Titre : La Petite presse : journal quotidien... / [rédacteur en chef : Balathier Bragelonne]
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1867-12-20
Contributeur : Balathier Bragelonne, Adolphe de (1811-1888). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32837965d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 20 décembre 1867 20 décembre 1867
Description : 1867/12/20 (A2,N610). 1867/12/20 (A2,N610).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k47176126
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-190
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 23/10/2017
LA PETITE PRESSE
JO u¿\NAI.. QUOTIDIEN -
S cent. le numéro
5 cent. le numéro " ;
. J
ABONNEMENTS. Trois mois. SIx mois. Un an.
Paris 5 fr. 41) fr. 118 fr.
Départements.. 33 il . S®'
A dm in:slraievr : . E. DELSAUX.
'
'te année. — VENDREDI 20 OTCEMBKE 1367. — Ne fv'i 0 I
Directeur-Proprié taire : J il N N 1 r-F.
Rédacteur en chef: A. DE BALAI HIER. BRACELOKKE
BUREAUX j)' A BO:'i N Er.[ EN T : 3), ri'inle DROJSDT »
r\ 1)MI'\!ISî'!UT!üN : 13, PINCE Breda.
La Presse illustrée journal hchdoma-
3airo iJ, 10 ccnr.inVBs, est vendue 5 cen-
limes seulement à toute personne qui
acheté la Petite p¡\'s':e Je samedi à Paris
rd le dirnanebr; en province. i
PARIS, 19 DÉCEMBRE 1887.
LES ACCIDENTS
DE CHEMINS DE FER
je débute par un aveu : j'ai été déçu.
Avant-hier, lorsque l'idée m'est venue de
faire cet article, animé d'un beau zèle
contre les Compag:lie."., Je, voulais prendre
- pour titre-: Deux accidents par jour, et énu-
mérer les catastrophes de toute espèce qui
atteignent les voyageurs, portent le trouble
dans les familles, inquiètent les actionnaires
et occupent les tribunaux.
Dans une pensée de justice, je suis allé aux
informations, j'ai interrogé les gens compé-
tents, parcouru les livres spéciaux, et le ré-
3ultat de mes recherches a été, je dois l'a- '
vouer, absolument opposé à ce que j'espé-
rais. v
Il m'en coù'e de le dire, mais sur ce cha-
pitre, comme sur presque toutes les questions,
il faut en revenir au mot de Voltaire : '
- « Je sais qu'il est de mode d'exalter l'an-
cien aux dépens du nouveau; pourtant le
nouveau est mieux. »
Ce qui effraye dans .es accidents de che-
mins de fer, c'est que c^s accidents, frappent
plusieurs personnes à la fois. '
Aussi, pour les juger, il faut, non pas les
prendre un à-un, mais attendre !a fin de l'an-
née, et consulter une statistique.
En 1858, le gouvernement fit faire une
enquête sur les moyens d'assurer la régula-
rite et la sûreté sur les' chemins de fer.
La commission, dans son rapport, établit
que, sur les lignes françaises, il y avait un
voyageur tué par un million, neuf cent cin-
quante-cinq mille cinq cent cinquante-cinq
voyageurs et un blessé par quatre cent qua-
tre cent quatre-vingt-seize mille cinq cent
cinquante et un.
Avec les Messageries la proporHnn était
d'un mort nar trois COlt cinquante mille qua-
tre cent cinquante .trois voyageurs, et d'ltn
blessé par vingt-neuf mille huit cent soixante
et D?)%P.
Voilà qui est sans réplique.'
Est-ce- à dire qu'il n'y ait pas encore trop
do morts et trop de blessés? Non, sans doute.
Ainsi, sur les chemins do fer Anglais vil
n'y a qu'un tué par cinq millions de voya-
geurs,; sur les chemins de fer Belges , qu'MM
par huit millions ; sur les Badois , (p'un par
dix-sept millions, et, sur les Prussiens qu'ww
par vingt et un millimls.
H est donc à désirer qv:o la France imite la
patrie du fusil à tligui lIe, au point de vue de
la sécurité du voyageur.
'
Feu M. Perdonnet, un homme qui con-
naissait la m'altère à fond, écrivait,, il y a
deux ans, dans Y Àhnanach ->(l es chemins de
fer :
« Il est dans la nature de l'humanité de se
voir, pour ainsi dire, à chaque estant, ex-
posée à quelque danger. Il y a quelques jours,
je lisais, dans les journaux, qu'une, grosse
pierre, détachée de la corniche d'une maison
en construction, était tombée sur une voi-
ture de remise renfermant toute une famille
d'honnêtes bourgeois, qui avaient, miracu-
leusement, échappé à la mort; mais, de nos
jours, les miracles sont rares. Quelque temps
après, un monsieur longeant le trottoir de je
ne sais quelle rue, faisant peut-être de beaux
projets pour le lendemain, est tué par- 1111 pot
de fleurs tombé d'un sixième étage. Une au-
tre fois, c'est une danTe qui, traversant la rue
en causant, comme-font toutes les femmes,
glisse et est écrasée par 11.11 omnibus.
» Ces accidents passent inaperçus, parc-e
qu'ils ne frappent que des victimes isolées ;
mais, si on les additionne et qu'on en com-
pare le chiffre à celui des accidents arrivés
sur les chemins de fer, on trouve que leur
total est de beaucoup plus élevé.
» Ainsi, tandis que., dans l'espace de cinq
années, le transport de quarante-sept mil-
lions de voyageurs sur les chemins de fer de
l'Est ne donne lieu qu'à cent vingt et un ac-
cidents, dont cinquante seulement engagent
la responsabilité de la compagnie et ont occa-
sionné la mort a un seul voyageur, des bles-
sures graves à six et des blessures légères ou
de^ simple? contusions à fflwl'an:te-troi.1J.
préfecture de potier cnrp,?istrG, à Paris vin, ''
cinq accidents par jour, savoir:
M Ciîq accidents entraînant la mort ou des
blessufes graves ;
» Cinq accidents entraînant nne incapacité
de travail de plusieurs jours;
» Quinze accidents sans gravité.
» C'est-à-dire qu'il arrive à Paris, en un
seul jopr, plus d'accidents qu'il ne s'en pro-
duit, ()11 un an, sur un réseau de chemin
de. fer île 1 800 h.ilomèti,es.
» Au point de-vue do la responsabilité pé-
cuniaire, la compagnie de l'Est a payé, en
cinq années, une somme totale de 46>736
francs.
» En une seule amléi!, les compagnies des
Omnibus et des Petites-Voitures de Paris
payent plus de 200,000 francs, et 'ce chiffre
est loin de comprendre ce qui est déboursé
par les .-propriétaires des autres voitures cir-
culant dans Paris. »
1 il est une autre espèce d'accident, de nature
t à troubler les esprits, et, dont le gouverne-
ment s'est préoccupé de même, après le pu-
,blic. : les assassinais et les vols à maiffar-
j mée. t -
' La proposition la plus raisonnable, celle de
M. Lafond de Saint-Mur, député au Corps lé-
gislatif, consistait à mettre à la disposition de
tous les voyageurs un système de commu-
nication directe avecle chef de train.
M. Edouard Siébecker, dans sa Physiologie
des chemins de fer, dit avec raison : '
' « Avec des voyageurs français le cheMe
train n'y eût pas suffi. Je ne parle pas des
poltrons qui l'eussent dérangé à propos de
rien. Mais les gens gais et les gens gris', les
propagateurs de Ohé ! Lambert ! eussent, à
chaque instant, fait courir ce pauvre diable,
histoire de faire une bonne plaisanterie. » . j
Cham s'est égayé à ce propos. •
Un voyageur vient de faire un bon somme.
Il se réveille. Machinalement il tire la son-
nette d'alarme :
— Je me croyais chez moi, et-je sonnais
mon valet de chambre.
Il y a cependant des causes aux accidents
de chemins de fer? ~ 1
fi. [ Cer[ninemf'nL
^ j. H.y a quelquefois un oubli de l'aiguilleur,
oubli qui a pour conséquence de laisser deux.
^ ains sur la même voie.
h ' Y a, quelquefois aussi, un excès de zèle
de la du mécanicien. On est en-retard.- Il
veut ratv raP®l> le temps perdu, et il attrappe
un autre t.. ^ain.. - ■ - v \
Mais, il fat. 't. le dire le redire, la grande
cause ne vient Pas des hommes, mais du
temps.
La mauvaise saisu.'n; chute des feuilles,
la.fonte des neiges, le .brouillard, les grandes
phiios, amènent le patinage des roue?, et par
.conséC¡Üent les retards. Ces" retards amèn.ent\
l'épuisement plus rapide du combustible et •
dû l'eau. L'eau et le charbon épuises, il faut
les renouveler : nouveau retard. De Jà des
complications.
Les règlements sont merveilleusement faits.,.
Il suffit pour s'en assurer de parcourir le l-ivre^
de M. Siébecker, où toutes, les attributions des:\
agents des trains sort minutieusement dé- t
taiilées. Lorsqu'un train est en détresse, les
pétards réglementaires sont placés sur la voie, 1>
et ces pétards ne ratent jamais...
— Mon opinion personnelle, disait un em-:
j ployé supérieur, homme d'esprit, est basée
j sur ce fait, que jamais un accident de chemin •
! de fer, n'est isolé, mais qu'au contraire ïl s'en.
| produit toujours deux ou trois autres à la suite.
j Voici cette opinion : —A la première nouvelle
d'un accident, les recommandations pleuvent
| sur les employés. Ces derniers se troublent ;'
ils ne savent plus à quel saint se vouer ; ils
accordent une attention exagérée à des choses -
qui vont toutes seules... Bref, ils brouillent
tout par excès de zèle, et, voulant à tout prix
que l'accident ne se renouvelle pas, ils l'amè- '
nent infailliblement...
Je resterais sur ce paradoxe, chers' lec-
teurs,.si je n'avais à vous faire - partager une
bonne fortune.
Il y a un mois"environ, un jeune écrivain,
M. G. Détouche, m'aremis une série de scènes
intitulées : Le Vin, l'Amour et le Tabac- La.
première de ces scènes se passe sur un che-
min-de fer, et elle est d'une poésie si brutala
et si saisissante à la fois que je me suis pro-
mis de vous la donner, quand l'occasion s'en
présenterait. Elle se présente aujourd'hui j
voici le petit drame de lU. Détouche :
ROCAMBOLE
N° 41 LES
PAR
PONSON DU TERRAIL
PREMIÈRE PARTIR
L'ENFANT PERDU
LE QUARTIER DES VOLEURS
I
L'homme gris avait; dit vrai. Ni lui, ni Sho-
king, ni l'Irlandais en gueniHes n'avaient pu.
retrouver Ralph.
Qu'était doné devenu le petit irlandais?
L'enfant, après avoir sauté dans le jardin,
» avait pas hésité une minute....
Voir le numéro du 8 novembre.
j Il avait couru à cet arbre qui, durant toute
la journée, avait été l'objet de sa préoccupation
| et qui montait au long du mur; puis il s'était
; mis. à grimper autour du tronc jusqu'à ce qu'il
^ fut.parvenu aux branches.
Là, il s'était arrêté un moment pour s'orien-
ter.
Il voyait par-dessus le mur.
De l'autre côté de ce mur,il y avait un terrain
vague entouré d'une palissade en planches.
A gauche et à droite, il y avait des toits de
maisons.
Montant d'une branche dans l'autre, l'enfant
gagna le mur et s'y établit à califourchon.
Puis il mesura le saut qu'il avait à faire pour
arriver dans le terrain vague.
Le mur était élevé à une vingtaine de pieds
du, sol, et, de l'autre côté, il n'y avait ni arbre
ni rien qui pi;t lui permettre d'amortir sa
chute.
Ralph eut un moment de désespoir. Lui fau-
drait-il donc reprendre le chemin au'ii avait déjà
pris, et rentrer dans sa prison ?
, Tout à coup, il entendit du bruit. Son effroi
redoubla.
De l'endroit où il était, il voyait par-dessus
le toit de mistress Fanoche, et, par conséquent,
le devant du jardin.. ;
Malgré l'obscurité, Ralph aperçut trois hom-
mes qui entraient par la grille. il en vit deux j
qui renversaient le troisième à terre, et ce spec- I
! tacle, on le pense bien, n'était pas de nature à
.- calmer sa frayeur. '
i. C'étaient l'homme gris et son complice qui
appliquaient un masque de poix sur le visage de
lord Palmure et se débarrassaient de lui. j
Ralph eut envie de sauter dans le terrain va-
gue; mais l'instinct du dang, l'en empêcha en-
core.
Le couronnement du mur était à plat. L'en-
! fant se dressa et se mit à marcher dessus, Il
j arriva'ainsi à l'un des deux toits.
I Un saltimbanque ne se fût pas' mieux tiré de
I ce périlleux voyage. "
j. Parvenu au bout du mur, il monta sur le toit.
| * Mais ses yeux ne perdaient pas de vue la mai-
son de mistress Fanoche dans laquelle les deux
hommes étaient entrés.
A force de rôder sur le toit, il découvrit une
ouverture. C'était une de ces croisées dites à
tabatière qu'on perce dans les mansardes. j
Il eut bonne envie de se glisser par cette fe- j
nêtre et de pénétrer dans la maison ; mais la
peur d'être découvert, arrêté par les habitants
et reconduit à mistress Panoche le fit hésiter
encore.
Soudain un nouveau bruit se fit dans le jar-
din de cette dornière; en même temps une lu-
mière apparut à la fenêtre de la chambre que
Ralph venait d'abandonner et l'enfant entendit
des cris auxquels se mêlait la voix aigre de rais-
tfass Fanoche.
On venait de s'apercevoir de sa fuite. i
Cette fois le petit Irlandais n'hésrta plus et il
se laissa couler par la croisée de la mansarde.
Il se trouva alors dans une étroite chambrette,
dépourvue de tous meubles et dont la porte étais
ouverte. —
Ralph franchit le seuil de cette porte et trouva.
un escalier, Ses petites mains s'accrochaient à
la rampe et il descendit.
Où allait-il? peu lui importait, pourvu qu'il .
échappât à mistress Fanoche. et à la tenible
Ecossaise.
La maison paraissait déserte. " -
On n'y voyait pas de lumière, on n'entendait
aucun bruit... i
L'enfant _ descendait avec une telle précipi-
tation qu'il fit un faux pas et se heurta à la
rampe.
C'était faire assez de bruit pour amener dans
l'escalier les hôtes de la maison.
Ralph s'arrêta tout tremblant et durant quel-
ques minutes, il n'osa bouger.
Mais personne ne vint.
Hampsteadt,nous l'avons dit déjâ,est peuple da
maisons de campagne qui demeurent .inhabitées >
e a hiver. ■
CeMe-ià était ùè ce nombre. . j....
Rassuré, l'enfant continua à descendre dans ;
l'obscurité. ' f
Quand il fut au bout de l'escalier, il devina,
plutôt qu'il ne vit, un vestibule, et au bout da:
ce vestibule une porte sous laquelle pa&ssll sa '
rayon de clarté blaCarda..
JO u¿\NAI.. QUOTIDIEN -
S cent. le numéro
5 cent. le numéro " ;
. J
ABONNEMENTS. Trois mois. SIx mois. Un an.
Paris 5 fr. 41) fr. 118 fr.
Départements.. 33 il . S®'
A dm in:slraievr : . E. DELSAUX.
'
'te année. — VENDREDI 20 OTCEMBKE 1367. — Ne fv'i 0 I
Directeur-Proprié taire : J il N N 1 r-F.
Rédacteur en chef: A. DE BALAI HIER. BRACELOKKE
BUREAUX j)' A BO:'i N Er.[ EN T : 3), ri'inle DROJSDT »
r\ 1)MI'\!ISî'!UT!üN : 13, PINCE Breda.
La Presse illustrée journal hchdoma-
3airo iJ, 10 ccnr.inVBs, est vendue 5 cen-
limes seulement à toute personne qui
acheté la Petite p¡\'s':e Je samedi à Paris
rd le dirnanebr; en province. i
PARIS, 19 DÉCEMBRE 1887.
LES ACCIDENTS
DE CHEMINS DE FER
je débute par un aveu : j'ai été déçu.
Avant-hier, lorsque l'idée m'est venue de
faire cet article, animé d'un beau zèle
contre les Compag:lie."., Je, voulais prendre
- pour titre-: Deux accidents par jour, et énu-
mérer les catastrophes de toute espèce qui
atteignent les voyageurs, portent le trouble
dans les familles, inquiètent les actionnaires
et occupent les tribunaux.
Dans une pensée de justice, je suis allé aux
informations, j'ai interrogé les gens compé-
tents, parcouru les livres spéciaux, et le ré-
3ultat de mes recherches a été, je dois l'a- '
vouer, absolument opposé à ce que j'espé-
rais. v
Il m'en coù'e de le dire, mais sur ce cha-
pitre, comme sur presque toutes les questions,
il faut en revenir au mot de Voltaire : '
- « Je sais qu'il est de mode d'exalter l'an-
cien aux dépens du nouveau; pourtant le
nouveau est mieux. »
Ce qui effraye dans .es accidents de che-
mins de fer, c'est que c^s accidents, frappent
plusieurs personnes à la fois. '
Aussi, pour les juger, il faut, non pas les
prendre un à-un, mais attendre !a fin de l'an-
née, et consulter une statistique.
En 1858, le gouvernement fit faire une
enquête sur les moyens d'assurer la régula-
rite et la sûreté sur les' chemins de fer.
La commission, dans son rapport, établit
que, sur les lignes françaises, il y avait un
voyageur tué par un million, neuf cent cin-
quante-cinq mille cinq cent cinquante-cinq
voyageurs et un blessé par quatre cent qua-
tre cent quatre-vingt-seize mille cinq cent
cinquante et un.
Avec les Messageries la proporHnn était
d'un mort nar trois COlt cinquante mille qua-
tre cent cinquante .trois voyageurs, et d'ltn
blessé par vingt-neuf mille huit cent soixante
et D?)%P.
Voilà qui est sans réplique.'
Est-ce- à dire qu'il n'y ait pas encore trop
do morts et trop de blessés? Non, sans doute.
Ainsi, sur les chemins do fer Anglais vil
n'y a qu'un tué par cinq millions de voya-
geurs,; sur les chemins de fer Belges , qu'MM
par huit millions ; sur les Badois , (p'un par
dix-sept millions, et, sur les Prussiens qu'ww
par vingt et un millimls.
H est donc à désirer qv:o la France imite la
patrie du fusil à tligui lIe, au point de vue de
la sécurité du voyageur.
'
Feu M. Perdonnet, un homme qui con-
naissait la m'altère à fond, écrivait,, il y a
deux ans, dans Y Àhnanach ->(l es chemins de
fer :
« Il est dans la nature de l'humanité de se
voir, pour ainsi dire, à chaque estant, ex-
posée à quelque danger. Il y a quelques jours,
je lisais, dans les journaux, qu'une, grosse
pierre, détachée de la corniche d'une maison
en construction, était tombée sur une voi-
ture de remise renfermant toute une famille
d'honnêtes bourgeois, qui avaient, miracu-
leusement, échappé à la mort; mais, de nos
jours, les miracles sont rares. Quelque temps
après, un monsieur longeant le trottoir de je
ne sais quelle rue, faisant peut-être de beaux
projets pour le lendemain, est tué par- 1111 pot
de fleurs tombé d'un sixième étage. Une au-
tre fois, c'est une danTe qui, traversant la rue
en causant, comme-font toutes les femmes,
glisse et est écrasée par 11.11 omnibus.
» Ces accidents passent inaperçus, parc-e
qu'ils ne frappent que des victimes isolées ;
mais, si on les additionne et qu'on en com-
pare le chiffre à celui des accidents arrivés
sur les chemins de fer, on trouve que leur
total est de beaucoup plus élevé.
» Ainsi, tandis que., dans l'espace de cinq
années, le transport de quarante-sept mil-
lions de voyageurs sur les chemins de fer de
l'Est ne donne lieu qu'à cent vingt et un ac-
cidents, dont cinquante seulement engagent
la responsabilité de la compagnie et ont occa-
sionné la mort a un seul voyageur, des bles-
sures graves à six et des blessures légères ou
de^ simple? contusions à fflwl'an:te-troi.1J.
préfecture de potier cnrp,?istrG, à Paris vin, ''
cinq accidents par jour, savoir:
M Ciîq accidents entraînant la mort ou des
blessufes graves ;
» Cinq accidents entraînant nne incapacité
de travail de plusieurs jours;
» Quinze accidents sans gravité.
» C'est-à-dire qu'il arrive à Paris, en un
seul jopr, plus d'accidents qu'il ne s'en pro-
duit, ()11 un an, sur un réseau de chemin
de. fer île 1 800 h.ilomèti,es.
» Au point de-vue do la responsabilité pé-
cuniaire, la compagnie de l'Est a payé, en
cinq années, une somme totale de 46>736
francs.
» En une seule amléi!, les compagnies des
Omnibus et des Petites-Voitures de Paris
payent plus de 200,000 francs, et 'ce chiffre
est loin de comprendre ce qui est déboursé
par les .-propriétaires des autres voitures cir-
culant dans Paris. »
1 il est une autre espèce d'accident, de nature
t à troubler les esprits, et, dont le gouverne-
ment s'est préoccupé de même, après le pu-
,blic. : les assassinais et les vols à maiffar-
j mée. t -
' La proposition la plus raisonnable, celle de
M. Lafond de Saint-Mur, député au Corps lé-
gislatif, consistait à mettre à la disposition de
tous les voyageurs un système de commu-
nication directe avecle chef de train.
M. Edouard Siébecker, dans sa Physiologie
des chemins de fer, dit avec raison : '
' « Avec des voyageurs français le cheMe
train n'y eût pas suffi. Je ne parle pas des
poltrons qui l'eussent dérangé à propos de
rien. Mais les gens gais et les gens gris', les
propagateurs de Ohé ! Lambert ! eussent, à
chaque instant, fait courir ce pauvre diable,
histoire de faire une bonne plaisanterie. » . j
Cham s'est égayé à ce propos. •
Un voyageur vient de faire un bon somme.
Il se réveille. Machinalement il tire la son-
nette d'alarme :
— Je me croyais chez moi, et-je sonnais
mon valet de chambre.
Il y a cependant des causes aux accidents
de chemins de fer? ~ 1
fi. [ Cer[ninemf'nL
^ j. H.y a quelquefois un oubli de l'aiguilleur,
oubli qui a pour conséquence de laisser deux.
^ ains sur la même voie.
h ' Y a, quelquefois aussi, un excès de zèle
de la du mécanicien. On est en-retard.- Il
veut ratv raP®l> le temps perdu, et il attrappe
un autre t.. ^ain.. - ■ - v \
Mais, il fat. 't. le dire le redire, la grande
cause ne vient Pas des hommes, mais du
temps.
La mauvaise saisu.'n; chute des feuilles,
la.fonte des neiges, le .brouillard, les grandes
phiios, amènent le patinage des roue?, et par
.conséC¡Üent les retards. Ces" retards amèn.ent\
l'épuisement plus rapide du combustible et •
dû l'eau. L'eau et le charbon épuises, il faut
les renouveler : nouveau retard. De Jà des
complications.
Les règlements sont merveilleusement faits.,.
Il suffit pour s'en assurer de parcourir le l-ivre^
de M. Siébecker, où toutes, les attributions des:\
agents des trains sort minutieusement dé- t
taiilées. Lorsqu'un train est en détresse, les
pétards réglementaires sont placés sur la voie, 1>
et ces pétards ne ratent jamais...
— Mon opinion personnelle, disait un em-:
j ployé supérieur, homme d'esprit, est basée
j sur ce fait, que jamais un accident de chemin •
! de fer, n'est isolé, mais qu'au contraire ïl s'en.
| produit toujours deux ou trois autres à la suite.
j Voici cette opinion : —A la première nouvelle
d'un accident, les recommandations pleuvent
| sur les employés. Ces derniers se troublent ;'
ils ne savent plus à quel saint se vouer ; ils
accordent une attention exagérée à des choses -
qui vont toutes seules... Bref, ils brouillent
tout par excès de zèle, et, voulant à tout prix
que l'accident ne se renouvelle pas, ils l'amè- '
nent infailliblement...
Je resterais sur ce paradoxe, chers' lec-
teurs,.si je n'avais à vous faire - partager une
bonne fortune.
Il y a un mois"environ, un jeune écrivain,
M. G. Détouche, m'aremis une série de scènes
intitulées : Le Vin, l'Amour et le Tabac- La.
première de ces scènes se passe sur un che-
min-de fer, et elle est d'une poésie si brutala
et si saisissante à la fois que je me suis pro-
mis de vous la donner, quand l'occasion s'en
présenterait. Elle se présente aujourd'hui j
voici le petit drame de lU. Détouche :
ROCAMBOLE
N° 41 LES
PAR
PONSON DU TERRAIL
PREMIÈRE PARTIR
L'ENFANT PERDU
LE QUARTIER DES VOLEURS
I
L'homme gris avait; dit vrai. Ni lui, ni Sho-
king, ni l'Irlandais en gueniHes n'avaient pu.
retrouver Ralph.
Qu'était doné devenu le petit irlandais?
L'enfant, après avoir sauté dans le jardin,
» avait pas hésité une minute....
Voir le numéro du 8 novembre.
j Il avait couru à cet arbre qui, durant toute
la journée, avait été l'objet de sa préoccupation
| et qui montait au long du mur; puis il s'était
; mis. à grimper autour du tronc jusqu'à ce qu'il
^ fut.parvenu aux branches.
Là, il s'était arrêté un moment pour s'orien-
ter.
Il voyait par-dessus le mur.
De l'autre côté de ce mur,il y avait un terrain
vague entouré d'une palissade en planches.
A gauche et à droite, il y avait des toits de
maisons.
Montant d'une branche dans l'autre, l'enfant
gagna le mur et s'y établit à califourchon.
Puis il mesura le saut qu'il avait à faire pour
arriver dans le terrain vague.
Le mur était élevé à une vingtaine de pieds
du, sol, et, de l'autre côté, il n'y avait ni arbre
ni rien qui pi;t lui permettre d'amortir sa
chute.
Ralph eut un moment de désespoir. Lui fau-
drait-il donc reprendre le chemin au'ii avait déjà
pris, et rentrer dans sa prison ?
, Tout à coup, il entendit du bruit. Son effroi
redoubla.
De l'endroit où il était, il voyait par-dessus
le toit de mistress Fanoche, et, par conséquent,
le devant du jardin.. ;
Malgré l'obscurité, Ralph aperçut trois hom-
mes qui entraient par la grille. il en vit deux j
qui renversaient le troisième à terre, et ce spec- I
! tacle, on le pense bien, n'était pas de nature à
.- calmer sa frayeur. '
i. C'étaient l'homme gris et son complice qui
appliquaient un masque de poix sur le visage de
lord Palmure et se débarrassaient de lui. j
Ralph eut envie de sauter dans le terrain va-
gue; mais l'instinct du dang, l'en empêcha en-
core.
Le couronnement du mur était à plat. L'en-
! fant se dressa et se mit à marcher dessus, Il
j arriva'ainsi à l'un des deux toits.
I Un saltimbanque ne se fût pas' mieux tiré de
I ce périlleux voyage. "
j. Parvenu au bout du mur, il monta sur le toit.
| * Mais ses yeux ne perdaient pas de vue la mai-
son de mistress Fanoche dans laquelle les deux
hommes étaient entrés.
A force de rôder sur le toit, il découvrit une
ouverture. C'était une de ces croisées dites à
tabatière qu'on perce dans les mansardes. j
Il eut bonne envie de se glisser par cette fe- j
nêtre et de pénétrer dans la maison ; mais la
peur d'être découvert, arrêté par les habitants
et reconduit à mistress Panoche le fit hésiter
encore.
Soudain un nouveau bruit se fit dans le jar-
din de cette dornière; en même temps une lu-
mière apparut à la fenêtre de la chambre que
Ralph venait d'abandonner et l'enfant entendit
des cris auxquels se mêlait la voix aigre de rais-
tfass Fanoche.
On venait de s'apercevoir de sa fuite. i
Cette fois le petit Irlandais n'hésrta plus et il
se laissa couler par la croisée de la mansarde.
Il se trouva alors dans une étroite chambrette,
dépourvue de tous meubles et dont la porte étais
ouverte. —
Ralph franchit le seuil de cette porte et trouva.
un escalier, Ses petites mains s'accrochaient à
la rampe et il descendit.
Où allait-il? peu lui importait, pourvu qu'il .
échappât à mistress Fanoche. et à la tenible
Ecossaise.
La maison paraissait déserte. " -
On n'y voyait pas de lumière, on n'entendait
aucun bruit... i
L'enfant _ descendait avec une telle précipi-
tation qu'il fit un faux pas et se heurta à la
rampe.
C'était faire assez de bruit pour amener dans
l'escalier les hôtes de la maison.
Ralph s'arrêta tout tremblant et durant quel-
ques minutes, il n'osa bouger.
Mais personne ne vint.
Hampsteadt,nous l'avons dit déjâ,est peuple da
maisons de campagne qui demeurent .inhabitées >
e a hiver. ■
CeMe-ià était ùè ce nombre. . j....
Rassuré, l'enfant continua à descendre dans ;
l'obscurité. ' f
Quand il fut au bout de l'escalier, il devina,
plutôt qu'il ne vit, un vestibule, et au bout da:
ce vestibule une porte sous laquelle pa&ssll sa '
rayon de clarté blaCarda..
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 84.54%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 84.54%.
- Collections numériques similaires Bibliothèque nationale Bibliothèque nationale /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Bibliothèque nationale" or dc.contributor adj "Bibliothèque nationale")Amulettes de Chine : catalogue / [Bibliothèque nationale de France, Département des monnaies, médailles et antiques] ; [rédigé par] François Thierry /ark:/12148/bd6t542045148.highres La musique française du Moyen âge à la Révolution : [exposition, Paris, Bibliothèque nationale, 1934] / catalogue réd. par Amédée Gastoué, l'abbé V. Leroquais, André Pirro, Henry Expert, Henry Prunières ; publ. par Émile Dacier ; [préface de Julien Cain] /ark:/12148/bd6t542006040.highres
- Auteurs similaires Bibliothèque nationale Bibliothèque nationale /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Bibliothèque nationale" or dc.contributor adj "Bibliothèque nationale")Amulettes de Chine : catalogue / [Bibliothèque nationale de France, Département des monnaies, médailles et antiques] ; [rédigé par] François Thierry /ark:/12148/bd6t542045148.highres La musique française du Moyen âge à la Révolution : [exposition, Paris, Bibliothèque nationale, 1934] / catalogue réd. par Amédée Gastoué, l'abbé V. Leroquais, André Pirro, Henry Expert, Henry Prunières ; publ. par Émile Dacier ; [préface de Julien Cain] /ark:/12148/bd6t542006040.highres
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k47176126/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k47176126/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k47176126/f1.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k47176126/f1.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k47176126
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k47176126
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k47176126/f1.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest