Titre : La Petite presse : journal quotidien... / [rédacteur en chef : Balathier Bragelonne]
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1872-07-23
Contributeur : Balathier Bragelonne, Adolphe de (1811-1888). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32837965d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 23 juillet 1872 23 juillet 1872
Description : 1872/07/23 (N2268). 1872/07/23 (N2268).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k47160686
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-190
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 22/10/2017
Je ne lui dissimulai pas que tout espoir de
sauver l'enfant était perdu, et, dans mon indi-
gnation, je ne pus m'empêcher de Ini reprocher
sa coupable incuriç ; "mais elle, impassible et
presque souriante devant cette agonie : « Cela
embêtera bien mon mari, me dit-elle, parce que
c'est un garçon, et il y tenait, »
Ce fut là toute l'oraison funèbre de ce pauvre
enfant, qui alla rejoindre, le soir même, dans le
cimetière du village, les nombreux petits Pari-
siens que les boutiquiers de la grande ville,
tout entiers à ce qu'ils appellent leurs affaires,
envoient mourir loin d'eux de la façon que vous
voyez.
LE DRAME DE LA RUE ROTROU
Un accident des plus douloureux est arrivé
samedi rue Rotrou.
Mme Alleaume, demeurant rue Racine, 13,
était sortie pour conduire son jeune enfant au
jardin du Luxembourg. L'enfant, une petite fille
âgée, nous dit-on, de quatorze mois, était pla-
cée dans une de ces jolies voitures d'osier, à
roues blanches et bleues, que les mères poussent
par derrière, l'œil fixé sur leur bébé.
Arrivée rue Rotrou (ancienne rue Molière), '
Mme Alleaume s'arrêta devant la boutique d'un
marchand de jouets qui se trouve au n. 4 de la I
rue ; elle entra dans cette boutique afin d'y faire !
une acquisition destinée à sa fille, elle laissa 1
forcément le petit véhicule devant la porte du
magasin.
Ce court instant suffit pour amener le malheur
dont nous parlions en commençant.
L'enfant fit un mouvement brusque qui fit
pencher, puis verser la petite voiture, la fille
de Mme Alleaume tomba sur le pavé. Au même
instant passait une sorte de tapissière ; son con-
ducteur n'eut pas le temps d'arrêter le cheval
qui y était attelé : la roue passa sur le corps du
pauvre bébé, qui expira à l'instant.
Tout cela s'était passé avec une rapidité in-
croyable.
MmeAlleaume bondit auprès de sa fille ; mais
à la vue du corps, plein de santé, plein de vie
une seconde auparavant, inanimé -à présent, la
malheureuse mère perdit connaissance. On la
transporta à son domicile, pendant qu'on em-
portait le cadavre de la petite fille à la Clinique.
Quelques instants après, M. Alleaume venait
lui-même le réclamer.
L'ACCAPAREUR DE LA MARÉE
Un des plus riches propriétaires du départe-
ment de l'Oise, M. D..., âgé de cinquante-deux
ans, dont les facultés mentales ont été altérées
à la suite d'une insolation, avait été amené à
Paris par un de ses amis, ancien officier supérieur
en retraite, dans le but de le faire entrer dans
une maison de santé.
La monomanie de M. D... consiste à faire des
achats. Avant-hier, il entra, suivi de son ami et
de sa bonne, dans une soixantaine de magasins
de nouveautés. Pendant qu'il faisait des emplet-
tes, s'élevant chaque fois à plusieurs centaines
,de francs, son ami prenait à part le patron et lui
expliquait que l'acheteur ne jouissait pas de la
plénitude de ses facultés, en l'invitant toutefois
à se prêter à toutes ses fantaisies.
Pour le règlement du prix des marchandises,
la bonne, jeune et jolie personne de vingt ans,
se présentait à la caisse, ouvrait sa sacoche,
contenant une cinquantaine de mille francs en
billets de banque et faisait mine de payer.
Hier matin, pendant que son ami était allé
dans une maison de santé pour traiter du prix
de.la pension, M. D... sortit de l'hôtel à l'insu
de sa bonne. Le hasard le conduisit aux Halles
centrales. On commençait la vente à la criée de
la marée. Il se mêla aux acheteurs.
L'étonnement fut général quand on l'entendit
mettre des enchères de 2, 3 et 4 fr., au lieu de
25 c. Mais D... déroutait tout soupçon sur son
état méntal, en disant que c'était pour une noce
de trois cents personnes, et en ajoutant que,
par ces grandes chaleurs, une partie du poisson
serait avariée en arrivant à destination.
Il s'est ainsi rendu adjudicataire de toute la
marée, comprenant poissons, homards, langous-
tes, huîtres, crevettes, etc.
Sur ces entrefaites, arrive tout essoufflé et
couvert de sueur, l'officier retraité.
Il s'adresse à un inspecteur des Halles qui,
bientôt mis au courant, fait remettre en vente
les poissons, les mollusques et les crustacées.
(Le Droit.)
PARIS
LA SANTÉ PUBLIQUE.—Le bulletin hebdomadaire
de la mortalité constate 696 décès dans la der-
nière période de six jours,-ce qui fait une légère
augmentation sur le dernier bulletin augmen-
tation qui se porte surtout sur les affections ai-
1 guës et la diarrhée cholériforme des jeunes en-
; fants, dont il faut, cette semaine, enregistrer 17
cas mortels.
LES GRANDS PRIX DE L'ECOLE DES BEAUX-ARTS. -
L'institut a déjà décerné les prix pour la gra-
vure en médailles. Le 1er grand prix a été ob-
tenu par M. Daniel Dupuis, né à Blois (Loir-et-
Cher), et élève de MM. Ponscarme et Cavelier;
le 20 grand prix a été décerné à M. Louis Roty,
né à Paris, et élève de MM. Ponscarme et Du- j
mont. L'exposition des œuvres des quatre con- !
currents sortis de loges a lieu aujourd'hui; le I
sujet choisi était celui-ci : Un soldat Spartiate |
prépare ses armes avani le combat des Termopyles.
LES AMIS DE PONTONS. — Le sieur X... tient,
rue du Faubourg-Saint-Honoré, un petit établis-
ment d'horlogerie. Comme il ne couche pas dans
ce magasin, il emporte le soir, par mesure de
prudence, dans un grand sac spécialement dis-
posé, ses marchandises les plus précieuses.
Lors de la chute de la Commune, le sieur
V... fut arrêté par les troupes de Versailles et :
envoyé sur les pontons. Mais l'instruction éta-
blit qu'il avait été victime de fausses dénoncia-
tions. On s'empressa de le relaxer.
Il y a deux jours, l'horloger reçut la visite
d'un indiuidu qu'il avait connu sur les pontons
et qui s'était fait passer près de lui pour un très-
honnête homme, martyr de sa vertu et de la ja-
lousie de ses voisins. Plein de confiance, le sieur
X... l'accueillit de son mieux.
Tandis qu'ils causaient affectueusement, ar-
riva un ouvrier qui proposa en vente une mon-
tre. Le marchand l'examina, conclut le marché
et annonça que, d'après la loi, il était obligé de
payer au domicile du vendeur.
Celui-ci accepta et on se mit en route, après
que l'horloger eut prié son ami de rester à la
garde de sa boutique.
Quand on eut marché assez longtemps, l'ou-
vrier prétendu disparut au détour d'une rue.
Le sieur X... eut des soupçons, revint promp-
tement à son magasin et le trouva complétement
dévalisé. Toutes les montres en or avaient dis-
paru. L'ami de pontons, l'homme aux bons
sentiments les avait entassées, avec leurs chaî-
nes, dans le sac servant au transport de chaque
soir, et avait disparu sans laisser son adresse.
Par suitè d'activés recherches, il a été arrêté
hier.
UN PÈRE DÉNATURÉ. — Hier matin, vers une
heure, l'a dame P... et sa fille âgée de seize ans
se sont présentées au poste de la rue Corbeau,
en demandant protection contre les violences de
leur père et mari, le nommé P..., âgé de cin-
quante ans environ. Ce dernier, qui venait de
battre sa femme avec une extrème brutalité,
l'avait mordue à plusieurs reprises aux bras et
au visage. Il avait, en outre, cherché à se livrer
sur la personne de sa fi!le aux actes de la plus
révoltante immoralité. En conséquence, les agents
se sont empressés, après avoir recueilli les deux
malheureuses femmes, de se transporter au do-
micile du nommé P... qui a été mis en état
d'arrestation.
Ce misérable, qui vit dans l'oisiveté et la dé-
bauche, s'enivre tous les jours et ne'rentre chez
lui que pour frapper sa femme et son enfant •
1 qu'on a dû plusieurs fois déjà arracher de ses
| mains.
P... a été mis à la disposition du commissaire
de police du quartier.
ETRANGE ACCIDENT. — Juliette E..., ouvrière
brunisseuse, travaillait dans un atelier de la rue
de Cléry, lorsqu'en voulant prendre un flacon sur
une étagère, le contre-maître fit tomber sur la
tête de la jeune fille une bouteille de vitriol, qui !
se brisa répandant le liquide corrosif sur le crâne
de l'ouvrière, affolée., De prompts secours ont
été prodigués, mais l'état de la blessée est des
plus graves.
TOUJOURS LES OBUS. — Vendredi au soir, un
cultivateur de Villiers creusait une fosse dans
son champ quand tout à coup une détonation
retentit. Sa pioche avait rencontré la cheminée
d'un obus enfoui dans la terre. Le malheureux
a été presqueocottpé en deux; un éclat lui avait,
traversé la poitrine.
— M. Paulus, chef de la musique de la garde ré-
publicaine, a télégraphié hier au général Valentin
qu'il serait de retour à Paris vers le 30 août.
— S. Exc. Paraïta, régent de l'archipel de Taïti,
chevalier de la Légion d'honneur, vient d'arriver à
Paris.
- — Un brancardier de'l'Hôtel-Dieu a gagné, lors du
dernier tirage,de l'Hôtel-de-Ville de Paris, un lot de
10,000 lr.
— Les cimetières d'Ivry et de Saint-Ouen vont être
agrandis.
L'ARMÉE D'OCCUPATION
L'Indépendance de l'Est publie la dépêche
suivante, adressée au maire de Bar-le-Duc,
par M. de Saint-Vallier, commissaire extra-
ordinaire du Gouvernement français auprès
des autorités militaires allemandes :
Nancy, 17 juillet, 12 h. 40.^
A M. Bompard, maire de Bar-le-Duc et député de
. la Meuse.
J'ai reçu votre iettre et j'y réponds en détail,
de manière à vous rassurer. Je n'épargne au-
cun soin, aucun effort pour que le poids de l'oc-
cupation ne pèse pas lourdement sur les popula-
tions.
Les vues du président de la République, à ce
sujet, les instructions qu'il me donne, sont tel-
les, que vous ne devez concevoir aucune inquié-
tude. '
Comme complément de cette lettre, nous
reproduisons, d'après Paris-Journal, le tableau
de répartition des troupes allemandes dans les
départements encore occupés, tel, dit ce jour-
nal, qu'il vient d'être officiellement arrêté en-
tre le quartier général et M. de Saint-Vallier :
ARDENNES.
(Officiers compris;)
Rocroy, un bataillon infanterie. 600
Mézières, état-major, artillerie, génie,
services administratifs du département,
un escadron.. 400
Sedan, un bataillon infanterie. IjÛO
Betbel, 2 escadrons. 400
Vouziers, 3 batteries d'artillerie. 400
Charleville, un bataillon. 600
Total. 3.000
MEUSE
(Officiers compris.)
Montmédy, un bataillon, 2 batteries
artillerie. _ ^ - 800
Verdun, 1 bataillon, état-major, génie,
artillerie, services administratifs du dé-
partement, un escadron. 1.000
Bar-le-Duc, 1 bataillon d'infanterie, 2
batteries artillerie 900
Commercy,. 1 bataillon, 1 escadron. • 800
Total. 3.500
I VOSGES
| (Officiers compris. ;
Neufchâteau, 1 bataillon infan - , G00
Mirecourt, 1 bataillon infanl 1. 2
escadrons 1.600
^ Epinal, quartier général, gée r~
tillerie, télégraphes, postes, servi
ministratifs de l'armée d'occupa:) ; !
régiment infanterie. 3.000
Remiremont, 1 bataillon infant'',. - 600
Saint-Dié, 2 batteries artillerie. - 300
Total..5.500
Les troupes seront bivouaquétr : "3 tout le
département de Meurthe-et-Mos); • \i s'exé-
cuteront les grandes manœuvres - 'rme, et
on se reportera pour leur adminis - comme
pour celle de toutes les troupes ri, i,,e d'oc-
ClJpation, à l'article 12 de la conv- de Fer-
rières. Les troupes ne devront pas - mer plus
de quinze jours au même endro< H au bi-
vouac que dans les camps baraqué ■,
Les distributions devront être i>*»■ "ri bois et
paille de couchage pour cette pé >■, temps,
et une seule fois pour chaque corp , prière de
donner des ordres en conséquence
Toutes les dispositions devro^ .,. ■ prises
pour assurer l'exécution des conv -u ci-des-
sus pour le lo août, au plus tard. * du mi-
nistre aux intendants militaires de . , 5" et 7*
divisions.
ACCIDENT DE DANNEMARIE
Un de nos correspondants qat se t;": it dans le
train qiii a déraillé à Dannemarle nous M-uiie sur cet
accident les renseignements suivants :
L'accident est arrivé au delà, ; . viaduc de
Dannemarie, entre cette station U: ia frontière
de France. Ce viaduc, superbe 0 to d'art,
composé de trente-cinq arches, -Une la val-
lée de l'Ill et est distant de i k ire envi-
ron de la station de Mon tr eux-*' x, où sa
trouve la première douane alleni ;
A l'horizon, on aperçoit la..eD" )(8 Vos-
ges et les lignes sombres de l.-; .H-Noire.
Le paysage environnant est d, .<•■ as pitto-
resques.
Le train-poste qui avait quitî ' < ;ihous° à
dix heures vingt, avait atteint - ,r; ximum
de vitesse et déjà dépassé la lig .■ .urbe du
viaduc quand le déraillement, ao r. h cause
est encore inconnue, se produisl .
La locomotive, le tender et lo i - rfon des
bagages ont été précipités du h - du talus
dans la vallée. La chauffeur, lau >; dehors «
du tender, où il se tenait, a été i i. Î? le coup»
Le mécanicien, lancé dans l'espac;, = eu les cô-
tes brisées et n'a survécu que p nt quel-
ques minutes.
Les voyageurs n'ont éprouvé -u'un choc
violent. Quelques-uns d'entre enx - été for-
tement contusionnés. Le wagon (le: voyageurs •
qui suivait immédiatement le fUll fi:, n 'tes ba- .
gages, s est trouvé détaché par l 1.' il' euee du
choc, les chaîne.. se sont brisées. il a été
renversé sur le bord du talus, -t.' evé opposé
à celui où la locomotive a été !>joWe. On
ne sait^ quelle aurait été l'éiend -e du dé-
sastre si ces chaînes ne s'éta^en.. pas rom-
pues.
Dans les autres voitures du fr.; ;. i..• la secousse
a été brutale, mais les voyageurs r»'on ont que
peu souffert.
A peine le malheur élait-il ar i v ue l'ad-
ministration faisait télégraphier Mulhou.e
et à Belfort pour avoir des SeeOUT2>, L émotion.
était grande dans ces deux villes. Le chef de
gare de Belfort expédia un train - r l'o, lieu du
sinistre, et aussitôt des escou:, d s d'ouvriers se
mirent à déblayer la voie. D^ux heures après
les voyageurs arrivaient à Belfort.
L'aspect de la voie, sur le th ;V e le l'acci-
dent, est des plus tristes. La iocomotive, à
demi broyée, gît au bas du talus; le sol est
profondément bouleversa.
Le fourgon et le tender sont également ren-
versés et mis en pièces.
N° 94. — Feuilleton de la PETITE PRESSE
Le Chiffonnier Philosophe
DEUXIÈME PARTIE
XXXII
Où l'on scalpe une chevelure.
L étrange et odieuse épître que nous avons
mise sous les yeux du lecteur avait un post-
scriptum digne d'elle. Le voici :
« P. S. — Pour vous prouver, chère belle,
« besoin je suis capable de jouer même
« les fourbes qui vous ont jadis si indignement
« pompée, il faut que je vous donne enfin la clef
« ae 1 'énigme,. quant à ce duel avec le Zaporo-
« gue, qui a étonné tout Paris.
« C'est un bon tour !
« Figurez-vous qu'avant mon exil de Russie,
« le hasard m'avait envoyé, implorant ma mu-
« nificence, un agent de la police française ayant
<■<. eu « des malheurs » dans son pays. "
« Les infortunes de ce drôle, il raie les con-
« fessa, non sans une certaine crânerie, provc-
« naient de ses accommodements ténébreo\ r',
« financiers avec )efl voleurs qu'on le chargeait i
ig de dépister on d 'arr'-ter. i
« Presque pris 611 flagrant délit, il n':;v , \
« de poutoir fuir Paris et la prison qu'à sou
« bileté vraiment exceptionnelle dans les travcs- 1
#oir ie nuMéro d'hier, j
j « tissements et les transformations de toutes
« sortes.
« Pour mes relations secrètes avec l'émir Scha-
« myl, j'avais alors besoin d'un intermédiaire
« Protée comme Barnabé Pinson : ainsi s'ap-
« pelle en r'éalité mon policier marron. Je l'em-
« bauchai, en supposant avec raison que le
fi." meilleur moyen de s'attacher un pareil gail-
« lard, c'était de le payer le plus grassement
« possible.
« En effet, il finit par avoir pour moi l'aveu-
« gle affection du boule-dogue bien nourri pour
« son maître. Aussi n'hésita-t-il pas à retour-
« ner en France quand la persécution impé-
« riale m'y poussa, quoique à cette époque la
« prescription ne couviît 1, Ls encore ses mé-
« faits.
« Je l'ai toujours conservé à mon service oc-
« culte. C'est un second aussi dévoué qu'intel-
« ligent, apte à entrer dans la peau de tout
« bonhomme qu'il me plaît d'inventer, et con-
« naissant, dans les bas-fonds parisiens, assez de
« pendards pour m'en former au besoin une pe-
« tite armée.
« Barnabé Pinson, transformé par moi en chef
! « aaporogue, m'a servi de compère lors de ma
« première visite aux Willcomb, et dans mon
« fameux combat au pistolet.
« Bien entendu, il avait pour consigne d'es-
« camoter ses balles, avant de tirer sur moi,
« et de garder l'immobilité la plus absolue, lors-
« que les miennes visaient à lui couper les tire-
« bouchons de ses perruques.
« Malgré sa confiance en mon merveilleux
« coup d'œil, le pauvre diable, craignant que la
« distance même nuisît à mon adresse, m'a j
« avoué depuis que la sueur froide décollait
-que,
« quand il me servait ainsi de poupée de tir... »
Ici, Mme de Montcarmé éclata de rire à l'idée
burlesque qu'évaluait la phrase de son corres-
pondant.
— M. Powschine est donc bien amusant au-
jourd'hui, s'échappa à dire Mariette, qui musar-
dait toujours dans la chambre à coucher.
Irma avait un tel intérêt à ce que tout Paris
crût le Russe brouillé mortellement avec elle,
qu'elle se taisait sur ce qui en était réellement'
même vis-à-vis de sa camériste, complice ordi-
naire de ses trames. Aussi éprouva-t-elle un vé-
ritable accès de colère, en reconnaissant que la
fine mouche avait éventé le secret des rapports
écrits entre les deux prétendus ennemis.
— Que dites-vous là ? s'écria-t-elle en bon-
dissant sous ses draps de batiste et en foudroyant
l'indiscrète du regard. Vous vous permettez done
de décacheter mes lettres, puisque vous savez
que celle-ci, est du comte Pétrus? Je ne veux !
pas d'espionne chez moi, entendez-vous, made- i
moiselle? I
L'acrimonie de son ton froissa souverainement j
la soubrette, digne élève de ce monde interlope, I
où la servante d'hier peut devenir demain l'é-
gale de sa maîtresse, — et vice versa.
— Mon Dieu, madame, répondit-elle, tour-
nant fébrilement entre ses doigts le bas de son
tablier de taffetas, je ne suis pas si coupable que
vous l'avancez. Vous m'avez inculqué l'amour
de l'ordre et de la propriété : voilà ce qui m'a j
procuré la découverte que vous attribuez à un
acte de mouchard.
— Que me chantez-vous encore? interrompit '
la cocotte, de plus en plus revêche. i
— Je ne chante pas, repartit Mariette outrée,
mais je pourrais faire chanter les autres.
— Hem: -vous -me menacez, je croîs? Je voua
j chasse! s'écria la Montcarmé dont le caractère
J s était singulièrement aigri, depuis qu'elle avait
; subi 1 exaspérant châtiment infligé par le Tran-
satlantique à son indigne cupidité.
I Et, se dressant vivement sur son :cé;nt, elle
sortit du lit une jambe, faite au tour, mais dont
; la complexion musculeuse dénotait une gaillarde
I autrement trempée que la frêle suivante. -
I Celle-ci, sachant la courtisane d'evenue sujette
j aux emportements des gens trop sanguins, re—
cula prudemment jusqu'auprès d'une porte de
dégagement. Assurée ainsi de sa retraite au be-
soin, elle reprit tout son aplomb, surexcitée par
la rancune de son brusque renvoi :
: ,. bien des embarras pour une vétille,'
dit-elle alors avec arrogance. Si mèdème était
j moins étourdie parfois quand elle a trop bien dé-v
jeune seule, je n'aurais pas trouvé un jonr, dans
les cendres, en nettoyaut le foyer, un 'morceau.
entier d une épître du boyard, que médème sup-
posait complétement brûlée. Or; si M. Powschine)
déguise son écriture pour ILl suscriprion de sa'
correspondance avec médème, il contrefaits
pas ses pattes de mouche dans le corps du.
poulet. * ■ r\
Et vous vous êtes permis de lire ce frag-1'
ment, pécore ! péronelle ! hurla Irma, rouge de
fureur csaime une pivoine.
(La suite à demain.)
JULES CAUVAIN.
Conférences au Jardin d'acclimatation
Mardi, 23 juillet : M. le docteur Jeanoel.-Les
1 plantations d'arbres dans l'intérieur des villes,
au point de vue de l'hygiène publique;
j Vendredi 26 : M. Sanson, professeur de zoo.
technie à Grignon. — Conditions physiologique»^
1 ^eiaçclin)ateinçûtde5Aniina,uMb.
sauver l'enfant était perdu, et, dans mon indi-
gnation, je ne pus m'empêcher de Ini reprocher
sa coupable incuriç ; "mais elle, impassible et
presque souriante devant cette agonie : « Cela
embêtera bien mon mari, me dit-elle, parce que
c'est un garçon, et il y tenait, »
Ce fut là toute l'oraison funèbre de ce pauvre
enfant, qui alla rejoindre, le soir même, dans le
cimetière du village, les nombreux petits Pari-
siens que les boutiquiers de la grande ville,
tout entiers à ce qu'ils appellent leurs affaires,
envoient mourir loin d'eux de la façon que vous
voyez.
LE DRAME DE LA RUE ROTROU
Un accident des plus douloureux est arrivé
samedi rue Rotrou.
Mme Alleaume, demeurant rue Racine, 13,
était sortie pour conduire son jeune enfant au
jardin du Luxembourg. L'enfant, une petite fille
âgée, nous dit-on, de quatorze mois, était pla-
cée dans une de ces jolies voitures d'osier, à
roues blanches et bleues, que les mères poussent
par derrière, l'œil fixé sur leur bébé.
Arrivée rue Rotrou (ancienne rue Molière), '
Mme Alleaume s'arrêta devant la boutique d'un
marchand de jouets qui se trouve au n. 4 de la I
rue ; elle entra dans cette boutique afin d'y faire !
une acquisition destinée à sa fille, elle laissa 1
forcément le petit véhicule devant la porte du
magasin.
Ce court instant suffit pour amener le malheur
dont nous parlions en commençant.
L'enfant fit un mouvement brusque qui fit
pencher, puis verser la petite voiture, la fille
de Mme Alleaume tomba sur le pavé. Au même
instant passait une sorte de tapissière ; son con-
ducteur n'eut pas le temps d'arrêter le cheval
qui y était attelé : la roue passa sur le corps du
pauvre bébé, qui expira à l'instant.
Tout cela s'était passé avec une rapidité in-
croyable.
MmeAlleaume bondit auprès de sa fille ; mais
à la vue du corps, plein de santé, plein de vie
une seconde auparavant, inanimé -à présent, la
malheureuse mère perdit connaissance. On la
transporta à son domicile, pendant qu'on em-
portait le cadavre de la petite fille à la Clinique.
Quelques instants après, M. Alleaume venait
lui-même le réclamer.
L'ACCAPAREUR DE LA MARÉE
Un des plus riches propriétaires du départe-
ment de l'Oise, M. D..., âgé de cinquante-deux
ans, dont les facultés mentales ont été altérées
à la suite d'une insolation, avait été amené à
Paris par un de ses amis, ancien officier supérieur
en retraite, dans le but de le faire entrer dans
une maison de santé.
La monomanie de M. D... consiste à faire des
achats. Avant-hier, il entra, suivi de son ami et
de sa bonne, dans une soixantaine de magasins
de nouveautés. Pendant qu'il faisait des emplet-
tes, s'élevant chaque fois à plusieurs centaines
,de francs, son ami prenait à part le patron et lui
expliquait que l'acheteur ne jouissait pas de la
plénitude de ses facultés, en l'invitant toutefois
à se prêter à toutes ses fantaisies.
Pour le règlement du prix des marchandises,
la bonne, jeune et jolie personne de vingt ans,
se présentait à la caisse, ouvrait sa sacoche,
contenant une cinquantaine de mille francs en
billets de banque et faisait mine de payer.
Hier matin, pendant que son ami était allé
dans une maison de santé pour traiter du prix
de.la pension, M. D... sortit de l'hôtel à l'insu
de sa bonne. Le hasard le conduisit aux Halles
centrales. On commençait la vente à la criée de
la marée. Il se mêla aux acheteurs.
L'étonnement fut général quand on l'entendit
mettre des enchères de 2, 3 et 4 fr., au lieu de
25 c. Mais D... déroutait tout soupçon sur son
état méntal, en disant que c'était pour une noce
de trois cents personnes, et en ajoutant que,
par ces grandes chaleurs, une partie du poisson
serait avariée en arrivant à destination.
Il s'est ainsi rendu adjudicataire de toute la
marée, comprenant poissons, homards, langous-
tes, huîtres, crevettes, etc.
Sur ces entrefaites, arrive tout essoufflé et
couvert de sueur, l'officier retraité.
Il s'adresse à un inspecteur des Halles qui,
bientôt mis au courant, fait remettre en vente
les poissons, les mollusques et les crustacées.
(Le Droit.)
PARIS
LA SANTÉ PUBLIQUE.—Le bulletin hebdomadaire
de la mortalité constate 696 décès dans la der-
nière période de six jours,-ce qui fait une légère
augmentation sur le dernier bulletin augmen-
tation qui se porte surtout sur les affections ai-
1 guës et la diarrhée cholériforme des jeunes en-
; fants, dont il faut, cette semaine, enregistrer 17
cas mortels.
LES GRANDS PRIX DE L'ECOLE DES BEAUX-ARTS. -
L'institut a déjà décerné les prix pour la gra-
vure en médailles. Le 1er grand prix a été ob-
tenu par M. Daniel Dupuis, né à Blois (Loir-et-
Cher), et élève de MM. Ponscarme et Cavelier;
le 20 grand prix a été décerné à M. Louis Roty,
né à Paris, et élève de MM. Ponscarme et Du- j
mont. L'exposition des œuvres des quatre con- !
currents sortis de loges a lieu aujourd'hui; le I
sujet choisi était celui-ci : Un soldat Spartiate |
prépare ses armes avani le combat des Termopyles.
LES AMIS DE PONTONS. — Le sieur X... tient,
rue du Faubourg-Saint-Honoré, un petit établis-
ment d'horlogerie. Comme il ne couche pas dans
ce magasin, il emporte le soir, par mesure de
prudence, dans un grand sac spécialement dis-
posé, ses marchandises les plus précieuses.
Lors de la chute de la Commune, le sieur
V... fut arrêté par les troupes de Versailles et :
envoyé sur les pontons. Mais l'instruction éta-
blit qu'il avait été victime de fausses dénoncia-
tions. On s'empressa de le relaxer.
Il y a deux jours, l'horloger reçut la visite
d'un indiuidu qu'il avait connu sur les pontons
et qui s'était fait passer près de lui pour un très-
honnête homme, martyr de sa vertu et de la ja-
lousie de ses voisins. Plein de confiance, le sieur
X... l'accueillit de son mieux.
Tandis qu'ils causaient affectueusement, ar-
riva un ouvrier qui proposa en vente une mon-
tre. Le marchand l'examina, conclut le marché
et annonça que, d'après la loi, il était obligé de
payer au domicile du vendeur.
Celui-ci accepta et on se mit en route, après
que l'horloger eut prié son ami de rester à la
garde de sa boutique.
Quand on eut marché assez longtemps, l'ou-
vrier prétendu disparut au détour d'une rue.
Le sieur X... eut des soupçons, revint promp-
tement à son magasin et le trouva complétement
dévalisé. Toutes les montres en or avaient dis-
paru. L'ami de pontons, l'homme aux bons
sentiments les avait entassées, avec leurs chaî-
nes, dans le sac servant au transport de chaque
soir, et avait disparu sans laisser son adresse.
Par suitè d'activés recherches, il a été arrêté
hier.
UN PÈRE DÉNATURÉ. — Hier matin, vers une
heure, l'a dame P... et sa fille âgée de seize ans
se sont présentées au poste de la rue Corbeau,
en demandant protection contre les violences de
leur père et mari, le nommé P..., âgé de cin-
quante ans environ. Ce dernier, qui venait de
battre sa femme avec une extrème brutalité,
l'avait mordue à plusieurs reprises aux bras et
au visage. Il avait, en outre, cherché à se livrer
sur la personne de sa fi!le aux actes de la plus
révoltante immoralité. En conséquence, les agents
se sont empressés, après avoir recueilli les deux
malheureuses femmes, de se transporter au do-
micile du nommé P... qui a été mis en état
d'arrestation.
Ce misérable, qui vit dans l'oisiveté et la dé-
bauche, s'enivre tous les jours et ne'rentre chez
lui que pour frapper sa femme et son enfant •
1 qu'on a dû plusieurs fois déjà arracher de ses
| mains.
P... a été mis à la disposition du commissaire
de police du quartier.
ETRANGE ACCIDENT. — Juliette E..., ouvrière
brunisseuse, travaillait dans un atelier de la rue
de Cléry, lorsqu'en voulant prendre un flacon sur
une étagère, le contre-maître fit tomber sur la
tête de la jeune fille une bouteille de vitriol, qui !
se brisa répandant le liquide corrosif sur le crâne
de l'ouvrière, affolée., De prompts secours ont
été prodigués, mais l'état de la blessée est des
plus graves.
TOUJOURS LES OBUS. — Vendredi au soir, un
cultivateur de Villiers creusait une fosse dans
son champ quand tout à coup une détonation
retentit. Sa pioche avait rencontré la cheminée
d'un obus enfoui dans la terre. Le malheureux
a été presqueocottpé en deux; un éclat lui avait,
traversé la poitrine.
— M. Paulus, chef de la musique de la garde ré-
publicaine, a télégraphié hier au général Valentin
qu'il serait de retour à Paris vers le 30 août.
— S. Exc. Paraïta, régent de l'archipel de Taïti,
chevalier de la Légion d'honneur, vient d'arriver à
Paris.
- — Un brancardier de'l'Hôtel-Dieu a gagné, lors du
dernier tirage,de l'Hôtel-de-Ville de Paris, un lot de
10,000 lr.
— Les cimetières d'Ivry et de Saint-Ouen vont être
agrandis.
L'ARMÉE D'OCCUPATION
L'Indépendance de l'Est publie la dépêche
suivante, adressée au maire de Bar-le-Duc,
par M. de Saint-Vallier, commissaire extra-
ordinaire du Gouvernement français auprès
des autorités militaires allemandes :
Nancy, 17 juillet, 12 h. 40.^
A M. Bompard, maire de Bar-le-Duc et député de
. la Meuse.
J'ai reçu votre iettre et j'y réponds en détail,
de manière à vous rassurer. Je n'épargne au-
cun soin, aucun effort pour que le poids de l'oc-
cupation ne pèse pas lourdement sur les popula-
tions.
Les vues du président de la République, à ce
sujet, les instructions qu'il me donne, sont tel-
les, que vous ne devez concevoir aucune inquié-
tude. '
Comme complément de cette lettre, nous
reproduisons, d'après Paris-Journal, le tableau
de répartition des troupes allemandes dans les
départements encore occupés, tel, dit ce jour-
nal, qu'il vient d'être officiellement arrêté en-
tre le quartier général et M. de Saint-Vallier :
ARDENNES.
(Officiers compris;)
Rocroy, un bataillon infanterie. 600
Mézières, état-major, artillerie, génie,
services administratifs du département,
un escadron.. 400
Sedan, un bataillon infanterie. IjÛO
Betbel, 2 escadrons. 400
Vouziers, 3 batteries d'artillerie. 400
Charleville, un bataillon. 600
Total. 3.000
MEUSE
(Officiers compris.)
Montmédy, un bataillon, 2 batteries
artillerie. _ ^ - 800
Verdun, 1 bataillon, état-major, génie,
artillerie, services administratifs du dé-
partement, un escadron. 1.000
Bar-le-Duc, 1 bataillon d'infanterie, 2
batteries artillerie 900
Commercy,. 1 bataillon, 1 escadron. • 800
Total. 3.500
I VOSGES
| (Officiers compris. ;
Neufchâteau, 1 bataillon infan - , G00
Mirecourt, 1 bataillon infanl 1. 2
escadrons 1.600
^ Epinal, quartier général, gée r~
tillerie, télégraphes, postes, servi
ministratifs de l'armée d'occupa:) ; !
régiment infanterie. 3.000
Remiremont, 1 bataillon infant'',. - 600
Saint-Dié, 2 batteries artillerie. - 300
Total..5.500
Les troupes seront bivouaquétr : "3 tout le
département de Meurthe-et-Mos); • \i s'exé-
cuteront les grandes manœuvres - 'rme, et
on se reportera pour leur adminis - comme
pour celle de toutes les troupes ri, i,,e d'oc-
ClJpation, à l'article 12 de la conv- de Fer-
rières. Les troupes ne devront pas - mer plus
de quinze jours au même endro< H au bi-
vouac que dans les camps baraqué ■,
Les distributions devront être i>*»■ "ri bois et
paille de couchage pour cette pé >■, temps,
et une seule fois pour chaque corp , prière de
donner des ordres en conséquence
Toutes les dispositions devro^ .,. ■ prises
pour assurer l'exécution des conv -u ci-des-
sus pour le lo août, au plus tard. * du mi-
nistre aux intendants militaires de . , 5" et 7*
divisions.
ACCIDENT DE DANNEMARIE
Un de nos correspondants qat se t;": it dans le
train qiii a déraillé à Dannemarle nous M-uiie sur cet
accident les renseignements suivants :
L'accident est arrivé au delà, ; . viaduc de
Dannemarie, entre cette station U: ia frontière
de France. Ce viaduc, superbe 0 to d'art,
composé de trente-cinq arches, -Une la val-
lée de l'Ill et est distant de i k ire envi-
ron de la station de Mon tr eux-*' x, où sa
trouve la première douane alleni ;
A l'horizon, on aperçoit la..eD" )(8 Vos-
ges et les lignes sombres de l.-; .H-Noire.
Le paysage environnant est d, .<•■ as pitto-
resques.
Le train-poste qui avait quitî ' < ;ihous° à
dix heures vingt, avait atteint - ,r; ximum
de vitesse et déjà dépassé la lig .■ .urbe du
viaduc quand le déraillement, ao r. h cause
est encore inconnue, se produisl .
La locomotive, le tender et lo i - rfon des
bagages ont été précipités du h - du talus
dans la vallée. La chauffeur, lau >; dehors «
du tender, où il se tenait, a été i i. Î? le coup»
Le mécanicien, lancé dans l'espac;, = eu les cô-
tes brisées et n'a survécu que p nt quel-
ques minutes.
Les voyageurs n'ont éprouvé -u'un choc
violent. Quelques-uns d'entre enx - été for-
tement contusionnés. Le wagon (le: voyageurs •
qui suivait immédiatement le fUll fi:, n 'tes ba- .
gages, s est trouvé détaché par l 1.' il' euee du
choc, les chaîne.. se sont brisées. il a été
renversé sur le bord du talus, -t.' evé opposé
à celui où la locomotive a été !>joWe. On
ne sait^ quelle aurait été l'éiend -e du dé-
sastre si ces chaînes ne s'éta^en.. pas rom-
pues.
Dans les autres voitures du fr.; ;. i..• la secousse
a été brutale, mais les voyageurs r»'on ont que
peu souffert.
A peine le malheur élait-il ar i v ue l'ad-
ministration faisait télégraphier Mulhou.e
et à Belfort pour avoir des SeeOUT2>, L émotion.
était grande dans ces deux villes. Le chef de
gare de Belfort expédia un train - r l'o, lieu du
sinistre, et aussitôt des escou:, d s d'ouvriers se
mirent à déblayer la voie. D^ux heures après
les voyageurs arrivaient à Belfort.
L'aspect de la voie, sur le th ;V e le l'acci-
dent, est des plus tristes. La iocomotive, à
demi broyée, gît au bas du talus; le sol est
profondément bouleversa.
Le fourgon et le tender sont également ren-
versés et mis en pièces.
N° 94. — Feuilleton de la PETITE PRESSE
Le Chiffonnier Philosophe
DEUXIÈME PARTIE
XXXII
Où l'on scalpe une chevelure.
L étrange et odieuse épître que nous avons
mise sous les yeux du lecteur avait un post-
scriptum digne d'elle. Le voici :
« P. S. — Pour vous prouver, chère belle,
« besoin je suis capable de jouer même
« les fourbes qui vous ont jadis si indignement
« pompée, il faut que je vous donne enfin la clef
« ae 1 'énigme,. quant à ce duel avec le Zaporo-
« gue, qui a étonné tout Paris.
« C'est un bon tour !
« Figurez-vous qu'avant mon exil de Russie,
« le hasard m'avait envoyé, implorant ma mu-
« nificence, un agent de la police française ayant
<■<. eu « des malheurs » dans son pays. "
« Les infortunes de ce drôle, il raie les con-
« fessa, non sans une certaine crânerie, provc-
« naient de ses accommodements ténébreo\ r',
« financiers avec )efl voleurs qu'on le chargeait i
ig de dépister on d 'arr'-ter. i
« Presque pris 611 flagrant délit, il n':;v , \
« de poutoir fuir Paris et la prison qu'à sou
« bileté vraiment exceptionnelle dans les travcs- 1
#oir ie nuMéro d'hier, j
j « tissements et les transformations de toutes
« sortes.
« Pour mes relations secrètes avec l'émir Scha-
« myl, j'avais alors besoin d'un intermédiaire
« Protée comme Barnabé Pinson : ainsi s'ap-
« pelle en r'éalité mon policier marron. Je l'em-
« bauchai, en supposant avec raison que le
fi." meilleur moyen de s'attacher un pareil gail-
« lard, c'était de le payer le plus grassement
« possible.
« En effet, il finit par avoir pour moi l'aveu-
« gle affection du boule-dogue bien nourri pour
« son maître. Aussi n'hésita-t-il pas à retour-
« ner en France quand la persécution impé-
« riale m'y poussa, quoique à cette époque la
« prescription ne couviît 1, Ls encore ses mé-
« faits.
« Je l'ai toujours conservé à mon service oc-
« culte. C'est un second aussi dévoué qu'intel-
« ligent, apte à entrer dans la peau de tout
« bonhomme qu'il me plaît d'inventer, et con-
« naissant, dans les bas-fonds parisiens, assez de
« pendards pour m'en former au besoin une pe-
« tite armée.
« Barnabé Pinson, transformé par moi en chef
! « aaporogue, m'a servi de compère lors de ma
« première visite aux Willcomb, et dans mon
« fameux combat au pistolet.
« Bien entendu, il avait pour consigne d'es-
« camoter ses balles, avant de tirer sur moi,
« et de garder l'immobilité la plus absolue, lors-
« que les miennes visaient à lui couper les tire-
« bouchons de ses perruques.
« Malgré sa confiance en mon merveilleux
« coup d'œil, le pauvre diable, craignant que la
« distance même nuisît à mon adresse, m'a j
« avoué depuis que la sueur froide décollait
-que,
« quand il me servait ainsi de poupée de tir... »
Ici, Mme de Montcarmé éclata de rire à l'idée
burlesque qu'évaluait la phrase de son corres-
pondant.
— M. Powschine est donc bien amusant au-
jourd'hui, s'échappa à dire Mariette, qui musar-
dait toujours dans la chambre à coucher.
Irma avait un tel intérêt à ce que tout Paris
crût le Russe brouillé mortellement avec elle,
qu'elle se taisait sur ce qui en était réellement'
même vis-à-vis de sa camériste, complice ordi-
naire de ses trames. Aussi éprouva-t-elle un vé-
ritable accès de colère, en reconnaissant que la
fine mouche avait éventé le secret des rapports
écrits entre les deux prétendus ennemis.
— Que dites-vous là ? s'écria-t-elle en bon-
dissant sous ses draps de batiste et en foudroyant
l'indiscrète du regard. Vous vous permettez done
de décacheter mes lettres, puisque vous savez
que celle-ci, est du comte Pétrus? Je ne veux !
pas d'espionne chez moi, entendez-vous, made- i
moiselle? I
L'acrimonie de son ton froissa souverainement j
la soubrette, digne élève de ce monde interlope, I
où la servante d'hier peut devenir demain l'é-
gale de sa maîtresse, — et vice versa.
— Mon Dieu, madame, répondit-elle, tour-
nant fébrilement entre ses doigts le bas de son
tablier de taffetas, je ne suis pas si coupable que
vous l'avancez. Vous m'avez inculqué l'amour
de l'ordre et de la propriété : voilà ce qui m'a j
procuré la découverte que vous attribuez à un
acte de mouchard.
— Que me chantez-vous encore? interrompit '
la cocotte, de plus en plus revêche. i
— Je ne chante pas, repartit Mariette outrée,
mais je pourrais faire chanter les autres.
— Hem: -vous -me menacez, je croîs? Je voua
j chasse! s'écria la Montcarmé dont le caractère
J s était singulièrement aigri, depuis qu'elle avait
; subi 1 exaspérant châtiment infligé par le Tran-
satlantique à son indigne cupidité.
I Et, se dressant vivement sur son :cé;nt, elle
sortit du lit une jambe, faite au tour, mais dont
; la complexion musculeuse dénotait une gaillarde
I autrement trempée que la frêle suivante. -
I Celle-ci, sachant la courtisane d'evenue sujette
j aux emportements des gens trop sanguins, re—
cula prudemment jusqu'auprès d'une porte de
dégagement. Assurée ainsi de sa retraite au be-
soin, elle reprit tout son aplomb, surexcitée par
la rancune de son brusque renvoi :
: ,. bien des embarras pour une vétille,'
dit-elle alors avec arrogance. Si mèdème était
j moins étourdie parfois quand elle a trop bien dé-v
jeune seule, je n'aurais pas trouvé un jonr, dans
les cendres, en nettoyaut le foyer, un 'morceau.
entier d une épître du boyard, que médème sup-
posait complétement brûlée. Or; si M. Powschine)
déguise son écriture pour ILl suscriprion de sa'
correspondance avec médème, il contrefaits
pas ses pattes de mouche dans le corps du.
poulet. * ■ r\
Et vous vous êtes permis de lire ce frag-1'
ment, pécore ! péronelle ! hurla Irma, rouge de
fureur csaime une pivoine.
(La suite à demain.)
JULES CAUVAIN.
Conférences au Jardin d'acclimatation
Mardi, 23 juillet : M. le docteur Jeanoel.-Les
1 plantations d'arbres dans l'intérieur des villes,
au point de vue de l'hygiène publique;
j Vendredi 26 : M. Sanson, professeur de zoo.
technie à Grignon. — Conditions physiologique»^
1 ^eiaçclin)ateinçûtde5Aniina,uMb.
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