Titre : La Petite presse : journal quotidien... / [rédacteur en chef : Balathier Bragelonne]
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1868-02-20
Contributeur : Balathier Bragelonne, Adolphe de (1811-1888). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32837965d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 20 février 1868 20 février 1868
Description : 1868/02/20 (A3,N672). 1868/02/20 (A3,N672).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k47176749
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-190
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 22/10/2017
LA PETITE PRESSE
JOURNAL QUOTIDIEN -:
& cent. le numéro -
5 cent, le imméfo
ABOKNEMEKTS.. — Trois mois. six mo:s. Un an..
Paris........... 5 fr. 0 fr. 18 Cr.
Départements.. « - Il e tb 1
Administrr,',tur ; E. DEL&A-UX.
3» année. — JEUDI 20 FEVRIER 1 18fi8. ;- N° 67i
Directeur-Propriétaire : JAN NIN.
Rédacteur en cKeft: A. DE B A T.H 1 E R BRAG'ELONJ\;R
"t %-• .
BUREAUX D'ABON NEMENT,: 9, a»ue Drstlot.
ADMINISTRATION : 13, Place Breda.
PARIS, 19 FEVRIER 1868.
EN REVENANT DE LA NOCE
Pour revenir de la noce, il faîhs^ôlièiaVM^ j
Nombre de gens voudraient qu'on se"*ïfiânât
incognito. Ils regardent .comme une profa- J
nation, ou tout au moins comme un ridicule,
la fête de famille qui huit la bénédiction
nuptiale.
Pour ma part; je nQ suis pas du tout de
cet açis. Je vois-dans la fête un auxiliaire
de la religion et de la loi. A la mairie et à
l'église, les mariés n'ont avec, eux que leurs
témoins et leurs parents les plus rapprochés.
Le soir, au contraire, le groupe grossit ; par-
fois il devient foule.
Cette intervention des petits cousins, qui
représentent la famille dans son extension la
plus large, et . des amis qui représentent la
société, n'est-ce pas la consécration par tous
de l'union de deux?... !
*
1Jour s'attacher à son éppuse'. »
Il en est de mêirçe pour la femme. i
Quelle • toucbancte légende que celle de
cette jeune fille de l'antiquité, qui épouse un
étranger ! ' 1%
— renonceriez-vous à votre patrie pour
vous fixer dans celle de votre femme? de-
mande le père de la jeune femme à celui qui
est devenu soyï,*W. * * '
•—Non.
— Et toi, ma fille, fs-tu donc disposée à
suivre ton époux et à vivre loin de moi ?
Elle baisse son voile sur son visage, et ne
répond pas.
Le père comprend. -Désormais, il devra vi-
vre seul. ' " .
L'enfant qu'il a ,'Ùw grandir, la joie de sa
vieillesse, l'âme bla(Ï"éhe de sa maison, lui est
enlevée fI jamais. affections sont comme
les fleuves; d!es'dilscendent et ne remontent
pas.
Eh bien! la noce adoucit la tristesse de ce
départ. Le concours des invités ajoute à la
dignité du mariage. La jeune fille disparaît
dans ctttc cérémonie publique. Ce n'est plus
l'enfant que la fatalité sépare de*emr père et
de sa mère ; c'est l'épouse, c'est la mère à
venir, que des vœux amis saluent au seuil
Nftine éxistence nouvelle. . 1
y Les voyageurs racontent que les Esquimaux
ont l'habitude de fiancer leurs enfants dès
leurs plus jeünes année?. Quelquefois même
la fille, avant sa naissance, est-elle pourvue
d'un marf. Dans quelques tribus, le jeune
homme qui désire épouser une jeune fille
doit l'emmener par force chez lui, et c'est à
coups de bâton qu'il la conduit jusqu'à sa
hutte ..
Mais chez les Esquimaux, le mariage n'est
accompagné d'aucune solennité. Ni la loi, ni
la religion ne le sanctionnent.
Les noces sont contemporaines de la civili-
sation. Les cérémonies vpient avec les peu-
ples, mais l'idée de réunion et l'idée de fête
sont universelles.
Voyez tous les peuples anciens. Chez tous,
le pouyoir paternel, poussé jusqu'à l'absolu-
tisme, laissait peu de place au libre choix des;
J enfants ; le mariage n'avait guère d'autre hu%-
que la procréation ; la femme, perdant toute'
! personnalité, s'absorbait dans le mari, qui
héritait d'elle ; elle était son esclave, sa chose.
i Et cependant, à cet état inique on voulait la
! triple consécration de la loi, de la religion et
j du festin.
| Le-christianisme, qui. proclama la liberté
de.iajfedé.T -
clarant -égaux. devant Dieu au' mari et au
maître, conserva, sous des formes nouvelles, j
les usages anciens, et ces usages sogt venus
jusqu'à nous. ' 'n:
-Ainsi-les noces sont une bonne et belle;
chose. , •
Mais il en est une ,plus belle encore, c'est
le mariage.
Simplement attrait des sexes au début, In-
suite élan de l'âme vers la beauté. l'amour
aurait tous les caractères de la fatalité s'il
n'était dirigé par une règle. supérieure à la
passion.
Celte règle s'appelle la dignité :
— Je me respecte moi-même, et c'est pour -
cela":qiie je respecterai la femme que j'aurai
librement choisie.
De là le mariage, le mariage ayant pour
but, non-seulement la famille, mais encore
l'anoblissement de l'amour.
C'est ainsi que l'entendait Montaigne, quand
il disait :
4 Le maH&ge^l pour sa part l'utilité, la
justice, l'bprîneuî* et la constance, a
\ |
Quoi de plus -touchant et de meilleur en
effet que là tendresse de deux époux?
; Les joiès, partagées, leur semblent plus
grandes.
Les chagrins, supportés à deux, leur pa-
yassent moins lourds.
communauté d'intérêts qui s'appelle « la
;rpaison; » la c^mftuinauté de sentiments qui
^'appelle-* la#mi$fer» tout les rapproche.
: Sous l'efftJ1'tt de,s.yolontés, sous l'influence
des années~ les- différences de caractères s'ef-
; facent. La femme a pris le's idées du mari;
:1e mari s'ept pénétré des-sentiments de la
fermée. Oqt n'a eu qu'un joit, .qu'une table,
'.qu'une bourse, aIl- finit par n'avoir qu'une
• âme. - "<
• |.. Les traits même du visage en arrivent à se
r<&se'mblœ,...„ . * I
: y X
I • !
Et les enfants!
Est-ce que le pè,l'e-'et la mm ont deux re-
gaE&^«nÉwt ils fiés regardent?
T Les 'ënfkms ,;'^TT'fwr
trouble-fête, que le ménage doit sa tranquil-
lité.
Que de fois ils ont été . les agents, sans le
savoir, d'une réconciliation suivant une
b-ro'U:ille pass&gèra! Què:der fois leur présence
a prévenu un,e 'que'1'etle-,MJr= le peint d'éclater !
• * LàrviiVcst:pas tout -id-'une pièce.
; "':ÉHV a 'ses .difficultés sans cesse renais-
sances, ses tiraillements importuns.
A de'certaines heures, le mari etla femme,
'ne fût-ce que pendant une minute, regï'ettent
réciproquement leur indépendance.
— Nous sommes condamnés à vivre .en-
semble!
Condamnés -1 A ce moment l'enfant paraît.
Il'.saute SUR. les genoux du père, et, de là, il
incline son front vers les lèvres de la mère.
Celle-ci, en se penchant vers lui, se penche
aussi vers le mari. Il n'en faut pas plus. Le
logis qui, tout à l'heure, avait l'aspect d'une
prison, rayonne maintenant comme un Eden.
Venez, enfants 1 — A vous jardins, cours, esca-
(liers !) ,
Ebranlez et planchers, et plafonds, et piliers !
Que le jour s'achève ou renaisse,
' Courent bourdonnez cojajne l'abeille aux champs! 1
Ma joie, et mon bonheur, et mon àme, et mes :
(chants,)
Iront 011 vous irez, jeunesse!...
■?
Tous les poëtes ont chanté les enfants. • !
Lisez encore ces vers, qui valent mieux que • -
ceux de 'Paul Forestier. ¿
Nous ne vivons vraiment que par ces petits êtres,
Qui dans tout notre cœur s'établissent en maities,
Qui prennent notre vie et ne s'en doutent pas,
Et n'ont qu'à vivre heureux pour n'être pas ingrats,
Je ne vous ai pas dit de quelle noce je re-
venais hier. ■. ^
C'était de celte de notre ami, Emmanuel
Delsaux, administrateur de la Petite Presse.
La messe de mariage a été célébrée aux
Batignolies,. dans l'église Saint-Michel ; le :
dîner a eu lieu aux Frères-provençaux.. ' .
Les deux aides-de-camp d E. Delsaux,
MM. Morel et .Coste, avaient traversé la France
pour venir se mettre à sa disposition. Cor-te,
en maître des cérémonies, était superbe. Al-
phonse Hermant, savant en toutes choses,
avait rédigé le menu, et M. Goyard y avait
ajouté les éclats de bombes glacées en sur-
prise, une des merveilles de sa maison.
Au bout de deux ans, nos bureaux sont
devenus une maison, et tous'ceux qui colla-,
borent au journal une famille. Cette famille
a porté la santé de l'autre, et tout le monde.,
s'esl réuni pour boire aux mariés.
Ni apprêt, ni gêne, ni contrainte d'éti-
quette ; mais beaucoup de gaieté, de cordia- »
lité et de franchise....
Impossible de mieux commencer cette vie
à deux, pleine de confiance et de bons offices
mutuels, qui faisait dire à Montaigne .
« A bien façonner le mariage, il n'est point
de plus belle pièce dans la Société. »
TONY RÉVILLON.
ROCAMBOLE
LES
MISÈRES DE LONDRES
PAR
PONSON DU TERRAIL
DEUXIÈME PARTIE
UN MOULIN SANS EAU
XXXVII
No 103
11 est temps de revenir à un personnage de
se récit que nous avons momentanément perdu
de vue.
Nous voulons pàrler de John Colden.
John Coldcn, l'Irlandais, le vagabond que
l'homme gris s'était attaché d.un signe, un ma-
tin, dans Dud!ey street.
'Voir le numêrodu 22 novembre.
John Colden, qui avait aidé à sauver l'enfant
du moulin et qui avait, été victime de son dé-
vouement.
John était toujours à Bath square.
Sa blessure était moins grave qu'on ne l'avait
pensé tout d'abord.
Il avait perdu beaucoup ' de sang et, le pre
' mier jour, le docteur brusque et philanthrope
qui faisait partie d'une société éminemment hu-
manitaire, mais qui eut. envoyé de bon cœur un
voleur à l'écha.faud, le docteur, disons-nous,
avait froncé le sourcil et murmuré: -
— J'ai bien peur que le brigand ne meure
dans son lit, et ce serait dommage, en vérité,
car la cravate de chanvre lui irait à merveille.
Le lendemain, le joyeux visage du bon doc-
teur s'était rasséréné.
John Colden allait beaucoup mieux.
Le troisième jour. il lui avait dit avec une
bonhomie charmante :
— Hé ! lié ! mon garçon, tu as plus de chance
que tu ne mérites !
Jît comme l'Irlandais levait sur lui son œil
grave et mélancolique : • ' ,-,
— Tu guériras, mon garçon, tu guérirasjjui
dit-il.
John Colden eut un-haussement d'épauler; • ;
— Que m'importe dit-il.
t
— D'ici à huit jours, poursuivit le joyeux doc-
teur, tu te porteras comme un charme.
Et comme celte.. nouvelle n'amenait pas le
moindre sourire sur les lèvres de John Coiden,
l'excellent homme crut devoir ajouter :
— C'est apiè— demain la Christmas. Tu pour-
rais bien l'ailer passer à Newgate.
John Colden ne sourcilla pa',
— As-tu des parents ? poursuivit le docteur.
— J'ai une sœur.
— Est-elle riche ?
— Non.
— Veux-tu lui laisser £n petit héritage?
John Colden le regarda-.-' ,
— Ck la. dépend de toi £ poursuivie le docteur,
tout à fait de toi. Mais je ne veux pas t'en dire
plus long pour aujourd'hui; demain, nous en
recauserons...
Et le docteur était parti.
Le lendemain, un homme que John Colden
ne s'attendait plus à revoir, entra vers sept
heures du matin dans sa cellule. -
Pendant les trois premières nuits, l'état de
l'Irlandais avait été assez alarmant pour que
l'on crût devoir le veiller.
Mais, le troisième jour, le docteur avait jugé
cette précaution inutile.
Il avait fait le pansement, comme à l'ordinaire,
nuis il s'en était ah!.
John Colden avait passé la nuit tout seul.
Or donc, le lendemain /la première personne
qui entra dans sa cellule fut un personnage que
John Colden ne s'attendait pas à revoir.
C'était M. Barde!. ■ ■
M. Barde!, le gardien-chef que Jonathan
avait accusé de complicité dans l'évasion duie-
tit Irlandais.
L'œil de John Coiden s'cc'.aira.
M. Bardel était seul.
Néanmoins, ii posa un doigt sur ses lèvfcF,
comme pour recommander le silence à John
Golden.
Puis il ferma la porte de la cellule et s'assit
auprès au lit du blessé.
— Tu -ne m'attendais pas, diL.il?
— Nun, dit John Colden.
— Tu me croyais en prison?
— Oui.
— C'est Jonathan qui y est allé à ma place.
— Alors on.. a cru ce que j'avais dit?
— Oui ; l'homme gris a fait le reste.
— Vous êtes toujours gardien chef?
— Plus que jamais. C'est en cette qualité
que je viens te voir. Comment vas !.u?
— Mieux.
— Crois tu que tu pourras te lever?
— Pourquoi me demandez-vous ceia?
— Mais parce que tu vas quitte)' Bath»squar©r
JOURNAL QUOTIDIEN -:
& cent. le numéro -
5 cent, le imméfo
ABOKNEMEKTS.. — Trois mois. six mo:s. Un an..
Paris........... 5 fr. 0 fr. 18 Cr.
Départements.. « - Il e tb 1
Administrr,',tur ; E. DEL&A-UX.
3» année. — JEUDI 20 FEVRIER 1 18fi8. ;- N° 67i
Directeur-Propriétaire : JAN NIN.
Rédacteur en cKeft: A. DE B A T.H 1 E R BRAG'ELONJ\;R
"t %-• .
BUREAUX D'ABON NEMENT,: 9, a»ue Drstlot.
ADMINISTRATION : 13, Place Breda.
PARIS, 19 FEVRIER 1868.
EN REVENANT DE LA NOCE
Pour revenir de la noce, il faîhs^ôlièiaVM^ j
Nombre de gens voudraient qu'on se"*ïfiânât
incognito. Ils regardent .comme une profa- J
nation, ou tout au moins comme un ridicule,
la fête de famille qui huit la bénédiction
nuptiale.
Pour ma part; je nQ suis pas du tout de
cet açis. Je vois-dans la fête un auxiliaire
de la religion et de la loi. A la mairie et à
l'église, les mariés n'ont avec, eux que leurs
témoins et leurs parents les plus rapprochés.
Le soir, au contraire, le groupe grossit ; par-
fois il devient foule.
Cette intervention des petits cousins, qui
représentent la famille dans son extension la
plus large, et . des amis qui représentent la
société, n'est-ce pas la consécration par tous
de l'union de deux?... !
*
1Jour s'attacher à son éppuse'. »
Il en est de mêirçe pour la femme. i
Quelle • toucbancte légende que celle de
cette jeune fille de l'antiquité, qui épouse un
étranger ! ' 1%
— renonceriez-vous à votre patrie pour
vous fixer dans celle de votre femme? de-
mande le père de la jeune femme à celui qui
est devenu soyï,*W. * * '
•—Non.
— Et toi, ma fille, fs-tu donc disposée à
suivre ton époux et à vivre loin de moi ?
Elle baisse son voile sur son visage, et ne
répond pas.
Le père comprend. -Désormais, il devra vi-
vre seul. ' " .
L'enfant qu'il a ,'Ùw grandir, la joie de sa
vieillesse, l'âme bla(Ï"éhe de sa maison, lui est
enlevée fI jamais. affections sont comme
les fleuves; d!es'dilscendent et ne remontent
pas.
Eh bien! la noce adoucit la tristesse de ce
départ. Le concours des invités ajoute à la
dignité du mariage. La jeune fille disparaît
dans ctttc cérémonie publique. Ce n'est plus
l'enfant que la fatalité sépare de*emr père et
de sa mère ; c'est l'épouse, c'est la mère à
venir, que des vœux amis saluent au seuil
Nftine éxistence nouvelle. . 1
y Les voyageurs racontent que les Esquimaux
ont l'habitude de fiancer leurs enfants dès
leurs plus jeünes année?. Quelquefois même
la fille, avant sa naissance, est-elle pourvue
d'un marf. Dans quelques tribus, le jeune
homme qui désire épouser une jeune fille
doit l'emmener par force chez lui, et c'est à
coups de bâton qu'il la conduit jusqu'à sa
hutte ..
Mais chez les Esquimaux, le mariage n'est
accompagné d'aucune solennité. Ni la loi, ni
la religion ne le sanctionnent.
Les noces sont contemporaines de la civili-
sation. Les cérémonies vpient avec les peu-
ples, mais l'idée de réunion et l'idée de fête
sont universelles.
Voyez tous les peuples anciens. Chez tous,
le pouyoir paternel, poussé jusqu'à l'absolu-
tisme, laissait peu de place au libre choix des;
J enfants ; le mariage n'avait guère d'autre hu%-
que la procréation ; la femme, perdant toute'
! personnalité, s'absorbait dans le mari, qui
héritait d'elle ; elle était son esclave, sa chose.
i Et cependant, à cet état inique on voulait la
! triple consécration de la loi, de la religion et
j du festin.
| Le-christianisme, qui. proclama la liberté
de.iajfedé.T -
clarant -égaux. devant Dieu au' mari et au
maître, conserva, sous des formes nouvelles, j
les usages anciens, et ces usages sogt venus
jusqu'à nous. ' 'n:
-Ainsi-les noces sont une bonne et belle;
chose. , •
Mais il en est une ,plus belle encore, c'est
le mariage.
Simplement attrait des sexes au début, In-
suite élan de l'âme vers la beauté. l'amour
aurait tous les caractères de la fatalité s'il
n'était dirigé par une règle. supérieure à la
passion.
Celte règle s'appelle la dignité :
— Je me respecte moi-même, et c'est pour -
cela":qiie je respecterai la femme que j'aurai
librement choisie.
De là le mariage, le mariage ayant pour
but, non-seulement la famille, mais encore
l'anoblissement de l'amour.
C'est ainsi que l'entendait Montaigne, quand
il disait :
4 Le maH&ge^l pour sa part l'utilité, la
justice, l'bprîneuî* et la constance, a
\ |
Quoi de plus -touchant et de meilleur en
effet que là tendresse de deux époux?
; Les joiès, partagées, leur semblent plus
grandes.
Les chagrins, supportés à deux, leur pa-
yassent moins lourds.
communauté d'intérêts qui s'appelle « la
;rpaison; » la c^mftuinauté de sentiments qui
^'appelle-* la#mi$fer» tout les rapproche.
: Sous l'efftJ1'tt de,s.yolontés, sous l'influence
des années~ les- différences de caractères s'ef-
; facent. La femme a pris le's idées du mari;
:1e mari s'ept pénétré des-sentiments de la
fermée. Oqt n'a eu qu'un joit, .qu'une table,
'.qu'une bourse, aIl- finit par n'avoir qu'une
• âme. - "<
• |.. Les traits même du visage en arrivent à se
r<&se'mblœ,...„ . * I
: y X
I • !
Et les enfants!
Est-ce que le pè,l'e-'et la mm ont deux re-
gaE&^«nÉwt ils fiés regardent?
T Les 'ënfkms ,;'^TT'fwr
trouble-fête, que le ménage doit sa tranquil-
lité.
Que de fois ils ont été . les agents, sans le
savoir, d'une réconciliation suivant une
b-ro'U:ille pass&gèra! Què:der fois leur présence
a prévenu un,e 'que'1'etle-,MJr= le peint d'éclater !
• * LàrviiVcst:pas tout -id-'une pièce.
; "':ÉHV a 'ses .difficultés sans cesse renais-
sances, ses tiraillements importuns.
A de'certaines heures, le mari etla femme,
'ne fût-ce que pendant une minute, regï'ettent
réciproquement leur indépendance.
— Nous sommes condamnés à vivre .en-
semble!
Condamnés -1 A ce moment l'enfant paraît.
Il'.saute SUR. les genoux du père, et, de là, il
incline son front vers les lèvres de la mère.
Celle-ci, en se penchant vers lui, se penche
aussi vers le mari. Il n'en faut pas plus. Le
logis qui, tout à l'heure, avait l'aspect d'une
prison, rayonne maintenant comme un Eden.
Venez, enfants 1 — A vous jardins, cours, esca-
(liers !) ,
Ebranlez et planchers, et plafonds, et piliers !
Que le jour s'achève ou renaisse,
' Courent bourdonnez cojajne l'abeille aux champs! 1
Ma joie, et mon bonheur, et mon àme, et mes :
(chants,)
Iront 011 vous irez, jeunesse!...
■?
Tous les poëtes ont chanté les enfants. • !
Lisez encore ces vers, qui valent mieux que • -
ceux de 'Paul Forestier. ¿
Nous ne vivons vraiment que par ces petits êtres,
Qui dans tout notre cœur s'établissent en maities,
Qui prennent notre vie et ne s'en doutent pas,
Et n'ont qu'à vivre heureux pour n'être pas ingrats,
Je ne vous ai pas dit de quelle noce je re-
venais hier. ■. ^
C'était de celte de notre ami, Emmanuel
Delsaux, administrateur de la Petite Presse.
La messe de mariage a été célébrée aux
Batignolies,. dans l'église Saint-Michel ; le :
dîner a eu lieu aux Frères-provençaux.. ' .
Les deux aides-de-camp d E. Delsaux,
MM. Morel et .Coste, avaient traversé la France
pour venir se mettre à sa disposition. Cor-te,
en maître des cérémonies, était superbe. Al-
phonse Hermant, savant en toutes choses,
avait rédigé le menu, et M. Goyard y avait
ajouté les éclats de bombes glacées en sur-
prise, une des merveilles de sa maison.
Au bout de deux ans, nos bureaux sont
devenus une maison, et tous'ceux qui colla-,
borent au journal une famille. Cette famille
a porté la santé de l'autre, et tout le monde.,
s'esl réuni pour boire aux mariés.
Ni apprêt, ni gêne, ni contrainte d'éti-
quette ; mais beaucoup de gaieté, de cordia- »
lité et de franchise....
Impossible de mieux commencer cette vie
à deux, pleine de confiance et de bons offices
mutuels, qui faisait dire à Montaigne .
« A bien façonner le mariage, il n'est point
de plus belle pièce dans la Société. »
TONY RÉVILLON.
ROCAMBOLE
LES
MISÈRES DE LONDRES
PAR
PONSON DU TERRAIL
DEUXIÈME PARTIE
UN MOULIN SANS EAU
XXXVII
No 103
11 est temps de revenir à un personnage de
se récit que nous avons momentanément perdu
de vue.
Nous voulons pàrler de John Colden.
John Coldcn, l'Irlandais, le vagabond que
l'homme gris s'était attaché d.un signe, un ma-
tin, dans Dud!ey street.
'Voir le numêrodu 22 novembre.
John Colden, qui avait aidé à sauver l'enfant
du moulin et qui avait, été victime de son dé-
vouement.
John était toujours à Bath square.
Sa blessure était moins grave qu'on ne l'avait
pensé tout d'abord.
Il avait perdu beaucoup ' de sang et, le pre
' mier jour, le docteur brusque et philanthrope
qui faisait partie d'une société éminemment hu-
manitaire, mais qui eut. envoyé de bon cœur un
voleur à l'écha.faud, le docteur, disons-nous,
avait froncé le sourcil et murmuré: -
— J'ai bien peur que le brigand ne meure
dans son lit, et ce serait dommage, en vérité,
car la cravate de chanvre lui irait à merveille.
Le lendemain, le joyeux visage du bon doc-
teur s'était rasséréné.
John Colden allait beaucoup mieux.
Le troisième jour. il lui avait dit avec une
bonhomie charmante :
— Hé ! lié ! mon garçon, tu as plus de chance
que tu ne mérites !
Jît comme l'Irlandais levait sur lui son œil
grave et mélancolique : • ' ,-,
— Tu guériras, mon garçon, tu guérirasjjui
dit-il.
John Colden eut un-haussement d'épauler; • ;
— Que m'importe dit-il.
t
— D'ici à huit jours, poursuivit le joyeux doc-
teur, tu te porteras comme un charme.
Et comme celte.. nouvelle n'amenait pas le
moindre sourire sur les lèvres de John Coiden,
l'excellent homme crut devoir ajouter :
— C'est apiè— demain la Christmas. Tu pour-
rais bien l'ailer passer à Newgate.
John Colden ne sourcilla pa',
— As-tu des parents ? poursuivit le docteur.
— J'ai une sœur.
— Est-elle riche ?
— Non.
— Veux-tu lui laisser £n petit héritage?
John Colden le regarda-.-' ,
— Ck la. dépend de toi £ poursuivie le docteur,
tout à fait de toi. Mais je ne veux pas t'en dire
plus long pour aujourd'hui; demain, nous en
recauserons...
Et le docteur était parti.
Le lendemain, un homme que John Colden
ne s'attendait plus à revoir, entra vers sept
heures du matin dans sa cellule. -
Pendant les trois premières nuits, l'état de
l'Irlandais avait été assez alarmant pour que
l'on crût devoir le veiller.
Mais, le troisième jour, le docteur avait jugé
cette précaution inutile.
Il avait fait le pansement, comme à l'ordinaire,
nuis il s'en était ah!.
John Colden avait passé la nuit tout seul.
Or donc, le lendemain /la première personne
qui entra dans sa cellule fut un personnage que
John Colden ne s'attendait pas à revoir.
C'était M. Barde!. ■ ■
M. Barde!, le gardien-chef que Jonathan
avait accusé de complicité dans l'évasion duie-
tit Irlandais.
L'œil de John Coiden s'cc'.aira.
M. Bardel était seul.
Néanmoins, ii posa un doigt sur ses lèvfcF,
comme pour recommander le silence à John
Golden.
Puis il ferma la porte de la cellule et s'assit
auprès au lit du blessé.
— Tu -ne m'attendais pas, diL.il?
— Nun, dit John Colden.
— Tu me croyais en prison?
— Oui.
— C'est Jonathan qui y est allé à ma place.
— Alors on.. a cru ce que j'avais dit?
— Oui ; l'homme gris a fait le reste.
— Vous êtes toujours gardien chef?
— Plus que jamais. C'est en cette qualité
que je viens te voir. Comment vas !.u?
— Mieux.
— Crois tu que tu pourras te lever?
— Pourquoi me demandez-vous ceia?
— Mais parce que tu vas quitte)' Bath»squar©r
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