Titre : La Petite presse : journal quotidien... / [rédacteur en chef : Balathier Bragelonne]
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1870-05-29
Contributeur : Balathier Bragelonne, Adolphe de (1811-1888). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32837965d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 29 mai 1870 29 mai 1870
Description : 1870/05/29 (A5,N1501). 1870/05/29 (A5,N1501).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k47169296
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-190
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 23/10/2017
LA PETITE PRESSE
JOURNAL QUOTIDIEN f
S cent. le numéro.
5 cent. le -nimSro.
'Abonnements. — Trotemofs ; , Six mois un an
Paris 5 fr. 9 fr. t8 fr.
Départements 6 il 99
Administrateur: BOURDILLIAT.
Sma année — DIMANCHE 29 MAI 1870 — N° 1001
• ■ 4
Rédacteur en chef : A. DE BALA.TfiiKR-BEiA.Grisi.ONrw
BUREAUX D'ABONNEMENT: 9, sMiaDrouot
ADMINISTRATION: 13, quai Voltaire.
PARIS, 28 MAI 1870
COURRIER DE LYON
Nulle part mouvement social nè^se mfit.
jiifeste, depuis quelques années, avec auîcrài-
'd'àctivité- qu'à Lyon. Sur tous les points de
la ville, dans toutes les classes, chez tous les
individus, la même préoccupation existe : se
rendre compte de ce qui est, étudier ce qui
doit être, préparer ce qui sera. Les Cercles
ouvriers se multiplient ; ils créent des bi-
bliothèques ; ils «organisent des réunions. A
la Ruche rue Imbert-Goloftnès, rue du Mail
à la Croix-Rousse, aux Brotteaux, à Oullins,
'!es travailleurs ont des centres, qui ne sont
plus le cabaret, où ils viennent se reposer
des fatigues du jour, échanger des idées,
débattre des problèmes, se communiquer des
espérances.
La bourgeoisie agit de son côté. Des ma-
gistrats, des avocats, des banquiers, des né-
gociants, ont fondé une société d'Economie
politique,— où l'on prend des glaces au lieu
de boire du vin ou de la bière comme le
long des Côtes, mais où l'on discute de mtJ-
Ime l'instruction primaire gratuite, le libre
échange, les rapports du capital et du tra-
vail
Un membre de cette société, un Franc-
Comtois, M. Ganeval, est en train d'orga-
niser une caisse d'épargne des enfants, sur
des bases doutant plus pratiques qu'elles
sont plus simples et plus à la portée de tous.
C'est un système d'assurances, où les ver-
sements ne dureraient que douze ans, et
encore dans une mesure décroissante.
On donnerait 24 francs la première année,
22 la seconde, 20 la troisième, et ainsi de
suite. Le douzième versement serait de
2 francs.
Le titulaire du livret, sqr lequel seraient
inscrites ces sommes, aurait droit, pendant
le reste de sa vie, à 5 francs de rente pendant
~chsi ans, à 10 francs pendant les cinq an-
née^ ivantes, à 15 francs pendant les cinq
j^trtj^Aet, pour peu qu'il eût été assuré à
a&£ij'.pourrait compter sur une rente de
pHoms lorsqu'il aurait passé la cinquan-
•~-*irmdique la grande ligne du projet, sans
entrer dans les détails de son économie. A
coup sûr, ce n'est pas avec ces petits moyens
qu'on arrivera à éteindre le paupérisme;
mais, du moins, les gens prévoyants y trou-
veront une facilité de plus pour l'épargne,
et rien n'empêchera les pères, les oncles et
les parrains de donner une douzaine de li-
vrets à leurs fils, à leurs neveux et à leurs
filleuls, lorsque viendra le jour de l'an.
A propos de l'épargne, il faut relire cette
admirable page de Mirabeau sur les asso-
ciations mutuelles, — page tout actuelle,
et dont l'autorité s'impose.
« J'appellerai volontiers l'économie la se-
conde Providence du genre humain. Faites
que la subsistance même du pauvre ne se
consomme pas tout entière; obtenez de lui,
non par des lois, mais par la toute-puissance
de l'exemple, qu'il dérobe une toute petite
partie d'e son travail pour le confier à la re-
production du temps, et*7 par cela seul, vous
doublerez les ressources de l'espèce hu-
1 maine. — Et qui doute que la mendicité, ce
redoutable ennemi des mœurs et des lois,
ne fût détruite par de simples règles de po-
lice économique ? Qui doute que le travail de
l'homme, dans la vigueur de l'âge, ne pût le
nourrir dans la vieillesse ?
« Puisque la mendicité est presque la
même chez les peuples les plus riches et
chez les plus pauvres, ce n'est pas dans l'i-
négalité des fortunes qu'il faut, en recher-
cher la véritable cause ; elle est tout entière
dans rîmprévQjfance de l'avenir, dans la cor-
ruption des mœurs, et surtout dans cette
consommation continuelle sans remplace-
ment, qui changerait toutes les terres en
désert si la nature n'était pas plus sage que
l'homme.
« PàrLout le peuple est à même de faire
quelques épargnes, mais il n'a presque nulle
part la possibilité de les faire fructifier. Qui
voudrait se charger chaque jour du denier
de la veuve? Supposons même qu'un fils
pour son père, ou un père pour son fils,
voulussent retrancher six deniers par jour du
travail que cette économie leur rendrait plus
doux; dans quelles mains déposeraient-ils la
modique somme de 9 livres à la fin de cha-
que année? Quel serait même l'accroisse-
ment de cette somme si elle ne produisait
que de simples intérêts?...
« Vous craindrez peut-être de diminuer
la subsistance du pauvre par des sacrifices
même volontaires, que son état ne semble
pas pouvoir supporter? — Que vous connaî-
triez mal. les effets de l'économie ! Elle dou-
ble le travail, parce qu'elle en fait mieux
sentir le prix; elle augmente les forces avec
le courage... »
Parmi les associations lyonnaises, je tiens
à citer encore le Cercle Jurassien, dontle but
— comme celui de la Société Savoisienne de
Paris — est de transporter la Commune et
le Département au milieu de toutes ies
grandes villes ouvrières, de procurer aux
nationaux du travail, des secours, une t--Me
amie.
L'Association des anciens élèves du Lycée
a maintenant son siége rue de la Bourse,
n° 2. Si je donne cette adresse, c'est qu'elle
est en ce moment l'adresse d'une sOllserip-
tion qui mérite d'intéresser tous les citoyens
de l'Ain et du Rhône.
Les maisons du Haut-Bugey sont les plus
jolies des maisons. Bâties avec les belles
pierres de la chaîne du Jura, elles sont re-
couvertes de plaquettes de bois, qui, par leur
forme rappellent les ardoises, et donnent
aux toits un aspect pittoresque et gracieux..
Par malheur, ces plaquettes appelées ta-
vaillons offrent aux flammes un aliment fa-
cile, et il suffit de quelques étincelles parties
d'un toit pour embraser un village entier.
C'est ce qui vient d'arriver à la petite ville
de Châtillon de Michaille, sur la route de
Nantua à Bellegarde. Pour la troisième fois
depuis 8 ans, le feu désole ce canton. D'a-
bord, ce fut Montange, village séparé de
Châtillon seulement par un petit cours
d'eau, qui périt complètement. Les flammes
détruisirent ensuite Saint-Germain-de-Joux;
quelques maisons à peine échappèrent au
désastre. Il y a un mois, Châtillon de Mi-
chaille, chef-lieu du canton, en était le point
le plus riche, le plus aisé, le plus heureux.
Aujourd'hui, cinquante maisons sont brû-
lées, soixante ménages sont sans asile...
De telles infortunes réunissent tous les
cœurs dans un même sentiment de pitié et
de sympathie ; l'appel fait en faveur des in-
cendiés de Châtillon sera certainement en-
tendu. /
Je ne qui Itérai pas Lyon sans annoncer les
courses qui auront lieu le 19 juin, àl'une des
extrémités du parc de la Tétc-d'Or, sur la
rive gauche du Rhône. Ces courses dure-
ront deux jours; treize prix seront courus.
Pour y arriver, on traversera le parc et
l'on verra, au milieu d'une immense en-
ceinte en bois, relever les piliers et les mu-
railles de la prochaine Exposition.
Le 2 juillet, une grande fête inaugurera,
— dit-on, — les travaux du palais de l'In-
dustrie lyonnaise........
A quoi bon? La véritable fête est perma-
nente : c'est le concours des travaille .irs qu'oc-
cupent les grandes entreprises de cette sorte;
ce sont les résultats que l'industrie et le
commerce en attendent et le nouvel élément.,
de prospérité qu'elle apporte dans le pays.
TONY RÉVILLON.
ROCAMBOLE
(NOUVEL ÉPISODE)
LA CORDE DU PENDU
LXII
62
r' Que se passa-t-il entre Marmouset et M.
BIount?
Nul ne le sut.
Mais, une heure après, le directeur donna
ordre à deux infirmiers de conduire le préten-
du fou dans une cellule et de veiller sur lui
avec le plus grand soin.
Marmouset se laissa, du reste, emmener sans
la moindre résistance.
Seulement il avait eu soin d'enrouler au-
tour de son corps la fameuse corde du p-endu.
Uns heure plus tard, M. John Bell rentra.
M. Blount avait donné l'ordre qu'on 'le pré-
vînt de son retour. -
M. John Bell habitait un autre pavillon en
tout semblable à celui de M. Blount.
Les deux directeurs avaient des rapports de
service continuels. Mais ils vivaient à part
l'un de l'autre.
Il y avait même entre eux une certaine ja-
lousie, une sorte de rivalité qui prenait sa
source dans le raisonnement que chacun d'eux
se faisait :
— L'Angleterre n'a qu'une reine ; pourquoi
Bedlam a-t-il deux directeurs égaux en pou-
voirs et dont les deux volontés peuvent se
heurter à chaque Instant ?
Ne serait-il pas plus simple qu'on congédiât
mon collègue? „
Aussi, à moins de circonstances graves, M.
Blount n'allait jamais chez M. Bell.
Et M. Bell ne faisait pas davantage visite à
M. Blount.
Cependant, aussitôt qu'il fut prévenu que
M. Bell était rentré, M. Blount se hâta de se
rendre chez son collègue.
M. Bloun.t, on l'a vu par le billet du révé-
rend Patterson, était affilié à la mystérieuse
association qui, du fond d'un petit logement
d'Oxfort street, gouvernait le monde.
Il était de la Société des missions évangé-
liques.
. M. Bell, au contraire, non-seulement ne fai-
sait point partie de la Société, mais encore il
était catholique. v-"'
Il ne fallait donc pas songer à se servir de
lui comme on pouvait se servir de M. Blount.
Du reste, c'était un homme intègre, à cheval
sur son service et les règlements, en dépit de
sa monomanie. -
M. Blount se rendit donc chez lui.
M. Bell parut fort étonné.
— Je regrette, mon cher collègue, dit M.
Blount, que vous soyez sorti ce soir.... ,
— Pourquoi cela? demanda M. Bell.!
— Parce qu'on nous a amené un nouveau
pensionnaire.
— Eh bien ! vous l'avez reçu ?
— Sans doute.
— Alors tout est pour le mieux.
— Soit, mais vu ^importance du person-
nage...
— Ah ! c'est un personnage important ?
— C'est le neveu de lord Wilmot. , ,
-- Lord Wilmot?
— Oui.
— J'ignorais_ce nom.
— Cela n'a rien d'extraordinaire. Il y a six
cents lords en Angleterre.
— Pour le moins.
— Mais celui-ci est fabuleusement riche.
— Ah! ah!
— Au point qu'il a payé dix mille livres la
corde du pendu Tom.
M. John Bell fit un bond sur son siége.
— Que dites-vous? fit-il.
— La vérité.
' — Lord Wilmot a acheté la corde de Toati
— Non pas lui, mais son neveu.
— Et le neveu est fou?
'
— Non, pas plus que vous.. .
— Cependant.
— Cependant on me l'a amené ce soir. - .
— Pourquoi donc? puisqu'il n'est pas fou?
— Sa famille a jugé qu'il était fou, du mie
ment où il payait un bout de corde dix mil.Io
livres.
M. John Bell haussa les épaules.
. Tair 1P. numéro du 12 juin 1869,
JOURNAL QUOTIDIEN f
S cent. le numéro.
5 cent. le -nimSro.
'Abonnements. — Trotemofs ; , Six mois un an
Paris 5 fr. 9 fr. t8 fr.
Départements 6 il 99
Administrateur: BOURDILLIAT.
Sma année — DIMANCHE 29 MAI 1870 — N° 1001
• ■ 4
Rédacteur en chef : A. DE BALA.TfiiKR-BEiA.Grisi.ONrw
BUREAUX D'ABONNEMENT: 9, sMiaDrouot
ADMINISTRATION: 13, quai Voltaire.
PARIS, 28 MAI 1870
COURRIER DE LYON
Nulle part mouvement social nè^se mfit.
jiifeste, depuis quelques années, avec auîcrài-
'd'àctivité- qu'à Lyon. Sur tous les points de
la ville, dans toutes les classes, chez tous les
individus, la même préoccupation existe : se
rendre compte de ce qui est, étudier ce qui
doit être, préparer ce qui sera. Les Cercles
ouvriers se multiplient ; ils créent des bi-
bliothèques ; ils «organisent des réunions. A
la Ruche rue Imbert-Goloftnès, rue du Mail
à la Croix-Rousse, aux Brotteaux, à Oullins,
'!es travailleurs ont des centres, qui ne sont
plus le cabaret, où ils viennent se reposer
des fatigues du jour, échanger des idées,
débattre des problèmes, se communiquer des
espérances.
La bourgeoisie agit de son côté. Des ma-
gistrats, des avocats, des banquiers, des né-
gociants, ont fondé une société d'Economie
politique,— où l'on prend des glaces au lieu
de boire du vin ou de la bière comme le
long des Côtes, mais où l'on discute de mtJ-
Ime l'instruction primaire gratuite, le libre
échange, les rapports du capital et du tra-
vail
Un membre de cette société, un Franc-
Comtois, M. Ganeval, est en train d'orga-
niser une caisse d'épargne des enfants, sur
des bases doutant plus pratiques qu'elles
sont plus simples et plus à la portée de tous.
C'est un système d'assurances, où les ver-
sements ne dureraient que douze ans, et
encore dans une mesure décroissante.
On donnerait 24 francs la première année,
22 la seconde, 20 la troisième, et ainsi de
suite. Le douzième versement serait de
2 francs.
Le titulaire du livret, sqr lequel seraient
inscrites ces sommes, aurait droit, pendant
le reste de sa vie, à 5 francs de rente pendant
~chsi ans, à 10 francs pendant les cinq an-
née^ ivantes, à 15 francs pendant les cinq
j^trtj^Aet, pour peu qu'il eût été assuré à
a&£ij'.pourrait compter sur une rente de
pHoms lorsqu'il aurait passé la cinquan-
•~-*irmdique la grande ligne du projet, sans
entrer dans les détails de son économie. A
coup sûr, ce n'est pas avec ces petits moyens
qu'on arrivera à éteindre le paupérisme;
mais, du moins, les gens prévoyants y trou-
veront une facilité de plus pour l'épargne,
et rien n'empêchera les pères, les oncles et
les parrains de donner une douzaine de li-
vrets à leurs fils, à leurs neveux et à leurs
filleuls, lorsque viendra le jour de l'an.
A propos de l'épargne, il faut relire cette
admirable page de Mirabeau sur les asso-
ciations mutuelles, — page tout actuelle,
et dont l'autorité s'impose.
« J'appellerai volontiers l'économie la se-
conde Providence du genre humain. Faites
que la subsistance même du pauvre ne se
consomme pas tout entière; obtenez de lui,
non par des lois, mais par la toute-puissance
de l'exemple, qu'il dérobe une toute petite
partie d'e son travail pour le confier à la re-
production du temps, et*7 par cela seul, vous
doublerez les ressources de l'espèce hu-
1 maine. — Et qui doute que la mendicité, ce
redoutable ennemi des mœurs et des lois,
ne fût détruite par de simples règles de po-
lice économique ? Qui doute que le travail de
l'homme, dans la vigueur de l'âge, ne pût le
nourrir dans la vieillesse ?
« Puisque la mendicité est presque la
même chez les peuples les plus riches et
chez les plus pauvres, ce n'est pas dans l'i-
négalité des fortunes qu'il faut, en recher-
cher la véritable cause ; elle est tout entière
dans rîmprévQjfance de l'avenir, dans la cor-
ruption des mœurs, et surtout dans cette
consommation continuelle sans remplace-
ment, qui changerait toutes les terres en
désert si la nature n'était pas plus sage que
l'homme.
« PàrLout le peuple est à même de faire
quelques épargnes, mais il n'a presque nulle
part la possibilité de les faire fructifier. Qui
voudrait se charger chaque jour du denier
de la veuve? Supposons même qu'un fils
pour son père, ou un père pour son fils,
voulussent retrancher six deniers par jour du
travail que cette économie leur rendrait plus
doux; dans quelles mains déposeraient-ils la
modique somme de 9 livres à la fin de cha-
que année? Quel serait même l'accroisse-
ment de cette somme si elle ne produisait
que de simples intérêts?...
« Vous craindrez peut-être de diminuer
la subsistance du pauvre par des sacrifices
même volontaires, que son état ne semble
pas pouvoir supporter? — Que vous connaî-
triez mal. les effets de l'économie ! Elle dou-
ble le travail, parce qu'elle en fait mieux
sentir le prix; elle augmente les forces avec
le courage... »
Parmi les associations lyonnaises, je tiens
à citer encore le Cercle Jurassien, dontle but
— comme celui de la Société Savoisienne de
Paris — est de transporter la Commune et
le Département au milieu de toutes ies
grandes villes ouvrières, de procurer aux
nationaux du travail, des secours, une t--Me
amie.
L'Association des anciens élèves du Lycée
a maintenant son siége rue de la Bourse,
n° 2. Si je donne cette adresse, c'est qu'elle
est en ce moment l'adresse d'une sOllserip-
tion qui mérite d'intéresser tous les citoyens
de l'Ain et du Rhône.
Les maisons du Haut-Bugey sont les plus
jolies des maisons. Bâties avec les belles
pierres de la chaîne du Jura, elles sont re-
couvertes de plaquettes de bois, qui, par leur
forme rappellent les ardoises, et donnent
aux toits un aspect pittoresque et gracieux..
Par malheur, ces plaquettes appelées ta-
vaillons offrent aux flammes un aliment fa-
cile, et il suffit de quelques étincelles parties
d'un toit pour embraser un village entier.
C'est ce qui vient d'arriver à la petite ville
de Châtillon de Michaille, sur la route de
Nantua à Bellegarde. Pour la troisième fois
depuis 8 ans, le feu désole ce canton. D'a-
bord, ce fut Montange, village séparé de
Châtillon seulement par un petit cours
d'eau, qui périt complètement. Les flammes
détruisirent ensuite Saint-Germain-de-Joux;
quelques maisons à peine échappèrent au
désastre. Il y a un mois, Châtillon de Mi-
chaille, chef-lieu du canton, en était le point
le plus riche, le plus aisé, le plus heureux.
Aujourd'hui, cinquante maisons sont brû-
lées, soixante ménages sont sans asile...
De telles infortunes réunissent tous les
cœurs dans un même sentiment de pitié et
de sympathie ; l'appel fait en faveur des in-
cendiés de Châtillon sera certainement en-
tendu. /
Je ne qui Itérai pas Lyon sans annoncer les
courses qui auront lieu le 19 juin, àl'une des
extrémités du parc de la Tétc-d'Or, sur la
rive gauche du Rhône. Ces courses dure-
ront deux jours; treize prix seront courus.
Pour y arriver, on traversera le parc et
l'on verra, au milieu d'une immense en-
ceinte en bois, relever les piliers et les mu-
railles de la prochaine Exposition.
Le 2 juillet, une grande fête inaugurera,
— dit-on, — les travaux du palais de l'In-
dustrie lyonnaise........
A quoi bon? La véritable fête est perma-
nente : c'est le concours des travaille .irs qu'oc-
cupent les grandes entreprises de cette sorte;
ce sont les résultats que l'industrie et le
commerce en attendent et le nouvel élément.,
de prospérité qu'elle apporte dans le pays.
TONY RÉVILLON.
ROCAMBOLE
(NOUVEL ÉPISODE)
LA CORDE DU PENDU
LXII
62
r' Que se passa-t-il entre Marmouset et M.
BIount?
Nul ne le sut.
Mais, une heure après, le directeur donna
ordre à deux infirmiers de conduire le préten-
du fou dans une cellule et de veiller sur lui
avec le plus grand soin.
Marmouset se laissa, du reste, emmener sans
la moindre résistance.
Seulement il avait eu soin d'enrouler au-
tour de son corps la fameuse corde du p-endu.
Uns heure plus tard, M. John Bell rentra.
M. Blount avait donné l'ordre qu'on 'le pré-
vînt de son retour. -
M. John Bell habitait un autre pavillon en
tout semblable à celui de M. Blount.
Les deux directeurs avaient des rapports de
service continuels. Mais ils vivaient à part
l'un de l'autre.
Il y avait même entre eux une certaine ja-
lousie, une sorte de rivalité qui prenait sa
source dans le raisonnement que chacun d'eux
se faisait :
— L'Angleterre n'a qu'une reine ; pourquoi
Bedlam a-t-il deux directeurs égaux en pou-
voirs et dont les deux volontés peuvent se
heurter à chaque Instant ?
Ne serait-il pas plus simple qu'on congédiât
mon collègue? „
Aussi, à moins de circonstances graves, M.
Blount n'allait jamais chez M. Bell.
Et M. Bell ne faisait pas davantage visite à
M. Blount.
Cependant, aussitôt qu'il fut prévenu que
M. Bell était rentré, M. Blount se hâta de se
rendre chez son collègue.
M. Bloun.t, on l'a vu par le billet du révé-
rend Patterson, était affilié à la mystérieuse
association qui, du fond d'un petit logement
d'Oxfort street, gouvernait le monde.
Il était de la Société des missions évangé-
liques.
. M. Bell, au contraire, non-seulement ne fai-
sait point partie de la Société, mais encore il
était catholique. v-"'
Il ne fallait donc pas songer à se servir de
lui comme on pouvait se servir de M. Blount.
Du reste, c'était un homme intègre, à cheval
sur son service et les règlements, en dépit de
sa monomanie. -
M. Blount se rendit donc chez lui.
M. Bell parut fort étonné.
— Je regrette, mon cher collègue, dit M.
Blount, que vous soyez sorti ce soir.... ,
— Pourquoi cela? demanda M. Bell.!
— Parce qu'on nous a amené un nouveau
pensionnaire.
— Eh bien ! vous l'avez reçu ?
— Sans doute.
— Alors tout est pour le mieux.
— Soit, mais vu ^importance du person-
nage...
— Ah ! c'est un personnage important ?
— C'est le neveu de lord Wilmot. , ,
-- Lord Wilmot?
— Oui.
— J'ignorais_ce nom.
— Cela n'a rien d'extraordinaire. Il y a six
cents lords en Angleterre.
— Pour le moins.
— Mais celui-ci est fabuleusement riche.
— Ah! ah!
— Au point qu'il a payé dix mille livres la
corde du pendu Tom.
M. John Bell fit un bond sur son siége.
— Que dites-vous? fit-il.
— La vérité.
' — Lord Wilmot a acheté la corde de Toati
— Non pas lui, mais son neveu.
— Et le neveu est fou?
'
— Non, pas plus que vous.. .
— Cependant.
— Cependant on me l'a amené ce soir. - .
— Pourquoi donc? puisqu'il n'est pas fou?
— Sa famille a jugé qu'il était fou, du mie
ment où il payait un bout de corde dix mil.Io
livres.
M. John Bell haussa les épaules.
. Tair 1P. numéro du 12 juin 1869,
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