Titre : La Petite presse : journal quotidien... / [rédacteur en chef : Balathier Bragelonne]
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1868-04-08
Contributeur : Balathier Bragelonne, Adolphe de (1811-1888). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32837965d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 08 avril 1868 08 avril 1868
Description : 1868/04/08 (A3,N720). 1868/04/08 (A3,N720).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k4717722x
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-190
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/11/2017
LA PETITE PRESSE
& cent. le numéro
.. : t
. JOURNAL ~ QUOTIDIEN
5 cent. le numéro.
- .. »
1 ABONNEMENTS. — Trois mois. six mois. un M.
■ Paris 5 fr. 9 &. i8 fr. *
. Départements.. 8 il
Administrateur '. E. DELSAUX. ne
'-
3me année. — MERCREDI ;8 AVRIL 1868. — N' - 720 «
>
i
Directeur-Propriétaire : JAN 1'0 N.
Rédacteur en chef: A. DE BALATHIEÏÏ BRAGELONNE
t -
BUREAUX D'ABONNEMENT : 9, rue DroUot, '
ADMINISTRATION : 13, place Breda
PARIS, 7 AVRIL 1868.
LES CHIENS ENRAGÉS
La Situation, — où M. Charles J^etaJTajf^
leçon à M. de Bismark, et où M.
trouve tous les jours un mot de la fin, — a
publié hier un excellent article scientifique de
M. Faustus Ring. Faustus Ring, ce n'om fait
rêver ; mais les conseils que donne celui qui
le porte méritent au plus haut degré l'atten-
tion publique.
Depuis quelques jours les sergents de ville
veillent à ce que les chiens soient muselés.
Les premières chaleurs ont, comme d'ha-
bitude, amené. des cas de rage, et rien n'est
utile, lorsque ces cas se produisent, comme
de les caractériser et de donner quelques no-
tiofife exactes sur cette effroyable maladie,
dont les médecins ignorent à la fois et la cause
et le remède. La cautérisation et les saignées
ne sQnt,en effet, que des expédients. Il faut, il
tout prix, éviter d'être mordu.
; - oJt
M. Bouley, membre de l'Institut et direc-
teur de l'école d'Alfort, a lu autrefois à l'Aca-
démie de médecine un mémoire complet sur
la rage, que j'essaye de résumer après 1\1:
Ring.
Tout d'abord il s'agit de détruire deux pré-
jugés :
Le premier, c'est que les chiens enragés ont
toujours envie de mordre ; "i
Le second, c'est qu'ils ont horreur d$*
l'eau.....
Or, le chien enragé boit fort bien dans les
in ter valiez de m "'C'fiyyç 'SI " hfiîîtifsufb"
n'est qu'un symptôme secondaire de la mala-
die.
^ ' ■
Le premier symptôme est une humeur
sombre et une agitation inquiète qui se tra-
duit par un perpétuel changement de posi-
tion. ,
Il me vient à l'esprit une comparaison qui
pourra paraître bizarre et qui est vraie cepen-
dant :
Voulez-vous savoir si votre femme vous
trompe? disait Balzac dans la Physiologie du
mariage, observez s'il y a quelque modifica-
"Kon dans ses habitudes. Si elle sort plus sou-
vent, méfiez-vous. Si elle vous embrasse
avett plus d'élan que d'habitude, méfiez-vous
enc re...
bien! le chien enragé ressemble à la
'ré me infidèle. Il s'éloigne sans cesse de son
paître, et quand il revient à lui, c'est pour
lui faire des caresses plus exaltées que de,
coutume.
On le voit bondir, comme s'il était en proie
à un accès de folie. Parfois, il chasse un ani-
mal imaginaire ; parfois encore, il se jette
violemment contre un mur, comme s'il y
avait un ennemi de l'autre côlév...
M. Bouley raconte une anecdote :
« Deux dames vinrent à l'école d'Alfort
avec une fillette de quatre ans. Elles condui-
saient à la consultation un chien à peine mu--
selé qu'elles avaient tenu sur leurs geroux
pendant tout le trajet de Paris à Al fort, ei,
compagnie de la jeune enfant, et-qu'elles dé--.
claraient être malade depuis trois jours
passes. *> jp». ^
» — Ce chien, disa:ent^eHts, qui couchait
dans leur chambre, ne les laissait pas dormir,
tant il était agité. Toute la "nuit, il était sur
ses pieds, allant et venant, 'grattant le sol
avec ses pattes. Ce chien était enragé. A
peine avait-il franchi la grille de l'école que
ron aboiement caractéristique, entendu à
distance, avait mis sur leur garde' les é'èves
aqui. assistaient à la consultation. Ce ne
fut qu'un cri dans leurs rangs : - Un chi,en
enragé! 1 *
» Ce chien pouvait aboyer librement, donc
tement "rrée
autour de ses mâchoires dont le jeu était assez '
facile pour qu'il put mordre. Et cependant,
depuis trois jours qu'il était midade, il avait
respecté ses maîtresses, dans la chambre des-
quelles il couchait. L'enfant avait été moins
heureuse; le dimanche matin, le chien, agacé
par quelque taquinerie, s'était jeté sur elle et
l'avait légèrement mordue. Malgré cela, ce-
pendant, les 'personnes qui conduisaient cet
animal à l'Ecole d'Alfort n'avaient encore à
son égard aucune inquiétude. • •
» Lorsque M. Bouley manifesta aux visi-
teuses son étonnement de la tranquillité d'es-
prit dans laquelle elles vivaient, elles répon-
dirent : — Mais notre chien buvait très-bien.
couvions-nous dès lors nous douter de sa
maladie?... »
Là se retrouve le préjugé, partagé même
par le dictionnaire, et qui consiste à employer
indifféremment le mot rage et le mot hydro-
phobie, c'est-à-dire horreur de l'eau.
L'humanité doit à M. Bouley cette vé-
rité :
. UN CHIEN ENRAGÉ BOIT.
1 Les symptômes de la rage, on ne saurait
trop le répéter, sont l'agitation de l'animal,
sa manie de tout déchirer, celle de porter ses
pattes de chaque côté de ses joues et de les
s remuer comme s'il avait dans la gorge un os
qui le gênât... •
I C'est encore l'insensibilité : on peut battre
:un chien enragé, il ne crie pas. C'est enfin, et
surtout, l'aboiement.
i 1
i « Le hurlement rabique, dit M. Ring, ne
! saurait se décrire. Le timbre est lugubre; l'a-
; boiement n'éclate plus avec la sonorité nor-
:male; il est rauqiîe, voilé, plus bas d'un ton,
¡ et il dégénère dès le premier son en trois ou
quatre petits hurlements qui partent du fond
; de la gorge; c'est plaintif et singulier. Tou-
jours le chien enragé a cette voix spéciale qu'il
est bien facile de différencier de la voix
normale. C'est pour nous le diagnostic le
plus facile à tirer et le plus certain. On ne
s'y trompe pas, quand on a pu entendre une
fois le hurlement lugubre de l'animal ma-
lade. »
i Nous an tiuiwiwtti jftt*
ment de la rage. Ici, tout le monde sait à quoi
s'en tenir. La physionomie du chien devient
terrible. Son œil brille d'un éclat sombre. Sa
gueule est béante; souvent la bave en salit
les bords. A la moindre excitation, il s'é,,'a%ce
en hurlant. Il brisera ses dents sur une tige
de bois ou de fer ; puis il retombera dans l'im-
mobilité.
Ou apathie ou accès, pas de milieu.
Le pire ennemi de l'homme, a-t-on dit,
c'est l'homme.*
Le pire ennemi du chien, c'est le chien
enragé!....-
Si votre chien cherche querelle aux chiens
du voisinage, s'ft se jette sur eux pour les
mordre, il vous faut le surveiller avpe soin.
Dans la rue, si vous rencontrez un chien
enragé, et si vous avez un chien avec vous,
soyez certain que c'est ce dernier qui sera la
première victime.
Il faut savoir tout cela.
La rage, chez l'homme, est presque tou-
jours caractérisée par l'horreur de l'eau.
Un savant docteur, Sélig, raconte l'histoire
d'un paysan qui après avoir travaillé toute la
journée à la terre, pendant les chaleurs du
mois de juillet, se baigna le soir dans une
rivière très-froide et lorsqu'il était en sueur ;
le lendemain, il éprouvait des douleurs rhu-
matismales dans les bras et de la raideur à
la nuque ; pendant la nuit, de l'anxiété, de
la chaleur, des douleurs de tête, et une soif
extrême se manifestent. 11 demande avec ins-
tance ses boissons; mais à peine frappent-elles
sa vue, qu'il éprouve un tremblement uni-
versel, des convulsions, et qu'il pousse des
cris aigus. L'haleine même des personnes qui .
approchaient de trop près de 'lui l'incommo-
dait : aussi les priait-il de se retirer...
L'hydrophobie peut accompagner le déve-
loppement rapide d'une inflammation d'esto-
mac, mais dans ce cas elle cède à d'abon-
dantes saignées..
Enfin, le moral, il faut le constater, joue
un grand rôle dans son développement ;
ainsi, un individu est mordu par un chien
bien portant; ce chien devient enragé et
mord d'autres personnes; sous l'impres-
sion de la terreur, le premier mordu peut
très-bien devenir enragé.
Je trouve un exemple curieux d'un pareil
fait dans une étude de M. Orfila :
i^j^^jTrèi^s so t mordusf par Je même
chieii; f-ùffm-eux sê rend ttans les Colotites,.
l'autre reste à Paris. Le premier, de retour
après un an, apprend que son frère a suc-
combé aux suites de sa blessure, qu'il avait
considérée comme étaSït envenimée. Au
bout de peu de jours, il éprouve des symptô-
mes de rage, et succombe, quoiqu'une année
se fut écoulée sans qu'il eût éprouvé 10
moindre accident. „
9
Pendant trente ans, les habitants de la pe-
titErville de Mâcoir el,*d^%es enviroris furent
préservés de la rage. Voici comment : ,
.
ROCAMBOLE
LES
MISÈRES DE LONDRES
PAR
PONSON DU TERRAIL
QUATRIÈME PARTIE
UN DRAME DANS LE SOUTWARK
XII
K° 151
.. 1
Jphn, le rough, se serait laissé mener, au bout
du monde, pourvu qu'on ne le séparât point de
Shoking. »
Il était bien certain qu'à un moment donn6 il
,iui serait facile de se faire reconnaître, et que,
par conséquent, il toucherait la prime qui lui
avait été promise pour la capture du prétendu
. lord Wilmot.
\ Voir le numéro du 22 novembre.
[ Le pe|[t"4)ateau à \;apeurf qui passait au large I
juste auji^oment où .l'un des policemen avait I
sonné la cloche, s'était donc rapproché tout aus-
sitôt du ponton d'embarquement. - ,
Alors Shoking commença à comprendre.
Le bateau n'était pas . destiné à transporter
des voyageurs, il servait de chaloupe au bateau-
prison.
Car il y a sur la'Tamise, auprès de Temple-
Bar, un vieux navire 'dématé, rasé comme un
ponton, éternellement à l'ancre, et qui sert de
violon à tous les maraudeurs du fleuve.
Ce navire s'appelle le Royaliste. ,
Il est commandé par un vieil officier invalide,
qui a sous ses ordres, non des matelots, mais
des guichetiers.
A l'intérieur, le Royaliste est aménagé comme
une vraie prison.
Il a trois chaloupes qu'il met à l'eau chaque
soir.
Ces chaloupes sont pourvues d'une petite ma-
chine à vapeur-
Mais la plupart du temps, elle ne fonctionne
pas et est remplacée par quatre matelots, qui
manœuvrent la chaloupe à l'aviron.
• Pourquoi ? '
'C'est que ces chaloupes font ce qu'on appelle
des rondes de nuit.^
La Tamise est immense de largeur, au-dessous
du po.it de Londres surtout; et c'est un joli
champ de déprédations.
Les docks sont gardés; chaque barque, chaque
magasin ouvrant sur le fleuve est surveillé;
néanmoins les' vols sont nombreux; le voleur
d'eau, comme on l'appelle, s'attaque à tout, de- .
puis les vieux cordages jusqu'aux planches pour-
ries. - ... # 4 •
Véritable chiffonnier aquatique, le ravageur
emporte tout ce qui lui.tombe sous la main. a
. Il est.bon nageur; il plonge. mei*veilie quand
il est poursuivi; il se glisse comme un poisson
entre les coques de deux navires, ou leste comme
un gabier de misaine, il se réfugie dans la mâ-
ture de quelque brick dont l'équipage est à
terre.. •
C'est pour donner la chasse à ces malfaiteurs
nocturnes, que l'amirauté a créé le service de
nuit,, qui a son état major sur le Royaliste.
Et c'était précisément une .Kles trois cha-
loupes, la Louisiane, dont les policemen avaient
reconnu la machine à vapeur^. ♦
Au coup de cloche, les hommes qui la mon-
taient avaient manœuvré vers le ponton.
— Avez-vous du monde à nous donner? 4a4
manda le chef.'
— Qui, répondit le policematl.
Qu'est-ce que c'est? ?
I _ — Vous c\1lez voi!\ ■ -
Le mécanicien renversa la vapeur et la cha-
loupe accosta le ponton.
En même temps, le chef de l'équipe sauta.
dessus et aborda les deux policemen et leurs
JI, r"s
pruL'nniers.C, ::- ) • © /fit - .
. Bon ! dit-il, je vois ce que c'est ; ce gentle-
man a été dévalisé par'ce rouijh..
— Vou^n'^tp pas.,.carnara'de, répondit John
d'un tonr- moqueur, '
— Vraiment? ' ' '
— Voici çe dont JU est qu^ion, reprit un
des policemen. -W,t bamme^ue voilà, — et il
désignait John, — prétènd' qu'il a une mission
de la police.
— Et j'ai quelque raison de le prétendre, ré-
pondit John, qi^.montr^SEiQplaque. '•
— Ce gentleman, "poursuivit la policeman,
qu'il dit avoir mission d'arrêter, persiste à dire
qu'il ne le connait pas. Tout cela me parait
assez louche, et je crois que vous ferez bien de
les emmener tous les deux à bord du Royaliste.
— Je ne demande pas mieux, dit John, pourvu
que demain on avise à Scotland-Yard.
— On avisera, dit le commandant de la cha-«
loupe. * ' * - 4
— Mais je proteste ! s'écria Shoking, je pro-
teste, comme tout Anglais libre a le droit de le
J faire. On ne peut pas. arrêter un gentleman sut
• la dénonciation de ce miséi^b[e» '
[texteillisible]
& cent. le numéro
.. : t
. JOURNAL ~ QUOTIDIEN
5 cent. le numéro.
- .. »
1 ABONNEMENTS. — Trois mois. six mois. un M.
■ Paris 5 fr. 9 &. i8 fr. *
. Départements.. 8 il
Administrateur '. E. DELSAUX. ne
'-
3me année. — MERCREDI ;8 AVRIL 1868. — N' - 720 «
>
i
Directeur-Propriétaire : JAN 1'0 N.
Rédacteur en chef: A. DE BALATHIEÏÏ BRAGELONNE
t -
BUREAUX D'ABONNEMENT : 9, rue DroUot, '
ADMINISTRATION : 13, place Breda
PARIS, 7 AVRIL 1868.
LES CHIENS ENRAGÉS
La Situation, — où M. Charles J^etaJTajf^
leçon à M. de Bismark, et où M.
trouve tous les jours un mot de la fin, — a
publié hier un excellent article scientifique de
M. Faustus Ring. Faustus Ring, ce n'om fait
rêver ; mais les conseils que donne celui qui
le porte méritent au plus haut degré l'atten-
tion publique.
Depuis quelques jours les sergents de ville
veillent à ce que les chiens soient muselés.
Les premières chaleurs ont, comme d'ha-
bitude, amené. des cas de rage, et rien n'est
utile, lorsque ces cas se produisent, comme
de les caractériser et de donner quelques no-
tiofife exactes sur cette effroyable maladie,
dont les médecins ignorent à la fois et la cause
et le remède. La cautérisation et les saignées
ne sQnt,en effet, que des expédients. Il faut, il
tout prix, éviter d'être mordu.
; - oJt
M. Bouley, membre de l'Institut et direc-
teur de l'école d'Alfort, a lu autrefois à l'Aca-
démie de médecine un mémoire complet sur
la rage, que j'essaye de résumer après 1\1:
Ring.
Tout d'abord il s'agit de détruire deux pré-
jugés :
Le premier, c'est que les chiens enragés ont
toujours envie de mordre ; "i
Le second, c'est qu'ils ont horreur d$*
l'eau.....
Or, le chien enragé boit fort bien dans les
in ter valiez de m "'C'fiyyç 'SI " hfiîîtifsufb"
n'est qu'un symptôme secondaire de la mala-
die.
^ ' ■
Le premier symptôme est une humeur
sombre et une agitation inquiète qui se tra-
duit par un perpétuel changement de posi-
tion. ,
Il me vient à l'esprit une comparaison qui
pourra paraître bizarre et qui est vraie cepen-
dant :
Voulez-vous savoir si votre femme vous
trompe? disait Balzac dans la Physiologie du
mariage, observez s'il y a quelque modifica-
"Kon dans ses habitudes. Si elle sort plus sou-
vent, méfiez-vous. Si elle vous embrasse
avett plus d'élan que d'habitude, méfiez-vous
enc re...
bien! le chien enragé ressemble à la
'ré me infidèle. Il s'éloigne sans cesse de son
paître, et quand il revient à lui, c'est pour
lui faire des caresses plus exaltées que de,
coutume.
On le voit bondir, comme s'il était en proie
à un accès de folie. Parfois, il chasse un ani-
mal imaginaire ; parfois encore, il se jette
violemment contre un mur, comme s'il y
avait un ennemi de l'autre côlév...
M. Bouley raconte une anecdote :
« Deux dames vinrent à l'école d'Alfort
avec une fillette de quatre ans. Elles condui-
saient à la consultation un chien à peine mu--
selé qu'elles avaient tenu sur leurs geroux
pendant tout le trajet de Paris à Al fort, ei,
compagnie de la jeune enfant, et-qu'elles dé--.
claraient être malade depuis trois jours
passes. *> jp». ^
» — Ce chien, disa:ent^eHts, qui couchait
dans leur chambre, ne les laissait pas dormir,
tant il était agité. Toute la "nuit, il était sur
ses pieds, allant et venant, 'grattant le sol
avec ses pattes. Ce chien était enragé. A
peine avait-il franchi la grille de l'école que
ron aboiement caractéristique, entendu à
distance, avait mis sur leur garde' les é'èves
aqui. assistaient à la consultation. Ce ne
fut qu'un cri dans leurs rangs : - Un chi,en
enragé! 1 *
» Ce chien pouvait aboyer librement, donc
tement "rrée
autour de ses mâchoires dont le jeu était assez '
facile pour qu'il put mordre. Et cependant,
depuis trois jours qu'il était midade, il avait
respecté ses maîtresses, dans la chambre des-
quelles il couchait. L'enfant avait été moins
heureuse; le dimanche matin, le chien, agacé
par quelque taquinerie, s'était jeté sur elle et
l'avait légèrement mordue. Malgré cela, ce-
pendant, les 'personnes qui conduisaient cet
animal à l'Ecole d'Alfort n'avaient encore à
son égard aucune inquiétude. • •
» Lorsque M. Bouley manifesta aux visi-
teuses son étonnement de la tranquillité d'es-
prit dans laquelle elles vivaient, elles répon-
dirent : — Mais notre chien buvait très-bien.
couvions-nous dès lors nous douter de sa
maladie?... »
Là se retrouve le préjugé, partagé même
par le dictionnaire, et qui consiste à employer
indifféremment le mot rage et le mot hydro-
phobie, c'est-à-dire horreur de l'eau.
L'humanité doit à M. Bouley cette vé-
rité :
. UN CHIEN ENRAGÉ BOIT.
1 Les symptômes de la rage, on ne saurait
trop le répéter, sont l'agitation de l'animal,
sa manie de tout déchirer, celle de porter ses
pattes de chaque côté de ses joues et de les
s remuer comme s'il avait dans la gorge un os
qui le gênât... •
I C'est encore l'insensibilité : on peut battre
:un chien enragé, il ne crie pas. C'est enfin, et
surtout, l'aboiement.
i 1
i « Le hurlement rabique, dit M. Ring, ne
! saurait se décrire. Le timbre est lugubre; l'a-
; boiement n'éclate plus avec la sonorité nor-
:male; il est rauqiîe, voilé, plus bas d'un ton,
¡ et il dégénère dès le premier son en trois ou
quatre petits hurlements qui partent du fond
; de la gorge; c'est plaintif et singulier. Tou-
jours le chien enragé a cette voix spéciale qu'il
est bien facile de différencier de la voix
normale. C'est pour nous le diagnostic le
plus facile à tirer et le plus certain. On ne
s'y trompe pas, quand on a pu entendre une
fois le hurlement lugubre de l'animal ma-
lade. »
i Nous an tiuiwiwtti jftt*
ment de la rage. Ici, tout le monde sait à quoi
s'en tenir. La physionomie du chien devient
terrible. Son œil brille d'un éclat sombre. Sa
gueule est béante; souvent la bave en salit
les bords. A la moindre excitation, il s'é,,'a%ce
en hurlant. Il brisera ses dents sur une tige
de bois ou de fer ; puis il retombera dans l'im-
mobilité.
Ou apathie ou accès, pas de milieu.
Le pire ennemi de l'homme, a-t-on dit,
c'est l'homme.*
Le pire ennemi du chien, c'est le chien
enragé!....-
Si votre chien cherche querelle aux chiens
du voisinage, s'ft se jette sur eux pour les
mordre, il vous faut le surveiller avpe soin.
Dans la rue, si vous rencontrez un chien
enragé, et si vous avez un chien avec vous,
soyez certain que c'est ce dernier qui sera la
première victime.
Il faut savoir tout cela.
La rage, chez l'homme, est presque tou-
jours caractérisée par l'horreur de l'eau.
Un savant docteur, Sélig, raconte l'histoire
d'un paysan qui après avoir travaillé toute la
journée à la terre, pendant les chaleurs du
mois de juillet, se baigna le soir dans une
rivière très-froide et lorsqu'il était en sueur ;
le lendemain, il éprouvait des douleurs rhu-
matismales dans les bras et de la raideur à
la nuque ; pendant la nuit, de l'anxiété, de
la chaleur, des douleurs de tête, et une soif
extrême se manifestent. 11 demande avec ins-
tance ses boissons; mais à peine frappent-elles
sa vue, qu'il éprouve un tremblement uni-
versel, des convulsions, et qu'il pousse des
cris aigus. L'haleine même des personnes qui .
approchaient de trop près de 'lui l'incommo-
dait : aussi les priait-il de se retirer...
L'hydrophobie peut accompagner le déve-
loppement rapide d'une inflammation d'esto-
mac, mais dans ce cas elle cède à d'abon-
dantes saignées..
Enfin, le moral, il faut le constater, joue
un grand rôle dans son développement ;
ainsi, un individu est mordu par un chien
bien portant; ce chien devient enragé et
mord d'autres personnes; sous l'impres-
sion de la terreur, le premier mordu peut
très-bien devenir enragé.
Je trouve un exemple curieux d'un pareil
fait dans une étude de M. Orfila :
i^j^^jTrèi^s so t mordusf par Je même
chieii; f-ùffm-eux sê rend ttans les Colotites,.
l'autre reste à Paris. Le premier, de retour
après un an, apprend que son frère a suc-
combé aux suites de sa blessure, qu'il avait
considérée comme étaSït envenimée. Au
bout de peu de jours, il éprouve des symptô-
mes de rage, et succombe, quoiqu'une année
se fut écoulée sans qu'il eût éprouvé 10
moindre accident. „
9
Pendant trente ans, les habitants de la pe-
titErville de Mâcoir el,*d^%es enviroris furent
préservés de la rage. Voici comment : ,
.
ROCAMBOLE
LES
MISÈRES DE LONDRES
PAR
PONSON DU TERRAIL
QUATRIÈME PARTIE
UN DRAME DANS LE SOUTWARK
XII
K° 151
.. 1
Jphn, le rough, se serait laissé mener, au bout
du monde, pourvu qu'on ne le séparât point de
Shoking. »
Il était bien certain qu'à un moment donn6 il
,iui serait facile de se faire reconnaître, et que,
par conséquent, il toucherait la prime qui lui
avait été promise pour la capture du prétendu
. lord Wilmot.
\ Voir le numéro du 22 novembre.
[ Le pe|[t"4)ateau à \;apeurf qui passait au large I
juste auji^oment où .l'un des policemen avait I
sonné la cloche, s'était donc rapproché tout aus-
sitôt du ponton d'embarquement. - ,
Alors Shoking commença à comprendre.
Le bateau n'était pas . destiné à transporter
des voyageurs, il servait de chaloupe au bateau-
prison.
Car il y a sur la'Tamise, auprès de Temple-
Bar, un vieux navire 'dématé, rasé comme un
ponton, éternellement à l'ancre, et qui sert de
violon à tous les maraudeurs du fleuve.
Ce navire s'appelle le Royaliste. ,
Il est commandé par un vieil officier invalide,
qui a sous ses ordres, non des matelots, mais
des guichetiers.
A l'intérieur, le Royaliste est aménagé comme
une vraie prison.
Il a trois chaloupes qu'il met à l'eau chaque
soir.
Ces chaloupes sont pourvues d'une petite ma-
chine à vapeur-
Mais la plupart du temps, elle ne fonctionne
pas et est remplacée par quatre matelots, qui
manœuvrent la chaloupe à l'aviron.
• Pourquoi ? '
'C'est que ces chaloupes font ce qu'on appelle
des rondes de nuit.^
La Tamise est immense de largeur, au-dessous
du po.it de Londres surtout; et c'est un joli
champ de déprédations.
Les docks sont gardés; chaque barque, chaque
magasin ouvrant sur le fleuve est surveillé;
néanmoins les' vols sont nombreux; le voleur
d'eau, comme on l'appelle, s'attaque à tout, de- .
puis les vieux cordages jusqu'aux planches pour-
ries. - ... # 4 •
Véritable chiffonnier aquatique, le ravageur
emporte tout ce qui lui.tombe sous la main. a
. Il est.bon nageur; il plonge. mei*veilie quand
il est poursuivi; il se glisse comme un poisson
entre les coques de deux navires, ou leste comme
un gabier de misaine, il se réfugie dans la mâ-
ture de quelque brick dont l'équipage est à
terre.. •
C'est pour donner la chasse à ces malfaiteurs
nocturnes, que l'amirauté a créé le service de
nuit,, qui a son état major sur le Royaliste.
Et c'était précisément une .Kles trois cha-
loupes, la Louisiane, dont les policemen avaient
reconnu la machine à vapeur^. ♦
Au coup de cloche, les hommes qui la mon-
taient avaient manœuvré vers le ponton.
— Avez-vous du monde à nous donner? 4a4
manda le chef.'
— Qui, répondit le policematl.
Qu'est-ce que c'est? ?
I _ — Vous c\1lez voi!\ ■ -
Le mécanicien renversa la vapeur et la cha-
loupe accosta le ponton.
En même temps, le chef de l'équipe sauta.
dessus et aborda les deux policemen et leurs
JI, r"s
pruL'nniers.C, ::- ) • © /fit - .
. Bon ! dit-il, je vois ce que c'est ; ce gentle-
man a été dévalisé par'ce rouijh..
— Vou^n'^tp pas.,.carnara'de, répondit John
d'un tonr- moqueur, '
— Vraiment? ' ' '
— Voici çe dont JU est qu^ion, reprit un
des policemen. -W,t bamme^ue voilà, — et il
désignait John, — prétènd' qu'il a une mission
de la police.
— Et j'ai quelque raison de le prétendre, ré-
pondit John, qi^.montr^SEiQplaque. '•
— Ce gentleman, "poursuivit la policeman,
qu'il dit avoir mission d'arrêter, persiste à dire
qu'il ne le connait pas. Tout cela me parait
assez louche, et je crois que vous ferez bien de
les emmener tous les deux à bord du Royaliste.
— Je ne demande pas mieux, dit John, pourvu
que demain on avise à Scotland-Yard.
— On avisera, dit le commandant de la cha-«
loupe. * ' * - 4
— Mais je proteste ! s'écria Shoking, je pro-
teste, comme tout Anglais libre a le droit de le
J faire. On ne peut pas. arrêter un gentleman sut
• la dénonciation de ce miséi^b[e» '
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