Titre : La Petite presse : journal quotidien... / [rédacteur en chef : Balathier Bragelonne]
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1866-10-09
Contributeur : Balathier Bragelonne, Adolphe de (1811-1888). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32837965d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 09 octobre 1866 09 octobre 1866
Description : 1866/10/09 (N173). 1866/10/09 (N173).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k4717357r
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-190
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 22/10/2017
d'avoir quelques points de ressemblance avec les ■
hommes. Sa chevelure était noire et abondante;
elle avait l'œil noir, et au-dessus de la lèvre su-
périeure. même au menton, quelque peu de
barbe! Ses camarades, de bonnes petites Oll-
vrières sans malice, la tourmentaient e;i l'appe-
lant la « femme à bar, el 11 On lui en chantait la
chan?on. Ça la blessait, cette enfant ! Elle es-
sayait de dissimuler son infirmité, et — quel
crime! — elle se rasait!
Le fait n'a rien d'absolument, insolite. Tout
Paris théâtral connaît une actrice qui, depuis
'Vingt. ani", se rase tous les deux soirs quand elle
ne joue pas, et tous les soirs quand elle joue
quotidiennement. Et ce même tout Paris ~ait
que cette altiste, étant jeune, avait l'habitude de
compléter la barbe dont la nature avait orné son
menton par un costume d'homme, et qu'à l'in-
star, comme on dit en province, de Mme Sand,
elle endossait l'habit noir ou la redingote, et
que, passionnée pour le théâtre, elle se rendait
seule à l'orchestre quand la représentation était
intéressante.
On sait aussi qu'un soir ladite artiste disputa
très-vivement à un officier la stalle qu'elle avait
louée, que la dispute finit par une provocation,
et que le lendemain un duel au pistolet eut lieu
entre l'artiste et l'officier, sans que personne
soupçonnât que l'artiste était une dame! (Il est
vrai que cette dame est tout ce qu'il y a de plus
original; non contente d'avoir de la barbe, elle
est courageuse et sait le latin !) '
Les camarades de cette artiste distinguée com-
mencèrent par essayer de la tourner en ridicule:
ils la rasèrent, comme on dit en argot de cou-
lisses, mais sans succès. La femme, c'en est une
, vraie, et une femme de beaucoup d'esprit, sut
très-bien se défendre, elle ne mit même pas l'é-
pée à la main, elle ne tira pas de leur boite les
fameux pistolets qui, autrefois, lui avaient
servi à faire respecter son fauteuil d'orchestre;
elle se contenta de ne pas se fâcher. Les ca-
! marades comprirent et les plaisanteries sur la
! barbe disparurent. Il n'en est pas de même
pour la pauvre ouvrière dont je vous parlais
quelques lignes plus haut. Le courage lui a. fait
défaut, à cette enfanl, elle s'est coupé la gorge
avec ce rasoir qui l'avait trahie, puisqu'il n'em-
pêchait pas qu'on se moquât d'elle !
— Triste, n'est-ce pas, cette histoire vraie 1
Il y a longtemps, il faut en convenir, qu'on n'avait
prêté un mot à Rossini. C'est probablement pour ré-
parer cet oubli, dit Jean de Paris de l'Indépendance
belge, qu'on lui attribue la réponse suivante :
Un des visiteurs habituels de la villa de Pas-
sy racontait l'autre jour au maestro les mésa-
yentures des Parisiens à Londres. Le narrateur
expliquait comment l'heureux effet de certains
décors et d'un ballet réussi avait été paralysé
par la prose de M. Clair ville.
— Nous comprenez, ajoutait-il, le dialogue
empêche tout.
— Parfaitement, fit Rossin:. C'est une housse
cui abime les meubles.
I
tin carnet de bal égaré par une jeune fille me tombe I
dernièrement sous la main, dit M. Henry de Nettes ]
dans le Grand journal. J'y JolIe indiscrètement les j
veux, et je lis, à côté du mot valse, le cliiffre, 3,000, à
côté du mot polka, le chiffre 2,400.
Que signifie ce mystère?
Je vais aux informations et j'apprends que
P.,000 et 2,400 veulent dire 3,000 et 2,400 fr.
d'appointements.
La jeune fille ne s'est pas occupée du nom de
ses danseurs, elle a. se'jic;i:-('n' demandé a ure
amie ce qu'ils gagnaient à leur bureau ou a leur
m:l1:s!i'/,e, et elle les a désignés par un chiffre,
celui de leurs appointements. i
Où allonf-nous ! ! !
I
Une aventure singulière, racontée par le Progrès de
Lyon, a égayé ces jours derniers les habitants de Lons-
le-Saulnier :
M. M..., libraire de cette ville, était allé voir
à Lyon un de ses fils.
A son retour, il eut le malheur d'entrer, lui
dixième, dans lin wagon occupé par de braves
montagnards du Jura.
Au bout de quelques minutes, M. M... bon-
dissait sous les mille piqûres d'ennemis invisj^.
bles que son étroit compartiment ne lui permet-
tait pas de pourchasser.
Arrivé à la station d'Ambérieux, l'infortuné
voyageur s'empresse de quitter son wagon. Il en
aperçoit un entièrement vide, et il s'y préci-
pite.
Le train est reparti, il court à la vitesse de
60 kilomètres. M. M..., toujours harcelé, prend
le parti de poursuivre son ennemi dans ses re-
traites les plus secrètes.
Il se met alors à secouer vigoureusement son
inexpressible par la portière.
0 désespoir ! le vêtement échappe dès mains
qui l'agitaient. Il n'est déjà plus qu'un point
perdu dans l'espace, et la station de Saint-Ram-
bert est signalée.
Là, le train s'arrête. Les voyageurs se préci-
pitent vers le wagon occupé par une personne
seule. Mais M. M..., les coudes appuyés sur la
portière, s'oppose à leur ,entrée.
— Vous n'entrerez pas ! s'écrie-t-il d'une yoix
forte ; cela est impossible.
Le chef de gare intervient.
La vue de ce voyageur à la figure injectée, aux
yeux hagards, lui donne des soupçons. Il par-
vient à passer la tête par la fenêtre latérale op-
posée! Pour» lui, ce n'est plus un honnête et
paisible voyageur qu'il a sous les yeux, c'est un
highlander dans son costume le plus primitif!
Le chef de gare, convaincu qu'il a affaire à un
fou, écarte discrètement les voyageurs et s'em-
presse de télégraphier ce qui se passe.
A chacune des stations suivantes, M. M...
prend les mêmes dispositions menaçantes pour
défendre l'entrée de son wagon.
Soins inutiles, peisonne n'ose approcher; le
chef de gare seulement s'assure de sa présence.
Mais à la station de Lons-le-Saulnier, d'autres
dispositions avaient été prises : quatre gen-
darmes viennent se ranger contre le wagon de
M. M...
Mais celui-ci se montre, appelle le chef de
gare. On s'explique ; la gendarmerie rit : un pan-
talon est apporté, et le malheureux libraire ne
tarde pas à prendre part à l'hilarité générale.
Les habitants de Lons-Íe-Saimier rient en-
core de ceite aventure, qui, avec toutes les ap-
parences de l'iinvraisemblance, est pourtant, des
plus véridiques.
L' Inlenwtiol1(d raconte l'histoire d'une singulière
arrestation qui vient d'être opérée en Angleterre, arres-
tation qui prouve qu'il y a de bien grandes fatalités et
des médecins bien haLites :
Dans un village des environs de Londres, un
pharmacien se trouvait seul dans son laboratoire,^
tors
hommes. Sa chevelure était noire et abondante;
elle avait l'œil noir, et au-dessus de la lèvre su-
périeure. même au menton, quelque peu de
barbe! Ses camarades, de bonnes petites Oll-
vrières sans malice, la tourmentaient e;i l'appe-
lant la « femme à bar, el 11 On lui en chantait la
chan?on. Ça la blessait, cette enfant ! Elle es-
sayait de dissimuler son infirmité, et — quel
crime! — elle se rasait!
Le fait n'a rien d'absolument, insolite. Tout
Paris théâtral connaît une actrice qui, depuis
'Vingt. ani", se rase tous les deux soirs quand elle
ne joue pas, et tous les soirs quand elle joue
quotidiennement. Et ce même tout Paris ~ait
que cette altiste, étant jeune, avait l'habitude de
compléter la barbe dont la nature avait orné son
menton par un costume d'homme, et qu'à l'in-
star, comme on dit en province, de Mme Sand,
elle endossait l'habit noir ou la redingote, et
que, passionnée pour le théâtre, elle se rendait
seule à l'orchestre quand la représentation était
intéressante.
On sait aussi qu'un soir ladite artiste disputa
très-vivement à un officier la stalle qu'elle avait
louée, que la dispute finit par une provocation,
et que le lendemain un duel au pistolet eut lieu
entre l'artiste et l'officier, sans que personne
soupçonnât que l'artiste était une dame! (Il est
vrai que cette dame est tout ce qu'il y a de plus
original; non contente d'avoir de la barbe, elle
est courageuse et sait le latin !) '
Les camarades de cette artiste distinguée com-
mencèrent par essayer de la tourner en ridicule:
ils la rasèrent, comme on dit en argot de cou-
lisses, mais sans succès. La femme, c'en est une
, vraie, et une femme de beaucoup d'esprit, sut
très-bien se défendre, elle ne mit même pas l'é-
pée à la main, elle ne tira pas de leur boite les
fameux pistolets qui, autrefois, lui avaient
servi à faire respecter son fauteuil d'orchestre;
elle se contenta de ne pas se fâcher. Les ca-
! marades comprirent et les plaisanteries sur la
! barbe disparurent. Il n'en est pas de même
pour la pauvre ouvrière dont je vous parlais
quelques lignes plus haut. Le courage lui a. fait
défaut, à cette enfanl, elle s'est coupé la gorge
avec ce rasoir qui l'avait trahie, puisqu'il n'em-
pêchait pas qu'on se moquât d'elle !
— Triste, n'est-ce pas, cette histoire vraie 1
Il y a longtemps, il faut en convenir, qu'on n'avait
prêté un mot à Rossini. C'est probablement pour ré-
parer cet oubli, dit Jean de Paris de l'Indépendance
belge, qu'on lui attribue la réponse suivante :
Un des visiteurs habituels de la villa de Pas-
sy racontait l'autre jour au maestro les mésa-
yentures des Parisiens à Londres. Le narrateur
expliquait comment l'heureux effet de certains
décors et d'un ballet réussi avait été paralysé
par la prose de M. Clair ville.
— Nous comprenez, ajoutait-il, le dialogue
empêche tout.
— Parfaitement, fit Rossin:. C'est une housse
cui abime les meubles.
I
tin carnet de bal égaré par une jeune fille me tombe I
dernièrement sous la main, dit M. Henry de Nettes ]
dans le Grand journal. J'y JolIe indiscrètement les j
veux, et je lis, à côté du mot valse, le cliiffre, 3,000, à
côté du mot polka, le chiffre 2,400.
Que signifie ce mystère?
Je vais aux informations et j'apprends que
P.,000 et 2,400 veulent dire 3,000 et 2,400 fr.
d'appointements.
La jeune fille ne s'est pas occupée du nom de
ses danseurs, elle a. se'jic;i:-('n' demandé a ure
amie ce qu'ils gagnaient à leur bureau ou a leur
m:l1:s!i'/,e, et elle les a désignés par un chiffre,
celui de leurs appointements. i
Où allonf-nous ! ! !
I
Une aventure singulière, racontée par le Progrès de
Lyon, a égayé ces jours derniers les habitants de Lons-
le-Saulnier :
M. M..., libraire de cette ville, était allé voir
à Lyon un de ses fils.
A son retour, il eut le malheur d'entrer, lui
dixième, dans lin wagon occupé par de braves
montagnards du Jura.
Au bout de quelques minutes, M. M... bon-
dissait sous les mille piqûres d'ennemis invisj^.
bles que son étroit compartiment ne lui permet-
tait pas de pourchasser.
Arrivé à la station d'Ambérieux, l'infortuné
voyageur s'empresse de quitter son wagon. Il en
aperçoit un entièrement vide, et il s'y préci-
pite.
Le train est reparti, il court à la vitesse de
60 kilomètres. M. M..., toujours harcelé, prend
le parti de poursuivre son ennemi dans ses re-
traites les plus secrètes.
Il se met alors à secouer vigoureusement son
inexpressible par la portière.
0 désespoir ! le vêtement échappe dès mains
qui l'agitaient. Il n'est déjà plus qu'un point
perdu dans l'espace, et la station de Saint-Ram-
bert est signalée.
Là, le train s'arrête. Les voyageurs se préci-
pitent vers le wagon occupé par une personne
seule. Mais M. M..., les coudes appuyés sur la
portière, s'oppose à leur ,entrée.
— Vous n'entrerez pas ! s'écrie-t-il d'une yoix
forte ; cela est impossible.
Le chef de gare intervient.
La vue de ce voyageur à la figure injectée, aux
yeux hagards, lui donne des soupçons. Il par-
vient à passer la tête par la fenêtre latérale op-
posée! Pour» lui, ce n'est plus un honnête et
paisible voyageur qu'il a sous les yeux, c'est un
highlander dans son costume le plus primitif!
Le chef de gare, convaincu qu'il a affaire à un
fou, écarte discrètement les voyageurs et s'em-
presse de télégraphier ce qui se passe.
A chacune des stations suivantes, M. M...
prend les mêmes dispositions menaçantes pour
défendre l'entrée de son wagon.
Soins inutiles, peisonne n'ose approcher; le
chef de gare seulement s'assure de sa présence.
Mais à la station de Lons-le-Saulnier, d'autres
dispositions avaient été prises : quatre gen-
darmes viennent se ranger contre le wagon de
M. M...
Mais celui-ci se montre, appelle le chef de
gare. On s'explique ; la gendarmerie rit : un pan-
talon est apporté, et le malheureux libraire ne
tarde pas à prendre part à l'hilarité générale.
Les habitants de Lons-Íe-Saimier rient en-
core de ceite aventure, qui, avec toutes les ap-
parences de l'iinvraisemblance, est pourtant, des
plus véridiques.
L' Inlenwtiol1(d raconte l'histoire d'une singulière
arrestation qui vient d'être opérée en Angleterre, arres-
tation qui prouve qu'il y a de bien grandes fatalités et
des médecins bien haLites :
Dans un village des environs de Londres, un
pharmacien se trouvait seul dans son laboratoire,^
tors
— entra clic/, lui et le blessa mortellement d 'un i
cou]» de pistolet. L'apothicaire rendit. le dernier
soupir avant d'avoir pu p; OILJlClT une seule pa-
role.
Quel était le coupal)le? ^
Le docteur Cooper examina soigneu-ement h 'i
blessure, et il en conclut que le pistolet avait du
être tiré par un gaucher.
Or, dans le village susdit, il n'y a qu'un seul
homme qui ait cette particularité, et c'est un des
amis intimes du pharmacien. La police a fait
chez lui une descente; cet homme s'est troublé,
et il a reconnu son crime devant le tribunal.
Le magistrat n'a pas encore prononcé la sen-
tence, mais tout fait supposer qu'elle entraînera
la peine capitale.
LES VAUDOUX
LES CANNIBALES
DE SAINT-DOMINGUE
PAR
GUSTAVE AIMARD
Suite (1)
— Halte! dit tout à coup Floréal.
Marcelin s'arrêta et jeta autour de lui des re-
gards curieux.
Ils se trouvaient en ce moment sur les bords
escarpés d'une immense crevasse, large d'une
cinquantaine de pieds au moins; au fond de
cette crevasse on entendait le bruit monotone
d'une eau invisible.
Hum! murmura à part lui le jeune homme,
comment allons-nous traverser cette lagune ?
Cela ne me semble guère facile ; quant à descen-
dre, ajouta-t-il en se penchant sur l'abîme, ce
serait folie d'y songer : les bords sont droits
comme les murailles d'un fort.
; Floréal le regarda un instant avec un mauvais
spurire, puis il se baissa, fouilla dans un buisson,
et de dessous un monc au de feuilles il retira une
corde à nœuds lovée à la marinière.
A l'extrémité de cette corde se trouvait un fort
crampon- de fer.
Le nègre l'assujettit autour du trou d'un
énorme fromager et laissa tomber le reste de la
corde dans l'abîme.
— 'Voilà notre chemin, dit-il en se tournant
avec un ricanement sinistre vers le jeune
homme.
— Sait, répondit laconiquement celui-ci.
— Je passe le premier, reprit Floréal; tu ne
descendras que lorsque je te le dirai; surtout
tiens-toi bien après la corde, si tu ne veux pas
faire une chute de deux cents pieds. As-tu
peur?
— Pourquoi aurai-je peur? fit-il en riant. Ne
vous inquiétez pas de moi ; où vous irez, j'irai
— C'est bien; tu es un brave.
— Vous me l'avez déjà dit cette nuit, répondit
le jeune homme en montrant son bras.
Le nègre se coucha sur le bord du précipice,
saisit la corde et disparut.
Malgré lui, l'intrépide jeune homme jeta un
regard soupçonneux autour de lui; la pensée de
fuir traversa son esprit, mais cette hésitation ou
cette peur n'eut que la durée d'un éclair. "
(1) Voir les numéros parus depuis le 28 août.
— Le dangrr, si le danger existe, est der.ière
piOl, se dit-il ; ces bois sont pleins d'embûches,
chaque feuille a des yeux, chaque tronc d'arbre "
I des oreilles pour m'espionner.
En ce moment, la voix de Flore 1 s'éleva du
fond de la crevasse.
— "icDS, dU -e:Je.
— A la grâce de Dieu, reprit le jeune homme,
Sotn ne meurt qu'une fois !
Et, après avoir fait le signe de la croix, il se
coucha sur le sol, empoigna résolument la corde
et commença il descendre.
Il sentit que, pour lui rendre la descente plus
facile, la corde était fortement maintenue du
bas ; cela le rassura. Floréal n'en voulait pas à
sa vie ; toute son insouciance lui revint subite-
ment, et il continua gaiment à descendre.
La lumière, déjà faible sur le bord de la cre-
vasse, diminuait rapidement, au fur et à mesure
qu'il s'enfonçait dans l'intérieur. Bientôt, il se
trouva dans une obscurité profonde ; le bruit de
l'eau devenait de plus en plus fort. Il descendait
toujours ; cela dura ainsi plus de huit minutes.
D'après son calcul, il devait être au moins à
quatre-vingts pieds de profondeur.
— Arrête, dit tout à coup à son oreille la voix
de Floréal.
Sans se déconcerter, il obéit, lâcha la corde,
et se sentit violemment tiré en arrière.
— Voilà qui est fait, dit le nègre.
— Où sommes-nous?
— Tu vas le voir, attends que je fasse de la
lumière.
Floréal battit le briquet et alluma une torche
de bois chandelle.
L'endroit où ils se trouvaient, ainsi que le re-
connut Marcelin d'un coup d'œil, était l'ouver- 1
ture d'une*grotte naturelle qui semblait s'enfon-
cer dans les entrailles de la terre.
— Diable ! (lit le jeune homme, on est à l'abri
des embuscades ici, l'endroit est bien choisi.
: — N'est-ce pas ?
j — Est-ce que nous sommes ar.ivés?
| — Pas encore.
Floréal se pencha à l'ouverture de la grotte et
siffla d'un certaine façon, un siiflet pareil lui ré-
pondit aussitôt du haut de la crevasse, et la.
corde fut retirée par des mains invisibles.
— Eh 1 eh! j'ai bien fait de descendre, murmura
le jeune homme, je ne m'éiais pas trompé, il y
avait des espions derrière les fromagers et les
catalpas.
j — Suis-moi, reprit Floréal.
' — Où cela ?
! —Par ici, dit-il, en sortant surune espèce d'es-
planade qui se trouvait devant la grotte et mon-
trant à son compagnon à la lueur de la torche
qu'il tenait à la main, un énorme tronc de ca-
talpa jeté en travers de la crevasse et dont l'ex-
trémité opposée reposait sur une plate-forme
semblable à celle sur laquelle ils étaient arrêtés,
voilà où il nous faut passer, ajouta-t-il.
— Diable! fit le jeune homme.
— Tu dis?
— Rien.
— Nous sommes.à cent vingt pieds de'profon-
deur, c'est-à-dire à peu près à la moitié de la
crevasse dont tu entrevois les eaux au-dessous
de nous, regarde.
(La suite au prochain fèun&4r#.: .
te rédacteur en chef,
A. DE BALATHIER BRAGKLONNK.
Paris. —Imprimerie Vallée, 15, rue Rrsda.
VARIÉTÉS
La mécanique et la vapeur dont on connaît les ré-
centes et ingénieuses applications au cylindrage, ainsi
qu'au balayage de nos grandes voies publiques, parais-
sent également destinées à jouer un rôle des plus utiles
dans la fabrication des pavés nécessaires à l'entretien
de ces voies. L'ancien genre d'exploitation des car-
rières de grès ne répondait plus aux exigences d'une
consommation toujours croissante; il exerçait de plus
une influence lâcheuse sur la santé des ouvriers. Voici,
en quelques mots, comment il se pratique : une fois le
rocher mis à découvert et livré aux carriers, ceux-ci
attaquent le banc général pir l'action de la mille et
en détachent des blocs dont le volume est quelquefois
de plusieurs mètres cubes et qui doivent élre ensuite
refendus jusqu'à ce que chacune de leurs parties puisse
être débitée au couperet en pavés de divers échantil-
lons. Les carriers exécutent cette opération en rra p-
pant à force de bras, avec des masses de vingt kilo-
grammes, sur des coins enchâssés dans les mortaises,
ce qui constitue un travail des plus pénibles. Les pa-
vés ainsi fabriqués sont montés à dos d'homme sur le
plateau de la carrière, et les monteurs suivent, au pé-
ril de leur vie, des chemins inclinés formés de p'ats-
bords suspendus au-dessus de la forme et du rocher
découvert.
Dans une carrière située à Marcoussis, dans le dé-
partement de Seine-et-Oise, et qui appartient à la ville
de Paris, on a recours à des moyens mécaniques qu'on
ne saurait trop souhaiter de voir se généraliser. Trans-
port des terres provenant du découvert du rocher ;
fente des blocs détachés du banc général par l'action '
de la mine et renversés dans la forme : montagne sur
le plateau de la carrière des pavés fabriqués dans la
forme : telles sont les trois opérations distinctes aux-
quelles suffit une seule machine.
Cette machine se compose d'abord d'un pont sup-
porté par deux systèmes de rails établis, l'un sur le
rocher découvert, l'autre sur les murs en débris de
grès limitant la forme. Mobile dans le sens longitudi-
nal de la carrière, ce pont porte un chemin de fer ho-
rizontal sur lequel se meut verticalement un châssis
comprenant le mécanisme d'un marteau-pilon d'un
poids coiisidéral)le ; ce marteau jouit ainsi de trois
mouvements rectangulaires et peut être amené au-des-
sus d'un point quelconque des blocs de la -c;irrière. La
machine. se complète par quatre voies ferrées iiclinées;
les deux premières ont pour objet de monter sur le
plaleau de la carrière les pavés fabriqués dans la for-
me, sur les deux autres se meuvent des wagons ser-
vant au transport des terres provenant du découvert du
rocher et qui sont jetées par des terrassiers dans des
Irémis dont le fond mobile S'OUH'! lors du passage du
wagon qui reçoit ainsi son eliar,!zLnictit. Enfin un ap-
parc-il à vapeur assure le mouvement de translation de
tout l'appareil, la marche du wagon et le jeu du mar-
leau-pilon.
En résumé, l'expérience déjà longue faite sur la car-
rière de Marcoussis, ne peut laisser aucun doute sur
le succès, au point de vue pratique et commercial, de
l'cssai tenté par la ville do Paris. Il est désormais prou-
vé que l'exploitation d'une carrière peut être opérée
mécaniquement ; que les parties du travail les plus
dangereuses pour les ouvriers peuvent être faites avec
une extrême facilité ; que le jeu de la machine apporte
dans l'ensemble de la fabrication une économie cer-
taine, et qu'il assure un meilleur aménagement du
travail et un emploi plus complet de la manière pre-
mière. De pareils résultats méritent de fixer vivement
l'attention.
On ne tardera pas à démolir, pour le tracé du bou-
levard Ilaussmann, un immeuble auquel se rattache
un souvenir historique fort curieux : nous voulons
parler de la maison portant le n° 52 de la rue Neuve-
des-Mathurins.
Philippe V, pelil-fils do Louis XIV, appelé au trône
d'Espagne par le testament de Charles 11, fit son entrée
solennelle à Madrid le M avril 1701. Pour célébrer di-
gnement l'arrivée du monarque, les autorités madri-
lènes avaient fait préparer un auto-da-fé, dans lequel
devaient être I)i-ùlés, en grande liciiipe, quatre mal-
heureux que l'inquisition avait condamnés au bûcher
comme coupables d'hérésie.
Philippe V, instruit de ces préparatifs, défendit la
cérémonie, et le lendemain, voulant- signaler son au-
torité par un acte do clémence, il fit grâce aux COll-
pables et obtint du grand-inquisiteur qu'ils fussent
rendus à la liberté.
Deux de ces infortunés, Rose Maria et Martino Palero,
originaires du Portugal, se rendirent à Paris, où un
riche négociant de Lisbonne, établi rue Neuve-des-
Mathurins, 52, leur offrit un asile. Ils se livrèrent au
négoce, et en 1709, alors que la France était éprouvée
par une cruelle Hminç, ils réalisèrent une grande
fortune en faisant venir secrètement des grains do
l'étranger.
; Ils restèrent néanmoins dans leur maison de la rue
Neuve-des-Malhurins, qu'ils avaient meublée avec un
grand luxe. Leur fortune s'élevait à plusieurs millions.
Plus tard, ils se jetèrent à corps perdu dans le système
inauguré par Law et furent complètement ruinés.
Quelques années auparavant, accusés par la rumeur
publique d'avoir enlevé des jeunes filles de onzj ans,
ils avaient vu leur maison envahie par une émeute à
laquelle ils n'échappèrent <¡u'avec peine,
Ils moururent l'un et l'autre dans un état voisin do
la misjre.
La série de vingt-huit statues dont se compose la
galerie des Rois, à Notre-Dame de Paris, est mainte-
nant complète. On vient do hisser dans leurs niches
les deux dernières statues de cette galerie qui s'étend
horizontalement dans tout le travers de la façade occi-
dentale, au-dessus d'une double et élégante rangée de
feuillages, formant séparation awc l'étage inférieur.
Aujourd'hui la galerie des Hois est rétablie dans son.
étal primitif: chacun de ses vingt-huit arcs trilobés
abrite une statue. Ainsi se trouve achevée, sauf quel-
ques détails de peu d'importance, l'oeuvre de res-
tauration entreprise il l'extérieur de Notre-Dame. A
l'intérieur de l'é(litice, outre les travaux que nous avons
déjà mentionnés, ou achève en ce moment le tambour
d'entrée de la porte du croisillon septentrional, appelée
porte du Cloître, 'parce qu'elle s'ouvrait autrefois sur
l'enceinte réservée aux maisons canoniales. L'achève-
ment des travaux considérables, dont cette partie de
l'édifice a été l'objet permettra, do rendre prochaine-
ment au public l'accès de Citte porte.
■t'rts;..;...'/—' - .
Paris. — Imprimerie Vallée ts.lfue Broda. um«
cou]» de pistolet. L'apothicaire rendit. le dernier
soupir avant d'avoir pu p; OILJlClT une seule pa-
role.
Quel était le coupal)le? ^
Le docteur Cooper examina soigneu-ement h 'i
blessure, et il en conclut que le pistolet avait du
être tiré par un gaucher.
Or, dans le village susdit, il n'y a qu'un seul
homme qui ait cette particularité, et c'est un des
amis intimes du pharmacien. La police a fait
chez lui une descente; cet homme s'est troublé,
et il a reconnu son crime devant le tribunal.
Le magistrat n'a pas encore prononcé la sen-
tence, mais tout fait supposer qu'elle entraînera
la peine capitale.
LES VAUDOUX
LES CANNIBALES
DE SAINT-DOMINGUE
PAR
GUSTAVE AIMARD
Suite (1)
— Halte! dit tout à coup Floréal.
Marcelin s'arrêta et jeta autour de lui des re-
gards curieux.
Ils se trouvaient en ce moment sur les bords
escarpés d'une immense crevasse, large d'une
cinquantaine de pieds au moins; au fond de
cette crevasse on entendait le bruit monotone
d'une eau invisible.
Hum! murmura à part lui le jeune homme,
comment allons-nous traverser cette lagune ?
Cela ne me semble guère facile ; quant à descen-
dre, ajouta-t-il en se penchant sur l'abîme, ce
serait folie d'y songer : les bords sont droits
comme les murailles d'un fort.
; Floréal le regarda un instant avec un mauvais
spurire, puis il se baissa, fouilla dans un buisson,
et de dessous un monc au de feuilles il retira une
corde à nœuds lovée à la marinière.
A l'extrémité de cette corde se trouvait un fort
crampon- de fer.
Le nègre l'assujettit autour du trou d'un
énorme fromager et laissa tomber le reste de la
corde dans l'abîme.
— 'Voilà notre chemin, dit-il en se tournant
avec un ricanement sinistre vers le jeune
homme.
— Sait, répondit laconiquement celui-ci.
— Je passe le premier, reprit Floréal; tu ne
descendras que lorsque je te le dirai; surtout
tiens-toi bien après la corde, si tu ne veux pas
faire une chute de deux cents pieds. As-tu
peur?
— Pourquoi aurai-je peur? fit-il en riant. Ne
vous inquiétez pas de moi ; où vous irez, j'irai
— C'est bien; tu es un brave.
— Vous me l'avez déjà dit cette nuit, répondit
le jeune homme en montrant son bras.
Le nègre se coucha sur le bord du précipice,
saisit la corde et disparut.
Malgré lui, l'intrépide jeune homme jeta un
regard soupçonneux autour de lui; la pensée de
fuir traversa son esprit, mais cette hésitation ou
cette peur n'eut que la durée d'un éclair. "
(1) Voir les numéros parus depuis le 28 août.
— Le dangrr, si le danger existe, est der.ière
piOl, se dit-il ; ces bois sont pleins d'embûches,
chaque feuille a des yeux, chaque tronc d'arbre "
I des oreilles pour m'espionner.
En ce moment, la voix de Flore 1 s'éleva du
fond de la crevasse.
— "icDS, dU -e:Je.
— A la grâce de Dieu, reprit le jeune homme,
Sotn ne meurt qu'une fois !
Et, après avoir fait le signe de la croix, il se
coucha sur le sol, empoigna résolument la corde
et commença il descendre.
Il sentit que, pour lui rendre la descente plus
facile, la corde était fortement maintenue du
bas ; cela le rassura. Floréal n'en voulait pas à
sa vie ; toute son insouciance lui revint subite-
ment, et il continua gaiment à descendre.
La lumière, déjà faible sur le bord de la cre-
vasse, diminuait rapidement, au fur et à mesure
qu'il s'enfonçait dans l'intérieur. Bientôt, il se
trouva dans une obscurité profonde ; le bruit de
l'eau devenait de plus en plus fort. Il descendait
toujours ; cela dura ainsi plus de huit minutes.
D'après son calcul, il devait être au moins à
quatre-vingts pieds de profondeur.
— Arrête, dit tout à coup à son oreille la voix
de Floréal.
Sans se déconcerter, il obéit, lâcha la corde,
et se sentit violemment tiré en arrière.
— Voilà qui est fait, dit le nègre.
— Où sommes-nous?
— Tu vas le voir, attends que je fasse de la
lumière.
Floréal battit le briquet et alluma une torche
de bois chandelle.
L'endroit où ils se trouvaient, ainsi que le re-
connut Marcelin d'un coup d'œil, était l'ouver- 1
ture d'une*grotte naturelle qui semblait s'enfon-
cer dans les entrailles de la terre.
— Diable ! (lit le jeune homme, on est à l'abri
des embuscades ici, l'endroit est bien choisi.
: — N'est-ce pas ?
j — Est-ce que nous sommes ar.ivés?
| — Pas encore.
Floréal se pencha à l'ouverture de la grotte et
siffla d'un certaine façon, un siiflet pareil lui ré-
pondit aussitôt du haut de la crevasse, et la.
corde fut retirée par des mains invisibles.
— Eh 1 eh! j'ai bien fait de descendre, murmura
le jeune homme, je ne m'éiais pas trompé, il y
avait des espions derrière les fromagers et les
catalpas.
j — Suis-moi, reprit Floréal.
' — Où cela ?
! —Par ici, dit-il, en sortant surune espèce d'es-
planade qui se trouvait devant la grotte et mon-
trant à son compagnon à la lueur de la torche
qu'il tenait à la main, un énorme tronc de ca-
talpa jeté en travers de la crevasse et dont l'ex-
trémité opposée reposait sur une plate-forme
semblable à celle sur laquelle ils étaient arrêtés,
voilà où il nous faut passer, ajouta-t-il.
— Diable! fit le jeune homme.
— Tu dis?
— Rien.
— Nous sommes.à cent vingt pieds de'profon-
deur, c'est-à-dire à peu près à la moitié de la
crevasse dont tu entrevois les eaux au-dessous
de nous, regarde.
(La suite au prochain fèun&4r#.: .
te rédacteur en chef,
A. DE BALATHIER BRAGKLONNK.
Paris. —Imprimerie Vallée, 15, rue Rrsda.
VARIÉTÉS
La mécanique et la vapeur dont on connaît les ré-
centes et ingénieuses applications au cylindrage, ainsi
qu'au balayage de nos grandes voies publiques, parais-
sent également destinées à jouer un rôle des plus utiles
dans la fabrication des pavés nécessaires à l'entretien
de ces voies. L'ancien genre d'exploitation des car-
rières de grès ne répondait plus aux exigences d'une
consommation toujours croissante; il exerçait de plus
une influence lâcheuse sur la santé des ouvriers. Voici,
en quelques mots, comment il se pratique : une fois le
rocher mis à découvert et livré aux carriers, ceux-ci
attaquent le banc général pir l'action de la mille et
en détachent des blocs dont le volume est quelquefois
de plusieurs mètres cubes et qui doivent élre ensuite
refendus jusqu'à ce que chacune de leurs parties puisse
être débitée au couperet en pavés de divers échantil-
lons. Les carriers exécutent cette opération en rra p-
pant à force de bras, avec des masses de vingt kilo-
grammes, sur des coins enchâssés dans les mortaises,
ce qui constitue un travail des plus pénibles. Les pa-
vés ainsi fabriqués sont montés à dos d'homme sur le
plateau de la carrière, et les monteurs suivent, au pé-
ril de leur vie, des chemins inclinés formés de p'ats-
bords suspendus au-dessus de la forme et du rocher
découvert.
Dans une carrière située à Marcoussis, dans le dé-
partement de Seine-et-Oise, et qui appartient à la ville
de Paris, on a recours à des moyens mécaniques qu'on
ne saurait trop souhaiter de voir se généraliser. Trans-
port des terres provenant du découvert du rocher ;
fente des blocs détachés du banc général par l'action '
de la mine et renversés dans la forme : montagne sur
le plateau de la carrière des pavés fabriqués dans la
forme : telles sont les trois opérations distinctes aux-
quelles suffit une seule machine.
Cette machine se compose d'abord d'un pont sup-
porté par deux systèmes de rails établis, l'un sur le
rocher découvert, l'autre sur les murs en débris de
grès limitant la forme. Mobile dans le sens longitudi-
nal de la carrière, ce pont porte un chemin de fer ho-
rizontal sur lequel se meut verticalement un châssis
comprenant le mécanisme d'un marteau-pilon d'un
poids coiisidéral)le ; ce marteau jouit ainsi de trois
mouvements rectangulaires et peut être amené au-des-
sus d'un point quelconque des blocs de la -c;irrière. La
machine. se complète par quatre voies ferrées iiclinées;
les deux premières ont pour objet de monter sur le
plaleau de la carrière les pavés fabriqués dans la for-
me, sur les deux autres se meuvent des wagons ser-
vant au transport des terres provenant du découvert du
rocher et qui sont jetées par des terrassiers dans des
Irémis dont le fond mobile S'OUH'! lors du passage du
wagon qui reçoit ainsi son eliar,!zLnictit. Enfin un ap-
parc-il à vapeur assure le mouvement de translation de
tout l'appareil, la marche du wagon et le jeu du mar-
leau-pilon.
En résumé, l'expérience déjà longue faite sur la car-
rière de Marcoussis, ne peut laisser aucun doute sur
le succès, au point de vue pratique et commercial, de
l'cssai tenté par la ville do Paris. Il est désormais prou-
vé que l'exploitation d'une carrière peut être opérée
mécaniquement ; que les parties du travail les plus
dangereuses pour les ouvriers peuvent être faites avec
une extrême facilité ; que le jeu de la machine apporte
dans l'ensemble de la fabrication une économie cer-
taine, et qu'il assure un meilleur aménagement du
travail et un emploi plus complet de la manière pre-
mière. De pareils résultats méritent de fixer vivement
l'attention.
On ne tardera pas à démolir, pour le tracé du bou-
levard Ilaussmann, un immeuble auquel se rattache
un souvenir historique fort curieux : nous voulons
parler de la maison portant le n° 52 de la rue Neuve-
des-Mathurins.
Philippe V, pelil-fils do Louis XIV, appelé au trône
d'Espagne par le testament de Charles 11, fit son entrée
solennelle à Madrid le M avril 1701. Pour célébrer di-
gnement l'arrivée du monarque, les autorités madri-
lènes avaient fait préparer un auto-da-fé, dans lequel
devaient être I)i-ùlés, en grande liciiipe, quatre mal-
heureux que l'inquisition avait condamnés au bûcher
comme coupables d'hérésie.
Philippe V, instruit de ces préparatifs, défendit la
cérémonie, et le lendemain, voulant- signaler son au-
torité par un acte do clémence, il fit grâce aux COll-
pables et obtint du grand-inquisiteur qu'ils fussent
rendus à la liberté.
Deux de ces infortunés, Rose Maria et Martino Palero,
originaires du Portugal, se rendirent à Paris, où un
riche négociant de Lisbonne, établi rue Neuve-des-
Mathurins, 52, leur offrit un asile. Ils se livrèrent au
négoce, et en 1709, alors que la France était éprouvée
par une cruelle Hminç, ils réalisèrent une grande
fortune en faisant venir secrètement des grains do
l'étranger.
; Ils restèrent néanmoins dans leur maison de la rue
Neuve-des-Malhurins, qu'ils avaient meublée avec un
grand luxe. Leur fortune s'élevait à plusieurs millions.
Plus tard, ils se jetèrent à corps perdu dans le système
inauguré par Law et furent complètement ruinés.
Quelques années auparavant, accusés par la rumeur
publique d'avoir enlevé des jeunes filles de onzj ans,
ils avaient vu leur maison envahie par une émeute à
laquelle ils n'échappèrent <¡u'avec peine,
Ils moururent l'un et l'autre dans un état voisin do
la misjre.
La série de vingt-huit statues dont se compose la
galerie des Rois, à Notre-Dame de Paris, est mainte-
nant complète. On vient do hisser dans leurs niches
les deux dernières statues de cette galerie qui s'étend
horizontalement dans tout le travers de la façade occi-
dentale, au-dessus d'une double et élégante rangée de
feuillages, formant séparation awc l'étage inférieur.
Aujourd'hui la galerie des Hois est rétablie dans son.
étal primitif: chacun de ses vingt-huit arcs trilobés
abrite une statue. Ainsi se trouve achevée, sauf quel-
ques détails de peu d'importance, l'oeuvre de res-
tauration entreprise il l'extérieur de Notre-Dame. A
l'intérieur de l'é(litice, outre les travaux que nous avons
déjà mentionnés, ou achève en ce moment le tambour
d'entrée de la porte du croisillon septentrional, appelée
porte du Cloître, 'parce qu'elle s'ouvrait autrefois sur
l'enceinte réservée aux maisons canoniales. L'achève-
ment des travaux considérables, dont cette partie de
l'édifice a été l'objet permettra, do rendre prochaine-
ment au public l'accès de Citte porte.
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