Titre : La Petite presse : journal quotidien... / [rédacteur en chef : Balathier Bragelonne]
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1868-01-23
Contributeur : Balathier Bragelonne, Adolphe de (1811-1888). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32837965d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 23 janvier 1868 23 janvier 1868
Description : 1868/01/23 (A3,N644). 1868/01/23 (A3,N644).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k47176460
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-190
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 22/10/2017
LA PETITE PRESSE
& ' cent. le numéro '
«T: V
JOURNAL QCOjpDlEW ^
' ~ *Lr- ' c n •
5 cent. le numéro
ABONNEMENTS. — Trois mois. ■ Six mois. Un 311.
Paris.... S fr. 9 fr. 1 s &.
ifèpartements.. 8 Il
Administrateur: E. DELSAUX. es
.1.
: \ ~ 'r
3me année. — JEUDI 23 JANVIE1Í.' "ç ?186i'. - N° 644
S ' •
. ■ A: 1. '. . - ' - ■
BÎièeteur-Propriétaire : JA N NIN,
Rédacteur en chef: A.'DE BALATHIEP. BRAGELONNE.
BUREAUX D'ABONNEMENT : 9, rase 1) 2'O U1 0t. ,
■■ ADMINISTRATION : 13, place Breda, Il
PARIS, 22 JANVIER 1868.
LA GARDE NATIONALE MOBILE
en 1792 et en 1809
Il y a bien des gens que ce mot'
nationale mobile fait un peu sourire ,-quand
()@l aborde le côté purement militaire de la
tjumUon.
M. Thiers lui-même, — je ne dis pas à la
(-! - :imbrp, mais dans son Histoire du Consu-
hi 1'f de l'Empire, — monsieur Thiers a
traité d'assez haut ces pauvres gardes natio-
naux mobiles. Habitué à faire manœuvrer des
,'Ol'pS d'élite avec la clarté et la précision qui
or ; fi t 1 fortune fortune de ses récits, cet historien
remarquable ne voit guère que des « rassem-
blements tumultueux » dans ces bataifions
de citoyens, et il appuie son dédain sur cette
recommandation de Napoléon Ier :
« Rappelez-vous qu'un homme n'est pas
un soldat. » - "-
Kn terminant, je reviendrai sur ces mots
de Napoléon et je démontrerai qu'ils n'avaient
point un sens aussi .défavorable qu'on pour-
rait le supposer..
La garde Nationale mobile â eu, sous la ,Ré-
publique et sous l'Einpire, deux grandes épo-
ques : 1792 et i8û9, " . • •
17D2, c'est Jemmapes ; c'est aussi la dé-
fense de Lille.
1809. C'est .la (léfense de Flessingue et la
protection de la Hollande. •
.us volontaires de 1792 n'étaient point sans
joute ee qu'on peut appeler des soldats. Leur
indiscipline fit le désespoir de plus d'un gé-
néral. U y en eut qui lâchèrent pied. 11 y en
mt d'autres qui allèrent trop loin. Mais en
:m de compte, c'était un début dont Jemmapes
ît Valmy ont bien racheté les fautes.
A Valmy, en efletjieî volontaires conservè-
rent leurs lignes sous le feu du canon ennemi.
A Jemmapes, ils surent emporter à la baïon-
nette des redoutes trèï-bravement défendues
par les grenadiers. Hongrois.
Et ces deux faits d'armes pesèrent énormé-
ment dans les considérations des généraux
ennemis, car jusque là, ils n'avaient cru à la
sulidité des patriotes-Français ni dans l'atta-
que. !ii dans la résistance. On le vit bien le
jour où on trouva dans la poche du prince de j
Ligne, tué sur le champ de bata)Ue,une lettre ,
commencée qui débutait par ces mot : 1
« Messieurs'les émigrés nous ont trompés. i
Les troupes nationales tiennent bon et les
taysans nous tirent dessus. a
Dans la défense des places, la garde natio-
nale faisait mieux encore. Qui n'a entendu
célébrer la belle résistance des Lillois? Qui
n'a rendu hommage au flegme superbe de ce
canonnier bourgeois averti que sa
brûle pendant qu'il fait le serviee.de sa pipte :
~ Eh bien ! c'est bon, laissez-moi ici^fe'.
vais leur rendre feu pour feu. ' . ; j
C'est aussi beau que lH&ttégaik>n^de cet j
autre milicien qui se fait descendre des rem-
parts de ThiOnville et qui qui'court incendier |fi.n i
propre .logis, afin d'éclairer ; l'approche ffe?
assaillants. - ,' . pn>..
En 1809, les t$$ps.. n'étaient j>tas. aussi
critiques, te^ftu'une descente de quarante-
quatre mille'. Anglais vint prendre au dé-
pourvu la Belgique, en un moment où les
armées et l'Empereur étaient au loin, en Es-
pagne et en Autriche. \
On s'émeut^t on .délibère à Paris. Mais, en
l'absence du maitpe, le conseil des ministres
n'a point l'habitude des grandes décisions.
Fouché seul propose de faire un appel immér-
"diat aux gardes nation'ales et -,do. hiS.dii^er,
de proche en proche, sur l'ennemi.
L'archi-chancelier , les ministres de la
guerre et de la marine, ne veulent pas sortir
des voies ordinaires jusqu'au retour d'un
courrier envoyé à l'Empereur, mais Fouché
déclare qu'en attendant il fera son devoir, et
il lance un manifeste au courage français en
ordonnant la mobilisation des gardes natio-
nales par to-ut l'Empire.
Alors on put voir ce dont la France était
restée capable.
: Dix-sept jours après la circulaire du mi-
nistre, le département du Nord faisait partir
le dernier détachement d'une levée de qua-
torze mille hommes, en uniforme, armés et
équipés.
« Aux grenadiers et aux chasseurs de la
, garde nationale, disait le Moniteur, le dépar-
tement adM«it ses"compagnies de c:;tnonn:ers
tèjfontljîlfjifui jadis défendirent si glorieuse-
ment "!afjj»lacc de Lille contre les efforts im- ✓
puissarffcf de l'ennemi. » ■ - ? •
Par toiles préfets passaient des revues en
prononçai* des discours 'où se retrouvait,
avec deS^riantes nécessairepérorait ,♦
son ivpiqiteItdû- préfet 'de C*ae*n : « Braves du
Calvados, '.àus 'le disputerez à .l'armée eu dis-
cipline et en: arfdeur guerr*lbee. ».' ; . ; ■
Huit Jou# avaient suffi à laville de Metz
pour org!1ri¡wlr et pour faire partir en poste
se^ trois1 bâfrions. Les ordres étaient arrivés
•'ie.iS acmt'^feiétaient exécutés le 26. D.ès .le
'28 aqùk eeïiÈtaiJlons entraient dans Anvers."
— No!lt ge,,- o leur tenue! était régulière,
mais ilfeî^^t'taient'aveç eux, par précaution,
trois m^«g|i^,"des.ouliers; ■ ■
Des plus éloignées, telles que
Di jaa, j&àttîfioflt et Orléans, expédiaient-leurs
détaçhÉnéèis:à là même date. Le départemènt
' de SêiJ^èt#Iâ?ne envoyait.1,400 hommes et
, I 6,000 g|&<^Ni nationaux d'élite occupaient le
Havre,j)iqope, Fécamp et Saint-Valéry. ■ .
i Sur #esptaiéide de' Lille, 4QO, .charrettes à"
1 qyatrelhe^H'X se J^ouyaiënt en permanence
: 1 pour f|cil(||p.^tô<^^j»ents dej|$tipe.
% -. • '6 M >
On s|t (|ie les Anglais ge retirèrent sans
avoir riigft fait! de sérieux. Monsieur Thiersdé-
•montre,il est vrai,que dès fièvres pernicieuses
et un mauvais général ont suffi pour amener
un si gfrand^éstiitat. Mais un général et des
soldats ~euvent se remplacer, et, lorsque le
Cabinetjmglais autorisa lord Chatham à se
réenkbflS^Bëf, 'iV' 69^-pewnio ■ GgaloBMnt —4e-
croire qu'on y décida la retraite en voyant
avec quelle activité les Français préparaient
.la défense, bien qu'ils fassent, privés de leur
armée et de leur Empereur.
Napoléon lui-même, qui n'était et qui ne
pouvait être très-sympathique de sa nature
aux bourgeois enrégim,entés; songea sérieuse-
ment à s'appuyer sur eux, et dans la lettre
que voici il parait avoir oublié que les hom-
mes n'étaient point^, soldats :
Au général LaCuée, comte de Cessac,
directeur des Revues et de la Conscription
militaire.
Schœnbrunn, 4 septembre 1809.
Les événements qui se passent aujourd 'hui
font voir la nécessité d'avoir une organisation
permanente des gardes nationales. S'il fallait
se tenir dans un système or circons rH'"l:oll "t
detprndenc<\ toute l'armée française p''r:u.t.
neç'ssaive pour gardar"les côtes d; ^ravr/v <>t
avec*300 bàtfrnents de transport et ..'30,0^0
hommes ^mbai'qués aux D\i'ves, les Aillais
paralyseraient 300,000 hommes de nos trou- ^
^es, e'est-à-di#e aous rédttiraient au ranfr u '
puissances, de second ordre. Les garde? 'na- *
tionales peuvent seules partout leur f;vrs:
face.
- Je désire faire présenter dans la proflhaine,
législature un projet d'organisation des gardes
nationales en huit- arpiélsy'' formant près <'e
300,000 i honiInes, .chaque départen?er(l;#de
200,000 . hommes de. population fournissant,
bataillons .ou .douze çprapagniej de 'G30 - .
hommjes, et cela organisé par division miliA«H.
taire. Ainsi la 24P division militaire fournirait*.(
deux divisions formant 14,000 hommes-; la ,
!5., une division de 7,000-hommess la 2G3, ■
deux divisions formant. l2,or:0 hommes ; ta
16e, deux divisions de fO;OOO hommes; la 15i
une-division de 12,000 hommes. Ces cinq di- .
visions militaires composeraient l'armée du,'
Nord, forte de près de 50,000 hommes. Cette
force ; Rrga'n;¥;ee, d'avance, un pèu :lI.xercée:,',
pourrait.. 'se ; porter sur BQnlogna, sur Fles- -
singûej. sur AnverSv'.sûr ^èSel, seîGtii les évé^"' ;
i-n'ements,'én.-trèsTpeu de jours/:ti ;;
Si les Anglais se portent sur teu-Hamy ■)&.('
2-1 armée, forte de 50,000 hommes1, -s y por";:';'
terait de son côté, .par un à droite ; ce'qui fe- ;;
rait une réunion', de 100,-0.00 . hommes - sur Un
même point 'de débarquement.. -,t': v
La^troi&iàpjKlirmés forte de 100,000 hom-
mes sgraifc - destinée à proteger Bordeaux;
l'embouchure de la Charente, Rochefort et les '
■ < r-
La quatrième armée, forte de 25,O0{) hom-
mes serait destinée à se porter sur Montpel-
lier et Marseille. ,
La cinquième armée forte de 30,000 ho'rnV |
mes serait destinée à protéger Toulon. - ,
La sixième armée, forte de 24,000 hommes
serait destinée à soutenir Gênes et Livourne.
La septième armée serait forte d'une qua-
rantaine de mille hommes.
Enfin, la huitième armée, serait celle du
centre et pourrait être forte de 70 à 80,000
hommes. - " ..
Je vous envoie le croquis que j ai ébauché.
Je pense qu'il faut forcer le contingent des
bons départements de l'ancienne France et
un peu diminuer celui des nouveaux.
Cette armée de gardes nationales forcerait
donc près de deux cents régiments, dont un
ROCAMBOLE
mess=""N° 75 LES
MISÈRES DE LONDRES
PAR
PONSON DU TERRAIL
DEUXIÈME PARTIE
UN MOULIN SANS EAU
IX
Revenons à na-I ph, maintenant.
C'était le samedi, et il y avait cinq jours que^
la petit i;:ar;.;:r était au moulin.
La première heure avait été pour. lui un sup-
plice sans nom.
Voir le numéro du 22 novembre.,
A peine ses petites mains pouvaient-elles
atteindre la barre transversale qui devient runi-
que point d'appui du condamné dont les pieds
cherchent vainement à se reposer suv les palettes
mouvantes du cylindre.
Deux fois il avait voulu s'arrêter, et deux fois
ses jambes meurtries et son dos, sur lequel se
rabattait une p.lanche l'avaient aveHrÇue c était
impossible.
Après le premier quart-d'heure, il s'était re-
posé.
Il était si faible, si haletant,si baigné de sueur,
que les autres condamnés dont le plus jeune,
avait encore le double de son âge, avaient été
pris de pitié.
j Mais que pouvait cette pitié pour lui ! |
S'il est un lieu où la discipline est inflexible 1
et où elle est rigoureusement observée, c est à
coup Fùr dans les prisons de l Angleterre.
L'amour de la propriété, l'avidité de la pos-
session ont inculqué au peuple anglais une telle
horreur du vol qu'il est barbare dans la répres-
sion du voleur.
Le moindre murmure est puni du cachot ; si
le cachot ne suffit pas, le fouet devient son
auxiliaire. "
D'ailleurs M. Whip était là. - j
M. "Whip était le iurTeillant de celui d$s qna-
tre cylindres dans lequel on avait placé le petit
Irlandais.
C'était un homme grand et maigre, à barbe
claire, dont les lèvres minces, le nez long, les
petits yeux verts avaient un caractère d'étrange
férocité.
En anglais Whip, veut dire fouet.
Le farouche gardien avait peut-être un autre
nom; mais les condamnés, dont il se plaisait à
meurtrir les épaules, lui avaient donné celui de
son -instrument de torture. Le voleur qui avait
fini son tenaps et retournait dans le Brook
street, disait à ceux qui n'avaient jamais vu le
terrible treadmill : Dieu et saint George vous
gardent du cylindre-de M.. Whip 1
M. Whip était ' aussi, détesté des autres
gardiens qu'il l'était des condamnés eux-mê-
ines.. •
C'était un homme taciturne, qui vivait seul,
ne parlait à personne et semblait exercer ses
redoutables {onctions avec une joie brutale.
Or, c'était précisément dans son cylindre
qu'on avait placé le petit Ralph ; et, dès la pre.
inière tournée, l'enfant fit connaissance avec
sua fouet... ,
Quand, le soir, on le réintégra meurtri et nnse
dans sa cellule, l'enfant était à demi abruti.
Il n'avait plus de larmes dans les yeux : il
| na se sentait, plus de révoltes dans l âme.
Toute la journée, au milieu de ses tortures,
une idée fixe avait dominé son esprit.
• Cette idée fixe, c'était l'espoir d'entendre i&
soir cette voix qu'il avait entendue déjà la veille
et qui lui avait dit à travers la porte': u Ta mère
veille sur toi ».
Pour les hommes faits, pour ceux qui se.
sont courbés déjà aux rudes épreuves de la
vie, le souvenir de la patrie est une consolation
suorcrae.
Pour l'enfant, le souvenir de sa mère a 13.
même puissance.
Et le soir, en effet, comme il s endormait,..,
vaincu par la lassitude, sur son pauvre petit
matelas d'un pouce d'épaisseur, il entendit de
nouveau à travers la porte cette voix consola-
trice qui ajouta : « Ne te désespère pas, tu sor-
tiras bientôt d ici.»
Le lendemain et les jours suivants la même
vie recommença pour le pauvre enfant.
Chaque soir la voix mystérieuse fit battre son
cœur d'espérance.
Enfin, le samedi arriva.
A sept heures, les condamnés entrèrent deux
par deux dans la grande salle des moulais.
M. Wl1ip marchait à leur tête.
Chaque condamné alla se placer devant sa
place habituelle..
! Celui qui s'était reposé le dernier, lu veu*5,
& ' cent. le numéro '
«T: V
JOURNAL QCOjpDlEW ^
' ~ *Lr- ' c n •
5 cent. le numéro
ABONNEMENTS. — Trois mois. ■ Six mois. Un 311.
Paris.... S fr. 9 fr. 1 s &.
ifèpartements.. 8 Il
Administrateur: E. DELSAUX. es
.1.
: \ ~ 'r
3me année. — JEUDI 23 JANVIE1Í.' "ç ?186i'. - N° 644
S ' •
. ■ A: 1. '. . - ' - ■
BÎièeteur-Propriétaire : JA N NIN,
Rédacteur en chef: A.'DE BALATHIEP. BRAGELONNE.
BUREAUX D'ABONNEMENT : 9, rase 1) 2'O U1 0t. ,
■■ ADMINISTRATION : 13, place Breda, Il
PARIS, 22 JANVIER 1868.
LA GARDE NATIONALE MOBILE
en 1792 et en 1809
Il y a bien des gens que ce mot'
nationale mobile fait un peu sourire ,-quand
()@l aborde le côté purement militaire de la
tjumUon.
M. Thiers lui-même, — je ne dis pas à la
(-! - :imbrp, mais dans son Histoire du Consu-
hi 1'f de l'Empire, — monsieur Thiers a
traité d'assez haut ces pauvres gardes natio-
naux mobiles. Habitué à faire manœuvrer des
,'Ol'pS d'élite avec la clarté et la précision qui
or ; fi t 1 fortune fortune de ses récits, cet historien
remarquable ne voit guère que des « rassem-
blements tumultueux » dans ces bataifions
de citoyens, et il appuie son dédain sur cette
recommandation de Napoléon Ier :
« Rappelez-vous qu'un homme n'est pas
un soldat. » - "-
Kn terminant, je reviendrai sur ces mots
de Napoléon et je démontrerai qu'ils n'avaient
point un sens aussi .défavorable qu'on pour-
rait le supposer..
La garde Nationale mobile â eu, sous la ,Ré-
publique et sous l'Einpire, deux grandes épo-
ques : 1792 et i8û9, " . • •
17D2, c'est Jemmapes ; c'est aussi la dé-
fense de Lille.
1809. C'est .la (léfense de Flessingue et la
protection de la Hollande. •
.us volontaires de 1792 n'étaient point sans
joute ee qu'on peut appeler des soldats. Leur
indiscipline fit le désespoir de plus d'un gé-
néral. U y en eut qui lâchèrent pied. 11 y en
mt d'autres qui allèrent trop loin. Mais en
:m de compte, c'était un début dont Jemmapes
ît Valmy ont bien racheté les fautes.
A Valmy, en efletjieî volontaires conservè-
rent leurs lignes sous le feu du canon ennemi.
A Jemmapes, ils surent emporter à la baïon-
nette des redoutes trèï-bravement défendues
par les grenadiers. Hongrois.
Et ces deux faits d'armes pesèrent énormé-
ment dans les considérations des généraux
ennemis, car jusque là, ils n'avaient cru à la
sulidité des patriotes-Français ni dans l'atta-
que. !ii dans la résistance. On le vit bien le
jour où on trouva dans la poche du prince de j
Ligne, tué sur le champ de bata)Ue,une lettre ,
commencée qui débutait par ces mot : 1
« Messieurs'les émigrés nous ont trompés. i
Les troupes nationales tiennent bon et les
taysans nous tirent dessus. a
Dans la défense des places, la garde natio-
nale faisait mieux encore. Qui n'a entendu
célébrer la belle résistance des Lillois? Qui
n'a rendu hommage au flegme superbe de ce
canonnier bourgeois averti que sa
brûle pendant qu'il fait le serviee.de sa pipte :
~ Eh bien ! c'est bon, laissez-moi ici^fe'.
vais leur rendre feu pour feu. ' . ; j
C'est aussi beau que lH&ttégaik>n^de cet j
autre milicien qui se fait descendre des rem-
parts de ThiOnville et qui qui'court incendier |fi.n i
propre .logis, afin d'éclairer ; l'approche ffe?
assaillants. - ,' . pn>..
En 1809, les t$$ps.. n'étaient j>tas. aussi
critiques, te^ftu'une descente de quarante-
quatre mille'. Anglais vint prendre au dé-
pourvu la Belgique, en un moment où les
armées et l'Empereur étaient au loin, en Es-
pagne et en Autriche. \
On s'émeut^t on .délibère à Paris. Mais, en
l'absence du maitpe, le conseil des ministres
n'a point l'habitude des grandes décisions.
Fouché seul propose de faire un appel immér-
"diat aux gardes nation'ales et -,do. hiS.dii^er,
de proche en proche, sur l'ennemi.
L'archi-chancelier , les ministres de la
guerre et de la marine, ne veulent pas sortir
des voies ordinaires jusqu'au retour d'un
courrier envoyé à l'Empereur, mais Fouché
déclare qu'en attendant il fera son devoir, et
il lance un manifeste au courage français en
ordonnant la mobilisation des gardes natio-
nales par to-ut l'Empire.
Alors on put voir ce dont la France était
restée capable.
: Dix-sept jours après la circulaire du mi-
nistre, le département du Nord faisait partir
le dernier détachement d'une levée de qua-
torze mille hommes, en uniforme, armés et
équipés.
« Aux grenadiers et aux chasseurs de la
, garde nationale, disait le Moniteur, le dépar-
tement adM«it ses"compagnies de c:;tnonn:ers
tèjfontljîlfjifui jadis défendirent si glorieuse-
ment "!afjj»lacc de Lille contre les efforts im- ✓
puissarffcf de l'ennemi. » ■ - ? •
Par toiles préfets passaient des revues en
prononçai* des discours 'où se retrouvait,
avec deS^riantes nécessairepérorait ,♦
son ivpiqiteItdû- préfet 'de C*ae*n : « Braves du
Calvados, '.àus 'le disputerez à .l'armée eu dis-
cipline et en: arfdeur guerr*lbee. ».' ; . ; ■
Huit Jou# avaient suffi à laville de Metz
pour org!1ri¡wlr et pour faire partir en poste
se^ trois1 bâfrions. Les ordres étaient arrivés
•'ie.iS acmt'^feiétaient exécutés le 26. D.ès .le
'28 aqùk eeïiÈtaiJlons entraient dans Anvers."
— No!lt ge,,- o leur tenue! était régulière,
mais ilfeî^^t'taient'aveç eux, par précaution,
trois m^«g|i^,"des.ouliers; ■ ■
Des plus éloignées, telles que
Di jaa, j&àttîfioflt et Orléans, expédiaient-leurs
détaçhÉnéèis:à là même date. Le départemènt
' de SêiJ^èt#Iâ?ne envoyait.1,400 hommes et
, I 6,000 g|&<^Ni nationaux d'élite occupaient le
Havre,j)iqope, Fécamp et Saint-Valéry. ■ .
i Sur #esptaiéide de' Lille, 4QO, .charrettes à"
1 qyatrelhe^H'X se J^ouyaiënt en permanence
: 1 pour f|cil(||p.^tô<^^j»ents dej|$tipe.
% -. • '6 M >
On s|t (|ie les Anglais ge retirèrent sans
avoir riigft fait! de sérieux. Monsieur Thiersdé-
•montre,il est vrai,que dès fièvres pernicieuses
et un mauvais général ont suffi pour amener
un si gfrand^éstiitat. Mais un général et des
soldats ~euvent se remplacer, et, lorsque le
Cabinetjmglais autorisa lord Chatham à se
réenkbflS^Bëf, 'iV' 69^-pewnio ■ GgaloBMnt —4e-
croire qu'on y décida la retraite en voyant
avec quelle activité les Français préparaient
.la défense, bien qu'ils fassent, privés de leur
armée et de leur Empereur.
Napoléon lui-même, qui n'était et qui ne
pouvait être très-sympathique de sa nature
aux bourgeois enrégim,entés; songea sérieuse-
ment à s'appuyer sur eux, et dans la lettre
que voici il parait avoir oublié que les hom-
mes n'étaient point^, soldats :
Au général LaCuée, comte de Cessac,
directeur des Revues et de la Conscription
militaire.
Schœnbrunn, 4 septembre 1809.
Les événements qui se passent aujourd 'hui
font voir la nécessité d'avoir une organisation
permanente des gardes nationales. S'il fallait
se tenir dans un système or circons rH'"l:oll "t
detprndenc<\ toute l'armée française p''r:u.t.
neç'ssaive pour gardar"les côtes d; ^ravr/v <>t
avec*300 bàtfrnents de transport et ..'30,0^0
hommes ^mbai'qués aux D\i'ves, les Aillais
paralyseraient 300,000 hommes de nos trou- ^
^es, e'est-à-di#e aous rédttiraient au ranfr u '
puissances, de second ordre. Les garde? 'na- *
tionales peuvent seules partout leur f;vrs:
face.
- Je désire faire présenter dans la proflhaine,
législature un projet d'organisation des gardes
nationales en huit- arpiélsy'' formant près <'e
300,000 i honiInes, .chaque départen?er(l;#de
200,000 . hommes de. population fournissant,
bataillons .ou .douze çprapagniej de 'G30 - .
hommjes, et cela organisé par division miliA«H.
taire. Ainsi la 24P division militaire fournirait*.(
deux divisions formant 14,000 hommes-; la ,
!5., une division de 7,000-hommess la 2G3, ■
deux divisions formant. l2,or:0 hommes ; ta
16e, deux divisions de fO;OOO hommes; la 15i
une-division de 12,000 hommes. Ces cinq di- .
visions militaires composeraient l'armée du,'
Nord, forte de près de 50,000 hommes. Cette
force ; Rrga'n;¥;ee, d'avance, un pèu :lI.xercée:,',
pourrait.. 'se ; porter sur BQnlogna, sur Fles- -
singûej. sur AnverSv'.sûr ^èSel, seîGtii les évé^"' ;
i-n'ements,'én.-trèsTpeu de jours/:ti ;;
Si les Anglais se portent sur teu-Hamy ■)&.('
2-1 armée, forte de 50,000 hommes1, -s y por";:';'
terait de son côté, .par un à droite ; ce'qui fe- ;;
rait une réunion', de 100,-0.00 . hommes - sur Un
même point 'de débarquement.. -,t': v
La^troi&iàpjKlirmés forte de 100,000 hom-
mes sgraifc - destinée à proteger Bordeaux;
l'embouchure de la Charente, Rochefort et les '
■ < r-
La quatrième armée, forte de 25,O0{) hom-
mes serait destinée à se porter sur Montpel-
lier et Marseille. ,
La cinquième armée forte de 30,000 ho'rnV |
mes serait destinée à protéger Toulon. - ,
La sixième armée, forte de 24,000 hommes
serait destinée à soutenir Gênes et Livourne.
La septième armée serait forte d'une qua-
rantaine de mille hommes.
Enfin, la huitième armée, serait celle du
centre et pourrait être forte de 70 à 80,000
hommes. - " ..
Je vous envoie le croquis que j ai ébauché.
Je pense qu'il faut forcer le contingent des
bons départements de l'ancienne France et
un peu diminuer celui des nouveaux.
Cette armée de gardes nationales forcerait
donc près de deux cents régiments, dont un
ROCAMBOLE
mess=""N° 75 LES
MISÈRES DE LONDRES
PAR
PONSON DU TERRAIL
DEUXIÈME PARTIE
UN MOULIN SANS EAU
IX
Revenons à na-I ph, maintenant.
C'était le samedi, et il y avait cinq jours que^
la petit i;:ar;.;:r était au moulin.
La première heure avait été pour. lui un sup-
plice sans nom.
Voir le numéro du 22 novembre.,
A peine ses petites mains pouvaient-elles
atteindre la barre transversale qui devient runi-
que point d'appui du condamné dont les pieds
cherchent vainement à se reposer suv les palettes
mouvantes du cylindre.
Deux fois il avait voulu s'arrêter, et deux fois
ses jambes meurtries et son dos, sur lequel se
rabattait une p.lanche l'avaient aveHrÇue c était
impossible.
Après le premier quart-d'heure, il s'était re-
posé.
Il était si faible, si haletant,si baigné de sueur,
que les autres condamnés dont le plus jeune,
avait encore le double de son âge, avaient été
pris de pitié.
j Mais que pouvait cette pitié pour lui ! |
S'il est un lieu où la discipline est inflexible 1
et où elle est rigoureusement observée, c est à
coup Fùr dans les prisons de l Angleterre.
L'amour de la propriété, l'avidité de la pos-
session ont inculqué au peuple anglais une telle
horreur du vol qu'il est barbare dans la répres-
sion du voleur.
Le moindre murmure est puni du cachot ; si
le cachot ne suffit pas, le fouet devient son
auxiliaire. "
D'ailleurs M. Whip était là. - j
M. "Whip était le iurTeillant de celui d$s qna-
tre cylindres dans lequel on avait placé le petit
Irlandais.
C'était un homme grand et maigre, à barbe
claire, dont les lèvres minces, le nez long, les
petits yeux verts avaient un caractère d'étrange
férocité.
En anglais Whip, veut dire fouet.
Le farouche gardien avait peut-être un autre
nom; mais les condamnés, dont il se plaisait à
meurtrir les épaules, lui avaient donné celui de
son -instrument de torture. Le voleur qui avait
fini son tenaps et retournait dans le Brook
street, disait à ceux qui n'avaient jamais vu le
terrible treadmill : Dieu et saint George vous
gardent du cylindre-de M.. Whip 1
M. Whip était ' aussi, détesté des autres
gardiens qu'il l'était des condamnés eux-mê-
ines.. •
C'était un homme taciturne, qui vivait seul,
ne parlait à personne et semblait exercer ses
redoutables {onctions avec une joie brutale.
Or, c'était précisément dans son cylindre
qu'on avait placé le petit Ralph ; et, dès la pre.
inière tournée, l'enfant fit connaissance avec
sua fouet... ,
Quand, le soir, on le réintégra meurtri et nnse
dans sa cellule, l'enfant était à demi abruti.
Il n'avait plus de larmes dans les yeux : il
| na se sentait, plus de révoltes dans l âme.
Toute la journée, au milieu de ses tortures,
une idée fixe avait dominé son esprit.
• Cette idée fixe, c'était l'espoir d'entendre i&
soir cette voix qu'il avait entendue déjà la veille
et qui lui avait dit à travers la porte': u Ta mère
veille sur toi ».
Pour les hommes faits, pour ceux qui se.
sont courbés déjà aux rudes épreuves de la
vie, le souvenir de la patrie est une consolation
suorcrae.
Pour l'enfant, le souvenir de sa mère a 13.
même puissance.
Et le soir, en effet, comme il s endormait,..,
vaincu par la lassitude, sur son pauvre petit
matelas d'un pouce d'épaisseur, il entendit de
nouveau à travers la porte cette voix consola-
trice qui ajouta : « Ne te désespère pas, tu sor-
tiras bientôt d ici.»
Le lendemain et les jours suivants la même
vie recommença pour le pauvre enfant.
Chaque soir la voix mystérieuse fit battre son
cœur d'espérance.
Enfin, le samedi arriva.
A sept heures, les condamnés entrèrent deux
par deux dans la grande salle des moulais.
M. Wl1ip marchait à leur tête.
Chaque condamné alla se placer devant sa
place habituelle..
! Celui qui s'était reposé le dernier, lu veu*5,
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