Titre : La Petite presse : journal quotidien... / [rédacteur en chef : Balathier Bragelonne]
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1868-04-22
Contributeur : Balathier Bragelonne, Adolphe de (1811-1888). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32837965d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 22 avril 1868 22 avril 1868
Description : 1868/04/22 (A3,N734). 1868/04/22 (A3,N734).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k4717736z
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-190
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 22/10/2017
LA PETITE PRESSE
JOURNAL QUOTIDIEN
Il.'
& cent 1 le nantit
,~-4* ..
; . ' ' ' (; :V
S cenî. lc numéro .
•. 1 t -liii * 1 3
:: :i l . ; Î : - m ' tu -. , i
ABONNEMENTS. — Trois mois. SIx mois. Un an.
Paris & &. 9 jfr., fl8 fr.
Départements.. 8 11 *, eV
Administrateur : E. DELSAUX. '
^ 7 ? " 'î * r
1 ' . - 1 1
Sm,ë année.—.MERCREDI %% AVhtt1868;~N" 73i
- ' J ■ 1 ^ » ' il "! '
mrecteat'Pro'prie.taiteu-. oNiHV' iHii {: t iU:'cy r: r n
Rédacteur en *skef>:. A. DE FTFIT, •.
. Bu«.i$AjUx IY' X b b rt ne-mifife4lfcjdt.ir. )
l1 ' Administration : ',t3, ~,gje43 ïSretla^,; , .,.I- : r. -~~ . :'1
PARIS, 21 AVRIL 1868.
COURRIER
DE LA PETITE PRESSE
lettre suivante que je transcris, sans v chan-
ger un mot : ; ;
« Monsieur, ' • • •'
« Dans la nuit du 1er au 2 de ce mois, un
incendie détruisait en quelques minutes une
humble boutique de la rue d'Angoulême--du-
Temple.
« Dans cette boutique, une pauvre veuve et
son vieux père gagnaient à grand'p.eine le
pain de chaque jour. On les connaissait, et on
les aimait dans le quartier. A la vue du mal-
heur qui les frappait, on s'est réuni : des
ouvriers, des pauvres comme eux. En,trente-
six heures, une belle boutique neuve a rem-
placé la boutique détruite. On a pris nos. in-
cendiés par la main, on les a amenés là, et
on leur a dit : — Entrez. Ceci est à vous; ne
pleurez plus...
Et ils ont pleuré encore, mais c'était de re7
connaissance et de joie...
« Agréez, Monsieur, etc. X... »
Chacune de mes causeries me vaut un cer-
tain n'ombre de lettres..ïe brûle celles qui
contiennent des éloges, je mets à part celles
qui renferment des conseils^ je réponds à
celles qui m'apportent des réclamations.
Un de nos lecteurs s'est étrangement mé-
pris sur l'esprit de mon article le Panier à sa-
lade. Non, cher lecteur, je n'exalte pas les
misérables, en les plaignant. Au lieu de flé-
trir la curiosité des badauds, dites-vous, j'au-
rais mieux fait d'en blâmer l'objet. Je ne
pense pas comme vous sur ce point. Le mal-
heur est toujours le malheur, et., s'il a une
faute pour origine, il se double du remords.
La victime est deux fois à plaindre, et parce
qu'elle souffre, et parce qu'elle a la conscience
d'ètre le propre auteur de sa souHrance. L'hon-
nête homme, accablé par le sort, a pour lui
sa conscience, et, dans le sentiment d'avoir
bien agi il trouve des forces qui lui permet-
lent de regarder en avant et de se relever. Et
puis, on l'aide, on l'assiste; du moins on
Sympathise à sa misère,'et l'on ne rit pas. Je
'suis, comme vous, l'ami de tous ceux qui tra-
vaillent et qui luttent; mais jamais je ne re-
fuserai ma* pitié à ceux qui sont frappés,
ijmême justement, même parla loi, même par
Jl'opiniOn. , , '
Précisément je reçois une lettre de la pia-- ,
Ïan+t &pr la.m^rne s'ntet : etoetta lettre. abqft;,
^ant dans le sens de mon article, rr'e sonate
les souffrances des açcnsés pendant le trajet
de la prison au palais de justice. Chaque rue
~ i qu'ils traver sent est pour eux une voie dou- '
■loureuse. Ils ne sont qu'accusés pourtant. S'ils
étaient innocents, quel ne serait pas le repen-
tir des bourgeois qui se sont mis sur le pas
de leur porte, et des passants qui se sont ar- 11
rêH3s pour le,ur jeter à la face la raillerie et
l'insulte!... Croyez-moi, mon cher lecteur, en
matière de pitié, on n'est jamais dupe et l'on
ne saurait.)amais aller trop loin...
L'Association dans l'armée avait préoccupé
: nombre de bons esprits avant que M. de
Briois d'Angre lui eût donné une formule. Je
reçois à ce s.ujet les plus intéressantes com-
,munications. Exemple :
« Monsieur,
» Vous éuumérez les dépenses obligatoires
d'un sous-lieutenant d'infanterie, et vos'cHif-
fres sont pour la plupart très-exacts; cepen-
dant j'ai Constaté quelques omissions que je
vous signale, espérant que vous voudrez bien
compléter le chapitre :
Pension... « • • -, 65 ' *
Loirenient. V . - . **.
Ordonnance 5 »
Blanchissage. : 6 »
Abonnements Í au taiHeur • »
{ au maître cordonnier 5 »
~ ... „ ( Passementeries .. 6 »
Entretien.. 1 Linge 2 »
Théâtre 5 s
Café.... 20 D
Bougie.. • 1 20
Tabac 2 ))
Perruquier, bain, savon, etc.. < 2 50
Papier, enveloppes, timb.-poste . • 1 60
Bibliothèque, . 50
Total..... 158 80
Le trésorier paye au sous-lieutenant 158 83
Reste.. • .. 0 03
rr?'-"" , ,,. • -
» Lë.,boi question dans, mon addition, se prélève sur le
cbiffr#ay eafé, pendant toute la saison du
froid. 4i.. ' .
! » Cimma vous, le voyez, M. le ministre de
la guerre n'a pas besoin d'interdire aux jeunes
officiers l'usâj^de fW|sfrittie.... — Z. »
^TTn^secûndo lettre; d« "llf ! 'ffippolyte Ba-
jrault-RoulIon, ancien sous-intendant -miti-
taire, contient un projet d'assurances ét'de
tontine sur' lequel je reviendrai ce rtidhe'-
ment.
Une* troisième m'annonce la créatiorfd'une
caisse tie secours mutuel au profit des veuves
et de&orphelins des gardes nationaux mobi-
les. C%st prévoir les malheurs de bien loin.
Cependant cette caisse est une excellente idée,
dont il farut féliciter son auteur, M. J. Ruebe4.
Enfin, M. de Bigouse, directeur d'une corn.
pagnie d'assurances sur la vie, l'Européenne;
m'annonce que sa compagnie assure les mi-
litai reg et les marins, en temps de guerre
coinriie en temps de paix. Je n'ai jamais pré-
tendu ^e contraire : seulement, j'avais dit
qu'en cas de guerre les compagnies exigeaient
-une surprime, et M. de Bigouse ne ; me déc-
ment pas. J'accueille, malgré ce!a,, sa récla-
matiop ; car, même avec la surprime, l'assu-
rance {en temps de campagne est une excep-
tioe, ft l'officiér français ne peut en général
is'as«urer en France que comme personne ci-
vile, ce qui est déplorable au point de vue de
l'iintérêt de l'armée.
j Vos deux études sur l'ouvrier constatent
T^rrr^gemënTs-- Imitai g s o]p?rS depuis
'1789 au profit de l'industrie et des classes
travailleuses. Quoique j'applaudisse de tout
mon cœur et aux faits accomplis et à l'écrivain
qui les met en lumière, —je me permettrai,
monsieur, de contester votre conclusion, en
ce qu'elle met à la charge de l'initiative indi-
viduelle la lenteur de l'association à produire
tous les fruits désirables... »
M. J.-B. Gaudry fait suivre ce début de
l'annonce d'un projet qu'il a soumis à l'Em]
pereur et dont le but est de généraliser le bien-
être des citoyens en se servant, comme prin-
cipal point d'appui, de l'initiative de l'Etat.
Je ne puis, discuter un projet que je ne con-
nais pas ; mais je me permettrai de renvoyer
M. Gaudry aux conférences du Luxembourg,
et aux théories d'alors dont le temps a
r • , r i i . v. i
.» t ■} ■ jri.r-r; t'n
I faJ& jnBtice et qttèleun.aate^Bl. îLouis BIanc- *
| inj-même t, a abandonnées.. , ,j.' ; ;
i • • - ' .■ f ; r . ' r \
> MM."les" tanè^iers.-" m'ont' t'o||c|ie '
par leur ^mpresaernonU^JeHr^nresj^u^iiB^ !
rerriereîer aemetre occupe
progrès de leur industrie. L'un d'eux, M.
Emile, Basy, nÙjS]Jre gu'c les apprentis Jqnet-' ,
tiers ont un,sort; beaucoup plus heureux qve -
je ne l'avais diti Suivant M.':Basy, ces jeunes '
gens sont bien- no.urtis, cônforfablemeTrt cou- \
chés ?.-. gagnent, facilement et'largcjhênt leur :
vie aù ¡oilir de l'apprentissage. Il piraît-..que, .
j'avais été mal renseigné. Soit ; çeppndant, ;
avant de me rendre, je m'informerai de nou-
hreau: , : :
I • : * • ...... • .. i
' * éi , - .
' î'" ; 'i
] La question des chiens enragés est trop im-
portante pour que je veuille résumer en Cfl'lel:', .
ques lignes toutes les observations q\ll. m'ont .
jeté adressées a propos de la rage, de ses symp-
tômes et des moyens de la guérir. Pài reçu
des cahiers, gros comme -deS volumes, des '
brochures, des imprimés, que sais-je ?...
Un médecin assure que les hommes n'ont
rien à craindre de la morsure des cfiiens.
Béni soit ce médecin ! Je le répète, je compte
revenir sur tout cela. Mais Je 'signale dès à
présent un très-curieux- remède qu'indique
mon cher maître, A Ie-xirndt'è iJJcinHls, dans lé
dernier numéro de son journal lé îfartagmA. (
Il IlparaH. qu'au¡x Indes et dans laXhipA» on ,
neutralise les effets de la rage. an moyen d'un -
jiûiqad -«Wwn è . A Wa Ifvynnfii UllUl'9 itfit 'OIHUEU1 ^"'Vin'Ti eeom f « fw "liCnriti
propos, le docteur javanais dont je; vous ai
déjà parlé, M. Gérard Von Schmitt. M. *Von
Schmitt guérissait déjà les cancers; s'il guérît
encore la rage, le voilà assuré à-'une double ;
popularité.
..."
Mes anciens camarades du lycée de Lyon,
non contents de s'être réunis dans une asso-
ciation fraternelle, veulent encore fonder un
cercle qui ferai de , leurs rapports, des ,rap- ;
ports quotidiens.
Tout ce qui rapproche, tout ce- qui SoMda"
rise, tout ce qui permet d'échanger des poi-
gnées de mains et des idées,est excellent. J'es-
père apprendre, d'ici à quelques jours, la
création du nouveau cercle lyonnais.
ROCAMBOLE
LES
MISÈRES DE LONDRES
PAR
PONSON DU TERRAIL
QUATRIÈME PARTIE
UN DRAME DANS LE SOUTWARK
XXVI
No 170
Shoking n'était pourtant pas un traître; il fût
mort au milieu des plus affreux supplices, plutôt
que de vendre l'homme gris.
Comment donc pouvait-il consentir à parler?.
Au milieu de ses souffrances, Shoking n'avait
pas complètement perdu la tête.
Il lui était même venu une fort belle idée qu'il
Voirie numéro du 22 novembre.
goiigeait à mettre à exécution ; et s'il parlait de
révéler la retraite de John Colden, c'est qu'il
voulait à tout prix gagner du temps.
Eh bien ! Votre Seigneurie, dit John le
rough, qui acheva d'éteindre la paille sous ses
pieds, nous vous écoutons.'
Shoking avait préparé son petit roman.
— Ah! mon pauvre John, c'est pourtant l'or-
gueil qui m'a ferdu. J'ai consenti, pour le vain
plaisir de faire quelques heures le rôle de lord,
à un esclavage qui met ma vie en danger.
— Il est certain, dit John toujours railleur,
que Votre Seigneurie aurait été rôtie à petit feu,
si elle n'était tout à coup redevenue raison-
nable.
— Mon bon John, poursuivit Shoking, j'ai
encore moins peur t de toi et des tiens que
d'eux.
Et il souli.na ce mot d'un geste d'effroi. S'ils
savent que je les ai t'.ahis, ils me tueront; je
crois même qu'ils me couperont par ILor-
ceaux.
— Et nous, si tu ne parles pas, nous te met-
trons une pierre au cou et nous t'enverrons au
fond de la Tamise deviser avec les poissons.
— Je pa'lerai,dit Shoking.
— Alors, hâte-toi.
— Mais il faut que vous me fassiez une pro-
messe.
— Laquelle ?
— De me protéger, de me défendre. Oh ! il
me vient une idée, acheva Shoking-en se frap-
pant le front.
— Voyons? fit John.
— Veux-tu me conduire tout de suite à Scot-
land-yard? Tu toucheras la prime... et moi je
serai bien tranquille en prison. Les autres ne
pourront pas venir m'assassiner à Newgate ou
à Mil-bank.
— Je te conduirai à Scotland-yard quand tu
nous auras conduits à la maisdtl où est John
Colden.
— C'est impossible I dit Shoking.
- Alors je vais rallumer la pailie, dit froide-
ment le rough.
— Mais attends donc, reprit Shoking, et tu1
vas voir que tu n'as pas besoin de moi. Je vais
vous indiquer la rue, la maison, vous donner le
mot de passe à l'aide duquel vous entrerez et
serez considérés comme des amis.
— Et pendant que nous nous embarquerons
avec les prétendues indications que tu nous don-
neras, ju prendras la fuite ?
Oh! non, dit John, nous ne sommes pas sim-
ples à ce point.
— Vous vous trompez, dit Shoking, et la
preuve, c'est que jà veux bien rester ici prison-
nier, sous la surveillance de deux d'entre vous,
pendant .que les deux autres iront s'asstmerxjde
je vous ai dit la vérité.
— Mais pourquoi nt veux-tu pas venir avec
nous?
— Parce que j'ai peur. ; ...
— De qui? ' , -
- D'eux, et, mourir pour mourir, j'aime autant
que ce soit de votre main.
Shoking avait prononcé ces derniers mots '
avec cet accent d'entêtement auquel John ne se
trompa point.
Les Anglais sont peut-être le peuple le plus
têtu de la terre: Quand un fils de John But! a
dit une chose d'une certaine façon, rien ne sau-
rait le faire changé d'avis.
.
— Eh bien ! répondit John après un moment
de silence, je veux bien consentir à ce que tu
me demandes, mais à une condition : si tu nous
a trompés, ce que nous saurons dans une heure,
nous t'étranglerons, et tu iras passer la nuit att
fond de la Tamise.
— Je n'ai pas l'intention de vous tromper, dit
Shoking avec un accent de franchise dont John
*
fut la dupe.
— Maintenant, parle.
Shoking avait son idée, car sans cela, il n'eût
point menti avec tant de calme.
— Vous perdez votre temps à tourner autour
JOURNAL QUOTIDIEN
Il.'
& cent 1 le nantit
,~-4* ..
; . ' ' ' (; :V
S cenî. lc numéro .
•. 1 t -liii * 1 3
:: :i l . ; Î : - m ' tu -. , i
ABONNEMENTS. — Trois mois. SIx mois. Un an.
Paris & &. 9 jfr., fl8 fr.
Départements.. 8 11 *, eV
Administrateur : E. DELSAUX. '
^ 7 ? " 'î * r
1 ' . - 1 1
Sm,ë année.—.MERCREDI %% AVhtt1868;~N" 73i
- ' J ■ 1 ^ » ' il "! '
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Rédacteur en *skef>:. A. DE FTFIT, •.
. Bu«.i$AjUx IY' X b b rt ne-mifife4lfcjdt.ir. )
l1 ' Administration : ',t3, ~,gje43 ïSretla^,; , .,.I- : r. -~~ . :'1
PARIS, 21 AVRIL 1868.
COURRIER
DE LA PETITE PRESSE
lettre suivante que je transcris, sans v chan-
ger un mot : ; ;
« Monsieur, ' • • •'
« Dans la nuit du 1er au 2 de ce mois, un
incendie détruisait en quelques minutes une
humble boutique de la rue d'Angoulême--du-
Temple.
« Dans cette boutique, une pauvre veuve et
son vieux père gagnaient à grand'p.eine le
pain de chaque jour. On les connaissait, et on
les aimait dans le quartier. A la vue du mal-
heur qui les frappait, on s'est réuni : des
ouvriers, des pauvres comme eux. En,trente-
six heures, une belle boutique neuve a rem-
placé la boutique détruite. On a pris nos. in-
cendiés par la main, on les a amenés là, et
on leur a dit : — Entrez. Ceci est à vous; ne
pleurez plus...
Et ils ont pleuré encore, mais c'était de re7
connaissance et de joie...
« Agréez, Monsieur, etc. X... »
Chacune de mes causeries me vaut un cer-
tain n'ombre de lettres..ïe brûle celles qui
contiennent des éloges, je mets à part celles
qui renferment des conseils^ je réponds à
celles qui m'apportent des réclamations.
Un de nos lecteurs s'est étrangement mé-
pris sur l'esprit de mon article le Panier à sa-
lade. Non, cher lecteur, je n'exalte pas les
misérables, en les plaignant. Au lieu de flé-
trir la curiosité des badauds, dites-vous, j'au-
rais mieux fait d'en blâmer l'objet. Je ne
pense pas comme vous sur ce point. Le mal-
heur est toujours le malheur, et., s'il a une
faute pour origine, il se double du remords.
La victime est deux fois à plaindre, et parce
qu'elle souffre, et parce qu'elle a la conscience
d'ètre le propre auteur de sa souHrance. L'hon-
nête homme, accablé par le sort, a pour lui
sa conscience, et, dans le sentiment d'avoir
bien agi il trouve des forces qui lui permet-
lent de regarder en avant et de se relever. Et
puis, on l'aide, on l'assiste; du moins on
Sympathise à sa misère,'et l'on ne rit pas. Je
'suis, comme vous, l'ami de tous ceux qui tra-
vaillent et qui luttent; mais jamais je ne re-
fuserai ma* pitié à ceux qui sont frappés,
ijmême justement, même parla loi, même par
Jl'opiniOn. , , '
Précisément je reçois une lettre de la pia-- ,
Ïan+t &pr la.m^rne s'ntet : etoetta lettre. abqft;,
^ant dans le sens de mon article, rr'e sonate
les souffrances des açcnsés pendant le trajet
de la prison au palais de justice. Chaque rue
~ i qu'ils traver sent est pour eux une voie dou- '
■loureuse. Ils ne sont qu'accusés pourtant. S'ils
étaient innocents, quel ne serait pas le repen-
tir des bourgeois qui se sont mis sur le pas
de leur porte, et des passants qui se sont ar- 11
rêH3s pour le,ur jeter à la face la raillerie et
l'insulte!... Croyez-moi, mon cher lecteur, en
matière de pitié, on n'est jamais dupe et l'on
ne saurait.)amais aller trop loin...
L'Association dans l'armée avait préoccupé
: nombre de bons esprits avant que M. de
Briois d'Angre lui eût donné une formule. Je
reçois à ce s.ujet les plus intéressantes com-
,munications. Exemple :
« Monsieur,
» Vous éuumérez les dépenses obligatoires
d'un sous-lieutenant d'infanterie, et vos'cHif-
fres sont pour la plupart très-exacts; cepen-
dant j'ai Constaté quelques omissions que je
vous signale, espérant que vous voudrez bien
compléter le chapitre :
Pension... « • • -, 65 ' *
Loirenient. V . - . **.
Ordonnance 5 »
Blanchissage. : 6 »
Abonnements Í au taiHeur • »
{ au maître cordonnier 5 »
~ ... „ ( Passementeries .. 6 »
Entretien.. 1 Linge 2 »
Théâtre 5 s
Café.... 20 D
Bougie.. • 1 20
Tabac 2 ))
Perruquier, bain, savon, etc.. < 2 50
Papier, enveloppes, timb.-poste . • 1 60
Bibliothèque, . 50
Total..... 158 80
Le trésorier paye au sous-lieutenant 158 83
Reste.. • .. 0 03
rr?'-"" , ,,. • -
» Lë.,boi
cbiffr#ay eafé, pendant toute la saison du
froid. 4i.. ' .
! » Cimma vous, le voyez, M. le ministre de
la guerre n'a pas besoin d'interdire aux jeunes
officiers l'usâj^de fW|sfrittie.... — Z. »
^TTn^secûndo lettre; d« "llf ! 'ffippolyte Ba-
jrault-RoulIon, ancien sous-intendant -miti-
taire, contient un projet d'assurances ét'de
tontine sur' lequel je reviendrai ce rtidhe'-
ment.
Une* troisième m'annonce la créatiorfd'une
caisse tie secours mutuel au profit des veuves
et de&orphelins des gardes nationaux mobi-
les. C%st prévoir les malheurs de bien loin.
Cependant cette caisse est une excellente idée,
dont il farut féliciter son auteur, M. J. Ruebe4.
Enfin, M. de Bigouse, directeur d'une corn.
pagnie d'assurances sur la vie, l'Européenne;
m'annonce que sa compagnie assure les mi-
litai reg et les marins, en temps de guerre
coinriie en temps de paix. Je n'ai jamais pré-
tendu ^e contraire : seulement, j'avais dit
qu'en cas de guerre les compagnies exigeaient
-une surprime, et M. de Bigouse ne ; me déc-
ment pas. J'accueille, malgré ce!a,, sa récla-
matiop ; car, même avec la surprime, l'assu-
rance {en temps de campagne est une excep-
tioe, ft l'officiér français ne peut en général
is'as«urer en France que comme personne ci-
vile, ce qui est déplorable au point de vue de
l'iintérêt de l'armée.
j Vos deux études sur l'ouvrier constatent
T^rrr^gemënTs-- Imitai g s o]p?rS depuis
'1789 au profit de l'industrie et des classes
travailleuses. Quoique j'applaudisse de tout
mon cœur et aux faits accomplis et à l'écrivain
qui les met en lumière, —je me permettrai,
monsieur, de contester votre conclusion, en
ce qu'elle met à la charge de l'initiative indi-
viduelle la lenteur de l'association à produire
tous les fruits désirables... »
M. J.-B. Gaudry fait suivre ce début de
l'annonce d'un projet qu'il a soumis à l'Em]
pereur et dont le but est de généraliser le bien-
être des citoyens en se servant, comme prin-
cipal point d'appui, de l'initiative de l'Etat.
Je ne puis, discuter un projet que je ne con-
nais pas ; mais je me permettrai de renvoyer
M. Gaudry aux conférences du Luxembourg,
et aux théories d'alors dont le temps a
r • , r i i . v. i
.» t ■} ■ jri.r-r; t'n
I faJ& jnBtice et qttèleun.aate^Bl. îLouis BIanc- *
| inj-même t, a abandonnées.. , ,j.' ; ;
i • • - ' .■ f ; r . ' r \
> MM."les" tanè^iers.-" m'ont' t'o||c|ie '
par leur ^mpresaernonU^JeHr^nresj^u^iiB^ !
rerriereîer aemetre occupe
progrès de leur industrie. L'un d'eux, M.
Emile, Basy, nÙjS]Jre gu'c les apprentis Jqnet-' ,
tiers ont un,sort; beaucoup plus heureux qve -
je ne l'avais diti Suivant M.':Basy, ces jeunes '
gens sont bien- no.urtis, cônforfablemeTrt cou- \
chés ?.-. gagnent, facilement et'largcjhênt leur :
vie aù ¡oilir de l'apprentissage. Il piraît-..que, .
j'avais été mal renseigné. Soit ; çeppndant, ;
avant de me rendre, je m'informerai de nou-
hreau: , : :
I • : * • ...... • .. i
' * éi , - .
' î'" ; 'i
] La question des chiens enragés est trop im-
portante pour que je veuille résumer en Cfl'lel:', .
ques lignes toutes les observations q\ll. m'ont .
jeté adressées a propos de la rage, de ses symp-
tômes et des moyens de la guérir. Pài reçu
des cahiers, gros comme -deS volumes, des '
brochures, des imprimés, que sais-je ?...
Un médecin assure que les hommes n'ont
rien à craindre de la morsure des cfiiens.
Béni soit ce médecin ! Je le répète, je compte
revenir sur tout cela. Mais Je 'signale dès à
présent un très-curieux- remède qu'indique
mon cher maître, A Ie-xirndt'è iJJcinHls, dans lé
dernier numéro de son journal lé îfartagmA. (
Il IlparaH. qu'au¡x Indes et dans laXhipA» on ,
neutralise les effets de la rage. an moyen d'un -
jiûiqad -«Wwn è . A Wa Ifvynnfii UllUl'9 itfit 'OIHUEU1 ^"'Vin'Ti eeom f « fw "liCnriti
propos, le docteur javanais dont je; vous ai
déjà parlé, M. Gérard Von Schmitt. M. *Von
Schmitt guérissait déjà les cancers; s'il guérît
encore la rage, le voilà assuré à-'une double ;
popularité.
..."
Mes anciens camarades du lycée de Lyon,
non contents de s'être réunis dans une asso-
ciation fraternelle, veulent encore fonder un
cercle qui ferai de , leurs rapports, des ,rap- ;
ports quotidiens.
Tout ce qui rapproche, tout ce- qui SoMda"
rise, tout ce qui permet d'échanger des poi-
gnées de mains et des idées,est excellent. J'es-
père apprendre, d'ici à quelques jours, la
création du nouveau cercle lyonnais.
ROCAMBOLE
LES
MISÈRES DE LONDRES
PAR
PONSON DU TERRAIL
QUATRIÈME PARTIE
UN DRAME DANS LE SOUTWARK
XXVI
No 170
Shoking n'était pourtant pas un traître; il fût
mort au milieu des plus affreux supplices, plutôt
que de vendre l'homme gris.
Comment donc pouvait-il consentir à parler?.
Au milieu de ses souffrances, Shoking n'avait
pas complètement perdu la tête.
Il lui était même venu une fort belle idée qu'il
Voirie numéro du 22 novembre.
goiigeait à mettre à exécution ; et s'il parlait de
révéler la retraite de John Colden, c'est qu'il
voulait à tout prix gagner du temps.
Eh bien ! Votre Seigneurie, dit John le
rough, qui acheva d'éteindre la paille sous ses
pieds, nous vous écoutons.'
Shoking avait préparé son petit roman.
— Ah! mon pauvre John, c'est pourtant l'or-
gueil qui m'a ferdu. J'ai consenti, pour le vain
plaisir de faire quelques heures le rôle de lord,
à un esclavage qui met ma vie en danger.
— Il est certain, dit John toujours railleur,
que Votre Seigneurie aurait été rôtie à petit feu,
si elle n'était tout à coup redevenue raison-
nable.
— Mon bon John, poursuivit Shoking, j'ai
encore moins peur t de toi et des tiens que
d'eux.
Et il souli.na ce mot d'un geste d'effroi. S'ils
savent que je les ai t'.ahis, ils me tueront; je
crois même qu'ils me couperont par ILor-
ceaux.
— Et nous, si tu ne parles pas, nous te met-
trons une pierre au cou et nous t'enverrons au
fond de la Tamise deviser avec les poissons.
— Je pa'lerai,dit Shoking.
— Alors, hâte-toi.
— Mais il faut que vous me fassiez une pro-
messe.
— Laquelle ?
— De me protéger, de me défendre. Oh ! il
me vient une idée, acheva Shoking-en se frap-
pant le front.
— Voyons? fit John.
— Veux-tu me conduire tout de suite à Scot-
land-yard? Tu toucheras la prime... et moi je
serai bien tranquille en prison. Les autres ne
pourront pas venir m'assassiner à Newgate ou
à Mil-bank.
— Je te conduirai à Scotland-yard quand tu
nous auras conduits à la maisdtl où est John
Colden.
— C'est impossible I dit Shoking.
- Alors je vais rallumer la pailie, dit froide-
ment le rough.
— Mais attends donc, reprit Shoking, et tu1
vas voir que tu n'as pas besoin de moi. Je vais
vous indiquer la rue, la maison, vous donner le
mot de passe à l'aide duquel vous entrerez et
serez considérés comme des amis.
— Et pendant que nous nous embarquerons
avec les prétendues indications que tu nous don-
neras, ju prendras la fuite ?
Oh! non, dit John, nous ne sommes pas sim-
ples à ce point.
— Vous vous trompez, dit Shoking, et la
preuve, c'est que jà veux bien rester ici prison-
nier, sous la surveillance de deux d'entre vous,
pendant .que les deux autres iront s'asstmerxjde
je vous ai dit la vérité.
— Mais pourquoi nt veux-tu pas venir avec
nous?
— Parce que j'ai peur. ; ...
— De qui? ' , -
- D'eux, et, mourir pour mourir, j'aime autant
que ce soit de votre main.
Shoking avait prononcé ces derniers mots '
avec cet accent d'entêtement auquel John ne se
trompa point.
Les Anglais sont peut-être le peuple le plus
têtu de la terre: Quand un fils de John But! a
dit une chose d'une certaine façon, rien ne sau-
rait le faire changé d'avis.
.
— Eh bien ! répondit John après un moment
de silence, je veux bien consentir à ce que tu
me demandes, mais à une condition : si tu nous
a trompés, ce que nous saurons dans une heure,
nous t'étranglerons, et tu iras passer la nuit att
fond de la Tamise.
— Je n'ai pas l'intention de vous tromper, dit
Shoking avec un accent de franchise dont John
*
fut la dupe.
— Maintenant, parle.
Shoking avait son idée, car sans cela, il n'eût
point menti avec tant de calme.
— Vous perdez votre temps à tourner autour
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