Titre : La Petite presse : journal quotidien... / [rédacteur en chef : Balathier Bragelonne]
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1870-04-17
Contributeur : Balathier Bragelonne, Adolphe de (1811-1888). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32837965d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 17 avril 1870 17 avril 1870
Description : 1870/04/17 (A5,N1459). 1870/04/17 (A5,N1459).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k47168879
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-190
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 23/10/2017
LA PETITE PRESSE
- • \ >' QjL$f > * •
5 cent. le numéro. JOURNAL j 5 cent. le numéro.
- ' ' - - QUOTII), >y -1~-1-4> /*' yf
ABONNEMENTS. — Trois mois Six mois Un 3n
r-paris 5 9 fr. fr.
Départements 6 11 9S
. , Administrateur-. BOURDILLIAT.
5ma année — DSMANCIII-: ", 17 "" AVRIL ~l, 1870. — N° 1459
~,
Rédacteur en chef: A. DE BALATIIIER-BBAGELONNE ,
BUREAUX D'ABONNEMENT: S., ¡encDaeou.ot
ADMINISTRATION : 1-3, quai Voltaire.
PARIS, 16 AVRIL 1870
LES ŒUFS DE PAQUES
! La plus belle légende sur le^^fT^tf&^_
toues est une légende de mon>^eH|pa^y'
nbressan.
; Màrguerite d'Autriche, gouvernante des
|-I?ay&-Bas, avait quitté les Flandres pour faire
jun pèlerinage. Arrivée à Bourg, elle s'arrêta
quelques jours au château de Brou, en
pleine forêt, avec'les Alpes à. l'horizon.
' Marguerite était à la fois très-grande
dame et très-jolie. Son séjour a Brou fut •
une série de fêtes.
• ■ Les gentilshommes venaient la saluer
comme une reine et les paysans la regar-
daient passer comme une fée.
■ Le lundi de Pâques, il y eut dans la
,plaine de Bourg assemblée générale et jeux
'de toute espèce.
; Les vieux tiraient de Tare et la cible était
un tonneau plein.
Quand une flèche perçait la barrique, l'ar-
cher avait le droit de boire au tonneau «jus-
qu'à merçi; » les autres venaient après.
, Les jeunes gens et les jeunes filles s'amu-
saient de leur côté :
Adoncques les fillettes,
Fiancés et jouvençaux,
Commençaient les rondeaux
Quand venaient les musettes.
Marguerite, entourée des châtelaines du
voisinage, assistait à cette fête villageoise.
f. Une centaine d'œufs étaient éparpillés sur
le sable, et deux garçons et deux fillettes de-
1 vaient exécuter, en se tenant par la main,
, une danse du pays. Ainsi le voulait la cou-
itume : si ces jeunes gens dansaient sans
icasser les œufs, ils étaient fiancés ; même la
•volonté des parents ne. pouvait s'opposer à
;$ur union. On renouvelait trois fois l'é-
îpreuve, et les éclats de rire raillaient les
maladroits.
1. Marguerite était tout à ce spectacle nou-
W \.
veau pour elle, quand le son d'un cor monta :
de la forêt, et presque aussitôt apparut,
précédé et suivi d'un magnifique équipage,
M. le duc de Savoie, Philibert le Beau.
Le jeune homme mit pied à terre, fléchit
genou devant les châtelaines et demanda
,Itl spit,-Ilité.
:;r; Après quoi la fête reprit avec plus de gaieté
Tsngore et plus d'entrain.
/— Je veux danser aussi ! dit Marguerite.
Philibert lui proposa d'être son cavalier.
— Autriche et Savoie! criait la foule.
Les deux jeunes gens, eux, ne songeaient
ni à leur noblesse, ni à leurs maisons : ils
étaient absorbés par la crainte de casser les -
œufs. -
Bah ! le sort les favorisa comme il eût fa-
vorisé les premiers amoureux venus. La
danse fut heureuse ; et Margueri te, rouge de
plaisir, mit sa main dans la main de Phili-
bert, disant :
— Adoptons la coutume de Bresse.
C'est ainsi qu'ils furent fiancés, oBt les
poëtes du pays chantèrent le refrain
Beaux époux de noble lignée,
Dansez, dansez a Il sa.nt. Landry;
La couronne de l'épousée
Fait honneur au nom du mary.
La fleur d'Autriche, 6 Marguerite, j
Ternit déjà la fleur des bois :
Ah ! qu'il est beau l'amour des rois,
Quand au bonheur Dieu les invite !
Le bonheur de Marguerite d'Autriche et
de Philibert le Beau n'eut de lende-
main.
Les princes de la maison de f;avoie" ont
été de grands chasseurs. Philibert s'échauffa
un jour en poursuivant le cerf. Une fontaine
se trouvait sur son chemin; il y but à
grands traits. De là une pleurésie qui l'em-
porta en quelques jours.
Sa veuve, au désespoir, honora sa mé-
moire en faisant construire l'église de Brou,
sur le lieu de leurs premières amours..
Brou est le chef-d'œuvre qu'il fallait pour
consacrer un deuil de jeunesse, de beauté,
d'amour.
« Brodeuse et fileuse, a-t-on dit de Mar-
guerite d'Autriche, elle semble avoir filé son
église au fuseau des fées, filé infatigable-
1
ment. C'est un enchantement de guipures et
de broderies, de blanches pierres et d'al-
batre. »
La blancheur, — telle est, en effet, la pre-
mière impression qu'on éprouve à Brou.
Ensuite vient le calme, le suave, qui pren-
nent l'âme et la laissent sous le charme. Les
sculpteurs qui ont travaillé à ces tombeaux
avaient la foi. La beauté des figures qu'ils
ont laissées- ne vient pas seulement de la '
, forme et de la matière; la pensée religieuse
se révèle dans l'extase des poses et dans les
physionomies.
Il faut voir Brou,
L'origine des œufs de Pâques est double.
Est-ce un symbole, et faut-il voir en eux
le principe de la reproduction des êtres ?
Alors, on les retrouve dans toutes les reli-
gions, chez les Latins et chez les Francs,
chez les Chinois et chez les Barbares du
Nord.
M. Xavier Marmier, dans ses voyages,
raconte une tradition finlandaise poétique
comme un symbole :
Un oiseau mystique dépose un œuf sur les
genoux de Vaimainou qui le fait éclore dans
son sein; il le laisse tomber dans l'eau;
l'œuf se brise ; la partie inférieure de la co-
quille forme la terre ; la partie supérieure,
le ciel; le blanc liquide devient le soleil; le
jaune, la lune, et les parcelles de la coquille
brisée en mille morceaux sont changées en
étoiles.
M. Amédée de Ponthieu, —dans ses Fê-
tes légendaires, — rattache, en France, l'o- I
rigine des œufs de Pâques à l'établissement !
du carême.
« Dès le quatrième siècle, l'église ayant
interdit l'usage des œufs pendant la longue
pénitence des quarante jours qui était alors
rigoureusement observée, une grande quan-
tité d'œufs se trouvant entassée dans les pro-
visions du ménage, le moyen le plus expé-
ditif de. s'en débarrasser était de les donner
aux enfants. On en fit même l'objet d'un ca-
deau amusant en les teignant ou en les en- !
tourant de figurines et de devises. On jouait
même avec eux, en les toquant les uns con-
[ tre les autres. Le plus fort était vainqueur,
1
et ceux qui se brisaient lui appartenaient:
C'est même de la qu'est venu l'usage de les
durcir pour les rendre plus solides. »
Quoi qu'il en soit, les œufs de Pâques, —
[u'ils aient été considérés comme des étren-
Les du premier jour de l'an ou comme do
,econdes étrennes destinées, à fêter le plus
j'rand jour de la religion chrétienne, — ont
.oujours fait merveille chez nous, à la ,our,t
i la ville et dans les campagnes.
Pendant la semaine sainte, on faisait re-
chercher dans toutes les métairies les œufs »
les plus gros pour les offrir au roi. Après la
gmnd'mcsse de Pâques, dile au Louvre, des
laquais apportaient des pyramides d'œufs^'
peints en or, dans d'immenses corbeilles
ornées de verdure, et le chapelain, après les
avoir bériils, les distribuait, en présence de
Sa Majesté très-chrétienne, aux personnages
de la cour ; puis venait le tour des gardes du.
roi, des laquais ; le suisse lui-même recevait
son cadeau royal.
Un fermier de Normandie porta un jour à,
Louis XV un œuf naturel d'une grosseur
énorme. Le roi le fit dorer et l'offrit à sa:
maîtresse, la comtesse Dubarry. On ne parla
que de cela :
— Si vous le mangez à la coque, — dit
M. le chevalier de Boufflers, — je retiens les
coquilles.
L'œuf revenait à 200 livres.
Aujourd'hui, les jeunes gentlemen reçvent, à Pâques, des œufs plus beaux, que:
ceux de la Dubarry. Ces œufs en F;dcre ou'
en carton renferment, tantôt des bonbcms, ■
tantôt des jouets; s'ils sont offerts à de jolies';
femmes, ils contiennent quelquefois des bi-;
joux. Cent créations ingénieuses font des
œufs de Pâques, — qu'ils soient chers oal
bon marché, — la fête des surprises.
• Pour ma part, je ne sais pas de plus char-,
mante coutume, puisqu'elle fait briller les-
yeux et sourire les lèvres des petits enfants, !
TONY RÉVILLON.
ROCAMBOLE
(NOUVEL ÉPISODE)
LA CORDE DU PENDU
1
20 .
XX
Journal d'un fou de Bedlam
CHAPITRE VI
Franchissons maintenant un espace de cinq
années.
k Nous sommes en avril 1834.
Deux personnage causent à voix basse
',¡¡ans une des salles voûtées de Old-Pcmbleton.
; ' Le vieux manoir a revu des jours de splen- "
iacur et des jours de deuil, depuis cinq années.
Îj.; Une seconde fois, New-Pemblefcn, la mo-1
ferrie demeure, le castel du grand seigneurj j
rJToir le numéro du 12 juin 1860, I
/
s'est vu délaissé pour Old-Pembleton, le ma- '
| noir des hauts barons féodaux.
[ Pourquoi?
I Ecoutons la conversation de ces deux per-
sonnes qui causent au coin du feu, dans une
des salles basses du château.
— Je vous répète, moi, Tom, que notre maî-
tresse a eu tort de revenir à Old-Pembleton.
— Jo ne dis ni oui, ni non, moi, ma chère
Betsy.
— Et pourquoi êtes-vous ainsi indécis, Tom,
dans votre manière de voir?
— Betsy, ma chère, aussi vrai que vous êtes
ma femme depuis bientôt trois années, je vous
répète que je ne sais encore si lady Eveline,
notre noble et bonne .maîtresse, a eu tort ou
raison de quitter Londres d'abord, New-Pem-
bleton ensuite, pour venir ici. Cependant, en
homme judicieux que je suis, je pencherais
volontiers à croire qu'elle a eu raison.
— Ah ! vraiment ?
— Tout bien' réfléchi, oui, ma chère Betsy.
— Moi, dit Betsy-Justice, la jeune femmé de
Tom, car ils étaient jeunes tous deux à cette
époque, j'incline volontiers à penser le con-
traire.
— Sur quoi basez-vous votre opinion,
Betsy?
— Sur ceci, que la santé "ds milady va s'al- 1
térant tous les jours.
— Et vous croyez..?
— L'air âpre et vif de la montagne ne lui
vàut rien.
— Ah ! 7
v — Elle est attaquée d'une maladie de poi-
trine, et le climat qui lui serait nécessaire est
loin de'ressembler à celui-ci.
— Betsy, ma chère, répondit Tom, il y a du
vrai dans ce que vous dites là. Mais je tiens
à mon opinion, moi aussi, car décidément j'ai
une opinion, maintenant.
— En vérité! Tom?
— Oui, certes.
— Expliquez-v.ou3 donc, alors, Tom?
— Lady Eveline, voici trois années, me fit
appeler un matin et me dit : — Tom, il faut
"que Je te consulte, car tu es de bon conseil. -
- — Parlez, Lina, lui répondis-je.
Car, tu le sais, Betsy, ma chère, je suis le
frère de lait de milady et j'ai gardé de notre
enfance l'habitude de l'appeler par l'abrévia-
tion de son petit nom.
Milady reprit :
— Depuis un mois, je fais des rêves épou-
vantables.
— Vraiment? lui dis-je.
— Ou plutôt, je fais le même rêve.
— Ah ! ' ' -
— Mais il est effrayant.
J'attendais que milady s'expliquât et je gar-
dais respectueusement le silence.
.Elle reprit : 1
I —; Mon rêve a trois parties.' Dans la pre-
mière, je me trouve à New-Pembleton et ^
me promène dans le parc, en tenant mon fils
aîné par la main.'
— Sir \Villiam? lui dis-je.
— Précisément.
' — Mon cher Tom, interrompit Betsy, lais<.
sez-moi vous faire une q-uestion. ?
— Parlez, ma chère.
Le feu lord, que je n'ai point connu, ?e nom-
mait Evandale, n'est-ce pas?
— Oui. *
— Et son père portait le même nom?
— Cûmme vous le dites, Betsy.
— Je croyais donc que le nom d.'Evandale,_
poursuivit Betsy, était comme héréditaire dans
la famille...
— A peu près.
— Et se transmettait de fils aînéN en fUs
aîné?
— Cela a été longtemps la tradition.
— Alors, reprit Betsy, pourquoi monse:"gnew',
comme nous appelons le jeune lord, se nom-
me-t-il William, tandis que c'est son frère
cadet qui porte le nom d'Evandale?
— Je vais vous l'expliquer, Betsy.
— Parlez, Tom, je vous écoute.
— Sir lord E vandale avait un ami d'enfance
qui devînt son compagnon d'armes. Tou¡ deux
servaient à bord du même navire et avaient
même grade. Cet ami se nommait sir Wtt...:
liam Dickson.
— Fort bien.
- • \ >' QjL$f > * •
5 cent. le numéro. JOURNAL j 5 cent. le numéro.
- ' ' - - QUOTII), >y -1~-1-4> /*' yf
ABONNEMENTS. — Trois mois Six mois Un 3n
r-paris 5 9 fr. fr.
Départements 6 11 9S
. , Administrateur-. BOURDILLIAT.
5ma année — DSMANCIII-: ", 17 "" AVRIL ~l, 1870. — N° 1459
~,
Rédacteur en chef: A. DE BALATIIIER-BBAGELONNE ,
BUREAUX D'ABONNEMENT: S., ¡encDaeou.ot
ADMINISTRATION : 1-3, quai Voltaire.
PARIS, 16 AVRIL 1870
LES ŒUFS DE PAQUES
! La plus belle légende sur le^^fT^tf&^_
toues est une légende de mon>^eH|pa^y'
nbressan.
; Màrguerite d'Autriche, gouvernante des
|-I?ay&-Bas, avait quitté les Flandres pour faire
jun pèlerinage. Arrivée à Bourg, elle s'arrêta
quelques jours au château de Brou, en
pleine forêt, avec'les Alpes à. l'horizon.
' Marguerite était à la fois très-grande
dame et très-jolie. Son séjour a Brou fut •
une série de fêtes.
• ■ Les gentilshommes venaient la saluer
comme une reine et les paysans la regar-
daient passer comme une fée.
■ Le lundi de Pâques, il y eut dans la
,plaine de Bourg assemblée générale et jeux
'de toute espèce.
; Les vieux tiraient de Tare et la cible était
un tonneau plein.
Quand une flèche perçait la barrique, l'ar-
cher avait le droit de boire au tonneau «jus-
qu'à merçi; » les autres venaient après.
, Les jeunes gens et les jeunes filles s'amu-
saient de leur côté :
Adoncques les fillettes,
Fiancés et jouvençaux,
Commençaient les rondeaux
Quand venaient les musettes.
Marguerite, entourée des châtelaines du
voisinage, assistait à cette fête villageoise.
f. Une centaine d'œufs étaient éparpillés sur
le sable, et deux garçons et deux fillettes de-
1 vaient exécuter, en se tenant par la main,
, une danse du pays. Ainsi le voulait la cou-
itume : si ces jeunes gens dansaient sans
icasser les œufs, ils étaient fiancés ; même la
•volonté des parents ne. pouvait s'opposer à
;$ur union. On renouvelait trois fois l'é-
îpreuve, et les éclats de rire raillaient les
maladroits.
1. Marguerite était tout à ce spectacle nou-
W \.
veau pour elle, quand le son d'un cor monta :
de la forêt, et presque aussitôt apparut,
précédé et suivi d'un magnifique équipage,
M. le duc de Savoie, Philibert le Beau.
Le jeune homme mit pied à terre, fléchit
genou devant les châtelaines et demanda
,Itl spit,-Ilité.
:;r; Après quoi la fête reprit avec plus de gaieté
Tsngore et plus d'entrain.
/— Je veux danser aussi ! dit Marguerite.
Philibert lui proposa d'être son cavalier.
— Autriche et Savoie! criait la foule.
Les deux jeunes gens, eux, ne songeaient
ni à leur noblesse, ni à leurs maisons : ils
étaient absorbés par la crainte de casser les -
œufs. -
Bah ! le sort les favorisa comme il eût fa-
vorisé les premiers amoureux venus. La
danse fut heureuse ; et Margueri te, rouge de
plaisir, mit sa main dans la main de Phili-
bert, disant :
— Adoptons la coutume de Bresse.
C'est ainsi qu'ils furent fiancés, oBt les
poëtes du pays chantèrent le refrain
Beaux époux de noble lignée,
Dansez, dansez a Il sa.nt. Landry;
La couronne de l'épousée
Fait honneur au nom du mary.
La fleur d'Autriche, 6 Marguerite, j
Ternit déjà la fleur des bois :
Ah ! qu'il est beau l'amour des rois,
Quand au bonheur Dieu les invite !
Le bonheur de Marguerite d'Autriche et
de Philibert le Beau n'eut de lende-
main.
Les princes de la maison de f;avoie" ont
été de grands chasseurs. Philibert s'échauffa
un jour en poursuivant le cerf. Une fontaine
se trouvait sur son chemin; il y but à
grands traits. De là une pleurésie qui l'em-
porta en quelques jours.
Sa veuve, au désespoir, honora sa mé-
moire en faisant construire l'église de Brou,
sur le lieu de leurs premières amours..
Brou est le chef-d'œuvre qu'il fallait pour
consacrer un deuil de jeunesse, de beauté,
d'amour.
« Brodeuse et fileuse, a-t-on dit de Mar-
guerite d'Autriche, elle semble avoir filé son
église au fuseau des fées, filé infatigable-
1
ment. C'est un enchantement de guipures et
de broderies, de blanches pierres et d'al-
batre. »
La blancheur, — telle est, en effet, la pre-
mière impression qu'on éprouve à Brou.
Ensuite vient le calme, le suave, qui pren-
nent l'âme et la laissent sous le charme. Les
sculpteurs qui ont travaillé à ces tombeaux
avaient la foi. La beauté des figures qu'ils
ont laissées- ne vient pas seulement de la '
, forme et de la matière; la pensée religieuse
se révèle dans l'extase des poses et dans les
physionomies.
Il faut voir Brou,
L'origine des œufs de Pâques est double.
Est-ce un symbole, et faut-il voir en eux
le principe de la reproduction des êtres ?
Alors, on les retrouve dans toutes les reli-
gions, chez les Latins et chez les Francs,
chez les Chinois et chez les Barbares du
Nord.
M. Xavier Marmier, dans ses voyages,
raconte une tradition finlandaise poétique
comme un symbole :
Un oiseau mystique dépose un œuf sur les
genoux de Vaimainou qui le fait éclore dans
son sein; il le laisse tomber dans l'eau;
l'œuf se brise ; la partie inférieure de la co-
quille forme la terre ; la partie supérieure,
le ciel; le blanc liquide devient le soleil; le
jaune, la lune, et les parcelles de la coquille
brisée en mille morceaux sont changées en
étoiles.
M. Amédée de Ponthieu, —dans ses Fê-
tes légendaires, — rattache, en France, l'o- I
rigine des œufs de Pâques à l'établissement !
du carême.
« Dès le quatrième siècle, l'église ayant
interdit l'usage des œufs pendant la longue
pénitence des quarante jours qui était alors
rigoureusement observée, une grande quan-
tité d'œufs se trouvant entassée dans les pro-
visions du ménage, le moyen le plus expé-
ditif de. s'en débarrasser était de les donner
aux enfants. On en fit même l'objet d'un ca-
deau amusant en les teignant ou en les en- !
tourant de figurines et de devises. On jouait
même avec eux, en les toquant les uns con-
[ tre les autres. Le plus fort était vainqueur,
1
et ceux qui se brisaient lui appartenaient:
C'est même de la qu'est venu l'usage de les
durcir pour les rendre plus solides. »
Quoi qu'il en soit, les œufs de Pâques, —
[u'ils aient été considérés comme des étren-
Les du premier jour de l'an ou comme do
,econdes étrennes destinées, à fêter le plus
j'rand jour de la religion chrétienne, — ont
.oujours fait merveille chez nous, à la ,our,t
i la ville et dans les campagnes.
Pendant la semaine sainte, on faisait re-
chercher dans toutes les métairies les œufs »
les plus gros pour les offrir au roi. Après la
gmnd'mcsse de Pâques, dile au Louvre, des
laquais apportaient des pyramides d'œufs^'
peints en or, dans d'immenses corbeilles
ornées de verdure, et le chapelain, après les
avoir bériils, les distribuait, en présence de
Sa Majesté très-chrétienne, aux personnages
de la cour ; puis venait le tour des gardes du.
roi, des laquais ; le suisse lui-même recevait
son cadeau royal.
Un fermier de Normandie porta un jour à,
Louis XV un œuf naturel d'une grosseur
énorme. Le roi le fit dorer et l'offrit à sa:
maîtresse, la comtesse Dubarry. On ne parla
que de cela :
— Si vous le mangez à la coque, — dit
M. le chevalier de Boufflers, — je retiens les
coquilles.
L'œuf revenait à 200 livres.
Aujourd'hui, les jeunes gentlemen reç
ceux de la Dubarry. Ces œufs en F;dcre ou'
en carton renferment, tantôt des bonbcms, ■
tantôt des jouets; s'ils sont offerts à de jolies';
femmes, ils contiennent quelquefois des bi-;
joux. Cent créations ingénieuses font des
œufs de Pâques, — qu'ils soient chers oal
bon marché, — la fête des surprises.
• Pour ma part, je ne sais pas de plus char-,
mante coutume, puisqu'elle fait briller les-
yeux et sourire les lèvres des petits enfants, !
TONY RÉVILLON.
ROCAMBOLE
(NOUVEL ÉPISODE)
LA CORDE DU PENDU
1
20 .
XX
Journal d'un fou de Bedlam
CHAPITRE VI
Franchissons maintenant un espace de cinq
années.
k Nous sommes en avril 1834.
Deux personnage causent à voix basse
',¡¡ans une des salles voûtées de Old-Pcmbleton.
; ' Le vieux manoir a revu des jours de splen- "
iacur et des jours de deuil, depuis cinq années.
Îj.; Une seconde fois, New-Pemblefcn, la mo-1
ferrie demeure, le castel du grand seigneurj j
rJToir le numéro du 12 juin 1860, I
/
s'est vu délaissé pour Old-Pembleton, le ma- '
| noir des hauts barons féodaux.
[ Pourquoi?
I Ecoutons la conversation de ces deux per-
sonnes qui causent au coin du feu, dans une
des salles basses du château.
— Je vous répète, moi, Tom, que notre maî-
tresse a eu tort de revenir à Old-Pembleton.
— Jo ne dis ni oui, ni non, moi, ma chère
Betsy.
— Et pourquoi êtes-vous ainsi indécis, Tom,
dans votre manière de voir?
— Betsy, ma chère, aussi vrai que vous êtes
ma femme depuis bientôt trois années, je vous
répète que je ne sais encore si lady Eveline,
notre noble et bonne .maîtresse, a eu tort ou
raison de quitter Londres d'abord, New-Pem-
bleton ensuite, pour venir ici. Cependant, en
homme judicieux que je suis, je pencherais
volontiers à croire qu'elle a eu raison.
— Ah ! vraiment ?
— Tout bien' réfléchi, oui, ma chère Betsy.
— Moi, dit Betsy-Justice, la jeune femmé de
Tom, car ils étaient jeunes tous deux à cette
époque, j'incline volontiers à penser le con-
traire.
— Sur quoi basez-vous votre opinion,
Betsy?
— Sur ceci, que la santé "ds milady va s'al- 1
térant tous les jours.
— Et vous croyez..?
— L'air âpre et vif de la montagne ne lui
vàut rien.
— Ah ! 7
v — Elle est attaquée d'une maladie de poi-
trine, et le climat qui lui serait nécessaire est
loin de'ressembler à celui-ci.
— Betsy, ma chère, répondit Tom, il y a du
vrai dans ce que vous dites là. Mais je tiens
à mon opinion, moi aussi, car décidément j'ai
une opinion, maintenant.
— En vérité! Tom?
— Oui, certes.
— Expliquez-v.ou3 donc, alors, Tom?
— Lady Eveline, voici trois années, me fit
appeler un matin et me dit : — Tom, il faut
"que Je te consulte, car tu es de bon conseil. -
- — Parlez, Lina, lui répondis-je.
Car, tu le sais, Betsy, ma chère, je suis le
frère de lait de milady et j'ai gardé de notre
enfance l'habitude de l'appeler par l'abrévia-
tion de son petit nom.
Milady reprit :
— Depuis un mois, je fais des rêves épou-
vantables.
— Vraiment? lui dis-je.
— Ou plutôt, je fais le même rêve.
— Ah ! ' ' -
— Mais il est effrayant.
J'attendais que milady s'expliquât et je gar-
dais respectueusement le silence.
.Elle reprit : 1
I —; Mon rêve a trois parties.' Dans la pre-
mière, je me trouve à New-Pembleton et ^
me promène dans le parc, en tenant mon fils
aîné par la main.'
— Sir \Villiam? lui dis-je.
— Précisément.
' — Mon cher Tom, interrompit Betsy, lais<.
sez-moi vous faire une q-uestion. ?
— Parlez, ma chère.
Le feu lord, que je n'ai point connu, ?e nom-
mait Evandale, n'est-ce pas?
— Oui. *
— Et son père portait le même nom?
— Cûmme vous le dites, Betsy.
— Je croyais donc que le nom d.'Evandale,_
poursuivit Betsy, était comme héréditaire dans
la famille...
— A peu près.
— Et se transmettait de fils aînéN en fUs
aîné?
— Cela a été longtemps la tradition.
— Alors, reprit Betsy, pourquoi monse:"gnew',
comme nous appelons le jeune lord, se nom-
me-t-il William, tandis que c'est son frère
cadet qui porte le nom d'Evandale?
— Je vais vous l'expliquer, Betsy.
— Parlez, Tom, je vous écoute.
— Sir lord E vandale avait un ami d'enfance
qui devînt son compagnon d'armes. Tou¡ deux
servaient à bord du même navire et avaient
même grade. Cet ami se nommait sir Wtt...:
liam Dickson.
— Fort bien.
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