Titre : La Petite presse : journal quotidien... / [rédacteur en chef : Balathier Bragelonne]
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1868-02-21
Contributeur : Balathier Bragelonne, Adolphe de (1811-1888). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32837965d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 21 février 1868 21 février 1868
Description : 1868/02/21 (A3,N673). 1868/02/21 (A3,N673).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k4717675q
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-190
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 22/10/2017
LA PETITE PRESSE
S cent. le 1 numéro
JOURNAL QUOTIDIEN
5 cent. le numéro
-
-"
ABO!aŒMENTY- Trois mois. Six mois. en an.
Paris,...' fr.... Ji fr. 9 fr. t. 8 fr.
Départements.. a
Administrateur: E. Delsaux. 29
3me année. - VENDREDI 24 FEVRIER 1868. r- K» 673
Directeur-Propriétaire : Jannin.
Rédacteur en chef : A. DE BALATHIER BRAGELONNE.
BUREAUX D'ABONNEMENT : 9, 3-il e »VOtIOt.
\?»M!MSTIIATÎÛN : 13, place Breda.
PARIS, 20 FEVRIER 1868.
L'UNION DU COMMERCE
Vendredi dernier, la
' C.g¡¡¡IP.efç,e a tenu son assembîeô' /gêûerale
dans la salle du Cirque Napoléon. Je n'ai pu,
à mon grand regret, assister à cette réunion.
Cette société, en effet, compte cinq mille
membres ; et, plus encore par les services
qu'elle rend que par le chiffre de ses socié-
taires, elle mérite l'attention empressée de la
. presse et du public.
Mais, si je n'ai' ni vu ni entendu, du
moins j'ai lu.
L'histoire de l'Union du Commerce, par
son fondateur, M. A. Genevay, m'a fait con-
naître le'passé de la Société; le rapport lu à
l'assemblée générale par un des vice-prési-
dents, M. Marchand, m'a mis au courant de
sa situation actuelle.
C'est donc en connaissance de cause que je
puis dire tout le bien que je pense de cette
excellente institution.
,il
L'Union du Commerce est une des rares
associations qui ont précédé le grand mouve-
ment économique de 1848.
Juste un an avant la Révolution de février,
quelques employés du commerce de Paris se
réunirent sur l'invitation de M. Genevay.
Ce dernier leur exposa la constitution des
sociétés de secours mutuels, leur en fit valoir
les avâfitages, et fiait-pa* leur proposer dren
fonder une. -
Les employés, convaincus et entraînés, y
consentirent sur-le-champ.
Alors, les débuts d'une œuvre de cette sorte
étaient entourés de mille difficultés, tfon-seu-
lement l'administration voulait nommer le
président, mais encore elle prétendait limiter
à trois cents le nombre des sociétaires.
Cette dernière exigence rendait tout impos-
sible : les frais généraux seuls absorberaient
les cotisations. Rien que dans les tissus, Paris
compte vingt mille employés. A supposer que
la moitié seulement d'entre eux voulussent
s'associer, cette moitié eût formé trente-cinq
groupes. Qu'auraient fait ces petits corps,
en face de besoins sans cesse renaissants?...
La question fut débattue dans les conseils
du Gouvernement ; les difficultés finirent par
s'aplanir, et l'acte social fut enfin signé
i^le 5 mai 1847. - j j
* Les signataires du premier /ôur étaient au
"nombre de trente-trois. Le lendemain, il vint i
.quatre adhésions.
Remarquez, je vous prie, ce point de dé-
pa'rt.
« Venir en aide par toutes voies de bon
secours et d'intérêt aux sociétaires, dans
leurs besoins et leurs souffranus. » r
Tel était lé but nettement défini dans'les
statuts.
Pour atteindre ce but, il fallait créer un
fonds social.
Le fonds social créé, quelle serait la divi-
sion de son emploi?
L'es consultations de médecins, les visites
à domicile, l'achat des remèdes en cas de ma-
ladie, les prêts ou dons en argent en cas de
cessation forcée de travail, tout allait de
soi. ' i
La question deS retraites était plus grave.
On décida qu'aucun droit ne serait établi
en matière de pensions. La raison en est bien
simple: c'est que la condition d'employé de
commerce n'est qu'une condition de vie tran-
sitoire, et non un état définitif.
On est commis, mais on devient patron.
Il y a des exceptions sans doute ; eh 1 bien,
pour faire face à ces exceptions, le comité au-
rait la faculté de créer quelques pensions de
retraite.
Ce qui importait, c'était de faire face à
tous les besoins présents. --
Une fois leurs statuts rédigés, les fondateurs
de l'Union de Commerce firent appel à tous
les employés de la branche des tissus et des
matières brutes servant à leur fabrication.
La cotisation mensuelle, de trois francs au-
jourd'hui, fut nlors fixée à deux, et l'admi.
nistration confié à un comité composé de vingt-
trois membres renouvelable, par tiers à la
fin de chaque année.
Les patrons pouvaient faire partie de l'as-
sociation à titre de membres honoraires.
Un conseil judiciaire prêterait son concours
à l'administration.
Tout le monde se mit à l'œuvre. Sous la
présidence de M. POllrsain, les trente-trois
membres du comité furent à la fois admini-
strateurs, agents comptable?, garçons de re-
cettes. On avait la foi qui fait les prosélytes.
Qjaand on se réunit au mois de novembre, la
Société comptait sept cents membres. Elle
avait payé tous ses frais d'installation, tous
ses- services, et elle possédait un actif de
1,842 francs.
C'était admirable.
; Survint la révolution de février.
Le propre de toute révolution est de para-
lyser d'abord, de ralentir ensuite pour long-
temps le mouvement industriel et commer-
cial d'un pays. Les patrons sont forcés de
renvoyer leurs employés, et. les employés
sans ouvrage, au lieu de payer leur cotisation
à la caisse sociale, s'adressent à elle pour lui
demander dés secours. •
L'Union du Commerce souffrit, et son dé-
.
veloppement dut subir un temps d'arrêt.
Mais elle avait trop de vitalité pour ne pas se
relever. Des hommes spéciaux lui prêtèrent
le concours de leur expérience. Le 16 juin
1£(50, l'assemblée générale, présidée par
Mi Bouillet, put constater que si son encaisse
n'avait pas haussé depuis deux ans, du moins
il lui avait permis 'de faire face à la morte
saison commerciale et au choléra.
Le 15 décembre de la même année, deux
progrès 'immenses s'accomplirent : l'ouver-
ture de la maison de santé du docteur Dubois
pour les malades qui ne pourraient être soi-
gnés à domicile ; l'établissement au siége
social d'un livre destiné à faire connaître aux
sociétaires les places vacantes dans le corn-*
merce de Paris.
Je passe sur les querelles intestines dont
le service médical fut le prétexte. Ces querel-
&a, feans intérêt aujourd'hui,- > e&peat UB æftl-
heureux résultat : la démission d'un grand
nombre de membres. Mais cette démission
produisit du moins ce bon effet, que le comité,
éclairé par elle, fit droit aux réclamations des
sociétaires.
Sous la présidence de M. Guyon, il fut dé-
cidé que tout sociétaire décédé aurait droit à
une concession temporaire de cinq ans.
Ceci se passait en 1860. Les sociétaires
étaient alors au nombre de huit cents, et pos-
sédaient une vingtaine de mille francs..
A la fin de 1861, l'association comptait dix-
sept cent trente-neuf membres, qui possé-
daient plus de quatre-vingt mille francs.
Je suis forcé d'abréger.
Depuis ce temps-là, l'Union du Commerce
n'a fait que grandir.
^.Les patrons, d'abord effrayés de l'influence
que pourrait avoir une association de cette
nature, sont revenus peu à peu de leurs pré-
ventions, et tous tiennent à honneur de figu-
rer parmi leurs membres honoraires.
« Maintenant, dit M. Genevay, au jour des
asséTfflWI^'énérales, des députés, des ma-
gistrats, des journalistes, de grands négo-
ciants, des industriels renommés, se pressent
autour du comité de mette forte et libre insti-
tution. La vue de trois à quatre mille jeunes
gens, calmes, réfléchis, s'entretenant dans un
ordre parfait, sans tumulte, sans cri, de leurs
affaires, écoutant avec déférence les paroles de
celui de leur camarade qu'ils se sont donné
PQsr chef et les improvisations chaleureuses
de quelques voix qu'ils aiment, les remplit
d'un étonnement respectueux. C'est un triom-
phe éclatant, dont l'association peut être fière,
parce qu'elle a le sentiment qu'elle le mé-
rite. D
Le rapport dé cette année a le mérite, propre
à tous les rapporta, de proclamer avec la' con-
cision et l'éloquence tiu chiffre la situation
prospère de l'association.
L'Union du Commerce compte plus de cinq
mille membres. r ..
- Les cotisations se sont élevées à 102,200
francs.
Les secours de toute nature ont atteint le
chiffre de 101,665 francs. La réserve s'est
cependant accrue de 14,457 francs.
tes médecins de la Société ont donné, pen-
dant l'année, 31,253 consultations; ils ont
fait 3,097 visites à domicile ; en tout 34,350
.ordonnances, dont on a payé le montant aux
pharmaciens.
En outre, 170 sociétaires sont entrés à
la maison de santé Dubois; ils y sont restés
ensemble 2,946 jours, et cette dépense s'est
élevée à 14,731 francs.
Rien qu'en cachets de bains, il a été em-
ployé une somme de plus de 8,000 francs.
679 emplois ont été inscrits sur le registre
tenu au siége social. C'est trop peu. Mes lec-
teurs savent mon opinion à cet égard, et com-
bien il serait désirable que tous les employés
fussent placés par l'entremise des associa-
tions dont ils font partie, au lieu de l'être par
celle des bureaux de placement.
ROCAMBOLE
LES
MISÈRES DE LONDRES
PAR
PONSON DU TERRAIL
TROISIÈME PARTIE
NEWGATE. — LE CIMETIÈRE DES SUPPLICIÉS
I
.kNo 104 -
lorsque, parvenu au bout du Strand, vous
£tes entre dans Fleet street, .lorsque vous avez
coupé perpendiculairement cette immense voie
qu'on appelle Farringdon sireet sûr la rive gau-
che et Farringdon road sur la rive droite, quand
vous venez de passer sous cette porte mOllumen-
tale qui sépare la cité de Lond'-ci; de Fainrlomé-
.. Vcir îe .numérodu 22 Bovooii.re
ration, une rue s'ouvre tout à coup sur votre
gauche.
C'est Old Bailey.
Elle n'est ni large ni étroite, et, à première
vue, elle n'a rien d'effrayant.
Les maisons sont noires, comme presque
toutes celles de la cité; la plupart sont occupées
par des bureaux et bruyantes. Animées pendant
le jour, elles reprennent à la nuit ce morne et
silencieux aspect qu'a la cité tout entière, que
les commerçants désertent le soir pour aller ha-
biter les environs. „
Un ou deux public-ho.uses sur la gauche, un
étal-de boucher un peu, plus haut; un peu plus
haut encore les murs blancs et le clocher d'une
église. ,
C'est là tout ce que vous apercevez çji en-
trant.
Mais avancez, avancez encore. --r'
Old Bailey n'est plus une rue, c'est une place
triangulaire, place étroite, allongée, sinistre, et
dont, ie CÕté oriental est formé par un triste et
silencieux édifice.
C'est Newgate.
Nivwgate, c'est la Rosette de Londres.
A Paris, on éloigne Méprisons du centre de
la ville, des beaux quartiers.
Saiiue-Pélagie est perdue dans le faubourg
^niui-Marce!. Mazas dans 'le .faubourg Saint-
Antoine, la Roquette se cache en haut de la
rue de Charonne.
Londres a placé Newgate au centre même de
la cité, à deux pas de Saint-Paul, de la Poste,
de la Banque et de la Bourse.
Newgate a trois portes sur Old-Bailey.
Celle du milieu est affectée aux bureaux du
gouverneur et à son logement particulier.
C'est par celle de droite que le prisonnier
entre dans le sinistre édifice.
C'est devant celle de gauche que l'échafaud se
dresse et par elle que le condamné sort pour
aller mourir.
Toutes trois sont exhaussées sur trois mar-
ches, voûtées et garnies de lances de fer, pour-
vues de guichets grillagés.
Il n'y a ni poste, ni soldats, ni sentinelles à
l'extérieur.
On passe devant Newgate comme devant une
maison ordinaire.
La prison fait angle avec une autre rue qui
porte son nom, Newgate' street. )
C'est dans Newgate qu'est le collège Christ'
hospital.
C'est en haut d'Old-Bailey qu'est l'hôpital de
Saint-Barthélemy, dont l'amphithéâtre reçoit
les corps des suppliciés.
Le jour où la potence se, dresse, une heure
avant que le condamné monte sur l'échafaud.
deux cloches se font entendre et tintent un long
glas funèbre. L'une est celle de Saint-Barthé-
lemy, l'autre, celle de Christ' hospital.
Elles ne se taisent que lorsque les chirurgiens
ont emporté le corps du supplicié.
Comme en France, l'exécution est publique,
seulement la potence remplace la guillotine.
Mais l'heure est la même. A cinq heures en
été, à sept en hiver.
Dès la veille, le bruit de la lugubre cérémonie
circule dans le quartier. *
Les négociants qui ont leurs.. bureaux dans
Old Bailey disent alors à leurs employés et à
leurs commis :
— Vous pourrez venir une. heure plus tard,
.demain.. ■ ; ^ • ; .
Le monde des affaires est matinal-,à Paris,
A Londres, il l'est moins.
Avant neuf heures, il n'y a pas un comptoir
ouvert..
Donc, à dix heures, c'est-à dire trois heures
après, le négocian^-d'Oid Bailey qui arrive par
l'oœnibus, le penn'y-boat ou le chemin de 1er,
ne trouve plus trace du drame épouvantable
qu'il aurait pu voir de sa fenêtre.
r A cinq heures et demie, bien ayant le jour,
! une escouade ce pc:icc-men est arrivée dans
[ Old Bêùley , û::;{ r- " ."- ) ""r" t une charrette maniée
S cent. le 1 numéro
JOURNAL QUOTIDIEN
5 cent. le numéro
-
-"
ABO!aŒMENTY- Trois mois. Six mois. en an.
Paris,...' fr.... Ji fr. 9 fr. t. 8 fr.
Départements.. a
Administrateur: E. Delsaux. 29
3me année. - VENDREDI 24 FEVRIER 1868. r- K» 673
Directeur-Propriétaire : Jannin.
Rédacteur en chef : A. DE BALATHIER BRAGELONNE.
BUREAUX D'ABONNEMENT : 9, 3-il e »VOtIOt.
\?»M!MSTIIATÎÛN : 13, place Breda.
PARIS, 20 FEVRIER 1868.
L'UNION DU COMMERCE
Vendredi dernier, la
' C.g¡¡¡IP.efç,e a tenu son assembîeô' /gêûerale
dans la salle du Cirque Napoléon. Je n'ai pu,
à mon grand regret, assister à cette réunion.
Cette société, en effet, compte cinq mille
membres ; et, plus encore par les services
qu'elle rend que par le chiffre de ses socié-
taires, elle mérite l'attention empressée de la
. presse et du public.
Mais, si je n'ai' ni vu ni entendu, du
moins j'ai lu.
L'histoire de l'Union du Commerce, par
son fondateur, M. A. Genevay, m'a fait con-
naître le'passé de la Société; le rapport lu à
l'assemblée générale par un des vice-prési-
dents, M. Marchand, m'a mis au courant de
sa situation actuelle.
C'est donc en connaissance de cause que je
puis dire tout le bien que je pense de cette
excellente institution.
,il
L'Union du Commerce est une des rares
associations qui ont précédé le grand mouve-
ment économique de 1848.
Juste un an avant la Révolution de février,
quelques employés du commerce de Paris se
réunirent sur l'invitation de M. Genevay.
Ce dernier leur exposa la constitution des
sociétés de secours mutuels, leur en fit valoir
les avâfitages, et fiait-pa* leur proposer dren
fonder une. -
Les employés, convaincus et entraînés, y
consentirent sur-le-champ.
Alors, les débuts d'une œuvre de cette sorte
étaient entourés de mille difficultés, tfon-seu-
lement l'administration voulait nommer le
président, mais encore elle prétendait limiter
à trois cents le nombre des sociétaires.
Cette dernière exigence rendait tout impos-
sible : les frais généraux seuls absorberaient
les cotisations. Rien que dans les tissus, Paris
compte vingt mille employés. A supposer que
la moitié seulement d'entre eux voulussent
s'associer, cette moitié eût formé trente-cinq
groupes. Qu'auraient fait ces petits corps,
en face de besoins sans cesse renaissants?...
La question fut débattue dans les conseils
du Gouvernement ; les difficultés finirent par
s'aplanir, et l'acte social fut enfin signé
i^le 5 mai 1847. - j j
* Les signataires du premier /ôur étaient au
"nombre de trente-trois. Le lendemain, il vint i
.quatre adhésions.
Remarquez, je vous prie, ce point de dé-
pa'rt.
« Venir en aide par toutes voies de bon
secours et d'intérêt aux sociétaires, dans
leurs besoins et leurs souffranus. » r
Tel était lé but nettement défini dans'les
statuts.
Pour atteindre ce but, il fallait créer un
fonds social.
Le fonds social créé, quelle serait la divi-
sion de son emploi?
L'es consultations de médecins, les visites
à domicile, l'achat des remèdes en cas de ma-
ladie, les prêts ou dons en argent en cas de
cessation forcée de travail, tout allait de
soi. ' i
La question deS retraites était plus grave.
On décida qu'aucun droit ne serait établi
en matière de pensions. La raison en est bien
simple: c'est que la condition d'employé de
commerce n'est qu'une condition de vie tran-
sitoire, et non un état définitif.
On est commis, mais on devient patron.
Il y a des exceptions sans doute ; eh 1 bien,
pour faire face à ces exceptions, le comité au-
rait la faculté de créer quelques pensions de
retraite.
Ce qui importait, c'était de faire face à
tous les besoins présents. --
Une fois leurs statuts rédigés, les fondateurs
de l'Union de Commerce firent appel à tous
les employés de la branche des tissus et des
matières brutes servant à leur fabrication.
La cotisation mensuelle, de trois francs au-
jourd'hui, fut nlors fixée à deux, et l'admi.
nistration confié à un comité composé de vingt-
trois membres renouvelable, par tiers à la
fin de chaque année.
Les patrons pouvaient faire partie de l'as-
sociation à titre de membres honoraires.
Un conseil judiciaire prêterait son concours
à l'administration.
Tout le monde se mit à l'œuvre. Sous la
présidence de M. POllrsain, les trente-trois
membres du comité furent à la fois admini-
strateurs, agents comptable?, garçons de re-
cettes. On avait la foi qui fait les prosélytes.
Qjaand on se réunit au mois de novembre, la
Société comptait sept cents membres. Elle
avait payé tous ses frais d'installation, tous
ses- services, et elle possédait un actif de
1,842 francs.
C'était admirable.
; Survint la révolution de février.
Le propre de toute révolution est de para-
lyser d'abord, de ralentir ensuite pour long-
temps le mouvement industriel et commer-
cial d'un pays. Les patrons sont forcés de
renvoyer leurs employés, et. les employés
sans ouvrage, au lieu de payer leur cotisation
à la caisse sociale, s'adressent à elle pour lui
demander dés secours. •
L'Union du Commerce souffrit, et son dé-
.
veloppement dut subir un temps d'arrêt.
Mais elle avait trop de vitalité pour ne pas se
relever. Des hommes spéciaux lui prêtèrent
le concours de leur expérience. Le 16 juin
1£(50, l'assemblée générale, présidée par
Mi Bouillet, put constater que si son encaisse
n'avait pas haussé depuis deux ans, du moins
il lui avait permis 'de faire face à la morte
saison commerciale et au choléra.
Le 15 décembre de la même année, deux
progrès 'immenses s'accomplirent : l'ouver-
ture de la maison de santé du docteur Dubois
pour les malades qui ne pourraient être soi-
gnés à domicile ; l'établissement au siége
social d'un livre destiné à faire connaître aux
sociétaires les places vacantes dans le corn-*
merce de Paris.
Je passe sur les querelles intestines dont
le service médical fut le prétexte. Ces querel-
&a, feans intérêt aujourd'hui,- > e&peat UB æftl-
heureux résultat : la démission d'un grand
nombre de membres. Mais cette démission
produisit du moins ce bon effet, que le comité,
éclairé par elle, fit droit aux réclamations des
sociétaires.
Sous la présidence de M. Guyon, il fut dé-
cidé que tout sociétaire décédé aurait droit à
une concession temporaire de cinq ans.
Ceci se passait en 1860. Les sociétaires
étaient alors au nombre de huit cents, et pos-
sédaient une vingtaine de mille francs..
A la fin de 1861, l'association comptait dix-
sept cent trente-neuf membres, qui possé-
daient plus de quatre-vingt mille francs.
Je suis forcé d'abréger.
Depuis ce temps-là, l'Union du Commerce
n'a fait que grandir.
^.Les patrons, d'abord effrayés de l'influence
que pourrait avoir une association de cette
nature, sont revenus peu à peu de leurs pré-
ventions, et tous tiennent à honneur de figu-
rer parmi leurs membres honoraires.
« Maintenant, dit M. Genevay, au jour des
asséTfflWI^'énérales, des députés, des ma-
gistrats, des journalistes, de grands négo-
ciants, des industriels renommés, se pressent
autour du comité de mette forte et libre insti-
tution. La vue de trois à quatre mille jeunes
gens, calmes, réfléchis, s'entretenant dans un
ordre parfait, sans tumulte, sans cri, de leurs
affaires, écoutant avec déférence les paroles de
celui de leur camarade qu'ils se sont donné
PQsr chef et les improvisations chaleureuses
de quelques voix qu'ils aiment, les remplit
d'un étonnement respectueux. C'est un triom-
phe éclatant, dont l'association peut être fière,
parce qu'elle a le sentiment qu'elle le mé-
rite. D
Le rapport dé cette année a le mérite, propre
à tous les rapporta, de proclamer avec la' con-
cision et l'éloquence tiu chiffre la situation
prospère de l'association.
L'Union du Commerce compte plus de cinq
mille membres. r ..
- Les cotisations se sont élevées à 102,200
francs.
Les secours de toute nature ont atteint le
chiffre de 101,665 francs. La réserve s'est
cependant accrue de 14,457 francs.
tes médecins de la Société ont donné, pen-
dant l'année, 31,253 consultations; ils ont
fait 3,097 visites à domicile ; en tout 34,350
.ordonnances, dont on a payé le montant aux
pharmaciens.
En outre, 170 sociétaires sont entrés à
la maison de santé Dubois; ils y sont restés
ensemble 2,946 jours, et cette dépense s'est
élevée à 14,731 francs.
Rien qu'en cachets de bains, il a été em-
ployé une somme de plus de 8,000 francs.
679 emplois ont été inscrits sur le registre
tenu au siége social. C'est trop peu. Mes lec-
teurs savent mon opinion à cet égard, et com-
bien il serait désirable que tous les employés
fussent placés par l'entremise des associa-
tions dont ils font partie, au lieu de l'être par
celle des bureaux de placement.
ROCAMBOLE
LES
MISÈRES DE LONDRES
PAR
PONSON DU TERRAIL
TROISIÈME PARTIE
NEWGATE. — LE CIMETIÈRE DES SUPPLICIÉS
I
.kNo 104 -
lorsque, parvenu au bout du Strand, vous
£tes entre dans Fleet street, .lorsque vous avez
coupé perpendiculairement cette immense voie
qu'on appelle Farringdon sireet sûr la rive gau-
che et Farringdon road sur la rive droite, quand
vous venez de passer sous cette porte mOllumen-
tale qui sépare la cité de Lond'-ci; de Fainrlomé-
.. Vcir îe .numérodu 22 Bovooii.re
ration, une rue s'ouvre tout à coup sur votre
gauche.
C'est Old Bailey.
Elle n'est ni large ni étroite, et, à première
vue, elle n'a rien d'effrayant.
Les maisons sont noires, comme presque
toutes celles de la cité; la plupart sont occupées
par des bureaux et bruyantes. Animées pendant
le jour, elles reprennent à la nuit ce morne et
silencieux aspect qu'a la cité tout entière, que
les commerçants désertent le soir pour aller ha-
biter les environs. „
Un ou deux public-ho.uses sur la gauche, un
étal-de boucher un peu, plus haut; un peu plus
haut encore les murs blancs et le clocher d'une
église. ,
C'est là tout ce que vous apercevez çji en-
trant.
Mais avancez, avancez encore. --r'
Old Bailey n'est plus une rue, c'est une place
triangulaire, place étroite, allongée, sinistre, et
dont, ie CÕté oriental est formé par un triste et
silencieux édifice.
C'est Newgate.
Nivwgate, c'est la Rosette de Londres.
A Paris, on éloigne Méprisons du centre de
la ville, des beaux quartiers.
Saiiue-Pélagie est perdue dans le faubourg
^niui-Marce!. Mazas dans 'le .faubourg Saint-
Antoine, la Roquette se cache en haut de la
rue de Charonne.
Londres a placé Newgate au centre même de
la cité, à deux pas de Saint-Paul, de la Poste,
de la Banque et de la Bourse.
Newgate a trois portes sur Old-Bailey.
Celle du milieu est affectée aux bureaux du
gouverneur et à son logement particulier.
C'est par celle de droite que le prisonnier
entre dans le sinistre édifice.
C'est devant celle de gauche que l'échafaud se
dresse et par elle que le condamné sort pour
aller mourir.
Toutes trois sont exhaussées sur trois mar-
ches, voûtées et garnies de lances de fer, pour-
vues de guichets grillagés.
Il n'y a ni poste, ni soldats, ni sentinelles à
l'extérieur.
On passe devant Newgate comme devant une
maison ordinaire.
La prison fait angle avec une autre rue qui
porte son nom, Newgate' street. )
C'est dans Newgate qu'est le collège Christ'
hospital.
C'est en haut d'Old-Bailey qu'est l'hôpital de
Saint-Barthélemy, dont l'amphithéâtre reçoit
les corps des suppliciés.
Le jour où la potence se, dresse, une heure
avant que le condamné monte sur l'échafaud.
deux cloches se font entendre et tintent un long
glas funèbre. L'une est celle de Saint-Barthé-
lemy, l'autre, celle de Christ' hospital.
Elles ne se taisent que lorsque les chirurgiens
ont emporté le corps du supplicié.
Comme en France, l'exécution est publique,
seulement la potence remplace la guillotine.
Mais l'heure est la même. A cinq heures en
été, à sept en hiver.
Dès la veille, le bruit de la lugubre cérémonie
circule dans le quartier. *
Les négociants qui ont leurs.. bureaux dans
Old Bailey disent alors à leurs employés et à
leurs commis :
— Vous pourrez venir une. heure plus tard,
.demain.. ■ ; ^ • ; .
Le monde des affaires est matinal-,à Paris,
A Londres, il l'est moins.
Avant neuf heures, il n'y a pas un comptoir
ouvert..
Donc, à dix heures, c'est-à dire trois heures
après, le négocian^-d'Oid Bailey qui arrive par
l'oœnibus, le penn'y-boat ou le chemin de 1er,
ne trouve plus trace du drame épouvantable
qu'il aurait pu voir de sa fenêtre.
r A cinq heures et demie, bien ayant le jour,
! une escouade ce pc:icc-men est arrivée dans
[ Old Bêùley , û::;{ r- " ."- ) ""r" t une charrette maniée
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