Titre : La Petite presse : journal quotidien... / [rédacteur en chef : Balathier Bragelonne]
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1870-04-01
Contributeur : Balathier Bragelonne, Adolphe de (1811-1888). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32837965d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 avril 1870 01 avril 1870
Description : 1870/04/01 (A5,N1443). 1870/04/01 (A5,N1443).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k4716872v
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-190
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 23/10/2017
LA PETITE PRESSE
5 cent. ie numéro.
y..
JOURNAL QUOTIDIEN 1 ~, ,
5 cent. le numéro.
ABONNEMENTS. — Trois mois Six mois Un an
Paris 5 fr. 9 fr. 18 fr. 1
Départements 6 il
Administrateur : BOURDILLIAT. 22
5in année — VENDREDI 1er AVRIL 1870. — N° 1443
' .i ..A ..
Rédacteur en chef: A. DE BALATHIER.BRAGELONNB
BUREAUX D'ABONNEMENT: 9, .'ueD¡oe'loi
ADMINISTRATION : 13, quai Voltaire. 1 y
PARIS , 31 MARS 1870
31 MARS 1787
UNE LETTRE DE BONAPARTE
La première campagne
. comme la plus poétique et la plus belle des
campagnes de Bonaparte. Général, soldats,
tout le monde était jeune, enthousiaste ; on
avait confiance les uns dans les autres ; on
croyait à la patrie, à la victoire, et l'on allait
sous le soleil, se reposant des marches [01'-
cées par des batailles et des batailles par des
bals et des fêtes. A Milan, on proclamait la
République; c'était la doctrine de la Con-
vention : tous les peuples contre tous les
rois. Nos vétérans de vingt-cinq ans et nos
volontaires s'étaient battus, non pour con-
quérir l'Italie, mais pour l'affranchir. L'Ita-
lie affranchie, on passerait à un autre pays.
Précisément Bonaparte avait déclaré qu'il
marcherait sur Vienne par les Alpes Nori-
ques, tandis que Moreau prendrait par la
Forêt-Noire pour arriver au même but. Eh
bien! c'est le peuple autrichien qu'on révo-
lutionnerait, pour en faire un peuple de
sans-culottes. On ne s'arrêterait que le tour
de l'Europe accompli, quand toutes les na-
tions seraient libres et quand pas un seul
. trône ne resterait debout I...
Sur ces entrefaites, le gén éral Bonaparte
prit la plume, et écrivit la lettre suivante au
prince Charles, cammandant en chef de
l'armée autrichienne :
« 11 germinal (31 mars 1797.) /
u Monsieur le général en chef, les braves
militaires font la guerre et désirent la paix.
Cette guerre ne dure-t-elle pas depuis six
ans ? Avons-nous assez tué de monde et cau-
sé assez de maux à la triste humanité? Ella
réclame de tous côtés. L'Europe, qui avait
pris les armes contre la République fran-
çaise, les a posées. Votre nation reste seule,
,et cependant le sang va couler plus que ja-
mais. Cette sixième campagne s'annonce par
des prodiges sinistres. Quelle qu'en soit l'is-
sue, nous tuerons de part et d'autre quel-
ques milliers d'hommes, et il faudra bien
que l'on finisse par s'entendre, puisque tout
a un terme, même les passions haineuses.
( « Le Directoire exécutif de la Répu;rffïîq[ti"!»
^française avait fait connaître à S. M. Tem-
'1,ereur le désir de mettre fin à la guerre qui
■ dapôle les deux peuples. L'intervention de la
^eojir de Londres s'y est opposée. N'y a-t-il
'-aohc aucun espoir de nous entendre, et faut-
'iy: pour les intérêts et le s- passions d'une
dation élrangère aux maux de la guerre,
que nous continuions à nous entr'égorger?'
Vous, monsieur le général en chef, qui, par
votre naissance, approchez si près du trône,
et êtes au-dessus des petites passions qui
animent souvent les ministres et les godver-
ncments, êtes-vous décidé à mériter le titre
de bienfaiteur de l'humanité entière et de
vrai sauveur de l'Allemagne? Ne croyez pps,
monsieur le général en chef, que j'entende
par là qu 'il n'es,t"!>as possible de la sauver
par la force des armes; mais, dans la su f}:;
position que les chances de la guerre vous
deviennent favorables, l'Allemagne n'en géra '
pas moins ravagée. Quant à moi, monsieur I
le général en chef, si l'ouverture que j'ai ■
l honneur de vous faire peut sauver la vie à j
un seul homme, je m'estimerai plus fier de, ]
la couronne civique que je me"'trouverai'1 t
avoir méritée, que de la triste gloire qm. <
peut revenir des succès militaires. — :
BONAPARTE.
L'archiduc Charles répondit qu'il n'avait
aucun pouvoir pour traiter et qu'il fallait
s'adresser directement à Vienne.
— Soit, j'irai à Vienne.
Et jetant ses troupes en avant, culbutant
sur tous les points les soldats de l'archiduc,
Bonaparte arriva, le 7 avril, à Léoben, à
20 lieues de la capitale de l'Autriche.
Le gouvernement impérial fut bien obligé
de traiter.
Les généraux Bellegarde et Merfeld vin-
rent, au nom de l'empereur, afin de commen-
cer les négociations. 'Ils demandaient un ar-
mistice de dix jours. Le sixième jour au matin, Merfeld revint,
accompagné du marquis Del Gallo, ambassa-
deur de Nap1es à Vienne. Tous deux étaient
munis d'instructions suffisantes pour signer
des préliminaires de paix. On neutralisa un
jardin dans les environs de Léoben, et on
traita au milieu des bivouacs de l'armée
française. ,
Le débat commença par des politesses.
Bonaparte fit l'éloge de l'archiduc Charles.
— Votre gouvernement a envoyé contre
moi quatre armées sans généraux, et, cette
fois, un général sans armée.
Les envoyés de l'Empereur commencèrent
par déclarer qu'ils reconnaissaient la Ré-
publique française. Cela fit sauter Bona-
parte.
— Effacez cet article. La République fran-
çaise n'a pas besoin d'être reconnue; elle est
comme le soleil sur l'horizon : aveugle qui
ne le voit pas. Le peuple français est maître
chez lui ; il a fait une république ; peut-être
demain fera-t-il une aristocratie, après-de-
main une monarchie ; c'est son droit impres-
criptible; la forme de son gouvernement
n'est qu'une affaire de loi intérieure.
Le 18 avril, on s'entendit aux conditions
suivantes :
L'empereur abandonnait à la France tou-
tes ses possessions des Pays-Bas, et consen-
tait à ce que le Rhin devînt la frontière de
la République à l'Est et au Nord. Il renon-
çait à la Lomba.rdie, et, en échange, il rece-
vait les Etats vénitiens de la terre ferme,
l'Illyrie, l'Istrie et la Haute-Italie jusqu'à
l'Oglio. Venise demeurait indépendante et
gardait les Iles Ioniennes en échange de
son territoire italien. Le traité définitif de-
vait être signé au bout de trois mois.
Le résultat de la lettre de Bonaparte et
des préliminaires de Léoben ne se fit pas
attendre : il était fatal. Toutes les villes vé-
nitienes se soulevèrent. Eh quoi ! la Répu-
b1ique française sacrifiait une république
sœur! La guerre, qu'elle avait entreprise au
nom de la souveraineté des peuples, deve-
nait une guerre de conquête! Elle acquérait
des provinces qu'elle avait délivrées! Elle
en livrait d'autres qui ne lui appartenaient
pas !...
Le jeune général philosophe, qui se la-
mentait dans sa lettre sur les malheurs de
la guerre, ne se préoccupait en rien du sort
à venir des provinces cédées à l'ennemi. Il
traitait avec un empereur, comme un autre
empereur ou comme un roi eût pu le faire,
n'attendant même pas le résultat des délibé-
rations des assemblées de son pays, ni l'ar-
rivée d'un envoyé de son gouvernement. Ses
victoires étaient un fait; appuyé sur ce fait,
ïl l exploitait à sa guise, non comme un géi
neral d'armée, mais comme un sOllvé.
rain.
Ainsi raisonnaient les politiques ita-
liens.
^
A Paris, le Directoire — trop faible pour
résister à la popularité de Bonaparte — pen-
sait dé même, mais n'osait exprimer sa
pensée tout haut. Il préférait s'app:ïoprier la
pensée, afin de profiter des résultats.
Une voix honnête s'éleva dans l'assem-
blée législative :
sommes-nous plus, — dit le repré-
sentant Dumolard, — ce peuple qui a pro-
clamé en principe et soutenu par la. force
des armes qu'il n'appartient, sous aucun
prétexte, à des puissances étrangères de
s immiscer dans la forme de gouvernement
d un autre Etat? Outragés par les Vénitiens,
était-ce à leurs institutions que nous avions
le droit de déclarer la guerre ? Vainqueurs
ou conquérants, nous appartenait-il de pren-
dre une part active à leur révolution en ap-
parence inopinée? Je ne rechercherai pas
quel est le sort -qu'on réserve à Venise, et
surtout à ses provinces de terre forme. Je
n'examinerai pas si leur envahissement,
médité peut-être avant les attentat; qui leur
servirent de motifs, n'est pas destiné à figu-
rer dans l'histoire comme un digne pendant
du partage de la Pologne 1....
Les généraux de l'armée du Rhin, Hoche,
Moreau, tenaient le même langage.
Le jeune homme, — absolu déjà comme
s'il eût été premier Consul ou Empereur, —
au lieu de répondre, battait les Italiens sou-
levés, pour tenir les promesses de ses préli-
minaires.
Quand tout fut apaisé au-delà des Alpes,
le 16 octobre, la République française et
l'Empereur signèrent le traité de Campe.
Formio. Nous avions la Hollande et nous
livrions Venise.
M. Thiers s'est extasié devant cet agran-
dissement de la France; mais le mot de la.
situation créée par le traité avait été dit par
Bonaparte, et l'histoire l'a retenu:
— Croyez-vous que ce soit pour les avo-
cats du Directoire que je triomphe en
Italie ?, ~,.-
TONY RÉVILLON.
ROCAMBOLE
(NOUVEL ÉPISODE)
LA CORDE DU PENDU
IV
.i
Marmouset ne se trompait pas.
C'était bien Sboking.
Shoking qui cheminait une lanterne à la
main, côte à côte d'un homme que Marmouset
reconnut pareillement.
C'était le chef, fénian qui avait promis de
sauver l'homme gris.
Et Marmouset, se tournant vers la petite
troupe qui s'était arrêtée comme lui :
— Nous pouvons avancer, dit-il. Ce sont des
amis.
Shoking les eut bientôt aperçus à son tour.
Et reconnaissant Marmouset, il poussa un
,tri de joie et vint se jeter dans ses bras.
hoirie numéro du 12 juin 1869.
— Ah ! dit-il, il y a bien longtemps que
nous vous cherchons.
— C'est' vrai, dit le fénian.
— Et nous avions bien peur que vous ne
fussiez ensevelis, poursuivit Shoking.
En même temps, il cherchait des yeux Ro-
cambole, et ne le voyant pas :
— Mais où est l'homme gTis? s'écria-t-il.
Marmouset secoua la tête.
Shoking jeta un nouveau cri :
— Mort? dit-il.
— Nous espérons encore le contraire, mur-
mura Marmouset.
— Comment? Que voulez-vous dire?
Et Shoking, au comble de l'anxiété, regar-
dait Marmouset.
Celui-ci, en deux mots, lui raconta ce qui
s'était passé.
Alors un sourire revint aux lèvres de Sho-
king.
— Je suis rassuré, dit-il.
Et comme Vanda, Marmouset et les autres
le regardaient, il ajouta :
— J'ai été le compagnon du maître, et du
moment où vous ne l'avez pas vu mort, je
suis bien sûr qu'il se sera tiré d'affaire..
La confiance de Shoking gagna tout le mon-
de, excepté Vanda,
Vanda était agitée par les plus sinistres
pressentiments.
— Enfin, dit Marmouset, comment êtes-vous
ici ?
— Nous vous cherchions, dit le chef fénian.
— Ah !
— Vous avez devancé mes plans, et s'il était
arrivé un malheur, il ne faut vous en prendre ■
qu a vous, dit encore cet homme avec un
flegme tout britannique.
Marmouset se redressa d'un air hautain.
— Vous croyez ? fit-il.
— Sans doute, dit le fénian toujours calme.
Si vous n'aviez pas douté de notre parole...
vous n'auriez pas agi...
— Ah! dit Schoking qui' intervint, ce n'est ni
l'heure ni le moment de nous quereller; il
faut sortir d'ici, car les éboulements peuvent
recommencer.
—Mais par où êtes-vous venus ? demanda Mar-
mouset.
— Par une troisième issue.
Shoking connaissait donc les deux autres?
Et comme Marmouset faisait un geste de
surprise, le bon Shoking ajouta :
— L$ss fénians connaissaient aussi bien que
vous l'existence du souterrain.
— En vérité!
— Et ils comptaient faire sauter une partie
de Newgate, si vous ne vo a s étiez tant pressés.
— Mais enfin, demanda Marmouset, quel
était leur plan?
— Je vais vçus le dire, répondit le chef fé-
nian. Nous avions placés six barils de poudre.
— Bon !
— Trois dans les souterrains, trois contre le
mur même de la prison.
— Et puis?
— On a jnis le feu _à ceux des souterrains.
Ceux-là étaient destinés à faire écrouler une
partie des maisons d'Old Bailey.
— Dans quel but?
— Dans le but d'amener un tel désordre
que-, le mur de Newgate s'écroulant À son tour, i
on pût sauver l'homme gris. Un seul de ces
barils a pris feu..
— Et ceux qui étaient contre le mur de la
prison ?
— Quani nous avons su que l'homme gris
et vous vous étiez dans les souterrains, nous ,
en avons arraché la mèche.
— Mais alors Old Bailey s'est écroulé ?
— Non.
— Comment cela?
— Il n'y a qu'une maison de Sermon Lane qui
s'est écroulée, et le fracas a été tel qu'on n'a
pas encore pu savoir ce qui avait déterminé
cet éboulement épouvantable.
— Alors la prison de Newgate est debout?
— Oui, on a délivré le gouverneur, qui a
raconté votre évasion.
On est descendu dans les souterrains, mais
il a fallu rebrousser chemin.
— Pourquoi?
— D'abord, parce que les éboulements con-
tinuaient; ensuite, parce que la voie que vous
aviez suivie était barrée.
— Ah ! c'est juste, dit Marmouset qui se sou-
vint que Polyte n'avait pu aller plus loin.
Puis il ajouta :
— Mais enfin, vous êtes venu par une autre
route, vous autres?
— Sans doute.
— Alors nous pouvons sortir?
— Quand vous voudrez, dit Schoking; sut-.
vez-moi.
Et i.l rebroussa chemin.
La petite troupe le suivait.
Au bout d'un quart d'heure de marche, ils
se trouvaient an bas d'un escalier ~ . --
5 cent. ie numéro.
y..
JOURNAL QUOTIDIEN 1 ~, ,
5 cent. le numéro.
ABONNEMENTS. — Trois mois Six mois Un an
Paris 5 fr. 9 fr. 18 fr. 1
Départements 6 il
Administrateur : BOURDILLIAT. 22
5in année — VENDREDI 1er AVRIL 1870. — N° 1443
' .i ..A ..
Rédacteur en chef: A. DE BALATHIER.BRAGELONNB
BUREAUX D'ABONNEMENT: 9, .'ueD¡oe'loi
ADMINISTRATION : 13, quai Voltaire. 1 y
PARIS , 31 MARS 1870
31 MARS 1787
UNE LETTRE DE BONAPARTE
La première campagne
. comme la plus poétique et la plus belle des
campagnes de Bonaparte. Général, soldats,
tout le monde était jeune, enthousiaste ; on
avait confiance les uns dans les autres ; on
croyait à la patrie, à la victoire, et l'on allait
sous le soleil, se reposant des marches [01'-
cées par des batailles et des batailles par des
bals et des fêtes. A Milan, on proclamait la
République; c'était la doctrine de la Con-
vention : tous les peuples contre tous les
rois. Nos vétérans de vingt-cinq ans et nos
volontaires s'étaient battus, non pour con-
quérir l'Italie, mais pour l'affranchir. L'Ita-
lie affranchie, on passerait à un autre pays.
Précisément Bonaparte avait déclaré qu'il
marcherait sur Vienne par les Alpes Nori-
ques, tandis que Moreau prendrait par la
Forêt-Noire pour arriver au même but. Eh
bien! c'est le peuple autrichien qu'on révo-
lutionnerait, pour en faire un peuple de
sans-culottes. On ne s'arrêterait que le tour
de l'Europe accompli, quand toutes les na-
tions seraient libres et quand pas un seul
. trône ne resterait debout I...
Sur ces entrefaites, le gén éral Bonaparte
prit la plume, et écrivit la lettre suivante au
prince Charles, cammandant en chef de
l'armée autrichienne :
« 11 germinal (31 mars 1797.) /
u Monsieur le général en chef, les braves
militaires font la guerre et désirent la paix.
Cette guerre ne dure-t-elle pas depuis six
ans ? Avons-nous assez tué de monde et cau-
sé assez de maux à la triste humanité? Ella
réclame de tous côtés. L'Europe, qui avait
pris les armes contre la République fran-
çaise, les a posées. Votre nation reste seule,
,et cependant le sang va couler plus que ja-
mais. Cette sixième campagne s'annonce par
des prodiges sinistres. Quelle qu'en soit l'is-
sue, nous tuerons de part et d'autre quel-
ques milliers d'hommes, et il faudra bien
que l'on finisse par s'entendre, puisque tout
a un terme, même les passions haineuses.
( « Le Directoire exécutif de la Répu;rffïîq[ti"!»
^française avait fait connaître à S. M. Tem-
'1,ereur le désir de mettre fin à la guerre qui
■ dapôle les deux peuples. L'intervention de la
^eojir de Londres s'y est opposée. N'y a-t-il
'-aohc aucun espoir de nous entendre, et faut-
'iy: pour les intérêts et le s- passions d'une
dation élrangère aux maux de la guerre,
que nous continuions à nous entr'égorger?'
Vous, monsieur le général en chef, qui, par
votre naissance, approchez si près du trône,
et êtes au-dessus des petites passions qui
animent souvent les ministres et les godver-
ncments, êtes-vous décidé à mériter le titre
de bienfaiteur de l'humanité entière et de
vrai sauveur de l'Allemagne? Ne croyez pps,
monsieur le général en chef, que j'entende
par là qu 'il n'es,t"!>as possible de la sauver
par la force des armes; mais, dans la su f}:;
position que les chances de la guerre vous
deviennent favorables, l'Allemagne n'en géra '
pas moins ravagée. Quant à moi, monsieur I
le général en chef, si l'ouverture que j'ai ■
l honneur de vous faire peut sauver la vie à j
un seul homme, je m'estimerai plus fier de, ]
la couronne civique que je me"'trouverai'1 t
avoir méritée, que de la triste gloire qm. <
peut revenir des succès militaires. — :
BONAPARTE.
L'archiduc Charles répondit qu'il n'avait
aucun pouvoir pour traiter et qu'il fallait
s'adresser directement à Vienne.
— Soit, j'irai à Vienne.
Et jetant ses troupes en avant, culbutant
sur tous les points les soldats de l'archiduc,
Bonaparte arriva, le 7 avril, à Léoben, à
20 lieues de la capitale de l'Autriche.
Le gouvernement impérial fut bien obligé
de traiter.
Les généraux Bellegarde et Merfeld vin-
rent, au nom de l'empereur, afin de commen-
cer les négociations. 'Ils demandaient un ar-
mistice de dix jours.
accompagné du marquis Del Gallo, ambassa-
deur de Nap1es à Vienne. Tous deux étaient
munis d'instructions suffisantes pour signer
des préliminaires de paix. On neutralisa un
jardin dans les environs de Léoben, et on
traita au milieu des bivouacs de l'armée
française. ,
Le débat commença par des politesses.
Bonaparte fit l'éloge de l'archiduc Charles.
— Votre gouvernement a envoyé contre
moi quatre armées sans généraux, et, cette
fois, un général sans armée.
Les envoyés de l'Empereur commencèrent
par déclarer qu'ils reconnaissaient la Ré-
publique française. Cela fit sauter Bona-
parte.
— Effacez cet article. La République fran-
çaise n'a pas besoin d'être reconnue; elle est
comme le soleil sur l'horizon : aveugle qui
ne le voit pas. Le peuple français est maître
chez lui ; il a fait une république ; peut-être
demain fera-t-il une aristocratie, après-de-
main une monarchie ; c'est son droit impres-
criptible; la forme de son gouvernement
n'est qu'une affaire de loi intérieure.
Le 18 avril, on s'entendit aux conditions
suivantes :
L'empereur abandonnait à la France tou-
tes ses possessions des Pays-Bas, et consen-
tait à ce que le Rhin devînt la frontière de
la République à l'Est et au Nord. Il renon-
çait à la Lomba.rdie, et, en échange, il rece-
vait les Etats vénitiens de la terre ferme,
l'Illyrie, l'Istrie et la Haute-Italie jusqu'à
l'Oglio. Venise demeurait indépendante et
gardait les Iles Ioniennes en échange de
son territoire italien. Le traité définitif de-
vait être signé au bout de trois mois.
Le résultat de la lettre de Bonaparte et
des préliminaires de Léoben ne se fit pas
attendre : il était fatal. Toutes les villes vé-
nitienes se soulevèrent. Eh quoi ! la Répu-
b1ique française sacrifiait une république
sœur! La guerre, qu'elle avait entreprise au
nom de la souveraineté des peuples, deve-
nait une guerre de conquête! Elle acquérait
des provinces qu'elle avait délivrées! Elle
en livrait d'autres qui ne lui appartenaient
pas !...
Le jeune général philosophe, qui se la-
mentait dans sa lettre sur les malheurs de
la guerre, ne se préoccupait en rien du sort
à venir des provinces cédées à l'ennemi. Il
traitait avec un empereur, comme un autre
empereur ou comme un roi eût pu le faire,
n'attendant même pas le résultat des délibé-
rations des assemblées de son pays, ni l'ar-
rivée d'un envoyé de son gouvernement. Ses
victoires étaient un fait; appuyé sur ce fait,
ïl l exploitait à sa guise, non comme un géi
neral d'armée, mais comme un sOllvé.
rain.
Ainsi raisonnaient les politiques ita-
liens.
^
A Paris, le Directoire — trop faible pour
résister à la popularité de Bonaparte — pen-
sait dé même, mais n'osait exprimer sa
pensée tout haut. Il préférait s'app:ïoprier la
pensée, afin de profiter des résultats.
Une voix honnête s'éleva dans l'assem-
blée législative :
sommes-nous plus, — dit le repré-
sentant Dumolard, — ce peuple qui a pro-
clamé en principe et soutenu par la. force
des armes qu'il n'appartient, sous aucun
prétexte, à des puissances étrangères de
s immiscer dans la forme de gouvernement
d un autre Etat? Outragés par les Vénitiens,
était-ce à leurs institutions que nous avions
le droit de déclarer la guerre ? Vainqueurs
ou conquérants, nous appartenait-il de pren-
dre une part active à leur révolution en ap-
parence inopinée? Je ne rechercherai pas
quel est le sort -qu'on réserve à Venise, et
surtout à ses provinces de terre forme. Je
n'examinerai pas si leur envahissement,
médité peut-être avant les attentat; qui leur
servirent de motifs, n'est pas destiné à figu-
rer dans l'histoire comme un digne pendant
du partage de la Pologne 1....
Les généraux de l'armée du Rhin, Hoche,
Moreau, tenaient le même langage.
Le jeune homme, — absolu déjà comme
s'il eût été premier Consul ou Empereur, —
au lieu de répondre, battait les Italiens sou-
levés, pour tenir les promesses de ses préli-
minaires.
Quand tout fut apaisé au-delà des Alpes,
le 16 octobre, la République française et
l'Empereur signèrent le traité de Campe.
Formio. Nous avions la Hollande et nous
livrions Venise.
M. Thiers s'est extasié devant cet agran-
dissement de la France; mais le mot de la.
situation créée par le traité avait été dit par
Bonaparte, et l'histoire l'a retenu:
— Croyez-vous que ce soit pour les avo-
cats du Directoire que je triomphe en
Italie ?, ~,.-
TONY RÉVILLON.
ROCAMBOLE
(NOUVEL ÉPISODE)
LA CORDE DU PENDU
IV
.i
Marmouset ne se trompait pas.
C'était bien Sboking.
Shoking qui cheminait une lanterne à la
main, côte à côte d'un homme que Marmouset
reconnut pareillement.
C'était le chef, fénian qui avait promis de
sauver l'homme gris.
Et Marmouset, se tournant vers la petite
troupe qui s'était arrêtée comme lui :
— Nous pouvons avancer, dit-il. Ce sont des
amis.
Shoking les eut bientôt aperçus à son tour.
Et reconnaissant Marmouset, il poussa un
,tri de joie et vint se jeter dans ses bras.
hoirie numéro du 12 juin 1869.
— Ah ! dit-il, il y a bien longtemps que
nous vous cherchons.
— C'est' vrai, dit le fénian.
— Et nous avions bien peur que vous ne
fussiez ensevelis, poursuivit Shoking.
En même temps, il cherchait des yeux Ro-
cambole, et ne le voyant pas :
— Mais où est l'homme gTis? s'écria-t-il.
Marmouset secoua la tête.
Shoking jeta un nouveau cri :
— Mort? dit-il.
— Nous espérons encore le contraire, mur-
mura Marmouset.
— Comment? Que voulez-vous dire?
Et Shoking, au comble de l'anxiété, regar-
dait Marmouset.
Celui-ci, en deux mots, lui raconta ce qui
s'était passé.
Alors un sourire revint aux lèvres de Sho-
king.
— Je suis rassuré, dit-il.
Et comme Vanda, Marmouset et les autres
le regardaient, il ajouta :
— J'ai été le compagnon du maître, et du
moment où vous ne l'avez pas vu mort, je
suis bien sûr qu'il se sera tiré d'affaire..
La confiance de Shoking gagna tout le mon-
de, excepté Vanda,
Vanda était agitée par les plus sinistres
pressentiments.
— Enfin, dit Marmouset, comment êtes-vous
ici ?
— Nous vous cherchions, dit le chef fénian.
— Ah !
— Vous avez devancé mes plans, et s'il était
arrivé un malheur, il ne faut vous en prendre ■
qu a vous, dit encore cet homme avec un
flegme tout britannique.
Marmouset se redressa d'un air hautain.
— Vous croyez ? fit-il.
— Sans doute, dit le fénian toujours calme.
Si vous n'aviez pas douté de notre parole...
vous n'auriez pas agi...
— Ah! dit Schoking qui' intervint, ce n'est ni
l'heure ni le moment de nous quereller; il
faut sortir d'ici, car les éboulements peuvent
recommencer.
—Mais par où êtes-vous venus ? demanda Mar-
mouset.
— Par une troisième issue.
Shoking connaissait donc les deux autres?
Et comme Marmouset faisait un geste de
surprise, le bon Shoking ajouta :
— L$ss fénians connaissaient aussi bien que
vous l'existence du souterrain.
— En vérité!
— Et ils comptaient faire sauter une partie
de Newgate, si vous ne vo a s étiez tant pressés.
— Mais enfin, demanda Marmouset, quel
était leur plan?
— Je vais vçus le dire, répondit le chef fé-
nian. Nous avions placés six barils de poudre.
— Bon !
— Trois dans les souterrains, trois contre le
mur même de la prison.
— Et puis?
— On a jnis le feu _à ceux des souterrains.
Ceux-là étaient destinés à faire écrouler une
partie des maisons d'Old Bailey.
— Dans quel but?
— Dans le but d'amener un tel désordre
que-, le mur de Newgate s'écroulant À son tour, i
on pût sauver l'homme gris. Un seul de ces
barils a pris feu..
— Et ceux qui étaient contre le mur de la
prison ?
— Quani nous avons su que l'homme gris
et vous vous étiez dans les souterrains, nous ,
en avons arraché la mèche.
— Mais alors Old Bailey s'est écroulé ?
— Non.
— Comment cela?
— Il n'y a qu'une maison de Sermon Lane qui
s'est écroulée, et le fracas a été tel qu'on n'a
pas encore pu savoir ce qui avait déterminé
cet éboulement épouvantable.
— Alors la prison de Newgate est debout?
— Oui, on a délivré le gouverneur, qui a
raconté votre évasion.
On est descendu dans les souterrains, mais
il a fallu rebrousser chemin.
— Pourquoi?
— D'abord, parce que les éboulements con-
tinuaient; ensuite, parce que la voie que vous
aviez suivie était barrée.
— Ah ! c'est juste, dit Marmouset qui se sou-
vint que Polyte n'avait pu aller plus loin.
Puis il ajouta :
— Mais enfin, vous êtes venu par une autre
route, vous autres?
— Sans doute.
— Alors nous pouvons sortir?
— Quand vous voudrez, dit Schoking; sut-.
vez-moi.
Et i.l rebroussa chemin.
La petite troupe le suivait.
Au bout d'un quart d'heure de marche, ils
se trouvaient an bas d'un escalier ~ . --
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