Titre : La Petite presse : journal quotidien... / [rédacteur en chef : Balathier Bragelonne]
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1868-04-20
Contributeur : Balathier Bragelonne, Adolphe de (1811-1888). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32837965d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 20 avril 1868 20 avril 1868
Description : 1868/04/20 (A3,N732). 1868/04/20 (A3,N732).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k47177344
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-190
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 23/10/2017
LA PETITE PRESSE
1 5 cent. le numéro . 1 -.. JOURNAL QUOTIDIEN 1 1 . 1 « 5 cent. le naméro
ABONNEMENTS. — Trois mois. Six mois. un an.'
Paris & fr. 9 fr. 1 8 fr.
Départements.. 8 il et
1 Administrateur : E. Delsaux.
3m8 année. — LUNDI 20 AVRIL 1868. — N° 732
Directeur- Propriétaire taire : Jaknin.
Rédacteur en chef: A. DE BA LA T II 1ER Brageloîcn-e.
BUREAUX b" A 13 ON NEM EN T : 9. t*MP KE'OSiOÎ-
ADMINISTRATION : 13, place Breda.
PARIS, 19 AVRIL 1868.
LES TUILERIES
I
Le pavillon de Flore est terminé, et l'aile
nouvelle, qui relie les Tuileries au Louvre,
étale le long du quai les éblouissements de
ses murailles blanches et ses toits chargés d'é-
chafaudages.
L'aile du midi achevée, il sera indispensa-
ble, comme l'a. fait observer justement M.Ber-
ryer, de refaire l'aile du nord, qui lui sert de
pendant.
Les deux ailes refaites, on s'apercevra que
la distribution du corps de logis est incom-
mode, et, tout en conservant les dispositions
et surtout l'admirable attique de Philibert
Delorme, on rebâtira le corps de logis comme
le reste.
En présence de ces motifiOfitions d'aujour-
d'hui et de demain, l'histoire des Tuileries
prend l'intérêt de l'actualité. J'entends l'his-
toire des hommes liée à celle des pierres, et
qui a sur cette dernière l'avantage d'être im-
périssable. Les palais s'écroulent, mais le
souvenir des faits qui s'y sont accomplis de-
meure, à la fois aliment pour la curiosité, '
exemple et enseignement.
II
Au 'milieu du quatorzième siècle, le palais
des Tuileries n'était encore que l'hôtel des
Tuileries. Le nom indique l'origine.
Sur l'emplacement d'une fabrique de tuiles
un riche gentilhomme, Pierre des Essarts,
avait fait bâtir une maison de plaisance. Un
sire de Villeroi en était propriétaire, lorsque
François Ier l'acheta, pour en faire présent
à la duchesse d'Angoulême, sa mère, à la-
quelle son habitation des Tournelles déplaî-
sait. C'était du reste une maîtresse femme,
d'humeur changeante, car les Tuileries lui
déplurent de même, et elle en céda la jouis-
sance à son maître d'hôtel, Jean Tie'rcelin.
Un peu plus tard, la reine Catherine de Mé-
dicis, poussant, plus loin encore que la du- j
chesse d'Angoulême l'horreur des Tournelles, j
les fit abattre, et vint habiter, au Louvre, au-
près de ses trois enfants, qui furent rois tour
à tour, François 11, Charles IX et Henri 111.
Mais Catherine était Florentine. Ce politique
sombre aimait les logis riants. Charles IX,
mçjui connaissait les goûts de sa mère, et qui
jjeut-ètre n'était pas fâché de l'éloigner un
peu de lui, lui offrit un jour l'hôtel et le jar-
'A des Tuileries,
Aussitôt Catherine, restée Médicis et
amie de la pompe italienne, demanda à Phi-
libert Delorme le plan d'un palais. Façade
royale, magnifiques jardins, cours immenses,
portiques par séries, tout devait porter le ca-
chet de la grandeur et de l'art. Philibert De-
lorme s'arrêta à la façade, mais il avait eu
le temps d'élever cet attique qui fit dire, deux
siècles et demi plus tard, à Chateaubriand:
«Architecte ou roi, où me loge-t-on ? Roi,
au Louvre. Architecte, dans un attique de
Philibert Delorme.... »
Catherine de Médicis trouva que les Tuile-
ries étaient trop lentes à s'élever, et elle se fit
bâtir l'hôtel de la Reine, appelé depuis hôtel
de Soissons, sur l'emplacement duquel se
trouve aujourd'hui la balle aux blés. Les Tui-
leries furent continuées par Henri 17, em-
bellies par Louis XIII, achevées par Louis XIV
et parachevées par Napoléon. Les construc-
teurs se succèdent sans interruption, mais il
n'en est pas de même des habitants.
III
La première figure royale que nous voyons
passer, dans les galeries qui dominent la
Seine, est la pâle figure de Louis XIII. Le
jeune rot, vêtu de noir, promène son ennui
mélancolique dans le palais agrandi par son
père. Les courtisans sont groupés dans un
des immenses salons. La porte s'ouvre. —Le
roi, messieurs T "
Lui, entre sans voir personne.
Tout va de mai en pis, tout..
Il relève la tête :
Messieurs, Dieu vous garde!
Ah! j'al bien mal dormi, monsieur de Bellegarde...
IV
Louis XIV, court, bien pris dans sa taille,
la figure noble, un gros mangeur, un vrai
Bourbon, succède à ce roi sans race, moitié
Français moitié Florentin. Il ne fait que
traverser les Tuileries pour se fixer à Ver-
sailles.
Le château demeure de nouveau désert.
Ce n'est plus la royauté triomphante qui y
rentrera. La cour, c'est Versailles; Paris,
c'est la ville. Mais un jour vint où la ville
imposa ses couleurs à la cour. Les femmes
du peuple allèrent chercher le roi à Trianon ;
elles l'embrassèrent, et ramenèrent aux Tui-
leries.
Ceci se passait au mois d'octobre 1789.
L'Assemblée constituante suivit la royaùté.
Le règne de Paris commençait avec celui de
la nation. Celui de Louis XVI était fini. Le
pauvre roi le comprit bien, car d'abord il
essaya de fuir ce palais, dans lequel il se sen-
tait prisonnier. Impossible. Alors, il vou-
lut s'y défendre. Défense vaine. Vint le
10 août.
Le palais de Catherine de Médicis devenait
le palais du peuple. *
V
Le 20 septembre 1792, les députés de la
Convention et ceux de la Législative se
réunirent 'aux Tuileries afin de constituer
l'assemblée nouvelle, de laquelle beaucoup
de membres de l'ancienne assemblée faisaient
partie.
La séance eut lieu dans le grand salon de
réception. Au plafond, peint par Lebrun,
brillait une figure de Louis XIV ; on mit une
cocarde tricolore au front du Roi Soleil...
Quelques députés firent remarquer que les
représentants étaient assis sur des banquettes
fleurdelisées.
« Qu'importe! dit quelqu'un ; le coq gau-
lois aussi monte, pour chanter victoire, sur
la dépouille de son ennemi vaincu. »
Le lendemain, Manuel, procureur-syndic
de la commune, demanda que le président de
la Convention et de la France fût logé dans le
Palais National des Tuileries.
Tallien monte à la tribune :
« Quand on aura besoin du président de la
Convention, on ira le chercher à un cin-
quième étage : c'est là que logent le génie et
la vertu. »
Chabot se joint à Tallien. La motion de
Manuel est rfjetée. m
Cependant c'est au Palais-Nationâl que sié-
gera la Convention.
En attendant qu'on ait préparé la salle de.
spectacle du Château pour la recevoir, elle
occupera le Manége, comme l'a fait la Légis-
lative.
Cette salle de spectacle, retouchée par Ser-
vandoni sous Louis XV, était connue sous le
nom de Salle des Machines, à cause des grands
travaux qui y avaient été exécutés pour faci- Cr
liter la représentation des ballets et des pan-
tomimes.
La cour Pavait mise à la disposition de
l'Opéra, après l'incendie de ce théâtre en
1763.
De 1770 à 1182, elle l'avait prêtée aux co-
médiens français.
Puis, c'étaient les Italiens qui, pendant là
construction de Feydeau, s'y étaient installés
à leur tour.
La Convention y prit séance le 10 -,naÎ
1793.
On avait réparé à la hâte les Tuileries, dé-
vastées au 10 août.
Dans les appartements royaux s'installèrent
les bureaux, les comités, les commissions de
l'assemblée. Le comité de Salut public délibé-
rait sous un plafond d'azur semé de fleurs de
lis d'or.
Plus tard, c'est du pavillon de Flore que
Robespierre assista à la fête , de l'Etre su-
prême.
En 1806, un coup de vent violent dégrada
les combles des Tuileries.
On se mit aussitôt à -l'œuvre pour réparer le
déga.t.
On commença par faire disparaître le télé-
graphe établi, par le gouvernement de !a
Convention, sur le dôme du principal pavil-
lon. Puis, on arriva à la salle de la Conven-
tion, et l'on décida qu'on la démolirait pour
en faire la magnifique salle de spectacle ac-
tuelle.
Quelle ne fut pas la surprise des entrepre-
neurs , chargés de restaurer cette salle . en
s'apercevant que leurs devanciers de 1792
avaient négligé dans leurs travaux les pré-
cautions les plus vulgaires!
Ainsi, les amphithéâtres aux deux extré-
mités de la salle, sur lesquels se pressait cha-
que jour tout, un peuple de spectateurs,
n'avaient pour appui qu'un faible poteau de
trente pieds de portée, d'un seul morceau,
retenu par deux brides en fer ; presque toute
la charpente était aussi frêle. Les soutiens des
deux tribunes populaires avaient cédé ; à
droite du président, ils étaient cassés... « Il
est presque inouï, dit un contemporain, que
tout l'échafaudage ne se soit pas écroulé vingt
fois sous la foule... »
VI
i
La Convention avait fait du palais dss Tiii-
lerics le siège du gouvernement. Le Directo ire
ROCAMBOLE
mess=""N° 168 LES
MISÈRES DE LONDRES
PAR
PONSON DU TERRAIL
QUATRIÈME PARTIE
UN DRAME DANS LE SOUTWARK
XXIV
Pour comprendre la scène qui allait suivre
cette arrestation de Shoking%à demi pétrifié, il
est nécessaire de nous reporter au moment où
Nicho's et John le rough s'étaient reconnus
sous un bec de gaz.
L'explication n'avait pas été longue.
voir ie numéro du 25b'Dovembrft.
— Tiens, avait dit Nichols, tu restes donc à
Rotherithe maintenant?
— Non, mais j'y viens pour mes affaires. Et
toi?
— Moi aussi.
— A minuit passé?
— Pourquoi pas?
— Mon bon ami, avait dit Nichols en riant, il
j n'y a pourtant pas grand'chose à faire à Rothe-
rithe ? C'est un pauvre quartier...
— Heu ! heu !
¥ — Et les gens qui courent après six pence
sont plus communs que ceux qui ont une guinée
en poche.
— Je ne dis pas non, fit le rough. Mais s'il
n'y a rien à faire pour moi ici, comment peut-il
y avoir de la besogne pour toi ?
— Oh! moi, c'est différent...
— En vérité !
— Et je suis ici...
— Peut-être bien pour la même affaire que
moi.
Là-dessus les deux roughs s'étaient regardés
dans le blanc des yeux.
— Tu cherches quelque chose, hein ! fit Ni-
chols.
— Peut-être...
— Moi aussi. C est. ~ une belle somme,
j ««-m
— La prime ?
— Bon! fit Nichols, nous y sommes ; mais la
place est déjà prise, mon garçon.
— Eh bien ! part à deux.
— Ce n'est plus à deux, c'est à quatre.
— Oh ! oh ! pourquoi donc ça ?
— Parce que nous sommes déjà trois ; ce qui
fait que c'est beaucoup trop.
— Bon! dit froidement le rough, alors cher-
chons chacun de notre côté. Seulement...
Il s'arrèta d'un air mystérieux.
— Eh bien ? fit Nichols. -
— Peut-être !noi tout st'ul ferai-je de meil-
leure besogne que vous trois.
— Et pourquoi donc ?
M ais, parce que j'ai des renseignements.
Nichols tressaillit.
— S'il en est ainîi, di t il, cherchc>as en-
semble.
John parut réfléchir une minute.
— Ecoute, dit-il enfin, hier je n'aurais pas
accepté ;"IDais, aujourd'hui ce n'esl plus, seu-
lement l'appât de ta prime qui me tient.
— Qu'est-ce doue ?
— C'est le désir de me venger.
Et John raconta à Nichols ses aventures de la
nuit précédente, jusques et. y compris lé coup
d'aviron qu'il avait reçu, sur la tète.
, ^ partir moment, çQntiiiua-t-il. îe
t
ne sais pas trop ce qui s'est passé. Je sui&; allé
au fond de l'eau. Comment ne me siiis-j e pas
noyé? Je n'en sais rien.
J'étais évanoui.
Quand je suis revenu à moi, je rc'êta is plus
d'ans la Tamise.
Je me touvais co'iché sur le do¡; étendu sur
un lit de gravi r. Quelque chose de cî taud était-
auprès de moi et j'avais comme une h1.leine brû-
lante sur le visage.
Le jour commençait à poindra ©t/ j 'ai pu me
rendre conopt'ede ma situation.
J'étais sur le sable au bord delNeau.
î A demi courbé sur moi, un gros chien me ré-
chauffait de son corps, et sa gueule ouverte au-
dessus de mon visage laissait pa.sser un souffle
qui avait, fini par me ranimer. -
Je me suis levé, j'ai caressa le chien, et je me
suis mis à me promener un. moment, cherchant
à me souvenir de ce qui s^etait passé.
J'ai d'abord eu l'espoir que les matelots de la
chaloupe avaient repris, le prétendu lord Wil-
mot, et je me suis dit :
— Evidemment, quand ils me verront reve-
nir, ils verront bien que j'étais uij. homme de '
la police et ils me laisseront emmener le prison-
nier à ScQ)Aand-yard. C'étai^logique, n'est-ca
f pas., .......
[texteillisible]
1 5 cent. le numéro . 1 -.. JOURNAL QUOTIDIEN 1 1 . 1 « 5 cent. le naméro
ABONNEMENTS. — Trois mois. Six mois. un an.'
Paris & fr. 9 fr. 1 8 fr.
Départements.. 8 il et
1 Administrateur : E. Delsaux.
3m8 année. — LUNDI 20 AVRIL 1868. — N° 732
Directeur- Propriétaire taire : Jaknin.
Rédacteur en chef: A. DE BA LA T II 1ER Brageloîcn-e.
BUREAUX b" A 13 ON NEM EN T : 9. t*MP KE'OSiOÎ-
ADMINISTRATION : 13, place Breda.
PARIS, 19 AVRIL 1868.
LES TUILERIES
I
Le pavillon de Flore est terminé, et l'aile
nouvelle, qui relie les Tuileries au Louvre,
étale le long du quai les éblouissements de
ses murailles blanches et ses toits chargés d'é-
chafaudages.
L'aile du midi achevée, il sera indispensa-
ble, comme l'a. fait observer justement M.Ber-
ryer, de refaire l'aile du nord, qui lui sert de
pendant.
Les deux ailes refaites, on s'apercevra que
la distribution du corps de logis est incom-
mode, et, tout en conservant les dispositions
et surtout l'admirable attique de Philibert
Delorme, on rebâtira le corps de logis comme
le reste.
En présence de ces motifiOfitions d'aujour-
d'hui et de demain, l'histoire des Tuileries
prend l'intérêt de l'actualité. J'entends l'his-
toire des hommes liée à celle des pierres, et
qui a sur cette dernière l'avantage d'être im-
périssable. Les palais s'écroulent, mais le
souvenir des faits qui s'y sont accomplis de-
meure, à la fois aliment pour la curiosité, '
exemple et enseignement.
II
Au 'milieu du quatorzième siècle, le palais
des Tuileries n'était encore que l'hôtel des
Tuileries. Le nom indique l'origine.
Sur l'emplacement d'une fabrique de tuiles
un riche gentilhomme, Pierre des Essarts,
avait fait bâtir une maison de plaisance. Un
sire de Villeroi en était propriétaire, lorsque
François Ier l'acheta, pour en faire présent
à la duchesse d'Angoulême, sa mère, à la-
quelle son habitation des Tournelles déplaî-
sait. C'était du reste une maîtresse femme,
d'humeur changeante, car les Tuileries lui
déplurent de même, et elle en céda la jouis-
sance à son maître d'hôtel, Jean Tie'rcelin.
Un peu plus tard, la reine Catherine de Mé-
dicis, poussant, plus loin encore que la du- j
chesse d'Angoulême l'horreur des Tournelles, j
les fit abattre, et vint habiter, au Louvre, au-
près de ses trois enfants, qui furent rois tour
à tour, François 11, Charles IX et Henri 111.
Mais Catherine était Florentine. Ce politique
sombre aimait les logis riants. Charles IX,
mçjui connaissait les goûts de sa mère, et qui
jjeut-ètre n'était pas fâché de l'éloigner un
peu de lui, lui offrit un jour l'hôtel et le jar-
'A des Tuileries,
Aussitôt Catherine, restée Médicis et
amie de la pompe italienne, demanda à Phi-
libert Delorme le plan d'un palais. Façade
royale, magnifiques jardins, cours immenses,
portiques par séries, tout devait porter le ca-
chet de la grandeur et de l'art. Philibert De-
lorme s'arrêta à la façade, mais il avait eu
le temps d'élever cet attique qui fit dire, deux
siècles et demi plus tard, à Chateaubriand:
«Architecte ou roi, où me loge-t-on ? Roi,
au Louvre. Architecte, dans un attique de
Philibert Delorme.... »
Catherine de Médicis trouva que les Tuile-
ries étaient trop lentes à s'élever, et elle se fit
bâtir l'hôtel de la Reine, appelé depuis hôtel
de Soissons, sur l'emplacement duquel se
trouve aujourd'hui la balle aux blés. Les Tui-
leries furent continuées par Henri 17, em-
bellies par Louis XIII, achevées par Louis XIV
et parachevées par Napoléon. Les construc-
teurs se succèdent sans interruption, mais il
n'en est pas de même des habitants.
III
La première figure royale que nous voyons
passer, dans les galeries qui dominent la
Seine, est la pâle figure de Louis XIII. Le
jeune rot, vêtu de noir, promène son ennui
mélancolique dans le palais agrandi par son
père. Les courtisans sont groupés dans un
des immenses salons. La porte s'ouvre. —Le
roi, messieurs T "
Lui, entre sans voir personne.
Tout va de mai en pis, tout..
Il relève la tête :
Messieurs, Dieu vous garde!
Ah! j'al bien mal dormi, monsieur de Bellegarde...
IV
Louis XIV, court, bien pris dans sa taille,
la figure noble, un gros mangeur, un vrai
Bourbon, succède à ce roi sans race, moitié
Français moitié Florentin. Il ne fait que
traverser les Tuileries pour se fixer à Ver-
sailles.
Le château demeure de nouveau désert.
Ce n'est plus la royauté triomphante qui y
rentrera. La cour, c'est Versailles; Paris,
c'est la ville. Mais un jour vint où la ville
imposa ses couleurs à la cour. Les femmes
du peuple allèrent chercher le roi à Trianon ;
elles l'embrassèrent, et ramenèrent aux Tui-
leries.
Ceci se passait au mois d'octobre 1789.
L'Assemblée constituante suivit la royaùté.
Le règne de Paris commençait avec celui de
la nation. Celui de Louis XVI était fini. Le
pauvre roi le comprit bien, car d'abord il
essaya de fuir ce palais, dans lequel il se sen-
tait prisonnier. Impossible. Alors, il vou-
lut s'y défendre. Défense vaine. Vint le
10 août.
Le palais de Catherine de Médicis devenait
le palais du peuple. *
V
Le 20 septembre 1792, les députés de la
Convention et ceux de la Législative se
réunirent 'aux Tuileries afin de constituer
l'assemblée nouvelle, de laquelle beaucoup
de membres de l'ancienne assemblée faisaient
partie.
La séance eut lieu dans le grand salon de
réception. Au plafond, peint par Lebrun,
brillait une figure de Louis XIV ; on mit une
cocarde tricolore au front du Roi Soleil...
Quelques députés firent remarquer que les
représentants étaient assis sur des banquettes
fleurdelisées.
« Qu'importe! dit quelqu'un ; le coq gau-
lois aussi monte, pour chanter victoire, sur
la dépouille de son ennemi vaincu. »
Le lendemain, Manuel, procureur-syndic
de la commune, demanda que le président de
la Convention et de la France fût logé dans le
Palais National des Tuileries.
Tallien monte à la tribune :
« Quand on aura besoin du président de la
Convention, on ira le chercher à un cin-
quième étage : c'est là que logent le génie et
la vertu. »
Chabot se joint à Tallien. La motion de
Manuel est rfjetée. m
Cependant c'est au Palais-Nationâl que sié-
gera la Convention.
En attendant qu'on ait préparé la salle de.
spectacle du Château pour la recevoir, elle
occupera le Manége, comme l'a fait la Légis-
lative.
Cette salle de spectacle, retouchée par Ser-
vandoni sous Louis XV, était connue sous le
nom de Salle des Machines, à cause des grands
travaux qui y avaient été exécutés pour faci- Cr
liter la représentation des ballets et des pan-
tomimes.
La cour Pavait mise à la disposition de
l'Opéra, après l'incendie de ce théâtre en
1763.
De 1770 à 1182, elle l'avait prêtée aux co-
médiens français.
Puis, c'étaient les Italiens qui, pendant là
construction de Feydeau, s'y étaient installés
à leur tour.
La Convention y prit séance le 10 -,naÎ
1793.
On avait réparé à la hâte les Tuileries, dé-
vastées au 10 août.
Dans les appartements royaux s'installèrent
les bureaux, les comités, les commissions de
l'assemblée. Le comité de Salut public délibé-
rait sous un plafond d'azur semé de fleurs de
lis d'or.
Plus tard, c'est du pavillon de Flore que
Robespierre assista à la fête , de l'Etre su-
prême.
En 1806, un coup de vent violent dégrada
les combles des Tuileries.
On se mit aussitôt à -l'œuvre pour réparer le
déga.t.
On commença par faire disparaître le télé-
graphe établi, par le gouvernement de !a
Convention, sur le dôme du principal pavil-
lon. Puis, on arriva à la salle de la Conven-
tion, et l'on décida qu'on la démolirait pour
en faire la magnifique salle de spectacle ac-
tuelle.
Quelle ne fut pas la surprise des entrepre-
neurs , chargés de restaurer cette salle . en
s'apercevant que leurs devanciers de 1792
avaient négligé dans leurs travaux les pré-
cautions les plus vulgaires!
Ainsi, les amphithéâtres aux deux extré-
mités de la salle, sur lesquels se pressait cha-
que jour tout, un peuple de spectateurs,
n'avaient pour appui qu'un faible poteau de
trente pieds de portée, d'un seul morceau,
retenu par deux brides en fer ; presque toute
la charpente était aussi frêle. Les soutiens des
deux tribunes populaires avaient cédé ; à
droite du président, ils étaient cassés... « Il
est presque inouï, dit un contemporain, que
tout l'échafaudage ne se soit pas écroulé vingt
fois sous la foule... »
VI
i
La Convention avait fait du palais dss Tiii-
lerics le siège du gouvernement. Le Directo ire
ROCAMBOLE
mess=""N° 168 LES
MISÈRES DE LONDRES
PAR
PONSON DU TERRAIL
QUATRIÈME PARTIE
UN DRAME DANS LE SOUTWARK
XXIV
Pour comprendre la scène qui allait suivre
cette arrestation de Shoking%à demi pétrifié, il
est nécessaire de nous reporter au moment où
Nicho's et John le rough s'étaient reconnus
sous un bec de gaz.
L'explication n'avait pas été longue.
voir ie numéro du 25b'Dovembrft.
— Tiens, avait dit Nichols, tu restes donc à
Rotherithe maintenant?
— Non, mais j'y viens pour mes affaires. Et
toi?
— Moi aussi.
— A minuit passé?
— Pourquoi pas?
— Mon bon ami, avait dit Nichols en riant, il
j n'y a pourtant pas grand'chose à faire à Rothe-
rithe ? C'est un pauvre quartier...
— Heu ! heu !
¥ — Et les gens qui courent après six pence
sont plus communs que ceux qui ont une guinée
en poche.
— Je ne dis pas non, fit le rough. Mais s'il
n'y a rien à faire pour moi ici, comment peut-il
y avoir de la besogne pour toi ?
— Oh! moi, c'est différent...
— En vérité !
— Et je suis ici...
— Peut-être bien pour la même affaire que
moi.
Là-dessus les deux roughs s'étaient regardés
dans le blanc des yeux.
— Tu cherches quelque chose, hein ! fit Ni-
chols.
— Peut-être...
— Moi aussi. C est. ~ une belle somme,
j ««-m
— La prime ?
— Bon! fit Nichols, nous y sommes ; mais la
place est déjà prise, mon garçon.
— Eh bien ! part à deux.
— Ce n'est plus à deux, c'est à quatre.
— Oh ! oh ! pourquoi donc ça ?
— Parce que nous sommes déjà trois ; ce qui
fait que c'est beaucoup trop.
— Bon! dit froidement le rough, alors cher-
chons chacun de notre côté. Seulement...
Il s'arrèta d'un air mystérieux.
— Eh bien ? fit Nichols. -
— Peut-être !noi tout st'ul ferai-je de meil-
leure besogne que vous trois.
— Et pourquoi donc ?
M ais, parce que j'ai des renseignements.
Nichols tressaillit.
— S'il en est ainîi, di t il, cherchc>as en-
semble.
John parut réfléchir une minute.
— Ecoute, dit-il enfin, hier je n'aurais pas
accepté ;"IDais, aujourd'hui ce n'esl plus, seu-
lement l'appât de ta prime qui me tient.
— Qu'est-ce doue ?
— C'est le désir de me venger.
Et John raconta à Nichols ses aventures de la
nuit précédente, jusques et. y compris lé coup
d'aviron qu'il avait reçu, sur la tète.
, ^ partir moment, çQntiiiua-t-il. îe
t
ne sais pas trop ce qui s'est passé. Je sui&; allé
au fond de l'eau. Comment ne me siiis-j e pas
noyé? Je n'en sais rien.
J'étais évanoui.
Quand je suis revenu à moi, je rc'êta is plus
d'ans la Tamise.
Je me touvais co'iché sur le do¡; étendu sur
un lit de gravi r. Quelque chose de cî taud était-
auprès de moi et j'avais comme une h1.leine brû-
lante sur le visage.
Le jour commençait à poindra ©t/ j 'ai pu me
rendre conopt'ede ma situation.
J'étais sur le sable au bord delNeau.
î A demi courbé sur moi, un gros chien me ré-
chauffait de son corps, et sa gueule ouverte au-
dessus de mon visage laissait pa.sser un souffle
qui avait, fini par me ranimer. -
Je me suis levé, j'ai caressa le chien, et je me
suis mis à me promener un. moment, cherchant
à me souvenir de ce qui s^etait passé.
J'ai d'abord eu l'espoir que les matelots de la
chaloupe avaient repris, le prétendu lord Wil-
mot, et je me suis dit :
— Evidemment, quand ils me verront reve-
nir, ils verront bien que j'étais uij. homme de '
la police et ils me laisseront emmener le prison-
nier à ScQ)Aand-yard. C'étai^logique, n'est-ca
f pas., .......
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