Titre : La Petite presse : journal quotidien... / [rédacteur en chef : Balathier Bragelonne]
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1867-11-22
Contributeur : Balathier Bragelonne, Adolphe de (1811-1888). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32837965d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 22 novembre 1867 22 novembre 1867
Description : 1867/11/22 (A2,N582). 1867/11/22 (A2,N582).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k4717584b
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-190
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 22/10/2017
LA PETITE PRESSE
a cent. le numéro
JOURNAL QUOTIDIEN
1 1 .S cent. le numéro
ABONNEMENTS. — Troîs mois. six mois. Un an.
Paris 5 fu. 9 fr. 18 fr.
Départements.. fa il 88
Administrateur : E. DELSÀJUX.
2'0 année. —VENDREDI 22 NOVEMBRE 1867. — No 5'2
•-•a - - -
Directeur-propriétaire : Ja N N PN.
Rédacteur en chef: A. DE BALATHIER BRAGELONNtB.
BUREAUX D'ABONNEMENT : 9, rue Drouol.
*
La Presse illustrée, journal hebdoma-
daire à 1 0 centimes, est vendue 5 cen-
times seulement à toute personne qui
achète la Petite Presse, le samedi à Paris
et le dimanche en province. j
PARIS, LE 20 NOVEMBRE 1867.
LES NOUVEAUX SÉNATEURS
III
M. Gouin.
On lit dans les Quatre ans de règne du doc-
teur Véron : 1 1
a Budgets de l'état, budgets des départe-
ments, budgets des communes, budgets des
établissements publics; tout ce qui est chiffre;,
— addition, soustraction, multiplication, di-
vision, — subit le contrôle le plus clairvoyant,
la critique la plus sagace devant M. Gouin...
Aussi le Corps législatif regarde-t-il sa pré-
sence comme indispensable dans toutes les
commissions des finances. Jamais,sous le ré-
s. gime parlementaire, à la pratique duquel,
d'ailleurs, ce savant financier a pris une part |
active, jamais avertissements plus sévères, i
conseils plus sages n'ont été donnés dans un '
langage plus. ferme. Dans sa sollicitude pour j
la prospérité, pour l'avenir de la France, il ne 1
se paye ni d'illusions, ni de chimères : il n'a !
* loi qu'en la réalité... » j
Je ne sais si le"docteur Yéron ne faisait pas j ,
la part d'éloges trop large en parlant de son i i
Ilrni. Mais, à coup sÙr, il n'exagérait pas en j
, disant q.ue la vie de M. Gouin tout entière a <
été absorbée par une spécialité. '• (
Le sénateur d'hier était le doyen de la
Chambre des députés. Il est né à Tours en
srv 1792. Quand il sortit du collège de Pont- (
Lfvoy, il voûtait absolument entrer a l'Ecole (
poiyteclinique. Mais ses parents virent plus |
clair que lui sans doute dans sa vocation.
Leurs conseils le décidèrent à prendre la ban- *
que. En 1830, la maison Gouin frères était *
célèbre dans toute I& Touraine, et M. Alexan-
dre Gouin, conseiller municipal de la ville de
Tours et membre du conseil général d'Indre- i ^
et-Loire, put se porter à la députation avec ! a
succès. i
il serait sans intérêt aujourd'hui de rappe- ! p
1er toutes les commissions dont il fit partie j
pendant vingt ans, tous les projets de lois j ti
dont il fut rapporteur. Ministre en 1840, il
attacha son nom à la loi concernant le tra-
vail des enfants dans les manufactures. Pour
être moins'libérale que la loi anglaise, cette
loi n'en constituait pas moins un progrès
réel au profit de la santé et de l'éducation des
apprentis.
1848 fut la date d'un échec dans la car-
rière financière 'du - banquier de Tours. La
caisse générale du Commerce et de l'Indus-
trie, créée par M. Laffite- et dont M. Gouin était
directeur depuis 1844, se vit obligée de li-
quider.
L'homme public entra à la Constituante,
puis à la Législative. Depuis il n'a pas cessé
de faire partie de toutes les commissions du
budget.
| Son attitude est bien celle de sa spécialité.
j Beaucoup de bonhomie, la parole facile, les
! manières d'un grand bourgeois.
lU. Gouin est administrateur des chemins
de fer de Paris à Lyon. Son'frère,M. Frédéric
Gouin, ancien conseiller à la Cour impériale
de Paris, a-été mis à la retraite en 1857. !
• J
IV
M. de Marnas
! L'élévation de lU. Chabanacy de Marnas est
; contemporaine de celle de M. Devienne. Le
: premier, président et le chef, du parquet de
' la Cour impériale de Lyon vinrent à Paris à
| peu près en même temps. D'abord avocat gé-
j néral à la Cour de cassation, puis procureur
1 général à la Cour impériale, M. de Marnas-est
i sénateur aujourd'hui. Cherchez son nom dans
! le Dictionnaire de Vapereau, vous le cher-
cherez en vain. C'est au Palais que j'ai re-
cueilli les quelques détails suivants. '
M. de Marnas eut jadis un procès avec- la
commune de Sartène, en Corse. Il s'agissait
d'une forêt de chènes-liéges. Du gam de ce
procès dépendait une somme de cent cinquante
mille francs. Le.. magistrat perdit. Il ressentit
plus vivement qu'un autre ia douleur de n'être
pas riche, car c'est un homme du monde, ai-
mant le luxe et la grande vie.
Un parent de sa femme" est préfet dans ,le
Nord. Son fils a été, pendant quelque temps,
attaché au parquet.
Je donne ces renseignements à bâtons rom-
pus, comme on me les a donnés.
De grande taille, la charpente osseuse, les
traits un peu durs, un lorgnon sur le nez,
M. de Marnas est un causeur intarissable
et brillant. 1
Il parle comme Duprez chantait, non-seule-
ment avec sa voix, mais encore avec ses bras,
ses jambes et son lorgnon.
Au Palais, son éloquence appartient au
genre familier. Il n'a ni les formules de l'a-
vocat, ni le ton grave du magistrat de la tra-
dition. Il plaide lestement. Le sujet est étudié,
les paroles sQltt improvisées. De là des ha-
sards heureux ou malheureux.
On dirait, le mot est de Frédéric Thomas,
un homme de lettres, qui occupe le siège du
ministère public. ' -
On avait désigné, pour succéder à M. de
Marnas M. Nogent-Saint-Laurent. Mais, hier,
le Moniteur contenait, la nomination de
M. _Grandperrel, procureur général près la
cour d'Orléans.
M. Désiré Nisard.
Il y a trois Nisard; trois frères, tous trois
f nés à Ch.-^tti 1 loi-, -sur-Seine, tous trois profes-
seurs et hommes de leltres. Seulemen t l'aîné,
j Auguste, et le cadet, Charles, ont débuté par
le professorat pour arriver à la littérature,
tandis que le second, Jean-Marie-Napoléon-
Désiré, a passé par la littérature pour arriver
au professorat.
C'est un élève de Sainte-Barbe. En 1826,
à vingt ans, il débutait au Journal des Débats.
Puis il entrait au National, entraîné par son
amitié pour Carrel et surtout par une com-
munauté d'opinion littéraire. Les libéraux
de la Restauration et les républicains de
1830 étaient, on le sait, classiques à outrance,
ne voyant dans le mouvement romantique
qu'un retour vers les idées du moyen âge et
qu'une imitation des littératures étrangères !
contraire au génie français. !
Le mérite de M. Nisard était d'avoir été
l'adversaire le plus convaincu, le plus, net et
le plus spirituel de l'école dont Victor Hugo
s'était déclaré le chef. Pour défendre la lan-
gue française menacée, le jeune rédacteur
des Débats et du National eut la véritable
éloquence, faite à la fois de logique et de sens
commun.
Son premier livre important : Les Poëtes
latins de la Décadence, contient la compa-
raison prolongée entre la décadence de la
littérature latine et celle de la littérature
française. Il était de mode, en 1834, de pré-
férer Victor Hugo à Corneille et à Racine.
M. Nisard compare Victor Hugo à Lucain,
et rappelle que les contemporains de Lucain,
eux aussi, le mettaient au-dessus de Vir-
gile.
Depuis lors, dans l'œuvre de M. Nisard,
les articles de dictionnaires ont succédé aux
précis, et les articles de revues aux livres
d'histoire. Un de ces articles »: Manifeste
contre. la littérature facile, rest-era.
Dès 1834, l'écrivain se doublait d'un pro-
cesseur. Chef du secrétariat au ministère de
l'Instruction publique, en 1836, bientôt après
maître des requêtes au conseil d'Etat, député
enfin en 1842, M. Nisard ne parla guère à la
Chambre que sur des matières d'instruction
publique. Dans ses votes, il se montra COli-
stamment le plus zélé des conservateurs.
1848 ne lui laissa qu'une place, celle de pro-
fesseur d'éloquence latine au Col!ége de
France. Mais, en 1850, l'Académie française
lui donna le fauteuil de Feletz. Le ministère
Fortoul en fit un inspecteur général en 1852.
En 4857, le ministère Rouland lui confia la
direction de l'Ecole Normale. On connaît les
événements de cette année. M. Nisard quitte
l'Ecole, mais il passe au Sénat, cela fait com-
pensaiion.
Il m'a été donné de rencontrer quelque fois '
M. Nisard. Je m'attendais à trouver, dans l'au-
teur du Manifeste et dans l'ancien ami d'Ar-
mand Carrel, un causeur à remporte-pièce,
vif et même passionné. J'ai trouvé .un homme
d'Académie, très-poli, très-bienveillant, 'm
peu froid, et qui disait : — Peut-être, sans
' doute, me sera-t-il permis ?... comme tous
les beaux esprits du faubourg Saint-Germain.
L'homme officiel déteignait sur le leI tré, et c'é-
taient des ménagements à J'en plus finir.
La tête blanche et régulière de , M. Nisard
fera très bien sur les bancs du sénat. Il sera
le cinquième homme de lettres de la chambre
haute. Les autres sont MM. Prosper Méri-
mée, Sainte-Beuve, Lebrun et de Sacy.
Je pourrais y ajouter MM.'Michel Chevalier
et de la Guéronnfère, s'ils Jetaient surtout
des hommes politiques, et môme M. Monier
de la Sizeranne, si, dans sa. longue carrière,
il n'avait été plutôt député qu'auteur drama-
tique et poëte.
TONY RÉVILLON.
ROCAMBOLE
LES
MISERES DE LONDRES
PAR
PONSON DU TERRAIL PONSON DU TERRAIL
PROLOGUE
LA NOURRISSEUSE D'ENFANTS
XIV
PONSON DU TERRAi L
No 14 1
Ce. nouveau venu n'avait pourtant rien d'ef-
frayant à première vue.
C'était ûn petit homme un peu obèse, tout à
fait chauve, vêtu comme un gentleman parci-
monieux, c 'est-à-di,-e portant des habits usés iI
I .
Voir te auméro du. 8 novembre. !
mais d'une bonne coupe et parfaitement bros-
sés.
Il avait uu gros diamant au doigt et trois
gros diamants à sa chemise.
Le diamant est une valeur, et cela ne s'use
pas. , ■
Ses joues rouges, son nez légèrement épate,
ses lèvres lippues, ses petits yeux gris n'avaient
, rien de féroce; on eut. dit .un bon bourgeois
= qui a fait sa fortune, ne demande plus rien aux
affaires et caresse secrètement l'ambition de d e-
venir quelque jour alderman, quelque chose
comme membre du corps municipal de la cité
de Londres.
Cependant, cet homme qui n'axai!; rien d'ex-
traordinaire ni dans sa personne, ni dans son
maintien, ni dans son costume, ne traversait pas
une rue de Londres impunément. Un frisson
parcourait tout le corps de ceux qui le voyaient
passer, et souvent on entendait un Anglais dire
à son voisin :
— Dieu vous garde d'avoir jamais affaire à
monsieur Thomas Elgin! '
Jadis l'usurier était un petit homme sale, vêtu
d'une houppelande, portant des chaussons de
lisière et un bonnet de nécromancien.
La tradition voulait qu'il fût juif, logeât en un
taudis sordide, et laissât pousse? indéfinimest
ses ongles. ■
M. Thomas Elgin, comme on a pu le voir,
n'était rien de tout cela.
D'abord, il était,.habille comme tout le monde,
habitait une maison à deux, étages dans Oxford
street, faisait ses courses en cab, déjeunait et
dînait confortablement, et était non-seulement
chrétien, mais encore membre du conseil de la
paroisse.
Ce qui n empêchait pas M. Thomas Elgin
d'être un usurier de la pire espèce* la terreur de
la ville entière, agglomération ou cité, — ce qui
justifiait ce singulier salut que 's'adressaient
souvent deux commerçants f
— Portez-vous bien et Dieu vous garde de
Thomas Elgin !
Car il prêtait toujours, le digne homme ; et
ceux qui n'eussent pas trouvé un shilling par-
tout ailleurs, trouvaient un sac de guinées chez
lui.
Il avait même coutume de dire :
— Les geng qui prétendent qu'il y a des débi-
teurs insolvables sont des imbéciles ! Avec moi,
tout le monde finit par payer, et je n'ai jamais eu
de non-valeurs.
Le petit commerçant, le boutiquier gêné qui
ayait le malheur de s'adresser à Thomas Elgin
était un homme perdu par avance.
Il avait beau payer, payer encore et toujours.
il était à tout jamais l'homme-lige, l'esclave- de
Thomas Elgin.
Tel était celui qui s'aventurait ' ainsi dans
le Black horse, c'est-à-dire dans la taverne du
Cheval-Noir, et dont l'apparition avait fait tres-
saillir l'abbé Samuel.
— Hé! hé! monsieur l'abbé, dit Thomas El-
gin en s'avançant vers le prêtre, si l'on m'avait
dit hier soir que je vous trouverais ici en sem-
blable compagnie, je me serais mis à rire.-
—- Monsieur, répondit le prêtre avec dignité,
les gens de mon ministère vent partout où leur
devoir les appelle.
— Mille pardons, si je vous ai blessé, mon-
sieur l'abbé, reprit Thomas Elgin d un ton dé-
gagé ; je n'en avais pas l'intention, croyez-le
bien. Et puis ces choses-la, ne me regardent
pas... J'ai tort de m'en mêler... Pardonnez-
moi... pardonnez-moi. • •
A propos, je viens pour ma petite affaire... Je
me suis présenté souvent à votre domicile, mais.j
il paraît que les prêtres catholiques sont for',
occupés, qu'pn ne les trouve jamais... l'
— Monsieur, dit l'abbé Samuel, ce qufj vous
dites-là est vrai pour moi depuis une q^iinraîn.*
dé jours. J'ai passé deux semaine^ /a; chevet
d'un mourant,. ne le quittant que pr,m< aller dira
ma àiosseu
a cent. le numéro
JOURNAL QUOTIDIEN
1 1 .S cent. le numéro
ABONNEMENTS. — Troîs mois. six mois. Un an.
Paris 5 fu. 9 fr. 18 fr.
Départements.. fa il 88
Administrateur : E. DELSÀJUX.
2'0 année. —VENDREDI 22 NOVEMBRE 1867. — No 5'2
•-•a - - -
Directeur-propriétaire : Ja N N PN.
Rédacteur en chef: A. DE BALATHIER BRAGELONNtB.
BUREAUX D'ABONNEMENT : 9, rue Drouol.
*
La Presse illustrée, journal hebdoma-
daire à 1 0 centimes, est vendue 5 cen-
times seulement à toute personne qui
achète la Petite Presse, le samedi à Paris
et le dimanche en province. j
PARIS, LE 20 NOVEMBRE 1867.
LES NOUVEAUX SÉNATEURS
III
M. Gouin.
On lit dans les Quatre ans de règne du doc-
teur Véron : 1 1
a Budgets de l'état, budgets des départe-
ments, budgets des communes, budgets des
établissements publics; tout ce qui est chiffre;,
— addition, soustraction, multiplication, di-
vision, — subit le contrôle le plus clairvoyant,
la critique la plus sagace devant M. Gouin...
Aussi le Corps législatif regarde-t-il sa pré-
sence comme indispensable dans toutes les
commissions des finances. Jamais,sous le ré-
s. gime parlementaire, à la pratique duquel,
d'ailleurs, ce savant financier a pris une part |
active, jamais avertissements plus sévères, i
conseils plus sages n'ont été donnés dans un '
langage plus. ferme. Dans sa sollicitude pour j
la prospérité, pour l'avenir de la France, il ne 1
se paye ni d'illusions, ni de chimères : il n'a !
* loi qu'en la réalité... » j
Je ne sais si le"docteur Yéron ne faisait pas j ,
la part d'éloges trop large en parlant de son i i
Ilrni. Mais, à coup sÙr, il n'exagérait pas en j
, disant q.ue la vie de M. Gouin tout entière a <
été absorbée par une spécialité. '• (
Le sénateur d'hier était le doyen de la
Chambre des députés. Il est né à Tours en
srv 1792. Quand il sortit du collège de Pont- (
Lfvoy, il voûtait absolument entrer a l'Ecole (
poiyteclinique. Mais ses parents virent plus |
clair que lui sans doute dans sa vocation.
Leurs conseils le décidèrent à prendre la ban- *
que. En 1830, la maison Gouin frères était *
célèbre dans toute I& Touraine, et M. Alexan-
dre Gouin, conseiller municipal de la ville de
Tours et membre du conseil général d'Indre- i ^
et-Loire, put se porter à la députation avec ! a
succès. i
il serait sans intérêt aujourd'hui de rappe- ! p
1er toutes les commissions dont il fit partie j
pendant vingt ans, tous les projets de lois j ti
dont il fut rapporteur. Ministre en 1840, il
attacha son nom à la loi concernant le tra-
vail des enfants dans les manufactures. Pour
être moins'libérale que la loi anglaise, cette
loi n'en constituait pas moins un progrès
réel au profit de la santé et de l'éducation des
apprentis.
1848 fut la date d'un échec dans la car-
rière financière 'du - banquier de Tours. La
caisse générale du Commerce et de l'Indus-
trie, créée par M. Laffite- et dont M. Gouin était
directeur depuis 1844, se vit obligée de li-
quider.
L'homme public entra à la Constituante,
puis à la Législative. Depuis il n'a pas cessé
de faire partie de toutes les commissions du
budget.
| Son attitude est bien celle de sa spécialité.
j Beaucoup de bonhomie, la parole facile, les
! manières d'un grand bourgeois.
lU. Gouin est administrateur des chemins
de fer de Paris à Lyon. Son'frère,M. Frédéric
Gouin, ancien conseiller à la Cour impériale
de Paris, a-été mis à la retraite en 1857. !
• J
IV
M. de Marnas
! L'élévation de lU. Chabanacy de Marnas est
; contemporaine de celle de M. Devienne. Le
: premier, président et le chef, du parquet de
' la Cour impériale de Lyon vinrent à Paris à
| peu près en même temps. D'abord avocat gé-
j néral à la Cour de cassation, puis procureur
1 général à la Cour impériale, M. de Marnas-est
i sénateur aujourd'hui. Cherchez son nom dans
! le Dictionnaire de Vapereau, vous le cher-
cherez en vain. C'est au Palais que j'ai re-
cueilli les quelques détails suivants. '
M. de Marnas eut jadis un procès avec- la
commune de Sartène, en Corse. Il s'agissait
d'une forêt de chènes-liéges. Du gam de ce
procès dépendait une somme de cent cinquante
mille francs. Le.. magistrat perdit. Il ressentit
plus vivement qu'un autre ia douleur de n'être
pas riche, car c'est un homme du monde, ai-
mant le luxe et la grande vie.
Un parent de sa femme" est préfet dans ,le
Nord. Son fils a été, pendant quelque temps,
attaché au parquet.
Je donne ces renseignements à bâtons rom-
pus, comme on me les a donnés.
De grande taille, la charpente osseuse, les
traits un peu durs, un lorgnon sur le nez,
M. de Marnas est un causeur intarissable
et brillant. 1
Il parle comme Duprez chantait, non-seule-
ment avec sa voix, mais encore avec ses bras,
ses jambes et son lorgnon.
Au Palais, son éloquence appartient au
genre familier. Il n'a ni les formules de l'a-
vocat, ni le ton grave du magistrat de la tra-
dition. Il plaide lestement. Le sujet est étudié,
les paroles sQltt improvisées. De là des ha-
sards heureux ou malheureux.
On dirait, le mot est de Frédéric Thomas,
un homme de lettres, qui occupe le siège du
ministère public. ' -
On avait désigné, pour succéder à M. de
Marnas M. Nogent-Saint-Laurent. Mais, hier,
le Moniteur contenait, la nomination de
M. _Grandperrel, procureur général près la
cour d'Orléans.
M. Désiré Nisard.
Il y a trois Nisard; trois frères, tous trois
f nés à Ch.-^tti 1 loi-, -sur-Seine, tous trois profes-
seurs et hommes de leltres. Seulemen t l'aîné,
j Auguste, et le cadet, Charles, ont débuté par
le professorat pour arriver à la littérature,
tandis que le second, Jean-Marie-Napoléon-
Désiré, a passé par la littérature pour arriver
au professorat.
C'est un élève de Sainte-Barbe. En 1826,
à vingt ans, il débutait au Journal des Débats.
Puis il entrait au National, entraîné par son
amitié pour Carrel et surtout par une com-
munauté d'opinion littéraire. Les libéraux
de la Restauration et les républicains de
1830 étaient, on le sait, classiques à outrance,
ne voyant dans le mouvement romantique
qu'un retour vers les idées du moyen âge et
qu'une imitation des littératures étrangères !
contraire au génie français. !
Le mérite de M. Nisard était d'avoir été
l'adversaire le plus convaincu, le plus, net et
le plus spirituel de l'école dont Victor Hugo
s'était déclaré le chef. Pour défendre la lan-
gue française menacée, le jeune rédacteur
des Débats et du National eut la véritable
éloquence, faite à la fois de logique et de sens
commun.
Son premier livre important : Les Poëtes
latins de la Décadence, contient la compa-
raison prolongée entre la décadence de la
littérature latine et celle de la littérature
française. Il était de mode, en 1834, de pré-
férer Victor Hugo à Corneille et à Racine.
M. Nisard compare Victor Hugo à Lucain,
et rappelle que les contemporains de Lucain,
eux aussi, le mettaient au-dessus de Vir-
gile.
Depuis lors, dans l'œuvre de M. Nisard,
les articles de dictionnaires ont succédé aux
précis, et les articles de revues aux livres
d'histoire. Un de ces articles »: Manifeste
contre. la littérature facile, rest-era.
Dès 1834, l'écrivain se doublait d'un pro-
cesseur. Chef du secrétariat au ministère de
l'Instruction publique, en 1836, bientôt après
maître des requêtes au conseil d'Etat, député
enfin en 1842, M. Nisard ne parla guère à la
Chambre que sur des matières d'instruction
publique. Dans ses votes, il se montra COli-
stamment le plus zélé des conservateurs.
1848 ne lui laissa qu'une place, celle de pro-
fesseur d'éloquence latine au Col!ége de
France. Mais, en 1850, l'Académie française
lui donna le fauteuil de Feletz. Le ministère
Fortoul en fit un inspecteur général en 1852.
En 4857, le ministère Rouland lui confia la
direction de l'Ecole Normale. On connaît les
événements de cette année. M. Nisard quitte
l'Ecole, mais il passe au Sénat, cela fait com-
pensaiion.
Il m'a été donné de rencontrer quelque fois '
M. Nisard. Je m'attendais à trouver, dans l'au-
teur du Manifeste et dans l'ancien ami d'Ar-
mand Carrel, un causeur à remporte-pièce,
vif et même passionné. J'ai trouvé .un homme
d'Académie, très-poli, très-bienveillant, 'm
peu froid, et qui disait : — Peut-être, sans
' doute, me sera-t-il permis ?... comme tous
les beaux esprits du faubourg Saint-Germain.
L'homme officiel déteignait sur le leI tré, et c'é-
taient des ménagements à J'en plus finir.
La tête blanche et régulière de , M. Nisard
fera très bien sur les bancs du sénat. Il sera
le cinquième homme de lettres de la chambre
haute. Les autres sont MM. Prosper Méri-
mée, Sainte-Beuve, Lebrun et de Sacy.
Je pourrais y ajouter MM.'Michel Chevalier
et de la Guéronnfère, s'ils Jetaient surtout
des hommes politiques, et môme M. Monier
de la Sizeranne, si, dans sa. longue carrière,
il n'avait été plutôt député qu'auteur drama-
tique et poëte.
TONY RÉVILLON.
ROCAMBOLE
LES
MISERES DE LONDRES
PAR
PONSON DU TERRAIL PONSON DU TERRAIL
PROLOGUE
LA NOURRISSEUSE D'ENFANTS
XIV
PONSON DU TERRAi L
No 14 1
Ce. nouveau venu n'avait pourtant rien d'ef-
frayant à première vue.
C'était ûn petit homme un peu obèse, tout à
fait chauve, vêtu comme un gentleman parci-
monieux, c 'est-à-di,-e portant des habits usés iI
I .
Voir te auméro du. 8 novembre. !
mais d'une bonne coupe et parfaitement bros-
sés.
Il avait uu gros diamant au doigt et trois
gros diamants à sa chemise.
Le diamant est une valeur, et cela ne s'use
pas. , ■
Ses joues rouges, son nez légèrement épate,
ses lèvres lippues, ses petits yeux gris n'avaient
, rien de féroce; on eut. dit .un bon bourgeois
= qui a fait sa fortune, ne demande plus rien aux
affaires et caresse secrètement l'ambition de d e-
venir quelque jour alderman, quelque chose
comme membre du corps municipal de la cité
de Londres.
Cependant, cet homme qui n'axai!; rien d'ex-
traordinaire ni dans sa personne, ni dans son
maintien, ni dans son costume, ne traversait pas
une rue de Londres impunément. Un frisson
parcourait tout le corps de ceux qui le voyaient
passer, et souvent on entendait un Anglais dire
à son voisin :
— Dieu vous garde d'avoir jamais affaire à
monsieur Thomas Elgin! '
Jadis l'usurier était un petit homme sale, vêtu
d'une houppelande, portant des chaussons de
lisière et un bonnet de nécromancien.
La tradition voulait qu'il fût juif, logeât en un
taudis sordide, et laissât pousse? indéfinimest
ses ongles. ■
M. Thomas Elgin, comme on a pu le voir,
n'était rien de tout cela.
D'abord, il était,.habille comme tout le monde,
habitait une maison à deux, étages dans Oxford
street, faisait ses courses en cab, déjeunait et
dînait confortablement, et était non-seulement
chrétien, mais encore membre du conseil de la
paroisse.
Ce qui n empêchait pas M. Thomas Elgin
d'être un usurier de la pire espèce* la terreur de
la ville entière, agglomération ou cité, — ce qui
justifiait ce singulier salut que 's'adressaient
souvent deux commerçants f
— Portez-vous bien et Dieu vous garde de
Thomas Elgin !
Car il prêtait toujours, le digne homme ; et
ceux qui n'eussent pas trouvé un shilling par-
tout ailleurs, trouvaient un sac de guinées chez
lui.
Il avait même coutume de dire :
— Les geng qui prétendent qu'il y a des débi-
teurs insolvables sont des imbéciles ! Avec moi,
tout le monde finit par payer, et je n'ai jamais eu
de non-valeurs.
Le petit commerçant, le boutiquier gêné qui
ayait le malheur de s'adresser à Thomas Elgin
était un homme perdu par avance.
Il avait beau payer, payer encore et toujours.
il était à tout jamais l'homme-lige, l'esclave- de
Thomas Elgin.
Tel était celui qui s'aventurait ' ainsi dans
le Black horse, c'est-à-dire dans la taverne du
Cheval-Noir, et dont l'apparition avait fait tres-
saillir l'abbé Samuel.
— Hé! hé! monsieur l'abbé, dit Thomas El-
gin en s'avançant vers le prêtre, si l'on m'avait
dit hier soir que je vous trouverais ici en sem-
blable compagnie, je me serais mis à rire.-
—- Monsieur, répondit le prêtre avec dignité,
les gens de mon ministère vent partout où leur
devoir les appelle.
— Mille pardons, si je vous ai blessé, mon-
sieur l'abbé, reprit Thomas Elgin d un ton dé-
gagé ; je n'en avais pas l'intention, croyez-le
bien. Et puis ces choses-la, ne me regardent
pas... J'ai tort de m'en mêler... Pardonnez-
moi... pardonnez-moi. • •
A propos, je viens pour ma petite affaire... Je
me suis présenté souvent à votre domicile, mais.j
il paraît que les prêtres catholiques sont for',
occupés, qu'pn ne les trouve jamais... l'
— Monsieur, dit l'abbé Samuel, ce qufj vous
dites-là est vrai pour moi depuis une q^iinraîn.*
dé jours. J'ai passé deux semaine^ /a; chevet
d'un mourant,. ne le quittant que pr,m< aller dira
ma àiosseu
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