Titre : La Petite presse : journal quotidien... / [rédacteur en chef : Balathier Bragelonne]
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1872-07-06
Contributeur : Balathier Bragelonne, Adolphe de (1811-1888). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32837965d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 06 juillet 1872 06 juillet 1872
Description : 1872/07/06 (N2251). 1872/07/06 (N2251).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k4716051x
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-190
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 23/10/2017
JasensiMlisateurDucliesne. Guérison, extrac-
tien et pose de dents sans douleur, 45, rue Lafayette. j
DÉPARTEMENTS
LAVAL. — L'Echo de la Mayenne raconte en ces
termes une singulière tentative de suicide :
Le 27 juin dernier, vers six heures du soir, le
sieur Jean-Marie Crublé, âgé de quarante-sept
ans, ouvrier cordonn ier à Laval, place des Arts,
après avoi* fêté la dive bouteille, voulut s'arro-
ser l'extérieur en se couvrant le corps de pé-
trole ; puis, prenant une ail umette, il y mit le
0 feu ; il se présenta ainsi tout en flammes à la
porte de sa chambre, située au troisième étage.
Ses voisins, les sieurs Jean-Pierre Mamier et
Julien Baudain, ouvriers cordonniers, l'aperce-
vant, s'empressèrent de lui faire descendre les
escaliers, le roulèrent dans le ruisseau et réussi-
rent à éteindre le feu de cet incendié fantaisiste
en lui jetant plusieurs seaux d'eau sur le corps.
Informé de ce fait par le sieur Colosse, em-
ployé de la poste, M. Roussin, commissaire de
police, se transporta sur les lieux et trouva Cru-
blé couché sur son lit et couvert de - brûlures ;
il le fit transporter à l'hôpital, où il fut admis
d'urgence.
Interrogé sur les motifs qui l'ont porté à com-
mettre cet acte insensé, ce malheureux a donné
pour toute réponse qu'il était las de vivre. Aussi,
sans le secours de ses voisins, il était carbonisé.
Voyage à la recherche du dr Livingstone
Le New York Herald publie une longue dépêche
de son correspondant, le docteur Stanley, racontant
les aventures qui lui sont arrivées lorsqu'il était à
la recherche de Livingstone.
Le 23 janvier 1871, il partit de Zanzibar pour
l'intérieur de l'Afrique avec une nombreuse ca-
ravane; mais Mirambo, roi d'Ujowa, lui interdit
le passage de ses Etats. Il s'allia alors avec des
Arabes et déclara la guerre à Mirambo, qui j
essuya d'abord plusieurs défaites ; trois de i
villages furent pris d'assaut et pillés de fond Gn !
comble. Mais Mirambo eut sa revanche et mit j
les alliés en déroute; ceux-ci se retirèrent à !
Unyanyembe; de là Stanley, après diverses aven- j
turcs, finit par gagner Ujiji où il arriva ie 3 no7 :
vembre 1871.
« Je fis de mon mieux, dit-il, pour rendre
mon entrée aussi imposante et solennelle que
possible. En tête le drapeau américain, puis
mon escorte armée qui tirait des coups de fu-
sil, les porteurs de bagages, les ânes, et enfin
moi.
Devant les premières maisons, j'aperçus au !
milieu d'un groupe d'Arabes un vieillard, à la i
barbe grise, au visage pâle. Mon cœur me dit : '
« C'est Livingstone, » et j'allais me jeter dans
ses bras, lorsque je réfléchis que, par cette ma- (
nifestation pUDIque et chaleureuse de mon 1
émotion, j'allais perdre toute estime et respect :
auprès des Arabes, qui méprisent celui qui ne J
sait refouler ses sentiments au fond de son j
âme.
Je m'approchai donc lentement de celui dont |
toute l'Europe était inquiète, et je lui dis après |
l'avoir salué, et d'un ton de voix pas plus élevé !
que si la scène se fût passée dans un salon entre !
gens indifférents l'un à l'autre : « M. Livings- 1
tone, lui dis-je, je présume... » — Il sourit
simplement et répondit : « Yes ! »
Quant aux découvertes de Livingstone, voici i
ce que M. Stanley nous apprend dans sa pre- ! ■
mière dépêche : j ,
Le Zambèse des Portugais n'a rien de com- j
mun avec le Chambèse, qui est la principale i
source du Nil. Le lac Liemba, dont les eaux sont 1
entretenues par le Tanganyikra, est de 73 milles 1
plus long que ne le pensait Speke. <
En juin 1869, Livingstone vint dans le Mam- ,
gema, pays entièrement inconnu, où il tomba j (
malade, et resta six mois entre la vie et la mort. i
A peine rétabli, il explora le cours du Lua-
laba, et remontant jusqu'au quatrième degré
sud, il constata que ce fleuve et le Chambèze ne
sont qu'un seul et même cours d'eau.
Il le redescendit et se trouvait à 180 milles de
l'endroit où l'on a jusqu'ici poursuivi l'explora-
tion du Nil, lorsque son escorte se mutina et
l'abandonna. Il retourna alors à Ujiji, au milieu
.de mille dangers et des plus pénibles souffrances.
En ce moment, il veut reprendre son explora-
tion au point où il a été forcé de la laisser, et
ensuite aller visiter les deux sources qu'on lui a
signalées comme donnant naissance au Lualaba
et par conséquent au Nil. Pour cela il lui • faut
environ deux ans. ►
LE PETIT DÉBITEUR
On lit dans VEtoile belge :
La vie réelle a parfois des côtés inattendus,
des aspects vraiment fantastiques, et voici une
bien singulière histoire, un peu lugubre, mais
d'nne étrangeté qui nous décide à la rapporter.
C'est l'histoire du Petit Débiteur.
Il y a une douzaine d'années, un monsieur
fort bien mis arrive chez M. G..., le fils, et lui
demande s'il ne pourrait embaumer sur-le-champ
un enfant qui venait de mourir. — Si, parfaite-
ment, répond l'embaumeur. Et quand vous au-
rez obtenu la permission d'exhumer... — Oh !
interrompt le monsieur, la permission est fort
inutile. J'adorais cet enfant, et pour le garder,
pour pouvoir le transporter aux colonies où j'ha- ;
bile, j'ai fait mettre un soliveau de bois dans la 1
bière qu'on a emportée, et j'ai gardé le corps du ;
pauvre petit. 11 est en bas. — En bas ? — Dans j
une voiture. j
On descend, on monte, avec force précau- j
tions, le corps de l'enfant, M. G... déclare qu'il |
l'embaumera et le père laisse sa carte : M. le j
comte L. de... On conçoit que je ne dirai pas le ;
nom. j
Trois jours après, le petit garçon était em- j
baumé, et le père, qui l'avait apporté, ne reve-
nait pas. On mit l'enfant dans un coin et l'on
attendit. Un mois s'écoule, deux mois passent,
puis un an. Le comte de L... n'avait point re-
paru. Et l'embaumeur, naturellement, gardait j
toujours le pauvre petit embaumé. Seulement, j
comme on parlait souvent dans la maison entre |
soi, on lui avait trouvé un nom, on l'avait bap- i
tisé d'un sobriquet. On l'appelait le Petit Débi- \
teur. j
Le Petit Débiteur revenait souvent dans les j
propos du logis. Ou le changeait de place, on le
transportait de droite^ à gauche, on l'épousse-
tait, on se disait : «Mais, en vérité, le comte de
L... ne reviendra-t-il donc pas? »
La carte du comte de L... ne portait pas d'a-
dresse. Il était sans doute reparti pour les co-
lonies et il avait oublié ce « petit débiteur »
ainsi demeuré en gage. — « Enfin, se disait-on,
il reparaîtra bien un jour ou l'autre ! » Cinq ans
après cette visite, M. de L... n'avait point re-
paru. Au bout de dix ans, il n'avait absolument
pes donné de ses nouvelles, et le Petit Débiteur
était toujours là, attendant un retour qu'on n'es-
pérait plus, et toujours abandonné, comme un
)bjet laissé pour compte.
Il finissait même par devenir gênant. On ne
;avait maintenant où loger le Petit Débiteur. On
Lvait cependant fini par l'aimer et le plaindre,
orsqu'un jour l'inventeur d'un procédé nouveau,
ion plus pour embaumer, mais pour métalliser
es morts en les trempant dans une composition
malogue à celle de la galvanoplastie, vint trouver
il. G... et lui proposer de faire l'expérience de
la nouvelle découverte. — Comment ! vous pré-
endez conserver les corps en les couvrant d'une
:ouche métallique? — Parfaitement. On les
rempe dans un bain, chimique contenant une
lissolution d'or, d'argent ou de plomb et on ob-
ient ainsi, par cette sorte de moulage, des sta-
ues comparables à celles des anciens et repro-
luisant, on le conçoit, les traits mêmes des vi- 1
ants. — C'est fort singulier. — Et fort remar-
uable. Essayez.
L'embaumeur ne demandait qu'à faire cet es- ;
sai. Mais comment., et sur qui? Il cherchait,
lorsque tout à coup, comme Archimède, il poussa
son eurêka. - Ah! dit-»!, parbleu, le sujet de
l'expérience est tout trouvé : le Petit TJébitr:ul'!
— Quel petit débiteur? — Vous allez voir, fit le
créancier en allant chercher le Petit Débiteur
dans l'armoire où on l'avait enfermé en dernier
lieu.
Et il le livra: à l'inventeur de cette galvano-
plastie humaine.
Plongé dans un bain chimique, le Petit Débi-
teur en sortit, en effet, recouvert d'une couche
d'argent qui le faisait assez bien ressembler à I
cette jolie statuette d'Henri IV enfant, chef- i
d'œuvre de la Renaissance qu'on voit dans les
grands appartements du Louvre.
En revoyant son débiteur ainsi transformé.
M. G... poussa un cri de surprise. C'était, en
effet, une merveille de conservation, et, après i
avoir duré dix ans à l'état de momie, le pauvre
petit passait subitement à l'état d'oeuvre d'art :
le Petit Débiteur était miraculeusement changé
en statue. Il ne s'agissait plus que de le placer
sur un socle. C'est ce qui fut bientôt exécuté.
Et de la sorte on peut voir, à Paris, chez le cé-
lèbre embaumeur, une statuette d'enfant qui
porte cette inscription sur le socle : M. le vicomte
de L...
LA TRAGÉDIE DE BERMONDSEY
Dimanche, des cris terribles partaient de la
maison occupée par un sieur Taylor, connu
pour sa violence.
Un agent de police appelé refusa d'intervenir,
« l'homme châtiant son enfant chez lui ». j
Cependant l'entant criait : — « Pitié, papa !
pitié! vous m'avez déjà presque tué ! »
Puis les gémissements cessèrent et Taylor sor-
tit de la maison ; des flots de sang s'échappaient i
de plusieurs blessures horribles qu'il avait au i
cou.
Il ne put que montrer du doigt sa maison. j
Au premier étage, la lueur des lanternes des
agents éclaira une horrible boucherie.
Sur le lit, une femme, la compagne de Taylor,
était étendue mourante; son corps n'était qu'une
plaie.
Au pied du lit, le cadavre d'une petite fille
dont le crâne était défoncé.. Auprès, agonisant,
le petit garçon dont on avait entendu les der-
niers cris ; la tête était à demi écrasée.
Taylor, conduit à l'hôpital, est dans un état
désespéré. Peu^ d'heures après son admission,
le coupable s'était précipité dans les talles,
menaçant l'infirmier eL les malades, écrivant sur
les murs une supplique pour qu'on le débarras-
sât de ses souffrances, et sautait par une fe-
nêtre.
Il était sans doute en proie à une attaq ue de
delirium tremens.
Il avait eu, souvent dit-on, maille à partir
avec la police à cause des brutalités qu'il exer-
çait contre sa femme. On suppose qu'il a com-
mis ses crimes dans un moment de rage folle, et
qu 'il s'est servi d'une barre de fer pour tuer
femme et enfants.
Sa tête porte des traces de coups portés avec
une arme pesante, cette barre de fer probable-
ment, et avec un couteau-poignard.
Le Times qui raconte cet épouvantable drame
termine en demandant que les magistrats ap-
pliquent des peines plus sévères contre l'ivro- !
gnerie violente et contre ceux qui battent leurs
femmes.
Cour d'assises des Bouches-du-Rhône
LA BANDE DE LA TAILLE
C'est hier jeudi qu'ont commencé devant la cour !
l'assises des Bouches-du-Rhône les débats de l'af- j
faire de la Taille. I
Les malfaiteurs qui faisaient partie de cette redou- j
table association sont au nombre de quatorze, parmi 1
lesquels se trouvent quatre lemmes.
---------------------
il faut dire, à l'honneur de notre pays, que ]ps
bandits de la Taille, qui ont commis plus'de dix vols
qualifies et quatre assassinats, sont tous italiens
I QU, pour être plus exact, Piémontais.
| chef de cette redoutable association, Fontana
h a rien au physique qui rapelle le chef de bri-
i f?à gandg,cIassique Dia liolo. : ce n'est ni Gaspard de Besse ni
Figurez-vous un homme aux traits vulgaires de
| petite taille, très-maigre. et dévoré par mie phthisie
| qui menace de I enlever d'un jour à l'autre. Il n'a
plus que le souffle, et si ce n'était ses veux vifs et
brillants, qui relèvent un peu sa physionomie on le
prendrait pour un petit bourgeois iooffensif: C'est
cependant lui qui a organisé la bande, qui dirigent
les principales opérations et qin stimulait le zèle des
associes_ novices. Quoique relativement jeune, i: a un
passé déplorable, et, après avoir accompli de sinis-
îo^>t'11'-Italie, il est venu en France vers
1866. il ;i fait partie, sous le nom de Beltramo (An-
tnine), de la bande de Nardi, de Quarantaetde Coda
Zabeita, détrousseurs de grand cheuijn, qui'furent
exécutés a Marseille en 1867.
On se demande comment, depuis celte époque, il
a pu se dérober à toutes les recherches de la justice
française qui l'avait condamné, en 1867, aux travaux
forcés a perpétuité, par contumace, pour trois vols
qualifies. Toujours est-il qu'il a reparu en Provence
peu de temps après cette condamnation, et qu'il a re-
commencé la série de ses méfaits. Son quartier gé-
néral était au Puy-Sainte Réparade, dans une maison
de campagne qu'il avait louée et qui servait de re-
paire a la plupart de ses complices.
Outre le quartier générât de Puy-Sainté-Réparade,
la bande de 'Ia Taille avait deux subdivisions : l'une
à Salon, commandée par Joseph Moni.egazza • la.
seconde, dont le siège était à Marseille, avait pour
chef, dans -le quartier d'Arenc, à Gible, no 128, Jo-
seph Trinchieri. " •
Ces trois individus, que l'on peut regarder comme
les plus dangereux, avaient travaillé quelque temps
comme terrassiers, soit aux digues de la Durance,
soit au canal du Verdon, soit encore aux diverses li-
gnes terrées du département.
La femme Montegazza est une des figures les plus
intéressantes de cette sinistre réunion d'assassins.
Elle n a pas démenti son origine, car elle a eu pour
père un scélérat de la pire espèce, condamné aux
travaux forcés à perpétuité à ia suite de plusieurs,
vols a main armée sur les grands chemins. Cette
femme est le type achevé de la forte fille du peuple;
ehe a des traits réguliers, mais énergiques ; ses che-
veux noirs couvrent son front déprimé.
Des rides précoces sillonnent son visage, qui res»?
pire la plus bestiale lubricité.
Aux premiers jours de sa détention elle a scanda-
lisé ses co-détenues par ses propos et ses allures.
Plusieurs fois les geôliers ont été forcés de la met-
tre au cachot pour arrêter son dévergondage. Elle
n en a pas moins donné le jour, en prison, à une
fille qu'elle allaite avec beaucoup de tendresse.
C est sur la limite des trois départements des
Bouches-du Rhône, dee Basses-Alpes et de Vaucluse,
que la bande de Fontana a exercé pendant plus d'un,
an sa coupable industrie. C'est sur les rives de la Du-
rance que ces voleurs, ces assassins se sont illustrés,'
Plus d une fois les eaux rapides de la rivière pro...'
veuçale ont roulé les cadavres des victimes de Fon-
fana et de sas complices. Ils se répartaient, par pe-
tits groupes de trois et de quatre, dans les campa- .
gnes qui avoisinent Forcalquier, Pertuis, Cadenet,
Meyrargues et Salon; ils venaient même jusqu'aux
portes de Marseille. Ils prenaient les allures d'hon-
nêtes paysans, emmenant le plus souvent avec eux,
un âne_ maigre à l'aspect lamentable. On les voyait;
passer à travers les fermes, s'enquérant des affaires,
du pays et ayant l'air de chercher du travail. t
Quand ils avaient des informations suffisantes, ils
revenaient auprès de Fontana ou d'un sous-chef, et
ils combinaient ensemble le pian de leurs nocturnes.
opérations.
De temps en temps, les populations apprenaient
avec terreur qu'un assassinat, qu'un vol avait été '
commis; mais la justice ne parvenait pas à mettre
la main sur les coupables. Les parquets de Tarascon,'
d 'Apt, de Forcalquier, d'Aix et de Marseille s'em.,
pressaient d'informer, mais sans résultats.
Un jour cependant, le 5 novembre 1872, à la suite \
d'un meurtre commis sur la personne d'une vieille-1
femme, Marie Joli : en, veuve Lambot, on put mettre
la main sur l'auteur du crime, qui se nommait Ri-
betto. La femme assassinée, malgré son âge avancé,
se livrait à la prostitution ; on lui supposait une petite
fortune, mais Ribetto prétend qu'il n'a rien trouvé.
Habilement interrogé, HiiJetto, à qui l'en promit; un
adoucissement de peine, fit des révélations très-pré-
cises sur l'existence d'une bande de voleurs et d'as-
sassins, dont il avoua faire partie.
Ribetto ne se contenta pas d'avouer qu'il faisait
partie de la bande. li donna sur elle des renseigne-
ments si précis que le procureur général d'Aix,
M. Thourel, n'hésita pas à ordonner l'arrestation des,
individus signâtes.
N° 78. —Feuilleton de la PETITE PRESSE
Le Chiffonnier Philosophe
DEUXIÈME PARTIE
XXIV
A propos d'un grand bal
'l'out l extérieur de l'hôtel Willcomb, illuminé
ci giorno dans ses moindres détails d'architec-
ture, resplendissait comme un palais fantasti-
que, bàti avec de monstrueuses et éblouissantes
pierreries. Les grilles avaient toutes de bleuâtres
serpents de feu qui enlaçaient leurs hampes.
Dans le vaste jardin, les arbres exotiques, les
plantes les plus rares portaient des fruits étran-
ges et des fleurs inconnues qui éclairaient ies
moindres feuilles, les plus légères brindilles.
C'était le paradis du feu, et tous ces flamboie-
ments montraient, comme en plein jour, l'inter-
minable file de riches équipages, attendant leurs
maîtres, et. emplissant tout un bas côté de la
chaussée grandiose du bois. !
L'intérieur répondait aux magnificences orien-
tales du dehors : les lumières, les glaces, les
jets d 'eau, les corbeilles parfumées, les giran-
doles, les lustres, les splendides draperies, les
Inestimables dressoirs se combinaient savam- i
ment .dans tout le premier étage, disposé pour
la réception.
Cet ensemble résolvait un triple problème,
^ordinaire presque iusoluble : inonder de clar-
té» nombreuse assemblée, sans l'étouffer de
ï
! chaleur • l'embaumer, sans l'asphyxier ; satis-
l faire aux moindres fantaisies des danseurs, des
! joueurs et des gourmands, les trois éléments
fondamentaux d'une telle réunion, sans fournir
i l'ombre d'un sujet à la critique la plus quin-
' teuse.
| Vers minuit, l'animation du bal arrivait à son
apogée « comme il faut, » quoique stimulée par
l'enlevant orchestre de Strauss, caché sous un
véritable bosquet d'orangers épanouis.
j Les cavaliers étaient gracieusement superbes.
La plupart des danseuses exhibaient des toi-
lettes d'un goût irréprochable, des diamants
d'une parfaite authenticité, et, ce qui est plus
rare, des épaules dont la blancheur ne déteignait
pas ou des cheveux dont les masses n'avaient
rien d'emprunté.
Mais, reste de la tache originelle s'attaquant
à la maîtresse de la maison, cette partie fémi-
nine de l'assistance était en minorité, car le sexe
fort, dans le monde d'élite, tient moins à cer-
taines intolérances que le faible... et l'entêté.
D'un autre côté, Georges avait trop de dignité
et d'amour pour exposer sa femme au contact de
ces demi-mondaines, qui sont bien autrement
compromettantes que leurs partenaires mas-
culins. |
Quoi qu'il en fut, la pupille de Cambronne,
après avoir fait les honneurs de chez elle, avec
une grâce modeste que tous les invités s'accor-
daient à louer, se réjouissait fort du succès de
bon aloi de la fête, dans le petit salon écarté où
elle se reposait des fatigues de. la « mise en
..train, » ^
\
Car elle s'était prodiguée aux quadrilles et aux
valses du début de la soirée, et elle venait !
chercher là quelques minutes d'isolement absolu. |
Mais, à peine assise, elle vit la portière de ve-
I lours se soulever discrètement, et son mari en- i
! tra accompagné de Pétrus et Powschinè. j
Le Russe était toujours ce modèle d'élégance |
: un peu raide, que nous avons entrevu chez i
I Irma de Montcarmé. Ses cheveux, ses sourcils, !
| ses longs favoris, sa moustache d'un noir de jais 1
' donnaient encore plus de relief à la pâleur mâte
de ses traits réguliers, d'une impassibilité peut-
être trop voulue. j
j Belle tête, en somme, mais rappelant vague- j
I ment celles de cire des coiffeurs pour hommes. j
j Déplus, le regard fixe et fuyant tout ensemble, j
; vous dépassant quand le votre s'étudiait à le !
croiser, avait l'effet inquiétant de tout ce qui 1
échappe à l'analyse. :
Sur l'habit, d'une coupe exquise, du person- :
nage, pour toute décoration, un crachat chargent j
de petit module. i
— Mon ami, dit Willcomb à Elise, voici mon- j
sieur le comte, qui sollicite l'inexprimable fa- i
veur d'être présenté à l'enchanteresse du logis, '
ce sont ses propres expressions, plus directement j
que par le salut banal de son arrivée.
--Oui, madame, rel!rit le boyard, car je tenais ;
à vous offrir personnellement mes profonds res-
pects et à vous féliciter. Depuis mon exil à Paris
i je ne connaissais que la prose des pompes mon-
daines : à vous de m'en révéler aujourd'hui la
doéllie.
wjOht monsieur, protesta, tQuIt rot^issaâte, /
la jeune femme; en supposant que votre compli-
ment ne soit pas une courtoise exagération, il.
ferait fausse route en s'adressant à moi : le vé-
ritable organisateur de tout ici, c'est mon mari.
— Du tout! déclara en badinant Georges. Je.
n'ai été que le prosaïque exécuteur de votre poé-
tique inspiration, pour madrigaliser comme nor
tre galant hôte. Oh! ne vous en défendez pas!...
D'ailleurs, votre renommée de créatrice de fée-
ries circule déjà partout, grâce à moi, son héraut.,
Je l'ai même trompettée à notre ambassadeur,
qui ne m'a point gardé rancune, au sujet de mon .
manquement à son rendez-vous, puisqu'il s'est
présenté des premiers céans... Il m'a même prié
de vous dire...
Un grattement discret, à la porte du petit buen
retiro, interrompit l'orateur.
— C'est mon intendant sans doute qui a be- ~
soin de me parler, expliqua l'Américain. Voua,
permettez, comte? 1
Pétrus s'inclina. Son interlocuteur alla sou-
lever la tapisserie et se trouva, en effet, face à
face avec mons Cincinnatus, vêtu comme un.
parfait notaire.
-Mais l'écarquillement de ses yeux blancs dans
son faciès de chocolat, dénotait en lui une extra-
ordinaire agitation. -..'..'' i,
— Qu'y a-t-il donc ? l'interrogea sorr maître»
— Monsieur, répondit le nègre policé, il se-
rait bon, sauf votre avis contraire, que je par-
lasse devant le seigneur Powsçhine, car, le
temps pressant, cela éviterait une rApétiti-og,.
e" la casse. A :!-!f
[texte illisible]
JULES CAUVAIN.
tien et pose de dents sans douleur, 45, rue Lafayette. j
DÉPARTEMENTS
LAVAL. — L'Echo de la Mayenne raconte en ces
termes une singulière tentative de suicide :
Le 27 juin dernier, vers six heures du soir, le
sieur Jean-Marie Crublé, âgé de quarante-sept
ans, ouvrier cordonn ier à Laval, place des Arts,
après avoi* fêté la dive bouteille, voulut s'arro-
ser l'extérieur en se couvrant le corps de pé-
trole ; puis, prenant une ail umette, il y mit le
0 feu ; il se présenta ainsi tout en flammes à la
porte de sa chambre, située au troisième étage.
Ses voisins, les sieurs Jean-Pierre Mamier et
Julien Baudain, ouvriers cordonniers, l'aperce-
vant, s'empressèrent de lui faire descendre les
escaliers, le roulèrent dans le ruisseau et réussi-
rent à éteindre le feu de cet incendié fantaisiste
en lui jetant plusieurs seaux d'eau sur le corps.
Informé de ce fait par le sieur Colosse, em-
ployé de la poste, M. Roussin, commissaire de
police, se transporta sur les lieux et trouva Cru-
blé couché sur son lit et couvert de - brûlures ;
il le fit transporter à l'hôpital, où il fut admis
d'urgence.
Interrogé sur les motifs qui l'ont porté à com-
mettre cet acte insensé, ce malheureux a donné
pour toute réponse qu'il était las de vivre. Aussi,
sans le secours de ses voisins, il était carbonisé.
Voyage à la recherche du dr Livingstone
Le New York Herald publie une longue dépêche
de son correspondant, le docteur Stanley, racontant
les aventures qui lui sont arrivées lorsqu'il était à
la recherche de Livingstone.
Le 23 janvier 1871, il partit de Zanzibar pour
l'intérieur de l'Afrique avec une nombreuse ca-
ravane; mais Mirambo, roi d'Ujowa, lui interdit
le passage de ses Etats. Il s'allia alors avec des
Arabes et déclara la guerre à Mirambo, qui j
essuya d'abord plusieurs défaites ; trois de i
villages furent pris d'assaut et pillés de fond Gn !
comble. Mais Mirambo eut sa revanche et mit j
les alliés en déroute; ceux-ci se retirèrent à !
Unyanyembe; de là Stanley, après diverses aven- j
turcs, finit par gagner Ujiji où il arriva ie 3 no7 :
vembre 1871.
« Je fis de mon mieux, dit-il, pour rendre
mon entrée aussi imposante et solennelle que
possible. En tête le drapeau américain, puis
mon escorte armée qui tirait des coups de fu-
sil, les porteurs de bagages, les ânes, et enfin
moi.
Devant les premières maisons, j'aperçus au !
milieu d'un groupe d'Arabes un vieillard, à la i
barbe grise, au visage pâle. Mon cœur me dit : '
« C'est Livingstone, » et j'allais me jeter dans
ses bras, lorsque je réfléchis que, par cette ma- (
nifestation pUDIque et chaleureuse de mon 1
émotion, j'allais perdre toute estime et respect :
auprès des Arabes, qui méprisent celui qui ne J
sait refouler ses sentiments au fond de son j
âme.
Je m'approchai donc lentement de celui dont |
toute l'Europe était inquiète, et je lui dis après |
l'avoir salué, et d'un ton de voix pas plus élevé !
que si la scène se fût passée dans un salon entre !
gens indifférents l'un à l'autre : « M. Livings- 1
tone, lui dis-je, je présume... » — Il sourit
simplement et répondit : « Yes ! »
Quant aux découvertes de Livingstone, voici i
ce que M. Stanley nous apprend dans sa pre- ! ■
mière dépêche : j ,
Le Zambèse des Portugais n'a rien de com- j
mun avec le Chambèse, qui est la principale i
source du Nil. Le lac Liemba, dont les eaux sont 1
entretenues par le Tanganyikra, est de 73 milles 1
plus long que ne le pensait Speke. <
En juin 1869, Livingstone vint dans le Mam- ,
gema, pays entièrement inconnu, où il tomba j (
malade, et resta six mois entre la vie et la mort. i
A peine rétabli, il explora le cours du Lua-
laba, et remontant jusqu'au quatrième degré
sud, il constata que ce fleuve et le Chambèze ne
sont qu'un seul et même cours d'eau.
Il le redescendit et se trouvait à 180 milles de
l'endroit où l'on a jusqu'ici poursuivi l'explora-
tion du Nil, lorsque son escorte se mutina et
l'abandonna. Il retourna alors à Ujiji, au milieu
.de mille dangers et des plus pénibles souffrances.
En ce moment, il veut reprendre son explora-
tion au point où il a été forcé de la laisser, et
ensuite aller visiter les deux sources qu'on lui a
signalées comme donnant naissance au Lualaba
et par conséquent au Nil. Pour cela il lui • faut
environ deux ans. ►
LE PETIT DÉBITEUR
On lit dans VEtoile belge :
La vie réelle a parfois des côtés inattendus,
des aspects vraiment fantastiques, et voici une
bien singulière histoire, un peu lugubre, mais
d'nne étrangeté qui nous décide à la rapporter.
C'est l'histoire du Petit Débiteur.
Il y a une douzaine d'années, un monsieur
fort bien mis arrive chez M. G..., le fils, et lui
demande s'il ne pourrait embaumer sur-le-champ
un enfant qui venait de mourir. — Si, parfaite-
ment, répond l'embaumeur. Et quand vous au-
rez obtenu la permission d'exhumer... — Oh !
interrompt le monsieur, la permission est fort
inutile. J'adorais cet enfant, et pour le garder,
pour pouvoir le transporter aux colonies où j'ha- ;
bile, j'ai fait mettre un soliveau de bois dans la 1
bière qu'on a emportée, et j'ai gardé le corps du ;
pauvre petit. 11 est en bas. — En bas ? — Dans j
une voiture. j
On descend, on monte, avec force précau- j
tions, le corps de l'enfant, M. G... déclare qu'il |
l'embaumera et le père laisse sa carte : M. le j
comte L. de... On conçoit que je ne dirai pas le ;
nom. j
Trois jours après, le petit garçon était em- j
baumé, et le père, qui l'avait apporté, ne reve-
nait pas. On mit l'enfant dans un coin et l'on
attendit. Un mois s'écoule, deux mois passent,
puis un an. Le comte de L... n'avait point re-
paru. Et l'embaumeur, naturellement, gardait j
toujours le pauvre petit embaumé. Seulement, j
comme on parlait souvent dans la maison entre |
soi, on lui avait trouvé un nom, on l'avait bap- i
tisé d'un sobriquet. On l'appelait le Petit Débi- \
teur. j
Le Petit Débiteur revenait souvent dans les j
propos du logis. Ou le changeait de place, on le
transportait de droite^ à gauche, on l'épousse-
tait, on se disait : «Mais, en vérité, le comte de
L... ne reviendra-t-il donc pas? »
La carte du comte de L... ne portait pas d'a-
dresse. Il était sans doute reparti pour les co-
lonies et il avait oublié ce « petit débiteur »
ainsi demeuré en gage. — « Enfin, se disait-on,
il reparaîtra bien un jour ou l'autre ! » Cinq ans
après cette visite, M. de L... n'avait point re-
paru. Au bout de dix ans, il n'avait absolument
pes donné de ses nouvelles, et le Petit Débiteur
était toujours là, attendant un retour qu'on n'es-
pérait plus, et toujours abandonné, comme un
)bjet laissé pour compte.
Il finissait même par devenir gênant. On ne
;avait maintenant où loger le Petit Débiteur. On
Lvait cependant fini par l'aimer et le plaindre,
orsqu'un jour l'inventeur d'un procédé nouveau,
ion plus pour embaumer, mais pour métalliser
es morts en les trempant dans une composition
malogue à celle de la galvanoplastie, vint trouver
il. G... et lui proposer de faire l'expérience de
la nouvelle découverte. — Comment ! vous pré-
endez conserver les corps en les couvrant d'une
:ouche métallique? — Parfaitement. On les
rempe dans un bain, chimique contenant une
lissolution d'or, d'argent ou de plomb et on ob-
ient ainsi, par cette sorte de moulage, des sta-
ues comparables à celles des anciens et repro-
luisant, on le conçoit, les traits mêmes des vi- 1
ants. — C'est fort singulier. — Et fort remar-
uable. Essayez.
L'embaumeur ne demandait qu'à faire cet es- ;
sai. Mais comment., et sur qui? Il cherchait,
lorsque tout à coup, comme Archimède, il poussa
son eurêka. - Ah! dit-»!, parbleu, le sujet de
l'expérience est tout trouvé : le Petit TJébitr:ul'!
— Quel petit débiteur? — Vous allez voir, fit le
créancier en allant chercher le Petit Débiteur
dans l'armoire où on l'avait enfermé en dernier
lieu.
Et il le livra: à l'inventeur de cette galvano-
plastie humaine.
Plongé dans un bain chimique, le Petit Débi-
teur en sortit, en effet, recouvert d'une couche
d'argent qui le faisait assez bien ressembler à I
cette jolie statuette d'Henri IV enfant, chef- i
d'œuvre de la Renaissance qu'on voit dans les
grands appartements du Louvre.
En revoyant son débiteur ainsi transformé.
M. G... poussa un cri de surprise. C'était, en
effet, une merveille de conservation, et, après i
avoir duré dix ans à l'état de momie, le pauvre
petit passait subitement à l'état d'oeuvre d'art :
le Petit Débiteur était miraculeusement changé
en statue. Il ne s'agissait plus que de le placer
sur un socle. C'est ce qui fut bientôt exécuté.
Et de la sorte on peut voir, à Paris, chez le cé-
lèbre embaumeur, une statuette d'enfant qui
porte cette inscription sur le socle : M. le vicomte
de L...
LA TRAGÉDIE DE BERMONDSEY
Dimanche, des cris terribles partaient de la
maison occupée par un sieur Taylor, connu
pour sa violence.
Un agent de police appelé refusa d'intervenir,
« l'homme châtiant son enfant chez lui ». j
Cependant l'entant criait : — « Pitié, papa !
pitié! vous m'avez déjà presque tué ! »
Puis les gémissements cessèrent et Taylor sor-
tit de la maison ; des flots de sang s'échappaient i
de plusieurs blessures horribles qu'il avait au i
cou.
Il ne put que montrer du doigt sa maison. j
Au premier étage, la lueur des lanternes des
agents éclaira une horrible boucherie.
Sur le lit, une femme, la compagne de Taylor,
était étendue mourante; son corps n'était qu'une
plaie.
Au pied du lit, le cadavre d'une petite fille
dont le crâne était défoncé.. Auprès, agonisant,
le petit garçon dont on avait entendu les der-
niers cris ; la tête était à demi écrasée.
Taylor, conduit à l'hôpital, est dans un état
désespéré. Peu^ d'heures après son admission,
le coupable s'était précipité dans les talles,
menaçant l'infirmier eL les malades, écrivant sur
les murs une supplique pour qu'on le débarras-
sât de ses souffrances, et sautait par une fe-
nêtre.
Il était sans doute en proie à une attaq ue de
delirium tremens.
Il avait eu, souvent dit-on, maille à partir
avec la police à cause des brutalités qu'il exer-
çait contre sa femme. On suppose qu'il a com-
mis ses crimes dans un moment de rage folle, et
qu 'il s'est servi d'une barre de fer pour tuer
femme et enfants.
Sa tête porte des traces de coups portés avec
une arme pesante, cette barre de fer probable-
ment, et avec un couteau-poignard.
Le Times qui raconte cet épouvantable drame
termine en demandant que les magistrats ap-
pliquent des peines plus sévères contre l'ivro- !
gnerie violente et contre ceux qui battent leurs
femmes.
Cour d'assises des Bouches-du-Rhône
LA BANDE DE LA TAILLE
C'est hier jeudi qu'ont commencé devant la cour !
l'assises des Bouches-du-Rhône les débats de l'af- j
faire de la Taille. I
Les malfaiteurs qui faisaient partie de cette redou- j
table association sont au nombre de quatorze, parmi 1
lesquels se trouvent quatre lemmes.
---------------------
il faut dire, à l'honneur de notre pays, que ]ps
bandits de la Taille, qui ont commis plus'de dix vols
qualifies et quatre assassinats, sont tous italiens
I QU, pour être plus exact, Piémontais.
| chef de cette redoutable association, Fontana
h a rien au physique qui rapelle le chef de bri-
i f?à gandg,cIassique Dia liolo. : ce n'est ni Gaspard de Besse ni
Figurez-vous un homme aux traits vulgaires de
| petite taille, très-maigre. et dévoré par mie phthisie
| qui menace de I enlever d'un jour à l'autre. Il n'a
plus que le souffle, et si ce n'était ses veux vifs et
brillants, qui relèvent un peu sa physionomie on le
prendrait pour un petit bourgeois iooffensif: C'est
cependant lui qui a organisé la bande, qui dirigent
les principales opérations et qin stimulait le zèle des
associes_ novices. Quoique relativement jeune, i: a un
passé déplorable, et, après avoir accompli de sinis-
îo^>t'11'-Italie, il est venu en France vers
1866. il ;i fait partie, sous le nom de Beltramo (An-
tnine), de la bande de Nardi, de Quarantaetde Coda
Zabeita, détrousseurs de grand cheuijn, qui'furent
exécutés a Marseille en 1867.
On se demande comment, depuis celte époque, il
a pu se dérober à toutes les recherches de la justice
française qui l'avait condamné, en 1867, aux travaux
forcés a perpétuité, par contumace, pour trois vols
qualifies. Toujours est-il qu'il a reparu en Provence
peu de temps après cette condamnation, et qu'il a re-
commencé la série de ses méfaits. Son quartier gé-
néral était au Puy-Sainte Réparade, dans une maison
de campagne qu'il avait louée et qui servait de re-
paire a la plupart de ses complices.
Outre le quartier générât de Puy-Sainté-Réparade,
la bande de 'Ia Taille avait deux subdivisions : l'une
à Salon, commandée par Joseph Moni.egazza • la.
seconde, dont le siège était à Marseille, avait pour
chef, dans -le quartier d'Arenc, à Gible, no 128, Jo-
seph Trinchieri. " •
Ces trois individus, que l'on peut regarder comme
les plus dangereux, avaient travaillé quelque temps
comme terrassiers, soit aux digues de la Durance,
soit au canal du Verdon, soit encore aux diverses li-
gnes terrées du département.
La femme Montegazza est une des figures les plus
intéressantes de cette sinistre réunion d'assassins.
Elle n a pas démenti son origine, car elle a eu pour
père un scélérat de la pire espèce, condamné aux
travaux forcés à perpétuité à ia suite de plusieurs,
vols a main armée sur les grands chemins. Cette
femme est le type achevé de la forte fille du peuple;
ehe a des traits réguliers, mais énergiques ; ses che-
veux noirs couvrent son front déprimé.
Des rides précoces sillonnent son visage, qui res»?
pire la plus bestiale lubricité.
Aux premiers jours de sa détention elle a scanda-
lisé ses co-détenues par ses propos et ses allures.
Plusieurs fois les geôliers ont été forcés de la met-
tre au cachot pour arrêter son dévergondage. Elle
n en a pas moins donné le jour, en prison, à une
fille qu'elle allaite avec beaucoup de tendresse.
C est sur la limite des trois départements des
Bouches-du Rhône, dee Basses-Alpes et de Vaucluse,
que la bande de Fontana a exercé pendant plus d'un,
an sa coupable industrie. C'est sur les rives de la Du-
rance que ces voleurs, ces assassins se sont illustrés,'
Plus d une fois les eaux rapides de la rivière pro...'
veuçale ont roulé les cadavres des victimes de Fon-
fana et de sas complices. Ils se répartaient, par pe-
tits groupes de trois et de quatre, dans les campa- .
gnes qui avoisinent Forcalquier, Pertuis, Cadenet,
Meyrargues et Salon; ils venaient même jusqu'aux
portes de Marseille. Ils prenaient les allures d'hon-
nêtes paysans, emmenant le plus souvent avec eux,
un âne_ maigre à l'aspect lamentable. On les voyait;
passer à travers les fermes, s'enquérant des affaires,
du pays et ayant l'air de chercher du travail. t
Quand ils avaient des informations suffisantes, ils
revenaient auprès de Fontana ou d'un sous-chef, et
ils combinaient ensemble le pian de leurs nocturnes.
opérations.
De temps en temps, les populations apprenaient
avec terreur qu'un assassinat, qu'un vol avait été '
commis; mais la justice ne parvenait pas à mettre
la main sur les coupables. Les parquets de Tarascon,'
d 'Apt, de Forcalquier, d'Aix et de Marseille s'em.,
pressaient d'informer, mais sans résultats.
Un jour cependant, le 5 novembre 1872, à la suite \
d'un meurtre commis sur la personne d'une vieille-1
femme, Marie Joli : en, veuve Lambot, on put mettre
la main sur l'auteur du crime, qui se nommait Ri-
betto. La femme assassinée, malgré son âge avancé,
se livrait à la prostitution ; on lui supposait une petite
fortune, mais Ribetto prétend qu'il n'a rien trouvé.
Habilement interrogé, HiiJetto, à qui l'en promit; un
adoucissement de peine, fit des révélations très-pré-
cises sur l'existence d'une bande de voleurs et d'as-
sassins, dont il avoua faire partie.
Ribetto ne se contenta pas d'avouer qu'il faisait
partie de la bande. li donna sur elle des renseigne-
ments si précis que le procureur général d'Aix,
M. Thourel, n'hésita pas à ordonner l'arrestation des,
individus signâtes.
N° 78. —Feuilleton de la PETITE PRESSE
Le Chiffonnier Philosophe
DEUXIÈME PARTIE
XXIV
A propos d'un grand bal
'l'out l extérieur de l'hôtel Willcomb, illuminé
ci giorno dans ses moindres détails d'architec-
ture, resplendissait comme un palais fantasti-
que, bàti avec de monstrueuses et éblouissantes
pierreries. Les grilles avaient toutes de bleuâtres
serpents de feu qui enlaçaient leurs hampes.
Dans le vaste jardin, les arbres exotiques, les
plantes les plus rares portaient des fruits étran-
ges et des fleurs inconnues qui éclairaient ies
moindres feuilles, les plus légères brindilles.
C'était le paradis du feu, et tous ces flamboie-
ments montraient, comme en plein jour, l'inter-
minable file de riches équipages, attendant leurs
maîtres, et. emplissant tout un bas côté de la
chaussée grandiose du bois. !
L'intérieur répondait aux magnificences orien-
tales du dehors : les lumières, les glaces, les
jets d 'eau, les corbeilles parfumées, les giran-
doles, les lustres, les splendides draperies, les
Inestimables dressoirs se combinaient savam- i
ment .dans tout le premier étage, disposé pour
la réception.
Cet ensemble résolvait un triple problème,
^ordinaire presque iusoluble : inonder de clar-
té» nombreuse assemblée, sans l'étouffer de
ï
! chaleur • l'embaumer, sans l'asphyxier ; satis-
l faire aux moindres fantaisies des danseurs, des
! joueurs et des gourmands, les trois éléments
fondamentaux d'une telle réunion, sans fournir
i l'ombre d'un sujet à la critique la plus quin-
' teuse.
| Vers minuit, l'animation du bal arrivait à son
apogée « comme il faut, » quoique stimulée par
l'enlevant orchestre de Strauss, caché sous un
véritable bosquet d'orangers épanouis.
j Les cavaliers étaient gracieusement superbes.
La plupart des danseuses exhibaient des toi-
lettes d'un goût irréprochable, des diamants
d'une parfaite authenticité, et, ce qui est plus
rare, des épaules dont la blancheur ne déteignait
pas ou des cheveux dont les masses n'avaient
rien d'emprunté.
Mais, reste de la tache originelle s'attaquant
à la maîtresse de la maison, cette partie fémi-
nine de l'assistance était en minorité, car le sexe
fort, dans le monde d'élite, tient moins à cer-
taines intolérances que le faible... et l'entêté.
D'un autre côté, Georges avait trop de dignité
et d'amour pour exposer sa femme au contact de
ces demi-mondaines, qui sont bien autrement
compromettantes que leurs partenaires mas-
culins. |
Quoi qu'il en fut, la pupille de Cambronne,
après avoir fait les honneurs de chez elle, avec
une grâce modeste que tous les invités s'accor-
daient à louer, se réjouissait fort du succès de
bon aloi de la fête, dans le petit salon écarté où
elle se reposait des fatigues de. la « mise en
..train, » ^
\
Car elle s'était prodiguée aux quadrilles et aux
valses du début de la soirée, et elle venait !
chercher là quelques minutes d'isolement absolu. |
Mais, à peine assise, elle vit la portière de ve-
I lours se soulever discrètement, et son mari en- i
! tra accompagné de Pétrus et Powschinè. j
Le Russe était toujours ce modèle d'élégance |
: un peu raide, que nous avons entrevu chez i
I Irma de Montcarmé. Ses cheveux, ses sourcils, !
| ses longs favoris, sa moustache d'un noir de jais 1
' donnaient encore plus de relief à la pâleur mâte
de ses traits réguliers, d'une impassibilité peut-
être trop voulue. j
j Belle tête, en somme, mais rappelant vague- j
I ment celles de cire des coiffeurs pour hommes. j
j Déplus, le regard fixe et fuyant tout ensemble, j
; vous dépassant quand le votre s'étudiait à le !
croiser, avait l'effet inquiétant de tout ce qui 1
échappe à l'analyse. :
Sur l'habit, d'une coupe exquise, du person- :
nage, pour toute décoration, un crachat chargent j
de petit module. i
— Mon ami, dit Willcomb à Elise, voici mon- j
sieur le comte, qui sollicite l'inexprimable fa- i
veur d'être présenté à l'enchanteresse du logis, '
ce sont ses propres expressions, plus directement j
que par le salut banal de son arrivée.
--Oui, madame, rel!rit le boyard, car je tenais ;
à vous offrir personnellement mes profonds res-
pects et à vous féliciter. Depuis mon exil à Paris
i je ne connaissais que la prose des pompes mon-
daines : à vous de m'en révéler aujourd'hui la
doéllie.
wjOht monsieur, protesta, tQuIt rot^issaâte, /
la jeune femme; en supposant que votre compli-
ment ne soit pas une courtoise exagération, il.
ferait fausse route en s'adressant à moi : le vé-
ritable organisateur de tout ici, c'est mon mari.
— Du tout! déclara en badinant Georges. Je.
n'ai été que le prosaïque exécuteur de votre poé-
tique inspiration, pour madrigaliser comme nor
tre galant hôte. Oh! ne vous en défendez pas!...
D'ailleurs, votre renommée de créatrice de fée-
ries circule déjà partout, grâce à moi, son héraut.,
Je l'ai même trompettée à notre ambassadeur,
qui ne m'a point gardé rancune, au sujet de mon .
manquement à son rendez-vous, puisqu'il s'est
présenté des premiers céans... Il m'a même prié
de vous dire...
Un grattement discret, à la porte du petit buen
retiro, interrompit l'orateur.
— C'est mon intendant sans doute qui a be- ~
soin de me parler, expliqua l'Américain. Voua,
permettez, comte? 1
Pétrus s'inclina. Son interlocuteur alla sou-
lever la tapisserie et se trouva, en effet, face à
face avec mons Cincinnatus, vêtu comme un.
parfait notaire.
-Mais l'écarquillement de ses yeux blancs dans
son faciès de chocolat, dénotait en lui une extra-
ordinaire agitation. -..'..'' i,
— Qu'y a-t-il donc ? l'interrogea sorr maître»
— Monsieur, répondit le nègre policé, il se-
rait bon, sauf votre avis contraire, que je par-
lasse devant le seigneur Powsçhine, car, le
temps pressant, cela éviterait une rApétiti-og,.
e" la casse. A :!-!f
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