Titre : La Petite presse : journal quotidien... / [rédacteur en chef : Balathier Bragelonne]
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1872-07-07
Contributeur : Balathier Bragelonne, Adolphe de (1811-1888). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32837965d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 07 juillet 1872 07 juillet 1872
Description : 1872/07/07 (N2252). 1872/07/07 (N2252).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k4716052b
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-190
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 23/10/2017
ner. Ce moyen ne lui réussissant pas, il prend
les deux pieds de la victime sur ses épaules, la
traîne à 20 mètres du lieu de la lutte et la jette
dans un vieux puits qui mesure de 3 mètres à
3 mètres 50 de profondeur, et consent i mètre
50 d'eau.
La victime n'était pas morte; la fraîcheur de
l'eau la ranima. Cependant l'assassin était allé
ramasser des pierres, dont trois, saisies par le
parquet, pèsent chacune de 40 à 45 kil. Il lance
ces pierres dans le puits. Heureusement la cons-
truction du puits était tellé qu'elle empêchait les
projectiles d'atteindre le garde à la tête. Son
corps seul eut à souffrir. A tout moment le
meurtrier écoutait si sa victime respirait encore,
puis recommençait son œuvre. Le garde conti-
nuait à faire le mort. Finalement l'assassin, se ;
servant du crochet de son tire-paille, fouille le i
puits et saisit le garde au dessous de la mâchoire. |
Ce dernier se voyant perdu, fait un suprême ef- I
fort qui fait, lâcher le tire-paille à l'assassin. I
Ce dernier, furieux, prend le fusil de la vic- |
time, qui avait heureusement été déchargé dans ,
la lutte, et s'apprête à lui en asséner des coups i
avec la crosse.
Le garde fait résistance, et, puisant dans son
désespoir la force de gravir les parois de l'abîme
à l'aide des aspérités produites par le temps, il ;
saute en dehors et se trouve en face de lassas- |
sin, qui prend la fuite en entendant les pas d'un
nouvel arrivant. !
Tout meurtri qu'il était, le garde se traîna
jusqu'à une maison de campagne habitée qui
était à cinquante mètres de là, et appela du se-
cours. Pendant tout le temps qu'a duré cet hor-
rible drame, il n'avait pas perdu un instant con- ;
naissance.
Le sauveur involontaire du garde s'est trouvé i
Être le fils de l'assassin. Il parait qu'au commen-
cement du drame il était venu jusqu'à l'endroit
où ceci se passait; entendant râler, il fut pris de
frayeur-et rentra au village afin d'appeler du se-
cours.
Mais la vue des maisons, la voix de ses com-
patriotes qui fêtaient la Saint Jean devant le
café, lui firent oublier ses frayeurs, et il retourna
sur ses pas.
Il vit alors un homme qui courait et un autre
qui se traînait péniblement. Il laissa courir
l'homme, qu'il ne reconnut pas, et suivit de : 1
loin l'autre homme qui se traînait péniblement: :
c'était-le garde. i
L'assassin a été arrêté dès le lendemain, à j
Cavaillon, où il vendait tranquillement ses bes-
tiaux. La victime est presque hors de danger,
malgré de nombreuses blessures à la tète, dont'
quelques-unes ont trois centimètres de profon-
deur, et des quantités de contusions sur les au- ;
tres parties du corps.
LA FRANGE A BOSTON
Nous empruntons les détails suivants au Messager
QY)It!rica£n :
Boston, 20 juin.
C'ést avec un sentiment de profonde satisfac-
,.tion., qui sera partagé par tous les Français, que
je viens vous entretenir du magnifique succès
de la musique de la garde républicaine ; il était
impossib e d'obtenir une victoire plus complète.
Lorsque les gardes républicains ont défilé sur i
l'estrade, tout l'auditoire, les chœurs, l'orches- :
tre, se sont levés comme un seul homme. On I
poussait de longs vivat ; on agitait des mou-
choirs, des chapeaux, des éventails, avec un en- |
thousiasme aussi cordial qu'unanime. Cette ré- j
ception ou plutôt cette ovation a duré cinq mi-
nutes; elle était bien faite pour flatter l'amour-
propre de nos compatriotes.
Cependant les gardes républicains s:étaient
formés en demi-cercle sur la plate-forme, et M.
Paulus, leur chef, avait pris place au milieu.
Dès que la tranquillité a été à peu près rétablie,
la musique, fidèle à la politesse traditionnelle
des. Français, a attaqué l'air national, le Hail
Columbia, Personne ne s'y attendait ; mais spon-
tanément tous les spectateurs se sont levés, et
jusqu'à la fin du morceau ils se sont tenus de-
bout.
Trois corbeilles de fleurs ayant été envoyées
par quelques amateurs, une autre scène indes-
criptible d'enthousiasme s'en est suivie; les
mouchoirs et les chapeaux s'agitaient, de tous
côtés, on poussait des vivat tellement formida-
bles que par moments on n'entendait plus une
seule note de musique. Après avoir répété l'air
national des Américains, les musiciens français
ont exécuté la Marche aux flambeaux, de Meyer-
beer, et l'ouverture de Guillaume Tell. Admira-
blement enlevés, ces deux morceaux ( .nt été
vivement applaudis, et une autre corbeille de
fleurs a. été présentée à M. Panlus.
M. Gilmore a fait alors son apparition, son
bâton de chef d'orchestre à la main. Sous sa di-
rection, l'orgue et l'orchestre ont commencé à
exécuter la lifm'sl'ü!aise. A ce moment, l'enthou-
j siasme du public étjait arrivé à son apogée. Le
j premier couplet ayant été bien dit par les
I chœurs, la musique de la garde républicaine a
I entamé le refrain, qui a été répété par les
I chœurs, l'orchestre et l'orgue. L'auditoire lui-
i même a fini par se joindre aux exécutants p'lur
i chanter l'hymne de la liberté, que les détona-
I tions éclatantes de l'arWlerie, arrangées par M.
Gilmore, rendaient encore plus imposant. Tout
le monde était debout et T'épuisement seul a
; mis fin aux hourras.
J Après la Marseillaise, M. Paulus a remplacé j
M. Gilmore au pupitre de chef d'orchestre, et,
avec ce bon goût qui caractérise toujours un |
artiste français, il a fait jouer à'ses musiciens le ;
Yank e Dvodle et le Star Spanyled Biiii?iei,. A la
demande générale, les gardes républicains ont i
exécuté de nouveau, mais seuls cette fois et j
avec une maestria remarquable, la Marseillaise, J
et les applaudissements ont repris de plus belle, j
La. musique française s'est retirée, accompa- j
gnée par ies vivat et les applaudissements d'un
auditoire qui n'avait fait qu'augmenter.
VIe CONSEIL DE GUERRE
Condamnation de Jules Vallès
Le Ge conseilrde guerre, présidé par M. le lieute-
nant-colonel Roux de Montleber, a condamné à mort
par contumace Jules Vallès, rédacteur en chef du
Cri dit Peuple.
Jules Vallès était accusé d'attentat ayant pour but
d'exciter à la guerre civile; d'avoir levé ou fait le-
ver,. organise ou fait organis r des batdies armées,
en autorisant, comme membre de la Commune, le
recrutement de divers corps fédérés; d'incendie et. de
destruction de monuments publics; de complicité
d!asï--assinat en votant la loi sur les otages, loi qui a
été mise à exécution.
Cour d'assises des Bouches-du-Rhône
LA BANDE DE LA TAILLE
Audience du 4 juillet.
[ Nous avons exposé hier l'historique des actes de
1 cette bande de malfaiteurs. Voici la liste des acrtisé, :
1 Joseph Fontana, dit Achin dit Rornagnol, terras-
sier, âgé de trente-six ans. Italien.
j Louis Garbarino, dit le Bachpn, s'étant dit Don-
I dero (Jac.p es), terrassier, âgé dé tren e-trois ans.
j Antoino Galetto, dit.le Bochon, terrassier, âgé de
vin ;t ans;
I Joseph Trinchieri, dit Strambino, âgé de trente-et-
; un ans, valet d'écurie à la Compagnie lyonnaise des
Omnibus;
J cques Ribetto, mâçon, âgé de quarante-six ans ;
Àngèle-Marie Arèse,. épouse de Pierre Grosso, dite
Angelina Arpzzo, âgée de trente-huit ans, journalière;
Joseph-Pascal Mantegazza, s'étant dit Montogazzu,
chiffonnier, âgé de trente-quatre ans.
Baptiste-François Bellora, s'étant dit Belloro, sur-
nommé le Lombard, terrassier, âgé de \ingt-sept ans.
Joseph-Marie-Philippe Montalbctti, s'étant di; Phi
lippe Montegazzo. mineur, âgé de vinlt c"ept ans.
Françoise-Madeleine, s'étant dite Françoise Roux,
épouse Joseph-Pascal Mantegazza, chiffonnière, âgée
de trente-trois ans.
Jean Vercellone, dit le carabinier, journalier, âgé
de quarante-six ans.
Marte Caligaris, dite Marie di Brayos, journalière,
âgée de t ente-cinq ans.
Tous ces individus sont Italiens.
Marie Simon, veuve Pourrian, revendeuse, âgée de
trente-trois ans, née à Marseille) demeurant à Mey-
rargues (Bouches-du-Rbône),
François Reynaud ou Arnaud. dit Bargi aîné, de-
meurant en dernier lien, à Marseille. Ce dernier est
en fuite. C'est aussi un Italien.
L'acte d'accusation expose les faits relatifs aux as-
sassinats de Lurs:
Le dimanche 3 septembre 1871, entre cinq et six
heures de relevée, un quadruple assassinat, suivi de
vol, fut commis dans la ferme de l'Eve, située sur
le territoire de la commune de Lurs, arrondissement
de Força lquier.
La campagne de l'Eve, située sur la route natio-
nale, à deux kilomètres de Lurs, était exploitée par
Granier André, âgé de cinquante ans, Sirnéon Véro-
nique, son épouse, âgée de quarante-cinq ans, leur
fille Euphrasi«\ épouse Sube, âgée de vingt et un
ans, et ,le sieur Sylvain Sube, mari de cette der-
nière.
Nous avons résumé hier les circonstances du qua-
druple assassinat de la famille Granier et mentionné
les nombreuses blessures qui ensanglantaient les
corps des victimes.
Tputes ces blessures avaient été faites à l'aide d'un
couteau fonctionnant à la manière d'une scie et ayant
une longueur de seize centimètres environ et la pointe
i fort aiguë; ce couteau brisé, dont une partie avait
| été trouvée à côté des cadavres et l'autre dafis les
j cendres de la cheminée de la cuisine, avait-servi en
grande partie à commettre les meurtres.
S isies à l'improviste, les victimes avaient été mi-
ses dans l'impossibilité de se défendre. Seule, Rosa
Granier avait essayé de lutter. Il avait donc fallu
pour cela le concours de meurtriers nombreux. Gra-
nier père avait été frappé fuyant dans l'escalier.
Les femmes n'avaient pas été atteintes debout : la
partie inférieure de leurs vêtements n'était pas souil-
lée de sang, comme- il serait arrivé si les victimes
avaient été debout au moment où les coups étaient
portés. Il était probable que, sai-ies par la chevelure
par derrière, et terrassées subitement, elles avaient
été frappées par terre, maintenues fortement et la
tête fixée sur le sol.
Après t'a-sassinat, le vol. On savait que Granier
était riche : il avait touché 5,000 fr. d'indemnité d'ex-
propriation du chemin de fer ; il avait vendu des
brebis; il possédait en outre 10,000 fr. environ en
billets de banque.
Bien que Granier eût employé une partie de ses
fonds, il devait avoir, le 3 septembre, une somme
assez importante s'élevant peut-être à plusieurs mil-
liers de francs. Une somme considérable avait donc
été soustraite. Les assassins avaient en outre emporté
un pantalon, deux chemises marquées S. S., et divers
bijoux..
A l'heure probable de l'assassinat, divers témoins
ont rencontré dans les environs de l'Eve quatre hom-
mes et deux ou trois femmes; c'étaient évidemment
les assassins. Vers six heures, tout était calme dans
l'habitation, et une porte donnant du côté du midi,
habituellement fermée, était ouverte. Les meurtriers
avaient dû fuir par là.
Deux mois et demi s'étaient écoulés, et malgré
l'activité des magistrats de Forcalquier, les recher-
ches de la justice n'avaient donné aucun résultat,
lorsque les révélations de Ribeatp et de la femme
Pourian, l'arrestation de la bande du Puy-Sainte- ,
Réparade et les perquisitions, opérées au domicile de !
Fontana jetèrent enfin une véritable clarté sur le j
drame de l'Eve. j
Aux révélations de Ribetto, dont les détails étaient :
accablants pour Galetto, se joignait la découverte, !
chez Fontana, de l'une des chemises volées à Syl- 1
vain Sube, et sur la femme Arèse des paires de bou-
cles d'oreilles volées à la femme Sube et à Rosa 1
Granier. |
Les assassins avaient abandonné dans la cuisine
de l'Eve un couteau brisé et ensanglanté, prés ntant !
certaines singularités identiques à celles des cou-
teaux: saisis chez Fontana, sur Galetto, sur Garba-
rino et sur Mantegazza.
Si l'on compare ces couteaux entre eux, si l'on
rapproche de la gaine vide^ trouvée chez Fontana le
coufeau brisé de Lurs, on arrive à la. conviction que
ce sont ces armes qui ont servi à commettre l'assas-
sinat delà famille Granier. Le couteau abandonné par
les assassins est évidemment celui dont la gaine vide
a été saisie au Puy-Sainte-Réparade.
Fontana, Garbarino et Galetto, qui prétendent n'ê-
tre jamais allés à Lurs, y ont été vus par huit té-
moins et en particulier par les époux Arsac-Teyssier,
marchand; ambulants, dont la déclaration s'est pro-
duite dans des circonstances remarquables.
Tout démontre avec la dernière évidence que le
jury a devant lui, sinon tous, du moins les principaux
auteurs de l'. omble forfait qui a fait périr quatre
membres de la famille Granier.
S'il est facile de reconstituer les principaux assas-
sinats commis par les bandits de la Taille, il est
| beaucoup moins aisé de relater les vols nombreux
! 1 dont les amis de Fontana se sont rendus cbui,al)leli.
durant les deux ou trois années qu'ils ont exploité no$
riches contrées provençales. On peut cependant,
j après de patientes recherches, arrivera constatée
! certains détournements, certaines soustractions assez
1 importantes. On avait d'abord arrêté bien plus dà
quatorze individus soupçonnés de faire partie de l'as.
j sociauon ; il y en a cu jusqu'à trente-quatre sous les
j verrous; mais an cours de l'instruction cm en a r6<
j lâché vingt quatre, attendu qu'il n'existait poini
contre eux d'indices suffisants de culp-bilité. L'uft
deux cepe:idant, !e nommé Jean Seieno, a été re-
tenu par la cour et renvoyé quelques jours plus tard!
devant le tribunal correctionnel pour avoir, à Giro.
« pey, dans la commune de Lurs, département des
.Basses-Alpes, dans les premiers jours de novembre
1871, soustrait frauduleusement un pantalon e! plu-
sieurs chemises, ail préjudice de divers ouvriers qui
travaillaient au même chantier que Sereno.
j Vols de blé. — Quant aux quatorze autres qui
! comparaissent devant la cour d'assises, on leur re-,
l proche douze vols différents commis dans des cir*
constances plus ou moins bizarres. Ils avaient une-
préférence marquée pour les céréales, et il èst asseï
difficile d'évaluer la quantité de blé qu'ils ont dû
1 soustraire. Ils en enlevaient jusqu'à cinq ou six sacs
a la fois, qu ils allaient revendre ensuite sur des
marchés un peu éloignés. Ils avaient soin, d'ailleurs,
de changer les sacs et de les démarquer pour dérou-
ter les recherches de la police. Les femmes jouaient
dans ces soustractions un rôle assez actif. Les vo-
leurs avaient 1 attirail nécessaire. Outre fane maigre
dont nous avons parlé, ils possédaient aussi une
charrette attelée d'un fort mulet. On les voyait pas-
ser sur les grandes routes, se donnant les apparen-
■ I ces de cultivateurs aisés.
1 Quand ils avaient d couvert un certain nombre de
: sacs de blé remisés dans des granges ou sous des
hangais, ils attendaient la nuit. lh se postai nt non
loin de l'endroit où le coup devait se faire, et qnançfr
le silence régnait dans la campagne, quand les mat=-
très et les valets se reposaient des labeurs du jour,
une femme s'avançait la première, inspectait les
lieux à pas de loup et dirigeait l'opération.
i Un jour, ou plutôt une nuit, que les voleurs avaient
; pris cinq sacs de blé, ils harcelèrent tellement leuB
mulet, que la pauvre bête s'affaissa au milieu de !â
route, fourbue et demi-morte. Comment faire? Les
sacs étaient lourds. La maison de Fontana était en-
core éloignée, et il ne fallait pas songer à porter les
sacs jusque-là. Outre t'impossibilité matérielle, il 5
avait la-crainte d'éveiller les soupçons. Après s'être
concertés un moment, les voleurs résolurent d'en"
fouir les sacs dans la terre, non loin d'un petit pont
qui se trouvait à quelques pas. Ils les enfouirent, en
effet, et regagnèrent lentement leur repaire de Sainte-
Réparade, en tenant le mulet par la bride; mais
quand, le lendemain, ils revinrent en force pour
prendre les sacs, ils ne les trouvèrent plus. Un can:.,.
tonier, en arrangeant un talus sur le bord de lat
route, s'était aperçu de l'excavation pratiquée la
veille, avait trouvé les sacs et les avait rendus à leus
propriétaire.
Fontana au camp des Alpines. — Pendant les der4
mers mois de la lutte franco-prussienne, Fontana efe
trois de ses complices songèrent, il établir une can...
tm.? au camp des Alpines, à deux pa; de Taras"on.
C'e;t dans ce camp que les mobilisés des Bouches-
du-Hhône et de plusieurs départements du midi
avaient été concentrés avant de partir pour Lyon eC
les contrées de l'est.
Les bandits de la Taille se dirigèrent vers les Al-
pines, dans l'espoir de vendre des provisions aux
jeunes soldats ; mais cette fois ils avaient ma' pris
leurs mesures, et quand ils arrivèrent au camp,
avec leur éternel mulet et leur charreite de combat,
ils ne trouvèrent plus personne. Le camp venait
d'être levé,
En se retirant, ils s'arrêtèrent dans une auberge
de campagne, où ils soupèrent copieusement ; mais
ils n oublièrent pas d'emporter les serviettes, que l'on
a retrouvées plus tard dans la maison de Fontana- eC
chez Angèle Arèse.
Vol de !".bac et chiquer. — A quelque temps de là*
les mêmes individus^ pour rattraper sans doute la
gain qu'ils n'avaient pu faire aux Alpines, enlevèrent
une voiture chargée de tabac en corde à chiquer, et
que conduisait à S'steron, un agent des transports de
la guerre.
Cet agent était entré un moment chez un ami en<
laissant sa voiture à la porte. Fontana et Garbarino
montent sur le siège, fouettent le cheval, qui part.
comme un trait., et quand l'agent quitta son ami, if
fut fort surpris de ne plus rien trouver à la porte.
Ce ne fut que trois ou quatre jours après q .'on'
trouva, dans un champ de pomme terre, une voiture-'
brisée. Les caissons étaient, défoncés et le tabac avait
comulétemeht disparu. On en retrouva plus tard;
quelques vestiges etn z Fontana et chez quelques
habitants de Sainte-Réparade, qui lui en avaient
acheté.
Armes des bandits. — Par ces quelques opéra tions
on peut juger de la dextérité et de l'audace des maljç.
N° 79. —Feuilleton de la PETITE PRESSE
Le Chiffonnier Philosophe
DEUXIÈME PARTIE
XXV
Boyard et Hetman.
Cincinnatus avait prononcé assez haut le nom
du Russe pour que celui-ci l'entendit; aussi
s'approcha-t-il du factotum en lui adressant un
regard interrogatif. j
— Parle, lui dit de son côté Georges.
— Eh bien ! monsieur, depuis dix minutes-
votre suisse et vos valets de pied luttent avec '
ion étranger, qui prétend pénétrer dans les salons j
sans lettre d'invitation. Le peu que j'ai pu com- i
prendre dans ce qu'il vocifère, en écorchant le !
fiançais, c'est que son ami intime, le comtePows-
clrlne, se trouvant icu il a le droit de l'y re- j
joindra . ■ !
* - Le diable soit d.u fâcheux 1 s'exclama-Pé> j
trus du ton d'e la plus vive contrariété. Allons I i
puisque ce boulet vivant-m'entraîne... i
It tira de sa poche un petit carnet de nacre à
crayon d'or, et griffonna, d'une façorn illisible,
sur l 'un des feuillets, qu'il déchira et tendit au i
aègre. ;
— Donnez ce mot dans son idio=, ,au butor,
Voir le numéro tThïer. 1 ; j
1 lui dit-il. Je l'invite à m'attendre tranquille-
ment un quart d'heure au plus, et il obéira...
j au moins durant le temps marqué.
! Cincinnaius sortit en toute hâte.
i — Vous vous étonnez, 'madame, de rr^s rela-
tions avec ce mal appris? reprit le boyard en
-s'adressant à Elise, qui le regardait stupéfaite
D'abord, je ne saurais trop m'excuser de vous
avoir valu l'irruption d'un pareil trouble-fête...
Ensuite, je vous dois, ainsi qu'à votre aimable
mari, une explication justificative...
— De grâce! interrompit Will'comb.
— Non pas! je tiens énormément à ce que
vous ne me soupçonniez point d'alliance coutu-
mière avec les ours mal léchés.
Ce véritable sauvage est un hetman de Cosa-'
ques Zaporogues. Il m'a quelque peu sauvé, si-
non la vie; au moins la liberté, quand je fus
j obligé de ne pas attendre- l'elfet des mauvaises
! dispositions du tzar à mon égard. Ami des Cir-
! cassions, ifr a défait la horde de Kalmoucks,
1 lancés à ma poursuite, et m'a aidé à gagner la
i Turq.u e d'Asie...
j Je ne sais quel fanatisme à la Pylade j'ai ins-
.piré à cet Olibrius, dont It» nom réel est Murkoff,
mais voici qu'il me tombe, avant-hier, dans ou
plutôt sur 1> s bras, arrivant des hords brientaux
de la mer Noire !
« Il a voulu serrer, sur sa poitrine velue le fils
de sa Rédemption, me cria -t-il en m'étouffant
'presque, parce que le Voyant de sa sotaia lui a
pré lit une mort violente pour l'année prochaine! »
En conséquence, il a vendu à des marchands
; arméniens son trésor de famille, car il est le
| dernier d'e sa race, et il ne retournera dans ses
) déserts, que lorsqu'il lar restera seulement assez
! (^eroublesou de sequins pourpayer sOn'transport...
t Mais je ne connais pas de sympathie plus as-
sommante, plus envahissante, plus... gluante et
i collante que la sienne ! Sous le spécieux pré-
texte que j'aurais péri sans son aide et que, par !
conséquent, je lui dois toute mon existence, de- •
1 puis l'instant, où il me secourut, il s'est littéra- '
lement transformé en mon ombre ! j
Au dîner, tantôt, je croyais l'avoir gorgé d'assez !
de vins fumeux pour le plonger en léthargie i
jusqu'à demain matin... Allons donc 1 plus on !
emplit l'outre, plus elle est propre à rouler. Mon |
¡ Cosaque a vite secoué ses fumées torpides, et, j
' par l'imbécile de' moujik qui me sert, il aura
i appris où il pouvait ressaisir sa proie...
Enfin, victime forcément résignée, je vais ren-
trer en la'puissance du dragon... et vous dire
adieu, liéla!l. !
— Quoi! vous allez déjà nous quitter? se ré-
cria poliment la maîtresse du logis.
— Dans huit minutes, répondit Pétrus en
montrant la pendule. L'ogre a une montre et il
est plus exact qu'elle--nême. Si je ne. lui livre
pas ma personne dans le délai marqué, il re-
commencera l'assaut de votre domicile... tant
que n'interviendra pas la police.
Or, quoique mon sauveur soit bien insuppor-
able, je ne puis décemment pas l'exposer à
-coucher au violon, parce que, sane en savoir le
premier mot, il prend trop au sérieux, vis-à-vis
de'moi, la fable du Lierre et de l'Ormeau.
v— Et... votre hetman est-il moins farouche
lorsqu'il vous accompagne? demanda Mme
Willcomb;
— Oh ! alors, j'en obtiens tout ce que je veux,
pourvu que je ne. le quitte point d'un pas.
— Le dompteur Hermann et son élève, fît en
riapt. le T.CHnsabtIaQtiq.ne.
— Mon oa.mi" lui dit insidieuseaient æiSe" ça 1
doit être bien cunet}x un Cosaque laporogue 1
— Moins qu'un .sachem des Comanches, avec
ses peintures de guerre, j'en suit sûr, déclara,
l 'interpellé. Mais le souvenir de ces ennemis des
i Virginiens me rappelle aussi que je ne vous ai
, pas transmis le message de mon ambassadeur.,
j En se retirant, .il m'a donc invité à vous répé,;.:,
: ter, de sa part, qu'il comprenait maintenant
i comment les enchantements de 1 épouse avaient
: empêché son consort de faire acte de bon pa"
| triote, quand il l'appelait à son aide. Et, pour-
! tant l'écheveau politique des Etats-UIJjs, de
France et du Mexique qu'il doit débrouiller, luis
semble terriblement emmêlé.
— En effet, intervint vivement Powschine#
pendant que la modeste pupille de Cambronne.f
demeurait toute interdite par le complirneat
transmis, la question franco mexicaine arrive
une complication des plus menaçantes, pour qui
connaît l'esprit tenace de vos compatriotes. EUe'
! est implacable la résolution des partisans de
| doctrine Monroë : « L'Amérique aux Améri-*-
cains; aucune domination de l'Ancien sur levf
Nouveau-Monde! » .!
— Est-ce que vous avez voyagé- dans -mom.,,
pays natal, monsieur le comte? questionna Geonr-f*
ges en regardant tout à coup, le M oscovltei aïs
peu plus fixement que ne" le comporiaimt-las
convenances. 'v..
— Non, mais j'ai été sur le poisse, m'y
fugier, quand Sa Majesté l'autocrate de touteei.
les Rfflsies essaya de m'envoyer visiter de fore©!,
. sa gracieuse Sibérie.
—Vous n'avez aucun parent éfcahll d'ans l'Uni'œ»
— Aucun, déclara le Rmsse:, dont, L'ihterjsaog^fe.
f oire et l"exttmen sem&ïaiisal tr.ûubîer l&ê^œiiieiiS^
riropsssTbîlte ordlmatce»
(EiïmtTe à âèmmml
JULES CAUVAIN.
les deux pieds de la victime sur ses épaules, la
traîne à 20 mètres du lieu de la lutte et la jette
dans un vieux puits qui mesure de 3 mètres à
3 mètres 50 de profondeur, et consent i mètre
50 d'eau.
La victime n'était pas morte; la fraîcheur de
l'eau la ranima. Cependant l'assassin était allé
ramasser des pierres, dont trois, saisies par le
parquet, pèsent chacune de 40 à 45 kil. Il lance
ces pierres dans le puits. Heureusement la cons-
truction du puits était tellé qu'elle empêchait les
projectiles d'atteindre le garde à la tête. Son
corps seul eut à souffrir. A tout moment le
meurtrier écoutait si sa victime respirait encore,
puis recommençait son œuvre. Le garde conti-
nuait à faire le mort. Finalement l'assassin, se ;
servant du crochet de son tire-paille, fouille le i
puits et saisit le garde au dessous de la mâchoire. |
Ce dernier se voyant perdu, fait un suprême ef- I
fort qui fait, lâcher le tire-paille à l'assassin. I
Ce dernier, furieux, prend le fusil de la vic- |
time, qui avait heureusement été déchargé dans ,
la lutte, et s'apprête à lui en asséner des coups i
avec la crosse.
Le garde fait résistance, et, puisant dans son
désespoir la force de gravir les parois de l'abîme
à l'aide des aspérités produites par le temps, il ;
saute en dehors et se trouve en face de lassas- |
sin, qui prend la fuite en entendant les pas d'un
nouvel arrivant. !
Tout meurtri qu'il était, le garde se traîna
jusqu'à une maison de campagne habitée qui
était à cinquante mètres de là, et appela du se-
cours. Pendant tout le temps qu'a duré cet hor-
rible drame, il n'avait pas perdu un instant con- ;
naissance.
Le sauveur involontaire du garde s'est trouvé i
Être le fils de l'assassin. Il parait qu'au commen-
cement du drame il était venu jusqu'à l'endroit
où ceci se passait; entendant râler, il fut pris de
frayeur-et rentra au village afin d'appeler du se-
cours.
Mais la vue des maisons, la voix de ses com-
patriotes qui fêtaient la Saint Jean devant le
café, lui firent oublier ses frayeurs, et il retourna
sur ses pas.
Il vit alors un homme qui courait et un autre
qui se traînait péniblement. Il laissa courir
l'homme, qu'il ne reconnut pas, et suivit de : 1
loin l'autre homme qui se traînait péniblement: :
c'était-le garde. i
L'assassin a été arrêté dès le lendemain, à j
Cavaillon, où il vendait tranquillement ses bes-
tiaux. La victime est presque hors de danger,
malgré de nombreuses blessures à la tète, dont'
quelques-unes ont trois centimètres de profon-
deur, et des quantités de contusions sur les au- ;
tres parties du corps.
LA FRANGE A BOSTON
Nous empruntons les détails suivants au Messager
QY)It!rica£n :
Boston, 20 juin.
C'ést avec un sentiment de profonde satisfac-
,.tion., qui sera partagé par tous les Français, que
je viens vous entretenir du magnifique succès
de la musique de la garde républicaine ; il était
impossib e d'obtenir une victoire plus complète.
Lorsque les gardes républicains ont défilé sur i
l'estrade, tout l'auditoire, les chœurs, l'orches- :
tre, se sont levés comme un seul homme. On I
poussait de longs vivat ; on agitait des mou-
choirs, des chapeaux, des éventails, avec un en- |
thousiasme aussi cordial qu'unanime. Cette ré- j
ception ou plutôt cette ovation a duré cinq mi-
nutes; elle était bien faite pour flatter l'amour-
propre de nos compatriotes.
Cependant les gardes républicains s:étaient
formés en demi-cercle sur la plate-forme, et M.
Paulus, leur chef, avait pris place au milieu.
Dès que la tranquillité a été à peu près rétablie,
la musique, fidèle à la politesse traditionnelle
des. Français, a attaqué l'air national, le Hail
Columbia, Personne ne s'y attendait ; mais spon-
tanément tous les spectateurs se sont levés, et
jusqu'à la fin du morceau ils se sont tenus de-
bout.
Trois corbeilles de fleurs ayant été envoyées
par quelques amateurs, une autre scène indes-
criptible d'enthousiasme s'en est suivie; les
mouchoirs et les chapeaux s'agitaient, de tous
côtés, on poussait des vivat tellement formida-
bles que par moments on n'entendait plus une
seule note de musique. Après avoir répété l'air
national des Américains, les musiciens français
ont exécuté la Marche aux flambeaux, de Meyer-
beer, et l'ouverture de Guillaume Tell. Admira-
blement enlevés, ces deux morceaux ( .nt été
vivement applaudis, et une autre corbeille de
fleurs a. été présentée à M. Panlus.
M. Gilmore a fait alors son apparition, son
bâton de chef d'orchestre à la main. Sous sa di-
rection, l'orgue et l'orchestre ont commencé à
exécuter la lifm'sl'ü!aise. A ce moment, l'enthou-
j siasme du public étjait arrivé à son apogée. Le
j premier couplet ayant été bien dit par les
I chœurs, la musique de la garde républicaine a
I entamé le refrain, qui a été répété par les
I chœurs, l'orchestre et l'orgue. L'auditoire lui-
i même a fini par se joindre aux exécutants p'lur
i chanter l'hymne de la liberté, que les détona-
I tions éclatantes de l'arWlerie, arrangées par M.
Gilmore, rendaient encore plus imposant. Tout
le monde était debout et T'épuisement seul a
; mis fin aux hourras.
J Après la Marseillaise, M. Paulus a remplacé j
M. Gilmore au pupitre de chef d'orchestre, et,
avec ce bon goût qui caractérise toujours un |
artiste français, il a fait jouer à'ses musiciens le ;
Yank e Dvodle et le Star Spanyled Biiii?iei,. A la
demande générale, les gardes républicains ont i
exécuté de nouveau, mais seuls cette fois et j
avec une maestria remarquable, la Marseillaise, J
et les applaudissements ont repris de plus belle, j
La. musique française s'est retirée, accompa- j
gnée par ies vivat et les applaudissements d'un
auditoire qui n'avait fait qu'augmenter.
VIe CONSEIL DE GUERRE
Condamnation de Jules Vallès
Le Ge conseilrde guerre, présidé par M. le lieute-
nant-colonel Roux de Montleber, a condamné à mort
par contumace Jules Vallès, rédacteur en chef du
Cri dit Peuple.
Jules Vallès était accusé d'attentat ayant pour but
d'exciter à la guerre civile; d'avoir levé ou fait le-
ver,. organise ou fait organis r des batdies armées,
en autorisant, comme membre de la Commune, le
recrutement de divers corps fédérés; d'incendie et. de
destruction de monuments publics; de complicité
d!asï--assinat en votant la loi sur les otages, loi qui a
été mise à exécution.
Cour d'assises des Bouches-du-Rhône
LA BANDE DE LA TAILLE
Audience du 4 juillet.
[ Nous avons exposé hier l'historique des actes de
1 cette bande de malfaiteurs. Voici la liste des acrtisé, :
1 Joseph Fontana, dit Achin dit Rornagnol, terras-
sier, âgé de trente-six ans. Italien.
j Louis Garbarino, dit le Bachpn, s'étant dit Don-
I dero (Jac.p es), terrassier, âgé dé tren e-trois ans.
j Antoino Galetto, dit.le Bochon, terrassier, âgé de
vin ;t ans;
I Joseph Trinchieri, dit Strambino, âgé de trente-et-
; un ans, valet d'écurie à la Compagnie lyonnaise des
Omnibus;
J cques Ribetto, mâçon, âgé de quarante-six ans ;
Àngèle-Marie Arèse,. épouse de Pierre Grosso, dite
Angelina Arpzzo, âgée de trente-huit ans, journalière;
Joseph-Pascal Mantegazza, s'étant dit Montogazzu,
chiffonnier, âgé de trente-quatre ans.
Baptiste-François Bellora, s'étant dit Belloro, sur-
nommé le Lombard, terrassier, âgé de \ingt-sept ans.
Joseph-Marie-Philippe Montalbctti, s'étant di; Phi
lippe Montegazzo. mineur, âgé de vinlt c"ept ans.
Françoise-Madeleine, s'étant dite Françoise Roux,
épouse Joseph-Pascal Mantegazza, chiffonnière, âgée
de trente-trois ans.
Jean Vercellone, dit le carabinier, journalier, âgé
de quarante-six ans.
Marte Caligaris, dite Marie di Brayos, journalière,
âgée de t ente-cinq ans.
Tous ces individus sont Italiens.
Marie Simon, veuve Pourrian, revendeuse, âgée de
trente-trois ans, née à Marseille) demeurant à Mey-
rargues (Bouches-du-Rbône),
François Reynaud ou Arnaud. dit Bargi aîné, de-
meurant en dernier lien, à Marseille. Ce dernier est
en fuite. C'est aussi un Italien.
L'acte d'accusation expose les faits relatifs aux as-
sassinats de Lurs:
Le dimanche 3 septembre 1871, entre cinq et six
heures de relevée, un quadruple assassinat, suivi de
vol, fut commis dans la ferme de l'Eve, située sur
le territoire de la commune de Lurs, arrondissement
de Força lquier.
La campagne de l'Eve, située sur la route natio-
nale, à deux kilomètres de Lurs, était exploitée par
Granier André, âgé de cinquante ans, Sirnéon Véro-
nique, son épouse, âgée de quarante-cinq ans, leur
fille Euphrasi«\ épouse Sube, âgée de vingt et un
ans, et ,le sieur Sylvain Sube, mari de cette der-
nière.
Nous avons résumé hier les circonstances du qua-
druple assassinat de la famille Granier et mentionné
les nombreuses blessures qui ensanglantaient les
corps des victimes.
Tputes ces blessures avaient été faites à l'aide d'un
couteau fonctionnant à la manière d'une scie et ayant
une longueur de seize centimètres environ et la pointe
i fort aiguë; ce couteau brisé, dont une partie avait
| été trouvée à côté des cadavres et l'autre dafis les
j cendres de la cheminée de la cuisine, avait-servi en
grande partie à commettre les meurtres.
S isies à l'improviste, les victimes avaient été mi-
ses dans l'impossibilité de se défendre. Seule, Rosa
Granier avait essayé de lutter. Il avait donc fallu
pour cela le concours de meurtriers nombreux. Gra-
nier père avait été frappé fuyant dans l'escalier.
Les femmes n'avaient pas été atteintes debout : la
partie inférieure de leurs vêtements n'était pas souil-
lée de sang, comme- il serait arrivé si les victimes
avaient été debout au moment où les coups étaient
portés. Il était probable que, sai-ies par la chevelure
par derrière, et terrassées subitement, elles avaient
été frappées par terre, maintenues fortement et la
tête fixée sur le sol.
Après t'a-sassinat, le vol. On savait que Granier
était riche : il avait touché 5,000 fr. d'indemnité d'ex-
propriation du chemin de fer ; il avait vendu des
brebis; il possédait en outre 10,000 fr. environ en
billets de banque.
Bien que Granier eût employé une partie de ses
fonds, il devait avoir, le 3 septembre, une somme
assez importante s'élevant peut-être à plusieurs mil-
liers de francs. Une somme considérable avait donc
été soustraite. Les assassins avaient en outre emporté
un pantalon, deux chemises marquées S. S., et divers
bijoux..
A l'heure probable de l'assassinat, divers témoins
ont rencontré dans les environs de l'Eve quatre hom-
mes et deux ou trois femmes; c'étaient évidemment
les assassins. Vers six heures, tout était calme dans
l'habitation, et une porte donnant du côté du midi,
habituellement fermée, était ouverte. Les meurtriers
avaient dû fuir par là.
Deux mois et demi s'étaient écoulés, et malgré
l'activité des magistrats de Forcalquier, les recher-
ches de la justice n'avaient donné aucun résultat,
lorsque les révélations de Ribeatp et de la femme
Pourian, l'arrestation de la bande du Puy-Sainte- ,
Réparade et les perquisitions, opérées au domicile de !
Fontana jetèrent enfin une véritable clarté sur le j
drame de l'Eve. j
Aux révélations de Ribetto, dont les détails étaient :
accablants pour Galetto, se joignait la découverte, !
chez Fontana, de l'une des chemises volées à Syl- 1
vain Sube, et sur la femme Arèse des paires de bou-
cles d'oreilles volées à la femme Sube et à Rosa 1
Granier. |
Les assassins avaient abandonné dans la cuisine
de l'Eve un couteau brisé et ensanglanté, prés ntant !
certaines singularités identiques à celles des cou-
teaux: saisis chez Fontana, sur Galetto, sur Garba-
rino et sur Mantegazza.
Si l'on compare ces couteaux entre eux, si l'on
rapproche de la gaine vide^ trouvée chez Fontana le
coufeau brisé de Lurs, on arrive à la. conviction que
ce sont ces armes qui ont servi à commettre l'assas-
sinat delà famille Granier. Le couteau abandonné par
les assassins est évidemment celui dont la gaine vide
a été saisie au Puy-Sainte-Réparade.
Fontana, Garbarino et Galetto, qui prétendent n'ê-
tre jamais allés à Lurs, y ont été vus par huit té-
moins et en particulier par les époux Arsac-Teyssier,
marchand; ambulants, dont la déclaration s'est pro-
duite dans des circonstances remarquables.
Tout démontre avec la dernière évidence que le
jury a devant lui, sinon tous, du moins les principaux
auteurs de l'. omble forfait qui a fait périr quatre
membres de la famille Granier.
S'il est facile de reconstituer les principaux assas-
sinats commis par les bandits de la Taille, il est
| beaucoup moins aisé de relater les vols nombreux
! 1 dont les amis de Fontana se sont rendus cbui,al)leli.
durant les deux ou trois années qu'ils ont exploité no$
riches contrées provençales. On peut cependant,
j après de patientes recherches, arrivera constatée
! certains détournements, certaines soustractions assez
1 importantes. On avait d'abord arrêté bien plus dà
quatorze individus soupçonnés de faire partie de l'as.
j sociauon ; il y en a cu jusqu'à trente-quatre sous les
j verrous; mais an cours de l'instruction cm en a r6<
j lâché vingt quatre, attendu qu'il n'existait poini
contre eux d'indices suffisants de culp-bilité. L'uft
deux cepe:idant, !e nommé Jean Seieno, a été re-
tenu par la cour et renvoyé quelques jours plus tard!
devant le tribunal correctionnel pour avoir, à Giro.
« pey, dans la commune de Lurs, département des
.Basses-Alpes, dans les premiers jours de novembre
1871, soustrait frauduleusement un pantalon e! plu-
sieurs chemises, ail préjudice de divers ouvriers qui
travaillaient au même chantier que Sereno.
j Vols de blé. — Quant aux quatorze autres qui
! comparaissent devant la cour d'assises, on leur re-,
l proche douze vols différents commis dans des cir*
constances plus ou moins bizarres. Ils avaient une-
préférence marquée pour les céréales, et il èst asseï
difficile d'évaluer la quantité de blé qu'ils ont dû
1 soustraire. Ils en enlevaient jusqu'à cinq ou six sacs
a la fois, qu ils allaient revendre ensuite sur des
marchés un peu éloignés. Ils avaient soin, d'ailleurs,
de changer les sacs et de les démarquer pour dérou-
ter les recherches de la police. Les femmes jouaient
dans ces soustractions un rôle assez actif. Les vo-
leurs avaient 1 attirail nécessaire. Outre fane maigre
dont nous avons parlé, ils possédaient aussi une
charrette attelée d'un fort mulet. On les voyait pas-
ser sur les grandes routes, se donnant les apparen-
■ I ces de cultivateurs aisés.
1 Quand ils avaient d couvert un certain nombre de
: sacs de blé remisés dans des granges ou sous des
hangais, ils attendaient la nuit. lh se postai nt non
loin de l'endroit où le coup devait se faire, et qnançfr
le silence régnait dans la campagne, quand les mat=-
très et les valets se reposaient des labeurs du jour,
une femme s'avançait la première, inspectait les
lieux à pas de loup et dirigeait l'opération.
i Un jour, ou plutôt une nuit, que les voleurs avaient
; pris cinq sacs de blé, ils harcelèrent tellement leuB
mulet, que la pauvre bête s'affaissa au milieu de !â
route, fourbue et demi-morte. Comment faire? Les
sacs étaient lourds. La maison de Fontana était en-
core éloignée, et il ne fallait pas songer à porter les
sacs jusque-là. Outre t'impossibilité matérielle, il 5
avait la-crainte d'éveiller les soupçons. Après s'être
concertés un moment, les voleurs résolurent d'en"
fouir les sacs dans la terre, non loin d'un petit pont
qui se trouvait à quelques pas. Ils les enfouirent, en
effet, et regagnèrent lentement leur repaire de Sainte-
Réparade, en tenant le mulet par la bride; mais
quand, le lendemain, ils revinrent en force pour
prendre les sacs, ils ne les trouvèrent plus. Un can:.,.
tonier, en arrangeant un talus sur le bord de lat
route, s'était aperçu de l'excavation pratiquée la
veille, avait trouvé les sacs et les avait rendus à leus
propriétaire.
Fontana au camp des Alpines. — Pendant les der4
mers mois de la lutte franco-prussienne, Fontana efe
trois de ses complices songèrent, il établir une can...
tm.? au camp des Alpines, à deux pa; de Taras"on.
C'e;t dans ce camp que les mobilisés des Bouches-
du-Hhône et de plusieurs départements du midi
avaient été concentrés avant de partir pour Lyon eC
les contrées de l'est.
Les bandits de la Taille se dirigèrent vers les Al-
pines, dans l'espoir de vendre des provisions aux
jeunes soldats ; mais cette fois ils avaient ma' pris
leurs mesures, et quand ils arrivèrent au camp,
avec leur éternel mulet et leur charreite de combat,
ils ne trouvèrent plus personne. Le camp venait
d'être levé,
En se retirant, ils s'arrêtèrent dans une auberge
de campagne, où ils soupèrent copieusement ; mais
ils n oublièrent pas d'emporter les serviettes, que l'on
a retrouvées plus tard dans la maison de Fontana- eC
chez Angèle Arèse.
Vol de !".bac et chiquer. — A quelque temps de là*
les mêmes individus^ pour rattraper sans doute la
gain qu'ils n'avaient pu faire aux Alpines, enlevèrent
une voiture chargée de tabac en corde à chiquer, et
que conduisait à S'steron, un agent des transports de
la guerre.
Cet agent était entré un moment chez un ami en<
laissant sa voiture à la porte. Fontana et Garbarino
montent sur le siège, fouettent le cheval, qui part.
comme un trait., et quand l'agent quitta son ami, if
fut fort surpris de ne plus rien trouver à la porte.
Ce ne fut que trois ou quatre jours après q .'on'
trouva, dans un champ de pomme terre, une voiture-'
brisée. Les caissons étaient, défoncés et le tabac avait
comulétemeht disparu. On en retrouva plus tard;
quelques vestiges etn z Fontana et chez quelques
habitants de Sainte-Réparade, qui lui en avaient
acheté.
Armes des bandits. — Par ces quelques opéra tions
on peut juger de la dextérité et de l'audace des maljç.
N° 79. —Feuilleton de la PETITE PRESSE
Le Chiffonnier Philosophe
DEUXIÈME PARTIE
XXV
Boyard et Hetman.
Cincinnatus avait prononcé assez haut le nom
du Russe pour que celui-ci l'entendit; aussi
s'approcha-t-il du factotum en lui adressant un
regard interrogatif. j
— Parle, lui dit de son côté Georges.
— Eh bien ! monsieur, depuis dix minutes-
votre suisse et vos valets de pied luttent avec '
ion étranger, qui prétend pénétrer dans les salons j
sans lettre d'invitation. Le peu que j'ai pu com- i
prendre dans ce qu'il vocifère, en écorchant le !
fiançais, c'est que son ami intime, le comtePows-
clrlne, se trouvant icu il a le droit de l'y re- j
joindra . ■ !
* - Le diable soit d.u fâcheux 1 s'exclama-Pé> j
trus du ton d'e la plus vive contrariété. Allons I i
puisque ce boulet vivant-m'entraîne... i
It tira de sa poche un petit carnet de nacre à
crayon d'or, et griffonna, d'une façorn illisible,
sur l 'un des feuillets, qu'il déchira et tendit au i
aègre. ;
— Donnez ce mot dans son idio=, ,au butor,
Voir le numéro tThïer. 1 ; j
1 lui dit-il. Je l'invite à m'attendre tranquille-
ment un quart d'heure au plus, et il obéira...
j au moins durant le temps marqué.
! Cincinnaius sortit en toute hâte.
i — Vous vous étonnez, 'madame, de rr^s rela-
tions avec ce mal appris? reprit le boyard en
-s'adressant à Elise, qui le regardait stupéfaite
D'abord, je ne saurais trop m'excuser de vous
avoir valu l'irruption d'un pareil trouble-fête...
Ensuite, je vous dois, ainsi qu'à votre aimable
mari, une explication justificative...
— De grâce! interrompit Will'comb.
— Non pas! je tiens énormément à ce que
vous ne me soupçonniez point d'alliance coutu-
mière avec les ours mal léchés.
Ce véritable sauvage est un hetman de Cosa-'
ques Zaporogues. Il m'a quelque peu sauvé, si-
non la vie; au moins la liberté, quand je fus
j obligé de ne pas attendre- l'elfet des mauvaises
! dispositions du tzar à mon égard. Ami des Cir-
! cassions, ifr a défait la horde de Kalmoucks,
1 lancés à ma poursuite, et m'a aidé à gagner la
i Turq.u e d'Asie...
j Je ne sais quel fanatisme à la Pylade j'ai ins-
.piré à cet Olibrius, dont It» nom réel est Murkoff,
mais voici qu'il me tombe, avant-hier, dans ou
plutôt sur 1> s bras, arrivant des hords brientaux
de la mer Noire !
« Il a voulu serrer, sur sa poitrine velue le fils
de sa Rédemption, me cria -t-il en m'étouffant
'presque, parce que le Voyant de sa sotaia lui a
pré lit une mort violente pour l'année prochaine! »
En conséquence, il a vendu à des marchands
; arméniens son trésor de famille, car il est le
| dernier d'e sa race, et il ne retournera dans ses
) déserts, que lorsqu'il lar restera seulement assez
! (^eroublesou de sequins pourpayer sOn'transport...
t Mais je ne connais pas de sympathie plus as-
sommante, plus envahissante, plus... gluante et
i collante que la sienne ! Sous le spécieux pré-
texte que j'aurais péri sans son aide et que, par !
conséquent, je lui dois toute mon existence, de- •
1 puis l'instant, où il me secourut, il s'est littéra- '
lement transformé en mon ombre ! j
Au dîner, tantôt, je croyais l'avoir gorgé d'assez !
de vins fumeux pour le plonger en léthargie i
jusqu'à demain matin... Allons donc 1 plus on !
emplit l'outre, plus elle est propre à rouler. Mon |
¡ Cosaque a vite secoué ses fumées torpides, et, j
' par l'imbécile de' moujik qui me sert, il aura
i appris où il pouvait ressaisir sa proie...
Enfin, victime forcément résignée, je vais ren-
trer en la'puissance du dragon... et vous dire
adieu, liéla!l. !
— Quoi! vous allez déjà nous quitter? se ré-
cria poliment la maîtresse du logis.
— Dans huit minutes, répondit Pétrus en
montrant la pendule. L'ogre a une montre et il
est plus exact qu'elle--nême. Si je ne. lui livre
pas ma personne dans le délai marqué, il re-
commencera l'assaut de votre domicile... tant
que n'interviendra pas la police.
Or, quoique mon sauveur soit bien insuppor-
able, je ne puis décemment pas l'exposer à
-coucher au violon, parce que, sane en savoir le
premier mot, il prend trop au sérieux, vis-à-vis
de'moi, la fable du Lierre et de l'Ormeau.
v— Et... votre hetman est-il moins farouche
lorsqu'il vous accompagne? demanda Mme
Willcomb;
— Oh ! alors, j'en obtiens tout ce que je veux,
pourvu que je ne. le quitte point d'un pas.
— Le dompteur Hermann et son élève, fît en
riapt. le T.CHnsabtIaQtiq.ne.
— Mon oa.mi" lui dit insidieuseaient æiSe" ça 1
doit être bien cunet}x un Cosaque laporogue 1
— Moins qu'un .sachem des Comanches, avec
ses peintures de guerre, j'en suit sûr, déclara,
l 'interpellé. Mais le souvenir de ces ennemis des
i Virginiens me rappelle aussi que je ne vous ai
, pas transmis le message de mon ambassadeur.,
j En se retirant, .il m'a donc invité à vous répé,;.:,
: ter, de sa part, qu'il comprenait maintenant
i comment les enchantements de 1 épouse avaient
: empêché son consort de faire acte de bon pa"
| triote, quand il l'appelait à son aide. Et, pour-
! tant l'écheveau politique des Etats-UIJjs, de
France et du Mexique qu'il doit débrouiller, luis
semble terriblement emmêlé.
— En effet, intervint vivement Powschine#
pendant que la modeste pupille de Cambronne.f
demeurait toute interdite par le complirneat
transmis, la question franco mexicaine arrive
une complication des plus menaçantes, pour qui
connaît l'esprit tenace de vos compatriotes. EUe'
! est implacable la résolution des partisans de
| doctrine Monroë : « L'Amérique aux Améri-*-
cains; aucune domination de l'Ancien sur levf
Nouveau-Monde! » .!
— Est-ce que vous avez voyagé- dans -mom.,,
pays natal, monsieur le comte? questionna Geonr-f*
ges en regardant tout à coup, le M oscovltei aïs
peu plus fixement que ne" le comporiaimt-las
convenances. 'v..
— Non, mais j'ai été sur le poisse, m'y
fugier, quand Sa Majesté l'autocrate de touteei.
les Rfflsies essaya de m'envoyer visiter de fore©!,
. sa gracieuse Sibérie.
—Vous n'avez aucun parent éfcahll d'ans l'Uni'œ»
— Aucun, déclara le Rmsse:, dont, L'ihterjsaog^fe.
f oire et l"exttmen sem&ïaiisal tr.ûubîer l&ê^œiiieiiS^
riropsssTbîlte ordlmatce»
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