Titre : La Petite presse : journal quotidien... / [rédacteur en chef : Balathier Bragelonne]
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1868-04-11
Contributeur : Balathier Bragelonne, Adolphe de (1811-1888). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32837965d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 11 avril 1868 11 avril 1868
Description : 1868/04/11 (A3,N723). 1868/04/11 (A3,N723).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k47177255
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-190
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 23/10/2017
LA PETITE PRESSE
% cent. le numéro 1
JOURNAL QUOTIDIEN -
3 cent, Je numéro
ABONNEMENTS. — Trois mois Six mois. tin an.
Paris 5 fr, 9 fr. i8 fr.
Départements.. O t 1
Administrateur : E. DELSAUX. es
3me année. — SAMEDI 1. AVRIL 1'868. — IV 723
1
i
Directeur-Propriétaire : J A N l'i I N.
Rédacteur en chef: A. DE BALATlIU.n. BT.AGELONS S-
BUREAUX 0 ABONNEMENT : 9, S>s*oaAot
ADMINISTRATION : 13, place Broda.
PARIS, 10 AVRIL 1868.
LA SEMAINE SAINTE A ROME
-
Partout, cette semaine, la WNçatbQligye' se,
manifeste par des fêtes, des soîfrwutls^^tës
prières.
La petite église de village se revêt de deuil
et s'illumine tour à tour, comme la cathédrale
et la basilique.
Mais c'est surtout à Rome, où siége le chef
de la chrétienté, que les spectacles sacrés
nous apparaissent dans toute leur grandeur
et toute leur poésie. 4
Ces fêtes ont été décrites autant de fois
peut-être qu'elles ont été célébrées. Pourtapt
elles conservent toujours un vif intérêt.
« Les choses, comme les âmes, — a dit un
voyageur, — puisent la vertu de rester jeunes
dans la conscience d'être éternelles. »
Ce voyageur, M. Jules Amigues, dans son
beau volume. des Fêtes Romaines, a minu-
tieusement décrit les pratiques de la Semaine
sainte.
C'est le dimanche des Rameaux que la cour
pontificale déroule pour la première fois, sous
les voûtes de Saint-Pierre, son cortège magni-
fique. Le pape fnitla distribution des palmes
derrière le maître-autel. Il en reni-et-*-tmttitr-
sacré collège, à la prélaturr, au corps diplo-
matique, à une. foule d'officiers romains et
étrangers. La procession défile ensuite autour
de la grande nef, tous les ecclésiastiques pré-
cédant le pape, et tous les laïques le suivant.
-Le pape'est porté sur« lachaise gestatoriale»;
il a une chape rouge, une mitre de toile d'ar-
gent ; de la main gauche, gantée de blanc, il
tient la palme ; de la droite, il bénit...
Le lundi et le mardi, Rome n'est qu'une
immense foire aux jambons. La foule des
pèlerins encombre les rues et les. boutiques.
.Un grand bourdonnement remplit la ville: les
piflerari sont descendus de leurs montagnes
pour venir, dans les carrefours, psalmodier
des prières à la madone.
Le mercredi, ténèbres à la chapelle Sixtine,
st matines au chapitre, de Saint-Pierre.
Les fêtes à proprement dire commencent le
jeudi. v
- -I
\ Ce jour-là, Rome est pleine de livrées. dé'
carrosses, d'uniformes et de dentelles v i
]Le pape assiste à la messe dans la chapelle
S xtine, puis il suit le Saint-Sacrement quel
j/on porte dans une chapelle voisine, et if
vient, pontificalement vêtu, donner la bénér
diction urbi et orbi, c'est-à-dire à la ville et
au monde, du haut du balcon central de ta
façade de Saint-Pierre. La place est couverte
de peuple. Quelques bataillons de troupes
sont alignés; des files, de voitures stationnent
aux extrémités.... Ï:
Le pape apparaît, sous un dais de (lain
blanc. Pendant vingt minutes, il écoute ass^
la lecture d'une bulle publiée par le pnitè
Paul III, en lo26, tout en considérant tran-
quillement le spectacle dr, la .place. La leè-
ture terminée, il se dresse; il lève les bris
au ciel, et donne la bénédiction, en figurait
une croix delà main droite, vers le milieu
de la place d'abord, puis à droite et à gauche
Sa voix résonne dans le silence. Un souffle
pieux court sur la foule, et l'on entend
monter le murmure de la prière..... -
La cérémonie du lavement des pieds suk
la bénédiction.
« Au fond d'une chapelle, entre les dcnx
colonnes de l'autei, f,ú dresse ie siège du pape,
élevé sur un échafaudage à plusieurs gradins
à droite et à gauche, il y a des bancs .garnie'
de tapis pour les cardinaux; à droi!e,1e Ion
de la paroi', se trouve le banc occupé parler
"treize apfîîrPs auxqiîthrte pape doit laver tes
pieds. Au-dessus,la paroi est recouverte d'une
tapisserie reproduisant la Chic, de Léonard
de Vinci. Tout le reste de l'enceinte est éga-
lement tondu, de riches tapisseries. Vis-à-
vis du banc des apôtres sont disposées des
tri bu ires pour le corps diplomatique, les
princes romains, !es damps et les personna-
ges de distinction; au milieu est ménagée
une enceinte, où ne sont admis que les
hommes en habit noir, sans que d'ailleurs
on exige d'eux aucune - carte d'entrée. Les
treize apôtres sont ordinairement des li-êtfes
étrangers, le plus souvent désignés par les
ambassadeurs ou par des cardinaux. Il.- sont
vêtus d'une robe de laine blanche à pare-
ments de soie blanche, chaussés de souliers
blancs, et ont sur la tête u'\ bonnet de laine
blanche, "0 forme de cône tronqué, terminé
par une houppe...
jd Le pape arrive en grand cortège. 11 prend
place sur le trône, bénit l'encens, et l'on chante
l'évangile en rapport avec la circonstance. Puis
le pontife, quittant la chape, ceint une sorte
de tablier de toile blanche,- orné de dentelles,
et procède au lavement des pieds. Chacun des
apôtres, à l'approche du pape, avance -son
pied droi', dépouillé d'avance. Le pane vr-rse
de l'eau, essuie le pied et le baise. Un csmé-
rier tient un bassin de vermeil, un autre
l'aiguière ; deux autres portent dans des bas-
pins, l'un treize serviettes, l'autre treize bou-
quets do fleufs, Chaque apôtre reçoit des
mains du pape sa serviette et son bouquet;
I puis vient Mgr le trésorier, qui donne à cha
[ cun aussi une médaille d'or et une d'argent
| à titre de souvenir. Des prières, une proces-
[ sion, et le repas de la Cène terminent la
journée... »
Pourquoi treize apôtres, (lt non Giol.ZC ? se
demande-t-on..
L'Eglise répond : — Le treizième apôtre
j représente sain! Paul.
Mais une autre opinion veut qu'il figure le
maître de la maison où Jésus fit la cène; et
une autre encore, que ce treizième apôtre 1
symholi,-e Madcioine, discin'e féminin du
Christ...
Le Vendruli-S::int, le pape assiste à la
messe des présauctifics. ainsi nommée parce
que le pain et le vin qui servent à l'office
ont été consac-rés dès la veille : les législa-
fcnl's ecclésiastiques onTjugé qu'il ne devait
■ point y avoir de consécration possible le jour
de la mort dt) Jé-us.
Le 'SJmedi-Sa;nl, bénédiction du .feu et de
l'eau à Suint-Je:w-de-LÜr:m, par le cardinal-
\'ir.air:;; bn pleine des innocents an baptistère
de Constantin. il y a peu de monde dans les
rues; on se repose et i'o:i prie...
11 faut lifp, dans 1^ Voyage en Italie
j d'Hippolyte Taine, le récit de lu journée de
Pâques. Lit seulement on retrouvera bien l'im-
pression pittoresque que produit un spectacle
unique au monde, celui de Saint-Pierre en-
vahi par les fidèles :
La foule couvre ¡out, la place., les escaliers,
les portiques, et s'engoullre a\ec un bour-
donnement prolongé dans l'imme.i.::ité (b
basilique.
Dans cet océan humain, de lentes ondu-
lations se d.vcbp;.eat et se brisent; devant
\
la statue de saint Pierre, le flot vance et re-
cule sous le reflux des vagues précédentes. Les
froissements et les tassements serr.ent et des-
serrent à chaque instant le désordre mouvant
des mélées; une tumultueuse et bruissante
confusion de pas, de frôlements, de paroles
roule entre les grandes murailles, et, dans les
hauteurs, au-dessus de cette agitation et de
ce murmure, on aperçoit les pacifiques ron-
deurs des voûtes, le vide lumineux des dômes,
c't les étages de bordures, d'ornements, de
statues qui vont se superposant pour combler
l'aMme tournoyant de la coupole.
Dans cette mer de corps et de têtes, une
double ligne de soldats, de chantres, d'enfants
de chœur, forme un lit où coule pompeuse-
mc'tt le cortège solennel : d'abord les gardes
nobles, rouges et biaqps, le casque en tête;
puis des camériers fouges, plus loin des pré.,
lats violets, puis les maîtres de cérémonies
en pourpoint et manteau noir, ensuite les
cardinaux, enfin le souverain pontife, porté
par des.ürohtes dans un fauteuil de velours
rouge broché d'or, lui-même en long habit
brodé d'or et portant sur la tête la tiare d'or
,à triple étage, Des éventails de plumes d'au-
truche flot ent autour de lui. Il a l'air bon,
affcciue.ix; sa belle ligure pâle est celle d'un
malade. Il donne doucement la bénédiction
avec un doux sourire.
Les chantres et les soldats causent gaie-
ment un ins'aiit avant son passage; mais tes
gens du peuple, les p':y-ans qui sont là regar-
dent comme s'ils voyaient Dieu le Père. Il
faut contempler leurs figures, surtout devant
litffertèe Piecro. ns affluent tour à
tour en s'élouflam pour baiser le pied de
bronze qui maintenant est tout usé; ils le
caressent, il - y collent leur front ; beaucoup
d'cntre CIJX, pour venir, ont fait à pied dix ou
douze mi!'c:i, et ne savent pas où ils couche-
l'ont. Quelques-uns, alourdis par le change-
ment d'a'i?, dorment debout contre un pilier,
et leurs f m mes les pou sent du coude. Plu-
sieurs ont une têtc de statue romaine, le front
bas, les traits a:lguli.'ux, l';.ir sombre et dur ;
d'antres, le visage régulier, l'ample b:ll'be,
le beau coloris chaud, les cheveux naturelle-
ment frisés des peintures de la Renaissance.
On n'imagine pas une race plus forte et plus
inculte. Leurs costumes sont étranges : vieilles
casaques en peaux de bique ou de mouton,
guêtres de cuir, manteaux bleuâtres cent fois
trempes par la pluie, sandales de peaux comme
aux temps primitifs...
On dirait les anciens soldats de Papirius...
ROCAMBOLE
mess=""No 154 LES
MISÈRES DE LONDRES
PAR
PONSON DU TERRAIL
QUATRIÈME PARTIE
UN DRAME DANS LE SOUTWARK
XV
Le Borough est le quartier situé sur la rive
droite de la Tamise, qu'on trouve au bout du
pont de Londres.
A l'ouest s'étend le Southwark ; à l'est, tou-
jours sur III même rive, Rotherithe.
Très-bruyant le jour, ce quartier est noir et
silencieux la nuit.
Au delà des larges voies qui rayonnent à l'en-
Voir le numéro du 22 novembre.
tour de la gare de London-Bridge, on trouve des
ruelles étroites et sombres dans lesquelles vit .
une population industrieuse et interlope.
Il y a une rue., dont les maisons sont hautes
et noires, qui est pleine de fripiers.
Le fripier ferme sa boutique fort tard ; cela
tient peut-être tl cërque les gens qui ont recours
à lui, et que retient une certaine hont?, prSfù*
rent s'alier affubler la nuit des habits d'occa-
sion dont ils ont besoin.
Shoking, par exemple, n'avait pas de tels
préjugés, et s'il eÙt eu besoin de se vêtir en
gentleman, il serait tout aussi bien entré chez
son ami Sam en plein jour et au grand soleil.
Donc, si Shoking entra dans la rue des fri-
piers à dix heures du soir et alla frapper à la
porte de Sam, c'est que ses vêtements étaient
ruisselants et qu'il avait absolument besoin d'en
changer.
Sam est l'abréviation familière de Samuel.
Celui qui portait ce nom était un petit juif
entre deux 6ges qui faisait plus d'un métier.
Il était fripier, prêteur d'argent, expert en
matières d'or et d'argent, et il avait inventé un
outil pour percer les perles.
Avec tout cela, il n'était pas riche, en dépit
des commérages du quartier, qui le croyait mil-
lionnaire, et le plus clair de son bien était une
jolie. fille du nom de Katt, qui trônait dans sa
. boutique, depuis le xnatiîi jusqu'au soir.
Katt, était la fille unique de Sim, qui était veuf
depuis longues :'.1111\;03.
Elle savait at'.irer les chaland-, retenir les in-
décis et ies dcci ipr à achcLer, pousser a la dé-
pense ceux don', Il bourse paraissait .1;en gar-
nie, et le vieux juif avait coutume de dire que
Katt était sa meilleure marchandise.
Ce fut donc à IJ. porte de Sam que s'en alla
frapper Shoking.
Sam était absent; il s'en était allé dans Hay-
Markett acheter la défroque d'un gentleman qui
partait pour les It!d"s.
Katt était seule.
Elle connaissait Slnki;J3.pour l'avoir vu, tout
dernièrement, s'nabnier des pieds à la tête avec
l'argent de lord rai mure.
— Bonjour, g?n.tlercan, lui dit-elle.
Shoking fut évidemment flatté de l'appella-
tion et il répondit:
— Bonsoir, mi s Katt, vous c es vraiment
aussi jolie que la fille d'un. l;rd de Belgrave-
square.
Puis il s'approcha du comptoir,sur lequel bru-
lait une petite lampe à esprit-de-vin, dont les
rayons tombèrent. vnr s"'s habits ruisselants et |
couverts de bojire en maint endroit. )
— Ah 1 mon Dieu! fit la jeune fille, que vous
arrive-t-il dorre, norfisieur Shok ng ?
— He!as ! un malheur, comme vous voyez. Je
suis tombé dans la. Tamise et j'ai failli me
noyer-.
— Vous êtes tombé dans la Tamise?
— Oui. J'avais peut-être trop bien dîné et je
ne marchais pas très-droit en sortant de la ta-
verne de la Tempérance, qui est bien celle do
Londres où on se grise le plus facilement. J'ai
traversé la Cité, je suis descendu par Serraoa- >
lane pour gagner le bateau-ponton et attjwTctre . .
le penny-bout. Il faisait très-noir et, dj&sat au. '
lieu démettre le pied sut: le ponton...
— Vous l'ayez mis ^ côté?
— Justement.
— Et vous êtes tombé à l'eau ?
— Comme vouéi la dites, ma jolie Katt. C'est
pourquoi vous me voyez ici à pareille heure.
Vous pensez ^>ien que je ne puis rester ainsi.
— Ohl certainement non.
Et tout en écoutant Shoking, Katt jetait un
coup d'roi: sur la coupe de ses habits et sa
di sait.
— Voilà qui ne sort pas de notre boutique.
Il parait qu'il a fait fortune-, ce bon Shoking..,
Puis tout haut etavçt» quelque embarras,:
— Je ne gais vpAment, monsieur Sho&igg^
% cent. le numéro 1
JOURNAL QUOTIDIEN -
3 cent, Je numéro
ABONNEMENTS. — Trois mois Six mois. tin an.
Paris 5 fr, 9 fr. i8 fr.
Départements.. O t 1
Administrateur : E. DELSAUX. es
3me année. — SAMEDI 1. AVRIL 1'868. — IV 723
1
i
Directeur-Propriétaire : J A N l'i I N.
Rédacteur en chef: A. DE BALATlIU.n. BT.AGELONS S-
BUREAUX 0 ABONNEMENT : 9, S>s*oaAot
ADMINISTRATION : 13, place Broda.
PARIS, 10 AVRIL 1868.
LA SEMAINE SAINTE A ROME
-
Partout, cette semaine, la WNçatbQligye' se,
manifeste par des fêtes, des soîfrwutls^^tës
prières.
La petite église de village se revêt de deuil
et s'illumine tour à tour, comme la cathédrale
et la basilique.
Mais c'est surtout à Rome, où siége le chef
de la chrétienté, que les spectacles sacrés
nous apparaissent dans toute leur grandeur
et toute leur poésie. 4
Ces fêtes ont été décrites autant de fois
peut-être qu'elles ont été célébrées. Pourtapt
elles conservent toujours un vif intérêt.
« Les choses, comme les âmes, — a dit un
voyageur, — puisent la vertu de rester jeunes
dans la conscience d'être éternelles. »
Ce voyageur, M. Jules Amigues, dans son
beau volume. des Fêtes Romaines, a minu-
tieusement décrit les pratiques de la Semaine
sainte.
C'est le dimanche des Rameaux que la cour
pontificale déroule pour la première fois, sous
les voûtes de Saint-Pierre, son cortège magni-
fique. Le pape fnitla distribution des palmes
derrière le maître-autel. Il en reni-et-*-tmttitr-
sacré collège, à la prélaturr, au corps diplo-
matique, à une. foule d'officiers romains et
étrangers. La procession défile ensuite autour
de la grande nef, tous les ecclésiastiques pré-
cédant le pape, et tous les laïques le suivant.
-Le pape'est porté sur« lachaise gestatoriale»;
il a une chape rouge, une mitre de toile d'ar-
gent ; de la main gauche, gantée de blanc, il
tient la palme ; de la droite, il bénit...
Le lundi et le mardi, Rome n'est qu'une
immense foire aux jambons. La foule des
pèlerins encombre les rues et les. boutiques.
.Un grand bourdonnement remplit la ville: les
piflerari sont descendus de leurs montagnes
pour venir, dans les carrefours, psalmodier
des prières à la madone.
Le mercredi, ténèbres à la chapelle Sixtine,
st matines au chapitre, de Saint-Pierre.
Les fêtes à proprement dire commencent le
jeudi. v
- -I
\ Ce jour-là, Rome est pleine de livrées. dé'
carrosses, d'uniformes et de dentelles v i
]Le pape assiste à la messe dans la chapelle
S xtine, puis il suit le Saint-Sacrement quel
j/on porte dans une chapelle voisine, et if
vient, pontificalement vêtu, donner la bénér
diction urbi et orbi, c'est-à-dire à la ville et
au monde, du haut du balcon central de ta
façade de Saint-Pierre. La place est couverte
de peuple. Quelques bataillons de troupes
sont alignés; des files, de voitures stationnent
aux extrémités.... Ï:
Le pape apparaît, sous un dais de (lain
blanc. Pendant vingt minutes, il écoute ass^
la lecture d'une bulle publiée par le pnitè
Paul III, en lo26, tout en considérant tran-
quillement le spectacle dr, la .place. La leè-
ture terminée, il se dresse; il lève les bris
au ciel, et donne la bénédiction, en figurait
une croix delà main droite, vers le milieu
de la place d'abord, puis à droite et à gauche
Sa voix résonne dans le silence. Un souffle
pieux court sur la foule, et l'on entend
monter le murmure de la prière..... -
La cérémonie du lavement des pieds suk
la bénédiction.
« Au fond d'une chapelle, entre les dcnx
colonnes de l'autei, f,ú dresse ie siège du pape,
élevé sur un échafaudage à plusieurs gradins
à droite et à gauche, il y a des bancs .garnie'
de tapis pour les cardinaux; à droi!e,1e Ion
de la paroi', se trouve le banc occupé parler
"treize apfîîrPs auxqiîthrte pape doit laver tes
pieds. Au-dessus,la paroi est recouverte d'une
tapisserie reproduisant la Chic, de Léonard
de Vinci. Tout le reste de l'enceinte est éga-
lement tondu, de riches tapisseries. Vis-à-
vis du banc des apôtres sont disposées des
tri bu ires pour le corps diplomatique, les
princes romains, !es damps et les personna-
ges de distinction; au milieu est ménagée
une enceinte, où ne sont admis que les
hommes en habit noir, sans que d'ailleurs
on exige d'eux aucune - carte d'entrée. Les
treize apôtres sont ordinairement des li-êtfes
étrangers, le plus souvent désignés par les
ambassadeurs ou par des cardinaux. Il.- sont
vêtus d'une robe de laine blanche à pare-
ments de soie blanche, chaussés de souliers
blancs, et ont sur la tête u'\ bonnet de laine
blanche, "0 forme de cône tronqué, terminé
par une houppe...
jd Le pape arrive en grand cortège. 11 prend
place sur le trône, bénit l'encens, et l'on chante
l'évangile en rapport avec la circonstance. Puis
le pontife, quittant la chape, ceint une sorte
de tablier de toile blanche,- orné de dentelles,
et procède au lavement des pieds. Chacun des
apôtres, à l'approche du pape, avance -son
pied droi', dépouillé d'avance. Le pane vr-rse
de l'eau, essuie le pied et le baise. Un csmé-
rier tient un bassin de vermeil, un autre
l'aiguière ; deux autres portent dans des bas-
pins, l'un treize serviettes, l'autre treize bou-
quets do fleufs, Chaque apôtre reçoit des
mains du pape sa serviette et son bouquet;
I puis vient Mgr le trésorier, qui donne à cha
[ cun aussi une médaille d'or et une d'argent
| à titre de souvenir. Des prières, une proces-
[ sion, et le repas de la Cène terminent la
journée... »
Pourquoi treize apôtres, (lt non Giol.ZC ? se
demande-t-on..
L'Eglise répond : — Le treizième apôtre
j représente sain! Paul.
Mais une autre opinion veut qu'il figure le
maître de la maison où Jésus fit la cène; et
une autre encore, que ce treizième apôtre 1
symholi,-e Madcioine, discin'e féminin du
Christ...
Le Vendruli-S::int, le pape assiste à la
messe des présauctifics. ainsi nommée parce
que le pain et le vin qui servent à l'office
ont été consac-rés dès la veille : les législa-
fcnl's ecclésiastiques onTjugé qu'il ne devait
■ point y avoir de consécration possible le jour
de la mort dt) Jé-us.
Le 'SJmedi-Sa;nl, bénédiction du .feu et de
l'eau à Suint-Je:w-de-LÜr:m, par le cardinal-
\'ir.air:;; bn pleine des innocents an baptistère
de Constantin. il y a peu de monde dans les
rues; on se repose et i'o:i prie...
11 faut lifp, dans 1^ Voyage en Italie
j d'Hippolyte Taine, le récit de lu journée de
Pâques. Lit seulement on retrouvera bien l'im-
pression pittoresque que produit un spectacle
unique au monde, celui de Saint-Pierre en-
vahi par les fidèles :
La foule couvre ¡out, la place., les escaliers,
les portiques, et s'engoullre a\ec un bour-
donnement prolongé dans l'imme.i.::ité (b
basilique.
Dans cet océan humain, de lentes ondu-
lations se d.vcbp;.eat et se brisent; devant
\
la statue de saint Pierre, le flot vance et re-
cule sous le reflux des vagues précédentes. Les
froissements et les tassements serr.ent et des-
serrent à chaque instant le désordre mouvant
des mélées; une tumultueuse et bruissante
confusion de pas, de frôlements, de paroles
roule entre les grandes murailles, et, dans les
hauteurs, au-dessus de cette agitation et de
ce murmure, on aperçoit les pacifiques ron-
deurs des voûtes, le vide lumineux des dômes,
c't les étages de bordures, d'ornements, de
statues qui vont se superposant pour combler
l'aMme tournoyant de la coupole.
Dans cette mer de corps et de têtes, une
double ligne de soldats, de chantres, d'enfants
de chœur, forme un lit où coule pompeuse-
mc'tt le cortège solennel : d'abord les gardes
nobles, rouges et biaqps, le casque en tête;
puis des camériers fouges, plus loin des pré.,
lats violets, puis les maîtres de cérémonies
en pourpoint et manteau noir, ensuite les
cardinaux, enfin le souverain pontife, porté
par des.ürohtes dans un fauteuil de velours
rouge broché d'or, lui-même en long habit
brodé d'or et portant sur la tête la tiare d'or
,à triple étage, Des éventails de plumes d'au-
truche flot ent autour de lui. Il a l'air bon,
affcciue.ix; sa belle ligure pâle est celle d'un
malade. Il donne doucement la bénédiction
avec un doux sourire.
Les chantres et les soldats causent gaie-
ment un ins'aiit avant son passage; mais tes
gens du peuple, les p':y-ans qui sont là regar-
dent comme s'ils voyaient Dieu le Père. Il
faut contempler leurs figures, surtout devant
litffertèe Piecro. ns affluent tour à
tour en s'élouflam pour baiser le pied de
bronze qui maintenant est tout usé; ils le
caressent, il - y collent leur front ; beaucoup
d'cntre CIJX, pour venir, ont fait à pied dix ou
douze mi!'c:i, et ne savent pas où ils couche-
l'ont. Quelques-uns, alourdis par le change-
ment d'a'i?, dorment debout contre un pilier,
et leurs f m mes les pou sent du coude. Plu-
sieurs ont une têtc de statue romaine, le front
bas, les traits a:lguli.'ux, l';.ir sombre et dur ;
d'antres, le visage régulier, l'ample b:ll'be,
le beau coloris chaud, les cheveux naturelle-
ment frisés des peintures de la Renaissance.
On n'imagine pas une race plus forte et plus
inculte. Leurs costumes sont étranges : vieilles
casaques en peaux de bique ou de mouton,
guêtres de cuir, manteaux bleuâtres cent fois
trempes par la pluie, sandales de peaux comme
aux temps primitifs...
On dirait les anciens soldats de Papirius...
ROCAMBOLE
mess=""No 154 LES
MISÈRES DE LONDRES
PAR
PONSON DU TERRAIL
QUATRIÈME PARTIE
UN DRAME DANS LE SOUTWARK
XV
Le Borough est le quartier situé sur la rive
droite de la Tamise, qu'on trouve au bout du
pont de Londres.
A l'ouest s'étend le Southwark ; à l'est, tou-
jours sur III même rive, Rotherithe.
Très-bruyant le jour, ce quartier est noir et
silencieux la nuit.
Au delà des larges voies qui rayonnent à l'en-
Voir le numéro du 22 novembre.
tour de la gare de London-Bridge, on trouve des
ruelles étroites et sombres dans lesquelles vit .
une population industrieuse et interlope.
Il y a une rue., dont les maisons sont hautes
et noires, qui est pleine de fripiers.
Le fripier ferme sa boutique fort tard ; cela
tient peut-être tl cërque les gens qui ont recours
à lui, et que retient une certaine hont?, prSfù*
rent s'alier affubler la nuit des habits d'occa-
sion dont ils ont besoin.
Shoking, par exemple, n'avait pas de tels
préjugés, et s'il eÙt eu besoin de se vêtir en
gentleman, il serait tout aussi bien entré chez
son ami Sam en plein jour et au grand soleil.
Donc, si Shoking entra dans la rue des fri-
piers à dix heures du soir et alla frapper à la
porte de Sam, c'est que ses vêtements étaient
ruisselants et qu'il avait absolument besoin d'en
changer.
Sam est l'abréviation familière de Samuel.
Celui qui portait ce nom était un petit juif
entre deux 6ges qui faisait plus d'un métier.
Il était fripier, prêteur d'argent, expert en
matières d'or et d'argent, et il avait inventé un
outil pour percer les perles.
Avec tout cela, il n'était pas riche, en dépit
des commérages du quartier, qui le croyait mil-
lionnaire, et le plus clair de son bien était une
jolie. fille du nom de Katt, qui trônait dans sa
. boutique, depuis le xnatiîi jusqu'au soir.
Katt, était la fille unique de Sim, qui était veuf
depuis longues :'.1111\;03.
Elle savait at'.irer les chaland-, retenir les in-
décis et ies dcci ipr à achcLer, pousser a la dé-
pense ceux don', Il bourse paraissait .1;en gar-
nie, et le vieux juif avait coutume de dire que
Katt était sa meilleure marchandise.
Ce fut donc à IJ. porte de Sam que s'en alla
frapper Shoking.
Sam était absent; il s'en était allé dans Hay-
Markett acheter la défroque d'un gentleman qui
partait pour les It!d"s.
Katt était seule.
Elle connaissait Slnki;J3.pour l'avoir vu, tout
dernièrement, s'nabnier des pieds à la tête avec
l'argent de lord rai mure.
— Bonjour, g?n.tlercan, lui dit-elle.
Shoking fut évidemment flatté de l'appella-
tion et il répondit:
— Bonsoir, mi s Katt, vous c es vraiment
aussi jolie que la fille d'un. l;rd de Belgrave-
square.
Puis il s'approcha du comptoir,sur lequel bru-
lait une petite lampe à esprit-de-vin, dont les
rayons tombèrent. vnr s"'s habits ruisselants et |
couverts de bojire en maint endroit. )
— Ah 1 mon Dieu! fit la jeune fille, que vous
arrive-t-il dorre, norfisieur Shok ng ?
— He!as ! un malheur, comme vous voyez. Je
suis tombé dans la. Tamise et j'ai failli me
noyer-.
— Vous êtes tombé dans la Tamise?
— Oui. J'avais peut-être trop bien dîné et je
ne marchais pas très-droit en sortant de la ta-
verne de la Tempérance, qui est bien celle do
Londres où on se grise le plus facilement. J'ai
traversé la Cité, je suis descendu par Serraoa- >
lane pour gagner le bateau-ponton et attjwTctre . .
le penny-bout. Il faisait très-noir et, dj&sat au. '
lieu démettre le pied sut: le ponton...
— Vous l'ayez mis ^ côté?
— Justement.
— Et vous êtes tombé à l'eau ?
— Comme vouéi la dites, ma jolie Katt. C'est
pourquoi vous me voyez ici à pareille heure.
Vous pensez ^>ien que je ne puis rester ainsi.
— Ohl certainement non.
Et tout en écoutant Shoking, Katt jetait un
coup d'roi: sur la coupe de ses habits et sa
di sait.
— Voilà qui ne sort pas de notre boutique.
Il parait qu'il a fait fortune-, ce bon Shoking..,
Puis tout haut etavçt» quelque embarras,:
— Je ne gais vpAment, monsieur Sho&igg^
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