Titre : La Petite presse : journal quotidien... / [rédacteur en chef : Balathier Bragelonne]
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1870-05-30
Contributeur : Balathier Bragelonne, Adolphe de (1811-1888). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32837965d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 30 mai 1870 30 mai 1870
Description : 1870/05/30 (A5,N1502). 1870/05/30 (A5,N1502).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k4716930v
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-190
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 22/10/2017
LA PETITE PRESSE
1 9 ? ; s : ' J
JOURNAL QUOFRŒIMJJS,
5 cent. le numéro.
5 cent. le numéro.
AD1>NNRMENTS. - Troiimois Shoots Un ai
P&rls 6 fr. fb fr. t8 fr.
Départements 6 il as
Administrateur: BOURDILLIAT.
V . wiu -*■
mmmmivtfl?
ftma année — LUNDI 30 MAI 1870 — N° 1502
Rédacteur en chef: A. DB B A.L A.T H I K R-BRA & H LO MIL
1 BUREAUX D'ABONNEMENT: 9, rueDpouot
ADMINISTRAI-ION : 13, quai Voltaire.
PARIS, 29 MAI 1870
LES
BAINS EN FRANCE
Quelque temps après la conquête de Gre-
nade, un moine espagnol prêchait contre
l'usage des bains maures et déclarait sus-
pects de sensualisme et d'hérésie ceux qui
n'y renonceraient pas. Le christianisme, —
suivant lui, — dans son mépris de la ma-
tière, devait arriver à la suppression de tous
les soins donnés au corps périssable.
Les papes et les évêques n'allèrent jamais
aussi loin que ce moine, quelque bons chré-
tiens qu'ils fussent.
-. Grégoire de Tours raconte qu'il y avait,
dans les couvents des Gaules, des salles de
bains destinées aux pauvres, et le pape
Adrien lIP recommande au clergé des pa-
roisses d'aller processionnellement et en
chantant des psaumes se baigner le jeudi
de chaque semaine.
Au retour des Croisades, après la mêlée
de l'Occident et de l'Orient, le bain — mis
en honneur — fit partie des cérémonies pré-
paratoires auxquelles étaient soumis les sei-
gneurs avant d'être armés chevaliers. Telle
fut l'origine de l'ordre, militaire du Bains,
instilué par Richard II et qui existe encore
en Angleterre.
m 9
Les bnins publics, à Paris, datent du on-
zième sièc!f.
Dans tous les quartiers, il y avait des rues
des Etuveo, des Nouvelles-Etuves, des
Yieilles-Etuves.
Les ESluviprs ou Esluveurs formèrent une
corporation sous le règne de Louis IX.
Cette corporation avait ses charges. Les
sétuviers étaient astreints :
■A\° A ne tenir aucune réunion de messieurs
"(Sfcjcfe demoiselles;
A fermer leur établissement le diman.
1 elte t les le Les ;
„• À* A ne faire crier les bains dans les rues
que lorsque le soleil serait levé,-afin de ne
pas troubler le repos des habitants.
A cet effet, des crieurs publics parcouraient
les rues de Paris.
j « — Seignor, — disaient-ils, — vous olez
baigner et estuver sans délaies ; li baing sont
chaut ; c'est sans mentir. »
Les estuviers, quoiqu'ils formassent un
corps de métier distinct des barbiers, ra-
saient et coupaient les cheveux comme ces
derniers.
C'est pourquoi Charles V réunit les deux
corporations et nomma son valet de cham-
bre maître suprême des barbiers-étuvistes.
de Paris.
Les prérogatives de cette charge s'accru-
rent de règne en règne.
Sous Louis XIV, elle donnait encore
d'assez beaux bénéfices pour que le premier
chirurgien du roi désirât en être titulaire.
Elle devint même héréditaire.
Le prix des bains, sous les rois de la
deuxième race, n'était que de 19 centimes,
Mais, peu à peu, ce prix devint tellement
élevé que les riches seuls purent aborder les
étuves, et que les pauvres en furent réduits
à prendre des bains froids dans la Seine.
*
Le fondateur des bains sur la Seine fut uri (
sauveteur, nommé Turquin. Grand philoso- j
phe, grand ami de la natation et bel esprit, j
il répétait, à qui voulait l'entendre, le mot
de Cicéron : « Il n'apprit ni à lire ni à na-
ger. » « Mieux vaut savoir nager que sa-
voir lire, » — disait Turquin.
Il faut savoir les deux. Car, si la lecture
développe l'esprit, les bains froids sont sa-
lutaires au corps. Ils tempèrent la chaleur, 1
calment la soif, fortifient les constitutions i
faibles, et même guérissent quelques mala-
dies.
Les bains Turquin dalent de 1785. Jusque-
là, on se baignait en pleine eau, en vue de
l'île Saint-Louis, près du pont de la Tour-
nelle et de la porte Saint-Bernard, au pied
des quais où les mariniers — pendant l'hi-
ver — empilaient les bois de chauffage de
Paris.
Lorsque d'un rude hiver nous ressentons l'outrage,
Et qu'au foyer le feu n'a de quoy se nourrir,
Ici l'on voit venir les forêts à la nage,
Et le port Saint-Bernard seul peut nous secourir.
Le printemps venu, les bois enlevés, le
quai Saint-Bernard devenait la promenade
à la mode; les jeunes seigneurs venaient s'y
baigner, en présence d'un public de jolies
femmes, et ces dernières se baignaient à leur
tour sous des tentes qui leur étaient réser-
vées. De part et d'autre on se regardait.
Relisez La Bruyère :
« Tout le monde connaît cette longue baie
qui borde et resserre le lit de la Seine, du
côté où elle entre à Paris avec la Marne.
Les hommes s'y baignent à pied, pendant
les chaleurs de la canicule. On les voit de
fort près se jeter à l'eau. On les en voit sor-
tir, c'est amusant. Quand cette saison n'es
pas venue, les femmes de la ville nç s'y pro-
mènent pas encore, et lorsqu'elle est passée,
elle ne s'y promènent plus. » ,
i
j Pour en revenir aux bains Turquin, l'a-
bonnement était de 36 francs pour l'année,
et le prix d'entrée journalier de 24 sous.
! Ces bains réussirent, et leur créateur, les
conservant à l'état de succursale, alla placer
son grand établissement contre le quai d'Or-
say, qu'on appelait plus communément
alors la Grenouillère. Une vogue énorme,
également justifiée par l'utilité et le confor
table de l'École Turquin, permit à ce der-
nier de réaliser, en quelques années, une
immense fortune.
Un peu plus tard, la Grenouillère devint
le quai Bonaparte, et l'Ecole royale de nata-
tion Turquin l'Ecole impériale - de natation
Deligny. Ce dernier nom. est resté. %
La Révolution, en supprimant les corps
de métiers, supprima les barbiers-perrur
quiers-baigneurs-étuvistes.
L'industrie libre se développa dès lors dans
une telle proportion, que le nombre des bai-
gnoires publiques de Paris, — de 500 en
1816, — était de 2,500 en 1840.
Aujourd'hui, il n'est pas de quartier qui
n'ait ses bains. ! i
Grâce aux notions d'hygiène populaire qui
se répandent tous les jours, grâce aux pro-
grès de la civilisation, à l'accroissement des
salaires, l'usage des bains est devenu gé-
néral.
Il ne s'agit plus que de les mettre à la
portée des plus pauvres entre les citoyens.
En 1851, un décret de l'Assemblée légis-
lative ordonna la création d'établissements -,
destinés aux classes pauvres et où les bains
seraient délivrés gratuitement à certains
jours. L'un de ces établissements, derrière
le square du Temple, est en pleine prospé-
rité.
Par malheur, ce""n'est là qu'une création -•
exceptionnelle, 'et les habitants des campa-,
gnes, par exemple, auxquels les bains se. ¡
raient le plus utiles, restent sous le rapport -
de l'hygiène dans une situation inférieure à
celle des esclaves d'Orient. Ils en sont ré-
duits, pour se baigner, à attendre que la
soleil ait rendu supportable l'eau des ri-,
vières et des fleuves.
Il y a là un progrès réel à accomplir.
TONY RÉVILLON.
ROCAMBOLE
(NOUVEL ÉPISODE)
LA CORDE DU PENDU
LXIII
63
M. John Bell avait, Is visage empourpré et
ses yeux avaiunt nu éclat fiévreux. j
— M-tnsûmr, repri r, - il quand les infirmiers
furent i.:h'!,'h-., je le vois fort bien, vous n'êtes
pas ru::.
— Assurément non, dit Marmouset.
E; cc.pen Jaut votre famille vous fait en-
fériiie,' ?
— C cru m e vo u s voyez...
— J" vous engage à réclamer, monsieur.
,V$ir Il; iiuuiyro du juin 1869.
' " v ' .f
— Peuh 1 dit Marmouset. En Angleterre, il
y a des avocats qui savent prouver la folie, et
ma famille a pris ses précautions.
M. John Bell frappa du pied avec colère.
— Je ne me rendrai pas complice d'une pa-
reille infamie, moi 1 dit-il.
— Hélas ! monsieur, à moins que vous ne
me laissiez évader, je ne vois pas.... quel
moyen...
— Evader! évader 1 s'écria M. John Bell.
— Pourquoi pas? fit froidement Marmouset
— Voilà qui est tout à fait impossible. *
— Pourquoi?
— Mais parce que je ne puis manquer à faire
mon devoir.
Marmouset se mit à rire.
— Cependant, dit-il vous convenez que je
ne suis pas fuu.
— Certainement, j'en conviens.
— On peut avoir la fantaisie de posséder de
la corde de pendu sans que pour cela...
1 M. John Bell interrompit vivement Mar-
mouset.
— Vous possédez donc bien réellement cette
corde ?
— La voilà, dit Marmouset.
Et il ouvrit son p:i.!°'ot, et M. Jonh Bell,
| ébloui, vit la corde enroulée autour de son
i corps.
M. Jonh Bell avait les yeux hors de la tête.
— Ah! fit-il, si je possédais cette corde...
— Eh bien, que feriez-vous?
— Je serais riche.
— Ah bah!
— Fabuleusement riche, avant quinze jours.
— Comment cela? fit Marmouset en sou-
riant.
Et M. John Bell,qui avait grand besoin, en
ce moment, d'une de ces douches bienfaisantes
qu'il prodiguait outre mesure à ses pension-
naires, M. John Bell, disons-nous, se mit à
raconter avec une grande exaltation l'histoire
de ses aïeux, de leurs trésors enfouis et la
prophétie de la somnambule qui lui avait dit
qu'il ne retrouverait cette 'fortune qu'autant
qu'i! aurait en sa possession une corde de
pendu.
— Ah! vraiment, fit Marmouset, elle vous a
dit cela?
— Oui, monsieur.
— Et vous y croyez?
— Comme à la lumière du soleil.
— Moi aussi, dit froidement Marmouset.
— Aussi, reprit John Bell, si vous me prê-
tiez cette corde...
— Oh! non pas, dit vivement Marmouset;
— Si vous me le vendiez...
— Pas pour cent mille livres. *
M. John Bell jeta un cri de désespoir.
— Ecoutez, dit Marmouset, nous pourrions
peut-être nous entendre. ,
— Vrai! s'écria M. John Bell.
Et il roulait des yeuxenfiévrés.
— Quelle est votre situation ici?
— .Fai deux mille livres de traitement. ,
— C'est peu.
— Mais aussi, quand j'auraf retrouvé les 4F
trésors... -
,
— Vous donnerèz votre démission ?
— Oh ! certainement.
- Eh bif n ! pourquoi ne la donnez-vous pas ...
tout de suite ? %r s
— Parce que je n'ai pas retrouvé... l'argent.$.,
x— Mais si vous aviez ma corde... ^
— Oh 1 je le retrouverai, alors.
— Et bien 1 dit Marmouset, évadons-nous,
ensemble.
— Et puis?
— Et puis j'irai avec vous en Irlande; et' y
si la somnambule vous a trompé, si nous ne
trouvons rien, eh bien! je consens à revenir
ici avec vous.
'
M. John Bell parut se calmer un peu.
— Ce que vous me proposez là est impossi-
ble à première vue, dit-il, mais il y a ufc,
moyen de tout concilier.
i — Ah 1 vraiment ?
" v.-S
.p
1 9 ? ; s : ' J
JOURNAL QUOFRŒIMJJS,
5 cent. le numéro.
5 cent. le numéro.
AD1>NNRMENTS. - Troiimois Shoots Un ai
P&rls 6 fr. fb fr. t8 fr.
Départements 6 il as
Administrateur: BOURDILLIAT.
V . wiu -*■
mmmmivtfl?
ftma année — LUNDI 30 MAI 1870 — N° 1502
Rédacteur en chef: A. DB B A.L A.T H I K R-BRA & H LO MIL
1 BUREAUX D'ABONNEMENT: 9, rueDpouot
ADMINISTRAI-ION : 13, quai Voltaire.
PARIS, 29 MAI 1870
LES
BAINS EN FRANCE
Quelque temps après la conquête de Gre-
nade, un moine espagnol prêchait contre
l'usage des bains maures et déclarait sus-
pects de sensualisme et d'hérésie ceux qui
n'y renonceraient pas. Le christianisme, —
suivant lui, — dans son mépris de la ma-
tière, devait arriver à la suppression de tous
les soins donnés au corps périssable.
Les papes et les évêques n'allèrent jamais
aussi loin que ce moine, quelque bons chré-
tiens qu'ils fussent.
-. Grégoire de Tours raconte qu'il y avait,
dans les couvents des Gaules, des salles de
bains destinées aux pauvres, et le pape
Adrien lIP recommande au clergé des pa-
roisses d'aller processionnellement et en
chantant des psaumes se baigner le jeudi
de chaque semaine.
Au retour des Croisades, après la mêlée
de l'Occident et de l'Orient, le bain — mis
en honneur — fit partie des cérémonies pré-
paratoires auxquelles étaient soumis les sei-
gneurs avant d'être armés chevaliers. Telle
fut l'origine de l'ordre, militaire du Bains,
instilué par Richard II et qui existe encore
en Angleterre.
m 9
Les bnins publics, à Paris, datent du on-
zième sièc!f.
Dans tous les quartiers, il y avait des rues
des Etuveo, des Nouvelles-Etuves, des
Yieilles-Etuves.
Les ESluviprs ou Esluveurs formèrent une
corporation sous le règne de Louis IX.
Cette corporation avait ses charges. Les
sétuviers étaient astreints :
■A\° A ne tenir aucune réunion de messieurs
"(Sfcjcfe demoiselles;
A fermer leur établissement le diman.
1 elte t les le Les ;
„• À* A ne faire crier les bains dans les rues
que lorsque le soleil serait levé,-afin de ne
pas troubler le repos des habitants.
A cet effet, des crieurs publics parcouraient
les rues de Paris.
j « — Seignor, — disaient-ils, — vous olez
baigner et estuver sans délaies ; li baing sont
chaut ; c'est sans mentir. »
Les estuviers, quoiqu'ils formassent un
corps de métier distinct des barbiers, ra-
saient et coupaient les cheveux comme ces
derniers.
C'est pourquoi Charles V réunit les deux
corporations et nomma son valet de cham-
bre maître suprême des barbiers-étuvistes.
de Paris.
Les prérogatives de cette charge s'accru-
rent de règne en règne.
Sous Louis XIV, elle donnait encore
d'assez beaux bénéfices pour que le premier
chirurgien du roi désirât en être titulaire.
Elle devint même héréditaire.
Le prix des bains, sous les rois de la
deuxième race, n'était que de 19 centimes,
Mais, peu à peu, ce prix devint tellement
élevé que les riches seuls purent aborder les
étuves, et que les pauvres en furent réduits
à prendre des bains froids dans la Seine.
*
Le fondateur des bains sur la Seine fut uri (
sauveteur, nommé Turquin. Grand philoso- j
phe, grand ami de la natation et bel esprit, j
il répétait, à qui voulait l'entendre, le mot
de Cicéron : « Il n'apprit ni à lire ni à na-
ger. » « Mieux vaut savoir nager que sa-
voir lire, » — disait Turquin.
Il faut savoir les deux. Car, si la lecture
développe l'esprit, les bains froids sont sa-
lutaires au corps. Ils tempèrent la chaleur, 1
calment la soif, fortifient les constitutions i
faibles, et même guérissent quelques mala-
dies.
Les bains Turquin dalent de 1785. Jusque-
là, on se baignait en pleine eau, en vue de
l'île Saint-Louis, près du pont de la Tour-
nelle et de la porte Saint-Bernard, au pied
des quais où les mariniers — pendant l'hi-
ver — empilaient les bois de chauffage de
Paris.
Lorsque d'un rude hiver nous ressentons l'outrage,
Et qu'au foyer le feu n'a de quoy se nourrir,
Ici l'on voit venir les forêts à la nage,
Et le port Saint-Bernard seul peut nous secourir.
Le printemps venu, les bois enlevés, le
quai Saint-Bernard devenait la promenade
à la mode; les jeunes seigneurs venaient s'y
baigner, en présence d'un public de jolies
femmes, et ces dernières se baignaient à leur
tour sous des tentes qui leur étaient réser-
vées. De part et d'autre on se regardait.
Relisez La Bruyère :
« Tout le monde connaît cette longue baie
qui borde et resserre le lit de la Seine, du
côté où elle entre à Paris avec la Marne.
Les hommes s'y baignent à pied, pendant
les chaleurs de la canicule. On les voit de
fort près se jeter à l'eau. On les en voit sor-
tir, c'est amusant. Quand cette saison n'es
pas venue, les femmes de la ville nç s'y pro-
mènent pas encore, et lorsqu'elle est passée,
elle ne s'y promènent plus. » ,
i
j Pour en revenir aux bains Turquin, l'a-
bonnement était de 36 francs pour l'année,
et le prix d'entrée journalier de 24 sous.
! Ces bains réussirent, et leur créateur, les
conservant à l'état de succursale, alla placer
son grand établissement contre le quai d'Or-
say, qu'on appelait plus communément
alors la Grenouillère. Une vogue énorme,
également justifiée par l'utilité et le confor
table de l'École Turquin, permit à ce der-
nier de réaliser, en quelques années, une
immense fortune.
Un peu plus tard, la Grenouillère devint
le quai Bonaparte, et l'Ecole royale de nata-
tion Turquin l'Ecole impériale - de natation
Deligny. Ce dernier nom. est resté. %
La Révolution, en supprimant les corps
de métiers, supprima les barbiers-perrur
quiers-baigneurs-étuvistes.
L'industrie libre se développa dès lors dans
une telle proportion, que le nombre des bai-
gnoires publiques de Paris, — de 500 en
1816, — était de 2,500 en 1840.
Aujourd'hui, il n'est pas de quartier qui
n'ait ses bains. ! i
Grâce aux notions d'hygiène populaire qui
se répandent tous les jours, grâce aux pro-
grès de la civilisation, à l'accroissement des
salaires, l'usage des bains est devenu gé-
néral.
Il ne s'agit plus que de les mettre à la
portée des plus pauvres entre les citoyens.
En 1851, un décret de l'Assemblée légis-
lative ordonna la création d'établissements -,
destinés aux classes pauvres et où les bains
seraient délivrés gratuitement à certains
jours. L'un de ces établissements, derrière
le square du Temple, est en pleine prospé-
rité.
Par malheur, ce""n'est là qu'une création -•
exceptionnelle, 'et les habitants des campa-,
gnes, par exemple, auxquels les bains se. ¡
raient le plus utiles, restent sous le rapport -
de l'hygiène dans une situation inférieure à
celle des esclaves d'Orient. Ils en sont ré-
duits, pour se baigner, à attendre que la
soleil ait rendu supportable l'eau des ri-,
vières et des fleuves.
Il y a là un progrès réel à accomplir.
TONY RÉVILLON.
ROCAMBOLE
(NOUVEL ÉPISODE)
LA CORDE DU PENDU
LXIII
63
M. John Bell avait, Is visage empourpré et
ses yeux avaiunt nu éclat fiévreux. j
— M-tnsûmr, repri r, - il quand les infirmiers
furent i.:h'!,'h-., je le vois fort bien, vous n'êtes
pas ru::.
— Assurément non, dit Marmouset.
E; cc.pen Jaut votre famille vous fait en-
fériiie,' ?
— C cru m e vo u s voyez...
— J" vous engage à réclamer, monsieur.
,V$ir Il; iiuuiyro du juin 1869.
' " v ' .f
— Peuh 1 dit Marmouset. En Angleterre, il
y a des avocats qui savent prouver la folie, et
ma famille a pris ses précautions.
M. John Bell frappa du pied avec colère.
— Je ne me rendrai pas complice d'une pa-
reille infamie, moi 1 dit-il.
— Hélas ! monsieur, à moins que vous ne
me laissiez évader, je ne vois pas.... quel
moyen...
— Evader! évader 1 s'écria M. John Bell.
— Pourquoi pas? fit froidement Marmouset
— Voilà qui est tout à fait impossible. *
— Pourquoi?
— Mais parce que je ne puis manquer à faire
mon devoir.
Marmouset se mit à rire.
— Cependant, dit-il vous convenez que je
ne suis pas fuu.
— Certainement, j'en conviens.
— On peut avoir la fantaisie de posséder de
la corde de pendu sans que pour cela...
1 M. John Bell interrompit vivement Mar-
mouset.
— Vous possédez donc bien réellement cette
corde ?
— La voilà, dit Marmouset.
Et il ouvrit son p:i.!°'ot, et M. Jonh Bell,
| ébloui, vit la corde enroulée autour de son
i corps.
M. Jonh Bell avait les yeux hors de la tête.
— Ah! fit-il, si je possédais cette corde...
— Eh bien, que feriez-vous?
— Je serais riche.
— Ah bah!
— Fabuleusement riche, avant quinze jours.
— Comment cela? fit Marmouset en sou-
riant.
Et M. John Bell,qui avait grand besoin, en
ce moment, d'une de ces douches bienfaisantes
qu'il prodiguait outre mesure à ses pension-
naires, M. John Bell, disons-nous, se mit à
raconter avec une grande exaltation l'histoire
de ses aïeux, de leurs trésors enfouis et la
prophétie de la somnambule qui lui avait dit
qu'il ne retrouverait cette 'fortune qu'autant
qu'i! aurait en sa possession une corde de
pendu.
— Ah! vraiment, fit Marmouset, elle vous a
dit cela?
— Oui, monsieur.
— Et vous y croyez?
— Comme à la lumière du soleil.
— Moi aussi, dit froidement Marmouset.
— Aussi, reprit John Bell, si vous me prê-
tiez cette corde...
— Oh! non pas, dit vivement Marmouset;
— Si vous me le vendiez...
— Pas pour cent mille livres. *
M. John Bell jeta un cri de désespoir.
— Ecoutez, dit Marmouset, nous pourrions
peut-être nous entendre. ,
— Vrai! s'écria M. John Bell.
Et il roulait des yeuxenfiévrés.
— Quelle est votre situation ici?
— .Fai deux mille livres de traitement. ,
— C'est peu.
— Mais aussi, quand j'auraf retrouvé les 4F
trésors... -
,
— Vous donnerèz votre démission ?
— Oh ! certainement.
- Eh bif n ! pourquoi ne la donnez-vous pas ...
tout de suite ? %r s
— Parce que je n'ai pas retrouvé... l'argent.$.,
x— Mais si vous aviez ma corde... ^
— Oh 1 je le retrouverai, alors.
— Et bien 1 dit Marmouset, évadons-nous,
ensemble.
— Et puis?
— Et puis j'irai avec vous en Irlande; et' y
si la somnambule vous a trompé, si nous ne
trouvons rien, eh bien! je consens à revenir
ici avec vous.
'
M. John Bell parut se calmer un peu.
— Ce que vous me proposez là est impossi-
ble à première vue, dit-il, mais il y a ufc,
moyen de tout concilier.
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