Titre : La Petite presse : journal quotidien... / [rédacteur en chef : Balathier Bragelonne]
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1868-04-13
Contributeur : Balathier Bragelonne, Adolphe de (1811-1888). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32837965d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 13 avril 1868 13 avril 1868
Description : 1868/04/13 (A3,N725). 1868/04/13 (A3,N725).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k47177270
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-190
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 22/10/2017
LA PETITE PRESSE
JOURNAL QUOTIDIEN -
5 cent. le numéro
5 Cêisî. le numéro
ABONNEMENTS. — Trois mois. Six mois. Un an.
Paris 5 fr. 9 fr. 48 fr.
Départements.. 6 fll 88
Administrateur : E. DELSAUX.
3me année. — LUNDI 4 3 AVRIL 1968. — ]S0 725
Directeur-Propriétaire : JAN NIN.
Rédacteur en chef : A. DE BALATHIBR BRAGELONNE.
BUREAUX D'ABONNEMENT : 9. rue Drouot.
- ADMINISTRATION : 13, place Breda. 1
PARIS, 12 AVRIL 1868.
LES VOYAGEURS DE L'ANNÉE
M. Gustave Vapereau vient abspi^ersto:,
dixième Année littéraire. L'Année ïïtWrutfe,
on le sait, cst une revue très-consciencieuse
eUrès-complète des livres parus et des p1è":
ces représentées. Poésie, nom an, théâtre,
critiqnc, sciences, journalisme même, tous les
genres ont leur place dans ce recueil, œuvre
d'un esprit à la fois indépendant et bienveil-
lant. Pour ma part, je consulte toujours l'An-
née littéraire, afin de voir, parmi les bons
ouvrages dont elle donne les titres, ceux que
j'ai oublié d'acheter et de lire.
A dire vrai, c'est an chapitre « Voyages »
;u!' je vais tout d'abord. Plus ma vie devient
sédentaire, plus j'ai plaisir h écouter les gens
.Iiii reviennent de loin. Un voyageur est pres-
que un ami pour moi. Je le suis par la pensée.
— Que fait-il en ce moment? Que voit-il? De
quelles aventures est-il le béros? Le Bulletin
de- la Société de Géographie, le Tour du
Munde, toutes les relations spéciales, sont
sans cesse sur ma table, et, quand l'occasion
s'en présente, ebers lecteurs, vous savez avec
quel empressement je vous parle excursions
lointaines, naufrages et pays inconnus.
Donc, mon Année littéraire à la main, j'ai
passé en revue les voyageurs de 1867, et je
me suis intéressé tour à tour à chacun d'eux.
J'ai traversé le Danemark avec M. Charles
Joliet, la Turquie avec Mme Oe Gasparin; j'ai
visité l'Egypte avec M. Emile Guimet, le Mexi-
que avec M. Domenech, le Brésil avec lU.
d'Assier. M. Simonin m'a emmené en Cali-
fornie, dans i'i'e Maurice et dans la presqu'île
ci'Aden. M. Max. Radiguet m'a raconté les
mœurs,des îles Marquises, et j'ai éprouvé un
véritable chagrin à voir que le Sir Backer a
passé cinq années sans pouvoir découvrir les
véritables sources du Nil.
Au mois d'août dernier, deux députés
français et une douzaine de journalistes sont
ailés passer huit jours à Copenhague. Ils
étaient invités par la presse danoise. Un co-
mi'.é danois, composé d'anciens ministres, de
députés, de prof'.sseurs, de négociants, de
banquiers et d'écrivains, les a solennellement
reçus. On comptait, au départ, faire une par-
de plaisir, on s'est trouvé, à l'arrivée,
. "laticé dans tout le tra la la d'une cérémonie
voffijpielle. Cela a pris un nom: a La semaine
,f.ffI. çaise. » Un. rédacteur du Charivari,
'N Cli arles Joliet, a écrit, sans quitter sa cra-
ÎAte blanche, un volume intitulé: Huit jours
'en Danemark. Il y dit son fait à M. de Bis-
mark, et se livre à des considérations sur
l'avenir du Slesvig-Holstein ; mais il y relève
aussi des traits charmants. Ainsi, dans un
grand dîner, donné le 15 août, le manche
des côtelettes offertes aux Français est en-
touré de papillottes bleues, blanches et rou-
ges. L'âme de M. Joliet s'ouvre à cette atten-
tion. Alors un savant danois, M. Wilk Bier-
ring, lui dit: — Nos femmes sont comme ces
côtelettes: les fondes portent toujours les
couleurs françaises, teint blanc, œil bleu,
lèvres rouges.
A Constantinople, tel est le titre du volume
de Mme de Gasparin.
On y trouve non-seulement les paysages,
mais, ce qui est mieux, les hommes et les
mœurs de l'Orient. Parmi les légendes créées
par l'imagination des Arab"s, et transmises
par eux aux Turcs, j'en choisis une char-
mante, qui a trait au déluge. Noé, ici, est un
prophète, et l'arche n'est qu'un grand caïq,
sur lequel le prophète a sauvé son harem
et les animaux de la création :
Ce prophète était malheureux; car les
animaux se disputaient dans le caïq, et non-
seulément les animaux, mais aussi son ha-
rem. Il n'avait pas un moment de paix. Le
caïq, secoué par les querelles, menaçait de
chavirer ; chaque bête en faisait, à sa guise ;
le prophète ne savait à qui donner raison.
Pour comble de malheur, un rat, exaspéré
par la colère, se met, sans qu'on y prenne
garde, à ronger le plancher; il fait un trou.
Voilà le prophète bien embarrassé. L'eau
entre, le caïq enfonce ; il allait sombrer, quand
le serpent, très-avisé, rampe jusqu'aux pieds de
l'homme de Dieu, et il lui dit (dans ce temps-
là les bêtes -avaient la parole) :
« Si tu t'engages à me donner ce que je te
demanderai, je sauverai le caïq.
» — Tout ce que tu voudras! » répond le
prophète.
Le serpent alors, se roulant sur le trou, le
bouche hermétiquement.
On vide le caïq; il flotta longtemps.
Douze mois ont passé, la pluie a cessé, le
caïq s'est arrêté sur une haute montagne.
— Çà, dit le serpent, donne-moi ce que tu
m'as promis.
— Que veux-tu? fait le prophète.
— Je veux le meilleur sang qui soit sur la
terre.
— Ya Altah ! s'écrie le prophète, comment
puis-je connaître le meilleur sang qui soit sur
la terre ?
— Envoie un cousin : il ira, il sucera, il re-
viendra et nous le dira.
On envoie le cousin. Mais l'homme de Dieu,
craignant les ruses du serpent, dit à l'hiron-
delle : 0 Va voir un peu ce que fait le
cousin. » 1
L'hirondelle part, vole çà et là, et ren-
contre le coiisin qui revenait à tire d'aile :
— Mon frère, demanda l'hirondelle, quel
est le meilleur sang sur la terre?
— Celui ie l'homme.
— Ya Allah! montre-le-moi, que j'en goûte
un peu.
Le cousin tira sa langue afin de donner une
goutte du sang de l'homme. Crac! l'hiron-
delle a ferme le bec, la Tangue est coupée.
Sans langue le cousin ne peut plus parler.
Il vole, vole, en faisant : Bzzz 1 bzzz 1 jusqu'à
ce qu'il arrive devant le prophète. Le serpent
se tient là :
« Quel est le meilleur sang sur la terre?
demande-t-il.
— Bzzz, bzzz! » répond le cousin.
L'homme - de Dieu passe la main sur sa
barbe et sourit, le serpent se dresse :
« Dis-moi ^tout de suite, Sivri,-inèk, quel
est le meilleur sang ? ^ "
— Bzzz 1 bzzz ! bzzz 1 Il
Le serpent se courrouce, ses yeux s allu-
ment. Alors le prophète, prenant la parole :
a Sivrizinèk, je t'adjure, dis-nous quel est
le meilleur sang?
— Bzzz ! bzzz !
— Parleras-tu! » s'écrie le serpent furieux.
Le cousin ouvre la bouche et montre son pa-
lais, dépourvu de langue.
« Qui t'a fait cela ? »
Le Sivrizinèk montre l-'hirondelle. Alors le
serpent se lance, d'un coup de dent attrape
la queue de l'hirondelle ; l'hirondelle fuit,
elle laisse la moitié de sa queue aux dents du
serpent, et c'est pour cela qu'elle a la queue
fourchue....
| M. Emile Guimet, dans ses Croquis égyp- j
tiens, s'applique à rendre la réalité bien plus
que la poésie de l'Orient.
Exemple cette page de son journal :
« J'arrive à quatre heures à Alexandrie,
que je trouve, à ma grande stupéfaction,
transformée en Venise levantine, où chaque
rue a été changée en un canal plein d'une
bout; infecte et liquider Les chevaux en ont
jusqu'au poitrail et les voitures nagent comme
les gondoles de Saint Marc.
» C'est là l'effet des dernières pluies. On me
dira qu'il serait bien facile de paver la ville
pour éviter cet inconvenant; mais il paraît
que depuis Alexandré le Grand, son fonda-
teur. on n'en a pas trouvé le temns.
1, Quand on est en voiture ou à cheval, ça
va bien, on est éclaboussé tet voilà tout; mais
les gens du peuple, chargés, sur la tête, do
lourds fardeaux, marchent dans la bouc jus-
qu'à la ceinture.
» Les gamins s'y vautrent jusqu'au cou et
témoignent toute l'allégresse que nous éprou-
vions, étant enfants, lorsqu'apparaiscaient les
premières neiges.
» Les ordures et les animaux floùent là
dedans et donnent à la fange une puanteur
excessive... »
Il faut mettre en regard de ce tableau les
murs de Decariips, inondés de solei), et les
grands horizons roses de M. Th. Frère....
Les Européens connaissent le littoral da
Brésil, mais ils -ne connaissent pas le vrai
Brésil, qui est tout entier dans la forêt vie rge.
C'est là tout un monde, grandiose et mysté-
rieux, dont il est difficile de se faire une idée.
En de certains endroits, !e sol, toujours hu-
mide, bout, et, de cette fournaise s'élèvent
des troncs énormes et des plantes bizarres...
Vienne un orage du solstice, les routes, les
canaux, tout disparaît. Un vent furieux dis-
perse les travaux des hommes. Les monta-
gnes se fendent, et des pans s'écroulent.
Chaque année' quelque déluge vient renver-
ser les cabanes de l'Indien. Alors, il monte
dans sa pirogue., et se laisse aller au courant.
Bientôt il aborde un monticule ou une î e,
que des alluvions régentes, entremêlées de
terre, d'arbres et de roches, ont. improvisés
au milieu du fleuve.
(J D'étranges habitants peuplent déjà cette
| solitude. Les animaux les plus disparates y
ROCAMBOLE
mess=""N° 156 LES
PAR
PONSON OU TERRAIL
QUATRIÈME PARTIE
UN DRAME DANS LE SOUTWARK
XVII
Ce que ces hommes, dont, la. voix, était du
reste parfaitement inconnue à Smoking, disaient
entre eux, pouvait être tuut à fait insignifiant
pour lui et ne se rapporter ni à John Golden, ni
l l'homme gris, ni même à lui, Shoking.
A Londres, il y a toujours une certaine quan-
tité de vagabonds qui se trouvent sans gîte.
Comme on les traque dans les rues, et que
les policemen les conduisent aux postes de po-
lice, les uns se réfugient, dans les parcs et cou-
Voir le numéro du 22 Jiovô^bïe.
i
chent sur une branche d'arbre; les autres ne
dédaignent pas d'enjamber la clôture d'un cime-
tière et d'aller chercher un asile parmi les
morts.
Ces deux hommes qui causaient tout bas pou-
vaient donc appartenir à cette catégorie de gens
sans aveu qui ne trouvent ni feu ni abri, la nuit
venue.
Cependant, aux premiers mots qu'il entendit,
Shoking s'applaudit d'avoir prêté l'oreille.
L'un de ces deux hommes disait.
— Vois-tu, je suis sûr de ce que j'avance.
— Tu crois qu'on l'a caché dans Rotherithe?
— Oui.
— Mais comment peux-tu le savoir?
— J'étais devant Newgate la nuit même de
i'ex.ccLit.ion, et je vais tJ dire comment j'y
étais...
— Voyons ?
Je n'ai jamais manqué d'aller voir pendre
depuis dix; ans.
Pur CUll;;t;quent, je m'étais nus en route dès
six heures du s• iir.
Voilà "ue, dans Farringdon road, je trouve
tant de inonde, mais tant de monde, que je me
doute (ju il y a quelque chose d'extraordinaire.
Puis j'entends parler le patois des côtes d'Ir-
lande, Que ie comprends et que je parle moi-
même très-bien, attendu que, lorsque j'étais
matelot, je suis resté deux ans à Cork.
La foule marchait et je me laissais entraîner
par elle ; un homme m'&dressa la pârole en ir-
landais et me dit :
— A-t-on donné le signât ?
Je réponds à tout hasard et dans la même
langue :
— Pas encore.
Mon interlocuteur reprend :
— C'est du haut de Saint-Pau!, n'est-ce pas?
— Je crois que oui.
Emporté par la foule, je me trouve dans Old
bailey.
— Ça fait que tu as tout vu?
— Tout, et j'ai suivi la foule quand elle s'est
retirée, emportant le pendu qui avait perdu
connaissance. Je crois bien qu'il n'y avait que
moi d'Anglais dans tout ce monde. ;
— Mais comment sai,;-tu ?..
— Attends donc ! Les policemen bousculés, j
les Irlandais sont descendus au pas de course
vers !a Tamise ; comme j'étais au'milieu d'éux,
j'ai été porto par le flut, et j'ai pu voir quatre
grands gaHtards sauter dar.s une barque, y
coucher le pendu et pousser au large.
— ç3. ne prouve encore rien.
—- Mais si, car la barque a pris la dériva et
le l'ai suivie Ch,,; vaux
— Dans la direction de Rotherithe?
— Oui.
— Mais qui te dit qu'elle s'y est arrêtée ?
— Attends encore... Le lendemain, je des-
cends à Charring cross et je prends Ir. penny-
bcat pour m'en aller à Greenwich. Nous tou-
chons à London-Bri'lge, et voilà que, parmi les
passagers qui montent à bord, je reconnais un
des quatre hommes qui avaient emporté le pendu
dans la bârque. j ^ .
Quand le penny-boat abouché à Rotiierithe,
cet homme est descendu. '
— Et tu n'as pas eu l'idée de le suivre?
— Non, parce que je n'avais pas encore lu
dans les journaux qu'il y avait une prime de
cent livres pour qui découvrirait l'endroit où on
a caciié t", condamné.
Mais quand j'ai su cela, je me suis dit que le ,
pendu devait être à Rotherithe et qu'un jour ou
l'autre je retrouverais mon grand Irlandais, que
je le suivrais -alors... et que je finirais bien
par découvrir LÜl'etrai te de John Golden.
— Et c'est pour cela que nous passons ici les
nuits et lea.jour??
— Oui.
— Jusqu'à présent nous n'avons rien va...
rien trouvé..,
— Patience t ceia.viendra.
Shoking n'en entendit gas davantage : il était
uxe.
JOURNAL QUOTIDIEN -
5 cent. le numéro
5 Cêisî. le numéro
ABONNEMENTS. — Trois mois. Six mois. Un an.
Paris 5 fr. 9 fr. 48 fr.
Départements.. 6 fll 88
Administrateur : E. DELSAUX.
3me année. — LUNDI 4 3 AVRIL 1968. — ]S0 725
Directeur-Propriétaire : JAN NIN.
Rédacteur en chef : A. DE BALATHIBR BRAGELONNE.
BUREAUX D'ABONNEMENT : 9. rue Drouot.
- ADMINISTRATION : 13, place Breda. 1
PARIS, 12 AVRIL 1868.
LES VOYAGEURS DE L'ANNÉE
M. Gustave Vapereau vient abspi^ersto:,
dixième Année littéraire. L'Année ïïtWrutfe,
on le sait, cst une revue très-consciencieuse
eUrès-complète des livres parus et des p1è":
ces représentées. Poésie, nom an, théâtre,
critiqnc, sciences, journalisme même, tous les
genres ont leur place dans ce recueil, œuvre
d'un esprit à la fois indépendant et bienveil-
lant. Pour ma part, je consulte toujours l'An-
née littéraire, afin de voir, parmi les bons
ouvrages dont elle donne les titres, ceux que
j'ai oublié d'acheter et de lire.
A dire vrai, c'est an chapitre « Voyages »
;u!' je vais tout d'abord. Plus ma vie devient
sédentaire, plus j'ai plaisir h écouter les gens
.Iiii reviennent de loin. Un voyageur est pres-
que un ami pour moi. Je le suis par la pensée.
— Que fait-il en ce moment? Que voit-il? De
quelles aventures est-il le béros? Le Bulletin
de- la Société de Géographie, le Tour du
Munde, toutes les relations spéciales, sont
sans cesse sur ma table, et, quand l'occasion
s'en présente, ebers lecteurs, vous savez avec
quel empressement je vous parle excursions
lointaines, naufrages et pays inconnus.
Donc, mon Année littéraire à la main, j'ai
passé en revue les voyageurs de 1867, et je
me suis intéressé tour à tour à chacun d'eux.
J'ai traversé le Danemark avec M. Charles
Joliet, la Turquie avec Mme Oe Gasparin; j'ai
visité l'Egypte avec M. Emile Guimet, le Mexi-
que avec M. Domenech, le Brésil avec lU.
d'Assier. M. Simonin m'a emmené en Cali-
fornie, dans i'i'e Maurice et dans la presqu'île
ci'Aden. M. Max. Radiguet m'a raconté les
mœurs,des îles Marquises, et j'ai éprouvé un
véritable chagrin à voir que le Sir Backer a
passé cinq années sans pouvoir découvrir les
véritables sources du Nil.
Au mois d'août dernier, deux députés
français et une douzaine de journalistes sont
ailés passer huit jours à Copenhague. Ils
étaient invités par la presse danoise. Un co-
mi'.é danois, composé d'anciens ministres, de
députés, de prof'.sseurs, de négociants, de
banquiers et d'écrivains, les a solennellement
reçus. On comptait, au départ, faire une par-
de plaisir, on s'est trouvé, à l'arrivée,
. "laticé dans tout le tra la la d'une cérémonie
voffijpielle. Cela a pris un nom: a La semaine
,f.ffI. çaise. » Un. rédacteur du Charivari,
'N Cli arles Joliet, a écrit, sans quitter sa cra-
ÎAte blanche, un volume intitulé: Huit jours
'en Danemark. Il y dit son fait à M. de Bis-
mark, et se livre à des considérations sur
l'avenir du Slesvig-Holstein ; mais il y relève
aussi des traits charmants. Ainsi, dans un
grand dîner, donné le 15 août, le manche
des côtelettes offertes aux Français est en-
touré de papillottes bleues, blanches et rou-
ges. L'âme de M. Joliet s'ouvre à cette atten-
tion. Alors un savant danois, M. Wilk Bier-
ring, lui dit: — Nos femmes sont comme ces
côtelettes: les fondes portent toujours les
couleurs françaises, teint blanc, œil bleu,
lèvres rouges.
A Constantinople, tel est le titre du volume
de Mme de Gasparin.
On y trouve non-seulement les paysages,
mais, ce qui est mieux, les hommes et les
mœurs de l'Orient. Parmi les légendes créées
par l'imagination des Arab"s, et transmises
par eux aux Turcs, j'en choisis une char-
mante, qui a trait au déluge. Noé, ici, est un
prophète, et l'arche n'est qu'un grand caïq,
sur lequel le prophète a sauvé son harem
et les animaux de la création :
Ce prophète était malheureux; car les
animaux se disputaient dans le caïq, et non-
seulément les animaux, mais aussi son ha-
rem. Il n'avait pas un moment de paix. Le
caïq, secoué par les querelles, menaçait de
chavirer ; chaque bête en faisait, à sa guise ;
le prophète ne savait à qui donner raison.
Pour comble de malheur, un rat, exaspéré
par la colère, se met, sans qu'on y prenne
garde, à ronger le plancher; il fait un trou.
Voilà le prophète bien embarrassé. L'eau
entre, le caïq enfonce ; il allait sombrer, quand
le serpent, très-avisé, rampe jusqu'aux pieds de
l'homme de Dieu, et il lui dit (dans ce temps-
là les bêtes -avaient la parole) :
« Si tu t'engages à me donner ce que je te
demanderai, je sauverai le caïq.
» — Tout ce que tu voudras! » répond le
prophète.
Le serpent alors, se roulant sur le trou, le
bouche hermétiquement.
On vide le caïq; il flotta longtemps.
Douze mois ont passé, la pluie a cessé, le
caïq s'est arrêté sur une haute montagne.
— Çà, dit le serpent, donne-moi ce que tu
m'as promis.
— Que veux-tu? fait le prophète.
— Je veux le meilleur sang qui soit sur la
terre.
— Ya Altah ! s'écrie le prophète, comment
puis-je connaître le meilleur sang qui soit sur
la terre ?
— Envoie un cousin : il ira, il sucera, il re-
viendra et nous le dira.
On envoie le cousin. Mais l'homme de Dieu,
craignant les ruses du serpent, dit à l'hiron-
delle : 0 Va voir un peu ce que fait le
cousin. » 1
L'hirondelle part, vole çà et là, et ren-
contre le coiisin qui revenait à tire d'aile :
— Mon frère, demanda l'hirondelle, quel
est le meilleur sang sur la terre?
— Celui ie l'homme.
— Ya Allah! montre-le-moi, que j'en goûte
un peu.
Le cousin tira sa langue afin de donner une
goutte du sang de l'homme. Crac! l'hiron-
delle a ferme le bec, la Tangue est coupée.
Sans langue le cousin ne peut plus parler.
Il vole, vole, en faisant : Bzzz 1 bzzz 1 jusqu'à
ce qu'il arrive devant le prophète. Le serpent
se tient là :
« Quel est le meilleur sang sur la terre?
demande-t-il.
— Bzzz, bzzz! » répond le cousin.
L'homme - de Dieu passe la main sur sa
barbe et sourit, le serpent se dresse :
« Dis-moi ^tout de suite, Sivri,-inèk, quel
est le meilleur sang ? ^ "
— Bzzz 1 bzzz ! bzzz 1 Il
Le serpent se courrouce, ses yeux s allu-
ment. Alors le prophète, prenant la parole :
a Sivrizinèk, je t'adjure, dis-nous quel est
le meilleur sang?
— Bzzz ! bzzz !
— Parleras-tu! » s'écrie le serpent furieux.
Le cousin ouvre la bouche et montre son pa-
lais, dépourvu de langue.
« Qui t'a fait cela ? »
Le Sivrizinèk montre l-'hirondelle. Alors le
serpent se lance, d'un coup de dent attrape
la queue de l'hirondelle ; l'hirondelle fuit,
elle laisse la moitié de sa queue aux dents du
serpent, et c'est pour cela qu'elle a la queue
fourchue....
| M. Emile Guimet, dans ses Croquis égyp- j
tiens, s'applique à rendre la réalité bien plus
que la poésie de l'Orient.
Exemple cette page de son journal :
« J'arrive à quatre heures à Alexandrie,
que je trouve, à ma grande stupéfaction,
transformée en Venise levantine, où chaque
rue a été changée en un canal plein d'une
bout; infecte et liquider Les chevaux en ont
jusqu'au poitrail et les voitures nagent comme
les gondoles de Saint Marc.
» C'est là l'effet des dernières pluies. On me
dira qu'il serait bien facile de paver la ville
pour éviter cet inconvenant; mais il paraît
que depuis Alexandré le Grand, son fonda-
teur. on n'en a pas trouvé le temns.
1, Quand on est en voiture ou à cheval, ça
va bien, on est éclaboussé tet voilà tout; mais
les gens du peuple, chargés, sur la tête, do
lourds fardeaux, marchent dans la bouc jus-
qu'à la ceinture.
» Les gamins s'y vautrent jusqu'au cou et
témoignent toute l'allégresse que nous éprou-
vions, étant enfants, lorsqu'apparaiscaient les
premières neiges.
» Les ordures et les animaux floùent là
dedans et donnent à la fange une puanteur
excessive... »
Il faut mettre en regard de ce tableau les
murs de Decariips, inondés de solei), et les
grands horizons roses de M. Th. Frère....
Les Européens connaissent le littoral da
Brésil, mais ils -ne connaissent pas le vrai
Brésil, qui est tout entier dans la forêt vie rge.
C'est là tout un monde, grandiose et mysté-
rieux, dont il est difficile de se faire une idée.
En de certains endroits, !e sol, toujours hu-
mide, bout, et, de cette fournaise s'élèvent
des troncs énormes et des plantes bizarres...
Vienne un orage du solstice, les routes, les
canaux, tout disparaît. Un vent furieux dis-
perse les travaux des hommes. Les monta-
gnes se fendent, et des pans s'écroulent.
Chaque année' quelque déluge vient renver-
ser les cabanes de l'Indien. Alors, il monte
dans sa pirogue., et se laisse aller au courant.
Bientôt il aborde un monticule ou une î e,
que des alluvions régentes, entremêlées de
terre, d'arbres et de roches, ont. improvisés
au milieu du fleuve.
(J D'étranges habitants peuplent déjà cette
| solitude. Les animaux les plus disparates y
ROCAMBOLE
mess=""N° 156 LES
PAR
PONSON OU TERRAIL
QUATRIÈME PARTIE
UN DRAME DANS LE SOUTWARK
XVII
Ce que ces hommes, dont, la. voix, était du
reste parfaitement inconnue à Smoking, disaient
entre eux, pouvait être tuut à fait insignifiant
pour lui et ne se rapporter ni à John Golden, ni
l l'homme gris, ni même à lui, Shoking.
A Londres, il y a toujours une certaine quan-
tité de vagabonds qui se trouvent sans gîte.
Comme on les traque dans les rues, et que
les policemen les conduisent aux postes de po-
lice, les uns se réfugient, dans les parcs et cou-
Voir le numéro du 22 Jiovô^bïe.
i
chent sur une branche d'arbre; les autres ne
dédaignent pas d'enjamber la clôture d'un cime-
tière et d'aller chercher un asile parmi les
morts.
Ces deux hommes qui causaient tout bas pou-
vaient donc appartenir à cette catégorie de gens
sans aveu qui ne trouvent ni feu ni abri, la nuit
venue.
Cependant, aux premiers mots qu'il entendit,
Shoking s'applaudit d'avoir prêté l'oreille.
L'un de ces deux hommes disait.
— Vois-tu, je suis sûr de ce que j'avance.
— Tu crois qu'on l'a caché dans Rotherithe?
— Oui.
— Mais comment peux-tu le savoir?
— J'étais devant Newgate la nuit même de
i'ex.ccLit.ion, et je vais tJ dire comment j'y
étais...
— Voyons ?
Je n'ai jamais manqué d'aller voir pendre
depuis dix; ans.
Pur CUll;;t;quent, je m'étais nus en route dès
six heures du s• iir.
Voilà "ue, dans Farringdon road, je trouve
tant de inonde, mais tant de monde, que je me
doute (ju il y a quelque chose d'extraordinaire.
Puis j'entends parler le patois des côtes d'Ir-
lande, Que ie comprends et que je parle moi-
même très-bien, attendu que, lorsque j'étais
matelot, je suis resté deux ans à Cork.
La foule marchait et je me laissais entraîner
par elle ; un homme m'&dressa la pârole en ir-
landais et me dit :
— A-t-on donné le signât ?
Je réponds à tout hasard et dans la même
langue :
— Pas encore.
Mon interlocuteur reprend :
— C'est du haut de Saint-Pau!, n'est-ce pas?
— Je crois que oui.
Emporté par la foule, je me trouve dans Old
bailey.
— Ça fait que tu as tout vu?
— Tout, et j'ai suivi la foule quand elle s'est
retirée, emportant le pendu qui avait perdu
connaissance. Je crois bien qu'il n'y avait que
moi d'Anglais dans tout ce monde. ;
— Mais comment sai,;-tu ?..
— Attends donc ! Les policemen bousculés, j
les Irlandais sont descendus au pas de course
vers !a Tamise ; comme j'étais au'milieu d'éux,
j'ai été porto par le flut, et j'ai pu voir quatre
grands gaHtards sauter dar.s une barque, y
coucher le pendu et pousser au large.
— ç3. ne prouve encore rien.
—- Mais si, car la barque a pris la dériva et
le l'ai suivie Ch,,; vaux
— Dans la direction de Rotherithe?
— Oui.
— Mais qui te dit qu'elle s'y est arrêtée ?
— Attends encore... Le lendemain, je des-
cends à Charring cross et je prends Ir. penny-
bcat pour m'en aller à Greenwich. Nous tou-
chons à London-Bri'lge, et voilà que, parmi les
passagers qui montent à bord, je reconnais un
des quatre hommes qui avaient emporté le pendu
dans la bârque. j ^ .
Quand le penny-boat abouché à Rotiierithe,
cet homme est descendu. '
— Et tu n'as pas eu l'idée de le suivre?
— Non, parce que je n'avais pas encore lu
dans les journaux qu'il y avait une prime de
cent livres pour qui découvrirait l'endroit où on
a caciié t", condamné.
Mais quand j'ai su cela, je me suis dit que le ,
pendu devait être à Rotherithe et qu'un jour ou
l'autre je retrouverais mon grand Irlandais, que
je le suivrais -alors... et que je finirais bien
par découvrir LÜl'etrai te de John Golden.
— Et c'est pour cela que nous passons ici les
nuits et lea.jour??
— Oui.
— Jusqu'à présent nous n'avons rien va...
rien trouvé..,
— Patience t ceia.viendra.
Shoking n'en entendit gas davantage : il était
uxe.
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