère !..
Un.pnu plus loin, une autre vieille, un
balai i la main, sur le sI-ni: d'une loue, re-
pafdc sortir une jeune femme, en élégant
cos ume du matin :
— C'est elle qu'est applaudie!... Et qui
qn'a le mal ?...
V's élèves du Conservatoire sont en effet,
le plus souvent, des filles d artistes ou de con-
cierges, et ia raison en est bien simple.
Peu d'acteurs et !'C:l d'actrice• font f"rtnnf.
Dans leur position mixte entre .a bourgeoisie
et le peu-le, ils ne savent queilo p!ofessi<)n
donner à leurs e!'f.u)ts. Le pere porte une re-
dingo'te et la mère un chapeau. Il est b en
(ii Hi ci'e de f. i
d'emb'n'ras, en la meuant/nu théâtre.
Pour les (iibs de concierges, le th: ¡lt l't
constitue une aristocratie et un roman. Une
est un por-te d'observation mervvlîlpuv.
De là on > oit eut er et sort r les gens — D'où
M. A... revient il chaque soir?— On Mme
B... va --t-elle chaque matin?— Tiens, une
figure que je ne connais pas! — Ce ieirne
homme a des moustaches, c'est peut-être un
officier! — Oh! lar charmante toilette-qu'a
cette jeune femine; je parierais que c'est une
actrice T... *
Dans l'intervalle des npplrilion;.t, on lit,
quoi? des romans. Et les aventures de per-
Ronnages imaginaires se joignent A l'irrpres- j
sion produit/1 parles personnages réels, pour
faire rêver. L'hor zon de la loge est un pauvre
rad e à de telles imaginations. L'enfant le
trouve bientôt trop étroit, ft la mère elle-*
même, qui ne s'est jamais bien résignée à
son sort, se dit : —Je revivrai dans ma fiile!..
et se sent toute prête à h suivre dans les
voyages qu'elle pourra entreprendre à travers
la destinée...
Je connais d'autres mères d'actrices. j
Un officier, I1fl employé meurent, laissant
une veuve et une fille. Les deux femmes sont
bien élevées ; l'instruction le;!r a c éé des re-
soins que Ja maigre pension qn'el!rs reçoivent
ne leur permet pas de !:atih!a!'!'; plies mettent
des ganis pour faire leur m'''n;!ge; elles tra-
vai 1 le n t; el les 1 u ttent
Mais :'enfant soupire, lorsqu'un hacard la
conduit dans un bel, appartement ou la md.
en présence d'une robe de soie. La mere, qui
n'a qu'elle, est faible et s'rpouvante :
— Que deviendra rna fille, avec les gnùts
de-luxe qu'elle tient de sa naissance (t ut:itOft
éducation ?...
— Mnmnn, c'est beau d'être une grande
artiste ! s'écrie un soir la pensionnaire.
El 1:1 mè' e, après une nuit pans sommeil,
marmite en tremblant : Il i
— On peut entrer au th:';!tre et, demeurer
sage. Nous avons eu madan:e Rose Ctrri ...
Quelques j urs ap!'cs, un (-ft'anger, mon-
taht le fanhoug Poissonnière vers dix heu-
res du matirrreveontre une grande j^une file,
bdle. distinguée, et vêtue d'mditnnc onde
laine. Le port- est d'une princesse, la robe
d*une ouvrÍere. Mais, à dix heures, les prin-
. ces-es IH) sont pas encore sorties et les ou-
vrières sont depuis longtemps à 1 tlelièr.
truelle est donc cette inconnue?...
• C'est lu victime de Mme Rose Chérit qui se
rtfnd aux cours du Conservatoire.
' Pnisse-t-eîle obtenir un premier prix de-
«saifl 1 . « -
TONY RÉVILLON.
P. S. — Dans nn' de, trois articles que j'at
donnés, hl semaine dernière, au, Saisir 'dis,. '■
parler de Lyon, se trouvait up ' lietit tableau
1-a
M. Labanme, impr'mciir ét dir..'ctpnr de, la 1
Mw immctte, m'écrit aujourd'hui pon'r me de-
mander de rectifier un'chiffre de"'ce tableau.
C'est à dix mille exemplaires et non il dm!.
rail e, que tire son j'inrnai. S'H est une réc1»-!
mation que je sois heureux d'accueillir, c'est.
Ct'He-ci. Chaque numéro d'un jxirnal est lu,
en général, par quatre pt-r?onrres. J'ai donc
vingt mille lecteur- lyonnais à aj^mter lt mon
total de l'autre jour. Déplus, la MúrÍunnette
est une brave petite feuilll', spirituelle et har-
die... Giàce à el e et an la presse sa-
tirique est vaillamment représentée à Lyon.
Ce double succès mente d'être constaté haute»
I ment.
T. R.
La morale chez les grands journaux
îl fMait naturel de nenerr que puritains
de VUniùji ne man fieraient pas. à] l'occsion
de la discussion du timbra, de rabâcher en-
core une foi'!, 't l'ins.tar de ce vieux radoteur
de Catorr, leur rsemnit< rnel :
Di'lendil est C'lrtl/ft';o !
Mort aux petits journaux popu1aires! mort
à ta littérature impudique, qui... que,., et*,,
'-:c.
Mille pardon?, Uxiœ*jxui mie,-comparez,
s'il vous I)l îl., la hU.-rahm' des petits jow-
*wu;x à celle qai s'épanoLii^, avec la garantie
de l'Ec le de méd'CÍlie. à votre qu itr èiua
p- ge, sons la signature de M. CAPSULES M-O-
THKS et de M. B.SCL:IT--.OL vu;n, et. dites-
nou''-, 'cn . çojïsçieucp, de tjuci côté \lsL fÜnpu-
dt', ur. " '
Et ce vieux diable de ]ourna l des Débats
qui s'avise aussi, Dieu me [Mruottne! de se
f,ire ermite et de tonner contre les « JUlhli-
cations dpsti' ces A r.'pan'hc des romans %,ut-
gairt's et le compte rendu des procès cdè-
bres ! Jo)
Eh 1 Basile, mon ami, si prompt à vous
scandaliser d'une paine dans l'œil du pro-
t'twin, m' vous sonv itr-.t-il Plus de certain
puccès d'argent auquel on sacrifiait sans re-
LA
FEMME IMMORTELLE
PAR
PONSON DU TERRAIL
PROLOGUE
LA MAISON ENCHANTÉE
XXXVII
36
Quand le marquis de la Roche-Maubert Fe fil
àsrgagé dans la passage mystérieux et que le
bruit de ses pas, retentissant d'abord sur les
aiarciies de l'escalier, se fut éteint dans l'éloi.
gnement, le boargeois (iu.ltaume Laurent chan-
gea tout à coup- ,dtittitude avec le chevalier de
Castinc..
Yoi!' les mtméros j>ari!s depuis k 21 juin.
— Monsieur, lui dit.i:, si vous ,'ou!ez bien,
nO:1:3 all-ns causer un peu.
— Vuto.nticra, répondit ie chevalier qui ?e
i-opa à califourchon sur une chaise et mit son
épée nue entre ses ja-ubes.
— Etes-vous le fils, le neveu 0\1 simplement
l'ami du mar juis Y reprit Guillaume*
— JH suis siinp'e1! ent son ami.
— Depuis 'longtemps?
— Dt puis ce. matin.
Alors ta'tt mieux, fit le bourgeois, une
amitié de i'i fraiche date n'est ias dang.:reu¡;;e.
— Plaît il ? •
On se console de la perte d'un ami de
Yi :gt-quatre heures, pouisuivit Guillaume avec
flegme.
— Te mOllucs-tu de moi, marouflte ?.
— Dieu m'en garde! mon gentilhomme.
Mais la voix de Gt111 aume, faisant cette hum-
ble réponse, n'6:ait. plus la même.
Elle était timbrée d'une nuance ironique, mê-
lée à une sorte-d'accent d 'atitorité.
— J'espère bien, repr,L le ch-vulier, n'avoir
pas à pleurer le marqu,6.
— Peuh! Qui sait?
Et dans tous les cas, reprit le Gascon, tu
sais ce que je t'ai promis...
Mais non, ja ne ,.ail:! pas, .,riit Guillaume.
— Je t'ai promis que si. dans deux heures. le
marquis ne revenait pas, je te passerais mon
épée au travers du corps, (iit le Gascon.
— Ali! c'est juste, je n'y pensais, plus.
— Tu as l,¡i; b:en burdi, mainLe;);mt, drôle !
— Voulez-vous donc que je pk'ur<.;?
— Non, mais j'e veux que tu aies vis-à-vis de
moi 1 attitude qu'un bourgeois doit, avoir viç-a
vis d un gcnUihomme.
— E>;c ,Pz-i& >i, dit Guillaume, j'iznore les
bedes manierez. Mais nous avons deux heures
slevant i-ous, n'e&t-ce pas?
— Deux heu; es de vie pour toi, car si le
marquis ne revient pas... j
Bbo, je comprends. Mais qu'allons-nous
j fjrire de ces deux heures? Avez-vous soif ?
— Heu ! heu 1 dit le Gascon en faisant chipper
sa langue.
— J'ai dans ce.bahut nue vous voyez là. eon-
tinua Guillaume, deux ou trois flacons de vieux
vin .
— Eh bien ! voyons lei;...
— Aimez-voua le jeu, dit encore GinUaume,
, — Parbleu !
— La bête ombrée, par exempta ?
— C'est mon jeu de préJi'eetion.
— Eh bien ! dit Guillauine, il m'est avis que
nous allons nous amuser un brin pendant ces
deux heures.
11 altn ouvrir ta bahut, y prit deuxjrefi^rabies
bouicille: couvertes de toiles «Taraignée?, et
les arporta ain-i que deux gobele's sur la tabla-
qui se trouvait au milieu ie la sa 'Ie.
Lf8s bouteilles débouchées, il remplit !ea go-
belets.
A votre s''lntél dit il.
— A la tien ne plutôt, dit le Ga5iWD,OU mieo.x,
à cello du marqGi'j.
Le bwurgeo.s hocha la tête et ne répons*
i pats.
I - Et ces cartes, Oll sont-elles? dit encora
Cast, rac.
— Là, dans coU? pièce voisine qui me sert
de cha i,bre àcouch*r.
— Va les chercher.
-Ne buvez pas tout en mon absence, aï
moiPS, dit Guillaume ('Il souriant.
Et il entra dans la pièce voisine.
11 est t(;u. à fait bon homme. dit le Ga?con,
f!t je souhaite, en vérité, qae le marquis re-
vienne sain et- sauf do son aventureuse expédi-
n.n, car j'aurais de la répugnance à i'occire.
Deux minutes s'écouFîrent.^S^pffrte de^ la
chamh e dans laquelle Guillaume était êntré se
rouvrit.
Mais te chevalier ne pur réprime* un geste et
an cri de surprise.
Guillaume n'était pics GaiRaume, ou plutôt
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