Titre : La Petite presse : journal quotidien... / [rédacteur en chef : Balathier Bragelonne]
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1870-05-31
Contributeur : Balathier Bragelonne, Adolphe de (1811-1888). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32837965d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 31 mai 1870 31 mai 1870
Description : 1870/05/31 (A5,N1503). 1870/05/31 (A5,N1503).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k47169318
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-190
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 23/10/2017
LA PETITE PRESSE
5 cent. le numéro. ' JOURNAL QUOTI E]We--- 5 cent. le numéro.
ABONNEMENTS. — IROIGNWIS Six mois Un RIt
Paris b fr. 9 Cr. 18 fr.
Département il 99
Adim/ustiuteur: BOURDILLIAT.
¡sm" année — MARDI 31 MAI 1870 — N" 1303
l[êdact$ur en chef: A. , DE BA.LA.,;¡n:R.BR,\GELONtC
BUREAUX D'A..QONNID.J:RN'l':
AD.Wxls,r RATION : 13, quai VoLtaira.
PARIS, 30 MAI 1870
LE
COLLÉGE DE FRANCE
Il n'est que?! ion, depuis une semaine, que
les incidents titi conrs de M. Edouard La-
boulaye. Amour 'nui, les adversaires et les !•
partisans du ce pvoiès:~eur se trouveront en
présence pour' lit troisième fois, afin de sif-
fler ou d'iu'p!aud't'. L'importance de ces
manifestations contenues dans les propor-
tions d'une sa'!.' c!c collège lient à un seul
lait : c'est que ce collège est le Collège de
France.
Or, depuis trois siècles que ce grand éta-
blissement existe à Paris, il a toujours di-
rigé dans le sens du progrès, de l'avenir,
de la liberLe, toutes les manifestations de
l'aotivilé TwlÍl:]'n Ii',
Il donne gr tuiLo.mènt, publiquement,
rinstruci-ion supore lire ; il a uns tradition :
l'independ-tiiee d" us rf.'riseignement, qu'au-
cun rcg'ime, qu'aucu ne pression n'ont jamais
pu lui <'nle\'rr.
Parfois, sous le coup des événements,
telle ou telle partie de cet enseignement
semble effacer les 'frp::.:, AilFi, snus la mo-
narchie de ,1 u ' i 1 e !, la h Lté rature et l'histoire
dominaient; sous le second Empire, les
sciences l'e111¡:(1/' enI ; mais le môme but se
poursuit, le triomphe de l'esprit humain sur
toutes les faLa'ués, que ces fatalités viennent
de la nature ou des hommes.
« La science n'est pas la science, si elle
s'en tient h la logique et. si elle n'y joint
l'érudition, toutes les connaissances hu-
maines. »
Cette pensée d'Abeilard, qui fut aussi
selle de la. Rrn<'iis-..*shelet — à la création du Collège de ■
France.
» I
C'est vers que François Ier, sur les ~
sollicitation de Guillaume Budé et de Jean 1
du Bellay, institua en dehors de l'Uni-
^Scsité deux chaires libres, l'une de grec et
i^Hre d'hébreu.
"vjàle professeurs de l'Université, qui vi-
vdSïilt du produit do leurs leçons, virent
d^!T^ cette création une concurrence Lerri-
bliy et, avant de renverser leur marmite,
tarent les nouveaux venus devant le Parle-
ment. Le Parlement donna gain de cause à
ces derniers.
L'Université' ne se tint pas pour battue.
Les chaires de grec et d'hébreu étaient occu-
pées par des libres-penseurs; elle les accusa
d'être des protestants. Cette fois, le Parle-
ment leur défendit de lire et dïnlcT'pr(!rY'
;:ucun livre de l'Ecriture. Mais le roi r: ' !
risa ses professeur.?, ses liscurs, comme ; i
sait, à passer sur cette défense. Il créa une
nouvelle chaire, celle d'éloquence latine, qui
valut au collège le nom de Collège des trois
langues. Bientôt, il ajouta les sciences aux
langues, et renseignement supérieur libre
eut des cours de mathématiques, de méde-
cine et de philosophie, Le titulaire de ce
dernier' cours fut 1"]JIUSLIO, Ramus.
Tous les rois qui succédèrent à. I-iltançois lIr
tinrent à honneur d'agrandir l'insLitution de
leur devancier. Charle3 IX y introduisit la
chirurgie ; Henri III, l'arabe ; Henri IV, la
botanique et l'astronomie; Louis XIII, le
droit et la langue syriaque. Hichclien, plus
roi que la rcyaut*, baptisa le Collège des
trois langues Collège royal. Louis XV y
londa la chaire de iiLt.erature. Les souve-
rains protégeaient, privilégiaient, appoin-
taient; tes professeurs discutaient en ensei-
gnant, servaient, sans jamais y manquer, la
cause de la raison* et de la iiberté de la
pensée.
Aussi la Révolution, — qui faisait table
rase de toutes les institutions monarchiques,
rompant ainsi avec le passé qu'elle rempla-
çait, — se garda-t-elle bien de toucher au
Collège royal. Elle en fit !e Collège naiiona',
et les professeurs y continuèrent leurs cours.
Un décret de la Convention éleva à 1,000
écusjtleur Lrai!.e;nent, qui n'avait été jusque-
là que de 1,000 il 1,200 fr. Des hommes
comme Lalahde, DaubenLon, Portai, Cuvier,
Ampère, Thénard, Biot, Daunou, Burnouf,
JTissot, Andrieux, illustrèrent tour à tour
les chaires de renscigrit'menL supérieur.
Napoléon voulut qu'on enseignât le turc
au Collège impérial.
La Restauration dota le Collège royal
d'une chaire de sanscrit et d'une autre de
chinois.
En 1831, un cours d'économie politique fut
fondé au Collège de France qui a gardé ce
dernier nom.
Qui ne se rappelle les scènes de 1847, Mi-
chelet, Quinet, Mickiéwitcz? Nul enseigne-
ment n'eut plus de force et ne passionna da-
vantage la jeunesse, n'exerça une plus légi-
time influence sur les choses de la pensée.
« Cet enseignement, — disait M. le duc
de Broglie, — s'adressant à un grand pu-
blic, aux hommes, doit participer aux li-
bertés de la presse. C'est un libre examen
de Louées les grandes questions; les profes-
seurs, n'ayant rien à craindre et rien à at- |
tendre, ont la pleine indépendance, l'inamo-
vibiliLé des juges. Les membres de la cour
de cassation seuls peuvent ' leur être com-
parés. »
Les événements n'ont pas laissé que de
rabattre un peu de l'idéal de M. le duc de
Broglie. Des cours ont été troublés; d'au-
tres fermés, d'autres interrompus.
Si Flourens, Claude Bernare, et Berthelot
ont pu pousser jusqu'aux dernières limites
les enquêtes de ia science, il n'en a pas été
de môme pour Michelet, pour Quinet, pour
RetÍan, L'opposition constante du clergé, les
circonstances de la vie politique ont trop
fréquemment agi contre la libre discussion
historique, philosophique et littéraire.
Malgré tout, l'esprit du siècle est là.
1 « Aujourd'hui, — dit le grand Diction-
naire de Pierre Larousse, — le Collége de
France a vingt-huit professeurs. On y ensei-
gne la langue et la li'déra.ture françaises mo-
dernes, la langue et la littérature françaises
du moyen âge, la langue et la littérature
grecques, l'éloquence latine, la poésie latine,
les langues hébraïque, ehaldaïque et syria-
que, arabe, persane/ turque, la langue et la.
littérature sanscrites, la langue et la littéra-
ture chinoises et tartare-mandchoues, la
langue et la littérature slaves, les langues et
littératures étrangères cie l'Europe moderne,
ia philosophie grecque et latine, l'histoire et
la morale, le droit de la nature et des gens,
l'histoire des législations comparées, l'éco- i
nomie politique, l'archéologie, les mathéma-
tiques, l'astronomie, la physique générale et
mathématique, la physique générale et ex-
périmentale, la médecine, la chimie, l'his-
toire naturelle des corps organiques et des
corps inorganiques, l'embryogénie com-
parée.
« Les jeunes gens qui se pressent à ces
cours y puisent, avec la science, des idées
larges, indépeada.ntes de tout préjugé et de
toute pensée mesquine. Ils y apprennent à
jeter sur l'ensemble des choses ce coup d'oeil
vaste qui embrasse les causes et les consé-
quences, et à pénétrer dans la profondeur
des détails avec cet esprit critique qui dis-
cerne la vraie grandeur dans 1 infiniment
petit.
(t Aucwn établissement d'instruction ne lui
est supérieur au monde. »
Faut-il parler des pierres, après avoir
parlé de l'idée et des hommes?
L'emplacement du Collège de France avait
été désigné par François 1er. Il devait s'éle-
ver sur les terrains de l'hôtel de N.esle, qu'oo-
cupe maintenant la halle aux blés. La mort
du roi empêcha l'exécution de ce projet. On
continua donc à faire les cours dans divers
collèges de l'Université. Ben r-i II ordonna
qu'ils auraient lieu exclusivement dans le col-
lége de Cambrai ou des Tmis- E\êques,. et
dans celui de Tréguier. Henri IV revint au
projet d'un local affecté spécialement aux
cours et aux logements des professeurs
royaux.
t Ils étaient mal payés; le roi fit dire à
Sully :
— J'aime mieux qu'on diminue do ma dé-
pense et qu'on m'ôte de ma table, pour payer
mes lecteurs.
Le bâtiment, construit d'après ses phns
gous le règne de Louis XHI, subsista jus-
qu'en 1774. Il fut refait à celte époque par
l'archHecle ChalgTin, et agrandi ensuite sous
le règne de'Louis-Philippe.
L'ensemble comprend trois corps de bâti-
ment, ayant chacun un rez-de-chaussée, un
premier étage et un attique, Devant la cour
principale s'élève une grande grille en fer,
qui longe la place Cambrai. Le ycslibu\e,
qui est dans l'aile de droite, contient les
bustes de Remusat, Vauquelin,'Ampère,
Sylvestre de Sacy, Daunou, Portai et lotir-
froy. Du côté de la rue Saint-Jacques, est
une entrée décorée des bustes de la Science
et de la Littérature. Dans la salle de phyj-
que, un tableau de Lethierë représente Fran-
çois lor signant Pacte d't!tablis"ement du Colle/je
ROCAMBOLE
(NOUVEL ÉPISODE)
LA CORDE DU PENDU
64
LXIV
Marmouset, dès le lendemain matin, descen-
dit dans le prG;)').
Il était fort, élégamment vêtu., — lord Wil-
mot ayant eu soi il de lui envoyer à la première
heure du ULgl\, des habits et un valet de
thambre.
Mais ceux qui le connaissaient depuis long-
temps auraient pn constater chez lui une sin-
gulière m6t.tni0rphusd.
Marmouset avait d'ordinaire les cheveux
châtains et une petite moustache brune aux
coins relevés comme la moustache d'un offi-
cier français.
Tout cela avait disparu.
Marmouset s'était présenté à Bedlam avec
des cheveux blonds, un menton rasé et une
helle paire de favoris tirant sur le roux et tail-
lés à l'anglaise.
Marmouset descendit donc au préau.
Il examina cu. ieusement plusieurs fous,
échangea même avec quelques-uns des paroles
courtoises et finit par s'arrêter devant un
homme jeune encore, m&is aux traits amai-
gris, à l'œil enfiévré, qui était assis à l'écart
sur un banc et parais: ait fuir la société de ses
compagnons d'infortune.
— Ce doit être mon homme, pensa Mar-
mouset.
Et il se promena de long en large, ne 'per-
dant pas de vue le pensionnaire de Bedlam.
Celui-ci, du reste, ne fit aucune attention à
lui. ;
Il avait les yeux fixés sur la porte du préau
et paraissait attendre quelqu'un.
Ennii, cette porte s'ouvrit et un petit homme
aux cheveux gr;sonnants, âu visage anguleux,
tenant par sa physionomie du renard et de la
fouine tout à la fuis, en ra à son tour dans le
préau.
Alors le visage de cet homme que Marmou-
mouset examinait s'éclaira d'un rayon de
j nie.
Puis il quitta son banc et alla à la rencon-
tre d i nouveau venu.
j Marmouset le suivit à distance,1
Les deux pensionnaires se tendirent la
main.
Et Marmouset entendit ces mots :
— Bonjour, Edward Cokeries.
— Bonjour, milord.
Puis ils se prirent par le bras et allèrent
s'asseoir sur le banc où le premier était assis
tout à l'heure.
— C'est bien eux, dit Marmouset.
Et il s'approcha du banc à son tour.
Les deux fous eurent un geste de défiance et
presque d'effroi.
Le premic-r même fit mine de vouloir se le-
. ver et s'éloigner. Mai? Marmouset le salua et
lui dit d'un tun fort respectueux ;
~ Pardon, milord...
Le fou tressaillit, puis il répondit vivement:
— Vous vous trompez, monsieur, je ne suis
pas lord... Je ne "le" suis p'is... Je m'appelle
"Yalter Bruce... rien que Walîer Bruce...
— Comme vous vous êtes nommé autrefois
lord William Pembleton.
'Et Marmouset se leva de nouveau fort res-
pectueusement.
Cette attitude impressionna vivement le
pensionnaire de Bedlam.
— Qui donc êtes-vous, fit-il, vous qui me
connaissez ?
— Je suis un ami, dit Marmouset.
— Je n'ai plus d'ami.
— Vous vous trompez, milord.
— Non, je n'en ai plus, dit lord William en
secouant la tête.
— C'est Tom qui m'envoie...
— Tom est mort.
— Je le sais ; mais avant de mourir il m'a
tout confié...
Ce Dom de Tom avait fait battre If) cœur da
lord William.
— Où donc avez-vous connu Tom? fit-il.
— Je ne l'ai pas connu.
— Alors vous lie DOUV°,Z venir en son nom..,
Voir la wamévo du 12 juin.
5 cent. le numéro. ' JOURNAL QUOTI E]We--- 5 cent. le numéro.
ABONNEMENTS. — IROIGNWIS Six mois Un RIt
Paris b fr. 9 Cr. 18 fr.
Département il 99
Adim/ustiuteur: BOURDILLIAT.
¡sm" année — MARDI 31 MAI 1870 — N" 1303
l[êdact$ur en chef: A. , DE BA.LA.,;¡n:R.BR,\GELONtC
BUREAUX D'A..QONNID.J:RN'l':
AD.Wxls,r RATION : 13, quai VoLtaira.
PARIS, 30 MAI 1870
LE
COLLÉGE DE FRANCE
Il n'est que?! ion, depuis une semaine, que
les incidents titi conrs de M. Edouard La-
boulaye. Amour 'nui, les adversaires et les !•
partisans du ce pvoiès:~eur se trouveront en
présence pour' lit troisième fois, afin de sif-
fler ou d'iu'p!aud't'. L'importance de ces
manifestations contenues dans les propor-
tions d'une sa'!.' c!c collège lient à un seul
lait : c'est que ce collège est le Collège de
France.
Or, depuis trois siècles que ce grand éta-
blissement existe à Paris, il a toujours di-
rigé dans le sens du progrès, de l'avenir,
de la liberLe, toutes les manifestations de
l'aotivilé TwlÍl:]'n Ii',
Il donne gr tuiLo.mènt, publiquement,
rinstruci-ion supore lire ; il a uns tradition :
l'independ-tiiee d" us rf.'riseignement, qu'au-
cun rcg'ime, qu'aucu ne pression n'ont jamais
pu lui <'nle\'rr.
Parfois, sous le coup des événements,
telle ou telle partie de cet enseignement
semble effacer les 'frp::.:, AilFi, snus la mo-
narchie de ,1 u ' i 1 e !, la h Lté rature et l'histoire
dominaient; sous le second Empire, les
sciences l'e111¡:(1/' enI ; mais le môme but se
poursuit, le triomphe de l'esprit humain sur
toutes les faLa'ués, que ces fatalités viennent
de la nature ou des hommes.
« La science n'est pas la science, si elle
s'en tient h la logique et. si elle n'y joint
l'érudition, toutes les connaissances hu-
maines. »
Cette pensée d'Abeilard, qui fut aussi
selle de la. Rrn<'iis-..*
France.
» I
C'est vers que François Ier, sur les ~
sollicitation de Guillaume Budé et de Jean 1
du Bellay, institua en dehors de l'Uni-
^Scsité deux chaires libres, l'une de grec et
i^Hre d'hébreu.
"vjàle professeurs de l'Université, qui vi-
vdSïilt du produit do leurs leçons, virent
d^!T^ cette création une concurrence Lerri-
bliy et, avant de renverser leur marmite,
tarent les nouveaux venus devant le Parle-
ment. Le Parlement donna gain de cause à
ces derniers.
L'Université' ne se tint pas pour battue.
Les chaires de grec et d'hébreu étaient occu-
pées par des libres-penseurs; elle les accusa
d'être des protestants. Cette fois, le Parle-
ment leur défendit de lire et dïnlcT'pr(!rY'
;:ucun livre de l'Ecriture. Mais le roi r: ' !
risa ses professeur.?, ses liscurs, comme ; i
sait, à passer sur cette défense. Il créa une
nouvelle chaire, celle d'éloquence latine, qui
valut au collège le nom de Collège des trois
langues. Bientôt, il ajouta les sciences aux
langues, et renseignement supérieur libre
eut des cours de mathématiques, de méde-
cine et de philosophie, Le titulaire de ce
dernier' cours fut 1"]JIUSLIO, Ramus.
Tous les rois qui succédèrent à. I-iltançois lIr
tinrent à honneur d'agrandir l'insLitution de
leur devancier. Charle3 IX y introduisit la
chirurgie ; Henri III, l'arabe ; Henri IV, la
botanique et l'astronomie; Louis XIII, le
droit et la langue syriaque. Hichclien, plus
roi que la rcyaut*, baptisa le Collège des
trois langues Collège royal. Louis XV y
londa la chaire de iiLt.erature. Les souve-
rains protégeaient, privilégiaient, appoin-
taient; tes professeurs discutaient en ensei-
gnant, servaient, sans jamais y manquer, la
cause de la raison* et de la iiberté de la
pensée.
Aussi la Révolution, — qui faisait table
rase de toutes les institutions monarchiques,
rompant ainsi avec le passé qu'elle rempla-
çait, — se garda-t-elle bien de toucher au
Collège royal. Elle en fit !e Collège naiiona',
et les professeurs y continuèrent leurs cours.
Un décret de la Convention éleva à 1,000
écusjtleur Lrai!.e;nent, qui n'avait été jusque-
là que de 1,000 il 1,200 fr. Des hommes
comme Lalahde, DaubenLon, Portai, Cuvier,
Ampère, Thénard, Biot, Daunou, Burnouf,
JTissot, Andrieux, illustrèrent tour à tour
les chaires de renscigrit'menL supérieur.
Napoléon voulut qu'on enseignât le turc
au Collège impérial.
La Restauration dota le Collège royal
d'une chaire de sanscrit et d'une autre de
chinois.
En 1831, un cours d'économie politique fut
fondé au Collège de France qui a gardé ce
dernier nom.
Qui ne se rappelle les scènes de 1847, Mi-
chelet, Quinet, Mickiéwitcz? Nul enseigne-
ment n'eut plus de force et ne passionna da-
vantage la jeunesse, n'exerça une plus légi-
time influence sur les choses de la pensée.
« Cet enseignement, — disait M. le duc
de Broglie, — s'adressant à un grand pu-
blic, aux hommes, doit participer aux li-
bertés de la presse. C'est un libre examen
de Louées les grandes questions; les profes-
seurs, n'ayant rien à craindre et rien à at- |
tendre, ont la pleine indépendance, l'inamo-
vibiliLé des juges. Les membres de la cour
de cassation seuls peuvent ' leur être com-
parés. »
Les événements n'ont pas laissé que de
rabattre un peu de l'idéal de M. le duc de
Broglie. Des cours ont été troublés; d'au-
tres fermés, d'autres interrompus.
Si Flourens, Claude Bernare, et Berthelot
ont pu pousser jusqu'aux dernières limites
les enquêtes de ia science, il n'en a pas été
de môme pour Michelet, pour Quinet, pour
RetÍan, L'opposition constante du clergé, les
circonstances de la vie politique ont trop
fréquemment agi contre la libre discussion
historique, philosophique et littéraire.
Malgré tout, l'esprit du siècle est là.
1 « Aujourd'hui, — dit le grand Diction-
naire de Pierre Larousse, — le Collége de
France a vingt-huit professeurs. On y ensei-
gne la langue et la li'déra.ture françaises mo-
dernes, la langue et la littérature françaises
du moyen âge, la langue et la littérature
grecques, l'éloquence latine, la poésie latine,
les langues hébraïque, ehaldaïque et syria-
que, arabe, persane/ turque, la langue et la.
littérature sanscrites, la langue et la littéra-
ture chinoises et tartare-mandchoues, la
langue et la littérature slaves, les langues et
littératures étrangères cie l'Europe moderne,
ia philosophie grecque et latine, l'histoire et
la morale, le droit de la nature et des gens,
l'histoire des législations comparées, l'éco- i
nomie politique, l'archéologie, les mathéma-
tiques, l'astronomie, la physique générale et
mathématique, la physique générale et ex-
périmentale, la médecine, la chimie, l'his-
toire naturelle des corps organiques et des
corps inorganiques, l'embryogénie com-
parée.
« Les jeunes gens qui se pressent à ces
cours y puisent, avec la science, des idées
larges, indépeada.ntes de tout préjugé et de
toute pensée mesquine. Ils y apprennent à
jeter sur l'ensemble des choses ce coup d'oeil
vaste qui embrasse les causes et les consé-
quences, et à pénétrer dans la profondeur
des détails avec cet esprit critique qui dis-
cerne la vraie grandeur dans 1 infiniment
petit.
(t Aucwn établissement d'instruction ne lui
est supérieur au monde. »
Faut-il parler des pierres, après avoir
parlé de l'idée et des hommes?
L'emplacement du Collège de France avait
été désigné par François 1er. Il devait s'éle-
ver sur les terrains de l'hôtel de N.esle, qu'oo-
cupe maintenant la halle aux blés. La mort
du roi empêcha l'exécution de ce projet. On
continua donc à faire les cours dans divers
collèges de l'Université. Ben r-i II ordonna
qu'ils auraient lieu exclusivement dans le col-
lége de Cambrai ou des Tmis- E\êques,. et
dans celui de Tréguier. Henri IV revint au
projet d'un local affecté spécialement aux
cours et aux logements des professeurs
royaux.
t Ils étaient mal payés; le roi fit dire à
Sully :
— J'aime mieux qu'on diminue do ma dé-
pense et qu'on m'ôte de ma table, pour payer
mes lecteurs.
Le bâtiment, construit d'après ses phns
gous le règne de Louis XHI, subsista jus-
qu'en 1774. Il fut refait à celte époque par
l'archHecle ChalgTin, et agrandi ensuite sous
le règne de'Louis-Philippe.
L'ensemble comprend trois corps de bâti-
ment, ayant chacun un rez-de-chaussée, un
premier étage et un attique, Devant la cour
principale s'élève une grande grille en fer,
qui longe la place Cambrai. Le ycslibu\e,
qui est dans l'aile de droite, contient les
bustes de Remusat, Vauquelin,'Ampère,
Sylvestre de Sacy, Daunou, Portai et lotir-
froy. Du côté de la rue Saint-Jacques, est
une entrée décorée des bustes de la Science
et de la Littérature. Dans la salle de phyj-
que, un tableau de Lethierë représente Fran-
çois lor signant Pacte d't!tablis"ement du Colle/je
ROCAMBOLE
(NOUVEL ÉPISODE)
LA CORDE DU PENDU
64
LXIV
Marmouset, dès le lendemain matin, descen-
dit dans le prG;)').
Il était fort, élégamment vêtu., — lord Wil-
mot ayant eu soi il de lui envoyer à la première
heure du ULgl\, des habits et un valet de
thambre.
Mais ceux qui le connaissaient depuis long-
temps auraient pn constater chez lui une sin-
gulière m6t.tni0rphusd.
Marmouset avait d'ordinaire les cheveux
châtains et une petite moustache brune aux
coins relevés comme la moustache d'un offi-
cier français.
Tout cela avait disparu.
Marmouset s'était présenté à Bedlam avec
des cheveux blonds, un menton rasé et une
helle paire de favoris tirant sur le roux et tail-
lés à l'anglaise.
Marmouset descendit donc au préau.
Il examina cu. ieusement plusieurs fous,
échangea même avec quelques-uns des paroles
courtoises et finit par s'arrêter devant un
homme jeune encore, m&is aux traits amai-
gris, à l'œil enfiévré, qui était assis à l'écart
sur un banc et parais: ait fuir la société de ses
compagnons d'infortune.
— Ce doit être mon homme, pensa Mar-
mouset.
Et il se promena de long en large, ne 'per-
dant pas de vue le pensionnaire de Bedlam.
Celui-ci, du reste, ne fit aucune attention à
lui. ;
Il avait les yeux fixés sur la porte du préau
et paraissait attendre quelqu'un.
Ennii, cette porte s'ouvrit et un petit homme
aux cheveux gr;sonnants, âu visage anguleux,
tenant par sa physionomie du renard et de la
fouine tout à la fuis, en ra à son tour dans le
préau.
Alors le visage de cet homme que Marmou-
mouset examinait s'éclaira d'un rayon de
j nie.
Puis il quitta son banc et alla à la rencon-
tre d i nouveau venu.
j Marmouset le suivit à distance,1
Les deux pensionnaires se tendirent la
main.
Et Marmouset entendit ces mots :
— Bonjour, Edward Cokeries.
— Bonjour, milord.
Puis ils se prirent par le bras et allèrent
s'asseoir sur le banc où le premier était assis
tout à l'heure.
— C'est bien eux, dit Marmouset.
Et il s'approcha du banc à son tour.
Les deux fous eurent un geste de défiance et
presque d'effroi.
Le premic-r même fit mine de vouloir se le-
. ver et s'éloigner. Mai? Marmouset le salua et
lui dit d'un tun fort respectueux ;
~ Pardon, milord...
Le fou tressaillit, puis il répondit vivement:
— Vous vous trompez, monsieur, je ne suis
pas lord... Je ne "le" suis p'is... Je m'appelle
"Yalter Bruce... rien que Walîer Bruce...
— Comme vous vous êtes nommé autrefois
lord William Pembleton.
'Et Marmouset se leva de nouveau fort res-
pectueusement.
Cette attitude impressionna vivement le
pensionnaire de Bedlam.
— Qui donc êtes-vous, fit-il, vous qui me
connaissez ?
— Je suis un ami, dit Marmouset.
— Je n'ai plus d'ami.
— Vous vous trompez, milord.
— Non, je n'en ai plus, dit lord William en
secouant la tête.
— C'est Tom qui m'envoie...
— Tom est mort.
— Je le sais ; mais avant de mourir il m'a
tout confié...
Ce Dom de Tom avait fait battre If) cœur da
lord William.
— Où donc avez-vous connu Tom? fit-il.
— Je ne l'ai pas connu.
— Alors vous lie DOUV°,Z venir en son nom..,
Voir la wamévo du 12 juin.
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