Titre : La Petite presse : journal quotidien... / [rédacteur en chef : Balathier Bragelonne]
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1868-01-07
Contributeur : Balathier Bragelonne, Adolphe de (1811-1888). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32837965d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 07 janvier 1868 07 janvier 1868
Description : 1868/01/07 (A3,N628). 1868/01/07 (A3,N628).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k47176304
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-190
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 23/10/2017
LA PETITE PRESSE
S ceat. le numéro < ; . . QBOTIDIEN 5 cent. le notuéro
M
ABONNEMENTS. — Trois mois. Six mois. Un an. '
Paris 5 fr. 9fr. is ù-.
Départements.. 6 t' t 29
. Administrateur : E. DELSAUX.
'
>,
3me année. — MARDI 7 JANVIER 1868. — N@- 638
i
Drrçctevr-Propriétaire : JANNIN*
Rê'lccifiur c»; r^/f ; A. n A AT ÎI R K I; J>N A K-I.O ?;
BUREAUX D ' W, ON >C KM ÏXT : <9. ?•«<»
PARIS, 6 JANVIER 1868.
LA FÊTE DES ROIS
« Jésus étant .né à BethT^m au
iomps du roi IMrode, des/rïîïrçrçs^'vinrenl
d'Orient à Jérusalem, demandant à adorer le
roi des Juifs nouvellement né, dont ils avaient
vu 1'('.tilile npparaître en Orient. Hérode les
, envoya :1 Bethléem, et l'étoile qu'ils avaient
vue on Orient reparut à leurs yeux jusqu'à ce
qu'elle vint s'arrêter au-dessus de l'endroit
DÛ était l'enfant. Entrant dans la maison, ils
le trouvèrent avec Marie, fa mère, et, se
prosternant, ils l'adorèrent, Puis, ayant ou-
vert leurs trésors, ils lui offrirent en présent
. :le l'or, de i'encens et de la myrrhe... »
Ainsi parle l'Evangile selon Saint-Mathieu, i
.• Les mages étaient-fls des savants ou des
rois !
'L'évangile ne leur donne que le titre de .
Mages ; l'opinion qui les fait rois est fondée
sur ce verset d'un psaume : « Les rois de Tar-
sis ei des îles o/frirout des présents ; les rois
d'Arabie et de Saba apporteront des offran-
des. Tertullien dit qu'ils venaient de l'Arabie;
. d'autres pretendent qu'ils venaient de la
Perse...
L'église n'a pas résolu la question. Elle
fête leur visite, sous le nom d'Epiphanie qui
veut dire apparition, manifestation, appa-
rition ou manifestation d'un Dieu nouveau.
L'église entend rappeler en effet par cette
fête, non seulement la visite des Mages à Jé-
sus enfant, mais encore le baptême que reçut
le.Christ sur les bords du JÓurqain, et le mi-
racle qu'il fit, en changeant l'eau en vin, aux
nocos de Cana, c'est-à-dire les trois premiers
événements de la vie publique de Jésus.
Avant le Concordat, l'Epiphanie était fête
wchÔmée; depuis 1801, elle est transférée au'
dimanche suivant.
L'année dernière, je vous ai raconté com-
ment h légende s'était emparée dé ces figu-
res piliorosques et poétiques, popularisées
par les vitraux des églises et les enseignes
des hôtelleries. Je vous ai dit les coutumes
naïves, et les fètes par lesquelles on célèbre
l'anniversaire de leur venue dans les villes
de province et dans les.campagnes.. "
Je vous parlerai cette année de la royauté
de là fève, chantée par Pierre Dupont .:
' ' « t
Fille d'Ève, ; A r! 1 •
Vous nÙl\'pz tenté, '• ' ■ ' "
Me donnant la Fève ; • y; ..
J'accepte celte royauté.
C'est la, smile que je rêve
Je dénonce il tous mes féaux
L'o'àlium, tous les fléaux;
J'ordonne une moisson splendide, j
j Avec une paix bien solide, ' " - j
Et j'étends mon large pardon.
Roi de fève, à tout l'horizon.
L'usage de tirer au sort, avec des fèves, il
qui serait le roi du festin, a précédé le chris-
1 tianisme..
1 1 En Grèce, lorsqu'il s'agissait d'élire ixi
magistrat, les citoyens votaient avec des
fèves.
II Abstenez-vous des fèves, » disait un
philosophe, Pythagore, à ses disciples. Ce qui
: voulait dire : Ne vous mêlez pas de poli-
tique.
1 Les Romains imitèrent les Grecs.
! Tantôt, au moment de se mettre à table,
, les convives nommaient leur roi à la simple
majorité; tantôt ils le tiraient au sort.
Quoiqu'il en .fût le souverain improvisé
donnait des lois et prescrivait, sous peine
d'amende, ce qU,e- chacun de ses sujets ,de-
yait faire. — Toi, tu chanteras; toi, tu haran-
gueras l'assemblée ; toi, tu conteras quelque
histoire; vousJb.oirez tous.
Les juifs empruntèrent aux Romains ce que
les Romains avaient emprunté aux Grecs.
« Si l'on vous nomme roi d'un festin, dit
l'ecclésiaste, ne vous élevez pas, par cette rai-
son, au-dessus des autres ; mais après avoir
eu soin de tous les convives, et avoir tout
bien réglé, vous vous mettrez à table avec
tous les conviés ; vous vous rejouirez avec
eux, et même, pour l'ornement, vous pourrez
J recevoir ou prendre la couronne. »
i
i
! Sans doute, une couronne de fleurs..L'ec-
clésiaste parle ici comme le Code du cérémo-
nial de Mme la comtesse de Bassanville.
« *
Unjaeu plus loin, on y trouve encore ces
mots: !
e: Une agréable mélodie, avec un vin dé!i- !
cieux, 'est'conÚne un sceau d'émeraudes en-
« A Louis, Seigneur de la Trémouille, con-
si,illp-r. et chambellan du Roi, notre Sire, et
baron.de Craon, la somme de quatre-vingt-
dix livres tournois que ledit Roi, notre Sire,
lui a donnée et ordonnée sur le fait de son
argenterie, le onzième jour du mois de février
14R7, 'rour convertir et employer en douze
tfunesxle Velours noir double, pour en faire
son plaisir, en faveur de ce qu'il a été Roi de
la {èv.e,.à la table dudit Seigneur, au mois de
janvier précédent.
» Douze aunes de velours cramoisi brun,
pour jjervir à faire robes à Mademoiselle de
Massy; Reine de;-la fève, le jour des Rois,
l'année 1550. »
7
» A Jehan Myolaus, dit Trégeot, enfant
-d'honneur de la dite dame (Anne de Breta-
gne), yingt livres tournois pour le droit qu'il
disait-lni être dû pour avoir fait les/exécutions
de la royauté de la fète des rois dernièrement
passée, et pour recouvrer de lui 4 des tapis
de cette dame qu'il aurait pris pour cette
causer Payé le 12 février 1492. »
Ces trois pièces, retrouvées par M. Jal dans
les archives de l'Empire, aux comptes de l'ar-
genterie de la couronne, prouvent qu'au
moyen-âge, et même plus tard, au seizième
siècle, aucune royauté, même celle de là fève,
n'était gratuite.
Qui ne connaît la façon dont les choses se
passent aujourd'hui ?
Dans chaque famille, on s'attable. Le gâ-
teau des rois est servi au dessert ; il est par-
tagé en auta* de portions qu'il y a de convives,
et celui qui trouve la fève dans la sienne est
proclamé roL Dès lors, il est la victime de
ses sujèts. Dès qu'il approche son verre de
ses lèvres, on crie : — Le roi boit!... Quand
il le repose sur la nappe, on crie encore :
— Le roi a bu !... Le seul privilège de la
royauté, c'est le choix d'une reine ; encore ce
çhoix est-il souvent embarrassant... Si vous
êtes timides conspirez avec les plaisants qui
forcent les portions, comme les prestidigita-
teurs forcent la carte, et disposent du hasard
en vue de l'élection...
Il existe, en Bretagne, une pieuse tradition
qui veut que le gâteau de Noëf-ait la vertu'dt
se conserver deux ans.
On laisse, sur la table, une part du gâteau
pendant toute la nuit : — Notre-Dame la
Vierge Marie pourrait prendre fantaisie de.
venir goûter chez nous.
La part de la Vierge, en Bretagne, s'appelle
ailleurs la part du pauvre. Une fillette de If
maison la prend dans sa petite main, et elle.
sort pour la donner à quelque metidj.ar,t qui
passe. 1
"Dans une disette, où le peuple manquait de
pain, on attribua ce mot à une reine :
— Eh ! qu'il mange de la brioche !
Le mot de la reine se réalise ainsi, le jom
des Rois.
Il faut fêter les Rois.
Savants ou souverains, les visiteurs dt
Bethléem venaient d'ailleurs que de la .
-Judée.
'Jusqu'alors, chaque nation avait eu ses
dieux, ses mœurs, et tenait -en haine, les
dieux et les mœurs des autres nations.
Avec l'idée d'un seul Dieu, l'idée d'une
morale universelle devait rapprocher et amé-
lioreras hommes.
C'est cette idée que symbolisent les mages,
venant, les uns de l'Egypte, et les autres de
la Chaldée, pour saluer le berceau d'une reli-
gion nouvelle.
Il est bien de se mettre à table pour célé-
brer l'anniversaire de leur visite; car la date
de cette visite est celle de l'avènement de la
fraternité parmi les hommes.
TONY RÉVILLON.
Le-bruit qui se fait autour du procès
où le nom de Maubrcuil se trouve mêlé
a donné comme un regain de retentisse-
ments à la vie aventureuse de ce per-
sonnage légendaire. On lira donc , nous
en sommes certains , avec une ardente
cariosité , la chronique que publiera
demain dans la* Petite Presse M. Tony
J Révillon, sous le titre :
UNE VISITE A M. DE MAUDREUIL.
i
ROCAMBOLE
mess=""N° 59 LES
PAR
PONSON DU TERRAIL
PREMIÈRE PARTIE
L'ENFANT PERDU
XIX
La p jrte à barreaux de fer étant ouverte, le
préteyiu lord Cornilih se trouva au seuil d'un
escalier tournant et noir. 4
— Aoii ! Lit-il plein de caractère! très-curieux!
JLî il prit. une nouvelle note.
\ftir le numéro du 8 novembre.
Miss Kait ne put réprimer un sourire, tant le
noble Icrd lui paraissait original.
Elle passait la première, un flambeau à la
main, et au bout d'une trentaine de marches,
elle s'arrêta.
L'homme gris la vit alors dans une sorte de
corridor souterrain qui avait toute la vulgarité
d un corridor"'de cave bourgeoise ; et. il vit une
autre porte, également à barreaux de fer,
et dont la solidité défiait les plus robustes ef-
forts. '
— C'est ici, dit-elle.
— Pauvre petit ! dit l'homme gris, on a pris
des précautions pour lui comme pour un con-
damné à mort.
Miss Katt ouvrit la porte.
On n'entendait aucun bruit derrière.
Mais quand les verroux eurent grincé dans
leurs anneaux, un gémissement parvint jus-
qu'à l'homme gris.
' Alors ce personnage mystérieux eut un tres-
saillement et son cœur battit violemment .
Il allait voir enfin cet enfant qu'il cherchait
avec tant de persistance. Cet enfant dans les
mains de qui l'Irlande devait mettre ses desti-
nées et que lui, son précurseur, il n'avait jamais
vu.
I -M iss Katt entra encore la crémière et dit : J
— Mon petit *RaIph, n'ayez pas peur... c'est
moi...
L'homme gris avait un moment oublié son
rôle -de lord- excentrique.
Il était pâle et une sueur abondante perlait à
son front.
Ralph était couché sur un peu de paille; sous
ses vêtements délabras,qu'on avait entr'ouvcrts,
on apercevait des linges sanglants.
Quand la lumière pénétra dans son cachot, le
petit Irlandais se souleva à demi et regarda
miss Katt.
La jeune fille avait été bonne pour lui, le
matin, quand le m'édecin était revenu ; et la
reconnaissance est. ce qui tient le plus au, cœur
des enfants.
— Ah! c'est toi, madame? dit-il.
— Oui, mon enfant, répondit miss Katt. Souf-
fres-tu toujours ?
— Un peu moins, répondit-il d'unè voix
douce et triste.
— As-tu toujours soif? ' -
— Oh! oui, madame...
L'homme gris se tenait à l'écart, dans l'om-
bre, et de grosses larmes roulaient dans ses
yeux.
I — Oh! reprit le petit Irlandais, tu as pour-
I tant l'air bien bon. madame. Pourquoi neveut-
tu pas me laisser sortir, pour que j'aille retrou-
ver ma mère?
Alors l'homme gris fit un pas et entra dans
le cercle de lumière décrit par la lampe de miss
Katt.
L'enfant eut un geste d'effroi ; mais il ne
pleura pis.
, — Miss Katt, dit l'homme gris, voulez-vous
que je lui parle la langue de son pays?
— Mais, dit miss Katt en souriant, la lan-
gue des Irlandais est la même que celle dei 1
Anglais.
! , — Les gens du peuple ont un dialecte. ' ,
— Ah 1
— Vous alle.z voir...
Et soudain cet homme, qui savait tout et quj
parlait toutes les langues, se mit à parler une
sorte de patois qui n'est compréhensible que
pour les pêcheurs des côtes d'Irlande.
Aux premiers mots, l'enfant jeta un cri.
La langue maternelle vibrait tout à coup à
son oreille, comme si la patrie absente fût venue
jusqu'à lui.
— Ralph, disait l'homme gris, je suis un
ami de ta mère.
L'enfant jeta un nouveau cri.
— De ta pauvre mère Jenny qui t'a cherché
et pleuré si longtemps, et à qui je te rendrai.
Depuis trois iouM. on s'était bien ioué de
S ceat. le numéro < ; . . QBOTIDIEN 5 cent. le notuéro
M
ABONNEMENTS. — Trois mois. Six mois. Un an. '
Paris 5 fr. 9fr. is ù-.
Départements.. 6 t' t 29
. Administrateur : E. DELSAUX.
'
>,
3me année. — MARDI 7 JANVIER 1868. — N@- 638
i
Drrçctevr-Propriétaire : JANNIN*
Rê'lccifiur c»; r^/f ; A. n A AT ÎI R K I; J>N A K-I.O ?;
BUREAUX D ' W, ON >C KM ÏXT : <9. ?•«<»
PARIS, 6 JANVIER 1868.
LA FÊTE DES ROIS
« Jésus étant .né à BethT^m au
iomps du roi IMrode, des/rïîïrçrçs^'vinrenl
d'Orient à Jérusalem, demandant à adorer le
roi des Juifs nouvellement né, dont ils avaient
vu 1'('.tilile npparaître en Orient. Hérode les
, envoya :1 Bethléem, et l'étoile qu'ils avaient
vue on Orient reparut à leurs yeux jusqu'à ce
qu'elle vint s'arrêter au-dessus de l'endroit
DÛ était l'enfant. Entrant dans la maison, ils
le trouvèrent avec Marie, fa mère, et, se
prosternant, ils l'adorèrent, Puis, ayant ou-
vert leurs trésors, ils lui offrirent en présent
. :le l'or, de i'encens et de la myrrhe... »
Ainsi parle l'Evangile selon Saint-Mathieu, i
.• Les mages étaient-fls des savants ou des
rois !
'L'évangile ne leur donne que le titre de .
Mages ; l'opinion qui les fait rois est fondée
sur ce verset d'un psaume : « Les rois de Tar-
sis ei des îles o/frirout des présents ; les rois
d'Arabie et de Saba apporteront des offran-
des. Tertullien dit qu'ils venaient de l'Arabie;
. d'autres pretendent qu'ils venaient de la
Perse...
L'église n'a pas résolu la question. Elle
fête leur visite, sous le nom d'Epiphanie qui
veut dire apparition, manifestation, appa-
rition ou manifestation d'un Dieu nouveau.
L'église entend rappeler en effet par cette
fête, non seulement la visite des Mages à Jé-
sus enfant, mais encore le baptême que reçut
le.Christ sur les bords du JÓurqain, et le mi-
racle qu'il fit, en changeant l'eau en vin, aux
nocos de Cana, c'est-à-dire les trois premiers
événements de la vie publique de Jésus.
Avant le Concordat, l'Epiphanie était fête
wchÔmée; depuis 1801, elle est transférée au'
dimanche suivant.
L'année dernière, je vous ai raconté com-
ment h légende s'était emparée dé ces figu-
res piliorosques et poétiques, popularisées
par les vitraux des églises et les enseignes
des hôtelleries. Je vous ai dit les coutumes
naïves, et les fètes par lesquelles on célèbre
l'anniversaire de leur venue dans les villes
de province et dans les.campagnes.. "
Je vous parlerai cette année de la royauté
de là fève, chantée par Pierre Dupont .:
' ' « t
Fille d'Ève, ; A r! 1 •
Vous nÙl\'pz tenté, '• ' ■ ' "
Me donnant la Fève ; • y; ..
J'accepte celte royauté.
C'est la, smile que je rêve
Je dénonce il tous mes féaux
L'o'àlium, tous les fléaux;
J'ordonne une moisson splendide, j
j Avec une paix bien solide, ' " - j
Et j'étends mon large pardon.
Roi de fève, à tout l'horizon.
L'usage de tirer au sort, avec des fèves, il
qui serait le roi du festin, a précédé le chris-
1 tianisme..
1 1 En Grèce, lorsqu'il s'agissait d'élire ixi
magistrat, les citoyens votaient avec des
fèves.
II Abstenez-vous des fèves, » disait un
philosophe, Pythagore, à ses disciples. Ce qui
: voulait dire : Ne vous mêlez pas de poli-
tique.
1 Les Romains imitèrent les Grecs.
! Tantôt, au moment de se mettre à table,
, les convives nommaient leur roi à la simple
majorité; tantôt ils le tiraient au sort.
Quoiqu'il en .fût le souverain improvisé
donnait des lois et prescrivait, sous peine
d'amende, ce qU,e- chacun de ses sujets ,de-
yait faire. — Toi, tu chanteras; toi, tu haran-
gueras l'assemblée ; toi, tu conteras quelque
histoire; vousJb.oirez tous.
Les juifs empruntèrent aux Romains ce que
les Romains avaient emprunté aux Grecs.
« Si l'on vous nomme roi d'un festin, dit
l'ecclésiaste, ne vous élevez pas, par cette rai-
son, au-dessus des autres ; mais après avoir
eu soin de tous les convives, et avoir tout
bien réglé, vous vous mettrez à table avec
tous les conviés ; vous vous rejouirez avec
eux, et même, pour l'ornement, vous pourrez
J recevoir ou prendre la couronne. »
i
i
! Sans doute, une couronne de fleurs..L'ec-
clésiaste parle ici comme le Code du cérémo-
nial de Mme la comtesse de Bassanville.
« *
Unjaeu plus loin, on y trouve encore ces
mots: !
e: Une agréable mélodie, avec un vin dé!i- !
cieux, 'est'conÚne un sceau d'émeraudes en-
« A Louis, Seigneur de la Trémouille, con-
si,illp-r. et chambellan du Roi, notre Sire, et
baron.de Craon, la somme de quatre-vingt-
dix livres tournois que ledit Roi, notre Sire,
lui a donnée et ordonnée sur le fait de son
argenterie, le onzième jour du mois de février
14R7, 'rour convertir et employer en douze
tfunesxle Velours noir double, pour en faire
son plaisir, en faveur de ce qu'il a été Roi de
la {èv.e,.à la table dudit Seigneur, au mois de
janvier précédent.
» Douze aunes de velours cramoisi brun,
pour jjervir à faire robes à Mademoiselle de
Massy; Reine de;-la fève, le jour des Rois,
l'année 1550. »
7
» A Jehan Myolaus, dit Trégeot, enfant
-d'honneur de la dite dame (Anne de Breta-
gne), yingt livres tournois pour le droit qu'il
disait-lni être dû pour avoir fait les/exécutions
de la royauté de la fète des rois dernièrement
passée, et pour recouvrer de lui 4 des tapis
de cette dame qu'il aurait pris pour cette
causer Payé le 12 février 1492. »
Ces trois pièces, retrouvées par M. Jal dans
les archives de l'Empire, aux comptes de l'ar-
genterie de la couronne, prouvent qu'au
moyen-âge, et même plus tard, au seizième
siècle, aucune royauté, même celle de là fève,
n'était gratuite.
Qui ne connaît la façon dont les choses se
passent aujourd'hui ?
Dans chaque famille, on s'attable. Le gâ-
teau des rois est servi au dessert ; il est par-
tagé en auta* de portions qu'il y a de convives,
et celui qui trouve la fève dans la sienne est
proclamé roL Dès lors, il est la victime de
ses sujèts. Dès qu'il approche son verre de
ses lèvres, on crie : — Le roi boit!... Quand
il le repose sur la nappe, on crie encore :
— Le roi a bu !... Le seul privilège de la
royauté, c'est le choix d'une reine ; encore ce
çhoix est-il souvent embarrassant... Si vous
êtes timides conspirez avec les plaisants qui
forcent les portions, comme les prestidigita-
teurs forcent la carte, et disposent du hasard
en vue de l'élection...
Il existe, en Bretagne, une pieuse tradition
qui veut que le gâteau de Noëf-ait la vertu'dt
se conserver deux ans.
On laisse, sur la table, une part du gâteau
pendant toute la nuit : — Notre-Dame la
Vierge Marie pourrait prendre fantaisie de.
venir goûter chez nous.
La part de la Vierge, en Bretagne, s'appelle
ailleurs la part du pauvre. Une fillette de If
maison la prend dans sa petite main, et elle.
sort pour la donner à quelque metidj.ar,t qui
passe. 1
"Dans une disette, où le peuple manquait de
pain, on attribua ce mot à une reine :
— Eh ! qu'il mange de la brioche !
Le mot de la reine se réalise ainsi, le jom
des Rois.
Il faut fêter les Rois.
Savants ou souverains, les visiteurs dt
Bethléem venaient d'ailleurs que de la .
-Judée.
'Jusqu'alors, chaque nation avait eu ses
dieux, ses mœurs, et tenait -en haine, les
dieux et les mœurs des autres nations.
Avec l'idée d'un seul Dieu, l'idée d'une
morale universelle devait rapprocher et amé-
lioreras hommes.
C'est cette idée que symbolisent les mages,
venant, les uns de l'Egypte, et les autres de
la Chaldée, pour saluer le berceau d'une reli-
gion nouvelle.
Il est bien de se mettre à table pour célé-
brer l'anniversaire de leur visite; car la date
de cette visite est celle de l'avènement de la
fraternité parmi les hommes.
TONY RÉVILLON.
Le-bruit qui se fait autour du procès
où le nom de Maubrcuil se trouve mêlé
a donné comme un regain de retentisse-
ments à la vie aventureuse de ce per-
sonnage légendaire. On lira donc , nous
en sommes certains , avec une ardente
cariosité , la chronique que publiera
demain dans la* Petite Presse M. Tony
J Révillon, sous le titre :
UNE VISITE A M. DE MAUDREUIL.
i
ROCAMBOLE
mess=""N° 59 LES
PAR
PONSON DU TERRAIL
PREMIÈRE PARTIE
L'ENFANT PERDU
XIX
La p jrte à barreaux de fer étant ouverte, le
préteyiu lord Cornilih se trouva au seuil d'un
escalier tournant et noir. 4
— Aoii ! Lit-il plein de caractère! très-curieux!
JLî il prit. une nouvelle note.
\ftir le numéro du 8 novembre.
Miss Kait ne put réprimer un sourire, tant le
noble Icrd lui paraissait original.
Elle passait la première, un flambeau à la
main, et au bout d'une trentaine de marches,
elle s'arrêta.
L'homme gris la vit alors dans une sorte de
corridor souterrain qui avait toute la vulgarité
d un corridor"'de cave bourgeoise ; et. il vit une
autre porte, également à barreaux de fer,
et dont la solidité défiait les plus robustes ef-
forts. '
— C'est ici, dit-elle.
— Pauvre petit ! dit l'homme gris, on a pris
des précautions pour lui comme pour un con-
damné à mort.
Miss Katt ouvrit la porte.
On n'entendait aucun bruit derrière.
Mais quand les verroux eurent grincé dans
leurs anneaux, un gémissement parvint jus-
qu'à l'homme gris.
' Alors ce personnage mystérieux eut un tres-
saillement et son cœur battit violemment .
Il allait voir enfin cet enfant qu'il cherchait
avec tant de persistance. Cet enfant dans les
mains de qui l'Irlande devait mettre ses desti-
nées et que lui, son précurseur, il n'avait jamais
vu.
I -M iss Katt entra encore la crémière et dit : J
— Mon petit *RaIph, n'ayez pas peur... c'est
moi...
L'homme gris avait un moment oublié son
rôle -de lord- excentrique.
Il était pâle et une sueur abondante perlait à
son front.
Ralph était couché sur un peu de paille; sous
ses vêtements délabras,qu'on avait entr'ouvcrts,
on apercevait des linges sanglants.
Quand la lumière pénétra dans son cachot, le
petit Irlandais se souleva à demi et regarda
miss Katt.
La jeune fille avait été bonne pour lui, le
matin, quand le m'édecin était revenu ; et la
reconnaissance est. ce qui tient le plus au, cœur
des enfants.
— Ah! c'est toi, madame? dit-il.
— Oui, mon enfant, répondit miss Katt. Souf-
fres-tu toujours ?
— Un peu moins, répondit-il d'unè voix
douce et triste.
— As-tu toujours soif? ' -
— Oh! oui, madame...
L'homme gris se tenait à l'écart, dans l'om-
bre, et de grosses larmes roulaient dans ses
yeux.
I — Oh! reprit le petit Irlandais, tu as pour-
I tant l'air bien bon. madame. Pourquoi neveut-
tu pas me laisser sortir, pour que j'aille retrou-
ver ma mère?
Alors l'homme gris fit un pas et entra dans
le cercle de lumière décrit par la lampe de miss
Katt.
L'enfant eut un geste d'effroi ; mais il ne
pleura pis.
, — Miss Katt, dit l'homme gris, voulez-vous
que je lui parle la langue de son pays?
— Mais, dit miss Katt en souriant, la lan-
gue des Irlandais est la même que celle dei 1
Anglais.
! , — Les gens du peuple ont un dialecte. ' ,
— Ah 1
— Vous alle.z voir...
Et soudain cet homme, qui savait tout et quj
parlait toutes les langues, se mit à parler une
sorte de patois qui n'est compréhensible que
pour les pêcheurs des côtes d'Irlande.
Aux premiers mots, l'enfant jeta un cri.
La langue maternelle vibrait tout à coup à
son oreille, comme si la patrie absente fût venue
jusqu'à lui.
— Ralph, disait l'homme gris, je suis un
ami de ta mère.
L'enfant jeta un nouveau cri.
— De ta pauvre mère Jenny qui t'a cherché
et pleuré si longtemps, et à qui je te rendrai.
Depuis trois iouM. on s'était bien ioué de
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