Titre : La Petite presse : journal quotidien... / [rédacteur en chef : Balathier Bragelonne]
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1868-05-08
Contributeur : Balathier Bragelonne, Adolphe de (1811-1888). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32837965d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 08 mai 1868 08 mai 1868
Description : 1868/05/08 (A3,N750). 1868/05/08 (A3,N750).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k47177522
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-190
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 23/10/2017
LA PETITE PRESSE
H cent, le numéro
JOURNAL QUOTIDIEN
5 cent. !e numéro
ABONNEMENTS. — Trois mois. Six mois. Un an.
Paris 5 fr. 9 fr. 1 s fr.
Départements.. fi II 99 ,
Administrateur : E. - DELSAUX.
èQ .
S** année. — VENDREDI 8 MAI 1868. — No 750
1.
. Directeur-Propriétaire : J A N NI N.
Rédacteur en chef: A. DE BALATHIER BRAGELONKI.
BUREAUX D'ABONNEMENT : 9, rue Dronot.
--- ADMINISTRATION : 13. place Breda.
PARIS, 7 MAI 1868.
PARIS PORT DE MER
Je ne suis pas de ceux qui
wagon sur des rails constitue !e progrès.
Le progrès ne doit pas être seulement ma-
tériel ; il faut surtout qu'il soit moral.
Supprimer la distance est bien, mais per-
mettre à tout le monde de jouir d'un beau
coucher de soleil est mieux.
La vapeur, l'électricité, l'unité métrique,
le libre échange sont des moyens.
Le but, c'est le rapprochement des hom-
mes, c'est la paix, qui permet aux pauvres
de vivre, de s'instruire, de s'élever peu à peu
au niveau des riches...
But lointain peut-être, mais que tous ceux
qui tiennent une plume ont pour devoir de
poursuivre dans la mesure de leurs forces...
Aussi chaque fois qu'une idae grande, har-
die, féconde, se présente, je n'hésite pas, et,
sans me demander si elle est praticable dans
les termes mêmes où elle a été conçue, je
m'empresse de la vulgariser.
La publicité, à défaut d'autre mérite, a
celui d'appeler la discussion. Or, une idée dis-
cutée finit presque toujours par entrer dans
le domaine du fait.
Que l'on songe au percement de l'isthme
de Suez, au tunnel du mont Cenis, au pont
tubulaire sur le Saint-Laurent au Canada, à
tons les travaux gigantesques qui sont la dé-
monstration glorieuse de la volonté et de l'ac-
livité humaines, on ne doutera plus de rien...
Les navires aériens ne seront plus qu'un
rnjet aux méditations des savants; le pont
sur la Manche, de mon ami Boutet, ne sera
qu'une question de temps et d'argent; Paris
port de mer fera sourire...
C'est de Paris port de mer que je veux vous
parler aujourd'hui. 1
La poésie de cette conception apparaît
d'elle-même. Inutile de la mettre en relief.
Voir la plaine de Grenelle transformée en
un immense bassin, et les grands navires ap-
porter directement les produits de l'univers
[ dans la vieille ville que venaient jadis piller
, les barques des Normands, —■ rien que cela
suffit à l'imagination.
"'I il y a un vaisseau dans les armes de Paris.
Ce vaisseau, fanfaronnade d'un passé où
l' n traversait la mer en canot, sera la réalité
Afe l'avenir.
Il y a quatre-vingts ans, Mercier, dans son
Tableau de Paris, s'émerveillait d'un projet
consistant à creuser le lit de la Seine de façon
à en faire la rivale de la Tamise.
Aujourd'hui, l'on ne s'émerveille plus; on
s'interroge encore, et voilà tout.
Donc l'idée a fait du chemin.
L'Académie de Rouen proposait pour sujet
de concours, en 1759, cette double ques-
tion :
« La Seine n'a-t-elle pas été autrefois na-
vigable pour des bâtiments plus considéra-
bles que ceux qu'elle porte, et ne pourrait-
on pas lui rendre ou lui procurer cet avan-
tage ?.. »
Les historiens ne surent pas répondre.
Les ingénieurs répondront.
Dès à présent, trois projets sont en pré-
sence.
Le premier consisterait en une canalisation
gigantesque de la Seine, qui ferait de Paris un
port comme le Havre et Bordeaux.
Le second, plus restreint, ne permettrait
qu'aux bâtiments d'un tonnage moyen de
remonter le fleuve.
Le troisième, qui est le plus intéressant
parce qu'il est le plus imprévu et le plus com-
plet, ne tend à rien moins qu'à la création
d'un canal indépendant qui partirait de
Dieppe pour arriver à Paris, et réunirait ainsi
par une ligne droite la Manche à la Seine.
*
Voici quels arguments font valoir les dé-
fenseurs de ce dernier projet :
I — La Seine serpente de telle façon qu'il y
a vingt-cinq lieues de Paris à Saint-Germain,
et quatre-vingts de Paris à Rouen. Résultats :
une perte de temps énorme et une consom-
mation de charbon considérable pour les va-
peurs. Partant de Dieppe, àu contraire, le
canal n'aurait que cinquante lieues. De là
économie dans la traversée. i
— Mais cette économie équivaudrait-elle !
jamais aux dépenses fabuleuses de la création !
du canal, dépenses que la canalisation du
fleuve n'atteindrait jamais ?
— Pardon, il n'y aurait pas une grande
différence. Et puis, qu'est-ce que cela fait?
Est-ce que l'expérience n'a pas démontré que
les entreprises en apparence les plus ruineu-
ses pouvaient financièrement devenir de très-
bonnes affaires? Le palais de l'Industrie a vu
ses déboursés couverts par ses recettes, et le
câble transatlantique fait ses frais ?... !
Continuons.
La canalisation de la Seine serait toujours
restreinte dans ses effets. Considérez les va-
riations du.niveau de l'eau, les crues, les des-
sèchements! Rappelez-vous que, par l'accrois-
sement de tonnage des vaisseaux, le commerce
a déjà dù'réttoncer ou à peu près aux ports
de Ronen et de Nantes pour ceux du Havre
et de Saintr^azaire.... Pourquoi dès lors li-
miter au fleuy^ une canalisation qui ne don-
nerait à Paris qu'une navigation à peu près
aussi incommode que le sont ces logements où
l'on est forcé de faire passer le piano par la
fenêtre?...
À New-YÓrk, et dans bon nombre de ports
anglais et américains, on a si bien compris
l'avantage qu'il y avait à transborder les mar-
chandises pour les amener à quai, qu'on a
résolument entrepris des travaux gigantes-
ques qui permissent au navire d'accoster les
estacades. Cela serait-il possible avec la cana-
lisation restreinte de la Seine ? — Non, sans
doute. Alors acceptez un grand canal spécial
et direct. Ne vous occupez que des avantages
qu'il présente, et ne vous arrêtez pas aux
frais que nécessitera sa construction.
Tel est le débat, chers lecteurs.
Je ne saurais prendre parti entre les auteurs
des divers projets.
Ce que je sais, c'est que tous se proposent
le même résultat, et que ce résultat est
grand.
C'est affaire aux spécialistes de rechercher ,
le meilleur entie les moyens.
ta France est la nation centrale, et
est la capitale de la France.
C'est de Paris que rayonnent les idées et
que partent les hommes qui vont faire, —
parfois au prix de leur sang! — la besogne
du genre humain.
- Il faut donc, suivant l'expression de Viç.tog
Hugo, que cette ville soit aux autres villes ee
qu'est la ferme-modèle aux métairies.
Il faut qu'elle soit tout, la tête, le bras, le
musée et l'atelier du continent européen.
Tous les chemins de fer y aboutissent.
Pourquoi, quand viennent les wagons, ne
viendraient pas les vaisseaux?
Aux bateaux plats des pillards normands, a
qui nos rois des premières races payaient la
rançon de leur ville, il sera beau de voir
substitués les grands navires de tous les peu-
ples, apportant les richesses de leur sol et de
leur industrie, et remportant en échange un
chargement d'idées.'
TONY RÉVILLON.
Le prochain voyage de l'Empereur à Orléans
continue d'être l'objet de toutes les préoccupa-
tions.
Dès leur arrivée, assure-t-on, l'Empereur et
l'Impératrice se rendront à la cathédrale. Les
Anhales religieuses donnent quelques détails sur
la partie religieuse du programme. Nous em-
pruntons à l'article des Annales les renseigne-
ments qui suivent :
«Les équipa:esde la Cour étant parvenus
devant la cathédrale, le Souverain et son cortège '
mettront pied à terre. Puis 1 Empereur, et l'Impé-
ratricfe, et derrière eux les personnages de leur
suite, monteront les marches du temple. Arri-
vés sur le parvis, qui sera recouvert de tapis, et
où les membres du chapitre et un clergé nom-
breux seront déjà rangés autour de leur évoquer
Napoléon III et l'Impératrice s'agenouilleront
sur des prie-Dieu disposés à cet effet.
J) Alors, Mgr l'évèque d'Orléans, revêtu de
ses ornements pontificaux, assisté de ses vicaires
généraux en chapes, précédé de ses insignes,
après leur avoir offert de l'eau bénite, présen-
tera aux souverains la relique de la vraie croix,
qu'ils baiseront successivement. C'est là, sur la
seuil du lieu saint, que Mgr l'évêque, inter-
prète de son clergé et de tout son peuple,adres-
sera la parole aux illustres visiteurs de la basi-
lique et de la cité orléanaise.
» Immédiatement après l'allocution du pré-
lat et la réponse du Souverain, commenceront
les chants sacrés prescrits dans le pontifical
ROCAMBOLE
LES
MISÈRES DE LONDRES
PAR
PONSON DU TERRAIL
QUATRIÈME PARTIE
UN DRAME DANS LE SOUTWARK
XLII
Ne 185
1 Suivons maintenant le gentleman qui quittait
Saint-George à cheval et s'en allait à Hyde-
Park, et qui était si merveilleusement trans-
formé que l'abbé Samuel ne l'avait reconnu
qu'à. la voix.
L'homme gris s'en alla donc au grand trot,
Voir le numéro du 22 novembre
gagna le pont de Westminster, traversa tout le
quartier de Belgraye square et entra dans le
jardin royal.
Il était alors midi.
En hiver, les quelques personnes de qualité
qui restent à Londres et qui n'y sont retenues,
du rebte, que par les travaux du Parlement,
fréquentent Hyde - Park vers le milieu du
jour.
* Si un pâle rayon de soleil, vers midi, traverse
le brouillard et s'ébat sur les gazons, aussitôt
les équipages à deux et à quatre chevaux enva-
hissent les allées ; les cavaliers et les amazones
se croisent en tous sens, échangeant des saluts
et des poignées de main.
Ce jour-là, il y avait foule quand l'homme giis
arriva.
La jument qu'il montait était une bête admi-
rable, nous l'avons dit, et, bien que rien ne soit
moins rare, en Angleterre, qu'un beau cheval,
elle attira tous les regards.
Personne ne connaissait ce gentleman qui,
certainement, se montrait à Hyde-Park pour 1il
première fois. 1
Un groupe de jeunes gens, perchés sur les
banquettes d'une maïl-coach, engagèrent des
paris.
Etait-ce un Anglais, un Français, un Améjri-
k cain?
Nul ne le savait.
Les uns parièrent que c'était un nabab, les
autres qu'il pourrait bien appartenir à l'ambas-
sade du Brésil nouvellement installée.
Un tout jeune homme, le baronnet sir Edmund
W..., dit à son tour :
— Je sais qui c'est.
— Ah! vraiment? firent les autres.
— C'est un Russe, le comte R... qui est amou-
reux fou de miss Ellen Palmure.
— Que nous chantez-vous là, Edmund ?
— La vérité, messieurs. Vous savez que- miss
Ellen, qui est la plus belle personne des trois
Royaumes, a refusé la main des plus riches sei-
gneurs de Londres, le fils de lord C... entre
autres, qui a voulu se brûler la cervelle l'année
dernière.
— Et la main du baronnet sir Williams P...,
qui se l'est brûlée, ajouta un autre gentleman.
— C'est à la suite de cet événement que miss
Ellen est allée en Italie, il y a deux ans, reprit
sir Edmund, et c'est là que commence mon his-
toire...
— Contez-nous la donc, Edmund.
— Miss Ellen a passé un mois à Monaco où,
comme vous le savez, il y a autant de Russes
que d'Anglais.
1 — Bon !
— Elle y a tourné la tête du comte R... et i
a juré qu'il l'épouserait.
- Et vous croyez > que le comte R... est G,
gentleman qui vient de passer !
— Oui.
— Sur quoi basez-vous cette opinion ?
— fcîur un fait bien simple : Il y a trois mois
qu'on n'a vu miss Ellen à Hyde-Park, et elle y
est aujourd'hui.
— C'est vrai, elle vient d'entrer par la grille
de White-hall.
— Mais cela ne prouve rien.,.
— Pourquoi donc?
Un cavalier s'était joint aux gentlemen du
mail coach et galopait auprès de leur voiture.
C'était un jeune étourdi qu'on appelait le
marquis de L...
— Messieurs, dit-il, vous pouvez engager des
paris, je tiens pour Edmund, et je vais avoir la
preuve de ce qu'il avance.
— Comment l'aurez -vous, marquis?
— Oh! très-facilement.
—- Mais encore....
— Je vais l'aller demander à miss Ellen elle-
même; je suis fort de ses amis, comme vou»
savez.
— Mais vous ne l'éporfserez pas?
— Dieu m'en garde ! Le mari que prôndjHL
» miss Ellen sera un véritable esclave.
H cent, le numéro
JOURNAL QUOTIDIEN
5 cent. !e numéro
ABONNEMENTS. — Trois mois. Six mois. Un an.
Paris 5 fr. 9 fr. 1 s fr.
Départements.. fi II 99 ,
Administrateur : E. - DELSAUX.
èQ .
S** année. — VENDREDI 8 MAI 1868. — No 750
1.
. Directeur-Propriétaire : J A N NI N.
Rédacteur en chef: A. DE BALATHIER BRAGELONKI.
BUREAUX D'ABONNEMENT : 9, rue Dronot.
--- ADMINISTRATION : 13. place Breda.
PARIS, 7 MAI 1868.
PARIS PORT DE MER
Je ne suis pas de ceux qui
wagon sur des rails constitue !e progrès.
Le progrès ne doit pas être seulement ma-
tériel ; il faut surtout qu'il soit moral.
Supprimer la distance est bien, mais per-
mettre à tout le monde de jouir d'un beau
coucher de soleil est mieux.
La vapeur, l'électricité, l'unité métrique,
le libre échange sont des moyens.
Le but, c'est le rapprochement des hom-
mes, c'est la paix, qui permet aux pauvres
de vivre, de s'instruire, de s'élever peu à peu
au niveau des riches...
But lointain peut-être, mais que tous ceux
qui tiennent une plume ont pour devoir de
poursuivre dans la mesure de leurs forces...
Aussi chaque fois qu'une idae grande, har-
die, féconde, se présente, je n'hésite pas, et,
sans me demander si elle est praticable dans
les termes mêmes où elle a été conçue, je
m'empresse de la vulgariser.
La publicité, à défaut d'autre mérite, a
celui d'appeler la discussion. Or, une idée dis-
cutée finit presque toujours par entrer dans
le domaine du fait.
Que l'on songe au percement de l'isthme
de Suez, au tunnel du mont Cenis, au pont
tubulaire sur le Saint-Laurent au Canada, à
tons les travaux gigantesques qui sont la dé-
monstration glorieuse de la volonté et de l'ac-
livité humaines, on ne doutera plus de rien...
Les navires aériens ne seront plus qu'un
rnjet aux méditations des savants; le pont
sur la Manche, de mon ami Boutet, ne sera
qu'une question de temps et d'argent; Paris
port de mer fera sourire...
C'est de Paris port de mer que je veux vous
parler aujourd'hui. 1
La poésie de cette conception apparaît
d'elle-même. Inutile de la mettre en relief.
Voir la plaine de Grenelle transformée en
un immense bassin, et les grands navires ap-
porter directement les produits de l'univers
[ dans la vieille ville que venaient jadis piller
, les barques des Normands, —■ rien que cela
suffit à l'imagination.
"'I il y a un vaisseau dans les armes de Paris.
Ce vaisseau, fanfaronnade d'un passé où
l' n traversait la mer en canot, sera la réalité
Afe l'avenir.
Il y a quatre-vingts ans, Mercier, dans son
Tableau de Paris, s'émerveillait d'un projet
consistant à creuser le lit de la Seine de façon
à en faire la rivale de la Tamise.
Aujourd'hui, l'on ne s'émerveille plus; on
s'interroge encore, et voilà tout.
Donc l'idée a fait du chemin.
L'Académie de Rouen proposait pour sujet
de concours, en 1759, cette double ques-
tion :
« La Seine n'a-t-elle pas été autrefois na-
vigable pour des bâtiments plus considéra-
bles que ceux qu'elle porte, et ne pourrait-
on pas lui rendre ou lui procurer cet avan-
tage ?.. »
Les historiens ne surent pas répondre.
Les ingénieurs répondront.
Dès à présent, trois projets sont en pré-
sence.
Le premier consisterait en une canalisation
gigantesque de la Seine, qui ferait de Paris un
port comme le Havre et Bordeaux.
Le second, plus restreint, ne permettrait
qu'aux bâtiments d'un tonnage moyen de
remonter le fleuve.
Le troisième, qui est le plus intéressant
parce qu'il est le plus imprévu et le plus com-
plet, ne tend à rien moins qu'à la création
d'un canal indépendant qui partirait de
Dieppe pour arriver à Paris, et réunirait ainsi
par une ligne droite la Manche à la Seine.
*
Voici quels arguments font valoir les dé-
fenseurs de ce dernier projet :
I — La Seine serpente de telle façon qu'il y
a vingt-cinq lieues de Paris à Saint-Germain,
et quatre-vingts de Paris à Rouen. Résultats :
une perte de temps énorme et une consom-
mation de charbon considérable pour les va-
peurs. Partant de Dieppe, àu contraire, le
canal n'aurait que cinquante lieues. De là
économie dans la traversée. i
— Mais cette économie équivaudrait-elle !
jamais aux dépenses fabuleuses de la création !
du canal, dépenses que la canalisation du
fleuve n'atteindrait jamais ?
— Pardon, il n'y aurait pas une grande
différence. Et puis, qu'est-ce que cela fait?
Est-ce que l'expérience n'a pas démontré que
les entreprises en apparence les plus ruineu-
ses pouvaient financièrement devenir de très-
bonnes affaires? Le palais de l'Industrie a vu
ses déboursés couverts par ses recettes, et le
câble transatlantique fait ses frais ?... !
Continuons.
La canalisation de la Seine serait toujours
restreinte dans ses effets. Considérez les va-
riations du.niveau de l'eau, les crues, les des-
sèchements! Rappelez-vous que, par l'accrois-
sement de tonnage des vaisseaux, le commerce
a déjà dù'réttoncer ou à peu près aux ports
de Ronen et de Nantes pour ceux du Havre
et de Saintr^azaire.... Pourquoi dès lors li-
miter au fleuy^ une canalisation qui ne don-
nerait à Paris qu'une navigation à peu près
aussi incommode que le sont ces logements où
l'on est forcé de faire passer le piano par la
fenêtre?...
À New-YÓrk, et dans bon nombre de ports
anglais et américains, on a si bien compris
l'avantage qu'il y avait à transborder les mar-
chandises pour les amener à quai, qu'on a
résolument entrepris des travaux gigantes-
ques qui permissent au navire d'accoster les
estacades. Cela serait-il possible avec la cana-
lisation restreinte de la Seine ? — Non, sans
doute. Alors acceptez un grand canal spécial
et direct. Ne vous occupez que des avantages
qu'il présente, et ne vous arrêtez pas aux
frais que nécessitera sa construction.
Tel est le débat, chers lecteurs.
Je ne saurais prendre parti entre les auteurs
des divers projets.
Ce que je sais, c'est que tous se proposent
le même résultat, et que ce résultat est
grand.
C'est affaire aux spécialistes de rechercher ,
le meilleur entie les moyens.
ta France est la nation centrale, et
est la capitale de la France.
C'est de Paris que rayonnent les idées et
que partent les hommes qui vont faire, —
parfois au prix de leur sang! — la besogne
du genre humain.
- Il faut donc, suivant l'expression de Viç.tog
Hugo, que cette ville soit aux autres villes ee
qu'est la ferme-modèle aux métairies.
Il faut qu'elle soit tout, la tête, le bras, le
musée et l'atelier du continent européen.
Tous les chemins de fer y aboutissent.
Pourquoi, quand viennent les wagons, ne
viendraient pas les vaisseaux?
Aux bateaux plats des pillards normands, a
qui nos rois des premières races payaient la
rançon de leur ville, il sera beau de voir
substitués les grands navires de tous les peu-
ples, apportant les richesses de leur sol et de
leur industrie, et remportant en échange un
chargement d'idées.'
TONY RÉVILLON.
Le prochain voyage de l'Empereur à Orléans
continue d'être l'objet de toutes les préoccupa-
tions.
Dès leur arrivée, assure-t-on, l'Empereur et
l'Impératrice se rendront à la cathédrale. Les
Anhales religieuses donnent quelques détails sur
la partie religieuse du programme. Nous em-
pruntons à l'article des Annales les renseigne-
ments qui suivent :
«Les équipa:esde la Cour étant parvenus
devant la cathédrale, le Souverain et son cortège '
mettront pied à terre. Puis 1 Empereur, et l'Impé-
ratricfe, et derrière eux les personnages de leur
suite, monteront les marches du temple. Arri-
vés sur le parvis, qui sera recouvert de tapis, et
où les membres du chapitre et un clergé nom-
breux seront déjà rangés autour de leur évoquer
Napoléon III et l'Impératrice s'agenouilleront
sur des prie-Dieu disposés à cet effet.
J) Alors, Mgr l'évèque d'Orléans, revêtu de
ses ornements pontificaux, assisté de ses vicaires
généraux en chapes, précédé de ses insignes,
après leur avoir offert de l'eau bénite, présen-
tera aux souverains la relique de la vraie croix,
qu'ils baiseront successivement. C'est là, sur la
seuil du lieu saint, que Mgr l'évêque, inter-
prète de son clergé et de tout son peuple,adres-
sera la parole aux illustres visiteurs de la basi-
lique et de la cité orléanaise.
» Immédiatement après l'allocution du pré-
lat et la réponse du Souverain, commenceront
les chants sacrés prescrits dans le pontifical
ROCAMBOLE
LES
MISÈRES DE LONDRES
PAR
PONSON DU TERRAIL
QUATRIÈME PARTIE
UN DRAME DANS LE SOUTWARK
XLII
Ne 185
1 Suivons maintenant le gentleman qui quittait
Saint-George à cheval et s'en allait à Hyde-
Park, et qui était si merveilleusement trans-
formé que l'abbé Samuel ne l'avait reconnu
qu'à. la voix.
L'homme gris s'en alla donc au grand trot,
Voir le numéro du 22 novembre
gagna le pont de Westminster, traversa tout le
quartier de Belgraye square et entra dans le
jardin royal.
Il était alors midi.
En hiver, les quelques personnes de qualité
qui restent à Londres et qui n'y sont retenues,
du rebte, que par les travaux du Parlement,
fréquentent Hyde - Park vers le milieu du
jour.
* Si un pâle rayon de soleil, vers midi, traverse
le brouillard et s'ébat sur les gazons, aussitôt
les équipages à deux et à quatre chevaux enva-
hissent les allées ; les cavaliers et les amazones
se croisent en tous sens, échangeant des saluts
et des poignées de main.
Ce jour-là, il y avait foule quand l'homme giis
arriva.
La jument qu'il montait était une bête admi-
rable, nous l'avons dit, et, bien que rien ne soit
moins rare, en Angleterre, qu'un beau cheval,
elle attira tous les regards.
Personne ne connaissait ce gentleman qui,
certainement, se montrait à Hyde-Park pour 1il
première fois. 1
Un groupe de jeunes gens, perchés sur les
banquettes d'une maïl-coach, engagèrent des
paris.
Etait-ce un Anglais, un Français, un Améjri-
k cain?
Nul ne le savait.
Les uns parièrent que c'était un nabab, les
autres qu'il pourrait bien appartenir à l'ambas-
sade du Brésil nouvellement installée.
Un tout jeune homme, le baronnet sir Edmund
W..., dit à son tour :
— Je sais qui c'est.
— Ah! vraiment? firent les autres.
— C'est un Russe, le comte R... qui est amou-
reux fou de miss Ellen Palmure.
— Que nous chantez-vous là, Edmund ?
— La vérité, messieurs. Vous savez que- miss
Ellen, qui est la plus belle personne des trois
Royaumes, a refusé la main des plus riches sei-
gneurs de Londres, le fils de lord C... entre
autres, qui a voulu se brûler la cervelle l'année
dernière.
— Et la main du baronnet sir Williams P...,
qui se l'est brûlée, ajouta un autre gentleman.
— C'est à la suite de cet événement que miss
Ellen est allée en Italie, il y a deux ans, reprit
sir Edmund, et c'est là que commence mon his-
toire...
— Contez-nous la donc, Edmund.
— Miss Ellen a passé un mois à Monaco où,
comme vous le savez, il y a autant de Russes
que d'Anglais.
1 — Bon !
— Elle y a tourné la tête du comte R... et i
a juré qu'il l'épouserait.
- Et vous croyez > que le comte R... est G,
gentleman qui vient de passer !
— Oui.
— Sur quoi basez-vous cette opinion ?
— fcîur un fait bien simple : Il y a trois mois
qu'on n'a vu miss Ellen à Hyde-Park, et elle y
est aujourd'hui.
— C'est vrai, elle vient d'entrer par la grille
de White-hall.
— Mais cela ne prouve rien.,.
— Pourquoi donc?
Un cavalier s'était joint aux gentlemen du
mail coach et galopait auprès de leur voiture.
C'était un jeune étourdi qu'on appelait le
marquis de L...
— Messieurs, dit-il, vous pouvez engager des
paris, je tiens pour Edmund, et je vais avoir la
preuve de ce qu'il avance.
— Comment l'aurez -vous, marquis?
— Oh! très-facilement.
—- Mais encore....
— Je vais l'aller demander à miss Ellen elle-
même; je suis fort de ses amis, comme vou»
savez.
— Mais vous ne l'éporfserez pas?
— Dieu m'en garde ! Le mari que prôndjHL
» miss Ellen sera un véritable esclave.
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