Titre : La Petite presse : journal quotidien... / [rédacteur en chef : Balathier Bragelonne]
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1868-07-24
Contributeur : Balathier Bragelonne, Adolphe de (1811-1888). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32837965d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 24 juillet 1868 24 juillet 1868
Description : 1868/07/24 (A3,N827). 1868/07/24 (A3,N827).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k47178295
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-190
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 23/10/2017
LA PETITE PRESSE
JOURNAL QUOTIDIEN ?
S cent. le numéro
S cent. le numéro
ABONNEMENTS. — Trois moil. Six mois. Do an.
Paris 5 fr. 9 fr. i8 fr.
Départements.. 6 il et
Administrateur : E. DELSAUX.
dme année. — VENDREDI 24 " JUILLET 1868. — N° 827
Directeur-Propriétaire :JANNIN
Rédacteur en chef : A. DE B A 1, A T 1-11 I K K- !>I> G r. LO N N E.
BUREAUX D'ABONNEMENT : 9, t'Mt*
ADMINISTRATION '. 13, place Breda.
PARIS, 23 JUILLET 1868
LE TRAVAIL AU LYCÉE
•. s m*;/
Savez-vous, chers lecteurs, d*îf vient le
not lycée, que fa République et l'Empire
ont, à l'imitation de l'antiquité, substilué au
mot collège? .. "
Le Lycée était, à Athènes, un des gymnnses
consacrés à l'éducation de la jeunesse. Les
grandes salles ouverte', les cours, et les jar-
dins de ce gymnase élaient situés au bord
de Plllissus/de l'autre côté duquel s'étageaient
les pentes du mont Hvmette.Li, dans la cam-
pagne, sous le ciel d'un bleu profond, deF
profes,eurs -- parmi lesquels il convient de
siter Arisfotc—enseignaient les sciences et
la philosophie aux jeunes gens d'Athènes.
Maîtres et. disciples, a-.i lieu de s'enfermer
dans des chambres à plafond bas,, se prome-
naient sous les portiques et le long des allées,
causant et discutant ensemble.
La jeunesse est curieuse. Le plus sou-
vent, les élèves interrogeaient. Mais, quel-
quefois aussi, c'était le maître qui posait
une question. La réponse amenait une
question nouvelle-, et, de question en ques-
tion, de réponse -,tn réponse, l'élève était
amené à trouver lui-même la solution. Sou-
vent il tombait dans l'absurde, en répétant
comme u:i perroquet les banalités courantes
Alors, au milieu des éclats de rire d'une
causerie libre, le maître lui recommandait de
ne se prononcer à l'avenir qu'après examen.
Dans les intervalles des leçons, les jeunes
gens se livraient à tous les exercices du corps,
et — quand ils sortaient des mains de leurs
professeurs — poëtes, philosophes ou mar-
chands étaient en même temps des hommes,
des citoyens et des soldats.
Nos lycées, il faut en convenir, ne res-
semblent guère au Lycée d'Athènes.
Ils ne ressemblent pas davon'ageà nos an-
ciennes écoles universitaires, où l'on ne con-
naissatt.que l'externat Les écoliers habitaient
autour de nos vieux collèges. Ils vivaient de
la vie de famille, chez leurs parents ou chez
les représentants de ces derniers. Ils n'allaient
à l'école qu'à l'heure des leçons. Sous le rap-
port de la règle, cette coutume laissait beau-
coup f< désirer. Tapageurs. turhnVnts, in-
disciolinés, les étudiants prolpnsreaient par- i
fois leurs études au dslà. du nombre d années
voulu Il v avait dans l'Université déR révnl- j
tes et des querelles Du moins, ces enfants ■.
développaient-ils librement leurs facn)tes, et
l'éducation, chez eux, ne tuait pas la nature
sous prétexte de la corriger.
L'esprit de justice propre au dix huitième
siècle et à la Révolution, bouleversa l'Uni-
versité Française. Les législateurs virent les
p!'ivilrges, les inconvénients les abus; ils
voulurent y porter remède. Nos lycées con-
temporains sont le résultat de ce travail. ,sa-
lutaire et fécond sans doute. mais sujet i
révision comme tont ce qui est humain. Un#
institution, si bonne qu'elle soit, A ses-imper-
l'ections que l'expérience démontre, et qu'il
appartient au temps de faire disparaître.
Nos écoles secondaires peuvent produire
des l10ëtes et des savants, comme les écoles
d'Athènes. L'habitude de l'uniforme, du tam-
bour et de la discipline peut y former des
soldats. Mais ces caserrfes favorisent-elles le
développement de l'homme? Il est permis aux -
bons esprits d'en douter.
Voilà une question qui ne touche en rien à
la politique, et cependant elle a été soulevée,
la semaine dernière, à la tribune du Corps
législatif.
Dans un livre justement remarqué , M.
Jules Simon avait plaidé la cause de l'ouvrier
- de huit ans. M.A Ifred Haëntjens, en quelques
paroles éloquentes, a plaidé celle de l'écolier
de douze.
Un journal anglais citait, l'autre jour ,
comme un trait d'admirable patience, ce fait
que, par une cha eur caniculaire, le président
de la Chambre des Communes a passé sur
son siége, dans une seule journée, treize
heures, interrompues seulement par le temps
consacré à son dîner.
Or, ces treize heures, exceptionnelles pour
M. le président de la Chambre des communes,
sont la tâche régulière des élèves dans nos
lycées.
Treize heures par jour!... Treize heures
d étude et de silence !...
Etonnez vous, après cela, que ce travail
prolongé ne soit pas un travail actif et ue
donne pas des résultats proportionnés à sa
durée !... Etonnez-vous encore que les forces
nf,suffisent pas à la fflche. et que. le. corps
sôuffre de la tension imnosre à l'esprit !...
0'1 siu-l vigoureux et fort des lycées, a dit
M. Ponve.r-Qnertier.. qui a cinq pieds six
pouces et qui est taillé en hercule.
Comment s'expliquer alors, lui a répliqué
son collègue,qu'un quart, des élèves de l'Erole
^lytftchrfique et d9- l'Ecol" .norma'e soiesA
obligés de porter des lunettes, et que leur
tailll'\ soit au-dessous de la moyenne?
C'est là en effet le grave côté de le ques-
tion. : '
Dans un petit livre publié ces jours-ci par
M. Philibert Audp'brand sous ce titre bizarre :
« Proitrlhon et l'écnyère de l'Hippodrome, o
je trouve cette observation du penseur franc-
comtois :
« Il en est de la vertu comme de la santé.
La vertu n'est même, à mon avis, que la
santé du cœur,somme la santé est la vertu du
corps. Combien pensez-vous qu'il y ait, sur
cent individus pris au hasard, de sujets vrai-
ment ¡:airrs? Pas cinq, peut être pas trois; et
la preuve, c'est qu'il y a fort peu de gens
qui meurent de vieillesse après avoir passé
leur existence sans maladie... »
« La gymnastique, disait la Presse hier,
est un puissant-élément d'hygiène, quand on
sait l'employer avec soin et avec sagesse Les
Allais, qui cultivent avec. tant, de soin les
exercices du corps, montrent, par leur axem-
ple, rheHt'eux parti que l'on peut. en tirer
pour le développement des forces physiques et
l'affermissement de la santé chez les jeunes
gens... »
Ce journal donnait en même temps cette
bonne nouvelle :
« L'introduction de la gymnastique dans
nos écoles de tout ordre, d'une manière gé-
nérale et régulière, est désormais un projet
arrêté, qui sera mis à exécution à la prochaine
rentrée des classes.
» M. le ministre de l'instruction publique
avait formé, le 15 février dernier, une com-
mission spéciale, sous a présidence de M. le
baron Larrey, président du conseil de santé,
commission composée de membres de l'Uni-
versité, de membres de l'Académie de méde-
cine et d'officiers de l'Armée...
» Cette commission a terminé son travail
an mois''e juin dernier. Elle a flt des en-
quêtes, consulté des documents anglais, alle-
mands-, suédois et d'antres.
» Les programmes ndontés par h cnmmic-
sion cont, prêts et s'appliquent a m écoles pri-
maires de garçons, aux lycées et 1111X écoles
normales primaires. Lr. fond est à peu près
ce ffn'nH'enseigna dans les régime ts sous )e
nom d(-i gymnastique militaire. On a éloigné
tout ce qui aurait un caractère digèrent. l a
commission s'est même occupée de les appli-
quer. dans une mesure prudente, aux écoles
de fines... »
Il faut espérer que ce rapport et ces plans
ne demeureront pas à l'état de lf,t!re morte.
Le discours de M. Haëntjens a ou cet excel-
lent résultat, de mettre la question dans la
discussion. Les journaux, depuis le plus
grand jusqu'au plus peût, vont s'en emparer
tour à tour. On dira le pour et le contre, et,
sa"s demander, comme le Monde et ;'Univel's,
la suppression de l'internat, comme d'une
chose attentatoire à la famille, — on recon-
naîtra sans doute qu'il y a de nombreuses
améliorations possibles dans le régime des
lycées. On diminuera les heures de travail.
On donnera moins à l'étude silencieuse, et
[dus à l'étude parlée;.
Comme en Grèce et comme en Angleterre,
on cherchera à placer les lycées à la porte des
villes, presque à la campagne. Les voyageurs
qui ont descendu le Rhône, ont tous admiré
e collège de Tonrnon.,Oe ses terrasses plan-
tées do grandsarbres, le regard suit le fleuve,
et la grande masse austère et somb:e de ses
bâtiments est égayée par la pelouse verte
d'un parc immense dans lequel se trouvent
un gymnase et une pièce d'eau Tels devraient
être, — au Rhône, près, qui ne reuf se trou-
ver partout, — la situation et l'aménagement
de tous lés lycées. Nos enfants et nos petits
frères, avec quelques heures d'étude de moins,
quelques heures de promenade de plus, un
grand espace plein d'air et de lumière autour
d'eux, attendraient plus patiemment les va-
cances qu'ils ne le font nujonrd hui.
Ces vacances sont proches. QI1/) la rentrée
leur apporte l'ensemble de bonnes nouvelles
que je viens de dire, et ils reprendront le
cours de leurs études avpc une activité qui
donnera raison à leurs amis.
TONY RÉVILLON.
LA
FEMME IMMORTELLE
mess=""34 PAR
PONSON DU TERRAIL
PROLOGUE
LA MAISON ENCHANTÉE
XXXV
Il se fit comme une lueur dans l'esprit de M.
de la Roche-Maubert, mais une lueur de bon
sens.
La vieille femme qu'on avait vue,quarante an-
nées a paravant, entrer dans la maison de Ja-
nine, le soir du supplice, en tenant un bouc en
laisse, lui revint tout à coup en mémoire.
Voir les numéros parus depuis le 21 juin. '
Peut-être cette mendiante à qui il venait de
faire l'aumône était-elle cette même vieille
femme.
Depuis que sa folie amoureuse le tenait, le
marquis n'avait pas encore éprouvé un seul
moment de crainte.
Il en eut un en ce moment ; et peut-être même
eût-il battu en retraite s'il eût été seul.
Mais le Gascon était avec lui.
Le Gascon qui voul it gagner ses deux cents
pistoles et qui se mit à rire.
Le rire du Gascon fit tressaillir le marquis ; il
eut honte de son hésitation :
— Allons donc, fit-il, en avant!
— C'est mon avis, répliqua !e chevalier de
Castirac.
Et ils allongèrent le pas s»t entièrent dans la
rue de l'Hirondelle.
Mais le marquis avait pris le bras de son jeune
compagnon et h.i disait : #
, — Il faut pourtant que je vous mette au cou-
rant de la situation.
— Fo; t bien. J'écoute.
— Ce n'ebt pas d'hier, reprit le marquis, que
j'aime la personne.
— Ah!
Le marquis n'osait cependant avouer que son
amour remontait à quarante ans.
Le chevalier aurait, fort bien pu lui rire au
nez. tout comme il avait fait pour la men-
diante.
— Donc, mon amour n'est pas d'hier, conti-
nua le vieux fou, mais la femme que j'aime est
peut-être la plus pure et la plus belle du
monde.
— Je vous crois sans peine, monsieur, inter-
rompit l'e chevalier de Castirac, flatteur et cour-
tisan comme doit l'être un homme qui loge le
dicble en son escarcelle.
Le marqu s poursuivit :
— Tenez, voilà la maison où elle est.
— Bon !
— Il s'agit d'en faire le siège.
— Et de tuer un amant ou un mari jaloux,
sans doute.
— Attendez, ce n'est pas cela...
— Voyons, alors ?
Et le chevalier regarda tour à tour le mar-
quis, dont le visage s'empourprait, et la maison,
qui était silencieuse et qui paraissait déserte.
— Cette maison e,t pleine de mystères, tout
comme la femme que j'aime, reprit M. de la
Roche-Maubert. ,
— Ea vérité 1
— Entre nous, cette créature idéale de beauté
est un peu b zarre, un peu... extraordinaire...
elle s'occupe de science...
— Comment cela'
— De chimie et d'alchimie, dit encore le mar-
quis, jugeant inutile fie toit dire au chevalier,
mais ayant besoin cependant de lui faire com-
prendre certaines choses, afin d'utiliser le se-
cours de son épée qU1Dd il en serait temps.
E' e fait donc de la chimie et de l'alchimie?
— Que cherche-t-elle?
— La pierre philosophale.
— C'est-à-dire le moyen de, faire de 'l'or?
— Précisément.
— Et... ra-t-elle trouvé?
— Peut être bien... je ne sais au juste. Mail
voici ce que jetais, cette maison est double.
— Comment cela?
— Eile a une partie souterraine où se tient
l'objet de mes amours, un palais éclairé par des
lampes et dans lequel la lumière du jour n'a
jamais pénétré.
— Après? fit le Gascon, intrigué.
— La partie supérieure de la maison, c'est-à-
dire ce que nous voyons, est habitée par un
bourgeois fort niais appelé Gui.la.ume Laurent;
maïs sa niaiserie et son air placide, il ne faut
pas nous y tromper, ne sont qu'apparents, et
cet homme est comme le Cerbère de ce palais
souterrain dont j'ignore l'entrée.
— Fort bien, dit froidement le Gascon. Je lui
mettrai mon épée sur la gorge, et il faudra hiea
~ qu'il nous la montre, cette entrée.
JOURNAL QUOTIDIEN ?
S cent. le numéro
S cent. le numéro
ABONNEMENTS. — Trois moil. Six mois. Do an.
Paris 5 fr. 9 fr. i8 fr.
Départements.. 6 il et
Administrateur : E. DELSAUX.
dme année. — VENDREDI 24 " JUILLET 1868. — N° 827
Directeur-Propriétaire :JANNIN
Rédacteur en chef : A. DE B A 1, A T 1-11 I K K- !>I> G r. LO N N E.
BUREAUX D'ABONNEMENT : 9, t'Mt*
ADMINISTRATION '. 13, place Breda.
PARIS, 23 JUILLET 1868
LE TRAVAIL AU LYCÉE
•. s m*;/
Savez-vous, chers lecteurs, d*
not lycée, que fa République et l'Empire
ont, à l'imitation de l'antiquité, substilué au
mot collège? .. "
Le Lycée était, à Athènes, un des gymnnses
consacrés à l'éducation de la jeunesse. Les
grandes salles ouverte', les cours, et les jar-
dins de ce gymnase élaient situés au bord
de Plllissus/de l'autre côté duquel s'étageaient
les pentes du mont Hvmette.Li, dans la cam-
pagne, sous le ciel d'un bleu profond, deF
profes,eurs -- parmi lesquels il convient de
siter Arisfotc—enseignaient les sciences et
la philosophie aux jeunes gens d'Athènes.
Maîtres et. disciples, a-.i lieu de s'enfermer
dans des chambres à plafond bas,, se prome-
naient sous les portiques et le long des allées,
causant et discutant ensemble.
La jeunesse est curieuse. Le plus sou-
vent, les élèves interrogeaient. Mais, quel-
quefois aussi, c'était le maître qui posait
une question. La réponse amenait une
question nouvelle-, et, de question en ques-
tion, de réponse -,tn réponse, l'élève était
amené à trouver lui-même la solution. Sou-
vent il tombait dans l'absurde, en répétant
comme u:i perroquet les banalités courantes
Alors, au milieu des éclats de rire d'une
causerie libre, le maître lui recommandait de
ne se prononcer à l'avenir qu'après examen.
Dans les intervalles des leçons, les jeunes
gens se livraient à tous les exercices du corps,
et — quand ils sortaient des mains de leurs
professeurs — poëtes, philosophes ou mar-
chands étaient en même temps des hommes,
des citoyens et des soldats.
Nos lycées, il faut en convenir, ne res-
semblent guère au Lycée d'Athènes.
Ils ne ressemblent pas davon'ageà nos an-
ciennes écoles universitaires, où l'on ne con-
naissatt.que l'externat Les écoliers habitaient
autour de nos vieux collèges. Ils vivaient de
la vie de famille, chez leurs parents ou chez
les représentants de ces derniers. Ils n'allaient
à l'école qu'à l'heure des leçons. Sous le rap-
port de la règle, cette coutume laissait beau-
coup f< désirer. Tapageurs. turhnVnts, in-
disciolinés, les étudiants prolpnsreaient par- i
fois leurs études au dslà. du nombre d années
voulu Il v avait dans l'Université déR révnl- j
tes et des querelles Du moins, ces enfants ■.
développaient-ils librement leurs facn)tes, et
l'éducation, chez eux, ne tuait pas la nature
sous prétexte de la corriger.
L'esprit de justice propre au dix huitième
siècle et à la Révolution, bouleversa l'Uni-
versité Française. Les législateurs virent les
p!'ivilrges, les inconvénients les abus; ils
voulurent y porter remède. Nos lycées con-
temporains sont le résultat de ce travail. ,sa-
lutaire et fécond sans doute. mais sujet i
révision comme tont ce qui est humain. Un#
institution, si bonne qu'elle soit, A ses-imper-
l'ections que l'expérience démontre, et qu'il
appartient au temps de faire disparaître.
Nos écoles secondaires peuvent produire
des l10ëtes et des savants, comme les écoles
d'Athènes. L'habitude de l'uniforme, du tam-
bour et de la discipline peut y former des
soldats. Mais ces caserrfes favorisent-elles le
développement de l'homme? Il est permis aux -
bons esprits d'en douter.
Voilà une question qui ne touche en rien à
la politique, et cependant elle a été soulevée,
la semaine dernière, à la tribune du Corps
législatif.
Dans un livre justement remarqué , M.
Jules Simon avait plaidé la cause de l'ouvrier
- de huit ans. M.A Ifred Haëntjens, en quelques
paroles éloquentes, a plaidé celle de l'écolier
de douze.
Un journal anglais citait, l'autre jour ,
comme un trait d'admirable patience, ce fait
que, par une cha eur caniculaire, le président
de la Chambre des Communes a passé sur
son siége, dans une seule journée, treize
heures, interrompues seulement par le temps
consacré à son dîner.
Or, ces treize heures, exceptionnelles pour
M. le président de la Chambre des communes,
sont la tâche régulière des élèves dans nos
lycées.
Treize heures par jour!... Treize heures
d étude et de silence !...
Etonnez vous, après cela, que ce travail
prolongé ne soit pas un travail actif et ue
donne pas des résultats proportionnés à sa
durée !... Etonnez-vous encore que les forces
nf,suffisent pas à la fflche. et que. le. corps
sôuffre de la tension imnosre à l'esprit !...
0'1 siu-l vigoureux et fort des lycées, a dit
M. Ponve.r-Qnertier.. qui a cinq pieds six
pouces et qui est taillé en hercule.
Comment s'expliquer alors, lui a répliqué
son collègue,qu'un quart, des élèves de l'Erole
^lytftchrfique et d9- l'Ecol" .norma'e soiesA
obligés de porter des lunettes, et que leur
tailll'\ soit au-dessous de la moyenne?
C'est là en effet le grave côté de le ques-
tion. : '
Dans un petit livre publié ces jours-ci par
M. Philibert Audp'brand sous ce titre bizarre :
« Proitrlhon et l'écnyère de l'Hippodrome, o
je trouve cette observation du penseur franc-
comtois :
« Il en est de la vertu comme de la santé.
La vertu n'est même, à mon avis, que la
santé du cœur,somme la santé est la vertu du
corps. Combien pensez-vous qu'il y ait, sur
cent individus pris au hasard, de sujets vrai-
ment ¡:airrs? Pas cinq, peut être pas trois; et
la preuve, c'est qu'il y a fort peu de gens
qui meurent de vieillesse après avoir passé
leur existence sans maladie... »
« La gymnastique, disait la Presse hier,
est un puissant-élément d'hygiène, quand on
sait l'employer avec soin et avec sagesse Les
Allais, qui cultivent avec. tant, de soin les
exercices du corps, montrent, par leur axem-
ple, rheHt'eux parti que l'on peut. en tirer
pour le développement des forces physiques et
l'affermissement de la santé chez les jeunes
gens... »
Ce journal donnait en même temps cette
bonne nouvelle :
« L'introduction de la gymnastique dans
nos écoles de tout ordre, d'une manière gé-
nérale et régulière, est désormais un projet
arrêté, qui sera mis à exécution à la prochaine
rentrée des classes.
» M. le ministre de l'instruction publique
avait formé, le 15 février dernier, une com-
mission spéciale, sous a présidence de M. le
baron Larrey, président du conseil de santé,
commission composée de membres de l'Uni-
versité, de membres de l'Académie de méde-
cine et d'officiers de l'Armée...
» Cette commission a terminé son travail
an mois''e juin dernier. Elle a flt des en-
quêtes, consulté des documents anglais, alle-
mands-, suédois et d'antres.
» Les programmes ndontés par h cnmmic-
sion cont, prêts et s'appliquent a m écoles pri-
maires de garçons, aux lycées et 1111X écoles
normales primaires. Lr. fond est à peu près
ce ffn'nH'enseigna dans les régime ts sous )e
nom d(-i gymnastique militaire. On a éloigné
tout ce qui aurait un caractère digèrent. l a
commission s'est même occupée de les appli-
quer. dans une mesure prudente, aux écoles
de fines... »
Il faut espérer que ce rapport et ces plans
ne demeureront pas à l'état de lf,t!re morte.
Le discours de M. Haëntjens a ou cet excel-
lent résultat, de mettre la question dans la
discussion. Les journaux, depuis le plus
grand jusqu'au plus peût, vont s'en emparer
tour à tour. On dira le pour et le contre, et,
sa"s demander, comme le Monde et ;'Univel's,
la suppression de l'internat, comme d'une
chose attentatoire à la famille, — on recon-
naîtra sans doute qu'il y a de nombreuses
améliorations possibles dans le régime des
lycées. On diminuera les heures de travail.
On donnera moins à l'étude silencieuse, et
[dus à l'étude parlée;.
Comme en Grèce et comme en Angleterre,
on cherchera à placer les lycées à la porte des
villes, presque à la campagne. Les voyageurs
qui ont descendu le Rhône, ont tous admiré
e collège de Tonrnon.,Oe ses terrasses plan-
tées do grandsarbres, le regard suit le fleuve,
et la grande masse austère et somb:e de ses
bâtiments est égayée par la pelouse verte
d'un parc immense dans lequel se trouvent
un gymnase et une pièce d'eau Tels devraient
être, — au Rhône, près, qui ne reuf se trou-
ver partout, — la situation et l'aménagement
de tous lés lycées. Nos enfants et nos petits
frères, avec quelques heures d'étude de moins,
quelques heures de promenade de plus, un
grand espace plein d'air et de lumière autour
d'eux, attendraient plus patiemment les va-
cances qu'ils ne le font nujonrd hui.
Ces vacances sont proches. QI1/) la rentrée
leur apporte l'ensemble de bonnes nouvelles
que je viens de dire, et ils reprendront le
cours de leurs études avpc une activité qui
donnera raison à leurs amis.
TONY RÉVILLON.
LA
FEMME IMMORTELLE
mess=""34 PAR
PONSON DU TERRAIL
PROLOGUE
LA MAISON ENCHANTÉE
XXXV
Il se fit comme une lueur dans l'esprit de M.
de la Roche-Maubert, mais une lueur de bon
sens.
La vieille femme qu'on avait vue,quarante an-
nées a paravant, entrer dans la maison de Ja-
nine, le soir du supplice, en tenant un bouc en
laisse, lui revint tout à coup en mémoire.
Voir les numéros parus depuis le 21 juin. '
Peut-être cette mendiante à qui il venait de
faire l'aumône était-elle cette même vieille
femme.
Depuis que sa folie amoureuse le tenait, le
marquis n'avait pas encore éprouvé un seul
moment de crainte.
Il en eut un en ce moment ; et peut-être même
eût-il battu en retraite s'il eût été seul.
Mais le Gascon était avec lui.
Le Gascon qui voul it gagner ses deux cents
pistoles et qui se mit à rire.
Le rire du Gascon fit tressaillir le marquis ; il
eut honte de son hésitation :
— Allons donc, fit-il, en avant!
— C'est mon avis, répliqua !e chevalier de
Castirac.
Et ils allongèrent le pas s»t entièrent dans la
rue de l'Hirondelle.
Mais le marquis avait pris le bras de son jeune
compagnon et h.i disait : #
, — Il faut pourtant que je vous mette au cou-
rant de la situation.
— Fo; t bien. J'écoute.
— Ce n'ebt pas d'hier, reprit le marquis, que
j'aime la personne.
— Ah!
Le marquis n'osait cependant avouer que son
amour remontait à quarante ans.
Le chevalier aurait, fort bien pu lui rire au
nez. tout comme il avait fait pour la men-
diante.
— Donc, mon amour n'est pas d'hier, conti-
nua le vieux fou, mais la femme que j'aime est
peut-être la plus pure et la plus belle du
monde.
— Je vous crois sans peine, monsieur, inter-
rompit l'e chevalier de Castirac, flatteur et cour-
tisan comme doit l'être un homme qui loge le
dicble en son escarcelle.
Le marqu s poursuivit :
— Tenez, voilà la maison où elle est.
— Bon !
— Il s'agit d'en faire le siège.
— Et de tuer un amant ou un mari jaloux,
sans doute.
— Attendez, ce n'est pas cela...
— Voyons, alors ?
Et le chevalier regarda tour à tour le mar-
quis, dont le visage s'empourprait, et la maison,
qui était silencieuse et qui paraissait déserte.
— Cette maison e,t pleine de mystères, tout
comme la femme que j'aime, reprit M. de la
Roche-Maubert. ,
— Ea vérité 1
— Entre nous, cette créature idéale de beauté
est un peu b zarre, un peu... extraordinaire...
elle s'occupe de science...
— Comment cela'
— De chimie et d'alchimie, dit encore le mar-
quis, jugeant inutile fie toit dire au chevalier,
mais ayant besoin cependant de lui faire com-
prendre certaines choses, afin d'utiliser le se-
cours de son épée qU1Dd il en serait temps.
E' e fait donc de la chimie et de l'alchimie?
— Que cherche-t-elle?
— La pierre philosophale.
— C'est-à-dire le moyen de, faire de 'l'or?
— Précisément.
— Et... ra-t-elle trouvé?
— Peut être bien... je ne sais au juste. Mail
voici ce que jetais, cette maison est double.
— Comment cela?
— Eile a une partie souterraine où se tient
l'objet de mes amours, un palais éclairé par des
lampes et dans lequel la lumière du jour n'a
jamais pénétré.
— Après? fit le Gascon, intrigué.
— La partie supérieure de la maison, c'est-à-
dire ce que nous voyons, est habitée par un
bourgeois fort niais appelé Gui.la.ume Laurent;
maïs sa niaiserie et son air placide, il ne faut
pas nous y tromper, ne sont qu'apparents, et
cet homme est comme le Cerbère de ce palais
souterrain dont j'ignore l'entrée.
— Fort bien, dit froidement le Gascon. Je lui
mettrai mon épée sur la gorge, et il faudra hiea
~ qu'il nous la montre, cette entrée.
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