Titre : La Petite presse : journal quotidien... / [rédacteur en chef : Balathier Bragelonne]
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1867-11-23
Contributeur : Balathier Bragelonne, Adolphe de (1811-1888). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32837965d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 23 novembre 1867 23 novembre 1867
Description : 1867/11/23 (A2,N583). 1867/11/23 (A2,N583).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k4717585r
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-190
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 23/10/2017
LA PETITE PRESSE
JOURNAL QUOTIDIEN ~
S tent. le numéro
1 . - ' , 5 eeiît. le numéro 1
ABONNEMENTS. — Trois mois. Six mois. 1JD ID.
Paris S fr. 9 fr. 1® fr.
Départements.. - G 11 99 ,
A AfminiettrntOMV - E TlviftiltT.
je- année. — SAMEDI 23 NOVEMBRE 1-867. — NO 583
Directeur-Proprié taire : JANNIN.
Rédacteur en chef : A. MBALATHIER BRAGELONNE.
BUREAUX D'ABONNEMENT : 9, poe Dronot.
ADMINISTRATION : 13, place Breda.
L'avant-dernière semaine nous avons
offert aux acheteurs de la Petite Presse
une prime toute gratuite, le premier nu-
: méro de la Presse illustrée.
Samedi nous leur offrions, comme nous
le ferons chaque samedi à l'avenir, la
Presse illustrée, au prix de cinq centimes,
au lieu de dix centimes.
Quelques marchands de Paris n'ont
pas prêté tout le concours désirable à
notre combinaison de samedi . 9, ni à
celle de samedi, 16..
Comme cette dernière doit durer,et que
nous voulons remercier nos lecteurs de
leurs sympathies en leur offrant désor-
mais la Presse illustrée au prix de cinq
centimes, nous prions le public de
prendre note des marchands qui se sont
conformés à nos conditions, et de se
souvenir de ceux qui nous ont refusé
leur concours, pour se servir désormais
chez les premiers, et non chez les
seconds.
Cela dit, nous pouvons remercier
très-haut et bien sincèrement les mar-
chands qui nous ont consciencieusement
secondés.
Nous sommes persuadés que le pu-
blic, le principal intéressé en cette
au'.tire, leur saura gré autant que nous
de leurs bons offices.
A bon entendeur,, salut !
PARIS, 22 NOVEMBRE 1867.
L'ALMANACH DE LA PETITE PRESSE
Les faiseurs d'almanachs
Je l'ai déjà dit, quiconque s'intéresse à Fin-
struction du peuple est ami des almanachs.
L'almanach, c'est quelquefois toute la bi-
bliothèque du paysan et de l'ouvrier; c'est
un journal qu'on relit trois cent soixante-cinq
fois pendant l'année.
Les livres sont chers. Les petits journaux
son L de création récente. L'almanach les a
j précédés dans les chaumières et dans les ate-
I liers.
Aux petits journaux donc de saluer, au
seuil de l'hiver, les almanachs,leurs aïeux.
Nous venons de publier le nôtre, et je vou-
drais à ce propos vous parler des anciens as-
trologues, gens ferrés sur toutes les choses
du ciel et de la terre, qui prédisaient avec une
égale facilité le temps et la destinée, et dont
la science ne connaissait pas..de bornes...
Il est vrai que la crédulité humaine n'en
a pas.
- r
L'astrologie est née en Chaldée.
Cham, le mauvais fils de Noé, celui qui se
moquait de son père ivre au lieu de le cou-
vrir d'un manteau. fut, dit-on, le premier
qiw Inl, dans les astres la plnje et le beau
temps. Les Indiens, les Egyptiens, les Grecs.,
les Romains croyaient aux prédictions des
astrologues.
Tibère, une tête puissante capable de por-
ter les destinées d'un empire, consultait les
devins, mais avec une méfiance qui se tra-
duisait parfois assez brutalement.
Il était exilé à Rhodes.
. ' Un certain Thrasullus lui prédit qu'il serait
| empereur. ' « ' •_
— En es-tu sûr? demanda Tibère. ]
— Sans doute.
— Alors tu pourrais-prédire ce qui t'arri-
verà à toi-même? , ,(>
— Certainement. • .
Thrs&ullus jeta un regard autour de lui. Il
vit les précipices qui entouraient l'habitation
, de Tibère de trois côtés et la mer qui la bai-
- «-gaaii.de l'autre...... ^ •:
Alors il dit : '
— Je sais que je suis menacé d'un grand
danger. • "
* — Diable,.' pensa. Tibère. J! voit juste.
Et il accorda à Thrasullus une confiance
sans bornes, après- avoir failli le faire noyer
comme un chien.
Chez nous, le roi Louis XI ressemblait à
l'empereur Tibère.
-
Oii se souvient de la jolie anecdote rappor-
tée par Walter-Scott, dans Quentin-Dur-
ward.*
— Toi qui sais tout, dit Louis à son astro-
logue, sais-tu quand tu mourras ? -
L'autre répondit sans hésiter :
— Trois jours avant Votre Majesté.
Après quoi il dormit tranquille.
Tous les rois et toutes les reines de France
jusqu'à Louis XIV ont eu, du reste, un pen-
chant marqué à se faire prédire l'avenir.
La bibliothèque de Charles V, dit le Sage,
suivant les uns, dit, le Savant, suivant les au-
tres, contenait trois cents traités d'astrologie
sur neuf cents volumes.
Notez que l'imprimerie n'était pas inven-
tée !
Ce même Charles bâtit, rue -du Fossé-
Saint-Jacques, un collége, dont son médecin,
maître Gervais, eut la - direction. Les é'èves
de ce collège apprenaient à lire dans les
astres. ' -
Plus'tard, 'Catherine de Médicis, astrologue
-elle-même, allait sur la colonne qui se trouve
près de la Halle aux blés, demander au ciel
quelle serait l'issue de ses entreprises.
Pendant qu'Anne d'Autriche donnait lejour
A l'etifiiiit qui fut plus tard Louis XIV, un as-
trologue, dans le cabinet voisin, tirait l'ho-
roscope .du prince nouveau-né.
Trois astrologues populaires furent Albert
le Grand , Michel de Nostre-Dame et Jean
Stqffler.
Albert prédisait l'avenir aux bourgeois de
Paris. Il affectionnait pour ses conférences en
plein air une place qui prit son nom : Place
de maître Albert ; d'où, par corruption : lfIau-
bert.
Michel, provençal éloquent, hâblettrriniio-
tarissable, parlait son almanach sur les
grands chemins et dans les rues.
Stoffler, vrai savant qui avait travaillé à la
réforme du calendrier, perdit en un jour toute
sa renommée.
Il avait prédit,pour le mois de février i 524,
un déluge universel. Saturne, Mars et Jupi-
ter se trouveraient en conjonction dans le
signe des Poissons et la terre disparaîtrait
sous des masses d'eau.
On se prit à trembler. Chacun prépara., qui
sa galiote, qui sa barque, qui son canot. Un
docteur toulousain fit construire une arche
immense pour sa famille et ses amis. Les
plus pauvres aménageaient leurs meubles de
façon qu'ils pussent aller sur l'eau.
Février vint. Il ne plut pas.
Alors l'épouvante universelle es tourna en
gouaillerie.
Le pauvre Stoffler fut hué.
— Je prendrai ma revanche! s'écria-t-il
furieux.
Il la prit, en effet.
— Je mourrai d'une chute! avait-il pré-
dite
Un matin, au milieu d'une discussion, il
voulut mettre uu texte sous les yeuf de son
contradicteur.
Il courut à la bibliothèque, saisit un in-
folio, et, en le saisissant,fit basculer un rayon
énorme.
Frappé mortellement à la tête, il ne cessa
de répéter jusqu'à son dernier moment :
— Eh bien ! niera-t-on cette fois que i'ai
prédit juste!...
Si les pauvres diables ont toujours été fort
soucieux de savoir d'avance le temps qu'cil
ferait, les grands personnages l'ont été plus
encore d'apprendre ce que leur réservait l'a-
venir.
En 1454, la. reine Marie d'Anjou faisait
donner à « Jehan de Lorgemont, chevalier,
i son astrologien, une pension de quatre sous
! d'or qu'elle lui ordonnait avoir par chascun
mois pour soy entretenir plus, honnestement
à son service. »
En 1458, Arnould des Maretz, astrologien
du roi, recevait trente-huit livres tournois
pour ses étrennes. "
Plus tard, maître Anthoine de Hamelet
touchait vingt-six livres de gages de Louis XII,
et Bernard Abatia quinze escus de Henri III.
-Les astrologues étaient des manières d» s
personnages. ils avaient'rang dans les mai-
sons royales, venant, dans le service de santé, !
aussitôt après les cinq chirurgiens, qui sui- '
vaient les deux barbiers-valets de chambre.
Ce n'est guère qu'au dix-septième et au dix-
huitième siècles que la persécution remplace
la faveur.
Je trouve cette curieuse note dans le Dic-
tionnaire critique de biographie et d'histoire,
de mon savant confrère, lU. Jal :
1688, le secrétaire d'Etat, ayant le départe-
ment de la maison, du roi, écrit à M. de
La Reynie, conseiller du roy et lieutenant-
général de la police de Paris : « J'ay rendu
compte au Roy de ce que vous m'avez escrit.
ROCAMBOLE
LES
MISERES DE LONDRES PAR
PONSON DU TERRAIL
PROLOGUE
LA NOURRISSEUSE D'ENFANTS
XV
Le prêtre parti sous la conduite des deux
agents chargés de le conduire à White.Cross,
l'Irlandaise était demeurée avec l'homme gris et
le boa Shoking.
Elle avait prié et elle pleurait, )a pauvre
..Vcir le numéro da S eovenobre.
femme à qui on promettait de lui rendre son
enfant.
Shoking dit :
— Il n'y a pas de temps à perdre, il faut re-
tourner dans Dudley street et reprendre J'en-
fant.
— Sans doute, répondit l'homme gris ; mais il
ne faut pas compromettre par trop. de précipita-
tion le succès de l'entreprise. Montons d'abord
dans un cab.
— Ce sera d'autant plus facile, dit Shoking,
que j'ai de l'argent.
Il fit sonner ses guinées avec une certaine
complaisance.
Puis il prit l'Irlandaise par le bras et lui
dit : >
— Venez, ma chère; dans une heure vous
verrez votre tils.
- Oh! si vous alliez me tromper ! s'écria la
pauvre mère.
— Non, non, dit Shoking, vous verrez...
A Pans on ne trouve les voitures de place
qu'à des stations déterminées, et pour en ren-
contrer sur la voie publique, il ne faut pas être
dans un quartier quelque peu excentrique. A
Londres, c'est tout différent.
Que vous soyez dans le Wapping ou dans
Belgrave square, sur la route de Sydenham ou
dans Mild-en-Road, vous ne ferez pas un quart,
de mille sans rencontrer un cab.
L'homme gris et Shoking ramenèrent donc
, l'Irlandaise dans Wellélose square et trouvèrent
une voiture à quatre places à la porte de ce même
public-houfe où Betsy la mendiante avait reçu
un si joli coup de poing du matelot Williams.
L'homme gris fit monter l'Irlandaise et s'as-
sit à côté d'elle, tandis que Shoking placé au
rebours leur faisait vis-à-vis.
— Dudley street ! cria ce dernier au cabman.
Le cab parti t.
Alors l'homme gris dit à Shoking :
— Il faut maintenant raisonner froidement,
et voir pourquoi on a séparé cette femme de
son enfant. Laissez-moi l'interroger; peut-être
parviendrai-je à comprendre.
Et il se mit à questionner l'Irlandaise.
Celle-ci ne savait rien de plus que ce que
savait Shoking lui-même.
Elle avait rencontré sur le penny-boat mis-
tress Fapoche, qui avait fait mille caresses à
son fils; puis elle l'avait retrouvée au moment
où elle, Jenny, sortait de Lawrence street, et
elle avait fini par accepter l'hospitalité qu'on lui
offrait.
Tout ce qu'elle savait, c'est que,'à peine avait-
elle mis son fils au lit, un étourdissement l'avait
prise, suivi d'un impérieux besoin de dormir.
Après, elle ne se souvenait plus de rien.
— Montrez-moi votre langue, lui dit l'homme
gris.
L'Irlandaise obéit.
— Bon 1 dit-il, vous avez pris un narcotique,
et votre sommeil a été si profend qu'on a pu
vous transporter jusque dans Wellclose square
sans que vous vous soyiee éveillée.
Or, si en a agi ainsi, c'est qu'on voulait vous
séparer de votre enfant.
Pourquoi? Je l'ignore à présent, mais nous fe,
saurons.
— Je crois, dit le bon Shoking en serrant les
poings, que je boxerais cette femme comme si
c'étaifun homme, tant je suis furieux contre
elle.
— Tranquillisez-vous,ma chère, reprit l'homme
gris s'adressant toujours à l'Irlandaise, vous
pensez bien que si on vous a volé votre enfant,
ce n'est pas pour lui faire du mal. Qui sait?
dans cette immense ville de Londres, il y a des
gens riches qui ont des fantaisies si bizarres.
Peut-être cette femme veut-elle adopter votre
fils.
— Oh! non, dit lIrla.-ndaise, elle tient une
pension.
— Ah'!
— J'ai vu des petites filles chez elle, et qui
ont grand peur. Il y en a une qui a dit à mon
fils : « si tu restes ici, tu seras battu ! a
— Ah ! elle lui a dit cela ? -
— Oui.
L'homme gris tomba'en une rêverie profonde,
et Irlandaise continua à verser des larmes si--
lencieuses.
Le cab roulait rapidement.
Il arriva dans Fleet street, puis daae le Strand,
et en moins de trois-quarts d'heure, après avoir
Y '
JOURNAL QUOTIDIEN ~
S tent. le numéro
1 . - ' , 5 eeiît. le numéro 1
ABONNEMENTS. — Trois mois. Six mois. 1JD ID.
Paris S fr. 9 fr. 1® fr.
Départements.. - G 11 99 ,
A AfminiettrntOMV - E TlviftiltT.
je- année. — SAMEDI 23 NOVEMBRE 1-867. — NO 583
Directeur-Proprié taire : JANNIN.
Rédacteur en chef : A. MBALATHIER BRAGELONNE.
BUREAUX D'ABONNEMENT : 9, poe Dronot.
ADMINISTRATION : 13, place Breda.
L'avant-dernière semaine nous avons
offert aux acheteurs de la Petite Presse
une prime toute gratuite, le premier nu-
: méro de la Presse illustrée.
Samedi nous leur offrions, comme nous
le ferons chaque samedi à l'avenir, la
Presse illustrée, au prix de cinq centimes,
au lieu de dix centimes.
Quelques marchands de Paris n'ont
pas prêté tout le concours désirable à
notre combinaison de samedi . 9, ni à
celle de samedi, 16..
Comme cette dernière doit durer,et que
nous voulons remercier nos lecteurs de
leurs sympathies en leur offrant désor-
mais la Presse illustrée au prix de cinq
centimes, nous prions le public de
prendre note des marchands qui se sont
conformés à nos conditions, et de se
souvenir de ceux qui nous ont refusé
leur concours, pour se servir désormais
chez les premiers, et non chez les
seconds.
Cela dit, nous pouvons remercier
très-haut et bien sincèrement les mar-
chands qui nous ont consciencieusement
secondés.
Nous sommes persuadés que le pu-
blic, le principal intéressé en cette
au'.tire, leur saura gré autant que nous
de leurs bons offices.
A bon entendeur,, salut !
PARIS, 22 NOVEMBRE 1867.
L'ALMANACH DE LA PETITE PRESSE
Les faiseurs d'almanachs
Je l'ai déjà dit, quiconque s'intéresse à Fin-
struction du peuple est ami des almanachs.
L'almanach, c'est quelquefois toute la bi-
bliothèque du paysan et de l'ouvrier; c'est
un journal qu'on relit trois cent soixante-cinq
fois pendant l'année.
Les livres sont chers. Les petits journaux
son L de création récente. L'almanach les a
j précédés dans les chaumières et dans les ate-
I liers.
Aux petits journaux donc de saluer, au
seuil de l'hiver, les almanachs,leurs aïeux.
Nous venons de publier le nôtre, et je vou-
drais à ce propos vous parler des anciens as-
trologues, gens ferrés sur toutes les choses
du ciel et de la terre, qui prédisaient avec une
égale facilité le temps et la destinée, et dont
la science ne connaissait pas..de bornes...
Il est vrai que la crédulité humaine n'en
a pas.
- r
L'astrologie est née en Chaldée.
Cham, le mauvais fils de Noé, celui qui se
moquait de son père ivre au lieu de le cou-
vrir d'un manteau. fut, dit-on, le premier
qiw Inl, dans les astres la plnje et le beau
temps. Les Indiens, les Egyptiens, les Grecs.,
les Romains croyaient aux prédictions des
astrologues.
Tibère, une tête puissante capable de por-
ter les destinées d'un empire, consultait les
devins, mais avec une méfiance qui se tra-
duisait parfois assez brutalement.
Il était exilé à Rhodes.
. ' Un certain Thrasullus lui prédit qu'il serait
| empereur. ' « ' •_
— En es-tu sûr? demanda Tibère. ]
— Sans doute.
— Alors tu pourrais-prédire ce qui t'arri-
verà à toi-même? , ,(>
— Certainement. • .
Thrs&ullus jeta un regard autour de lui. Il
vit les précipices qui entouraient l'habitation
, de Tibère de trois côtés et la mer qui la bai-
- «-gaaii.de l'autre...... ^ •:
Alors il dit : '
— Je sais que je suis menacé d'un grand
danger. • "
* — Diable,.' pensa. Tibère. J! voit juste.
Et il accorda à Thrasullus une confiance
sans bornes, après- avoir failli le faire noyer
comme un chien.
Chez nous, le roi Louis XI ressemblait à
l'empereur Tibère.
-
Oii se souvient de la jolie anecdote rappor-
tée par Walter-Scott, dans Quentin-Dur-
ward.*
— Toi qui sais tout, dit Louis à son astro-
logue, sais-tu quand tu mourras ? -
L'autre répondit sans hésiter :
— Trois jours avant Votre Majesté.
Après quoi il dormit tranquille.
Tous les rois et toutes les reines de France
jusqu'à Louis XIV ont eu, du reste, un pen-
chant marqué à se faire prédire l'avenir.
La bibliothèque de Charles V, dit le Sage,
suivant les uns, dit, le Savant, suivant les au-
tres, contenait trois cents traités d'astrologie
sur neuf cents volumes.
Notez que l'imprimerie n'était pas inven-
tée !
Ce même Charles bâtit, rue -du Fossé-
Saint-Jacques, un collége, dont son médecin,
maître Gervais, eut la - direction. Les é'èves
de ce collège apprenaient à lire dans les
astres. ' -
Plus'tard, 'Catherine de Médicis, astrologue
-elle-même, allait sur la colonne qui se trouve
près de la Halle aux blés, demander au ciel
quelle serait l'issue de ses entreprises.
Pendant qu'Anne d'Autriche donnait lejour
A l'etifiiiit qui fut plus tard Louis XIV, un as-
trologue, dans le cabinet voisin, tirait l'ho-
roscope .du prince nouveau-né.
Trois astrologues populaires furent Albert
le Grand , Michel de Nostre-Dame et Jean
Stqffler.
Albert prédisait l'avenir aux bourgeois de
Paris. Il affectionnait pour ses conférences en
plein air une place qui prit son nom : Place
de maître Albert ; d'où, par corruption : lfIau-
bert.
Michel, provençal éloquent, hâblettrriniio-
tarissable, parlait son almanach sur les
grands chemins et dans les rues.
Stoffler, vrai savant qui avait travaillé à la
réforme du calendrier, perdit en un jour toute
sa renommée.
Il avait prédit,pour le mois de février i 524,
un déluge universel. Saturne, Mars et Jupi-
ter se trouveraient en conjonction dans le
signe des Poissons et la terre disparaîtrait
sous des masses d'eau.
On se prit à trembler. Chacun prépara., qui
sa galiote, qui sa barque, qui son canot. Un
docteur toulousain fit construire une arche
immense pour sa famille et ses amis. Les
plus pauvres aménageaient leurs meubles de
façon qu'ils pussent aller sur l'eau.
Février vint. Il ne plut pas.
Alors l'épouvante universelle es tourna en
gouaillerie.
Le pauvre Stoffler fut hué.
— Je prendrai ma revanche! s'écria-t-il
furieux.
Il la prit, en effet.
— Je mourrai d'une chute! avait-il pré-
dite
Un matin, au milieu d'une discussion, il
voulut mettre uu texte sous les yeuf de son
contradicteur.
Il courut à la bibliothèque, saisit un in-
folio, et, en le saisissant,fit basculer un rayon
énorme.
Frappé mortellement à la tête, il ne cessa
de répéter jusqu'à son dernier moment :
— Eh bien ! niera-t-on cette fois que i'ai
prédit juste!...
Si les pauvres diables ont toujours été fort
soucieux de savoir d'avance le temps qu'cil
ferait, les grands personnages l'ont été plus
encore d'apprendre ce que leur réservait l'a-
venir.
En 1454, la. reine Marie d'Anjou faisait
donner à « Jehan de Lorgemont, chevalier,
i son astrologien, une pension de quatre sous
! d'or qu'elle lui ordonnait avoir par chascun
mois pour soy entretenir plus, honnestement
à son service. »
En 1458, Arnould des Maretz, astrologien
du roi, recevait trente-huit livres tournois
pour ses étrennes. "
Plus tard, maître Anthoine de Hamelet
touchait vingt-six livres de gages de Louis XII,
et Bernard Abatia quinze escus de Henri III.
-Les astrologues étaient des manières d» s
personnages. ils avaient'rang dans les mai-
sons royales, venant, dans le service de santé, !
aussitôt après les cinq chirurgiens, qui sui- '
vaient les deux barbiers-valets de chambre.
Ce n'est guère qu'au dix-septième et au dix-
huitième siècles que la persécution remplace
la faveur.
Je trouve cette curieuse note dans le Dic-
tionnaire critique de biographie et d'histoire,
de mon savant confrère, lU. Jal :
ment de la maison, du roi, écrit à M. de
La Reynie, conseiller du roy et lieutenant-
général de la police de Paris : « J'ay rendu
compte au Roy de ce que vous m'avez escrit.
ROCAMBOLE
LES
MISERES DE LONDRES PAR
PONSON DU TERRAIL
PROLOGUE
LA NOURRISSEUSE D'ENFANTS
XV
Le prêtre parti sous la conduite des deux
agents chargés de le conduire à White.Cross,
l'Irlandaise était demeurée avec l'homme gris et
le boa Shoking.
Elle avait prié et elle pleurait, )a pauvre
..Vcir le numéro da S eovenobre.
femme à qui on promettait de lui rendre son
enfant.
Shoking dit :
— Il n'y a pas de temps à perdre, il faut re-
tourner dans Dudley street et reprendre J'en-
fant.
— Sans doute, répondit l'homme gris ; mais il
ne faut pas compromettre par trop. de précipita-
tion le succès de l'entreprise. Montons d'abord
dans un cab.
— Ce sera d'autant plus facile, dit Shoking,
que j'ai de l'argent.
Il fit sonner ses guinées avec une certaine
complaisance.
Puis il prit l'Irlandaise par le bras et lui
dit : >
— Venez, ma chère; dans une heure vous
verrez votre tils.
- Oh! si vous alliez me tromper ! s'écria la
pauvre mère.
— Non, non, dit Shoking, vous verrez...
A Pans on ne trouve les voitures de place
qu'à des stations déterminées, et pour en ren-
contrer sur la voie publique, il ne faut pas être
dans un quartier quelque peu excentrique. A
Londres, c'est tout différent.
Que vous soyez dans le Wapping ou dans
Belgrave square, sur la route de Sydenham ou
dans Mild-en-Road, vous ne ferez pas un quart,
de mille sans rencontrer un cab.
L'homme gris et Shoking ramenèrent donc
, l'Irlandaise dans Wellélose square et trouvèrent
une voiture à quatre places à la porte de ce même
public-houfe où Betsy la mendiante avait reçu
un si joli coup de poing du matelot Williams.
L'homme gris fit monter l'Irlandaise et s'as-
sit à côté d'elle, tandis que Shoking placé au
rebours leur faisait vis-à-vis.
— Dudley street ! cria ce dernier au cabman.
Le cab parti t.
Alors l'homme gris dit à Shoking :
— Il faut maintenant raisonner froidement,
et voir pourquoi on a séparé cette femme de
son enfant. Laissez-moi l'interroger; peut-être
parviendrai-je à comprendre.
Et il se mit à questionner l'Irlandaise.
Celle-ci ne savait rien de plus que ce que
savait Shoking lui-même.
Elle avait rencontré sur le penny-boat mis-
tress Fapoche, qui avait fait mille caresses à
son fils; puis elle l'avait retrouvée au moment
où elle, Jenny, sortait de Lawrence street, et
elle avait fini par accepter l'hospitalité qu'on lui
offrait.
Tout ce qu'elle savait, c'est que,'à peine avait-
elle mis son fils au lit, un étourdissement l'avait
prise, suivi d'un impérieux besoin de dormir.
Après, elle ne se souvenait plus de rien.
— Montrez-moi votre langue, lui dit l'homme
gris.
L'Irlandaise obéit.
— Bon 1 dit-il, vous avez pris un narcotique,
et votre sommeil a été si profend qu'on a pu
vous transporter jusque dans Wellclose square
sans que vous vous soyiee éveillée.
Or, si en a agi ainsi, c'est qu'on voulait vous
séparer de votre enfant.
Pourquoi? Je l'ignore à présent, mais nous fe,
saurons.
— Je crois, dit le bon Shoking en serrant les
poings, que je boxerais cette femme comme si
c'étaifun homme, tant je suis furieux contre
elle.
— Tranquillisez-vous,ma chère, reprit l'homme
gris s'adressant toujours à l'Irlandaise, vous
pensez bien que si on vous a volé votre enfant,
ce n'est pas pour lui faire du mal. Qui sait?
dans cette immense ville de Londres, il y a des
gens riches qui ont des fantaisies si bizarres.
Peut-être cette femme veut-elle adopter votre
fils.
— Oh! non, dit lIrla.-ndaise, elle tient une
pension.
— Ah'!
— J'ai vu des petites filles chez elle, et qui
ont grand peur. Il y en a une qui a dit à mon
fils : « si tu restes ici, tu seras battu ! a
— Ah ! elle lui a dit cela ? -
— Oui.
L'homme gris tomba'en une rêverie profonde,
et Irlandaise continua à verser des larmes si--
lencieuses.
Le cab roulait rapidement.
Il arriva dans Fleet street, puis daae le Strand,
et en moins de trois-quarts d'heure, après avoir
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