Titre : La Petite presse : journal quotidien... / [rédacteur en chef : Balathier Bragelonne]
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1868-07-14
Contributeur : Balathier Bragelonne, Adolphe de (1811-1888). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32837965d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 14 juillet 1868 14 juillet 1868
Description : 1868/07/14 (A3,N817). 1868/07/14 (A3,N817).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k4717819s
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-190
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 22/10/2017
LA PETITE PRESSE
JOURNAL QUOTIDIEN
5 cent. le numéro
5 cent. le numéro
ABONNEMENTS. — Trois mois. Six mois. cil an.
Paris 5 fr. 9 fiv 1 s fr.
Départements.. Et il et
Administrateur : E. DELSAUX.
3°* année. — MARDI 14. JUILLET 1868. —IV 817
Directe ui '-Propriétaire : J A N NI N.
Rédacteur en chef: A. DE BALATHIER BRAGELONNE.1
BUREAUX D'ABONNEMENT : 9, rue Drouot. 1
ADMINISTRATION : 13, place Breda.
PARIS, 13 JUILLET 1868
LES LYCÉENS DE CLERMONT A GERGOVIE
VERCINGÉTORIX
Le Moniteur du Pity-de-Dôrh^^acpïLtmiyïy
y a deux jours, une excursion
ciens de Clermont. Le professeur d'histoire
du lycée, suivant l'exemple de Lamartine et
de M. Thiers, voulait étudier avec ses élèves
la bataille sur le champ de bataille, donner
au récit des Commentaires le cadre des lieux,
voir afin de mieux savoir.
Sur le plateau élevé, défendu par des pen-
tes abruptes et des ravins profonds, plane
une figure légendaire, celle d'un jeune
homme, d'un citoyen dévoué, d'un soldat en-
thousiaste, qui, pareil à nos volontaires de
U2, se leva, il y a dix-neuf cents ans, pour dé-
fendre sa patrie, mais qui, moins heureux
qu'eux, ne réussit pas à la sauver.
. Cette figure est celle do Vercingétorix.
La France, autrefois, s'appelait les Gaules.
Les peuples qui l'habitaient formaient une
série de tribus, subdivisées elles-mêmes en
nations, qui tiraient leur nom de la forme
du pays qu'elles habitaient, mer, fleuve,
plaine, vallée, forêt, montagne. Qu'un péril
commun se présenLât,,:,ces naticms se réunis-
saient en grandes ligues pour le repousser.
Eu temps ordinai)'e, -elles n'avaient d'autre
lien commun que la langue.
Les Gaulois, chasseurs et pasteurs, étaient
une race active par excellence. Hauts de six
pieds, vêtus d'une saye, espèce de blouse
rayée de couleurs éctatantes, ils adoraient
dans le costume tout ce qui brille et- tout ce
qui reluit : les grands châles à carreaux, les
manteaux ronges avec des agrafes de métal,
les chaînes d'or.... Quelques-uns se teignaient
la peau d'une substance bleuâtre. D'autres se
tatouaient. Tous peignaient avec soin leurs
ioll(,s cheveux blonds et leurs moustaches
fauves. Pour aller en guerre, ils ajoutaient à
leur costume un bOllclièr'ède-'bois et quelque-
fois une cnfrasse de fer. Beaux et glorieux,ils
aimaient la fanfaronnade devant le danger,
et le défi devant l'ennemi. Se battre à tout
propos, pour repousser l'étranger. pour pren-
dre un camp, pour piller une ville, pour mon-
trer leur bravoure, pour 1e plaisir, telle était
leur passion..
Quand ils n'avaient rien b faire, ils cher-
chaient querelle à leurs voisins; quand ils
avaient dîné, ils échangeaient des coups au
-• -'Oersqu'il tonnait. Ils mettaient l'épée à la
^ Aiain contre l'océan, lorsqu'il éclatait une
tempête. Dans un combat, it Bourges, un Gau-
lois — placé en face d'une des portes pour
a intenter l'incendie d'une tour romaine — y
jetait des boules de suif et de bois qu'on lui
lui .faisait passer de main en main. Frappé
d'une flèche, il tomba. Son voisin prit sa place
et fut frappé de même. Un troisième se pré-
senta. Puis, un quatrième. Puis, un cin-
quième. On se disputait la place. Et la porte
fut occupée pendant toute la durée du com-
bat.
De tels hommes devaient aimer les aven-
tures. Aussi retrouve-t-on leurs traces sur '
tous les points du monde antique. Une de
leurs tribus allait en Espagne, une autre sur
le Danube, une autre en Grèce, une autre en
Asie. Rome était déjà puissante, quand les
Gaulois en forcèrent l'entrée par surprise.
Rien ne pouvait arrêter leur force d'expansion
et de premier mouvement.
A l'intérieur, la propriété s'alliait au com-
munisme. Il y avait de grandes terres appar-
tenant à l'aristocratie, et des biens commu-
naux appartenant à tous. Le partage des suc-
cessions faisait une part égale à chaque en-
fant. Dans le mariage, le divorce était admis.
Mais le mari seul avait le droit de le provo-
qltef';--SRHf de rares cas d'exception. Il-devait
une pension à la femme répudiée. Du reste,
le sort de la femme n'était pas heureux. Car
les hommes rapportaient de la guerre des
habitudes jalouses et brutales dont elles
étaient victimes. Elles étaient belles et co-
quettes, un peu légères peut-être. Les lois
faites contre les filles séduites et les femmes
infidèles sont là pour le prouver. La vierge
était sainte. Elle symbolisait la patrie. En elle
résidait l'âme de la nation. On lui attribuait
le don de divination...
La première croyance des Gaulois, comme
celle de tous les sauvages, fut le poly-
théisme.
On adorait le soleil, la lune, le tonnerre et
les différents vents, dont le plus vénéré,
nommé le Kn'k, était la bise. 1
A cette adoration des forces de la nature
succéda celle des dieux personnels, dont le
principal, Hésus, ressemble fort au Jupiter de
la mythologie grecque.
Vint enfin le druidisme, doctrine empreinte
de mystère et de terreur, mais spiritualiste
par excellence, reconnaissant l'unité de Dieu
et l'immortalité de l'âme...
Y
Tels étaient les Gaulois, lorsque les Ro-
mains, après avoir soumis et s'être assimilé
la plupart des nations, entreprirent la con-
quête des Gaules. Rome savait qu'elle allait
avoir affaire au plus redoutable de ses enne-
mis. Bile envoya contre lui ses légions lesplus
renommées, commandées par son meilleur
généra — Jules César.
Ce dernier avait besoin, de la gloire d'une
conquête et de l'or d'un pays vaincu. Il mit
tout ep œuvre pour réussir. Marches, fatigues,
campements, travaux énormes, combats sans
merci telle fut la part de l'homme de guerre.
Le po tique exploitait les divisions des diffé-
rente nations, caressant les chefs, se servant
de eh cùn tour à tour, marquant chacun de
ses de ce côté des Alpes par une victoire
ou llI1f trahison...
Et cependant la conquête prit dix ans.
Lorsque, après cinq campagnes, il crut
l'avoit terminée, et partit pour Rome, —une
nouvèlle ligue, immense, universelle, se for-
ma c6ntre lui.
L'âtne de cette ligue fut le Vercingétorix
des plateaux de Gergovie.
C'était un Auvergnat, un tout jeune hom-
me à la chevelure bouclée. Son père, Celtill,
s'était rallié à César, et ce dernier l'appelait
son ami. Mais Vercingétorix, honteux de cette
faveur, se réfugia dans la montagne, — où
ses compatriotes, épris de sa grâce et de sa
bravoure, allèrent le chercher pour le mettre
à leur tête. On proclama, pour la sixième fois,
l'indépendance gauloise. Celte indépendance
ne serait plus un vain mot. Pour la con-
quérir, on sacrifierait sa fortune et sa vie.
Guerre sainte, à outrance. Les soldats de
César ne pourraient s'abriter dans les villages
incendiés ; les récoltes détruites ne leur offri-
raient plus de ressources. Chacun, dans sa
forêt ou dans sa montagne, résisterait jusqu'à
la mort.
En un an, César lint à bout de cette ré-
sistance, la plus acharnée qu'il eût rencontrée.
Tour à tour vaibiqueur et vaincu, jamais las,
il fit le siége de chaque ville, et — plus grand
diplomate encore que grand soldat — il réus-
sit à former dans'les Gaules un parti romain,
-décidé à ne plus voir dans la conquête qu'une
assimilation et un bienfait.
Les partisans de Vercingétorix, moins unis,
le servirent moins bien dans son œuvre. On
lui reprocha son ambition ; on l'accusa de
trahir. Il se justifia avec éloquence et com-
battit avec fureur.
Gergovie fut l'une de ses victoires.
J'en emprunte le récit au Moniteur du
Pu y-de- Dôme.
« César avait établi un grand camp au
loin, dans la plaine, près de l'Allier, et un
petit camp au pred de la hauteur; il fait crelJ-
ser un fossé de douze pied.-? pour les relier
l'un à l'autre. Dès qu'il a réuni toutes ses
troupes, il tente par une manœuvre adroite
de tromper les ennemis et de suprendre la
ville.
» Il ordonne à quelques escadrons de se ré-
pandre à grand bruit du côté du nord-ouest
par où l'abord de la ville était possible-. Il en-
voie après eux des valets de l'armée coiffés de
casques, montés sur des mulets, et leur en-
joint de parcourir les collines, de faire des
marches, des contre-marches, de se multi-
plier sur des points différents, de manière à
persuader aux assiégés que l'assaut va se
donner de ce côté. A cette vue, en effet, les
Gaulois quittent les tentes disposées sous Jes
murs, les murs eux-mêmes situés en face du
petit camp, pour courir vers le . point'me-
nacé. Alors les Romains scient dé leurs re-
tranche mjmts^franch iss^htlestentes, les
nftHtriïTës demeurées ^es," surprennent le
roi des Vitobriges, Teutomatus, qui faisait la
méridienne, parviennent au sommet du pla-
teau et bientôt vont s'emparer de la ville.
» Mais Vercingétorix s'est aperçu du piège,
il accourt avec de nombreuses troupes, cul-
bute les Romains, qui, n'éprouvant jusque-là
aucune résistance, s'étaient débandés pour
piller, et les poursuit Jusque dans laplaine...a
A la fin cependant, le génie enthousiaste
du jeune partisan gaulois dut céder au génie
profond et expérimenté de César. Le généra!
romain feignit de vouloir se retirer dans la
Germanie, et l'autre, redevenu confiant devant
cette fausse retraite, abandonna ses positions,
et quittant la défensive, se jeta sur les traces
LA
FEMME IMMORTELLE
mess="" 24 PAR
PONSON DU TERRAIL
PROLOGUE
LA MAISON ENCHANTÉE
XXV
Il y eut urv moment de silence entre Conrad
1 intendant tt le marquis de' la Roche-Lam-
Ilert.
Le marquis avait peur.
— Peur de quoi ?
il n'eût certes pas pu le dire. Mais il éprou-
vait cette épouvante vague qui s'empare de
l'homme le plus brave à de certaines heures.
Voir les numéros parus depuis le Zt juin.
Enfin Conrad reprit la parole, et, cette fois
avec un accent d'au'orité, une intonation mêlée
de mépris et de raillerie.
On eût. dit une de ces scènes étranges où la
valet domine tout à coup le maître.
— Mon cher marquis, dit-il, employant, lui,
l'homme vêtu d'une livrée cette appellation fa-
milière avec un gentilhomme, mon cher mar-
quis, que venez-vous donc faire à Paris?
Vous êtes vieux, vous êtes riche, vous pouvez
vivre heureux dans votre province. Quelle mou-
che vous pique donc et vous amène ici? Vous
avez soupé avec monseigneur le Régent, cette
nuit ? A quoi bon ! Vous avez voulu savoir l'his-
toire du margrave et je vous rai racontée...
Eh bien ! après?
Voulez-vous un bon conseil ? et je n'en donne
jamsfis d'autres, croyez-le bien. Dites, le vou-
lez-vous?
— Eh bien ? fit le marquis, blessé au dernier
point de ce ton de familiarité étrange.
— Mon cher marquis, poursuivit Conrad, dor-
mez bien, demain matin, levez-vous à votre
heure ordinaire,sotdez votre écot ici, demandez
une bonne berline de voyage, des chevaux de
poste et allez vous-en !
Le marquis fut pris d'une rage folle
— Je ne m'en irai pas! s'écria-t-il.
— Vous avez tort t
1
— Tort?
— Oui.
Et Conrad se mit à rire.
— Misérable ! hurla le marquis en se ruant
sur son éppe, tu me dira$ toujours, avant que
je ne parte, ce que tu es allé faire dans la rue
de l'Hirondelle.
— Je ne vous dirai rien du tout, mon cher
marquis.
— Ah ! par exemple !
— Cela ne vous regarde pas.
Ils étaient sans une lumière, mais une vague
clarté qui venait du dehors et entrait par la fe-
nêtre permettait à M. de la Roche-Lambert de
voir Conrad.
Il se précipita donc sur lui, l'épée haute.
— Parle, ou je te cloue contre un mur, dit-il.
Conrad ricana.
Alors le marquis allongea le bras et son épée
alla heurter le mur et se brisa en deux mor-
ceaux.
L'intendant s'était jeté lestement de côté, et
l'épée du marquis avait, au lieu de son corps,
rencontré la muraille.
Conrad, en même temps, se précipita vers la
porte, l'ouvrit et disparut.
M. de la Roche-Lambert se trouva seul.
Un moment, aveuglé par la flÍrtur. il songea
à poursuivre l'intendant, à le rejoindre et à lui
plonger son tronçon d'épée dans la poitrine.
Mais le corridor et l'escalier étaient plongés
dans l'obscurité la plus complète, et il n'est pas
de colère qui tienne longtemps contre les té-
nèbres.
Conrad disparu, le marquis reatra chez lui.
Il se jeta sur son lit et murmura :
— Ce qu'il est allé faire rue de l'Hirondelle,
je le sais bien! la femme immortelle est tou-
jours là, elle est ressuscitée de ses cendres
comme le phénix, et le vieux margrave veut
l'épouser.
Mais je l'aime, moi aussi, et je l'épouserai!
Comme on le voit, le marquis était encore,
un tout jeune homme en dépit de ses cheveux1
blancs. *
Il passa le reste de la nuit en proie à une agi-*
tation indescriptible; mais avec les prersiersfe;
rayons de l'aube ses nerfs se calmèrent e4.une f
sorte de prostration morale et physique; s'cm.. [
para de lui.
Alors H se jeta tout vêtu sur son lit et un-'
lourd sommeil succéda à cette tempête de fu-
reur et d'amour.
! Combien dura ce sommeil? /
| Longtemps sans doute, car let derniers rayons
du soleil couchant etÏÏQurjÙQnt^ies. îpits enviiott^
JOURNAL QUOTIDIEN
5 cent. le numéro
5 cent. le numéro
ABONNEMENTS. — Trois mois. Six mois. cil an.
Paris 5 fr. 9 fiv 1 s fr.
Départements.. Et il et
Administrateur : E. DELSAUX.
3°* année. — MARDI 14. JUILLET 1868. —IV 817
Directe ui '-Propriétaire : J A N NI N.
Rédacteur en chef: A. DE BALATHIER BRAGELONNE.1
BUREAUX D'ABONNEMENT : 9, rue Drouot. 1
ADMINISTRATION : 13, place Breda.
PARIS, 13 JUILLET 1868
LES LYCÉENS DE CLERMONT A GERGOVIE
VERCINGÉTORIX
Le Moniteur du Pity-de-Dôrh^^acpïLtmiyïy
y a deux jours, une excursion
ciens de Clermont. Le professeur d'histoire
du lycée, suivant l'exemple de Lamartine et
de M. Thiers, voulait étudier avec ses élèves
la bataille sur le champ de bataille, donner
au récit des Commentaires le cadre des lieux,
voir afin de mieux savoir.
Sur le plateau élevé, défendu par des pen-
tes abruptes et des ravins profonds, plane
une figure légendaire, celle d'un jeune
homme, d'un citoyen dévoué, d'un soldat en-
thousiaste, qui, pareil à nos volontaires de
U2, se leva, il y a dix-neuf cents ans, pour dé-
fendre sa patrie, mais qui, moins heureux
qu'eux, ne réussit pas à la sauver.
. Cette figure est celle do Vercingétorix.
La France, autrefois, s'appelait les Gaules.
Les peuples qui l'habitaient formaient une
série de tribus, subdivisées elles-mêmes en
nations, qui tiraient leur nom de la forme
du pays qu'elles habitaient, mer, fleuve,
plaine, vallée, forêt, montagne. Qu'un péril
commun se présenLât,,:,ces naticms se réunis-
saient en grandes ligues pour le repousser.
Eu temps ordinai)'e, -elles n'avaient d'autre
lien commun que la langue.
Les Gaulois, chasseurs et pasteurs, étaient
une race active par excellence. Hauts de six
pieds, vêtus d'une saye, espèce de blouse
rayée de couleurs éctatantes, ils adoraient
dans le costume tout ce qui brille et- tout ce
qui reluit : les grands châles à carreaux, les
manteaux ronges avec des agrafes de métal,
les chaînes d'or.... Quelques-uns se teignaient
la peau d'une substance bleuâtre. D'autres se
tatouaient. Tous peignaient avec soin leurs
ioll(,s cheveux blonds et leurs moustaches
fauves. Pour aller en guerre, ils ajoutaient à
leur costume un bOllclièr'ède-'bois et quelque-
fois une cnfrasse de fer. Beaux et glorieux,ils
aimaient la fanfaronnade devant le danger,
et le défi devant l'ennemi. Se battre à tout
propos, pour repousser l'étranger. pour pren-
dre un camp, pour piller une ville, pour mon-
trer leur bravoure, pour 1e plaisir, telle était
leur passion..
Quand ils n'avaient rien b faire, ils cher-
chaient querelle à leurs voisins; quand ils
avaient dîné, ils échangeaient des coups au
-• -'Oersqu'il tonnait. Ils mettaient l'épée à la
^ Aiain contre l'océan, lorsqu'il éclatait une
tempête. Dans un combat, it Bourges, un Gau-
lois — placé en face d'une des portes pour
a intenter l'incendie d'une tour romaine — y
jetait des boules de suif et de bois qu'on lui
lui .faisait passer de main en main. Frappé
d'une flèche, il tomba. Son voisin prit sa place
et fut frappé de même. Un troisième se pré-
senta. Puis, un quatrième. Puis, un cin-
quième. On se disputait la place. Et la porte
fut occupée pendant toute la durée du com-
bat.
De tels hommes devaient aimer les aven-
tures. Aussi retrouve-t-on leurs traces sur '
tous les points du monde antique. Une de
leurs tribus allait en Espagne, une autre sur
le Danube, une autre en Grèce, une autre en
Asie. Rome était déjà puissante, quand les
Gaulois en forcèrent l'entrée par surprise.
Rien ne pouvait arrêter leur force d'expansion
et de premier mouvement.
A l'intérieur, la propriété s'alliait au com-
munisme. Il y avait de grandes terres appar-
tenant à l'aristocratie, et des biens commu-
naux appartenant à tous. Le partage des suc-
cessions faisait une part égale à chaque en-
fant. Dans le mariage, le divorce était admis.
Mais le mari seul avait le droit de le provo-
qltef';--SRHf de rares cas d'exception. Il-devait
une pension à la femme répudiée. Du reste,
le sort de la femme n'était pas heureux. Car
les hommes rapportaient de la guerre des
habitudes jalouses et brutales dont elles
étaient victimes. Elles étaient belles et co-
quettes, un peu légères peut-être. Les lois
faites contre les filles séduites et les femmes
infidèles sont là pour le prouver. La vierge
était sainte. Elle symbolisait la patrie. En elle
résidait l'âme de la nation. On lui attribuait
le don de divination...
La première croyance des Gaulois, comme
celle de tous les sauvages, fut le poly-
théisme.
On adorait le soleil, la lune, le tonnerre et
les différents vents, dont le plus vénéré,
nommé le Kn'k, était la bise. 1
A cette adoration des forces de la nature
succéda celle des dieux personnels, dont le
principal, Hésus, ressemble fort au Jupiter de
la mythologie grecque.
Vint enfin le druidisme, doctrine empreinte
de mystère et de terreur, mais spiritualiste
par excellence, reconnaissant l'unité de Dieu
et l'immortalité de l'âme...
Y
Tels étaient les Gaulois, lorsque les Ro-
mains, après avoir soumis et s'être assimilé
la plupart des nations, entreprirent la con-
quête des Gaules. Rome savait qu'elle allait
avoir affaire au plus redoutable de ses enne-
mis. Bile envoya contre lui ses légions lesplus
renommées, commandées par son meilleur
généra — Jules César.
Ce dernier avait besoin, de la gloire d'une
conquête et de l'or d'un pays vaincu. Il mit
tout ep œuvre pour réussir. Marches, fatigues,
campements, travaux énormes, combats sans
merci telle fut la part de l'homme de guerre.
Le po tique exploitait les divisions des diffé-
rente nations, caressant les chefs, se servant
de eh cùn tour à tour, marquant chacun de
ses de ce côté des Alpes par une victoire
ou llI1f trahison...
Et cependant la conquête prit dix ans.
Lorsque, après cinq campagnes, il crut
l'avoit terminée, et partit pour Rome, —une
nouvèlle ligue, immense, universelle, se for-
ma c6ntre lui.
L'âtne de cette ligue fut le Vercingétorix
des plateaux de Gergovie.
C'était un Auvergnat, un tout jeune hom-
me à la chevelure bouclée. Son père, Celtill,
s'était rallié à César, et ce dernier l'appelait
son ami. Mais Vercingétorix, honteux de cette
faveur, se réfugia dans la montagne, — où
ses compatriotes, épris de sa grâce et de sa
bravoure, allèrent le chercher pour le mettre
à leur tête. On proclama, pour la sixième fois,
l'indépendance gauloise. Celte indépendance
ne serait plus un vain mot. Pour la con-
quérir, on sacrifierait sa fortune et sa vie.
Guerre sainte, à outrance. Les soldats de
César ne pourraient s'abriter dans les villages
incendiés ; les récoltes détruites ne leur offri-
raient plus de ressources. Chacun, dans sa
forêt ou dans sa montagne, résisterait jusqu'à
la mort.
En un an, César lint à bout de cette ré-
sistance, la plus acharnée qu'il eût rencontrée.
Tour à tour vaibiqueur et vaincu, jamais las,
il fit le siége de chaque ville, et — plus grand
diplomate encore que grand soldat — il réus-
sit à former dans'les Gaules un parti romain,
-décidé à ne plus voir dans la conquête qu'une
assimilation et un bienfait.
Les partisans de Vercingétorix, moins unis,
le servirent moins bien dans son œuvre. On
lui reprocha son ambition ; on l'accusa de
trahir. Il se justifia avec éloquence et com-
battit avec fureur.
Gergovie fut l'une de ses victoires.
J'en emprunte le récit au Moniteur du
Pu y-de- Dôme.
« César avait établi un grand camp au
loin, dans la plaine, près de l'Allier, et un
petit camp au pred de la hauteur; il fait crelJ-
ser un fossé de douze pied.-? pour les relier
l'un à l'autre. Dès qu'il a réuni toutes ses
troupes, il tente par une manœuvre adroite
de tromper les ennemis et de suprendre la
ville.
» Il ordonne à quelques escadrons de se ré-
pandre à grand bruit du côté du nord-ouest
par où l'abord de la ville était possible-. Il en-
voie après eux des valets de l'armée coiffés de
casques, montés sur des mulets, et leur en-
joint de parcourir les collines, de faire des
marches, des contre-marches, de se multi-
plier sur des points différents, de manière à
persuader aux assiégés que l'assaut va se
donner de ce côté. A cette vue, en effet, les
Gaulois quittent les tentes disposées sous Jes
murs, les murs eux-mêmes situés en face du
petit camp, pour courir vers le . point'me-
nacé. Alors les Romains scient dé leurs re-
tranche mjmts^franch iss^htlestentes, les
nftHtriïTës demeurées ^es," surprennent le
roi des Vitobriges, Teutomatus, qui faisait la
méridienne, parviennent au sommet du pla-
teau et bientôt vont s'emparer de la ville.
» Mais Vercingétorix s'est aperçu du piège,
il accourt avec de nombreuses troupes, cul-
bute les Romains, qui, n'éprouvant jusque-là
aucune résistance, s'étaient débandés pour
piller, et les poursuit Jusque dans laplaine...a
A la fin cependant, le génie enthousiaste
du jeune partisan gaulois dut céder au génie
profond et expérimenté de César. Le généra!
romain feignit de vouloir se retirer dans la
Germanie, et l'autre, redevenu confiant devant
cette fausse retraite, abandonna ses positions,
et quittant la défensive, se jeta sur les traces
LA
FEMME IMMORTELLE
mess="" 24 PAR
PONSON DU TERRAIL
PROLOGUE
LA MAISON ENCHANTÉE
XXV
Il y eut urv moment de silence entre Conrad
1 intendant tt le marquis de' la Roche-Lam-
Ilert.
Le marquis avait peur.
— Peur de quoi ?
il n'eût certes pas pu le dire. Mais il éprou-
vait cette épouvante vague qui s'empare de
l'homme le plus brave à de certaines heures.
Voir les numéros parus depuis le Zt juin.
Enfin Conrad reprit la parole, et, cette fois
avec un accent d'au'orité, une intonation mêlée
de mépris et de raillerie.
On eût. dit une de ces scènes étranges où la
valet domine tout à coup le maître.
— Mon cher marquis, dit-il, employant, lui,
l'homme vêtu d'une livrée cette appellation fa-
milière avec un gentilhomme, mon cher mar-
quis, que venez-vous donc faire à Paris?
Vous êtes vieux, vous êtes riche, vous pouvez
vivre heureux dans votre province. Quelle mou-
che vous pique donc et vous amène ici? Vous
avez soupé avec monseigneur le Régent, cette
nuit ? A quoi bon ! Vous avez voulu savoir l'his-
toire du margrave et je vous rai racontée...
Eh bien ! après?
Voulez-vous un bon conseil ? et je n'en donne
jamsfis d'autres, croyez-le bien. Dites, le vou-
lez-vous?
— Eh bien ? fit le marquis, blessé au dernier
point de ce ton de familiarité étrange.
— Mon cher marquis, poursuivit Conrad, dor-
mez bien, demain matin, levez-vous à votre
heure ordinaire,sotdez votre écot ici, demandez
une bonne berline de voyage, des chevaux de
poste et allez vous-en !
Le marquis fut pris d'une rage folle
— Je ne m'en irai pas! s'écria-t-il.
— Vous avez tort t
1
— Tort?
— Oui.
Et Conrad se mit à rire.
— Misérable ! hurla le marquis en se ruant
sur son éppe, tu me dira$ toujours, avant que
je ne parte, ce que tu es allé faire dans la rue
de l'Hirondelle.
— Je ne vous dirai rien du tout, mon cher
marquis.
— Ah ! par exemple !
— Cela ne vous regarde pas.
Ils étaient sans une lumière, mais une vague
clarté qui venait du dehors et entrait par la fe-
nêtre permettait à M. de la Roche-Lambert de
voir Conrad.
Il se précipita donc sur lui, l'épée haute.
— Parle, ou je te cloue contre un mur, dit-il.
Conrad ricana.
Alors le marquis allongea le bras et son épée
alla heurter le mur et se brisa en deux mor-
ceaux.
L'intendant s'était jeté lestement de côté, et
l'épée du marquis avait, au lieu de son corps,
rencontré la muraille.
Conrad, en même temps, se précipita vers la
porte, l'ouvrit et disparut.
M. de la Roche-Lambert se trouva seul.
Un moment, aveuglé par la flÍrtur. il songea
à poursuivre l'intendant, à le rejoindre et à lui
plonger son tronçon d'épée dans la poitrine.
Mais le corridor et l'escalier étaient plongés
dans l'obscurité la plus complète, et il n'est pas
de colère qui tienne longtemps contre les té-
nèbres.
Conrad disparu, le marquis reatra chez lui.
Il se jeta sur son lit et murmura :
— Ce qu'il est allé faire rue de l'Hirondelle,
je le sais bien! la femme immortelle est tou-
jours là, elle est ressuscitée de ses cendres
comme le phénix, et le vieux margrave veut
l'épouser.
Mais je l'aime, moi aussi, et je l'épouserai!
Comme on le voit, le marquis était encore,
un tout jeune homme en dépit de ses cheveux1
blancs. *
Il passa le reste de la nuit en proie à une agi-*
tation indescriptible; mais avec les prersiersfe;
rayons de l'aube ses nerfs se calmèrent e4.une f
sorte de prostration morale et physique; s'cm.. [
para de lui.
Alors H se jeta tout vêtu sur son lit et un-'
lourd sommeil succéda à cette tempête de fu-
reur et d'amour.
! Combien dura ce sommeil? /
| Longtemps sans doute, car let derniers rayons
du soleil couchant etÏÏQurjÙQnt^ies. îpits enviiott^
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 88.89%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 88.89%.
- Collections numériques similaires Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "BnPlCo00"
- Auteurs similaires Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "BnPlCo00"
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k4717819s/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k4717819s/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k4717819s/f1.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k4717819s/f1.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k4717819s
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k4717819s
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k4717819s/f1.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest