Titre : La Petite presse : journal quotidien... / [rédacteur en chef : Balathier Bragelonne]
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1870-04-04
Contributeur : Balathier Bragelonne, Adolphe de (1811-1888). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32837965d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 04 avril 1870 04 avril 1870
Description : 1870/04/04 (A5,N1446). 1870/04/04 (A5,N1446).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k47168753
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-190
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 22/10/2017
LA PETITE PRESSE
J5 cent. le numéro. JOURNAL QUOTIDIEN - G cent. le numéro.
ABONNEMENTS. — Trois mois Six mils , UJI ait
Paris 5 Ir.';. 9 fr. - 18 fr.
Départements 6 1 1 , es
; ^ . Administrateur : BOURPILLIAT.
'.
~
5 me- année — LUNDI 4 AVRIL 1870. — N° 1446
Rédacteur en chef: A. DE BALATHIUR-BRAGELONNB
1 BUREAUX D 'ABONNENIXNT: 9, rue Drouet
ADMINISTRATION : 13, quai Voltaire. à
PARIS, 3 AVRIL 1870
LES NIDS D'HIRONDELLES
Ce titre évoque la Chine. \ 7"
La Chine est, en effet, la patriffigrii^il^^e.
jdes hirondelles. Les lettrés y cornn^ntgTîf
¡leur destinée et les gourmets s'y rêvaient de
; leurs nids. Tous, chers lecteurs, .vous avez
^entendu parler des nids d'hirondelles, — le
[mets favori des Chinois. Si vous désirez en
voir, vous n'avez qu'à vous arrêter rue Vi-
vienne, devant la devanture de PoteI., Si
vous n'habitez pas Paris, vous vous conten-
terez de la description du docteur Ivan...
Ce comestible n'est autre chose que le nid
; d'une espèce d'hirondelle, le tonquin. Il
n'est pas composé, comme on l'a cru, d'œufs
;de poissons ou d'autres substances animales,
;mais des branches d'un fucus, décolorées et
'¡agglutinées ensemble. M. Lamouroux a cru
fies reconnaître pour un varech de la mer des
dindes, qui contient beaucoup de sucre.
C'est surtout dans les cavernes des côtes,
dans les îles de l'Océan, telles que Timor,
jFiores, Amboine, Taïti et les Marquises,
/9u'on va chercher les nids de tonquin. Pour
| atteindre à l'entrée d'une caverne battue par
i la mer, il faut descendre un rocher à pic de
,, plusieurs centaines de pieds de hauteur, res-
j ter sur l'abîme pendant plus d'une heure,—
iSans autre soutien que de légères échelles de
j rotin ou de bambou, qui, d'espace en espace,
[tapissent le rocher. Arrivé h l'entrée des
)grottes¡ on allume les flambeaux et l'on pro-
jcède à la recherche des nids, placés le plus
souvent dans des fentes et des crevasses, on
iil faut pénétrer avec précaution ; il y règne
i_iîne nuit éternelle, et l'on n'entend d'autre
jbruit que le mugissement des vagues qui se
\précipitent avec fracas au fond de C3S ahî-
(mes. Il faut avoir le pied bien sûr et la tête
;bien calme pour escalader— sans tomber—
ces 'roches humides et glissantes; une hési-
tation, un faux pas, seraient suivis d'une
mort certaines. *
Les nids les plus estimés sont ceux que
l'on recueille dans les cavernes les plus hu-
mides et que les oiseaux n'ont pas encore
fpar te couvée. Il sont plus blancs, plus
, plus transparents que'les autres. La
lette se fait deux fois par an, et si l'on
n de ne pas dégrader les roches en pre-
les nids, le nombre est- à peu près égal
^âque fois.
La seule préparation que reçoivent les nids
de tonquin avant d'être livrés aux Chinois
est la dessiccation ; on a soin d'y procéder à
l'abri des rayons de soleil qui en détério-
reraient la couleur et la qualité ; puis on les
rassemble en première, deuxième et troisiè-
me sorte, et on les emballe dans de petites
boîtes en bois de la contenance de trente
kilogrammes environ. ■
On en importe annuellement en Chine
242,000 livres environ ; e.n estimant chaque
livre à une moyenne de 50 fr., on trouve que
pour ce seul article les Chinois payent .aux
îles de l'Archipel plus de douze millions de
francs. C'est un monopole important pour les
souverains des diverses îles où se trouvent
les cavernes. Aussi la possession de ces lieux
est-elle souvent la cause des guerres que se
font ces' pettts peuples.
Mais ce n'est pas au point de vue de la
table que les nids d'hirondelles ont attiré
mon attention ce matin.
J'ai trouvé dans un journal une série
d'observations intélï' <- i. s communiquées
à l'Académie des -, par M? Pouchet.
Ces observations peuve.it se résumer ainsi :
Les hirondelles ne font plus àujourd'hui
leur nid comme il y a trente ou quarante ans.
Autrefois, leur nid était une calotte de sphè-
re, dans laquelle on ne pénétrait que par
une ouverture circulaire, cachée dans l'en-
coignure. Maintenant, le nid a la forme j
d'une coupe, et l'ouverture se présente sous |
l'aspect d'une fenêtre longitudinale. Les pe-
tits,Jqui ne pouvaient entrer qu'un à un
dans le nid, peuvent y entrer tous ensemble.
« - Il semble, p — a dit un savant, de
ceux qui aiment les allusions discrètes et les
demi-sourires, M. Dumas, — « que les
hirondelles de nos jours aient connu la loi
sur nos logements insalubres ; elles ont fait
pénétrer l'air dans leurs demeures, ce qu'é-
vitaient les hirondelles du vieux temps.' »
Je ne sais jusqu'à quel point la découverte
de M. Pouchet est vraie; je me défie un peu
des gens à découvertes, me rappelant tou-
jours cet épisode de l'histoire de l'Académie
de Bordeaux.
Un Pouchet Girondin présenta un jour à
ses collègues le squelette d'un animal in-
connu, qu'il avait trouvé en faisant creuser
un fossé dans son pré. Cet animal était
de forme ronde; il était monté sur deux
longues antennes dures comme du fer. On
procéda à un examen sérieux, et l'on s'aper-
çut que c'était un vieux pompon de garde
national.
Admettons cependant, l'authenticité des
nouveaux nids. Les notions acquises sont
renversées. Voilà le progrès indépendant de
la parole, l'oiseau élevé au niveau de l'hom-
me, l'histoire naturelle à refaire, tout un
monde nouveau !...
✓
Pas un de vous, chers lecteurs, qui main-
tenant n'attendra avec impatience l'arrivée
des hirondelles, pour contrôler par lui-même
le dire de l'Académie.
Mais, quand reviendront les hirondelles?
Il y a huit jours, — dit-on, — la première
hirondelle, après avoir passé comme un
point noir au-dessus de la Méditerranée,
rasa de ses ailes une plage française. •
Au-dessous d'elle, à perte de vue, s'éten-
dait la plaine morne; et sur les branches des
arbres noircis par la pluie s'abatlaient les
corbeaux par volées.
L'hirondelle hésita.
Devait-elle continuer son voyage? Sans
.....^
doute, après la boue de la campagne, elle
trouverait la boue des villes. L'eau froide; j
de la pluie, filtrant par les gouttières/f
mouillerait ses plumes et roidirait son
corps...
Elle, dont la venue et le départ symboli-
sent l'ordre des saisons, s'était donc trom-
pée!...Son instinct avait menti!... Elle trou-
vait pluviôse au lieu de germinal....
Et, pendant un grand moment, l'oiseau
voyageur hésita, se demandant sans doute si,
changeant le but de son voyage, il ne devait
pas retourner vers la Midi radieux;
A la fin, il se mit à faire de grands cer-
cles sur le Languedoc et la Provence, n'o-
sant ni repasser la mer, ni monter vers le
Nord ravagé par la tempête. ;
Hier, cependant, le temps s'est éclairci;
les nuages — en filant — ont découvert un
ciel d'un azur pâle ; le soleil a fait miroiter
les vitres, les. ardoises et les bourgeons. De
petits coups de vent tiède ont soulevé lès ri-
deaux des fenêtres entr'ouvertes...
Est-ce le printemps, cette fois, et l'hiron-
delle, cessant de tourner sur place,'va-t-elle
se diriger vers le Nord, pour y passer les
mois chauds ?...
TONY RÉVILLON.
P.-S. — Mon cher confrère Léo Lespès
saluait hier, dans le Petit Moniteur, le retour
du printemps, et il citait les jolis vers des
fées, dans Ce qui plaît aux femmes.
Nous sommes séve pure ,
De l'herbe et de l'arbrisseau ;
C'est notre voix qui murmure
Dans le babil du ruisseau;
Quand avril fait tout renaître,
La vie à flots nous pénètre,
Et notre âme, heureuse d'être,
Monte au ciel avec l'oiseau.
Lespès annonçait «'en même temps, avec
cette cordialité dans l'amitié qui nous est ,
commune, la conférence que je ferai aujour-
d'hui, à une heure, au théâtre du Châtelpt,':
sur Ponsard et son œuvre. Hélas! j'ai deux:
raisons de craindre de parler devant les ban-
quettes : le printemps d'abord, ensuite Les-
pès lui-même, qui, au théâtre de Cluriy,
fera une conférence sous ce titre noDulaire :
Les Étudiants.
T. R.
ROCAMBOLE
(NOUVEL ÉPISODE)
LA CORDE DU PENDU
VII
7
Rocambole dit alors : . • - -,
— Tu te souviens de la façon dont notre
amitié a commence.
Nous étions compagnons de chaîne.
Un jour tu me parlas de ces deux orphelins
pour ramour de qui tu étais au bagne...
— Oui, oui, dit Miion, et c'est è.epuif que
vous avez sauvé mes pauvres enfants, que je
Tous suis dévoué comme un chien fidèle.
— Eh bienl pareille chose m'est arrivé une
seconde fois.
i — Comment cela?
— Seulement ce n'était plus au bagne " de
Tonlon, mais dans la prison de Newgate.-
— Ah!
,}
— Et l'homme avec qui je me suis lié est
mort.
— Il a été pendu?
— Hélas! oui.
Et Rocambole soupira.
— Ecoute, reprit-il. Je venais d'être arrêté
et je n'avais opposé d'ailleurs aucune résistance.
J'avais mes raisons pour cela, car j'eusse pu
m'évader avant même que les portes de New-
gate nQ.$e fussent refermées sur moi.
On neine conduisit pas tout de suite à New-
gate., du reste.
On me mena tout d'abord chez le magistrat
de police de Drury Lane. '
Le magistrat m'interrogea pour la forme et
me fit écrouler dans la prison qui sert de dé-
pôt et qui se trouve placée au-dessous de son
prétoice.
Chaque matin, unn u :.i"zïre cellulaire fait le
tour des cours de police, e ilève les prisonniers
arrêtés pendant la nuit et les dirige soit sur
Newgate, soit sur Bath square ouv tout autre
prison centrale.. I
Je passai donc six heures dans le-caehot de
la cour de police de Drury Lane. \
Dans ce même cachot, il y avait une femme .
en haillons, déjà vieille, mais dont le visage !
conservait les traces d'une rare beauté.
Quand j'entrai, elle mè regarda avec défiance
d'abord, puis avec curiosité.
Enfin, son regard ayant rencontré le mien,
elle éprouva sacs doute le charme mystérieux
que mon regard exerce sur certaines personnes,
car elle me dit :
— Je crois que "YOUS êtes l'homme que Je
cherche.
Et comme je la regardais avec étonnement :
— Etes-vôus arrêté pour un grand crime?
me demanda-t-elle.
-- Je suis fénian, répondis-je.
Elle tressaillit, et un rayon de joie éclaira
son visage. - ' .
— Ah ! fit-elle ; alors vous irez à Newgate
demain.
— Incontestablement.
— J'avais donc bien raison de dire que vous
étiez l'homme que je cherche depuis si long-
temps.
Je la regardais toujours, cherchant à devi-
ner le sens de ses paroles.
Elle continua :
— Je me nomme BeSsy-Justice, je suis Ecos-
saise.
— Fort bien. Après ? ...
— Voici un mois que je me fais arrêter cha-
que soir pour ivrognerie. Je ne suis pas ivre,
comme bien vous le pensez...
— Alors?... i \
— Mais je feins de l'être. On me conduit
chtz un magistrat da police, on m'enferme
jusqu'au lendemain, et le lendemain le ma-
gistrat me condamne à 2 shillings d'amende
let on me rend ma liberté.
— Pourquoi donc alors, demandai-je, si vous
n'êtes pas ivrew. feignez-vous de l'être?
— Pour me faire arrêter, et cela tantôt dans
un ¿ruartier, tantôt dans un autre. A cette
heurey j'ai fait presque toutes leS\¡ prisons des
cours âe pelice de Londres.
— Mais pourquoi ?
r- Parce gue je cherche un homme\en qui
je puisse avoir confiance, un homme qui aill
à Newgate.
— En quoi cet homme peut-il vous servir?
Elle me regarda encore.
— Vous avez l'air honnête et bOIl, me dit-
elle. Comment vous appelez -vous?
— L'homme gris, répondis-je.
Ce nom lui arracha un cri.
— Ah 1 dit-elle, c'est vous qu'on appelle :
l'homme gris?
— Oui.
— Et vous vous êtes laissé arrêter?
— Oui.
— Mais vous sortirez de prison quand vous ;
voudrez..?
— Peut-être... .
— Oh! c'est sûr, dit-elle. J'ai entendu par-
ler de vous, et ce que vous voulez, vous le
faites. "-...-"
— En attendant, dis-je en souriant, je vais
aller à Newgate. 4 -
Oh! puisque vous êtes l'homme gris,
poursuivit-elle, je puis tout vous dire.
— Parlez...
— Mon mari est en prison.
, — A Newgate?
— Oui. Et il est condamné à être £<îndu le
47 du mois prochain. ,
— Quel crime a-t-il commis?
— Il a tué un lord.
— Dans quel but?
— Ah ! dit Betsy-Justice, ceci serait une
histoire trop longue à vous raconter. Nous
n'aurions pas le temps. Mais, puisque vous
allez à Newgate3 il vous dira tout* lui,,; ",u.j
J5 cent. le numéro. JOURNAL QUOTIDIEN - G cent. le numéro.
ABONNEMENTS. — Trois mois Six mils , UJI ait
Paris 5 Ir.';. 9 fr. - 18 fr.
Départements 6 1 1 , es
; ^ . Administrateur : BOURPILLIAT.
'.
~
5 me- année — LUNDI 4 AVRIL 1870. — N° 1446
Rédacteur en chef: A. DE BALATHIUR-BRAGELONNB
1 BUREAUX D 'ABONNENIXNT: 9, rue Drouet
ADMINISTRATION : 13, quai Voltaire. à
PARIS, 3 AVRIL 1870
LES NIDS D'HIRONDELLES
Ce titre évoque la Chine. \ 7"
La Chine est, en effet, la patriffigrii^il^^e.
jdes hirondelles. Les lettrés y cornn^ntgTîf
¡leur destinée et les gourmets s'y rêvaient de
; leurs nids. Tous, chers lecteurs, .vous avez
^entendu parler des nids d'hirondelles, — le
[mets favori des Chinois. Si vous désirez en
voir, vous n'avez qu'à vous arrêter rue Vi-
vienne, devant la devanture de PoteI., Si
vous n'habitez pas Paris, vous vous conten-
terez de la description du docteur Ivan...
Ce comestible n'est autre chose que le nid
; d'une espèce d'hirondelle, le tonquin. Il
n'est pas composé, comme on l'a cru, d'œufs
;de poissons ou d'autres substances animales,
;mais des branches d'un fucus, décolorées et
'¡agglutinées ensemble. M. Lamouroux a cru
fies reconnaître pour un varech de la mer des
dindes, qui contient beaucoup de sucre.
C'est surtout dans les cavernes des côtes,
dans les îles de l'Océan, telles que Timor,
jFiores, Amboine, Taïti et les Marquises,
/9u'on va chercher les nids de tonquin. Pour
| atteindre à l'entrée d'une caverne battue par
i la mer, il faut descendre un rocher à pic de
,, plusieurs centaines de pieds de hauteur, res-
j ter sur l'abîme pendant plus d'une heure,—
iSans autre soutien que de légères échelles de
j rotin ou de bambou, qui, d'espace en espace,
[tapissent le rocher. Arrivé h l'entrée des
)grottes¡ on allume les flambeaux et l'on pro-
jcède à la recherche des nids, placés le plus
souvent dans des fentes et des crevasses, on
iil faut pénétrer avec précaution ; il y règne
i_iîne nuit éternelle, et l'on n'entend d'autre
jbruit que le mugissement des vagues qui se
\précipitent avec fracas au fond de C3S ahî-
(mes. Il faut avoir le pied bien sûr et la tête
;bien calme pour escalader— sans tomber—
ces 'roches humides et glissantes; une hési-
tation, un faux pas, seraient suivis d'une
mort certaines. *
Les nids les plus estimés sont ceux que
l'on recueille dans les cavernes les plus hu-
mides et que les oiseaux n'ont pas encore
fpar te couvée. Il sont plus blancs, plus
, plus transparents que'les autres. La
lette se fait deux fois par an, et si l'on
n de ne pas dégrader les roches en pre-
les nids, le nombre est- à peu près égal
^âque fois.
La seule préparation que reçoivent les nids
de tonquin avant d'être livrés aux Chinois
est la dessiccation ; on a soin d'y procéder à
l'abri des rayons de soleil qui en détério-
reraient la couleur et la qualité ; puis on les
rassemble en première, deuxième et troisiè-
me sorte, et on les emballe dans de petites
boîtes en bois de la contenance de trente
kilogrammes environ. ■
On en importe annuellement en Chine
242,000 livres environ ; e.n estimant chaque
livre à une moyenne de 50 fr., on trouve que
pour ce seul article les Chinois payent .aux
îles de l'Archipel plus de douze millions de
francs. C'est un monopole important pour les
souverains des diverses îles où se trouvent
les cavernes. Aussi la possession de ces lieux
est-elle souvent la cause des guerres que se
font ces' pettts peuples.
Mais ce n'est pas au point de vue de la
table que les nids d'hirondelles ont attiré
mon attention ce matin.
J'ai trouvé dans un journal une série
d'observations intélï' <- i. s communiquées
à l'Académie des -, par M? Pouchet.
Ces observations peuve.it se résumer ainsi :
Les hirondelles ne font plus àujourd'hui
leur nid comme il y a trente ou quarante ans.
Autrefois, leur nid était une calotte de sphè-
re, dans laquelle on ne pénétrait que par
une ouverture circulaire, cachée dans l'en-
coignure. Maintenant, le nid a la forme j
d'une coupe, et l'ouverture se présente sous |
l'aspect d'une fenêtre longitudinale. Les pe-
tits,Jqui ne pouvaient entrer qu'un à un
dans le nid, peuvent y entrer tous ensemble.
« - Il semble, p — a dit un savant, de
ceux qui aiment les allusions discrètes et les
demi-sourires, M. Dumas, — « que les
hirondelles de nos jours aient connu la loi
sur nos logements insalubres ; elles ont fait
pénétrer l'air dans leurs demeures, ce qu'é-
vitaient les hirondelles du vieux temps.' »
Je ne sais jusqu'à quel point la découverte
de M. Pouchet est vraie; je me défie un peu
des gens à découvertes, me rappelant tou-
jours cet épisode de l'histoire de l'Académie
de Bordeaux.
Un Pouchet Girondin présenta un jour à
ses collègues le squelette d'un animal in-
connu, qu'il avait trouvé en faisant creuser
un fossé dans son pré. Cet animal était
de forme ronde; il était monté sur deux
longues antennes dures comme du fer. On
procéda à un examen sérieux, et l'on s'aper-
çut que c'était un vieux pompon de garde
national.
Admettons cependant, l'authenticité des
nouveaux nids. Les notions acquises sont
renversées. Voilà le progrès indépendant de
la parole, l'oiseau élevé au niveau de l'hom-
me, l'histoire naturelle à refaire, tout un
monde nouveau !...
✓
Pas un de vous, chers lecteurs, qui main-
tenant n'attendra avec impatience l'arrivée
des hirondelles, pour contrôler par lui-même
le dire de l'Académie.
Mais, quand reviendront les hirondelles?
Il y a huit jours, — dit-on, — la première
hirondelle, après avoir passé comme un
point noir au-dessus de la Méditerranée,
rasa de ses ailes une plage française. •
Au-dessous d'elle, à perte de vue, s'éten-
dait la plaine morne; et sur les branches des
arbres noircis par la pluie s'abatlaient les
corbeaux par volées.
L'hirondelle hésita.
Devait-elle continuer son voyage? Sans
.....^
doute, après la boue de la campagne, elle
trouverait la boue des villes. L'eau froide; j
de la pluie, filtrant par les gouttières/f
mouillerait ses plumes et roidirait son
corps...
Elle, dont la venue et le départ symboli-
sent l'ordre des saisons, s'était donc trom-
pée!...Son instinct avait menti!... Elle trou-
vait pluviôse au lieu de germinal....
Et, pendant un grand moment, l'oiseau
voyageur hésita, se demandant sans doute si,
changeant le but de son voyage, il ne devait
pas retourner vers la Midi radieux;
A la fin, il se mit à faire de grands cer-
cles sur le Languedoc et la Provence, n'o-
sant ni repasser la mer, ni monter vers le
Nord ravagé par la tempête. ;
Hier, cependant, le temps s'est éclairci;
les nuages — en filant — ont découvert un
ciel d'un azur pâle ; le soleil a fait miroiter
les vitres, les. ardoises et les bourgeons. De
petits coups de vent tiède ont soulevé lès ri-
deaux des fenêtres entr'ouvertes...
Est-ce le printemps, cette fois, et l'hiron-
delle, cessant de tourner sur place,'va-t-elle
se diriger vers le Nord, pour y passer les
mois chauds ?...
TONY RÉVILLON.
P.-S. — Mon cher confrère Léo Lespès
saluait hier, dans le Petit Moniteur, le retour
du printemps, et il citait les jolis vers des
fées, dans Ce qui plaît aux femmes.
Nous sommes séve pure ,
De l'herbe et de l'arbrisseau ;
C'est notre voix qui murmure
Dans le babil du ruisseau;
Quand avril fait tout renaître,
La vie à flots nous pénètre,
Et notre âme, heureuse d'être,
Monte au ciel avec l'oiseau.
Lespès annonçait «'en même temps, avec
cette cordialité dans l'amitié qui nous est ,
commune, la conférence que je ferai aujour-
d'hui, à une heure, au théâtre du Châtelpt,':
sur Ponsard et son œuvre. Hélas! j'ai deux:
raisons de craindre de parler devant les ban-
quettes : le printemps d'abord, ensuite Les-
pès lui-même, qui, au théâtre de Cluriy,
fera une conférence sous ce titre noDulaire :
Les Étudiants.
T. R.
ROCAMBOLE
(NOUVEL ÉPISODE)
LA CORDE DU PENDU
VII
7
Rocambole dit alors : . • - -,
— Tu te souviens de la façon dont notre
amitié a commence.
Nous étions compagnons de chaîne.
Un jour tu me parlas de ces deux orphelins
pour ramour de qui tu étais au bagne...
— Oui, oui, dit Miion, et c'est è.epuif que
vous avez sauvé mes pauvres enfants, que je
Tous suis dévoué comme un chien fidèle.
— Eh bienl pareille chose m'est arrivé une
seconde fois.
i — Comment cela?
— Seulement ce n'était plus au bagne " de
Tonlon, mais dans la prison de Newgate.-
— Ah!
,}
— Et l'homme avec qui je me suis lié est
mort.
— Il a été pendu?
— Hélas! oui.
Et Rocambole soupira.
— Ecoute, reprit-il. Je venais d'être arrêté
et je n'avais opposé d'ailleurs aucune résistance.
J'avais mes raisons pour cela, car j'eusse pu
m'évader avant même que les portes de New-
gate nQ.$e fussent refermées sur moi.
On neine conduisit pas tout de suite à New-
gate., du reste.
On me mena tout d'abord chez le magistrat
de police de Drury Lane. '
Le magistrat m'interrogea pour la forme et
me fit écrouler dans la prison qui sert de dé-
pôt et qui se trouve placée au-dessous de son
prétoice.
Chaque matin, unn u :.i"zïre cellulaire fait le
tour des cours de police, e ilève les prisonniers
arrêtés pendant la nuit et les dirige soit sur
Newgate, soit sur Bath square ouv tout autre
prison centrale.. I
Je passai donc six heures dans le-caehot de
la cour de police de Drury Lane. \
Dans ce même cachot, il y avait une femme .
en haillons, déjà vieille, mais dont le visage !
conservait les traces d'une rare beauté.
Quand j'entrai, elle mè regarda avec défiance
d'abord, puis avec curiosité.
Enfin, son regard ayant rencontré le mien,
elle éprouva sacs doute le charme mystérieux
que mon regard exerce sur certaines personnes,
car elle me dit :
— Je crois que "YOUS êtes l'homme que Je
cherche.
Et comme je la regardais avec étonnement :
— Etes-vôus arrêté pour un grand crime?
me demanda-t-elle.
-- Je suis fénian, répondis-je.
Elle tressaillit, et un rayon de joie éclaira
son visage. - ' .
— Ah ! fit-elle ; alors vous irez à Newgate
demain.
— Incontestablement.
— J'avais donc bien raison de dire que vous
étiez l'homme que je cherche depuis si long-
temps.
Je la regardais toujours, cherchant à devi-
ner le sens de ses paroles.
Elle continua :
— Je me nomme BeSsy-Justice, je suis Ecos-
saise.
— Fort bien. Après ? ...
— Voici un mois que je me fais arrêter cha-
que soir pour ivrognerie. Je ne suis pas ivre,
comme bien vous le pensez...
— Alors?... i \
— Mais je feins de l'être. On me conduit
chtz un magistrat da police, on m'enferme
jusqu'au lendemain, et le lendemain le ma-
gistrat me condamne à 2 shillings d'amende
let on me rend ma liberté.
— Pourquoi donc alors, demandai-je, si vous
n'êtes pas ivrew. feignez-vous de l'être?
— Pour me faire arrêter, et cela tantôt dans
un ¿ruartier, tantôt dans un autre. A cette
heurey j'ai fait presque toutes leS\¡ prisons des
cours âe pelice de Londres.
— Mais pourquoi ?
r- Parce gue je cherche un homme\en qui
je puisse avoir confiance, un homme qui aill
à Newgate.
— En quoi cet homme peut-il vous servir?
Elle me regarda encore.
— Vous avez l'air honnête et bOIl, me dit-
elle. Comment vous appelez -vous?
— L'homme gris, répondis-je.
Ce nom lui arracha un cri.
— Ah 1 dit-elle, c'est vous qu'on appelle :
l'homme gris?
— Oui.
— Et vous vous êtes laissé arrêter?
— Oui.
— Mais vous sortirez de prison quand vous ;
voudrez..?
— Peut-être... .
— Oh! c'est sûr, dit-elle. J'ai entendu par-
ler de vous, et ce que vous voulez, vous le
faites. "-...-"
— En attendant, dis-je en souriant, je vais
aller à Newgate. 4 -
Oh! puisque vous êtes l'homme gris,
poursuivit-elle, je puis tout vous dire.
— Parlez...
— Mon mari est en prison.
, — A Newgate?
— Oui. Et il est condamné à être £<îndu le
47 du mois prochain. ,
— Quel crime a-t-il commis?
— Il a tué un lord.
— Dans quel but?
— Ah ! dit Betsy-Justice, ceci serait une
histoire trop longue à vous raconter. Nous
n'aurions pas le temps. Mais, puisque vous
allez à Newgate3 il vous dira tout* lui,,; ",u.j
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 88.63%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 88.63%.
- Collections numériques similaires Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "BnPlCo00"
- Auteurs similaires Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "BnPlCo00"
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k47168753/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k47168753/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k47168753/f1.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k47168753/f1.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k47168753
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k47168753
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k47168753/f1.image × Aide