Titre : La Petite presse : journal quotidien... / [rédacteur en chef : Balathier Bragelonne]
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1870-04-11
Contributeur : Balathier Bragelonne, Adolphe de (1811-1888). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32837965d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 11 avril 1870 11 avril 1870
Description : 1870/04/11 (A5,N1453). 1870/04/11 (A5,N1453).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k47168827
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-190
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 22/10/2017
LA PETITE PRESSE
5 cent. le numéro.
«
JOURNAL QUOTIDIEN .
5 cent. le numéro.
: ABONNEMENTS. - Trois mois Six mois Un *t .
Paris 5 fr. 9 fr. t8 fr.
. Départements 6 il
fit Administrateur : BOURDILLIAT. ne
i; ln a année -r- LUNDI i 1 AVRIL 1870. — N° 1403
Rédacteur en chef: A. DE BALATHIER-BRAGELONNB
BUREAUX D'ABONNEMENT: 9, ..lIeOrouot
ADMINISTRATION : 13, quai Voltaire.
PARIS, 10 AVRIL 1870
LES PRÉFACES DE M. ALEXANDRE DUMAS FILS
LA FEMME
I
Ces préfaces paraissent à la veine^Tu plé^
biscite ; on les lit entre le discours de Gam-
betta et la réplique de M. Ollivier ; mais on
les lit. Donc elles valent..,
Celui qui les a écrites est un esprit de
bo:;ne foi, amoureux de la vérité, ayant une
façon devoir et de juger à lui, hardi autant
qu'original, et qu'on se plaît à suivre, —
-sûr d'aller avant et profond, sinon haut.
Des auteurs dramatiques contemporains
chacun a sa manière d'observer l'humanité,
son point de vue. Ainsi, M. Emile Augier
allume un cigare de la régie et se place sur
- le seuil de. sa maison ; M. Octave Feuillet
prend une tasse de thé dans un salon; M.
Alevandre Dumas fils, lui, fume des cigaret-
tes dans un atelier. Artiste par l'éducation
et les habitudes, il a naturellement choisi
pour idéal la règle, l'ordre, le bien par 2 et
2 font 4, c'est-à-dire ce qui manque aux ar-
tistes. Puis il a fourragé les idées et les cho-
ses de son temps pour y trouver des points
d'appui à ses thèses. Alors nous avons eu,
au théâtre et dans le livre, quelque chose
d'imprévu, de compliqué, un tout bizarre
qui étonne, qui heurte, mais qui s'impose
de par la convicLion et le talent.
M. Alexandre Dumas fils, — doctrinaire
et physiologiste, évangéliste et tireur de
cartes, lisant tour .à tour 4ans les âmes et
dans le creux de la main, lyrique comme un
• - prophète et blagueur comme un auteur de
parodies, — prodigue les majuscules :
l'Homme,' la Femme, le Sexe, la Création,
le Serpent, eLc.; et, quand les mots ainsi
présentés vous en imposent par leur gravité,
—i! détruit tout l'effet de cette mise en scène
par des phrases qui semblent tirées d'Orphée'
aux Enfers « Si Jupiter est descendu exprès
du ciel pour vous faire avaler la pilule d Am-
phitryon, etc. »
i
Naïf à croire; qu'il a découvert la Femme
.comme son père a découvert Marseille, roué
à le faire croire à autrui par le détail infini
de son analyse, brutal à froid, ce qui est une
préciosité, l'auteur de l'Ami des femmes mêle
le langage des Bères de l'Eglise à celui de
l'atelier Couture^pour rendre plus complète-
ment sa pensée; ce païen devenu chrétien,
ssoet observateur transtormé en maître ès-sa-
. lismc, ont gardé leur ancienne faiblesse
;-:pqpr le parler pittoresque, la tournure inat-
'Ifèadue, le mot à effet et le succès parisien.
l
De cette préface en cinquante pages de
VAmi des femmes oh l'on trouve de tout, une
.idée se dégage-t.:dle nettement? — Oui.
Les journaux ont cilé..des fragmc-,nts- —
malsains par -le faiiide leur isolement —' de
l'oeuvre de M. Alexandre Dumas fils.
Je citerai à mon tour, mais je prendrai la
plus belle page, je la prendrai d'autant plus
volontiers qu'elle renferme une conclusion :
« L'Homme et la Femme doivent non-
.seulf!ment se reproduire, ils doivent s'aimer;
ils doivent non-seulement s'aimer quand ils
se reproduisent, mais ils doivent s'unir à
tout jamais quand ils s'aiment. Dès que
l'Homme a trouvé la Femme qui lui con-
vient, il faut qu'il la fasse sienne, qu'il la
féconde et qu'il l'achève. Il n'y a pas plus à
revenir sur les lois des âmes que sur les lois
des corps. L'amour, source de toute vie et
do toute durée, est une de 'Ccs lois, la pre-
mière en date, en importance et en effi-
cacité. , *
« Rien ne peut être accompli que par l'a-
mour, amour de la vérité, du9 travail, du
bien, du beau, du juste, amoûr de Dieu, de
l'humanité, de la famille, rien n'est grand,
rien n'est vivant, rien n'est possible que par
cette cause première : l'Amour. La débauche
même est forcée de se couvrir dunom de ce
créateur éternel. Seul, l'amour de soi-même
est stérile, parce qu'il faut *être deux pour
aimer et pour enfanter. Le mariage est une
des expressions, un des moyens de cette loi
universelle. Il n'y a que lui, quoi qu'en di-
sent les poètes, qui contienne l'amour véri-
table, parce qu'il n'y a que lui qui contienne
l'estime de l'homme pour la femme, la con-
,fiance de la femme dans l'homme, la domi-
nation responsable de l'un, la soumission
intelligente de l'autre; parce qu'il n'y a
qu'une manière pour l'homme civilisé de
prouver à la femme qu'il l'aime, c'est de
l'épouser quand elle est libre et de la res-
pecter'quand elle ne l'est pas. Le mariage
est donc divin dans son principe, divin dans
son but, tout en étant souvent faillible dans
ses résultats, parce qu'il est souvent faussé
dans son application, comme tout ce qui a
l'homme pour agent. Les passions, les inté-
rêts, le mauvais exemple, la faiblesse, l'igno-
rance de leur véritable destinée, l'insuffi-
sance des garantie légales éloignent les in-
dividus de cette alliance type, à laquelle il
faut les faire revenir par tous les moyens
possibles, ceux qui l'ont réalisée pouvant af-
firmer que là est l'unique point d'appui so-
cial pour le botiheur, la dignité, le progrès
et la liberté de l'espèce humaine. En dehors
du mariage, l'homme profane le plaisir, (Jé-
shonore l'amour et n'apprend qu'à regretter,
à se repentir, à. mépriser, science inutile et
dangereuse, sans compter que l'homme, ce-
lui qui mérite le nom d'homme, le seul dont
nous ayons à nous occuper ici, n'a besoin que
d'une femme pour toute sa vie. Toutes les
autres sont contenues dans celle-là, s,'il a su
bien la choisir. Que ceux donc qui veulent
aimer et être aimés dans le sens sacré du
mot ne cherchent pas l'amour autre part que
dans le mariage ; il n'est que là. » ,
Il eslfrare, même en ®arême, d'entendre
un aussi bon sermon*
Je n'y relèverai qu'un mot — eelui que
M. 'A. Dumas, fils lui-même a souligné : —
'ni Et qu'il l'achèbc. » !
La femme en effet, pour lui,- est un être
circonscrit, passif, instrumentaire, la seule
œuvre incomplète de la création. Elle est de
tous points inférieure à l'homme qui doit la
reprendre après Dieu et la fithr.
f
« -Son cerveau est un vase et son ventre
est un moule; l'un et l'autre ne donnent
une forme qu'à ce que l'homme y dépose... »
Et encore :
»
« La nature, la société se sont donc enten-
dues et s'entendront éternellement, —
quelles que soient les réclamations de la
femme, — pour que la femme soit sujette
de l'homme. L'homme est le moyen de Dieu,
la femme est le moyen de l'homme. Elle en
dessous, lui'en dessus. Il n'y a plus à y re-
venir. »
Tout ce que la femme peut revendiquer,'
c'est l'aide, la protection, la fécondation pny-
sique, intellectuelle, morale, sociale. — As-
servis-moi, mais aime-moi, et fais-toi aimer
de moi! C'est tout ce que j'ai le droit de te de-
mander!...
Tel est le dernier mot de M. Alexandre
Dumas. Il a aimé, ita été aimé, il a vu, il a
réfléchi, et il conclut comme la fable et la
Bible : — La Femme perd l'Homme.
Et il ajoute : '
« L'homme ne se doit tout entier qu'à ce
qui est impérissable, éternel et infini. Si,
contenant en lui de quoi être Socrate, César
ou Christophe Colomb, il se réduit à être
Othello, Werther ou Des Grieux, il n'est
pas l'homme total, il n'est plus que l'homme
partiel ; il descend au-dessous de lui-même ;
il a perdu la notion de son origine et de sa
fin; il n'est plus qu'un ,héros littéraire, un
instrument d'immortalité pour les poëles et
d'immoralité pour .les petites filles et les col-
légiens. »
~ Je n'entreprends pas de répliquer. Ce que
; je voudrais, c'est exposer très-rapidement
mes idées sur la question soulevée par la
préface de l'Ami des femmes. — Cette pré-
face renferme d'autres parties sur lesquelles
je reviendrai demain.
Un matin de 1793, la citoyenne Rose La-
combe, présidente du club la Société des
femmfis révolutionnaires, se présenta à L'hôtel
de ville de Paris, à la tête d'une députation.
Elle venait pétitionner en faveur des droits
politiques de la femme,.
Le procureur de la commune, Chaumette,
se leva et répondit : -
— Depuis quand est-il permis aux femmes
d'abjurer leur sexe et de se faire hommes?
Depuis quand est-il d'usage de voir les fem-
mes abandonner les soins pieux de leur mé-
nage, le berceau de leurs enfants, pour venir
sur la place publique, dans la tribune aux
harangues, à la barre du Sénat, dans les
rangs de nos armées, remplir les devoirs
que la nature a départis à l'homme seul ? A
qui donc cette mère commune a-t-elle confié
les soins domestiques? Est-ce à nous? Nous
a-t-elle donné des mamelles pour allaiter nos
enfants ? A-t-olle assez assoupli nos muscles
pour les rendre propres,. aux soins du mé-
nage? Non, elle a dit à l'homme : — Sois
homme ! Les courses, la chasse, le labou-
ROCAMBOLE
(NOUVEL ÉPISODE)
LA CORDE DU PENDU
XIV
14
Et cernmc il5.traversaient le cimetière, Sho-
Idng prit vh ornent les mains de l'abbé Sa-
muel.. »
— AU! fit-il, dites-moi que vous l'avez vu?
. — Oui '?
— L'homme gris.
— Sans doute, je l'ai vn.
— Quand? hier, aujourd'hui? demandaSho-
king d'une voix étranglée par l'émotion.
— Non, dit l'abbé Samuel, je l'ai vu à New-
gat.e, il y a une quinzaine de jours.
Shoking jeta un cri de surprise.
— Ah! ilt-ii. s'il en est ainsi, vous ne savez
rien.
Voir le numéro du 12 j-uin 1869.
(.oLe prêtre le regarda d'un air étonné.
— Vous ne savez donc pas, poursuivit Sho-
king, que l'homme gris n'est plus à Newgate?
— Si, j G le sais.
— Ators vous savez où il est ?
Et Shoking se reprit à espérer.
— Non, dit l'abbé Samuel. >
— Nous le croyons môrt, nous.
'— Ah ! dit le prêtre.
Et il demeura impassible.
— Oh ! s'écria Shoking, vous savez des cho-
ses que nous ne savons pas.
— Peut-être-bien...
Slvking ne dit plus rien. Mais il fit à part
lui cette réflexion :
Je suis bien sûr maintenant que l'hom-
me gris n'est pas mort.
Soulement, il a très-certainement des rai-
sons pour ne pas reparaître.. -
' Et ces raisons,, l'abbé Samuel les connaît
aussi.
Dès lors Shoking garda un silence plein de
réserve.
Ils sortirent du cimetière et montèrent dans
lecab qui attendait Shoking sur le square.
— Rothnite Church ! dit celui-ci.
Le cab partit.
Arrive à l'église de Rothnite, l'abbé Samuel
et lui mirent pied à terre et renvoyèrent le
cab.
Puis ils #on!inuèrent leur chemin à pied et
gagnèrent Adam street.
Marmouset, était au seuil de la porte.
— Ah ! venez vite, dit-il, venez vite,
— Qu'est-ce qu'il y a donc encore? deman-
da Shoking.
— Il y a que la vieille femme va mourir.
— Betsy ?
— Après ton départ, dit Marmouset, ene a
été prise d'une crise nerveuse, puis une grande
faiblesse s'en est suivie, et maintenant c'est à
peine si elle respire. Il n'est-que temps qu'elle
voie monsieur.
Et Marmouset salua l'abbé Samuel.
— Rassurez-vous, monsieur, dit celui-ci en
français. Je connais Betsy et je l'ai vue plu-
sieurs fois en cet état, surtout depuis la mort
de son mari.
Ils montèrent.
Vanda était toujours au chevet de la vieille
femme, qui haletait sur son lit.
Quand Betsy-Justice vit apparaître l'abbé
Samuel, son visage se transfigura, et un
rayon de joue brilla dans son regard.
— Ah! dit-cHe, j'ai cru que j'allais mourir
avant votre arrivée.
L'abbé Samuel lui prit la main :
— Il faut avoir du courage, Betsy, dit-il.
— Ah! j'en ai, dit-elle, et puis il ne faut
pas que ce ,pauvre Tom soit mort inutilement.
Et elle regarda Shoking, ajo-utant :
— Vous connaissez donc cet homme?
— Oui, »2t--t l'abbé Samuel.
— C'est un ami du l'homme gris ?
- Oui.
—.Et ils viennent de sa part?
— Oui, répéta le prêtre catholique.
— Alors je puis leur dire où sont les pa-
piers?
— Cer.':!inemc!it..
Betsy fit un effort suprême et, une fois en-
core, elle parvint à se dressertur son lit.
— Alors, dit -elle, écoutez-moi... écoutez-
moi bien.
Tous quatre entouraient le lit de la vieille
femme dont la voix allait toujours s'affaiblis-
sant.
— Vous conntissez--IYglise de Rothnite? dit-
elle.
— Oui, répondit l'abbé Samuel.
— Elle est entourée d'un cimetière.
— Comme toutes les églises de Londres.
— Eh bien ! il y a dans le cimetière de Roth-
nite une tombe qui porte un nom pour toute
inscription : Robert.
— Après? fit Shoking.
— Cette tombe est surmontée d'une croix de
fer, continua Betsy-Justice. Elles sont rares
les croix de fer dans le pauvre cimetière de
Rothnite, et vous trouverez facilement la tombe
dont je vous parle.
— Et les papiers sont dans la tombe ?
— Oui.
— C'est bien, dit Marmouset, nous allons y
aller.
—-Mais, dit encore Be!sy, vous ne le pour- •
rez pas, le cimetière et l'église sont fermés la
nuit.
— Nous passerons par-dessus les grilles. ■
— C'est inutile, dit Shoking. i
— Que veux-tu dire?
Et Marmouset regarda Shoking avec curie-/
g-J
,,-- Je veux dire, répondit Shoking, que
un moyen de pénétrer dans le cimetière, sans
rien briser ni enfoncer aucune porte.
L'abbé Samuel fit ¡m sï&ne de tête^-qui vou-
lait dire ; - ----- " ", •
5 cent. le numéro.
«
JOURNAL QUOTIDIEN .
5 cent. le numéro.
: ABONNEMENTS. - Trois mois Six mois Un *t .
Paris 5 fr. 9 fr. t8 fr.
. Départements 6 il
fit Administrateur : BOURDILLIAT. ne
i; ln a année -r- LUNDI i 1 AVRIL 1870. — N° 1403
Rédacteur en chef: A. DE BALATHIER-BRAGELONNB
BUREAUX D'ABONNEMENT: 9, ..lIeOrouot
ADMINISTRATION : 13, quai Voltaire.
PARIS, 10 AVRIL 1870
LES PRÉFACES DE M. ALEXANDRE DUMAS FILS
LA FEMME
I
Ces préfaces paraissent à la veine^Tu plé^
biscite ; on les lit entre le discours de Gam-
betta et la réplique de M. Ollivier ; mais on
les lit. Donc elles valent..,
Celui qui les a écrites est un esprit de
bo:;ne foi, amoureux de la vérité, ayant une
façon devoir et de juger à lui, hardi autant
qu'original, et qu'on se plaît à suivre, —
-sûr d'aller avant et profond, sinon haut.
Des auteurs dramatiques contemporains
chacun a sa manière d'observer l'humanité,
son point de vue. Ainsi, M. Emile Augier
allume un cigare de la régie et se place sur
- le seuil de. sa maison ; M. Octave Feuillet
prend une tasse de thé dans un salon; M.
Alevandre Dumas fils, lui, fume des cigaret-
tes dans un atelier. Artiste par l'éducation
et les habitudes, il a naturellement choisi
pour idéal la règle, l'ordre, le bien par 2 et
2 font 4, c'est-à-dire ce qui manque aux ar-
tistes. Puis il a fourragé les idées et les cho-
ses de son temps pour y trouver des points
d'appui à ses thèses. Alors nous avons eu,
au théâtre et dans le livre, quelque chose
d'imprévu, de compliqué, un tout bizarre
qui étonne, qui heurte, mais qui s'impose
de par la convicLion et le talent.
M. Alexandre Dumas fils, — doctrinaire
et physiologiste, évangéliste et tireur de
cartes, lisant tour .à tour 4ans les âmes et
dans le creux de la main, lyrique comme un
• - prophète et blagueur comme un auteur de
parodies, — prodigue les majuscules :
l'Homme,' la Femme, le Sexe, la Création,
le Serpent, eLc.; et, quand les mots ainsi
présentés vous en imposent par leur gravité,
—i! détruit tout l'effet de cette mise en scène
par des phrases qui semblent tirées d'Orphée'
aux Enfers « Si Jupiter est descendu exprès
du ciel pour vous faire avaler la pilule d Am-
phitryon, etc. »
i
Naïf à croire; qu'il a découvert la Femme
.comme son père a découvert Marseille, roué
à le faire croire à autrui par le détail infini
de son analyse, brutal à froid, ce qui est une
préciosité, l'auteur de l'Ami des femmes mêle
le langage des Bères de l'Eglise à celui de
l'atelier Couture^pour rendre plus complète-
ment sa pensée; ce païen devenu chrétien,
ssoet observateur transtormé en maître ès-sa-
. lismc, ont gardé leur ancienne faiblesse
;-:pqpr le parler pittoresque, la tournure inat-
'Ifèadue, le mot à effet et le succès parisien.
l
De cette préface en cinquante pages de
VAmi des femmes oh l'on trouve de tout, une
.idée se dégage-t.:dle nettement? — Oui.
Les journaux ont cilé..des fragmc-,nts- —
malsains par -le faiiide leur isolement —' de
l'oeuvre de M. Alexandre Dumas fils.
Je citerai à mon tour, mais je prendrai la
plus belle page, je la prendrai d'autant plus
volontiers qu'elle renferme une conclusion :
« L'Homme et la Femme doivent non-
.seulf!ment se reproduire, ils doivent s'aimer;
ils doivent non-seulement s'aimer quand ils
se reproduisent, mais ils doivent s'unir à
tout jamais quand ils s'aiment. Dès que
l'Homme a trouvé la Femme qui lui con-
vient, il faut qu'il la fasse sienne, qu'il la
féconde et qu'il l'achève. Il n'y a pas plus à
revenir sur les lois des âmes que sur les lois
des corps. L'amour, source de toute vie et
do toute durée, est une de 'Ccs lois, la pre-
mière en date, en importance et en effi-
cacité. , *
« Rien ne peut être accompli que par l'a-
mour, amour de la vérité, du9 travail, du
bien, du beau, du juste, amoûr de Dieu, de
l'humanité, de la famille, rien n'est grand,
rien n'est vivant, rien n'est possible que par
cette cause première : l'Amour. La débauche
même est forcée de se couvrir dunom de ce
créateur éternel. Seul, l'amour de soi-même
est stérile, parce qu'il faut *être deux pour
aimer et pour enfanter. Le mariage est une
des expressions, un des moyens de cette loi
universelle. Il n'y a que lui, quoi qu'en di-
sent les poètes, qui contienne l'amour véri-
table, parce qu'il n'y a que lui qui contienne
l'estime de l'homme pour la femme, la con-
,fiance de la femme dans l'homme, la domi-
nation responsable de l'un, la soumission
intelligente de l'autre; parce qu'il n'y a
qu'une manière pour l'homme civilisé de
prouver à la femme qu'il l'aime, c'est de
l'épouser quand elle est libre et de la res-
pecter'quand elle ne l'est pas. Le mariage
est donc divin dans son principe, divin dans
son but, tout en étant souvent faillible dans
ses résultats, parce qu'il est souvent faussé
dans son application, comme tout ce qui a
l'homme pour agent. Les passions, les inté-
rêts, le mauvais exemple, la faiblesse, l'igno-
rance de leur véritable destinée, l'insuffi-
sance des garantie légales éloignent les in-
dividus de cette alliance type, à laquelle il
faut les faire revenir par tous les moyens
possibles, ceux qui l'ont réalisée pouvant af-
firmer que là est l'unique point d'appui so-
cial pour le botiheur, la dignité, le progrès
et la liberté de l'espèce humaine. En dehors
du mariage, l'homme profane le plaisir, (Jé-
shonore l'amour et n'apprend qu'à regretter,
à se repentir, à. mépriser, science inutile et
dangereuse, sans compter que l'homme, ce-
lui qui mérite le nom d'homme, le seul dont
nous ayons à nous occuper ici, n'a besoin que
d'une femme pour toute sa vie. Toutes les
autres sont contenues dans celle-là, s,'il a su
bien la choisir. Que ceux donc qui veulent
aimer et être aimés dans le sens sacré du
mot ne cherchent pas l'amour autre part que
dans le mariage ; il n'est que là. » ,
Il eslfrare, même en ®arême, d'entendre
un aussi bon sermon*
Je n'y relèverai qu'un mot — eelui que
M. 'A. Dumas, fils lui-même a souligné : —
'ni Et qu'il l'achèbc. » !
La femme en effet, pour lui,- est un être
circonscrit, passif, instrumentaire, la seule
œuvre incomplète de la création. Elle est de
tous points inférieure à l'homme qui doit la
reprendre après Dieu et la fithr.
f
« -Son cerveau est un vase et son ventre
est un moule; l'un et l'autre ne donnent
une forme qu'à ce que l'homme y dépose... »
Et encore :
»
« La nature, la société se sont donc enten-
dues et s'entendront éternellement, —
quelles que soient les réclamations de la
femme, — pour que la femme soit sujette
de l'homme. L'homme est le moyen de Dieu,
la femme est le moyen de l'homme. Elle en
dessous, lui'en dessus. Il n'y a plus à y re-
venir. »
Tout ce que la femme peut revendiquer,'
c'est l'aide, la protection, la fécondation pny-
sique, intellectuelle, morale, sociale. — As-
servis-moi, mais aime-moi, et fais-toi aimer
de moi! C'est tout ce que j'ai le droit de te de-
mander!...
Tel est le dernier mot de M. Alexandre
Dumas. Il a aimé, ita été aimé, il a vu, il a
réfléchi, et il conclut comme la fable et la
Bible : — La Femme perd l'Homme.
Et il ajoute : '
« L'homme ne se doit tout entier qu'à ce
qui est impérissable, éternel et infini. Si,
contenant en lui de quoi être Socrate, César
ou Christophe Colomb, il se réduit à être
Othello, Werther ou Des Grieux, il n'est
pas l'homme total, il n'est plus que l'homme
partiel ; il descend au-dessous de lui-même ;
il a perdu la notion de son origine et de sa
fin; il n'est plus qu'un ,héros littéraire, un
instrument d'immortalité pour les poëles et
d'immoralité pour .les petites filles et les col-
légiens. »
~ Je n'entreprends pas de répliquer. Ce que
; je voudrais, c'est exposer très-rapidement
mes idées sur la question soulevée par la
préface de l'Ami des femmes. — Cette pré-
face renferme d'autres parties sur lesquelles
je reviendrai demain.
Un matin de 1793, la citoyenne Rose La-
combe, présidente du club la Société des
femmfis révolutionnaires, se présenta à L'hôtel
de ville de Paris, à la tête d'une députation.
Elle venait pétitionner en faveur des droits
politiques de la femme,.
Le procureur de la commune, Chaumette,
se leva et répondit : -
— Depuis quand est-il permis aux femmes
d'abjurer leur sexe et de se faire hommes?
Depuis quand est-il d'usage de voir les fem-
mes abandonner les soins pieux de leur mé-
nage, le berceau de leurs enfants, pour venir
sur la place publique, dans la tribune aux
harangues, à la barre du Sénat, dans les
rangs de nos armées, remplir les devoirs
que la nature a départis à l'homme seul ? A
qui donc cette mère commune a-t-elle confié
les soins domestiques? Est-ce à nous? Nous
a-t-elle donné des mamelles pour allaiter nos
enfants ? A-t-olle assez assoupli nos muscles
pour les rendre propres,. aux soins du mé-
nage? Non, elle a dit à l'homme : — Sois
homme ! Les courses, la chasse, le labou-
ROCAMBOLE
(NOUVEL ÉPISODE)
LA CORDE DU PENDU
XIV
14
Et cernmc il5.traversaient le cimetière, Sho-
Idng prit vh ornent les mains de l'abbé Sa-
muel.. »
— AU! fit-il, dites-moi que vous l'avez vu?
. — Oui '?
— L'homme gris.
— Sans doute, je l'ai vn.
— Quand? hier, aujourd'hui? demandaSho-
king d'une voix étranglée par l'émotion.
— Non, dit l'abbé Samuel, je l'ai vu à New-
gat.e, il y a une quinzaine de jours.
Shoking jeta un cri de surprise.
— Ah! ilt-ii. s'il en est ainsi, vous ne savez
rien.
Voir le numéro du 12 j-uin 1869.
(.oLe prêtre le regarda d'un air étonné.
— Vous ne savez donc pas, poursuivit Sho-
king, que l'homme gris n'est plus à Newgate?
— Si, j G le sais.
— Ators vous savez où il est ?
Et Shoking se reprit à espérer.
— Non, dit l'abbé Samuel. >
— Nous le croyons môrt, nous.
'— Ah ! dit le prêtre.
Et il demeura impassible.
— Oh ! s'écria Shoking, vous savez des cho-
ses que nous ne savons pas.
— Peut-être-bien...
Slvking ne dit plus rien. Mais il fit à part
lui cette réflexion :
Je suis bien sûr maintenant que l'hom-
me gris n'est pas mort.
Soulement, il a très-certainement des rai-
sons pour ne pas reparaître.. -
' Et ces raisons,, l'abbé Samuel les connaît
aussi.
Dès lors Shoking garda un silence plein de
réserve.
Ils sortirent du cimetière et montèrent dans
lecab qui attendait Shoking sur le square.
— Rothnite Church ! dit celui-ci.
Le cab partit.
Arrive à l'église de Rothnite, l'abbé Samuel
et lui mirent pied à terre et renvoyèrent le
cab.
Puis ils #on!inuèrent leur chemin à pied et
gagnèrent Adam street.
Marmouset, était au seuil de la porte.
— Ah ! venez vite, dit-il, venez vite,
— Qu'est-ce qu'il y a donc encore? deman-
da Shoking.
— Il y a que la vieille femme va mourir.
— Betsy ?
— Après ton départ, dit Marmouset, ene a
été prise d'une crise nerveuse, puis une grande
faiblesse s'en est suivie, et maintenant c'est à
peine si elle respire. Il n'est-que temps qu'elle
voie monsieur.
Et Marmouset salua l'abbé Samuel.
— Rassurez-vous, monsieur, dit celui-ci en
français. Je connais Betsy et je l'ai vue plu-
sieurs fois en cet état, surtout depuis la mort
de son mari.
Ils montèrent.
Vanda était toujours au chevet de la vieille
femme, qui haletait sur son lit.
Quand Betsy-Justice vit apparaître l'abbé
Samuel, son visage se transfigura, et un
rayon de joue brilla dans son regard.
— Ah! dit-cHe, j'ai cru que j'allais mourir
avant votre arrivée.
L'abbé Samuel lui prit la main :
— Il faut avoir du courage, Betsy, dit-il.
— Ah! j'en ai, dit-elle, et puis il ne faut
pas que ce ,pauvre Tom soit mort inutilement.
Et elle regarda Shoking, ajo-utant :
— Vous connaissez donc cet homme?
— Oui, »2t--t l'abbé Samuel.
— C'est un ami du l'homme gris ?
- Oui.
—.Et ils viennent de sa part?
— Oui, répéta le prêtre catholique.
— Alors je puis leur dire où sont les pa-
piers?
— Cer.':!inemc!it..
Betsy fit un effort suprême et, une fois en-
core, elle parvint à se dressertur son lit.
— Alors, dit -elle, écoutez-moi... écoutez-
moi bien.
Tous quatre entouraient le lit de la vieille
femme dont la voix allait toujours s'affaiblis-
sant.
— Vous conntissez--IYglise de Rothnite? dit-
elle.
— Oui, répondit l'abbé Samuel.
— Elle est entourée d'un cimetière.
— Comme toutes les églises de Londres.
— Eh bien ! il y a dans le cimetière de Roth-
nite une tombe qui porte un nom pour toute
inscription : Robert.
— Après? fit Shoking.
— Cette tombe est surmontée d'une croix de
fer, continua Betsy-Justice. Elles sont rares
les croix de fer dans le pauvre cimetière de
Rothnite, et vous trouverez facilement la tombe
dont je vous parle.
— Et les papiers sont dans la tombe ?
— Oui.
— C'est bien, dit Marmouset, nous allons y
aller.
—-Mais, dit encore Be!sy, vous ne le pour- •
rez pas, le cimetière et l'église sont fermés la
nuit.
— Nous passerons par-dessus les grilles. ■
— C'est inutile, dit Shoking. i
— Que veux-tu dire?
Et Marmouset regarda Shoking avec curie-/
g-J
,,-- Je veux dire, répondit Shoking, que
un moyen de pénétrer dans le cimetière, sans
rien briser ni enfoncer aucune porte.
L'abbé Samuel fit ¡m sï&ne de tête^-qui vou-
lait dire ; - ----- " ", •
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