Titre : La Petite presse : journal quotidien... / [rédacteur en chef : Balathier Bragelonne]
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1872-07-24
Contributeur : Balathier Bragelonne, Adolphe de (1811-1888). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32837965d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 24 juillet 1872 24 juillet 1872
Description : 1872/07/24 (N2269). 1872/07/24 (N2269).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k4716069m
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-190
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 23/10/2017
.parlement que M. P. -, étudiant, occupait boa-
Sewd Saim-Michel; les têtes étaient: échauffées
et la plns.îôàîs gaie t.;' régnait entre ;cux. Tout
s était bien passé, tursque, vers une heure du
matin, un des joueurs surprit M. P... au mo-
ment où il substitutif une main de certes à une
autre. Pris sur le fait, il n'ta poui'Lar¡t.. résolù-
,ment. La discussion s'anima, et dégénéra bien-
tôt en rixe.
Dus soufflets ■ et des coups furent échangés.
•Son dénonciateur l'ayant, saipi par les vêtements,
deux jeux de cartes préparés tombèrent de- son
gilet'sur le parquet. Le docte s'était plus per-
mis. Profitant de la stupéfaction des assislants,
P... s'enfuit dans sa chambre à coucher, où il
s'enferma fi clef.
Ceux-ci forcèrent la porte et trouvèrent ce
malheureux étendu sur un canapé, la' gorge oit-
verte et donnant, encore signe de vie. Il s'était
servi d'un rasoir pour accomplir son suicide. Le
sang s'échappait en grande, abondance d'une
large plaie. Le malheureux expira sans avoir pu
prononcer une parole.
LA MÉGÈRE. — Un rassemblement s'était formé
avant-hier soir, vers quatre heures, dans une
des petites rues qui avoisinent le square Lou-
'"ois.
Voici ce qui était arrivé. Une femme d'une
trentaines d'années, à la suite d'une discussion
violente avec son mari, qu'elle accusait de cou-
rir la prétentaine (le mari est âgé de soixante-
dix ans), s'est précipitée d'abord sur lui, le frap-
pant à coups de manche à. balai, puis sur sa
petite fille, âgée de cinq ans, qu'elle voulait
étrangler. C'est à grand'peine qu'on est parvenu
à arracher la pauvre enfant des mains de cette
malheureuse. N'ayant plus alors personne s-ur
qui faire retomber sa fureur, elle se mit à jeter
par la fenêtre chaises, vaisselle, etc.
Des gardiens de la paix, que l'on avait été
chercher, se sont emparés d'elle et l'ont con-
duite au poste. Cette malheureuse est, dit-on,
atteinte d'aliénation mentale depuis les événe-
ments de la Commune.
UN SOLIDE GAILLARD. — Georges Ilifs, âgé de
trente-cinq ans, garçon boucher à Pantin, reve-
nait avant-hier soir, vers dix héures, de faire
quelques recouvrements pour son patron, lors-
que, en suivant les fortifications des Prés-Saint-
Gervais, dans le sens de la route d'Allemagne,
il fut attaqué par une dizaine d'individus, qui se
mirent en devoir de le dépouiller. Le boucher,
taillé en Hercule, en assomma deux à l'aide de
ses poings fermés; mais, assailli à coups de
pierre, il allait succomber, quand à ses cris ac-
courut une ronde de police. A cette vue les mal-
faiteurs prirent tous la fuite, à l'exception des
deux assommés, qui furent captures.
LE NOUVEAU Ruy-BLAS. — Un fait extraordi-
maire sur lequel nous ne pouvons pas encore
donner de détails précis, de peur d'entraver les
recherches de la police, a mis en émoi le fau-
bourg Saint-Germain. Il s'agit de la disparition
d'une jeune fille appartenant à une grande fa-
mille de magistrats, et dont le père a joué un
Tôle fort important sous le gouvernement de
Louis- Philippe.
La susdite jeune fille se serait enfuie avec le
domestique de son père que l'on poursuivait de-
puis quelques jours comme ancien communard. •
La justice, prévenue immédiatement par la fa-
mille, informe.
LA PISTE D'UN CONDAMNÉ A MORT.—Deux agents
de la police anglaise sont arrivés à Paris, venant
de Londres, en passant par Calais.
!Is cherchent la piste d'un nommé Joë Sun-
dies, condamné à mort, et qui s'est évadé de
Newgate la veille du jour marqué pour sa pen-
daison.
On a pu suivre la trace de l'assassin depuis
Newgale jusqu'à Douvres, où on sait qu'il s'est
embarqué pour Calais. Mais, à partir' de Ca-
lais, on ignore quelle direction a prise Joë Sun-.
dies.
IJN EXEMPLE A SUIVRE. — L'heureux banquie r
qui a gagné le lot de 200,000 francs au tirage
j de la Ville de Paris se nomme 11. Chailley. il
n'a pas voulu être, seul à profiter de lit bonne
fortune qui lui arrivait. Il a décidé qu'il ferait
inscrire chacun de ses neuf employés pour une
somme de 60 fr. à la souscription nationale pour
l'Emprunt de 3 milliards.
Un ancien : employé, qui avait été chargé de
prendre l'obligation à la Trésorerie générale,
aujourd'hui sous les drapeaux, sera compris
dans ,la mesure.
— Nous avons le vif regret d'annoncer la mort de
notre confrère, M. Adolphe Guéroult, rédacteur en
chef et fondateur de l'Opinion nationale.
— Depuis longtemps les habitués de la Bibliothè-
que nationale réclamaient l'ouverture des salles de
lecture et de travail de six heures à dix heures dn
soir.
M. le ministre de l'instruction publique vient de
faire droit à cette demande.
— Les nouyelles coupures-de la Banque vont voir
le jour très-prochainement. - j
Insensihilisateur Ducfeesne.Guérison, extrac-
tion et pose de dents sans douleur, 45, rue Lafayette.
LE DOSSIER DES IVROGNES
Quand un mari boit- seul, laissant sa femme à la
maison, celle-ci peste et enrage, comme de juste;
mais lorsque la femme fête la dive bouteille en com-
pagnie de son chéri, tout est pour le mieux. C'est
là ce qui s'appelle un ménage parfait !
Pas toujours; en veut-on la preuve? La voici :
c'est un de nos correspondants qui nous la fournit :
Les époux C..., demeurant au vieux Marseille,
à Pouancé (Maine-et-Loire), en sont une preuve bien
frappants.
Dimanche soir, 7 juillet, après de copieuses liba-
tions de part et d'autre, nos deux pigeonneaux son-
gèrent à regagner le colombier. Il était temps, du
reste; à dix heures du soir la police veut qu'on
ferme les cabarets, an grand désespoir des retarda-
taires.
Trotti-trottant, la femme C... arrive la première au
logis, laissant derrière elle son époux occupé à tenir
longue conversation aux arbres et détours de la
rue.
L'époux retardataire arrive enfin à sa porte, frappe
et... pas de réponse. L'épouse prudente avait soi-
gneusement fermé la porte, et s'était mise tran-
quillement au lit sans plus s'occuper du pauvre
chéri.
Coucher dehors n'était pas précisément l'affaire de
C... Il prend une échelle, monte et atteint la fenêtre
de sa chambre. D'un coup de poing il fait voler la
vitre en morceaux et se dispose à ouvrir la croisée ;
mais sa valeureuse moitié, brusquement interrompue
dans son sommeil, s'élance à la fenêtre, et d'un bras
vigoureux précipite l'envahisseur sur le pavé.
Heureusement Bacchus protége ceux qui ont fait
vœu d'être siens. C... en fut quitte pour quelques con-
tusions sans importance.
On espère, à Pouancé, que la leçon profitera néan-
moins, et que le coupla C... fêtera un peu moins
dame bouteille. (Journal de Maine-et-Loire.)
DÉPARTEMENTS
HÉCOURT. — Les journaux de l'Oise nous ap-
portent un nouvel exemple de foudre en boule,
phénomène inexpliqué jusqu'à présent. On écrit
d'Hécourt (Oise) :
Le 12 juillet, vers sept heures du soir, la fem-
me Dumontier venait de rentrer chez elle pour
faire le ménage, quand sa mère s'écria : « Mon
Dieu ! quel coup de tonnerre ! » La foudre venait
de tomber sur la maison, et elle aperçut une .
boule de feu de la grosseur d'un œuf qui brûlait
sur le lit.
La femme Dumontier essayait de l'éteindre;
mais, voyant qu'elle ne pouvait y réussir, elle
songea à sauver sa pauvre vieille mère. Arrivée
dans la cour, elle appela au secours. Son mari
monta sur le toit pour arrêter les progrès de l'in-
cendie; ce fut inutile : la maison et les bâti-
monts, de décharges furent consumés avec les
foi irrages que contenaient les greniers.
Le feu ne tarda pas à attéindre les habitations
voisines, qui furent également détruites, malgré
les efforts de nombreux travailleurs et la pré-
sence sur le lieu du sinistre des pompes de
Saint-Quentin et de Bazancourt. La perte est
évaluée à 13,680 fr.
BOUVIGNIES. —Voici un pTncedé original. Nous
n'en ferons point mystère, libre à chacun de le
mettre en pratique.
Un brave père de famille appelle dernière-
ment son fils, doué d'une force prodigieuse :
« Tiens-moi la tête des deux mains, dit-il, et
surtout ne la laisse pas tomber. Tu vois cet
énorme grès posé sur mes genoux ; je l'ai atta-
ché à la corde solide correspondant à une mo-
laire qui me fait souffrir mort et damnation ;
j'écarterai les genoux, le grès roulera à terre
et la dent avec lui. »
L'expédient n'a rien laissé à désirer. A ce jeu
il risquait de se rompre la colonne vertébrale ;
c'est pour cela qu'il s'était fait 1e11ir la tête.
LA MÉDECINE CHEZ LES CHINOIS
Une commission est nommée, à l'Académie
des sciences, pour examiner le travail que pré-
sente, sous ce titre, M. Léon Soubeiran, profes-
seur agrégé à l'Ecole de pharmacie. M. Soubei-
ran a été aidé dans ses recherches par les docu-
ments que lui a fournis M. Dabré de Thiersant,
consul de France en Chine. L'ouvrage passe en
revue d'une manière méthodique, article par ar-
ticle, les minéraux, les métaux, les animaux de
divers ordres et les végétaux que les Chinois
font concourir à la préparation de leurs médica-
ments.
L'or est préconisé contre l'inflammation des
articulations ; l'or en feuilles, importé de l'Inde,
sert aux suicides ; son absorption détermine,
dit-on, une irritation mortelle. On attribue aux
aiguilles d'or employées dans l'acupuncture une
action particulière. L'or appliqué sur la peau
exerce, suivant les Chinois, une grande attraction
sur le mercure ; c'est pourquoi on l'emploie con-
tre la salivation mercurielle.
Nous comptons treize composés mercuriels
employés par les Chinois. Les alchimistes du
Céleste-Empire croient que le mercure est la
source de l'or philosophai. Ce métal joue un"
rôle important dans leur pharmaceutique. L'eau
également. L'hydrothérapie, sous forme de dou-
ches, que nous connaissons seulement d'hier,
est pratiquée de temps immémorial par les Chi-
nois. Le pétrole (une sorte d'huile minérale
noire), est réputé pour guérir les blessures de
flèches empoisonnées. Le soufre, l'alun, le fer,
le plomb entrent dans la matière médicale des
Chinois pour des usages analogues aux nôtres.
Les coquilles d'ammonite pulvérisées passent
pour un antidote souverain des empoisonne-
ments métalliques. La poudre des coquilles fos-
siles est recommandée généralement contre la
diarrhée et certaines maladies des yeux. Les
cheveux torréfiés sont administrés en pilules.
Les râpures de corne de cerf, le sang de cerf,
mêlé au vin, le sang de chevreuil, la vésicule
biliaire constituent des remèdes vantés. Il en
est de même de la chair et de la peau de plu,?
sieurs serpents, à l'exclusion de la tête et de
la queue de ces reptiles.
La graisse de tortue empêche, dit-on, lés che-
veux de blanchir; la chair de coq est malsaine
pour les yeux; il faut manger de la cervelle de
pie si l'on véut augmenter la puissance de la.
pensée; la colle de peau d'âne, qui se vend en
morceaux aplatis, rougeâtres, translucides, en-
veloppés précieusement d'un papier, rouge ver-
millon, est efficace contre l'inflammation des
poumons.. La chauve-souris jouit d'une haute
réputation thérapeutique.
Nous trouvons dans l'ouvrage de M. b Soubei-
ran des détails intéressants sur l'alimentation
des Chinois. La chair de cheval n'a chez eux à
lutter contre aucun préjugé. Ils ont une race
particulière de chiens, soumis à un régime vé-
gétal, et qui servent de régal aux riches comme
aux pauvres. Avec le rat, ils font des souper
qu'ils trouvent exquises; la consommation de
cet animal est si grande qu'il se fait une impor-
tation considérable de rats salés. La trompe
d'éléphant desséchée .est un mets estimé. Une
sorte de grenouille brune est employée à faire
d'excellents consommés. ,
L'œuf des derniers jours de l'incubation, con^ •
tenant le poulet à la veille de l'éclosion, est ap-
précié des gourmets chinois. On emploie, pour
conserver les œufs, un vernis fait de chaux vive,,
de sel marin, de cendre de bois de chêne, et
d'une décoction concentrée de thé. Des officiers
de marine, qui connaissent le procédé, nous af-
firment qu'après quelques mois de conserva-
tion, l'œuf exhale une odeur sulfhydrique, que
le jaune est devenu vert, et que l'albumine s'est
coagulée.
Cela n'empêche pas que, dans cet état, l'œuf
ne soit très-apprécié en Chine. L'huître est cul-
tivée par les Chinois avec soin, ils sont même ;
parvenus à faire produire à certaines espèces ,
des perles en provoquant chez elles une sécré-
tion artificielle de la matière nacrée. Ces perles .
sont creuses et sans valeur. (Le Temps.)
SOUSCRIPTION DES FEMMES DE FRANCE
RÉPONSE A NOTRE APPEL
C'est à une idée si juste et si vraie que répond
la souscription nationale pour la libération de
notre territoire, que, malgré toutes les entraves
qu'elle a rencontrées, cette souscription poursuit
toujours son cours en France comme à l'é-
tranger.
Comment empècher, en effet, des cœurs vrai-
ment patriotes de hâter de leurs offrandes la dé-
livrance du pays ! Chaque jour nous en voyons
l'impossibilité, et pouvons constater avec joie
que notre appel a été entendu partout où la
France a des enfants qui l'aiment. Aussi est-ce
avec une véritable joie que nous publions les
adhésions qui continuent à nous arriver.
Le Courrier de San Francisco nous apprend
que la population civile et militaire de Ta-
hiti a voulu participer à la souscription. La
population militaire,, le personnel des diver-
ses administrations, beaucoup plus nombreux
que l'élément civil, le clergé, la gendarmerie,
la marine et l'infanterie de marine ont tenu
à honneur de contribuer à la libération du
territoire. Ils ont souscrit ensemble une
somme de 9,050 fr. 50. La population civile a'
donné 3,99b francs. Dans,, cette. liste, un An-
glais, M. Stewart, figure pour 2,500 fr. et un
Tronc des Veinards, à Papeete, a produit 4
236 fr. 50. C'est donc, sans compter 5,000 fr.
produit d'une loterie, 15,960 fr. 50 souscrits
à Tahiti — une assez jolie somme, en égard
au nombre des souscripteurs et aux ressour-
ces de la grande majorité d'entre eux.
On lit dans le Messager franco-américain du
2 juillet :
Mlle de Blossières, en nous adressant de
nouvelles listes de souscription, nous a priés
de publier la communication qui suit :
Le comité des dames, dans sa dernière réu-
nion, a adopté les résolutions suivantes :
Malgré les obstacles qui se sont opposés au
complet développement de la souscription en
France, et malgré la résolution prise par certains
comités de cesser leurs opérations, le comité
général de Paris a résolu de poursuivre son
œuvre en n'acceptant plus toutefois de dons con-
ditionnels.
Les Français des Etats-Unis, en donnant à la
France leur obole, n'y ont mis aucune condi-
tion ; ce mode de souscription n'ayant pas été
adopté, c'est un don absolu qu'ils font, inspirés
par l'amour ardent de la patrie qui les anime.
L'article 6, que le comité directeur de Paris a
N° 95. — Feuilleton de la PETITE PRESSE
Le Chiffonnier Philosophe
DEUXIÈME PARTIE
XXXII (suite)
Où l'on scalpe une chevelure.
— Où serait le grand crime à cela, et en quoi
me mériterait-il d'être chassée et insultée par
médème? En venté, elle oublie trop que, si son
caprice m'a refuse sa confiance en cette circons-
tance exceptionnelle, j'en sais bien d'autres sur
son compte, et par elle-même, du temps où
j'étais sa chsre Mariette... Alors, elle se trouvait
souvent en ■ retard d'un semestre pour me payer
mes gages',.. Alors aussi, mèdème me traitait
en amie!... Je me crois toute pareille aujour-
d'hui... et pas plus pécore, pas plus péronnelle...
que mèdèrm !
Chose étrange, quoique, à cette injure, les
traits de la Montcarmé se fussent empourprés,
comme si elle allait étouffer de mâle rage, ce
fut d' une voix considérablement radoucie qu'elle
prit la parol-fc, après un assez long; silence, ,
t"¥oip le niyç^ro d'hier.
I — Voyons, mauvaise tête, fit-elle, as-tu com- )
j pris quelque chose à ce que m'écriva-it le Russe,
j sur le papier trouvé par toi ?
i — Rien, je vous le jure, déclara la soubrette,
i s'apaisant aussi, car elle flairait sa rentrée en
! grâce. Comment madame veut-elle que j'aie dé-
chiffré quoi que ce soit, dans des lignes à moi-
tié détruites? ojouta-t-elle avec une inflexion
candide à lui donner le bon Dieu en confession.
— Allons, c'est bon, conclut sa maîtresse,
prends comme non avenu ton paquet donné... et
.viens me passer mes bas.
La Marton s'approcha sans défiance ; mais, dès
qu'elle se fut courbée à portée de la rancuneuse
et traîtresse Irma, celle-ci l'empoigna à pleines
mains par la nuque.
— Ah pie-grièche ! ah! guenon! cria-t-elle,
tu t'es permis de me rappeler notre passé !... Tu
as osé me ravaler jusqu'à toi!... Non, je ne te
mets pas dehors, car je n'ai qu'une parole! Mais
je vais te corriger comme le méritent tes inso-
lences !
Alors commença une de ces luttes assez com-
munes entre- supérieure et subalterne parmi les
créatures de ce demi-monde abject, violent, —
canaille, en un mot, même dans sa partie sin-
geant le mieux le grand monde. j
La. Montcarmé possédait une vigueur bien su-
périeure à celle de son adversaire, mais la ner- |
veuse/'eamériste se tordait comme une couleu-
vre et griffait comme un chat. Ce ne fut qu'a-
près maintes égralignures reçues, que la forte
' beauté en arriva à ses fins. !
Elle renversa Mariette sur Je tapis, et, lui
maintenant le corps de tout son respectable
poids, lui serrant les poignets dans sa main
gauche, de la droite elle exécuta, sur les joues
de la patiente, un exercice de battoir dont eût
été fière la reine des blanchisseuses.
Cela ne suffit pas à la vengeance de la grasse
Némésis. Avec cet instinct de l'outrage féminin
qui appartient surtout à sa caste perverse, elle
attaqua la battue dans son endroit sensible par
excellence : la vaniteuse coquetterie. Depuis
longtemps l'exubérant chignon dont sa suivante
paraissait si fière l'agaçait sourdement : elle 16
scalpa !
Mariette, à demi chauve, découronnée de
l'appareil chevelu que sa maîtresse brandissait
triomphalement, poussa un hurlement d'impla-
cable rage, et, par un effort suprême, parvint à
mordre le bras qui la domptait.
Envoyant aussitôt la perruque dans le foyer,
la furibonde Irma recommença de plus belle,
sur la face convulsée de l'ennemi, ce qu'elle
qualifia plus tard « la charge à fond des giffles. »
On s'étonnera sans doute que les cris inhu-
mains, poussés dans cet assaut homérique,
n'eussent point attiré les autres serviteurs du
lieu. Mais ce n'était pas la première fois que la
déesse et sa prêtresse battaient leur linge sale eu,
tête a tête. Or, la domesticité ordinaire savait,
par expérience, qu'intervenir dans ces cas-làï
conduisait infailliblement à recevoir son compta
après la réconciliation qui suivait toujours entre
les deux euménides.
Tout à coup, la triomphante et infatigable Ju-
non des lorettes suspendit sa foudroyante souf-;
fletade... V
— Oh ! je me vengerai, piaulait Mariette dans
l'ivresse de la douleur et du ressentiment; iM
dénoncerai tout!... oui, tout à M. Willcomb.
Ce nom avait produit l'effet d'un seau d eau
glacée sur l'effervescence de la galante. Furie.
Sa victime en savait donc plus qu'elle n ôn
avait avoué tout d'abord, du complot d'Irma et
de Pétrus contre Georges et Elise !
(La suite à demain.)
JULES CAUVAIN.
On prépare, au Jardin d'acclimatation, une exposi-
tion permanente des produits obtenus 'avec les ani-
maux acclimatés en France. ; -
Cette exposition sera divisée en deux parties: les
produits bruts, ivoire, corne, plumes, laine, soie, etc.,
tels qu'Us sont récoltés sur l'animal, et ces.mênn»
objets transformés par l'industrie.
Chaque objet aura sa légende, et le visiteur pourra
voir les prix comparés -entre les matières premières
provenait de l'importation et celles de l'acclimatation;
Cette exposition, qu'organise M. Geoffroy Sarofc
Hil.tùr^ sera Go la fois curieuse et instructive.
Sewd Saim-Michel; les têtes étaient: échauffées
et la plns.îôàîs gaie t.;' régnait entre ;cux. Tout
s était bien passé, tursque, vers une heure du
matin, un des joueurs surprit M. P... au mo-
ment où il substitutif une main de certes à une
autre. Pris sur le fait, il n'ta poui'Lar¡t.. résolù-
,ment. La discussion s'anima, et dégénéra bien-
tôt en rixe.
Dus soufflets ■ et des coups furent échangés.
•Son dénonciateur l'ayant, saipi par les vêtements,
deux jeux de cartes préparés tombèrent de- son
gilet'sur le parquet. Le docte s'était plus per-
mis. Profitant de la stupéfaction des assislants,
P... s'enfuit dans sa chambre à coucher, où il
s'enferma fi clef.
Ceux-ci forcèrent la porte et trouvèrent ce
malheureux étendu sur un canapé, la' gorge oit-
verte et donnant, encore signe de vie. Il s'était
servi d'un rasoir pour accomplir son suicide. Le
sang s'échappait en grande, abondance d'une
large plaie. Le malheureux expira sans avoir pu
prononcer une parole.
LA MÉGÈRE. — Un rassemblement s'était formé
avant-hier soir, vers quatre heures, dans une
des petites rues qui avoisinent le square Lou-
'"ois.
Voici ce qui était arrivé. Une femme d'une
trentaines d'années, à la suite d'une discussion
violente avec son mari, qu'elle accusait de cou-
rir la prétentaine (le mari est âgé de soixante-
dix ans), s'est précipitée d'abord sur lui, le frap-
pant à coups de manche à. balai, puis sur sa
petite fille, âgée de cinq ans, qu'elle voulait
étrangler. C'est à grand'peine qu'on est parvenu
à arracher la pauvre enfant des mains de cette
malheureuse. N'ayant plus alors personne s-ur
qui faire retomber sa fureur, elle se mit à jeter
par la fenêtre chaises, vaisselle, etc.
Des gardiens de la paix, que l'on avait été
chercher, se sont emparés d'elle et l'ont con-
duite au poste. Cette malheureuse est, dit-on,
atteinte d'aliénation mentale depuis les événe-
ments de la Commune.
UN SOLIDE GAILLARD. — Georges Ilifs, âgé de
trente-cinq ans, garçon boucher à Pantin, reve-
nait avant-hier soir, vers dix héures, de faire
quelques recouvrements pour son patron, lors-
que, en suivant les fortifications des Prés-Saint-
Gervais, dans le sens de la route d'Allemagne,
il fut attaqué par une dizaine d'individus, qui se
mirent en devoir de le dépouiller. Le boucher,
taillé en Hercule, en assomma deux à l'aide de
ses poings fermés; mais, assailli à coups de
pierre, il allait succomber, quand à ses cris ac-
courut une ronde de police. A cette vue les mal-
faiteurs prirent tous la fuite, à l'exception des
deux assommés, qui furent captures.
LE NOUVEAU Ruy-BLAS. — Un fait extraordi-
maire sur lequel nous ne pouvons pas encore
donner de détails précis, de peur d'entraver les
recherches de la police, a mis en émoi le fau-
bourg Saint-Germain. Il s'agit de la disparition
d'une jeune fille appartenant à une grande fa-
mille de magistrats, et dont le père a joué un
Tôle fort important sous le gouvernement de
Louis- Philippe.
La susdite jeune fille se serait enfuie avec le
domestique de son père que l'on poursuivait de-
puis quelques jours comme ancien communard. •
La justice, prévenue immédiatement par la fa-
mille, informe.
LA PISTE D'UN CONDAMNÉ A MORT.—Deux agents
de la police anglaise sont arrivés à Paris, venant
de Londres, en passant par Calais.
!Is cherchent la piste d'un nommé Joë Sun-
dies, condamné à mort, et qui s'est évadé de
Newgate la veille du jour marqué pour sa pen-
daison.
On a pu suivre la trace de l'assassin depuis
Newgale jusqu'à Douvres, où on sait qu'il s'est
embarqué pour Calais. Mais, à partir' de Ca-
lais, on ignore quelle direction a prise Joë Sun-.
dies.
IJN EXEMPLE A SUIVRE. — L'heureux banquie r
qui a gagné le lot de 200,000 francs au tirage
j de la Ville de Paris se nomme 11. Chailley. il
n'a pas voulu être, seul à profiter de lit bonne
fortune qui lui arrivait. Il a décidé qu'il ferait
inscrire chacun de ses neuf employés pour une
somme de 60 fr. à la souscription nationale pour
l'Emprunt de 3 milliards.
Un ancien : employé, qui avait été chargé de
prendre l'obligation à la Trésorerie générale,
aujourd'hui sous les drapeaux, sera compris
dans ,la mesure.
— Nous avons le vif regret d'annoncer la mort de
notre confrère, M. Adolphe Guéroult, rédacteur en
chef et fondateur de l'Opinion nationale.
— Depuis longtemps les habitués de la Bibliothè-
que nationale réclamaient l'ouverture des salles de
lecture et de travail de six heures à dix heures dn
soir.
M. le ministre de l'instruction publique vient de
faire droit à cette demande.
— Les nouyelles coupures-de la Banque vont voir
le jour très-prochainement. - j
Insensihilisateur Ducfeesne.Guérison, extrac-
tion et pose de dents sans douleur, 45, rue Lafayette.
LE DOSSIER DES IVROGNES
Quand un mari boit- seul, laissant sa femme à la
maison, celle-ci peste et enrage, comme de juste;
mais lorsque la femme fête la dive bouteille en com-
pagnie de son chéri, tout est pour le mieux. C'est
là ce qui s'appelle un ménage parfait !
Pas toujours; en veut-on la preuve? La voici :
c'est un de nos correspondants qui nous la fournit :
Les époux C..., demeurant au vieux Marseille,
à Pouancé (Maine-et-Loire), en sont une preuve bien
frappants.
Dimanche soir, 7 juillet, après de copieuses liba-
tions de part et d'autre, nos deux pigeonneaux son-
gèrent à regagner le colombier. Il était temps, du
reste; à dix heures du soir la police veut qu'on
ferme les cabarets, an grand désespoir des retarda-
taires.
Trotti-trottant, la femme C... arrive la première au
logis, laissant derrière elle son époux occupé à tenir
longue conversation aux arbres et détours de la
rue.
L'époux retardataire arrive enfin à sa porte, frappe
et... pas de réponse. L'épouse prudente avait soi-
gneusement fermé la porte, et s'était mise tran-
quillement au lit sans plus s'occuper du pauvre
chéri.
Coucher dehors n'était pas précisément l'affaire de
C... Il prend une échelle, monte et atteint la fenêtre
de sa chambre. D'un coup de poing il fait voler la
vitre en morceaux et se dispose à ouvrir la croisée ;
mais sa valeureuse moitié, brusquement interrompue
dans son sommeil, s'élance à la fenêtre, et d'un bras
vigoureux précipite l'envahisseur sur le pavé.
Heureusement Bacchus protége ceux qui ont fait
vœu d'être siens. C... en fut quitte pour quelques con-
tusions sans importance.
On espère, à Pouancé, que la leçon profitera néan-
moins, et que le coupla C... fêtera un peu moins
dame bouteille. (Journal de Maine-et-Loire.)
DÉPARTEMENTS
HÉCOURT. — Les journaux de l'Oise nous ap-
portent un nouvel exemple de foudre en boule,
phénomène inexpliqué jusqu'à présent. On écrit
d'Hécourt (Oise) :
Le 12 juillet, vers sept heures du soir, la fem-
me Dumontier venait de rentrer chez elle pour
faire le ménage, quand sa mère s'écria : « Mon
Dieu ! quel coup de tonnerre ! » La foudre venait
de tomber sur la maison, et elle aperçut une .
boule de feu de la grosseur d'un œuf qui brûlait
sur le lit.
La femme Dumontier essayait de l'éteindre;
mais, voyant qu'elle ne pouvait y réussir, elle
songea à sauver sa pauvre vieille mère. Arrivée
dans la cour, elle appela au secours. Son mari
monta sur le toit pour arrêter les progrès de l'in-
cendie; ce fut inutile : la maison et les bâti-
monts, de décharges furent consumés avec les
foi irrages que contenaient les greniers.
Le feu ne tarda pas à attéindre les habitations
voisines, qui furent également détruites, malgré
les efforts de nombreux travailleurs et la pré-
sence sur le lieu du sinistre des pompes de
Saint-Quentin et de Bazancourt. La perte est
évaluée à 13,680 fr.
BOUVIGNIES. —Voici un pTncedé original. Nous
n'en ferons point mystère, libre à chacun de le
mettre en pratique.
Un brave père de famille appelle dernière-
ment son fils, doué d'une force prodigieuse :
« Tiens-moi la tête des deux mains, dit-il, et
surtout ne la laisse pas tomber. Tu vois cet
énorme grès posé sur mes genoux ; je l'ai atta-
ché à la corde solide correspondant à une mo-
laire qui me fait souffrir mort et damnation ;
j'écarterai les genoux, le grès roulera à terre
et la dent avec lui. »
L'expédient n'a rien laissé à désirer. A ce jeu
il risquait de se rompre la colonne vertébrale ;
c'est pour cela qu'il s'était fait 1e11ir la tête.
LA MÉDECINE CHEZ LES CHINOIS
Une commission est nommée, à l'Académie
des sciences, pour examiner le travail que pré-
sente, sous ce titre, M. Léon Soubeiran, profes-
seur agrégé à l'Ecole de pharmacie. M. Soubei-
ran a été aidé dans ses recherches par les docu-
ments que lui a fournis M. Dabré de Thiersant,
consul de France en Chine. L'ouvrage passe en
revue d'une manière méthodique, article par ar-
ticle, les minéraux, les métaux, les animaux de
divers ordres et les végétaux que les Chinois
font concourir à la préparation de leurs médica-
ments.
L'or est préconisé contre l'inflammation des
articulations ; l'or en feuilles, importé de l'Inde,
sert aux suicides ; son absorption détermine,
dit-on, une irritation mortelle. On attribue aux
aiguilles d'or employées dans l'acupuncture une
action particulière. L'or appliqué sur la peau
exerce, suivant les Chinois, une grande attraction
sur le mercure ; c'est pourquoi on l'emploie con-
tre la salivation mercurielle.
Nous comptons treize composés mercuriels
employés par les Chinois. Les alchimistes du
Céleste-Empire croient que le mercure est la
source de l'or philosophai. Ce métal joue un"
rôle important dans leur pharmaceutique. L'eau
également. L'hydrothérapie, sous forme de dou-
ches, que nous connaissons seulement d'hier,
est pratiquée de temps immémorial par les Chi-
nois. Le pétrole (une sorte d'huile minérale
noire), est réputé pour guérir les blessures de
flèches empoisonnées. Le soufre, l'alun, le fer,
le plomb entrent dans la matière médicale des
Chinois pour des usages analogues aux nôtres.
Les coquilles d'ammonite pulvérisées passent
pour un antidote souverain des empoisonne-
ments métalliques. La poudre des coquilles fos-
siles est recommandée généralement contre la
diarrhée et certaines maladies des yeux. Les
cheveux torréfiés sont administrés en pilules.
Les râpures de corne de cerf, le sang de cerf,
mêlé au vin, le sang de chevreuil, la vésicule
biliaire constituent des remèdes vantés. Il en
est de même de la chair et de la peau de plu,?
sieurs serpents, à l'exclusion de la tête et de
la queue de ces reptiles.
La graisse de tortue empêche, dit-on, lés che-
veux de blanchir; la chair de coq est malsaine
pour les yeux; il faut manger de la cervelle de
pie si l'on véut augmenter la puissance de la.
pensée; la colle de peau d'âne, qui se vend en
morceaux aplatis, rougeâtres, translucides, en-
veloppés précieusement d'un papier, rouge ver-
millon, est efficace contre l'inflammation des
poumons.. La chauve-souris jouit d'une haute
réputation thérapeutique.
Nous trouvons dans l'ouvrage de M. b Soubei-
ran des détails intéressants sur l'alimentation
des Chinois. La chair de cheval n'a chez eux à
lutter contre aucun préjugé. Ils ont une race
particulière de chiens, soumis à un régime vé-
gétal, et qui servent de régal aux riches comme
aux pauvres. Avec le rat, ils font des souper
qu'ils trouvent exquises; la consommation de
cet animal est si grande qu'il se fait une impor-
tation considérable de rats salés. La trompe
d'éléphant desséchée .est un mets estimé. Une
sorte de grenouille brune est employée à faire
d'excellents consommés. ,
L'œuf des derniers jours de l'incubation, con^ •
tenant le poulet à la veille de l'éclosion, est ap-
précié des gourmets chinois. On emploie, pour
conserver les œufs, un vernis fait de chaux vive,,
de sel marin, de cendre de bois de chêne, et
d'une décoction concentrée de thé. Des officiers
de marine, qui connaissent le procédé, nous af-
firment qu'après quelques mois de conserva-
tion, l'œuf exhale une odeur sulfhydrique, que
le jaune est devenu vert, et que l'albumine s'est
coagulée.
Cela n'empêche pas que, dans cet état, l'œuf
ne soit très-apprécié en Chine. L'huître est cul-
tivée par les Chinois avec soin, ils sont même ;
parvenus à faire produire à certaines espèces ,
des perles en provoquant chez elles une sécré-
tion artificielle de la matière nacrée. Ces perles .
sont creuses et sans valeur. (Le Temps.)
SOUSCRIPTION DES FEMMES DE FRANCE
RÉPONSE A NOTRE APPEL
C'est à une idée si juste et si vraie que répond
la souscription nationale pour la libération de
notre territoire, que, malgré toutes les entraves
qu'elle a rencontrées, cette souscription poursuit
toujours son cours en France comme à l'é-
tranger.
Comment empècher, en effet, des cœurs vrai-
ment patriotes de hâter de leurs offrandes la dé-
livrance du pays ! Chaque jour nous en voyons
l'impossibilité, et pouvons constater avec joie
que notre appel a été entendu partout où la
France a des enfants qui l'aiment. Aussi est-ce
avec une véritable joie que nous publions les
adhésions qui continuent à nous arriver.
Le Courrier de San Francisco nous apprend
que la population civile et militaire de Ta-
hiti a voulu participer à la souscription. La
population militaire,, le personnel des diver-
ses administrations, beaucoup plus nombreux
que l'élément civil, le clergé, la gendarmerie,
la marine et l'infanterie de marine ont tenu
à honneur de contribuer à la libération du
territoire. Ils ont souscrit ensemble une
somme de 9,050 fr. 50. La population civile a'
donné 3,99b francs. Dans,, cette. liste, un An-
glais, M. Stewart, figure pour 2,500 fr. et un
Tronc des Veinards, à Papeete, a produit 4
236 fr. 50. C'est donc, sans compter 5,000 fr.
produit d'une loterie, 15,960 fr. 50 souscrits
à Tahiti — une assez jolie somme, en égard
au nombre des souscripteurs et aux ressour-
ces de la grande majorité d'entre eux.
On lit dans le Messager franco-américain du
2 juillet :
Mlle de Blossières, en nous adressant de
nouvelles listes de souscription, nous a priés
de publier la communication qui suit :
Le comité des dames, dans sa dernière réu-
nion, a adopté les résolutions suivantes :
Malgré les obstacles qui se sont opposés au
complet développement de la souscription en
France, et malgré la résolution prise par certains
comités de cesser leurs opérations, le comité
général de Paris a résolu de poursuivre son
œuvre en n'acceptant plus toutefois de dons con-
ditionnels.
Les Français des Etats-Unis, en donnant à la
France leur obole, n'y ont mis aucune condi-
tion ; ce mode de souscription n'ayant pas été
adopté, c'est un don absolu qu'ils font, inspirés
par l'amour ardent de la patrie qui les anime.
L'article 6, que le comité directeur de Paris a
N° 95. — Feuilleton de la PETITE PRESSE
Le Chiffonnier Philosophe
DEUXIÈME PARTIE
XXXII (suite)
Où l'on scalpe une chevelure.
— Où serait le grand crime à cela, et en quoi
me mériterait-il d'être chassée et insultée par
médème? En venté, elle oublie trop que, si son
caprice m'a refuse sa confiance en cette circons-
tance exceptionnelle, j'en sais bien d'autres sur
son compte, et par elle-même, du temps où
j'étais sa chsre Mariette... Alors, elle se trouvait
souvent en ■ retard d'un semestre pour me payer
mes gages',.. Alors aussi, mèdème me traitait
en amie!... Je me crois toute pareille aujour-
d'hui... et pas plus pécore, pas plus péronnelle...
que mèdèrm !
Chose étrange, quoique, à cette injure, les
traits de la Montcarmé se fussent empourprés,
comme si elle allait étouffer de mâle rage, ce
fut d' une voix considérablement radoucie qu'elle
prit la parol-fc, après un assez long; silence, ,
t"¥oip le niyç^ro d'hier.
I — Voyons, mauvaise tête, fit-elle, as-tu com- )
j pris quelque chose à ce que m'écriva-it le Russe,
j sur le papier trouvé par toi ?
i — Rien, je vous le jure, déclara la soubrette,
i s'apaisant aussi, car elle flairait sa rentrée en
! grâce. Comment madame veut-elle que j'aie dé-
chiffré quoi que ce soit, dans des lignes à moi-
tié détruites? ojouta-t-elle avec une inflexion
candide à lui donner le bon Dieu en confession.
— Allons, c'est bon, conclut sa maîtresse,
prends comme non avenu ton paquet donné... et
.viens me passer mes bas.
La Marton s'approcha sans défiance ; mais, dès
qu'elle se fut courbée à portée de la rancuneuse
et traîtresse Irma, celle-ci l'empoigna à pleines
mains par la nuque.
— Ah pie-grièche ! ah! guenon! cria-t-elle,
tu t'es permis de me rappeler notre passé !... Tu
as osé me ravaler jusqu'à toi!... Non, je ne te
mets pas dehors, car je n'ai qu'une parole! Mais
je vais te corriger comme le méritent tes inso-
lences !
Alors commença une de ces luttes assez com-
munes entre- supérieure et subalterne parmi les
créatures de ce demi-monde abject, violent, —
canaille, en un mot, même dans sa partie sin-
geant le mieux le grand monde. j
La. Montcarmé possédait une vigueur bien su-
périeure à celle de son adversaire, mais la ner- |
veuse/'eamériste se tordait comme une couleu-
vre et griffait comme un chat. Ce ne fut qu'a-
près maintes égralignures reçues, que la forte
' beauté en arriva à ses fins. !
Elle renversa Mariette sur Je tapis, et, lui
maintenant le corps de tout son respectable
poids, lui serrant les poignets dans sa main
gauche, de la droite elle exécuta, sur les joues
de la patiente, un exercice de battoir dont eût
été fière la reine des blanchisseuses.
Cela ne suffit pas à la vengeance de la grasse
Némésis. Avec cet instinct de l'outrage féminin
qui appartient surtout à sa caste perverse, elle
attaqua la battue dans son endroit sensible par
excellence : la vaniteuse coquetterie. Depuis
longtemps l'exubérant chignon dont sa suivante
paraissait si fière l'agaçait sourdement : elle 16
scalpa !
Mariette, à demi chauve, découronnée de
l'appareil chevelu que sa maîtresse brandissait
triomphalement, poussa un hurlement d'impla-
cable rage, et, par un effort suprême, parvint à
mordre le bras qui la domptait.
Envoyant aussitôt la perruque dans le foyer,
la furibonde Irma recommença de plus belle,
sur la face convulsée de l'ennemi, ce qu'elle
qualifia plus tard « la charge à fond des giffles. »
On s'étonnera sans doute que les cris inhu-
mains, poussés dans cet assaut homérique,
n'eussent point attiré les autres serviteurs du
lieu. Mais ce n'était pas la première fois que la
déesse et sa prêtresse battaient leur linge sale eu,
tête a tête. Or, la domesticité ordinaire savait,
par expérience, qu'intervenir dans ces cas-làï
conduisait infailliblement à recevoir son compta
après la réconciliation qui suivait toujours entre
les deux euménides.
Tout à coup, la triomphante et infatigable Ju-
non des lorettes suspendit sa foudroyante souf-;
fletade... V
— Oh ! je me vengerai, piaulait Mariette dans
l'ivresse de la douleur et du ressentiment; iM
dénoncerai tout!... oui, tout à M. Willcomb.
Ce nom avait produit l'effet d'un seau d eau
glacée sur l'effervescence de la galante. Furie.
Sa victime en savait donc plus qu'elle n ôn
avait avoué tout d'abord, du complot d'Irma et
de Pétrus contre Georges et Elise !
(La suite à demain.)
JULES CAUVAIN.
On prépare, au Jardin d'acclimatation, une exposi-
tion permanente des produits obtenus 'avec les ani-
maux acclimatés en France. ; -
Cette exposition sera divisée en deux parties: les
produits bruts, ivoire, corne, plumes, laine, soie, etc.,
tels qu'Us sont récoltés sur l'animal, et ces.mênn»
objets transformés par l'industrie.
Chaque objet aura sa légende, et le visiteur pourra
voir les prix comparés -entre les matières premières
provenait de l'importation et celles de l'acclimatation;
Cette exposition, qu'organise M. Geoffroy Sarofc
Hil.tùr^ sera Go la fois curieuse et instructive.
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