Titre : La Petite presse : journal quotidien... / [rédacteur en chef : Balathier Bragelonne]
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1867-12-28
Contributeur : Balathier Bragelonne, Adolphe de (1811-1888). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32837965d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 28 décembre 1867 28 décembre 1867
Description : 1867/12/28 (A2,N618). 1867/12/28 (A2,N618).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k4717620r
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-190
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 23/10/2017
LA PETITE PRESSE
S cent. le numéro
- JOURNAL QUOTIDIEN
S cent. le nnméro
ABDNNEMENTS, '— Trois mois. six MO'IS. , Un III.
Paris 5 fr. 9 fr. l§ fr.
Départe.ments:. 6 il 88
, Administrateur: E. DELSAUX.
2' année. — SAMEDI 28 DECEMBRE 1867. — No 648
Directeur- ProprÙf ta1:re : JAKN IN
Rédacteur en chef: A. DE BALATHIKR BRAGELONNE.
BUREAUX D'ABONNEMENT : 9, vue Drouot
. ^OMIMSTRATTON : 13, place Breda.
, La Prisse illustrée journal hebdoma-
daire à 10 centimes, est vendue 5 cen-
times seulement à toute personne qui
achète la Petite Presse le samedi à Paris
et le dimanche en province.
PARIS, 27 DÉCEMBRE 1867.
CAUSERIE
LE MONDE ILLUSTRÉ
.. Je vous ai parlé plusieurs fois de la Petite
* Presse, chers lecteurs , je vous ai dit com-
ment se rédigeait, s'imprimait, se tirait et se
distribuait un journal littéraire à un sou.
Je veux vous raconter aujourd'hui comment
se fait un journal illustré à 35 centimes.
La différence entre les deux prix paraît
énorme. Mais le bon marché est égal des deux
parts.
Avant le lever du rideau, dans un théâtre,
le directeur demande d'hàbitude le chiffre de
la recette. On le lui apporte, et il compare
tout de suite dans sa pensée ce chiflre avec
celui de la dépense. Après quoi, il fait la gri-
mace ou il sourit. -
Si M. le directeur du Monde illustré faisait
le même calcul à l'apparition de chaque nu-
méro, son premier mouvement serait sans
doute un geste d'effroi, car, en fàce du mot
dépense, il verrait ce chiffre : 3,000 francs. Il
est vrai qu'il serait vite rassuré, car, en face
du mot recette, il trouverait un chiffre plus
gros encore.
Dépenser beaucoup, afin de faire bien;
vendre beaucoup, afin de couvrir la dépense
;par la multiplicité des petits profits ; pour
vendre beaucoup , vendre à meilleur marché
qu'on n'avait vendu auparavant, tel est le
plan de campagne du Monde illustré. ,
Depuis dix ans le nombre des Te Deum a ]
Indiqué celui des batailles.
Le Monde ilbstré !
C'est un monde en efiet.
Autrefois, pour métamorphoser un croquis
en dessin, un dessin en gravure, une gra-
vure en page de journal, if fallait un mois.
Aujourd'hui il faut deux joursu
Une esquisse, un croquis,une photographie.
•W ■
arrivent de la Chine, du Brésil ou du Séné-
gal. Vite, le dessinateur se met à l'œuvre.
Huit ou dix heures après, il apporte son
bois. L'équipe des graveurs est là, toujours
prête à donner, comme la vieille Garde. On
se partage la besogne; les. uns travailleront
le jour, les autres la nuit. Si le bois est trop
important, on se partagera le bois. — A vous
ce coin, à vous cet autre, cette maison à
Pierre, cet arbre à Jean, ce bateau à Paul,qui
sait nager, ces marins à Jules, pour qui les
chapeaux en toile cirée- et les petites vestes à
grand collet n'ont plus de mystère. Demain,
nous rapprocherons les morceaux, et l'œuvre
sortira une de ces mains diverses. L'essentiel
est d'arriver à temps.
Un artiste isolé eût mis huit jours à graver
ce bois.
Nous ne demandons pas mieux qu'il les
mette encore quand cela se peut.
Mais si l'actualité parle impérieusement,
vingt-quatre, et même douze heures, suffi-
ront.
Nous avons commencé lundi. %
Mercredi, le metteur en train pourra faire
ses découpages.
Jeudi soir, on commencera le tirage.
Samedi matin, quarante mille exemplaires
lu journal seront là, sur le marbre, prêts à
itre expédiés.
Et, l'on ne saurait-trop le répéter, il s'agit,
ion pas d'une feuille populaire, dont le texte
st le mérite principal et presque exclusif,
lais d'une feuille de luxe, où papier, texte,
ravures, mise en pages, tout demande un
:)În poussé à l'infini.
Pour obtenir un pareil résultat, il faut non-
seulement l'intelligence qui crée, la volonté
qui persévère, et l'expérience qui améliore,
mais encore le double outillage d'où sort une
œuvre d'art digne de ce nom : le talent dès
hommes et la perfection des instruments.
Nommer les collaborateurs du Monde illus-
tré,,.c'est passer la revue d'un état. major.
M. Pointel commande à une armée de géné-
raux et d'officiers; son major général, M. Jan-
nin, n'a que des noms connus à inscrire, et
son payeur, M. David, ne sait que par ouï dire
la solde des simples soldats.
~ La chronique est faite, à tour de rôle, par
M. Charles Yriarte, et par M. Pierre Vérone
Je ne sache pas d'association plus heureuse,
car si tous deux ont de l'esprit, cet esprit dif-
fère : Chez M. Yriarte, il est tourné à la poé-
sie ; il tourne au rire chez M. Véron.
M. Charles Monselet, dans un de ces arti-
cles qui contiennent moins de lignes que de
choses, dont il a le secret, rend compte des
théâtres.
M. Albert de Lasalle parle de la musique en
dilettante et en musicien.
Le palais appàrtient à M. Adrien Lelioux
(Petit Jean), et le passé à M. Lorédan Larchey,
Les livres sont le lot de M. Ph. Dauriac,
dont la critique, bienveillante dans la forme,
n en a pas moins le trait impartial.
M. Auguste Luchet traite les questions d'art
et d'industrie; M. Théodore Pelloquet les ques-
tions d'art; M. Alphonse Hermant va de l'art
à l'industrie, et des sciences à l'actualité. Cet
écrivain érudit et modeste est en même temps
secrétaire de la rédaction.
Madame la vicomtesse de Renneville signe
les courriers de mode.Le feuilleton est, en ce
moment, signé Elie-Berthet. Tous les noms
illustres ou connus de la littérature ont pré-
cédé ce nom ou le suivront. Je cite au courant
de la plume : Alexandre Dumas, Paul Féval,
Théophile Gautier, Jules Noriac, Gustave
Aimard, Charles Joliet, Camille Étiévant,
E. Gourdon, Jean Duboys, F.-V. Maison-
neufve, etc, etc.
Tel est le groupe de la rédaction.
Sur le même plan vient le groupe 'des ar-
tistes. \
let encore chaque spécialité a son homme ,
et cet homme est un artiste d'un talent in-
contesté.
Tout ce qui est allégorie, fantaisie, hu-
mour, poésie, appartient à M. Edmond Morin.
Les portraits, les reproductions des Maî- j
tres, sont Je fait de M. Bocourt.
A M. Janet, les pompes officielles, les fêtes
publiques, les belles cérémonies.
M. Godefroy-Durand , anatomiste et figu-
riste de premier ordre , composera des scè-
nes.
M. Férat, coloriste bien doué, frappera les
yeux par des antithèses pittoresques à la
façon de Gustave Doré.
Le caricaturiste, c'est Cham.
Les marins, ce sont MM. Durand Brager et
Morel Fatio.
r Je nomme un figuriste, M. Rickebusch, un
paysagiste, M. Grandsire, et j'arrive â trois
architectes, qui sont en même temps des pay-
sagistes excellents .: MM Thorigriy, Bertrand
et Deçoy.
Qui ne se rappelle le bois de l'Opéra de
M. Thorigny?
Tout le monde a vu les deux plans de l'Ex-
position de M. Deroy.
MM. Gustave Doré, Rouargue, Therond,
Couverchelle, Valerio, pour être des collabo-
rateurs moins réguliers, tiennent cependant
a-honneur de figurer dans la glorieuse pléiade
du Monde illustré.. -
Je ne saurais oublier ici ni M. Ch. Yriarte,
qui n'est pas seulement un écrivain, mais
encore un dessinateur plein de goÙt, ni les
correspondants épars dans le monde entier
amis lointains qui envoient à leurs amis de
France le récit au crayon de leurs observa.
tions et de leurs aventures. -
Les bois sont livrés aux graveurs. - '
Jacob dirige l'atelier du Monde illustré.
Au dehors, le journal s'adresse aus.=i à MM.
Maurand, un coloriste ; Chapon, un graveur de
portraits ; Barbaut, auquel on confie les ac-
tualités ; Peulot,précieux pour l'architecture;
Coste, qui grave les œuvres d'art ; Verdeii.
qui grave les tableaux; Tazzini,dont le paysage
est la spécialité, etc., etc. '
• A l'imprimerie, règne Firmin Louzier, —
Firmin.
A lui revient la tâche difficile de la mise en
•pages.
Intermédiaire entre les écrivains et les ou-
vriers, il ne fait que regarder sa montre pen-
dant trois jours ; — La copie arrivera-t-elle à
temps ?—• Sera-t-elle composée à l'heure?...
Les trois jours sont écoulés. Reste à enca- -
drer les bois dans le texte, à préparer les
formes, à les serrer, parfois à les desserrer "et
à les resserrer encore...
Firmin, actif avec placidité, suffit à tout,et
il arrive toujours à l'heure!
Mondan paraît.
Avant de livrer les formes à la machine,
on a fait une épreuve des gravures sur papier
carton. Mondan se livre alors à un travail
préparatoire qui consiste à découper les des-
sins de manière à faire prendre plus d'encre
aux parties qui doivent ressortir en noir sur
le papier, et à préserver celles qui doivent s'en-
lever en blanc. Les gris et les demi-teintes
ROCAMBOLE
LES
MISÈRES DE LONDRES
PAR
PONSON DU TERRAIL
PREMIÈRE PARTIE
L'ENFANT PERDU
IX
NO 49
La détonation avait éveillé le cabman qui
était à la porte de. la maison de M. Thomas El-
gin.
Il ne s'écoula pas cinq minutes entre cette
détonation et la sortie de Bulton, qui portail
Buzannab dans ses bras, ..L,. - .
Ce qui fit que le cabman, qui n'avait pas vu
M. Thomas Elgin rentrer chez lui, n'était pas
encore revenu de sa surprise, lorsque Bulton
reparut.
11 ne fit qu'un bond, à travers le-jardin, ouvrit
la portière du cab et y jeta Suzannah, criant au I
cocher :
.
— Mari jaloux, homme blessé... file, file! il
y a deux couronnes pour toi, si tu marches
bien. :
Le cabman ne demanda pas d'autre explica-
tion, il fit'siffler son fouet et le cab partit.
Le flegme britannique n'est pas une exagé-
ration française.
L'effroyable détonation avait éveillé tout ce
quartier paisible de petits rentiers et d'honnête.
commerçants de la cité, qui observaient, dès le
samedi soir, le pieux isolement du dimanche.
Les fenêtres s'ouvrirent lentement, les portes
plus lentement encore, deux ou trois policemen
finirent par arriver; mais le cab qui emportait
Bulton et Suzannah avait disparu depuis long-°
temps dans le brouillard. -
Alléché par la promesse des deux couronnes,
le cabman marchait un train d'enfer.
Bulton, au désespoir, appelait Suzannah et la
couvrait de caresses.
Suzannah était évanouie, et Bulton épouvanté
la crut morte.
— 0 malheur 1 malheur! murmurait-il. J'ai
causé la mort du seul être que j'aimais en ce
monda
Le cab descendit vers Kinsington garden, ga-
gna Hyde park, entra dans^ Oxford, tout cela
en moins d'une demi-heure. -
En homme intelligent, le cabman avait fait
plusieurs tours dans les rues transversales, sûr
de faire perdre sa trace, si par hasard il était
poursuivi.
Qnand il fut dans Oxford street, il se retourna
et frappa au carreau.
Bulton baissaja glace. ; 1
Où allôns-nous ? demanda le cabman.
Dans Olborn, au coin du Brook street,
répondit'Bulton.
Le cab continua sa course rapide, et bientôt
il arriva à l'endroit désigné.
-Alors Bulton mit pied à terre, paya le cab.
man, reprit Suzannah dans ses bras, et l'em-
porta.
Le Brook street est désert entre neuf et dix
heures du soir.
Les voleurs, y habitant, se sont répandus
dans Londres pour aller chercher leur besogne
ordinaire, et il n'y a guère, çà et là, au seuil des
portes et des tavernes que des femmes et des
enfants.
Cependant, comme il allait s'engouffrer dans
l'allée noire de cette, maison qu'il habitait avec
Suzannah, Bulton, qui pleurait en portant son
cher fardeau, sentit une main s'appuyer sur son
épaule.
En même temps une voix (jl'homiee lui dit;
— Qu'est-ce qui arrive donc à Suzannah? Est-
ce qu'elle a bu trop de gin ?
Le Brook-street est une rue noire, la robe de
Suzannah était de couleur brune et celui qui
parlait n'avait pas vu le sang qui la couvrait.
Bulton reconnut cette voix, et il ne se re-
tourna point.
— Crayen, dit-il, viens avec moi, il est arrivé
un grand malheur, mon Dieu 1
Quoi donc? fit Craven, ce même homme
que Suzannah avait abordé la veille, dans 01-
born-, en lui demandant s'il avait vu Bulton.
— Je crois qu'ils me l'ont tuée 1
— Qui? Suzannah?
— Oui...
Et la voix de Bulton était pleine de san-
glots.
Il monta précipitamment l'escalier, entra dans
la chambre, dont il enfonça la porte d'un coup
de pied et déposa Suzannah sur le lit.
En même temps, Craven tirait des allumettes
de sa poche et se procurait de la lumière.
— J'ai été domestique chez un chirurgien,
disait-il, je m'y connais...
Et tandis que Bulton s'arrachait les cheveux
et appelait, en versànt des larmes, la jeune
femme,qui ne lui répondait pas, Craven la desha-
billait et examinait sa blessure.
Suzannah avait été frappée en deux endroits
par les projectiles du tromblon, au-dessous du
sein droit et au cou.
; Cette dernière blessure, qui n'avait rien (ta
,"V«ir le numéro du 8 novembre, 1
S cent. le numéro
- JOURNAL QUOTIDIEN
S cent. le nnméro
ABDNNEMENTS, '— Trois mois. six MO'IS. , Un III.
Paris 5 fr. 9 fr. l§ fr.
Départe.ments:. 6 il 88
, Administrateur: E. DELSAUX.
2' année. — SAMEDI 28 DECEMBRE 1867. — No 648
Directeur- ProprÙf ta1:re : JAKN IN
Rédacteur en chef: A. DE BALATHIKR BRAGELONNE.
BUREAUX D'ABONNEMENT : 9, vue Drouot
. ^OMIMSTRATTON : 13, place Breda.
, La Prisse illustrée journal hebdoma-
daire à 10 centimes, est vendue 5 cen-
times seulement à toute personne qui
achète la Petite Presse le samedi à Paris
et le dimanche en province.
PARIS, 27 DÉCEMBRE 1867.
CAUSERIE
LE MONDE ILLUSTRÉ
.. Je vous ai parlé plusieurs fois de la Petite
* Presse, chers lecteurs , je vous ai dit com-
ment se rédigeait, s'imprimait, se tirait et se
distribuait un journal littéraire à un sou.
Je veux vous raconter aujourd'hui comment
se fait un journal illustré à 35 centimes.
La différence entre les deux prix paraît
énorme. Mais le bon marché est égal des deux
parts.
Avant le lever du rideau, dans un théâtre,
le directeur demande d'hàbitude le chiffre de
la recette. On le lui apporte, et il compare
tout de suite dans sa pensée ce chiflre avec
celui de la dépense. Après quoi, il fait la gri-
mace ou il sourit. -
Si M. le directeur du Monde illustré faisait
le même calcul à l'apparition de chaque nu-
méro, son premier mouvement serait sans
doute un geste d'effroi, car, en fàce du mot
dépense, il verrait ce chiffre : 3,000 francs. Il
est vrai qu'il serait vite rassuré, car, en face
du mot recette, il trouverait un chiffre plus
gros encore.
Dépenser beaucoup, afin de faire bien;
vendre beaucoup, afin de couvrir la dépense
;par la multiplicité des petits profits ; pour
vendre beaucoup , vendre à meilleur marché
qu'on n'avait vendu auparavant, tel est le
plan de campagne du Monde illustré. ,
Depuis dix ans le nombre des Te Deum a ]
Indiqué celui des batailles.
Le Monde ilbstré !
C'est un monde en efiet.
Autrefois, pour métamorphoser un croquis
en dessin, un dessin en gravure, une gra-
vure en page de journal, if fallait un mois.
Aujourd'hui il faut deux joursu
Une esquisse, un croquis,une photographie.
•W ■
arrivent de la Chine, du Brésil ou du Séné-
gal. Vite, le dessinateur se met à l'œuvre.
Huit ou dix heures après, il apporte son
bois. L'équipe des graveurs est là, toujours
prête à donner, comme la vieille Garde. On
se partage la besogne; les. uns travailleront
le jour, les autres la nuit. Si le bois est trop
important, on se partagera le bois. — A vous
ce coin, à vous cet autre, cette maison à
Pierre, cet arbre à Jean, ce bateau à Paul,qui
sait nager, ces marins à Jules, pour qui les
chapeaux en toile cirée- et les petites vestes à
grand collet n'ont plus de mystère. Demain,
nous rapprocherons les morceaux, et l'œuvre
sortira une de ces mains diverses. L'essentiel
est d'arriver à temps.
Un artiste isolé eût mis huit jours à graver
ce bois.
Nous ne demandons pas mieux qu'il les
mette encore quand cela se peut.
Mais si l'actualité parle impérieusement,
vingt-quatre, et même douze heures, suffi-
ront.
Nous avons commencé lundi. %
Mercredi, le metteur en train pourra faire
ses découpages.
Jeudi soir, on commencera le tirage.
Samedi matin, quarante mille exemplaires
lu journal seront là, sur le marbre, prêts à
itre expédiés.
Et, l'on ne saurait-trop le répéter, il s'agit,
ion pas d'une feuille populaire, dont le texte
st le mérite principal et presque exclusif,
lais d'une feuille de luxe, où papier, texte,
ravures, mise en pages, tout demande un
:)În poussé à l'infini.
Pour obtenir un pareil résultat, il faut non-
seulement l'intelligence qui crée, la volonté
qui persévère, et l'expérience qui améliore,
mais encore le double outillage d'où sort une
œuvre d'art digne de ce nom : le talent dès
hommes et la perfection des instruments.
Nommer les collaborateurs du Monde illus-
tré,,.c'est passer la revue d'un état. major.
M. Pointel commande à une armée de géné-
raux et d'officiers; son major général, M. Jan-
nin, n'a que des noms connus à inscrire, et
son payeur, M. David, ne sait que par ouï dire
la solde des simples soldats.
~ La chronique est faite, à tour de rôle, par
M. Charles Yriarte, et par M. Pierre Vérone
Je ne sache pas d'association plus heureuse,
car si tous deux ont de l'esprit, cet esprit dif-
fère : Chez M. Yriarte, il est tourné à la poé-
sie ; il tourne au rire chez M. Véron.
M. Charles Monselet, dans un de ces arti-
cles qui contiennent moins de lignes que de
choses, dont il a le secret, rend compte des
théâtres.
M. Albert de Lasalle parle de la musique en
dilettante et en musicien.
Le palais appàrtient à M. Adrien Lelioux
(Petit Jean), et le passé à M. Lorédan Larchey,
Les livres sont le lot de M. Ph. Dauriac,
dont la critique, bienveillante dans la forme,
n en a pas moins le trait impartial.
M. Auguste Luchet traite les questions d'art
et d'industrie; M. Théodore Pelloquet les ques-
tions d'art; M. Alphonse Hermant va de l'art
à l'industrie, et des sciences à l'actualité. Cet
écrivain érudit et modeste est en même temps
secrétaire de la rédaction.
Madame la vicomtesse de Renneville signe
les courriers de mode.Le feuilleton est, en ce
moment, signé Elie-Berthet. Tous les noms
illustres ou connus de la littérature ont pré-
cédé ce nom ou le suivront. Je cite au courant
de la plume : Alexandre Dumas, Paul Féval,
Théophile Gautier, Jules Noriac, Gustave
Aimard, Charles Joliet, Camille Étiévant,
E. Gourdon, Jean Duboys, F.-V. Maison-
neufve, etc, etc.
Tel est le groupe de la rédaction.
Sur le même plan vient le groupe 'des ar-
tistes. \
let encore chaque spécialité a son homme ,
et cet homme est un artiste d'un talent in-
contesté.
Tout ce qui est allégorie, fantaisie, hu-
mour, poésie, appartient à M. Edmond Morin.
Les portraits, les reproductions des Maî- j
tres, sont Je fait de M. Bocourt.
A M. Janet, les pompes officielles, les fêtes
publiques, les belles cérémonies.
M. Godefroy-Durand , anatomiste et figu-
riste de premier ordre , composera des scè-
nes.
M. Férat, coloriste bien doué, frappera les
yeux par des antithèses pittoresques à la
façon de Gustave Doré.
Le caricaturiste, c'est Cham.
Les marins, ce sont MM. Durand Brager et
Morel Fatio.
r Je nomme un figuriste, M. Rickebusch, un
paysagiste, M. Grandsire, et j'arrive â trois
architectes, qui sont en même temps des pay-
sagistes excellents .: MM Thorigriy, Bertrand
et Deçoy.
Qui ne se rappelle le bois de l'Opéra de
M. Thorigny?
Tout le monde a vu les deux plans de l'Ex-
position de M. Deroy.
MM. Gustave Doré, Rouargue, Therond,
Couverchelle, Valerio, pour être des collabo-
rateurs moins réguliers, tiennent cependant
a-honneur de figurer dans la glorieuse pléiade
du Monde illustré.. -
Je ne saurais oublier ici ni M. Ch. Yriarte,
qui n'est pas seulement un écrivain, mais
encore un dessinateur plein de goÙt, ni les
correspondants épars dans le monde entier
amis lointains qui envoient à leurs amis de
France le récit au crayon de leurs observa.
tions et de leurs aventures. -
Les bois sont livrés aux graveurs. - '
Jacob dirige l'atelier du Monde illustré.
Au dehors, le journal s'adresse aus.=i à MM.
Maurand, un coloriste ; Chapon, un graveur de
portraits ; Barbaut, auquel on confie les ac-
tualités ; Peulot,précieux pour l'architecture;
Coste, qui grave les œuvres d'art ; Verdeii.
qui grave les tableaux; Tazzini,dont le paysage
est la spécialité, etc., etc. '
• A l'imprimerie, règne Firmin Louzier, —
Firmin.
A lui revient la tâche difficile de la mise en
•pages.
Intermédiaire entre les écrivains et les ou-
vriers, il ne fait que regarder sa montre pen-
dant trois jours ; — La copie arrivera-t-elle à
temps ?—• Sera-t-elle composée à l'heure?...
Les trois jours sont écoulés. Reste à enca- -
drer les bois dans le texte, à préparer les
formes, à les serrer, parfois à les desserrer "et
à les resserrer encore...
Firmin, actif avec placidité, suffit à tout,et
il arrive toujours à l'heure!
Mondan paraît.
Avant de livrer les formes à la machine,
on a fait une épreuve des gravures sur papier
carton. Mondan se livre alors à un travail
préparatoire qui consiste à découper les des-
sins de manière à faire prendre plus d'encre
aux parties qui doivent ressortir en noir sur
le papier, et à préserver celles qui doivent s'en-
lever en blanc. Les gris et les demi-teintes
ROCAMBOLE
LES
MISÈRES DE LONDRES
PAR
PONSON DU TERRAIL
PREMIÈRE PARTIE
L'ENFANT PERDU
IX
NO 49
La détonation avait éveillé le cabman qui
était à la porte de. la maison de M. Thomas El-
gin.
Il ne s'écoula pas cinq minutes entre cette
détonation et la sortie de Bulton, qui portail
Buzannab dans ses bras, ..L,. - .
Ce qui fit que le cabman, qui n'avait pas vu
M. Thomas Elgin rentrer chez lui, n'était pas
encore revenu de sa surprise, lorsque Bulton
reparut.
11 ne fit qu'un bond, à travers le-jardin, ouvrit
la portière du cab et y jeta Suzannah, criant au I
cocher :
.
— Mari jaloux, homme blessé... file, file! il
y a deux couronnes pour toi, si tu marches
bien. :
Le cabman ne demanda pas d'autre explica-
tion, il fit'siffler son fouet et le cab partit.
Le flegme britannique n'est pas une exagé-
ration française.
L'effroyable détonation avait éveillé tout ce
quartier paisible de petits rentiers et d'honnête.
commerçants de la cité, qui observaient, dès le
samedi soir, le pieux isolement du dimanche.
Les fenêtres s'ouvrirent lentement, les portes
plus lentement encore, deux ou trois policemen
finirent par arriver; mais le cab qui emportait
Bulton et Suzannah avait disparu depuis long-°
temps dans le brouillard. -
Alléché par la promesse des deux couronnes,
le cabman marchait un train d'enfer.
Bulton, au désespoir, appelait Suzannah et la
couvrait de caresses.
Suzannah était évanouie, et Bulton épouvanté
la crut morte.
— 0 malheur 1 malheur! murmurait-il. J'ai
causé la mort du seul être que j'aimais en ce
monda
Le cab descendit vers Kinsington garden, ga-
gna Hyde park, entra dans^ Oxford, tout cela
en moins d'une demi-heure. -
En homme intelligent, le cabman avait fait
plusieurs tours dans les rues transversales, sûr
de faire perdre sa trace, si par hasard il était
poursuivi.
Qnand il fut dans Oxford street, il se retourna
et frappa au carreau.
Bulton baissaja glace. ; 1
Où allôns-nous ? demanda le cabman.
Dans Olborn, au coin du Brook street,
répondit'Bulton.
Le cab continua sa course rapide, et bientôt
il arriva à l'endroit désigné.
-Alors Bulton mit pied à terre, paya le cab.
man, reprit Suzannah dans ses bras, et l'em-
porta.
Le Brook street est désert entre neuf et dix
heures du soir.
Les voleurs, y habitant, se sont répandus
dans Londres pour aller chercher leur besogne
ordinaire, et il n'y a guère, çà et là, au seuil des
portes et des tavernes que des femmes et des
enfants.
Cependant, comme il allait s'engouffrer dans
l'allée noire de cette, maison qu'il habitait avec
Suzannah, Bulton, qui pleurait en portant son
cher fardeau, sentit une main s'appuyer sur son
épaule.
En même temps une voix (jl'homiee lui dit;
— Qu'est-ce qui arrive donc à Suzannah? Est-
ce qu'elle a bu trop de gin ?
Le Brook-street est une rue noire, la robe de
Suzannah était de couleur brune et celui qui
parlait n'avait pas vu le sang qui la couvrait.
Bulton reconnut cette voix, et il ne se re-
tourna point.
— Crayen, dit-il, viens avec moi, il est arrivé
un grand malheur, mon Dieu 1
Quoi donc? fit Craven, ce même homme
que Suzannah avait abordé la veille, dans 01-
born-, en lui demandant s'il avait vu Bulton.
— Je crois qu'ils me l'ont tuée 1
— Qui? Suzannah?
— Oui...
Et la voix de Bulton était pleine de san-
glots.
Il monta précipitamment l'escalier, entra dans
la chambre, dont il enfonça la porte d'un coup
de pied et déposa Suzannah sur le lit.
En même temps, Craven tirait des allumettes
de sa poche et se procurait de la lumière.
— J'ai été domestique chez un chirurgien,
disait-il, je m'y connais...
Et tandis que Bulton s'arrachait les cheveux
et appelait, en versànt des larmes, la jeune
femme,qui ne lui répondait pas, Craven la desha-
billait et examinait sa blessure.
Suzannah avait été frappée en deux endroits
par les projectiles du tromblon, au-dessous du
sein droit et au cou.
; Cette dernière blessure, qui n'avait rien (ta
,"V«ir le numéro du 8 novembre, 1
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