Titre : La Petite presse : journal quotidien... / [rédacteur en chef : Balathier Bragelonne]
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1870-06-25
Contributeur : Balathier Bragelonne, Adolphe de (1811-1888). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32837965d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 25 juin 1870 25 juin 1870
Description : 1870/06/25 (A5,N1528). 1870/06/25 (A5,N1528).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k47169563
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-190
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 22/10/2017
LA PETITE PRESSE
JOURNAL QUOTIDIEN
5 cent. le numéro.
5 cent. le numéro.
A R'ONNRMEl\:TS. - Trois TM«t Fix moi, 1"'. a.
Paris.....,,. 5 fr. 1} fr.
Départements 6 11 88 rr.
,l dministrateur: Bo U RD IL LIAT.
a aimée — SAMEDI 2f. JUIN 1870 — No 1523
Rédacteur en tthnf: A. DR B \L AT RN K N-BIU CÏ K LO NÎGR
1 BU AEn^fM^A°ONNE:Vi:EVr: 9,
ADMINISTRATION : lJt g(jal VolUw.
PARIS, 24 JUIN 1870
L'HOTEL DES INVALIDES
I
II est de nouveau question,Wr' Corpé lé-
gislatif et dans les journaux, do '-la Suppres-
sion des Invalides. Pas d'équ*voqu -nit-m-h
serverait l'institution, mais on tranformerait
l'hôtel. Le Gaulois parlait, il y a quelques
d'un projet qui pourrait se résumer
ai fi si :
Les bâtiments principaux seraient occu-
pes par le ministre de la guerre; Je musée
d'artillerie serait installé dans les salles du
irz-de-chaussée.
Les bâtiments secondaires disparaîtraient.
On percerait deux boulevards de chaque côté
de l'hôtel, et l'on créerait un quartier, égayé
et rafraîchi par un square dessiné autour du
tJÔmtJ.
L'esplanade deviendrait une. place monu-
mentale, avec de grandes maisons unifor-
mes comme celles de la place Royale et de
ia place Vendôme. Ces maisons seraient pré-
cédées d'un jardin, afin de conserver les plus
beaux arbres de l'esplanade.
Au milieu de la place s'élev8rait la statue
équestre de Napoléon.
Un tel projet restüra-t-il à l'état de projet ?
Se traduira t-il en fait? Avant de le discuter,
je crois qu'il est bon d'exposer la question
des invalides et de raconter l'hisloire de leur
hôt.f-L
Kiït invalide tout citoyen qu'un nccideL,
une blessure, J'ûge ou'la maladie ont privé
de ses forces et des moyens de gagner sa vie
en travaillant. Les soldats munies ou airai-
Jd is sont donc des invalides.
(J hez les Grecs el chez les Romains, le service
militaire n'était pas une profession ayant ses
vr.gles et ses limites, mais une obligation
que chaque individu devait remplir. Les ris-
que^ de la guerre étaient, donc des risques
prives. Les soldats étaient des volontaires, et
versaient leur sang comme ils payaient l'im-
pôt. Cependant. l'Etat consentait, sans y voir
une obligation, à venir en aide aux citoyens
pauvres et blessés. A Athènes, un certain
nombre d'entre eux étaient nourris aux frais
du trésor public dans les écoles et les lycées.
A Rome, on distribuait des terres aux vété-
rans.
Les premiers rois francs acceptèrent la
l ['adition latine : les bénéfices, les fiefs, fu-
'^rônt d'abord des rémunérations militaires,
'..:ir:' is au profit des seuls chefs. Quant aux
■sinjples soldats, on leur réservait quelques
envois de domesticité. Parfois les chefs
Vir faisaient une petite part dans le domaine
- X(IU "ils avaient reçu. Neuf cent quatre-vingt-
dix-neuf fois sur mille, les pauvres diables
n avaient de ressources que dans une vie
d'aventures; ils mendiaient, volaient, s'as-
sociaient pour exercer le brigandage sur les
grands chemins.
ChnrJemagne,-' assure-t-on, — eut le pre-
mier l idée de remédier à cet état de choses.
Il se souvint que son aïeul Charles Martel
avait souvent gratifié ses capitaines d'ab-
bayes et d'éveches. Il va sans dire que ces
soudards ne se faisaient pour cela ni moines
ni prêtres; seulement ils touchaient les re-
venus de la donation. C'est l'histoire des bu-
reaux de tabac : les veuves de généraux qui
les obtiennent n.e se tiennent pas au comp-
toir pour peser le caporal ou offrir quatre
bien secs aux clients; elles laissent ces soins
familiers a des gérants, qui leur paient une
rente en échange.
-— Les monastères,— se dit Charlemagne,
riches des dons des rois, des aumônes et des
legs des fidèles, peuvent très-bien nourrir,
loger et entretenir ceux de mes hommes qui
seront revenus de la guerre blessés ou im-
potents.
De là l'origine des ObloAs ou des Moines
lais, c est-à-dire Inïqum'I, que les vrais moi-
nes utilisaient en leur faisant balayer la
chapelle et sonner les caches s'ils avaient en-
core leurs bras, qui chantaient les psaumes
el, faisaient les courses s'il ne l«ur restait plus
que les jambes.
Ces moines lais ne brillaient pas, en gé-
néral, par une conduite exemplaire. On avait
voulu les empêcher de mourir de faim; trop
souvent ils ne mouraient pas non plus de
soif. On les rapportait ivres au couvent, ou
bien on les rencontrait prenant le menton
des jolies filles sur le seuil des hôtelleries.
Le clergé souffrait de ces scandales et résis-
tait le plus possible à l'admission des proté-
gés du roi. Aussi la mendicité française
" ' '
i
contim.m-t-elle à se glorifier d'innombrables
héros.
Au système des oblats, on adjoignit alors
celui des Mortes-payes, espèces de vétérans
exempts d'impôts, pourvus de petitsemplois
réservés, le plus souvent de la garde des
châteaux. Ils ne touchaient plus la solde de
campagne, mais enfin ils pouvaient vivre et
n'étaient plus réduits à implorer ou à dé-
trousser les passants.. j
Les Quinze-Vingts; créés par Louis IX
pour recevoir 300 gentilshommes privés de
la vue par les Sarrazins, furent une fonda-
tion aristocratique exceptionnelle, qu'il fau-
drait trop de bonne volonté pour considérer
comme un premier hôtel des Invalides.
Henri III plaça, dans l'hôpital de la Cha-
rité chrétienne, rue de l'Arbalète, à Paris,
des officiers et des solda.ts estropiés, à l'en-
tretien desquels il affecta des pensions. Ce
roi, coquet comme une femme, avait
comme on. le sait — la manie des ordres et
dt's costumes. Il voulut faire de ses Invalides
des chevaliers,'avec une croix de satin blanc
brodée de bleu sur le manteau, et cette de-
vise : Pour avoir bien servi. Inutile d'ajouter
que ce projet ne fut pas mis à exécution.
Henri IV, — moins cérémonieux, mais
plus pratique, — se contenta d'ajouter à
l'hôpital de Charité chrétienne une autre
maison située rue de I*OLireine,- et d'attribuer
à cet établissement le produit de diverses
amendes.
Efforts incomplets. Un an après sa mort,
les deux hôpitaux étaient si pauvres et en si
mauvais état, qu'on dut en répartir les pen-
sionnairos dans les couvents, comme cela se
pratiquait du temps de Charlemagne.
L idée des Invalides, telle que l'exprime
le mot aujourd'hui, est une idée de Riche-
lieu. C'est lui qui, pour mettre fin à la rnw
sère des anciens soldats et à tous les [abus
qui en étaient la suite, fit ordonner — par
un édit du roi Louis XIII la création d'une
communauté où tous les estropiés de l'armée
seraient nourris et entretenus pendant le
reste de leur vie. Cette communauté port-
rait le titre de Commanderie de Saint-Louis.
Lc' 7 août 1634, les travaux commencèrent
par ordre du ministre. Le 27 septembre, on
les inaugurait par une grande procession,
croix et bannière en tète. Quelques mois plus
tard, les premiers murs s'écroulaient; la
pénurie d'argent et les préoccupations poli^
tiques empêchèaent qu'on lîs relevât.
Le ma!, cependant, crevait les yeux. Après l
les grandes guerres du commencement da *
règne de Louis XIV, Paris était plein de
soldats réduits à la dernière extrémité. Les'
ordonnances prescrivaient de les faire sortir
de la ville, de les envoyer dans les pays de
frontières, leur défendaient de tendre fck
main. Mais les ordonnances restaient non.
avenues. Le ministre de la guerre, Louvois,
dut en revenir à l'idée de Richelieu. Un édit,
ordonna la construction immédiate de l'hôtel
des Invalides. En attendant que cet hôtel
pût être occupé, on loua, rue du Cherche- 1
Midi, une vaste maison pouc loger les pen-
sionnaires.
Vers la fin de 1674, quatre ans après l'édit,
on transféra ces derniers dans leur demeure
définitive.
Je trouve dans le Paris-Guide le récit des
premières visites du roi :
1
« Il arriva par une belle journée du mois
d ^ octobre, dans un brillant carrosse attelé
de huit chevaux blancs, suivi de nombreux
équipages ; les carrosses défilèrent et ne s'ar-
rêtèrent que dans la cour d'honneur.
j « A deux heures, débouchèrent les prin»'
jcipaux Invalides marchant par trois de
front :
« Deux soldats presque centenaires, qui, ■
avaient assisté aux batailles d'Arqués et
d'Ivry, tenaient la tête du cortège, dans
lequel se trouvaient aussi les plus anciens.
pensionnaires. -
« On mit à la tête de l'administration et
dn gouvernement de l'Hôtel Lemaeon-d'Or-
moy, prévôt des bandes à la police du ré-
giment des gardes-françaises.
cc Louis XIV vint une seconde fois, ilccüm- •
pagnédeMmede Mninlenon,visiler l'hôtel.
« Aussitôt que son carrosse eut franchi la
porte, plusieurs invalides se portèrent au-
devant des gardes du corps formant l'escorte -
et les empêchèrent d'avancer, en leur disant
que, du moment où Sa Majesté entrait dans
l'Hôte!, elle ne devait avoir d'autre garde
que se3 vieux serviteurs; (lue ceux qui l'a-
vaient défendue sur les champs de fcaiaille
pouvaient bien veiller sur elle quand il lui '
plaisait de venir les voir.
« Une vive altercation s'engage à ce SM-.
jet et appelle l'attention du roi, qui., ins-
ROCAMBOLE
NOUVEL ÉPISODE
LA CORDE DU PENDU
s»
LXXXIX
Il Y n, paraît-il, deux calories bien dis-
tinctes de somnambules.
La première comprend les sujets qui ne
peuvent s'endormir qu'à l'aide d'un magné-
tiseur.
La seconde so coMpose de ceux qtd s'endor-
ment tout seuls, par le seul rait de 1,1 vo-
lonté.
La somnamlHtb de 1 île de Man était de ce
nombre.
Elle avait fermé les yeux et demeurait im-
mobile.
M. John Bell et ses compagnons gardaient
le silence; mais on eût entendu les battements
de cœur du directeur de Bedlam.
Quelq-ues minutes s'écoulèrent.
Enfin la tête de la somnambule s'inclina
doucement sur son épaule gauche.
En même temps ses lèvres s'entr'ouvrirent
H elle dit :
— Je vois...
Ali ! s'écria M. John Bell, vous voyez ?
— Oui, interrogez-moi.
— Savez-vous qui ja suis? demanda le di-
recteur frémissant.
— Vous êtes un noble lord.
M. John Bell se. retourna vers tous ses com-
pagnons d'un air triomphant.
— Vous le voyez, dit-il ; elle l'a dit, je suis
un noble lord.
— Vous êtes à ia recherche d'un trésor,
poursuivit la somnambule.
C'est vrai.
— D'un trésor enfoui»
; C'est encore vrai. Mais... le trouverai-je?
Et la voix de M. John Bell tremblait d'é-
motion.
— Vous le trouverez, dit encore la somnam-
! Jmle.
— Quand?
— Avant huit jours.
— Eu quel endroit? Voyez-vous où il est?
— Oui.
— Oli ! alors, dites vite, lit M. John Bell
dont les yeux étaient enflammés.
La somnambule ne répondit pas.
Mais parlez -donc ! s'écria encore M. John
Bell.
— Elle est, fatiguée... attendez,., soufflai
Marmouset à son oreille. i
EL maigre son impatience, M. John Bell at- '
tendit. j
Enfin la somnambule se remit à parlor.
— Je Yois, dit-elle, au delà de la mer une !
terre ; ce n'est pas un continent, c'est une ile. :
— L'Irlande? , j
— Peut-ctrc hien... oui, c'est l'friande. !
— Après ? ayrùa? tU le bouillant directeur.1
— Vous vous embarquerez et vous touche-
rez à un petit port qui est au de cette
terre.
—C'est Cork..?
— Oui, c'est possible.
— Après ?
— Vous prendrez un chemin qui s'étenâ
derrière le port, et vous gravirez une colline: t
Vous marcherez pendant deux heures «n-j
viron.
— Et puis je m'arrêterai ?
— Vous arriverez au milieu d'une vaste foVêf
de chênes dont les arbres ont plus de deyalt
siècles.
- Ah! ! fit M. John Bell qui palpitait «t se
suspendait aux lèvres de la somnambule.
— Le trésor que vous cherchez est enfoui air
pied de l'un de ces arbres.
— Lequel ?
Mais la somnambule se tut de nouveau.
Le visage de M. John Bell était inond&cfô
sueur.
— Après ? après ? disait-il d'UM vQi,* étran-
glée.,
.
V'ur le iluznlro du 12 jain 1S69.
JOURNAL QUOTIDIEN
5 cent. le numéro.
5 cent. le numéro.
A R'ONNRMEl\:TS. - Trois TM«t Fix moi, 1"'. a.
Paris.....,,. 5 fr. 1} fr.
Départements 6 11 88 rr.
,l dministrateur: Bo U RD IL LIAT.
a aimée — SAMEDI 2f. JUIN 1870 — No 1523
Rédacteur en tthnf: A. DR B \L AT RN K N-BIU CÏ K LO NÎGR
1 BU AEn^fM^A°ONNE:Vi:EVr: 9,
ADMINISTRATION : lJt g(jal VolUw.
PARIS, 24 JUIN 1870
L'HOTEL DES INVALIDES
I
II est de nouveau question,Wr' Corpé lé-
gislatif et dans les journaux, do '-la Suppres-
sion des Invalides. Pas d'équ*voqu -nit-m-h
serverait l'institution, mais on tranformerait
l'hôtel. Le Gaulois parlait, il y a quelques
d'un projet qui pourrait se résumer
ai fi si :
Les bâtiments principaux seraient occu-
pes par le ministre de la guerre; Je musée
d'artillerie serait installé dans les salles du
irz-de-chaussée.
Les bâtiments secondaires disparaîtraient.
On percerait deux boulevards de chaque côté
de l'hôtel, et l'on créerait un quartier, égayé
et rafraîchi par un square dessiné autour du
tJÔmtJ.
L'esplanade deviendrait une. place monu-
mentale, avec de grandes maisons unifor-
mes comme celles de la place Royale et de
ia place Vendôme. Ces maisons seraient pré-
cédées d'un jardin, afin de conserver les plus
beaux arbres de l'esplanade.
Au milieu de la place s'élev8rait la statue
équestre de Napoléon.
Un tel projet restüra-t-il à l'état de projet ?
Se traduira t-il en fait? Avant de le discuter,
je crois qu'il est bon d'exposer la question
des invalides et de raconter l'hisloire de leur
hôt.f-L
Kiït invalide tout citoyen qu'un nccideL,
une blessure, J'ûge ou'la maladie ont privé
de ses forces et des moyens de gagner sa vie
en travaillant. Les soldats munies ou airai-
Jd is sont donc des invalides.
(J hez les Grecs el chez les Romains, le service
militaire n'était pas une profession ayant ses
vr.gles et ses limites, mais une obligation
que chaque individu devait remplir. Les ris-
que^ de la guerre étaient, donc des risques
prives. Les soldats étaient des volontaires, et
versaient leur sang comme ils payaient l'im-
pôt. Cependant. l'Etat consentait, sans y voir
une obligation, à venir en aide aux citoyens
pauvres et blessés. A Athènes, un certain
nombre d'entre eux étaient nourris aux frais
du trésor public dans les écoles et les lycées.
A Rome, on distribuait des terres aux vété-
rans.
Les premiers rois francs acceptèrent la
l ['adition latine : les bénéfices, les fiefs, fu-
'^rônt d'abord des rémunérations militaires,
'..:ir:' is au profit des seuls chefs. Quant aux
■sinjples soldats, on leur réservait quelques
envois de domesticité. Parfois les chefs
Vir faisaient une petite part dans le domaine
- X(IU "ils avaient reçu. Neuf cent quatre-vingt-
dix-neuf fois sur mille, les pauvres diables
n avaient de ressources que dans une vie
d'aventures; ils mendiaient, volaient, s'as-
sociaient pour exercer le brigandage sur les
grands chemins.
ChnrJemagne,-' assure-t-on, — eut le pre-
mier l idée de remédier à cet état de choses.
Il se souvint que son aïeul Charles Martel
avait souvent gratifié ses capitaines d'ab-
bayes et d'éveches. Il va sans dire que ces
soudards ne se faisaient pour cela ni moines
ni prêtres; seulement ils touchaient les re-
venus de la donation. C'est l'histoire des bu-
reaux de tabac : les veuves de généraux qui
les obtiennent n.e se tiennent pas au comp-
toir pour peser le caporal ou offrir quatre
bien secs aux clients; elles laissent ces soins
familiers a des gérants, qui leur paient une
rente en échange.
-— Les monastères,— se dit Charlemagne,
riches des dons des rois, des aumônes et des
legs des fidèles, peuvent très-bien nourrir,
loger et entretenir ceux de mes hommes qui
seront revenus de la guerre blessés ou im-
potents.
De là l'origine des ObloAs ou des Moines
lais, c est-à-dire Inïqum'I, que les vrais moi-
nes utilisaient en leur faisant balayer la
chapelle et sonner les caches s'ils avaient en-
core leurs bras, qui chantaient les psaumes
el, faisaient les courses s'il ne l«ur restait plus
que les jambes.
Ces moines lais ne brillaient pas, en gé-
néral, par une conduite exemplaire. On avait
voulu les empêcher de mourir de faim; trop
souvent ils ne mouraient pas non plus de
soif. On les rapportait ivres au couvent, ou
bien on les rencontrait prenant le menton
des jolies filles sur le seuil des hôtelleries.
Le clergé souffrait de ces scandales et résis-
tait le plus possible à l'admission des proté-
gés du roi. Aussi la mendicité française
" ' '
i
contim.m-t-elle à se glorifier d'innombrables
héros.
Au système des oblats, on adjoignit alors
celui des Mortes-payes, espèces de vétérans
exempts d'impôts, pourvus de petitsemplois
réservés, le plus souvent de la garde des
châteaux. Ils ne touchaient plus la solde de
campagne, mais enfin ils pouvaient vivre et
n'étaient plus réduits à implorer ou à dé-
trousser les passants.. j
Les Quinze-Vingts; créés par Louis IX
pour recevoir 300 gentilshommes privés de
la vue par les Sarrazins, furent une fonda-
tion aristocratique exceptionnelle, qu'il fau-
drait trop de bonne volonté pour considérer
comme un premier hôtel des Invalides.
Henri III plaça, dans l'hôpital de la Cha-
rité chrétienne, rue de l'Arbalète, à Paris,
des officiers et des solda.ts estropiés, à l'en-
tretien desquels il affecta des pensions. Ce
roi, coquet comme une femme, avait
comme on. le sait — la manie des ordres et
dt's costumes. Il voulut faire de ses Invalides
des chevaliers,'avec une croix de satin blanc
brodée de bleu sur le manteau, et cette de-
vise : Pour avoir bien servi. Inutile d'ajouter
que ce projet ne fut pas mis à exécution.
Henri IV, — moins cérémonieux, mais
plus pratique, — se contenta d'ajouter à
l'hôpital de Charité chrétienne une autre
maison située rue de I*OLireine,- et d'attribuer
à cet établissement le produit de diverses
amendes.
Efforts incomplets. Un an après sa mort,
les deux hôpitaux étaient si pauvres et en si
mauvais état, qu'on dut en répartir les pen-
sionnairos dans les couvents, comme cela se
pratiquait du temps de Charlemagne.
L idée des Invalides, telle que l'exprime
le mot aujourd'hui, est une idée de Riche-
lieu. C'est lui qui, pour mettre fin à la rnw
sère des anciens soldats et à tous les [abus
qui en étaient la suite, fit ordonner — par
un édit du roi Louis XIII la création d'une
communauté où tous les estropiés de l'armée
seraient nourris et entretenus pendant le
reste de leur vie. Cette communauté port-
rait le titre de Commanderie de Saint-Louis.
Lc' 7 août 1634, les travaux commencèrent
par ordre du ministre. Le 27 septembre, on
les inaugurait par une grande procession,
croix et bannière en tète. Quelques mois plus
tard, les premiers murs s'écroulaient; la
pénurie d'argent et les préoccupations poli^
tiques empêchèaent qu'on lîs relevât.
Le ma!, cependant, crevait les yeux. Après l
les grandes guerres du commencement da *
règne de Louis XIV, Paris était plein de
soldats réduits à la dernière extrémité. Les'
ordonnances prescrivaient de les faire sortir
de la ville, de les envoyer dans les pays de
frontières, leur défendaient de tendre fck
main. Mais les ordonnances restaient non.
avenues. Le ministre de la guerre, Louvois,
dut en revenir à l'idée de Richelieu. Un édit,
ordonna la construction immédiate de l'hôtel
des Invalides. En attendant que cet hôtel
pût être occupé, on loua, rue du Cherche- 1
Midi, une vaste maison pouc loger les pen-
sionnaires.
Vers la fin de 1674, quatre ans après l'édit,
on transféra ces derniers dans leur demeure
définitive.
Je trouve dans le Paris-Guide le récit des
premières visites du roi :
1
« Il arriva par une belle journée du mois
d ^ octobre, dans un brillant carrosse attelé
de huit chevaux blancs, suivi de nombreux
équipages ; les carrosses défilèrent et ne s'ar-
rêtèrent que dans la cour d'honneur.
j « A deux heures, débouchèrent les prin»'
jcipaux Invalides marchant par trois de
front :
« Deux soldats presque centenaires, qui, ■
avaient assisté aux batailles d'Arqués et
d'Ivry, tenaient la tête du cortège, dans
lequel se trouvaient aussi les plus anciens.
pensionnaires. -
« On mit à la tête de l'administration et
dn gouvernement de l'Hôtel Lemaeon-d'Or-
moy, prévôt des bandes à la police du ré-
giment des gardes-françaises.
cc Louis XIV vint une seconde fois, ilccüm- •
pagnédeMmede Mninlenon,visiler l'hôtel.
« Aussitôt que son carrosse eut franchi la
porte, plusieurs invalides se portèrent au-
devant des gardes du corps formant l'escorte -
et les empêchèrent d'avancer, en leur disant
que, du moment où Sa Majesté entrait dans
l'Hôte!, elle ne devait avoir d'autre garde
que se3 vieux serviteurs; (lue ceux qui l'a-
vaient défendue sur les champs de fcaiaille
pouvaient bien veiller sur elle quand il lui '
plaisait de venir les voir.
« Une vive altercation s'engage à ce SM-.
jet et appelle l'attention du roi, qui., ins-
ROCAMBOLE
NOUVEL ÉPISODE
LA CORDE DU PENDU
s»
LXXXIX
Il Y n, paraît-il, deux calories bien dis-
tinctes de somnambules.
La première comprend les sujets qui ne
peuvent s'endormir qu'à l'aide d'un magné-
tiseur.
La seconde so coMpose de ceux qtd s'endor-
ment tout seuls, par le seul rait de 1,1 vo-
lonté.
La somnamlHtb de 1 île de Man était de ce
nombre.
Elle avait fermé les yeux et demeurait im-
mobile.
M. John Bell et ses compagnons gardaient
le silence; mais on eût entendu les battements
de cœur du directeur de Bedlam.
Quelq-ues minutes s'écoulèrent.
Enfin la tête de la somnambule s'inclina
doucement sur son épaule gauche.
En même temps ses lèvres s'entr'ouvrirent
H elle dit :
— Je vois...
Ali ! s'écria M. John Bell, vous voyez ?
— Oui, interrogez-moi.
— Savez-vous qui ja suis? demanda le di-
recteur frémissant.
— Vous êtes un noble lord.
M. John Bell se. retourna vers tous ses com-
pagnons d'un air triomphant.
— Vous le voyez, dit-il ; elle l'a dit, je suis
un noble lord.
— Vous êtes à ia recherche d'un trésor,
poursuivit la somnambule.
C'est vrai.
— D'un trésor enfoui»
; C'est encore vrai. Mais... le trouverai-je?
Et la voix de M. John Bell tremblait d'é-
motion.
— Vous le trouverez, dit encore la somnam-
! Jmle.
— Quand?
— Avant huit jours.
— Eu quel endroit? Voyez-vous où il est?
— Oui.
— Oli ! alors, dites vite, lit M. John Bell
dont les yeux étaient enflammés.
La somnambule ne répondit pas.
Mais parlez -donc ! s'écria encore M. John
Bell.
— Elle est, fatiguée... attendez,., soufflai
Marmouset à son oreille. i
EL maigre son impatience, M. John Bell at- '
tendit. j
Enfin la somnambule se remit à parlor.
— Je Yois, dit-elle, au delà de la mer une !
terre ; ce n'est pas un continent, c'est une ile. :
— L'Irlande? , j
— Peut-ctrc hien... oui, c'est l'friande. !
— Après ? ayrùa? tU le bouillant directeur.1
— Vous vous embarquerez et vous touche-
rez à un petit port qui est au de cette
terre.
—C'est Cork..?
— Oui, c'est possible.
— Après ?
— Vous prendrez un chemin qui s'étenâ
derrière le port, et vous gravirez une colline: t
Vous marcherez pendant deux heures «n-j
viron.
— Et puis je m'arrêterai ?
— Vous arriverez au milieu d'une vaste foVêf
de chênes dont les arbres ont plus de deyalt
siècles.
- Ah! ! fit M. John Bell qui palpitait «t se
suspendait aux lèvres de la somnambule.
— Le trésor que vous cherchez est enfoui air
pied de l'un de ces arbres.
— Lequel ?
Mais la somnambule se tut de nouveau.
Le visage de M. John Bell était inond&cfô
sueur.
— Après ? après ? disait-il d'UM vQi,* étran-
glée.,
.
V'ur le iluznlro du 12 jain 1S69.
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