Titre : La Petite presse : journal quotidien... / [rédacteur en chef : Balathier Bragelonne]
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1868-02-19
Contributeur : Balathier Bragelonne, Adolphe de (1811-1888). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32837965d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 19 février 1868 19 février 1868
Description : 1868/02/19 (A3,N671). 1868/02/19 (A3,N671).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k4717673w
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-190
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 22/10/2017
LA PETITE PRESSE
1 JOURNAL QUOTIDIEN
. S cent. le numéro
5 cent. le numéro»
ABONNEMENTS. — Trois mois. Six mois. Un an.
.paris a fr. 9 fr. 2 s fr.
Départements.. 8 11 er - '
AdministrateUr : E. DELSAUX.
- ' s 3 i\: : ii -
3me année. — MERCREDI 19PBtf|lER 1868. - lyo 671
Directeur-Propriétaire : J A N N I N.
Rédacteur en chef : A. DE BALÀTHIER BRAS&LONNE.
BUREAUX D'ABONNEMENT : 9, rue Dronoi.
Ai)mi-i[STRATrO'N : 13, place Breda.
PARIS, 18 FÉVRIER 1868.
UN ANNIVERSAIRE
LE DOCTEUR PERCY
Le 18 février 1825, un vieirhM^dfc feoffiame
et onze ans, qui faisait valoir une une pe ite ferme
non loin de Paris, à Lagny, mourut sans que
sa mort fît grand bruit.
Cependant, ce vieillard avait bien mérité
de la patrie et de la science.
Il avait été chirurgien des armées françaises
vendant quarante-trois ans.
On le nommait Pierre François Percy.
»
L'Assemblée législative, dans sa séance du
15 octobre 1791, reçut une lettre du ministre
-de la guerre, ainsi conçue :
a L'Assemblée nationale Constituante a
décrété qu'il serait attaché un chirurgien à
chacun des bataillons de gardes nationaux vo-
lontaires ; il a été ajouté que ces chirurgiens
seraient pris dans les hôpitaux militaires.
J'avais demandé, au contraire, qu'ils fussent
nommés par les directoires des départements,
parce qu'étant du même pays que les volon-
taires eux-mêmes, ils auraient plus facilement
la confiance des bataillons, et parce qu'il y
aurait de l'inconvénient à dégarnir les hôpi-
taux... »
Plusieurs membres demandèrent le renvoi
au comité militaire. Alors M. Gouvion se leva,
et dit: — Ce qui intéresse la santé des défen-
seurs de la nation, ne doit pas souffrir le re-
tard d'un renvoi.
Divers amendements sont \our à tour pro-
- posés et rejetés. L'Assemblée rend le décret
suivant:
« Les directoires des départements choisi-
ront les chirurgiens-majors pour les bataillons
des gardes nationales qui vont aux frontières,
sans que les directoires soient astreints à pren-
dre ces chirurgiens dans les hôpitaux mili-
taires... D
Quelques mois après ce décret, Percy faisait
partie de l'armée du Rhin. Il avait alors trente-
huit ans.
| Né à Monta gny, en Franche-Comté, il avait
d'abord étudié la médecine à Besançon ; puis,
docteur à vingt-et-un ans, il était venu, à
: Paris, suivre les leçons -de l'illustre encyclo-
; pédiste, Antoine Louis.
i La chirurgie militaire avait, dès son début,
tenté le jeune savant franc-comtois..
Il se souvenait qu'Ambrer Paréftè créateur
de la chirurgie moderne, avait trouve la mé-
thode pour guérir les playes faictes- par ar-
quebuses, et que sa présence, dans Metz as-
siégé par Charles-Qnint,avait relevé le courage
de la garnison et contribué à sauver cette
place, une des clés du royaume.
Plus tard, François Pourtour Du Petit avait
suivi pendant vingt ans les armées de
Louis XIV. Puis étaient venus Jean-Louis
Petit; La Peyronnie,le fondateur de l'Académie
de chirurgie; Garengeot, le chirurgien-major
du régiment du roi ; Sabatier, le chirurgien
en chef de l'Hôtel des Invalides; Antoine
Louis enfin....
Ces exemples exaltaient Perey. Il les avait
sans cesse sous les yeux ; sans cesse aussi, il
se disait :—J'ai étudié. Quand donc pour-
rai-je agir?...
Aide-major, il avait remporté quatre fois
de suite les prix de l'Académie, et il avait '
été couronné quatorze fois dans divers con-
cours.
Il salua avec enthousiasme la Révolution,
et partit, dès le début de nos grandes guerres,
heureux de consacrer au service de la
nation sa science, son dévouement, sa vie
tout entière.
Impossible de suivre, étape par étape, les
armées de la Moselle, de Sambre-et-Meuse et
du Rhin...
Mais les points de repère d'une existence
comme celle de Percy sont aisés à trouver.
„Ce sont les créations dues au génie et à l'ini-
tiative du savant. '
Le chirurgien en chef des deux armées du
Rhin, après avoir établi les hôpitaux militai-
res de Mayence, eut le premier l'idée des am-
bulances volantes, que Larrey, alors son se-
cond, devait développer et perfectionner plus
tard.
Il faut lire le Moniteur de cette époque :
« Si les généraux, les officiers et les s01.
dats de cette armée ont fait des prodiges, la
' ' *
chirurgie ambulante ne s'est pas moins dis-» ,
tingqig;, ce corps. de chirurgiens, porté sur
des chars très-légers, est de l'invention da
chirurgien en chef M. Percy. Oq. les voyait
partout, parcourant, avec la plus grande
prompfttude, le champ de bataille, allant au
milietrdes rangs chercher les blessés, les pa»u-
pntaiï. nlilieu d'une grêle de balles et de
bfrurels; ils ont montré un zèle, uire adresse-, "
une intrépidité qui remplissaient tout le monde
d'étonnement eed'admiration. »
Cette première installation a été modifiée.
Larrey fit décider que tout le personnel
médical serait à cheval, et que les chariots
ne transporteraient plus que les blesses. Des
ambulances volantes les blessés seraient trans-
portés aux ambulances fixes, sur les derrières
de l'armée, hors de la portée de l'ennemi, et
de là à l'hôpital militaire, toujours situé loin
du champ de bataille.
Les brancardiers, ou soldats d'ambulance,
sont encore une création de Percy.
A mesure que ses années de service devien-
nent plus nombreuses, l'élève du docteur
Louis poursuit son but avec plus de passion. J
Ce patriote ne se décide pas à quitter l'ar- i
mée, lorsque la République fait place à l'Em-
pire. * I
Il a pansé les volontaires de 92 ; il pansera
les blessés de la Grande-Armée. Il ira à
Austerlitz, à Iéna, à Friedland, à Eylau, en ,
Espagne... Jamais il ne s'arrête, jamais il ne
Fe repose, et Desgenettes pourra dire de lui, ;
avec l'éloquence un peu emphatique du i
temps i i
« M. Percy, retenu constamment, depuis le
commencement de la guerre, dans nos' ar- !
niées, où il a acquis une si juste et une si
grande réputation, a joint les exemples aux
préceptes, et donne, dans les circonstances les
plus brillantes et les plu's périlleuses, des le-
çons pratiques sur les champs ensanglantés
de la victoire, »
%
1 Enfin, la maladie le condamne à l'inaction.
Il devient aveugle. C'était en 18J 2. Impossi-
ble de partir pour la Russie. C'est Larrey, j
qui aura l'nonneur de soigner, pendant la !
terrible retraite, nos soldats vaincus.... j
En 1814, un mieux se manifeste dans la
santé de Percy. Sa vue demeure faible ; mais
enfin il y voit. Aussitôt, de concert avec le ,
.piéfet de Paris, M. de Chabrol, il organise des
ambulances pour les blessés étrangers, qui
affluant de .toutes parts dans la capitale. '
L'année suivante, lorsque Napoléon, à Wa..
terloo, se prépare à livrer sa dernière bataille,
il retrouver le vieux chirurgien -à son poste.
LYlImpere-rir," on le sait,- oubliait à des-
sein, les ^s\Jw récom-
penses. Percy était friron, Commandeur de la
Légion d'honneur, inspecteur général du ser-
vice de santé, professeur A .la Faculté de
Paris....
La Restauration se souvint qu'il avait servi
la République; elle,lui retira l'inspection géné-
rale et lui interdit sa chaire.
C'est alors que Percy se retira à Lagny,
pour y mener la vie-de propriétaire rural.
*
♦
Le baron Percy, comme le baron Larrey,
était adoré des soldats. Cela tenait à sa bon-
homie et à sa cordialité.
Son visage, aux joues larges, au nez bour-
bonien, aux cheveux gris rejetés en arrière,
'exprimait' la bonté.
Percy, mort dans la disgrâce, n'est plus
guère connu que de ses successeurs et de
quelques historiens.
Il faut savoir gré à un jeune écrivain,
membre du Comité de la Société des travaux
littéraires » scientifiques et artistiques ,
M. Emile Lambin, d'avoir remis en lumière,
dans ^une éloquente étude, cette grande et
sympathique figure.
M. Lambin a pris pour épigraphe de son
travail ce Verset de 1 Iliade :
0 Nestor, flls de NéléÇJ,- qui êtes ta gloire des
Grecs, dépêchez, montez rapidement sur votre
prenez avec vous Machaon et l'emmenez sur
nos vaisseaux. Uu grand médecin comme lui vaut
mieux que des bataillons entiers dans une année,
car il sait arracher et couper les traits qui sont
dans les plaies, et, par des appareils admirables, il
apaise les douleurs dos blessés. *
Eh 1 bien, c'est cela. 8
Un éditeur, lU. Willems, a entrepris ces
jours-ci une publication populaire, à dix cen-
times la livraison, intitulée : le Livre d'or des
peuples..C'est la vie de tous les hommes qui
ont marqué par leur talent ou leur vertu.
Il y a, parmi eux, des poètes et des philoso-
phes, des artistes et des savants ; il y aura *
aussi des soldats. Mais, ce que je voudrais
surtout y voir, ce serait'des hommes comme
Percy et comme Larrey.
ROCAMBOLE
LES
MISÈRES DE LONDRES
PAR
PONSON DU TERRAIL
DEUXIÈME PARTIE
UN MOULIN SANS EAU
XXXVI
No 102
ues rôles avaient été merveilleusement distri-
bués sans doute et répétés avec soin en présence
de ce metteur en scène prodigieux qui s'appelait
l'homme gris, car il n'y eut personne dans la
maison où pénétrait le major Waterley qui ne
s'acquittât correctement du sien.
.Voir le numéro du 22 novembre.
Ralph,que le major embrassait toujours,lui di-
sait naïvement :
— C'est donc vous qui êtes mon. père? ?
Aq, seuil du'vestibule, le major vit une fpmme
qui fondait en larmes.
C'était l'Irlandaise.
L'Irlandaise joignit les mains en regardant le
n*ajor et lui dit :
— Ah ! monsieur, ne me séparez pas de ce
cher enfant... je lui ai donné mon lait... et je
l'aime comme s'il était sorti de mes entrailles.
Ne m'en séparez pas... je vous servirai pour
rien...
— Je vous le promets, dit le major ému.
Et il continua son chemin sur les pas du vieux
domestique qui lui avait dit que son maître, lord
Vilmot, l'attendait avec impatience.
Lord 'Vilmat était dans ce même parloir Oll, la
veille au soir, Shoking et l'homme gris avaient
soupé tête à tête.
Le major aperçut un vieillard emmitouflé dans
une vaste robe de chambre, couché sur une
chaise .longue et la tête enveloppée de fou-
lards.
Auprès de lui se tenait un homme vètu de
noir qui pouvait avoir trente-sept ou trente-huit
ans. '
— Le docteur Gordon, mon médecin, dit lord
Vilmot, en présentant cet homme à sir John
Waterley.
Le docteur et le major se saluèrent.
Le domestique sortit et ferma la porte.
Ralph vint s'asseoir sur le bord de la chaise
longue et prit une des main's de lord Vilmot en
lui .disant d'une voix caressante:
— Comment vas-tu aujourd'hui, mon grand
ami?
— Monsieur, dit lord Vilmot au major, je
n'ai aucun secret pour le docteu- Gordon que
voilà, et vous permettrez, n'est-ce pas, que
nous causions devant lui?
Sir John ne devinait guère ce que lord Vil-
mot, qu'il voyait pour la première fois, pouvait
avoir à lui dirp, mais il était si heureux d'avoir
auprès de lui cet enfant qu'il croyait son fils
qu'il était prêt à tout écouter.
Il prit le siège que lui avança le docteur.
— Monsiéur, dit alors lord Vilmot, ce jeune
enfant que vous voyez là fait ma joie, et je lui
dois les meilleurs jours de ma vieillesse préma-
turée et souffrante.
Il me vient voir chaque jour, et sa vue me
rappelle un fils que j'ai perdù et qui était tout
ce que j'aimais en ce monde. Est-ce une illusion?
peut-être? mais cet enfant me parait la vivante
image de mon. 61S mort.
— Avait-il cet âge-là, quand vous l'avez
perdu ?
— Oui, monsieur, dit lord Vilmot, de plus en
plus ému.
Sir John Waterley ne savait encore où le
malade en voulait venir.
— Monsieur, poursuivit lord Vi!mot, je suis
attaqué d'une maladie qui, au dire du docteur,
ne pardonne pas. Je puis mourir demain et je
veux assurer l'avenir de votre fils.
— Milord... balbutia le major.
Lord Vilmot fit un signe au docteur, qui prit
urr porte-feuille sur un meuble et le lui ten-
dit.
Lord Vilmot continua :
. — Je n'ai pas de proches parents, et je veux:
faire de votre fils mon héritier. J'ai rédigé mon
testament en ce sens, et vous n'aurez que votre
signature à apposer au bas de cet acte qui porte
déjà la mienne, pour que l'adoption soit en.*
règle. Cependant, je mets à cette adoption una
condition.
— Parlez, monsieur, dit le major.
— Votre e,;Is, grâce à ma fortune et au titre
que je !'ji laisserai, pourra un jour faire une
,,raP ae figure dans le monde. *
[ Le major tressaillit d'orgueil.
1 — Il faut donc qu'il soit élevé^ Convenable-
1 JOURNAL QUOTIDIEN
. S cent. le numéro
5 cent. le numéro»
ABONNEMENTS. — Trois mois. Six mois. Un an.
.paris a fr. 9 fr. 2 s fr.
Départements.. 8 11 er - '
AdministrateUr : E. DELSAUX.
- ' s 3 i\: : ii -
3me année. — MERCREDI 19PBtf|lER 1868. - lyo 671
Directeur-Propriétaire : J A N N I N.
Rédacteur en chef : A. DE BALÀTHIER BRAS&LONNE.
BUREAUX D'ABONNEMENT : 9, rue Dronoi.
Ai)mi-i[STRATrO'N : 13, place Breda.
PARIS, 18 FÉVRIER 1868.
UN ANNIVERSAIRE
LE DOCTEUR PERCY
Le 18 février 1825, un vieirhM^dfc feoffiame
et onze ans, qui faisait valoir une une pe ite ferme
non loin de Paris, à Lagny, mourut sans que
sa mort fît grand bruit.
Cependant, ce vieillard avait bien mérité
de la patrie et de la science.
Il avait été chirurgien des armées françaises
vendant quarante-trois ans.
On le nommait Pierre François Percy.
»
L'Assemblée législative, dans sa séance du
15 octobre 1791, reçut une lettre du ministre
-de la guerre, ainsi conçue :
a L'Assemblée nationale Constituante a
décrété qu'il serait attaché un chirurgien à
chacun des bataillons de gardes nationaux vo-
lontaires ; il a été ajouté que ces chirurgiens
seraient pris dans les hôpitaux militaires.
J'avais demandé, au contraire, qu'ils fussent
nommés par les directoires des départements,
parce qu'étant du même pays que les volon-
taires eux-mêmes, ils auraient plus facilement
la confiance des bataillons, et parce qu'il y
aurait de l'inconvénient à dégarnir les hôpi-
taux... »
Plusieurs membres demandèrent le renvoi
au comité militaire. Alors M. Gouvion se leva,
et dit: — Ce qui intéresse la santé des défen-
seurs de la nation, ne doit pas souffrir le re-
tard d'un renvoi.
Divers amendements sont \our à tour pro-
- posés et rejetés. L'Assemblée rend le décret
suivant:
« Les directoires des départements choisi-
ront les chirurgiens-majors pour les bataillons
des gardes nationales qui vont aux frontières,
sans que les directoires soient astreints à pren-
dre ces chirurgiens dans les hôpitaux mili-
taires... D
Quelques mois après ce décret, Percy faisait
partie de l'armée du Rhin. Il avait alors trente-
huit ans.
| Né à Monta gny, en Franche-Comté, il avait
d'abord étudié la médecine à Besançon ; puis,
docteur à vingt-et-un ans, il était venu, à
: Paris, suivre les leçons -de l'illustre encyclo-
; pédiste, Antoine Louis.
i La chirurgie militaire avait, dès son début,
tenté le jeune savant franc-comtois..
Il se souvenait qu'Ambrer Paréftè créateur
de la chirurgie moderne, avait trouve la mé-
thode pour guérir les playes faictes- par ar-
quebuses, et que sa présence, dans Metz as-
siégé par Charles-Qnint,avait relevé le courage
de la garnison et contribué à sauver cette
place, une des clés du royaume.
Plus tard, François Pourtour Du Petit avait
suivi pendant vingt ans les armées de
Louis XIV. Puis étaient venus Jean-Louis
Petit; La Peyronnie,le fondateur de l'Académie
de chirurgie; Garengeot, le chirurgien-major
du régiment du roi ; Sabatier, le chirurgien
en chef de l'Hôtel des Invalides; Antoine
Louis enfin....
Ces exemples exaltaient Perey. Il les avait
sans cesse sous les yeux ; sans cesse aussi, il
se disait :—J'ai étudié. Quand donc pour-
rai-je agir?...
Aide-major, il avait remporté quatre fois
de suite les prix de l'Académie, et il avait '
été couronné quatorze fois dans divers con-
cours.
Il salua avec enthousiasme la Révolution,
et partit, dès le début de nos grandes guerres,
heureux de consacrer au service de la
nation sa science, son dévouement, sa vie
tout entière.
Impossible de suivre, étape par étape, les
armées de la Moselle, de Sambre-et-Meuse et
du Rhin...
Mais les points de repère d'une existence
comme celle de Percy sont aisés à trouver.
„Ce sont les créations dues au génie et à l'ini-
tiative du savant. '
Le chirurgien en chef des deux armées du
Rhin, après avoir établi les hôpitaux militai-
res de Mayence, eut le premier l'idée des am-
bulances volantes, que Larrey, alors son se-
cond, devait développer et perfectionner plus
tard.
Il faut lire le Moniteur de cette époque :
« Si les généraux, les officiers et les s01.
dats de cette armée ont fait des prodiges, la
' ' *
chirurgie ambulante ne s'est pas moins dis-» ,
tingqig;, ce corps. de chirurgiens, porté sur
des chars très-légers, est de l'invention da
chirurgien en chef M. Percy. Oq. les voyait
partout, parcourant, avec la plus grande
prompfttude, le champ de bataille, allant au
milietrdes rangs chercher les blessés, les pa»u-
pntaiï. nlilieu d'une grêle de balles et de
bfrurels; ils ont montré un zèle, uire adresse-, "
une intrépidité qui remplissaient tout le monde
d'étonnement eed'admiration. »
Cette première installation a été modifiée.
Larrey fit décider que tout le personnel
médical serait à cheval, et que les chariots
ne transporteraient plus que les blesses. Des
ambulances volantes les blessés seraient trans-
portés aux ambulances fixes, sur les derrières
de l'armée, hors de la portée de l'ennemi, et
de là à l'hôpital militaire, toujours situé loin
du champ de bataille.
Les brancardiers, ou soldats d'ambulance,
sont encore une création de Percy.
A mesure que ses années de service devien-
nent plus nombreuses, l'élève du docteur
Louis poursuit son but avec plus de passion. J
Ce patriote ne se décide pas à quitter l'ar- i
mée, lorsque la République fait place à l'Em-
pire. * I
Il a pansé les volontaires de 92 ; il pansera
les blessés de la Grande-Armée. Il ira à
Austerlitz, à Iéna, à Friedland, à Eylau, en ,
Espagne... Jamais il ne s'arrête, jamais il ne
Fe repose, et Desgenettes pourra dire de lui, ;
avec l'éloquence un peu emphatique du i
temps i i
« M. Percy, retenu constamment, depuis le
commencement de la guerre, dans nos' ar- !
niées, où il a acquis une si juste et une si
grande réputation, a joint les exemples aux
préceptes, et donne, dans les circonstances les
plus brillantes et les plu's périlleuses, des le-
çons pratiques sur les champs ensanglantés
de la victoire, »
%
1 Enfin, la maladie le condamne à l'inaction.
Il devient aveugle. C'était en 18J 2. Impossi-
ble de partir pour la Russie. C'est Larrey, j
qui aura l'nonneur de soigner, pendant la !
terrible retraite, nos soldats vaincus.... j
En 1814, un mieux se manifeste dans la
santé de Percy. Sa vue demeure faible ; mais
enfin il y voit. Aussitôt, de concert avec le ,
.piéfet de Paris, M. de Chabrol, il organise des
ambulances pour les blessés étrangers, qui
affluant de .toutes parts dans la capitale. '
L'année suivante, lorsque Napoléon, à Wa..
terloo, se prépare à livrer sa dernière bataille,
il retrouver le vieux chirurgien -à son poste.
LYlImpere-rir," on le sait,- oubliait à des-
sein, les ^s\Jw récom-
penses. Percy était friron, Commandeur de la
Légion d'honneur, inspecteur général du ser-
vice de santé, professeur A .la Faculté de
Paris....
La Restauration se souvint qu'il avait servi
la République; elle,lui retira l'inspection géné-
rale et lui interdit sa chaire.
C'est alors que Percy se retira à Lagny,
pour y mener la vie-de propriétaire rural.
*
♦
Le baron Percy, comme le baron Larrey,
était adoré des soldats. Cela tenait à sa bon-
homie et à sa cordialité.
Son visage, aux joues larges, au nez bour-
bonien, aux cheveux gris rejetés en arrière,
'exprimait' la bonté.
Percy, mort dans la disgrâce, n'est plus
guère connu que de ses successeurs et de
quelques historiens.
Il faut savoir gré à un jeune écrivain,
membre du Comité de la Société des travaux
littéraires » scientifiques et artistiques ,
M. Emile Lambin, d'avoir remis en lumière,
dans ^une éloquente étude, cette grande et
sympathique figure.
M. Lambin a pris pour épigraphe de son
travail ce Verset de 1 Iliade :
0 Nestor, flls de NéléÇJ,- qui êtes ta gloire des
Grecs, dépêchez, montez rapidement sur votre
prenez avec vous Machaon et l'emmenez sur
nos vaisseaux. Uu grand médecin comme lui vaut
mieux que des bataillons entiers dans une année,
car il sait arracher et couper les traits qui sont
dans les plaies, et, par des appareils admirables, il
apaise les douleurs dos blessés. *
Eh 1 bien, c'est cela. 8
Un éditeur, lU. Willems, a entrepris ces
jours-ci une publication populaire, à dix cen-
times la livraison, intitulée : le Livre d'or des
peuples..C'est la vie de tous les hommes qui
ont marqué par leur talent ou leur vertu.
Il y a, parmi eux, des poètes et des philoso-
phes, des artistes et des savants ; il y aura *
aussi des soldats. Mais, ce que je voudrais
surtout y voir, ce serait'des hommes comme
Percy et comme Larrey.
ROCAMBOLE
LES
MISÈRES DE LONDRES
PAR
PONSON DU TERRAIL
DEUXIÈME PARTIE
UN MOULIN SANS EAU
XXXVI
No 102
ues rôles avaient été merveilleusement distri-
bués sans doute et répétés avec soin en présence
de ce metteur en scène prodigieux qui s'appelait
l'homme gris, car il n'y eut personne dans la
maison où pénétrait le major Waterley qui ne
s'acquittât correctement du sien.
.Voir le numéro du 22 novembre.
Ralph,que le major embrassait toujours,lui di-
sait naïvement :
— C'est donc vous qui êtes mon. père? ?
Aq, seuil du'vestibule, le major vit une fpmme
qui fondait en larmes.
C'était l'Irlandaise.
L'Irlandaise joignit les mains en regardant le
n*ajor et lui dit :
— Ah ! monsieur, ne me séparez pas de ce
cher enfant... je lui ai donné mon lait... et je
l'aime comme s'il était sorti de mes entrailles.
Ne m'en séparez pas... je vous servirai pour
rien...
— Je vous le promets, dit le major ému.
Et il continua son chemin sur les pas du vieux
domestique qui lui avait dit que son maître, lord
Vilmot, l'attendait avec impatience.
Lord 'Vilmat était dans ce même parloir Oll, la
veille au soir, Shoking et l'homme gris avaient
soupé tête à tête.
Le major aperçut un vieillard emmitouflé dans
une vaste robe de chambre, couché sur une
chaise .longue et la tête enveloppée de fou-
lards.
Auprès de lui se tenait un homme vètu de
noir qui pouvait avoir trente-sept ou trente-huit
ans. '
— Le docteur Gordon, mon médecin, dit lord
Vilmot, en présentant cet homme à sir John
Waterley.
Le docteur et le major se saluèrent.
Le domestique sortit et ferma la porte.
Ralph vint s'asseoir sur le bord de la chaise
longue et prit une des main's de lord Vilmot en
lui .disant d'une voix caressante:
— Comment vas-tu aujourd'hui, mon grand
ami?
— Monsieur, dit lord Vilmot au major, je
n'ai aucun secret pour le docteu- Gordon que
voilà, et vous permettrez, n'est-ce pas, que
nous causions devant lui?
Sir John ne devinait guère ce que lord Vil-
mot, qu'il voyait pour la première fois, pouvait
avoir à lui dirp, mais il était si heureux d'avoir
auprès de lui cet enfant qu'il croyait son fils
qu'il était prêt à tout écouter.
Il prit le siège que lui avança le docteur.
— Monsiéur, dit alors lord Vilmot, ce jeune
enfant que vous voyez là fait ma joie, et je lui
dois les meilleurs jours de ma vieillesse préma-
turée et souffrante.
Il me vient voir chaque jour, et sa vue me
rappelle un fils que j'ai perdù et qui était tout
ce que j'aimais en ce monde. Est-ce une illusion?
peut-être? mais cet enfant me parait la vivante
image de mon. 61S mort.
— Avait-il cet âge-là, quand vous l'avez
perdu ?
— Oui, monsieur, dit lord Vilmot, de plus en
plus ému.
Sir John Waterley ne savait encore où le
malade en voulait venir.
— Monsieur, poursuivit lord Vi!mot, je suis
attaqué d'une maladie qui, au dire du docteur,
ne pardonne pas. Je puis mourir demain et je
veux assurer l'avenir de votre fils.
— Milord... balbutia le major.
Lord Vilmot fit un signe au docteur, qui prit
urr porte-feuille sur un meuble et le lui ten-
dit.
Lord Vilmot continua :
. — Je n'ai pas de proches parents, et je veux:
faire de votre fils mon héritier. J'ai rédigé mon
testament en ce sens, et vous n'aurez que votre
signature à apposer au bas de cet acte qui porte
déjà la mienne, pour que l'adoption soit en.*
règle. Cependant, je mets à cette adoption una
condition.
— Parlez, monsieur, dit le major.
— Votre e,;Is, grâce à ma fortune et au titre
que je !'ji laisserai, pourra un jour faire une
,,raP ae figure dans le monde. *
[ Le major tressaillit d'orgueil.
1 — Il faut donc qu'il soit élevé^ Convenable-
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