Titre : La Petite presse : journal quotidien... / [rédacteur en chef : Balathier Bragelonne]
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1867-11-21
Contributeur : Balathier Bragelonne, Adolphe de (1811-1888). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32837965d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 21 novembre 1867 21 novembre 1867
Description : 1867/11/21 (A2,N581). 1867/11/21 (A2,N581).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k4717583x
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-190
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 22/10/2017
LA PETITE PRESSE
JOURNAL QUOTIDIEN
5 cent. le numéro
5 cent. le ramére
ABONNEMENTS. — Trois mois. Six mois. un an..
Paris 5 fr. 9 fr. t.8 fr. '
Départements.. CS Il
Administrateur: E. DELSAUX. tble
g. année. — JEUDI 21 NOVEMBRE 1867. — No 581
Directeur^ Propriétaire : J A: N N I W.
Rédacteur en chef: A. DE BALATHIER BRAGELONNE.
BUREAUX D'ABONNEMENT : rne
ADMINISTRATION : 113, place Breda. 1- -
La Presse illustrée, journal hebdoma-
daire h 10 centimes, est vendue 5 cen-
times seulement à toute personne qui
achète la Petite Presse, le samedi à Paris
St le dimanche en province.
PARIS, LE 20 NOVEMBRE 1867.
LES NOUVEAUX SÉNATEURS
I
Le vice-amiral de Chabannes.
Une existence de soldat, d'administrateur,
finventcur, toute en dehors de la pofItiqtre.
Octave-Pierre-Antoine-J-J.enri, vicomte de
Chabannes-Curton-Lapalice.
Les Chabannes-Lapalice s oint de l'Allier. et
,lf,,semderit du célébré maréchal sur la mort
duquel on fit la chanson que vous savez :
rt
Monsieur de la Palice est mort,
Il est mort de maladie;
Un quart d'heure avant sa mort,
Il était encore en vie.
Trois frères portent aujourd'hui le nom.
L'aîr,,é,- le marquis de Chabannes-Lapalice
Rengagea en 1806, comme simple soldat. A
Wagram, il était chef d'escadron. Fait pri-
sonnier pendant la retraite de Russie, il com-
manda, sous la Restauration, un régiment de
chasseurs, puis le régiment des lanciers de
la garde. 1830 en fit un maréchal de c-amp.
Il a été placé dans la réserve en 1857..
Le second, le comte de Chabannes-Lapalice,
débuta de même, en 4815, comme simple sol-
dat dans le régiment de chasseurs que com-
mandait, son frère. Au bout de dix ans, il était
capitaine dans la garde. Après la révolution
de Juillet, il faisait la campagne de Belgique,
en qualité de volontaire. Louis-Philippe lui
rendit son grade et le fit son officier d'ordon-
nance. Colonel' du 3e régiment des chasseurs
d'Afrique, il gagna, dans les deux expédi-
tions de Constantine, ses épaulettEs de géné-
rai de brigade. Aide de camp du roi, il quitta
le service en 1848 pour aller rejoindre en
Angleterre la famille d'Orléans.
Le vicomte de Chabannes, beaucoup plus 1
jeune que ses frères, sortit de l'école poly-
technique en 1821, et conquit successive- I
ment, dans la Méditerranée et les'mers des
Indes, les grades d'enseigne, de lieutenant
de vaisseau., de capitaine de frégate et de ca-
pitaine de v.visse iu. '
! En -1851", il était gouverneur de Gayenne,
lorsqu'éclata une terrible fièvre jaune pendant
laquelle son dévouement faillit lui coûter l'a,'
vie; Il tomba .malade. Le bruit vint en France
qu'il était mort, et on lui donna un succès-,
seur. Quand ce successeur arriva à Cayenne,
M. de Chab'au n Ps était guéri.
Je cite l'excellent dictionnaire de mon ami
Gustave Vapereau :
« De retour en France, il reçut, en 1854, le
commandement du Charlemagne ; c'est
comme capitaine de vaisseau qu'il prit une
part si glorieuse à l'attaque des forts de Sé-
bastopol, sous le feu desquels il fut placé le'
premier; sa conduite en cette circonstance
lui valut 1" grade de contre-amiral en dé-
cembre 18o4. Il fut nommé, le 13'jU'in 1855,
commandant des forces maritimes de la
France en Algérie, puis mis à la tête de la di-
vision na*vale du Brésil et de la Plata. Le
dinars 186Jf, il fut nommé membre titulaire
du conseil d'amirauté, et passa vice-amiral le
24 décembre de la même année. Le 19 avril
t8,64, il arrivait à Toulon, en qualité de
préfet maritime. L'année suivante, il inven-
tait des mÍITes sous-marines.... »
Cette même année, le choléra éclate.
Il y a, dans la carrière de M. de Chabannes,
une page plus belle que tous ses services en
mer et dans les colonies. C'est l'adresse sui-
vante, qu'ont signée, le 26 octobre 1865, les
marins et les ouvriers du port de Toulon :
a Amiral,
» L'épidémie, qui a été si meurtrière pour
la. population toulonnaise, perd peu à peu de
ses forces; mais, avant qu'elle ait complète-
ment cessé de faire des victimes à Toulon,
les ouvriers du port militaire tiennent à vous
exprimer les sentiments que vous leur ins-
pirez.
» Amiral, — les travailleurs maritimes
savent que, récemment, après qu'ils eurent
sollicité des améliorations d'e position du plus
haut intérêt, vous avez profité de votre séjour
à Paris pour prêter à leurs demandes l'appui
de votre opinien.
» Dans les jours de deuil qui viennent de
s'écouler, vous avez surtout donné les témoi-
gnages les plus ostensibles de votre bienveil-
lance pour eux. Par vos ordres, des boissons
j, fortifiantes leur ont été distribuées ; leurs
heuEes de travail ont été diminuées, bienfaits
des plus grands pour des hommes ne quittant
leur! familles qu'à regret et désirant les re-
voir "le plus tôt possible.
» ,Des fourneaux économiques, ont été,créés;
enfÍl1 d'autres mesures salutaires, qu'il serait ;
;tropi long d'énumérer, ont été prises en !eur\
faveur. 1
^ » Les ouvriers de l'Arsenal sont donc fondés 1
|t-^js'prier de vouloir bien recevoir l'expres-
sion de la sincère récon naissance que leur a
inspirée la bonté que vous avez eue constam-
ment pour eux. , !
» Ils sont heureux que vous ayez échappé
à un fléau qui pouvait d'autant mieux vous
. atteindre que vous vous exposiez à ses coups,
à toute son influence, en déployant une fer-
meté< une sollicitude, qui ont si puissamment
contribué à tenir élevés les esprits de la popu-
lation maritime.
» Ils ne sauraient termine-r cette adresse
sans vous prier d'exprimer à Mme la vicom-
tesse de Chabannes, qui a si bien montré que
noblesse et rang obligent, combien ils ont
trouvé beaux les exemples de .courage qu'elle
a donués, en portant la consolation de sa pré-
sence et de sa corJpassion aux infortunés,
même de la plus triste condition, atteints par
la redoutable maladie.
» Amiral, — les ouvriers de l'arsenal de
Toulon vous remercient et vous prient de
croire qu'ils sont, avec le plus profond res-
pect, vos très-obéissants et dévoués servi-
¡ teurs.
» P. S. Les ouvriers viennent d'apprendre
avec le plus vif regret, amiral, qKe vous avez
éprouvé des atteintes de l'épidémie. Ils font
ardemment le vœu que votre rétablissement
'"seit bientôt complet:'»
M. de Chabannes vient d'entrer dans sa
soixante-cinquième année.
II
Le docteur Henri Conneau.
Un jour, Michel M&sson, l'un des auteurs
des Contes de l'atelier, était allé voir un de
ses amis à Saint-Cloud. r
Quelle ne fut pas sa surprise de se voir
entouré d'un groupe de gens qui se mirent à
le combler de remercîments :
— Ah! monsieur le docteur, lui disait
l'un, c'est à vous que j'ai dû de pouvoir re-
- prendre mon petit commerce qui prospère
maintenant.
— Ah ! monsieur le docteur, lui disait
l'autre, je voudrais que ma femme fut ici
pour vous présenter ses enfants.
— Mon Dieu! répondit Michel Masson, je
serais bien aise de les voir. Je suis fort heu-
reux aussi que votre commerce prospère.
Mais je veux bien que le diable m'emporte.
si je sais ce que vous voulez dire. D'abord, je
ne suis pas docteur....
— A d'autres ! murmurèrent les gens de
Saint-Cloud.
Michel Masson est ijn peu violent :
— Comment! A d'autres ?... Je vous dis
que je ne suis pas docteur.
— Et nous, nous vous disons que vous
êtes le docteur Conneau, et que c'est vous
qui distribuez des secours pour le compte du
gouvernement....
— Mais, non ! '
— Mais, Si !
Miche! Masson dut finir par se laisser cou-
vrir de bénédictions.
. 'La ressemblance est,en effet,frappante entre
l'ancien et excellent agent de la Société des
gens de lettres et le médecin particulier de
l'Empereur. Même petite .taille, même tête à
| la peau brune, à l'expression.fine et bonhom-
me, aux cheveux blancs ébouriffés.
Le docteur Conneau, plus mêlé à la po!i-
tique que le vice-amiral de Chabannes, a sa
place dans la légende napoléonienne.
j En -1803, lorsqu'il vint au monde, son père
était payeur de l'armée française à Milan.
| Sous l'Empire, le payeur devint receveur de
la Couronne dans le département de l'Arno.
En HH 5,.i1 alla s'établir à Florence où il pos-
sédait des propriétés.
La. famille Bctiaparte et la famille Conneau
avaient conservé des relations de patron à
client. En 1820, l'ancien roi de Hollande
j père de Napoléon III, demanda pour secré-
j taire le fils de l'ancien receveur. Henri Con- 'III
neau avait dix- sept ans. Le service du prince
n'avait rien d'absorbant, et lui permit de
continuer ses études. Nous le retrouvons, en
1830, à Rome, exerçant la profession de chi-
! rurgien. En 1831, il donne asile à des pros-
1 crits, sert, comme volontaire la cause dei'in-
I dépendance, se compromet trop ouvertement
! pour que le séjour des Romagnes lui soit dé-
1 sormais possible, et vient se réfugier en
; France. Il avait été le secrétaire du roi Louis,
; il devient le médecin de la-reine Hortense,
et passe cinq ans à Arenemberg. La mort de
ROCAMBOLE
LES
MISÈRES DE LONDRES
PAR
PONSON DU TERRAIL
PROLOGUE
LA NOURRISEUSE D'ENFANTS
XIII
' îs° i -1
LIHand&tse reprit :
— Les cheveux de mon enfant commençaient
à pousser.
Ils étaient presque neirs, bien" qu'à cet âge et
dans notre pays les enfants soient généralement
blonds." ■
Veir it du 8 DOVHf¡bJl'e£
Un'jour, son père et moi, nous remarquâmes
qu'au milieu de ses cheveux châtains croissait
une mèche de cheveux'roux.
Mon époux jeta un cri de joie.
— Oh! chère créature, me dit-il en m'em-
brassant, j'avais donc-raison de te dire que tu
serais peut-être un jour la libératrice de l'Ir-
lande.
Et comme je ne comprenais rien à ces paroles,
ii poursuivit :
— Jenny, écoute Ixen ce que je vais te dire.
Aujourd'hui je ne suis plus qu'un pauvre pé.
cheur, vivant ebscur et heureux auprès de toi.
Demain, il peut se faire que je te quitte, que
je te dise un adieu éternel.
Je joignis les mains avec effroi.
— Demain, reprit-il, l'Irlande aura peut-être
encore besoin de moi. Alors je repartirai et je
reprendrai cette épée que j'avais laissé tomber
sur le dernier champ de bataille.
Serais-je vainqueur?
Me sera-t-il donné de délivrer enfin notre
malheureuse patrie, ou Nen cette tache glo-
rieuse est-elle réservée à notre enfant?
Dieu seul le sait!
Mais retiens bien mes paroles, quoi qu'il ad-
vienne, quand l'année i86.. sera venue, il
faut que ton enfant et îsi vous quittiez rIr-
la:nde. -
— Où irons-nous donc? demandai-je.
— A Londres, chez tes maîtres et tes oppres-
seurs. Là, tu te présenteras le 27 octobre, à huit
heures du matin, à l'église Saint-Gilles, tu feras
approcher ton fils du sanctuaire, et lorsque le
prêtre descendra de l'autel, tu lui diras : K Je
vous amène celui que vous attendez. »
— Je le ferai ainsi que vous me le comman,
dez, lui répondis-je avec soumission.
Plusieurs années s'écoulèrent ; il était toujours
auprès de nous, vivant comme un simple pê-
cheur, et bien qu'il fût mon époux, je n'avais
jamais osé lui demander rien de son passé.
Un soir, des hommes que nous ne connais-
sions pas, que nous n'avions jamais vus, mon
père et moi, vinrent heurter à la porte de notre
chaumière.
En les voyant, il eut un cri de joie :
— Ah ! dit-il, enfin je vous revois !
Quels étaient ces hommes?
Il ne nous le dit pas, mai-s il partit avec e®x,
disant :
— L'Irlande a besoin de nous,
Ni mes larme?,'•ni les caresses de son enfant
ne purent, le retenir.
En me quittant,, il me pressa dans ses bras
avec effusion et me dit :
— Souviens-toi de la promesse que tu m'as
f:u'e. ,!t Pkunt-Gine?, le 27 octobre 186...
I —Oui, lui répondis-je en pleurant.
Quelques jours après, l'Irlande était en feu de
| nouveau.
Les villages se révoltaient un à un, et les
troupes royales étaient battues sur plusieurs
points.
Mais avec de l'or on a des soldats et l'Angle-
terre a de l'or; et quand un soldat est tombé,
elle le remplace; et quand les premiers et les
seconds sont morts, les troisièmes arrivent ; et
quand l'Angleterre.veut, m'a-t'on dit, elle cou-
vre l'océan de ses vaisseaux.
L'Irlande a des soldats, mais elle n'a pas
d'or. Elle n'a même pas de pain.
Cependant elle résista longtemps encore ;
mais le pauvre Irlandais qui tombait n'était pas
remplacé, et comme clans la lutte ils étaient, un
contre cent, la victoire, une fois de plus, resta
aux dominateurs de l'Irlande.
Qu'était-il devenu, lui ?
Je pris jnon'fils dans mes liras, je m'en allai
à pied, sous le soleil^et sous la pJute, jusque
dans cette grande ville qu'on appelle Dublin.
Une foule immense parcourait les rues ; les
tambours battaient, les cloches , sonnaient, et
quand je demandai pourquoi tout ce monde et
tout ce bruit, on me répondit:
— C'est la sentence de mort prononcée par la
JOURNAL QUOTIDIEN
5 cent. le numéro
5 cent. le ramére
ABONNEMENTS. — Trois mois. Six mois. un an..
Paris 5 fr. 9 fr. t.8 fr. '
Départements.. CS Il
Administrateur: E. DELSAUX. tble
g. année. — JEUDI 21 NOVEMBRE 1867. — No 581
Directeur^ Propriétaire : J A: N N I W.
Rédacteur en chef: A. DE BALATHIER BRAGELONNE.
BUREAUX D'ABONNEMENT : rne
ADMINISTRATION : 113, place Breda. 1- -
La Presse illustrée, journal hebdoma-
daire h 10 centimes, est vendue 5 cen-
times seulement à toute personne qui
achète la Petite Presse, le samedi à Paris
St le dimanche en province.
PARIS, LE 20 NOVEMBRE 1867.
LES NOUVEAUX SÉNATEURS
I
Le vice-amiral de Chabannes.
Une existence de soldat, d'administrateur,
finventcur, toute en dehors de la pofItiqtre.
Octave-Pierre-Antoine-J-J.enri, vicomte de
Chabannes-Curton-Lapalice.
Les Chabannes-Lapalice s oint de l'Allier. et
,lf,,semderit du célébré maréchal sur la mort
duquel on fit la chanson que vous savez :
rt
Monsieur de la Palice est mort,
Il est mort de maladie;
Un quart d'heure avant sa mort,
Il était encore en vie.
Trois frères portent aujourd'hui le nom.
L'aîr,,é,- le marquis de Chabannes-Lapalice
Rengagea en 1806, comme simple soldat. A
Wagram, il était chef d'escadron. Fait pri-
sonnier pendant la retraite de Russie, il com-
manda, sous la Restauration, un régiment de
chasseurs, puis le régiment des lanciers de
la garde. 1830 en fit un maréchal de c-amp.
Il a été placé dans la réserve en 1857..
Le second, le comte de Chabannes-Lapalice,
débuta de même, en 4815, comme simple sol-
dat dans le régiment de chasseurs que com-
mandait, son frère. Au bout de dix ans, il était
capitaine dans la garde. Après la révolution
de Juillet, il faisait la campagne de Belgique,
en qualité de volontaire. Louis-Philippe lui
rendit son grade et le fit son officier d'ordon-
nance. Colonel' du 3e régiment des chasseurs
d'Afrique, il gagna, dans les deux expédi-
tions de Constantine, ses épaulettEs de géné-
rai de brigade. Aide de camp du roi, il quitta
le service en 1848 pour aller rejoindre en
Angleterre la famille d'Orléans.
Le vicomte de Chabannes, beaucoup plus 1
jeune que ses frères, sortit de l'école poly-
technique en 1821, et conquit successive- I
ment, dans la Méditerranée et les'mers des
Indes, les grades d'enseigne, de lieutenant
de vaisseau., de capitaine de frégate et de ca-
pitaine de v.visse iu. '
! En -1851", il était gouverneur de Gayenne,
lorsqu'éclata une terrible fièvre jaune pendant
laquelle son dévouement faillit lui coûter l'a,'
vie; Il tomba .malade. Le bruit vint en France
qu'il était mort, et on lui donna un succès-,
seur. Quand ce successeur arriva à Cayenne,
M. de Chab'au n Ps était guéri.
Je cite l'excellent dictionnaire de mon ami
Gustave Vapereau :
« De retour en France, il reçut, en 1854, le
commandement du Charlemagne ; c'est
comme capitaine de vaisseau qu'il prit une
part si glorieuse à l'attaque des forts de Sé-
bastopol, sous le feu desquels il fut placé le'
premier; sa conduite en cette circonstance
lui valut 1" grade de contre-amiral en dé-
cembre 18o4. Il fut nommé, le 13'jU'in 1855,
commandant des forces maritimes de la
France en Algérie, puis mis à la tête de la di-
vision na*vale du Brésil et de la Plata. Le
dinars 186Jf, il fut nommé membre titulaire
du conseil d'amirauté, et passa vice-amiral le
24 décembre de la même année. Le 19 avril
t8,64, il arrivait à Toulon, en qualité de
préfet maritime. L'année suivante, il inven-
tait des mÍITes sous-marines.... »
Cette même année, le choléra éclate.
Il y a, dans la carrière de M. de Chabannes,
une page plus belle que tous ses services en
mer et dans les colonies. C'est l'adresse sui-
vante, qu'ont signée, le 26 octobre 1865, les
marins et les ouvriers du port de Toulon :
a Amiral,
» L'épidémie, qui a été si meurtrière pour
la. population toulonnaise, perd peu à peu de
ses forces; mais, avant qu'elle ait complète-
ment cessé de faire des victimes à Toulon,
les ouvriers du port militaire tiennent à vous
exprimer les sentiments que vous leur ins-
pirez.
» Amiral, — les travailleurs maritimes
savent que, récemment, après qu'ils eurent
sollicité des améliorations d'e position du plus
haut intérêt, vous avez profité de votre séjour
à Paris pour prêter à leurs demandes l'appui
de votre opinien.
» Dans les jours de deuil qui viennent de
s'écouler, vous avez surtout donné les témoi-
gnages les plus ostensibles de votre bienveil-
lance pour eux. Par vos ordres, des boissons
j, fortifiantes leur ont été distribuées ; leurs
heuEes de travail ont été diminuées, bienfaits
des plus grands pour des hommes ne quittant
leur! familles qu'à regret et désirant les re-
voir "le plus tôt possible.
» ,Des fourneaux économiques, ont été,créés;
enfÍl1 d'autres mesures salutaires, qu'il serait ;
;tropi long d'énumérer, ont été prises en !eur\
faveur. 1
^ » Les ouvriers de l'Arsenal sont donc fondés 1
|t-^js'prier de vouloir bien recevoir l'expres-
sion de la sincère récon naissance que leur a
inspirée la bonté que vous avez eue constam-
ment pour eux. , !
» Ils sont heureux que vous ayez échappé
à un fléau qui pouvait d'autant mieux vous
. atteindre que vous vous exposiez à ses coups,
à toute son influence, en déployant une fer-
meté< une sollicitude, qui ont si puissamment
contribué à tenir élevés les esprits de la popu-
lation maritime.
» Ils ne sauraient termine-r cette adresse
sans vous prier d'exprimer à Mme la vicom-
tesse de Chabannes, qui a si bien montré que
noblesse et rang obligent, combien ils ont
trouvé beaux les exemples de .courage qu'elle
a donués, en portant la consolation de sa pré-
sence et de sa corJpassion aux infortunés,
même de la plus triste condition, atteints par
la redoutable maladie.
» Amiral, — les ouvriers de l'arsenal de
Toulon vous remercient et vous prient de
croire qu'ils sont, avec le plus profond res-
pect, vos très-obéissants et dévoués servi-
¡ teurs.
» P. S. Les ouvriers viennent d'apprendre
avec le plus vif regret, amiral, qKe vous avez
éprouvé des atteintes de l'épidémie. Ils font
ardemment le vœu que votre rétablissement
'"seit bientôt complet:'»
M. de Chabannes vient d'entrer dans sa
soixante-cinquième année.
II
Le docteur Henri Conneau.
Un jour, Michel M&sson, l'un des auteurs
des Contes de l'atelier, était allé voir un de
ses amis à Saint-Cloud. r
Quelle ne fut pas sa surprise de se voir
entouré d'un groupe de gens qui se mirent à
le combler de remercîments :
— Ah! monsieur le docteur, lui disait
l'un, c'est à vous que j'ai dû de pouvoir re-
- prendre mon petit commerce qui prospère
maintenant.
— Ah ! monsieur le docteur, lui disait
l'autre, je voudrais que ma femme fut ici
pour vous présenter ses enfants.
— Mon Dieu! répondit Michel Masson, je
serais bien aise de les voir. Je suis fort heu-
reux aussi que votre commerce prospère.
Mais je veux bien que le diable m'emporte.
si je sais ce que vous voulez dire. D'abord, je
ne suis pas docteur....
— A d'autres ! murmurèrent les gens de
Saint-Cloud.
Michel Masson est ijn peu violent :
— Comment! A d'autres ?... Je vous dis
que je ne suis pas docteur.
— Et nous, nous vous disons que vous
êtes le docteur Conneau, et que c'est vous
qui distribuez des secours pour le compte du
gouvernement....
— Mais, non ! '
— Mais, Si !
Miche! Masson dut finir par se laisser cou-
vrir de bénédictions.
. 'La ressemblance est,en effet,frappante entre
l'ancien et excellent agent de la Société des
gens de lettres et le médecin particulier de
l'Empereur. Même petite .taille, même tête à
| la peau brune, à l'expression.fine et bonhom-
me, aux cheveux blancs ébouriffés.
Le docteur Conneau, plus mêlé à la po!i-
tique que le vice-amiral de Chabannes, a sa
place dans la légende napoléonienne.
j En -1803, lorsqu'il vint au monde, son père
était payeur de l'armée française à Milan.
| Sous l'Empire, le payeur devint receveur de
la Couronne dans le département de l'Arno.
En HH 5,.i1 alla s'établir à Florence où il pos-
sédait des propriétés.
La. famille Bctiaparte et la famille Conneau
avaient conservé des relations de patron à
client. En 1820, l'ancien roi de Hollande
j père de Napoléon III, demanda pour secré-
j taire le fils de l'ancien receveur. Henri Con- 'III
neau avait dix- sept ans. Le service du prince
n'avait rien d'absorbant, et lui permit de
continuer ses études. Nous le retrouvons, en
1830, à Rome, exerçant la profession de chi-
! rurgien. En 1831, il donne asile à des pros-
1 crits, sert, comme volontaire la cause dei'in-
I dépendance, se compromet trop ouvertement
! pour que le séjour des Romagnes lui soit dé-
1 sormais possible, et vient se réfugier en
; France. Il avait été le secrétaire du roi Louis,
; il devient le médecin de la-reine Hortense,
et passe cinq ans à Arenemberg. La mort de
ROCAMBOLE
LES
MISÈRES DE LONDRES
PAR
PONSON DU TERRAIL
PROLOGUE
LA NOURRISEUSE D'ENFANTS
XIII
' îs° i -1
LIHand&tse reprit :
— Les cheveux de mon enfant commençaient
à pousser.
Ils étaient presque neirs, bien" qu'à cet âge et
dans notre pays les enfants soient généralement
blonds." ■
Veir it du 8 DOVHf¡bJl'e£
Un'jour, son père et moi, nous remarquâmes
qu'au milieu de ses cheveux châtains croissait
une mèche de cheveux'roux.
Mon époux jeta un cri de joie.
— Oh! chère créature, me dit-il en m'em-
brassant, j'avais donc-raison de te dire que tu
serais peut-être un jour la libératrice de l'Ir-
lande.
Et comme je ne comprenais rien à ces paroles,
ii poursuivit :
— Jenny, écoute Ixen ce que je vais te dire.
Aujourd'hui je ne suis plus qu'un pauvre pé.
cheur, vivant ebscur et heureux auprès de toi.
Demain, il peut se faire que je te quitte, que
je te dise un adieu éternel.
Je joignis les mains avec effroi.
— Demain, reprit-il, l'Irlande aura peut-être
encore besoin de moi. Alors je repartirai et je
reprendrai cette épée que j'avais laissé tomber
sur le dernier champ de bataille.
Serais-je vainqueur?
Me sera-t-il donné de délivrer enfin notre
malheureuse patrie, ou Nen cette tache glo-
rieuse est-elle réservée à notre enfant?
Dieu seul le sait!
Mais retiens bien mes paroles, quoi qu'il ad-
vienne, quand l'année i86.. sera venue, il
faut que ton enfant et îsi vous quittiez rIr-
la:nde. -
— Où irons-nous donc? demandai-je.
— A Londres, chez tes maîtres et tes oppres-
seurs. Là, tu te présenteras le 27 octobre, à huit
heures du matin, à l'église Saint-Gilles, tu feras
approcher ton fils du sanctuaire, et lorsque le
prêtre descendra de l'autel, tu lui diras : K Je
vous amène celui que vous attendez. »
— Je le ferai ainsi que vous me le comman,
dez, lui répondis-je avec soumission.
Plusieurs années s'écoulèrent ; il était toujours
auprès de nous, vivant comme un simple pê-
cheur, et bien qu'il fût mon époux, je n'avais
jamais osé lui demander rien de son passé.
Un soir, des hommes que nous ne connais-
sions pas, que nous n'avions jamais vus, mon
père et moi, vinrent heurter à la porte de notre
chaumière.
En les voyant, il eut un cri de joie :
— Ah ! dit-il, enfin je vous revois !
Quels étaient ces hommes?
Il ne nous le dit pas, mai-s il partit avec e®x,
disant :
— L'Irlande a besoin de nous,
Ni mes larme?,'•ni les caresses de son enfant
ne purent, le retenir.
En me quittant,, il me pressa dans ses bras
avec effusion et me dit :
— Souviens-toi de la promesse que tu m'as
f:u'e. ,!t Pkunt-Gine?, le 27 octobre 186...
I —Oui, lui répondis-je en pleurant.
Quelques jours après, l'Irlande était en feu de
| nouveau.
Les villages se révoltaient un à un, et les
troupes royales étaient battues sur plusieurs
points.
Mais avec de l'or on a des soldats et l'Angle-
terre a de l'or; et quand un soldat est tombé,
elle le remplace; et quand les premiers et les
seconds sont morts, les troisièmes arrivent ; et
quand l'Angleterre.veut, m'a-t'on dit, elle cou-
vre l'océan de ses vaisseaux.
L'Irlande a des soldats, mais elle n'a pas
d'or. Elle n'a même pas de pain.
Cependant elle résista longtemps encore ;
mais le pauvre Irlandais qui tombait n'était pas
remplacé, et comme clans la lutte ils étaient, un
contre cent, la victoire, une fois de plus, resta
aux dominateurs de l'Irlande.
Qu'était-il devenu, lui ?
Je pris jnon'fils dans mes liras, je m'en allai
à pied, sous le soleil^et sous la pJute, jusque
dans cette grande ville qu'on appelle Dublin.
Une foule immense parcourait les rues ; les
tambours battaient, les cloches , sonnaient, et
quand je demandai pourquoi tout ce monde et
tout ce bruit, on me répondit:
— C'est la sentence de mort prononcée par la
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