Titre : La Petite presse : journal quotidien... / [rédacteur en chef : Balathier Bragelonne]
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1872-06-28
Contributeur : Balathier Bragelonne, Adolphe de (1811-1888). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32837965d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 28 juin 1872 28 juin 1872
Description : 1872/06/28 (A6,N2243). 1872/06/28 (A6,N2243).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k4715315s
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-190
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 23/10/2017
Don Juan Vascon y Tebarro de Valazar ne
commettait pas plus de deux ou trois vols par
an ; seulement, il ne faisait jamais que des af-
faires pouvant lui r&pporter 20,000 francs au
moins de bénéfice.
— J'ai la conscience d'avoir été honnête
homme tout le reste du temps, a-t-il dit avec
conviction au commissaire de police.
C'est sur la plainte d'un bijoutier du Palais-
Royal que ce noble Castillan a été arrêté.
LES CANONS DE VINCENNES; — L'autorité mili-
taire vient de faire arrêter un nommé D..., soup-
çonné de complicité dans l'affaire du vol des ca-
nons de Vincennes. ' ■■■.*
Cet individu, qui est fondeur en eu ivre, au-
rait prêté, ses creusets pour opérer la fonte des
débris de canons, qu'un autre complice, le
nommé P..., qui est forgeron, aurait brisé sur
son enclume. -
Malgré ses dénégations, D..., qui n'a pu four-
nir que des explications peu vraisemblables, a été
mis à la disposiiion du 18e conseil de guerre,
chargé de suivre cette affaire.
Quant à P..., dont la culpabilité paraît moins
établie, il a été provisoirement laissé en liberté.
UNE FARCE DE CHIFFONNIER. — Plusieurs chiffon-
niers s'étaient rendus hier, vers trois heures de
l'après-midi, à l'établissement de bains froids de
l'île des Cygnes. On comprend que leur profes-
sion leur rend plus qu'à tous autres les ablutions
nécessaires, mais ils ne se bornèrent pas aux
exercices de la coupe et de la brasse, et ils se li-
vrèrent à des amusements usités dans le corps
de la chiffonnerie parisienne.
Quatre d'entre eux saisirent tout à coup.le
nommé Honoré Lebrun, âgé de vingt-sept ans,
leur camarade, et le lancèrent au milieu du
' bassin.
Les garçons de bain, ayant vu disparaître ce
jeune homme, se mirent à sa recherche ; mais
quand ils eurent réussi à.le retirer, ils constatè-
rent qu'il avait cessé de vivre.
A la suite de l'enquête, l'un des chiffonniers,
nommé Michel A..., qui a paru le plus coupable
en cette affaire, a été mis en état d'arrestation.
— M. Barthélemy Saint-Hilaire vient de recevoir les
insignes de commandeur de l'ordre de la Hose. C'est
un souvenir que lui envoie l'empereur du Brésil.
— Le prince . Alfred d'Angleterre est attendu à
Paris samedi prochain.
Il descendra à l'hôtel de Bristol.
UNE NUIT D'HORREUR.
On lit dans un journal de Lyon :
Un épouvantable incendie a éclaté cette nuit
\ ers deux heures, dans le pâté de maisons com-
pris entre les rues de Créqui, Montbernard, Du-
guesclin et Barème, aux Brotteaux, à Lyop.
Ce groupe de maisons, qui n'offrait plus aux
regards, hier matin, qu'un amas de décombres
calcinés, se composait en grande partie de bâti-
ments en briques et pans de bois à un ou deux
''tages, donnant asile à de nombreux ménages
d'ouvriers, et de trois maisons plus importantes
et mieux bâties.
C 'est, paraît-il, dans l'écurie dépendant du
obantier de MM. Bague et Chavet, tourneurs en
j.jis, situés au centre du massif en question, que
1 incendie a pris naissance. Les deux chevaux
.ogés dans cette écurie ont été brûlés.
En peu d 'instants, le feu avait gagné le chan-
ger lui-même, ainsi que les ateliers et y for-
m liait une sorte de cratère dont les projectiles
ii ont pas tardé à propager l'incendie dans tou-
tes les maisons environnantes.
Au bout d'une heure à peine toute l'île était
devenue la proie de l'élément destructeur. Le
mobilier de plus de trente ménages était con-
mimé.
Les hommes, à peine vêtus, sans chaussure,
es femmes en jupe et en camisole, les cheveux
epars, serrant contre elles leurs enfants en che-
mise et effarés de terreur, présentaient, à la clar-
uble. l'incendie, le tableau le plus lamen-
Les maisons ayant façade sur la rue de Créqui,
et portant les non 41, 43 et 45, sont entièrement
détruites, ainsi que celles ayant façade sur la rue
B&rème. ■ ..
Les gardiens de la paix* la gendarmerie, la
trouve de ligne ont prêté aux pompiers un con-
cours actif et dévoué.
Au plus fort de la désolation dont le sinistre
qui des vient d'être raconté accablait la population
es Brotteaux, un affreux assassinat, accompli
en pleine rue, à deux pas du théâtre de l'incen-
die, portait l'émotion publique au comble de
l'horreur.
Vers quatre et demie du matin, un détache-
ment de soldats, accourant pour porter secours
aux incendiés, entendait des cris redoublés : A
l'assassin ! retentir sur le cours Lafayette et
voyait un homme s'enfuir en brandissant un
couteau ensanglanté.
Immédiatement, le sous-officier cômmandant
cette escouade disposait ses soldats pour barrer
le passage à cet homme, qui cherchait manifes-
tement à se soustraire à la poursuite de plu-
sieurs personnes courant après lui.
Se voyant, dans l'impossibilté d'échapper, cet
individu s'adossa contre un mur, à l'angle de la
rue Boileau et du cours Lafayette, et se frappa
la poitrine de son couteau.
Quand on mit la main sur lui, il venait de s'en-
foncer pour la dixième fois la lame du couteau
dans la région du sein gauche, et, s'étant percé
le coeur par cette dernière blessure, il expirait
sans proférer une parole, le visage contracté par
d'affreuses convulsions. ;
A une centaine de mèires de là, un autre
groupe relevait et transportait chez M. Barraja,
pharmacien, cours Lafayette, 15, une femme
que cet homme venait de frapper dans le dos de
deux coups de l'arme dont, le moment d'après,
il devait s,e faire justice.
i A:peine assise dans l'officine de M. Barraja, cette
infortunée, que l'on a reconnue pour être la
femme de l'assassin, qui se nomme Tlssot, suc-
combait.
Enfin, et pour compléter cette scène d'hor-
reur, une petite fille de neuf à dix ans, leur en-
fant" qui accompagnait la malheureuse femme
assassinée, et qui s'était enfuie en . voyant le
couteau de l'assassin se lever sur elle après
avoir frappé sa mère, se débattait, avec des cris
lamentables, aux mains des passants qui vou-
laient l'empêcher d'assister à son dernier soupir.
.Les deux cadavres ont été transportés. à la
Morgue, d'où la famille de la malheureuse
femme Tissot a fait aussitôt retirer son corps. i
Celui de l'assassin y est encore exposé.
Tissot avait quarante et un ans, et sa victime
trente-six.
Ce Tissot, paresseux et mauvais sujet, est le
nême qui, il y a deux ans à peine, se tirait un
;oup de pistolet à la tété et qui, ayant manqué
ion coup, était allé se jeter dans le Rhône, d'où
)n le retira, malheureusement pour sa femme.
DÉPARTEMENTS
SAINT-ETIENNE. — Dimanche soir, rapporte le
I Mémorial de la Loire, le nommé Bordas, âgé de
35 ans, manœuvre, demeurant rue du Bourg-
neuf, 11, rentrait chez lui en état d'ivresse.
Que s'est-il passé entre lui et sa femme jus-
qu'à trois heures du matin? C'est ce que la jus-
tice dévoilera sans doute. Le fait est qu'à cette
heure, Bordas ouvre la fenêtre et jette dans la
cour une grande malle contenant à peu près
toutes les nippes du ménage; puis, se retournant
,vers sa femme qui était couchée, il se précipite
sur elle, lui étreint le cou des deux mains, jus-
qu'à complet évanouissement. Il saisit alors un
marteau et en assène sur la tête de sa femme
des coups des plus vigoureux. j
La douleur fait revenir à elle la malheureuse.
EUe se lève toute sanglante, et le danger dou- '
blant ses forces, elle se dégage de l'étreinte de !
son mari, se dirige vers une porte fermée qui !
donne sur une espèce de balcon, l'enfonce d'un i
coup de pied, et se précipite, sans hésiter, dans i
l'espace.
Elle tombe d'une hauteur de trois ou quatre j
mètres, sans se faire heureusement aucune bles-
sure grave. !
Les voisins accourent, on lui porte secours. *A
Le mari, pendant, ce temps, se couche, tran-.
quillement et la police, qui a été immédiate-
ment avertie, le trouve encore dans le lit ensan-
glanté.. ,,,, .„ ; ...
Le docteur Riembault, appelé., ea1 touteJiàte, a
donné les premiers soins à la victime dont on
espère sauver les jours.
Quant au meurtrier, il a tout avoué, décla-
rant, avec un cynisme révoltant, que si sa
femme n est pas morte, ce n'est pas sa faute,
car il avait l'intention de la tuer et de se tuer
après.
LA GRÈVE DES MÉNAGÈRES
Le nord. de'l'Angleterre est menacé d'une
grève d 'un nouveau genre. Mardi dernier, dit le
Journal de Newcastle,un attroupement de plus de
500 femmes se forma dans la cour de l'usine à
charbon de Seaton pour protester contre le prix
exagéré de la viande, des pommes de terre et du
lait. ' .
La réunion était convoquée pour dix heures,et
à ce moment déjà plus de trois cents ménagères
avaient répondu à l'appel. Une demi-heure après,
la foule était beaucoup plus nombreuse; des
femmes accoururent de tous les points de l'hori-
zon, bannière en tête, portant des pincettes, des
pelles, des casseroles qu'elles entre-choqu aient
avec un bruit infernal, ZÀ
Sur ces entrefaites, le sonneur dCTusine étant
arrivé et ayant annoncé qu'il avait convoqué le
mondée de tous côtés, la séance fut ouverte.
Mrs May Hetherington fut nommée présidente à
l'unanimité, et de son siège, au-dessus duquel
flottait., une large bannière, elle prononça la pe-
tite allocution qui suiU: - ..
« Nous nous sommes réunies ce matin pour
prendre en considération le prix trop élevé de la
viande de boucherie, des pommes de terre et de
lait.Nous payons ces denrées beaucoup trop cher.
Je propc ue nous nous mettions en grève pour
obtenir , un abaissement de prix : nous ne de-
vrions pas payer plus de 7 4eniers et demi (75 c.)
poux les morceaux de bœuf et de mouton, et de
6 dpr,,iiiers, (60 c.) pour lesamorceaux inférieurs,
1 penny (10 c.) pour une pinte de lait (un peu
plus d'un demi-litre, exactement 56 centilitres).
Quant aux pommes de terre, nous n'en voulons
pas de vieilles. Je propose donc que nous ces-
sions d'acheter viande, pommes de terre et lait
jusqu'à ce que les marchands acceptent nos con-
ditions. » ■ V : - -
_ Cette motion a été accueillie par des applau-
dissements unanimes, et avec un grand clique-
tis de pincettes et autres engins de foyer ou de
cujtine. La présidente a alors proposé que toute
femme qui manquerait à l'engagement serait
brûlée en effigie. Cette résolution a 'été aussi
adoptée.
Un vote de remerciements pour, Mrs May '
Hetherington a terminé le meeting, autour du-
quel on voyait circuler des groupes d'hommes
évidemment inquiets du sort de leur déjeuner '
qu'on avait oublié de faire w:re. 1
A Murtoc, un mouvement semblable s'est pro-
duit. 1
Si cet; dames, ajoute le journal anglais, veu-
lent bien surmonter le préjugé qu'elles ont con-
tre les viandes conservées d'Australie, elles
pourront tenir MM. les bouchers en échec et
mener à bonne fin leur insurrection.
BRULÉ VIF
On écrit d'Athènes, 8 juin, à l'Abendpost, de
Vienne :
Une terrible catastrophe s'est produite à bord
du yacht royal Ampityti,ite.
Ce vapeur, construit en Angleterre pendant
la guerre américaine pour les Etats du Sud,
avait rendu, lors de l'insurrection crétoise, de
grands services, et le roi de Grèce l'avait acheté
pour ses voyages d'agrément, à cause -de sa
grande vitesse.
La nécessité de réparations urgentes ayant été
reconnue, Y Ampltytritc fut envoyée dans ce but
-1 à Trieste. Quelques officiers de la maison royal?
résolurent de profiter de cetbe occasion pouo
i aire une partie de plaisir ; parmi eux se trou-
vait l'aide de camp du roi, M. William Funk,
av,ec sa famille.. } ■ .
t^Amphytrite était arrivée mercredi soir devant :
la coi e méridionale .-du Péloponèse quand les da-
mes qui se trouvaient à bord, effrayées du temps
orageax, prièrent le capitaine de jeter l'ancre.
Celui-ci obtempéra à ce désir et les feux furent
éteints. Mais avec une certaine négligence, car
quelques pièces d'un feu d'artifice déposé dans
la soute aux poudres s'enflammèrent subitement.*
Quoiqu il n y eût pas d'explosion, l'Incendie fit
des progrès rapides, et vers minuit le plancher
de la cabine habitée par M. Funk ef qui se
trouvait j ustement au-dessus desfpoudres.prit feu."
e malheureux, déshabillé et couché dans son
lit, voulut se sauver par la fenêtre de sa cabine,
mais le plancher, déjà consumé, s'effondra sous
ses pieds et il tomba dans le brasier. En peu
d instants ses deux jambes et d'autres parties de
son corps furent complétement carbonisées. Un
matelot descendit vers lui à l'aide d'une toile
roulée et le retira du foyer incandescent: it
était trop tard, M. Funk expira bientôt au milieu'
d horribles souffrances. On se rendit, entra
temps maître de l'incendie; les quelques brû-
lures reçues par d'autres passagers se trouvè-
rent être sans gravité. '
Le yacht royal rentra , au Pirée avec les dé-*
pouilles mortelles de l'infortuné aide-de-camp. .
ÉTRANGER
ANGLETERRE. Les journaux anglais nous ap-
portent des détails sur les violents orages qui ont
sévi, le 18, dans toute l'Angleterre, et qui ont
.causé plusieurs décès. A Nottingham un officier,
pensionne, s abritant sous un arbre, ak été tua »■
par la foudre. Une flotille de bateaux pêcheurs
écossais sortait de la, Tyne sur la côte de Nor-
thumberland. La foudre, frappant le mât de l'un
des bateaux, a tué un matelot, et grièvement
blesse deux autres dont l'un est mourant. Près,
Bradfort un homme a" été tué, ainsi que le fils ,
d'un riche fermier 4 Mowthorpe. i
, L'ouragan le plus épouvantable 'a sévi à Li.,
verpool ; dans la rivière, la. foudre a atteint deux
vaisseaux; l'un d'eux, le Memphis,: avait une ,
cargaison ds 60 ballots de coton, qui' ont été in- , !
cendiés à la minute.. ■.%
A Halifax, un homme a été iué. .
A Londres, la chaleur a atteint un degré d'in-'
tensité qui n'a pas été égalé depuis plusieurs au.-'@
nées, mais il n'y a pas eu d'orage. |j.
CHINE.Canton vient d'être le théâtre d'un ,
affreux sinistre. Plusieurs milliers de personnes; '
assistaient à une représentation de nuit dans l'un,'
des principaux théâtres de la vill'e, lorsqu'un pa- ;
guet de sycees en papier ayant pris feu parl'im-),
prudence d'un des acteurs, le communiqua à des
bambous voisins; en un instant le théâtre fut en
gammes; la confusion la plus horrible s'ensuivit,
chacun se précipitant pour sortir au plus vite. >i
Le nombre des victimes a été considérable.^
On n évalue pas à moins de 600 le nombre des
personnes ayant péi,i, soit étouffées, soit brulées.
..4',: [Nouvelliste de Shanghai du 4 mai 1872$5
AFFAIRE CERFBEER
2e CONSEIL DE GUERRE
r .....
! ^ Le capitaine de mobiles Cerfbeer a comparu au*5 ■
jourd'hui devant le 2e conseil de guerre. A raison d'af
grade de l'accusé, le conseil est composé d'un colo-5 :
nel, un lieutenant-colonel, trois commandants, deux
capitaines. ~.
Cerfbeer n'est pas un jeune homme. Il est dans la '
force de l'âge : dessus de la tête chauve, profil juif,1,
moustache et mouche. -i
Cerfbeer ne nie pas le fait de désertion qui lui est:,
reproché; il se contente de l'expliquer. : f '
Cette explication est au moins étrange. Nous al-'
Ions le voir dans la lettre par laquelle il donne s*,
démission. -
N° 70 — Feuilleton de la PETITE PRESSE
Le Chiffonnier Philosophe
DEUXIÈME PARTIE
XX (Suite.)
Préliminaires du bonheur.
millionnaire secondes. gratta l'oreille, mais au plus
deux Je concilierai tout, reprit-il. Votre corps
dehors d'état nommera un député sur dix membres en
ors der vos invitations personnelles et des
miennes. L du assistera à la solennité et dai-
gnera accepter, de la mariée, un don suffisant
demain4 grassement ses commettants le len-
ôtes un,. gaillard d'imagination, ma
parole d 'honneur, dit le vieillard.
~ est qu'il a réponse à tout, risqua l'en-
thousiaste Mme Paphos.
— Mais, en revanche, si vous vous ruinez ja-
mais, poursuvit le chiffonnier en plaisantant, je
n aurai pas beaucoup à intriguer pour vous faire
acclamer syndic à vie de la hotte.
fltivau^ra.1î~il pas mieux, monsieur Geor-
ges, fit alors timidement Elise, distribuer l'argent,
que vous dépenseriez dans une pareille fète, aux
V ■ r ie numéro d'iiier,
• , - ' -,
| plus malheureux de la profession de mon père?...
et ne pas entourer notre union de cette pompe
retentissante qui, je vous l'avoue, m'effraie pres-
que d'avance ?
~ Sans compter, ajouta le Philosophe, que la
drôle de noce dont vous avez le projet prêtera
fort à se moquer de vous dans Paris.
Moi, reculer devant cette * stupidité fran-
çaise qu'on nomme le ridicule, s'écria l'Améri-
cain, jamais ! Mon mariage est certes la récom-
pense de ma plus intime et de ma plus ten-
dre affection \ mais il est aussi une protestation
éclatante contre l'une de vos anomalies les plus
criantes. Ilfautdonclemontreraugrandjour, et at-
tirer sur lui tous les regards; il le faut, à l'hon-
5/Uuzm®me celle que j'ai Choisie, parmi les
déshérités de votre société... Et puis, on ne se
refait pas : je suis excentrique de race, de goût
et de caractère j mademoiselle ne voudrait pas
m 'en infliger un blâme tacite ?... ee que serait
pour moi son refus de se prêter à célébrer di-
gnement, selon mon désir, notre entrée dans la
vie conjugale ?
_ La pensionnaire du Gros-Caillou s'inclina en
signe d 'adhésion, mais en dissimulant un reste
de contrariété.
— Allons, conclut gaiement le Transatlanti-
que, les affligés du chiffon n'y perdront rien,
car je réaliserai l'idée charitable de ma fiancée
a leur égard.
Là-dessus, Willcomb installa ses trois hôtes
dans leur passager domicile, leur laissa Cincin-
natus comme majordome et se retira pour re- j
gagner le grand hôtel du Louvre, où il était
descendu provisoirement, en attendant qu'il eût
acquis une demeure digne d'un millionnaire
marié.
I* te teadetwaio, il s' OCCu.pà avec une açti- 1
.vite dévorante d'arriver, le plus vite possible, à
réaliser cette position.
Il avait fait subir à son amour primesautier
l'épreuve d'une longue séparation et l'en avait
retiré plus ardent et plus fort. Par conséquent,
aucune hésitation ne lui restait pour bâter « le
couronnement de son édifice d'existence, » —
comme il disait, avec la poésie architecturale
qui convient au citoyen des Etats-Unis, linéaire
même dans ses passions. »
De son côté, Elise avait aussi heureusement
été éprouvée par l'absence du bien-aimé. Dans
l'éloignement il avait pris pour elle des propor-
tions de demi-dieu, que le retour impatiemment
attendu transforma en dimensions de divinité
complète.
Sur les cœurs profondément épris, ce qui dis-
sout les affections banales agit au contraire
comme le feu sur la fonte, dont la nature cas-
sante prend ainsi la trempe tenace du fer.
Gèorges et Mlle Bernard ne tardèrent pas à !
ressentir les résultats de ce phénomène moral.
Toute contrainte cessa rapidement entre eux.
Leur douce intimité s'établit comme s'ils eus-
sent passé, l'un près de l'autre, le temps si long
à s'écouler de leur double et triomphante ex-
périence. Aussi la jeune fille se montra bientôt,
devant Cambronne et sa vieille amie presque i
aussi impatiente que son futur mari d'arrriver |
au « couronnement » précité. t . j
— Qu'elle avait bien le droit, au seurplus,
marmottait Mme Paphos, d'aspirer à se couron- I
ner d'oranger! i
Devant les dispositions réciproques des deux
promis, on comprend que les.fopmalités prépa-
ratoires de l'hyménée furent littéralement em-
portées d'assaut : publications, bans, fiançailles
signature du contrat par devant maître Adolphe
Péchiné, ex-adorateur de la belle Irma, et où le
millionnaire établissait la communauté des biens,
défilèrent avec une rapidité fantasmagorique.
A peine un mois après son arrivée à Paris, Le,
mariage « stupéfiant » du Transatlantique étit'W',
annoncé par le bruit public « pour le premier
jour. » -
Willcomb avait réellement accompli alors tous
les apprêts de l'originale et coûteuse ,cérémonie;.
grâce à l'entremise du Philosophe, il s'était as...
sure qu'il aurait une délégation de six centg da-^L
mes de la hotte et seigneurs du crochet à sa bé - '
nédiction nuptiale, puis au dîner d'apparat et au '.
grand bal qui la suivraient. , , ,
Son combat philosophique allait donc corn-
mencer : paraître s'encanailler, selon les vulgai- ;
res préjugés, par son alliance avec une enfant
de la vile multitude, — et contraindre ensuite les
plus orgueilleux de leur naissance,, les plus en- \
tichés de leur élevation sociale, à traiter eaj
égale sa femme, lavée de la tache originelle danaL»
un irrésistible bain d'or.
La suite à demain. ,
JULES CAUVAIN.
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commettait pas plus de deux ou trois vols par
an ; seulement, il ne faisait jamais que des af-
faires pouvant lui r&pporter 20,000 francs au
moins de bénéfice.
— J'ai la conscience d'avoir été honnête
homme tout le reste du temps, a-t-il dit avec
conviction au commissaire de police.
C'est sur la plainte d'un bijoutier du Palais-
Royal que ce noble Castillan a été arrêté.
LES CANONS DE VINCENNES; — L'autorité mili-
taire vient de faire arrêter un nommé D..., soup-
çonné de complicité dans l'affaire du vol des ca-
nons de Vincennes. ' ■■■.*
Cet individu, qui est fondeur en eu ivre, au-
rait prêté, ses creusets pour opérer la fonte des
débris de canons, qu'un autre complice, le
nommé P..., qui est forgeron, aurait brisé sur
son enclume. -
Malgré ses dénégations, D..., qui n'a pu four-
nir que des explications peu vraisemblables, a été
mis à la disposiiion du 18e conseil de guerre,
chargé de suivre cette affaire.
Quant à P..., dont la culpabilité paraît moins
établie, il a été provisoirement laissé en liberté.
UNE FARCE DE CHIFFONNIER. — Plusieurs chiffon-
niers s'étaient rendus hier, vers trois heures de
l'après-midi, à l'établissement de bains froids de
l'île des Cygnes. On comprend que leur profes-
sion leur rend plus qu'à tous autres les ablutions
nécessaires, mais ils ne se bornèrent pas aux
exercices de la coupe et de la brasse, et ils se li-
vrèrent à des amusements usités dans le corps
de la chiffonnerie parisienne.
Quatre d'entre eux saisirent tout à coup.le
nommé Honoré Lebrun, âgé de vingt-sept ans,
leur camarade, et le lancèrent au milieu du
' bassin.
Les garçons de bain, ayant vu disparaître ce
jeune homme, se mirent à sa recherche ; mais
quand ils eurent réussi à.le retirer, ils constatè-
rent qu'il avait cessé de vivre.
A la suite de l'enquête, l'un des chiffonniers,
nommé Michel A..., qui a paru le plus coupable
en cette affaire, a été mis en état d'arrestation.
— M. Barthélemy Saint-Hilaire vient de recevoir les
insignes de commandeur de l'ordre de la Hose. C'est
un souvenir que lui envoie l'empereur du Brésil.
— Le prince . Alfred d'Angleterre est attendu à
Paris samedi prochain.
Il descendra à l'hôtel de Bristol.
UNE NUIT D'HORREUR.
On lit dans un journal de Lyon :
Un épouvantable incendie a éclaté cette nuit
\ ers deux heures, dans le pâté de maisons com-
pris entre les rues de Créqui, Montbernard, Du-
guesclin et Barème, aux Brotteaux, à Lyop.
Ce groupe de maisons, qui n'offrait plus aux
regards, hier matin, qu'un amas de décombres
calcinés, se composait en grande partie de bâti-
ments en briques et pans de bois à un ou deux
''tages, donnant asile à de nombreux ménages
d'ouvriers, et de trois maisons plus importantes
et mieux bâties.
C 'est, paraît-il, dans l'écurie dépendant du
obantier de MM. Bague et Chavet, tourneurs en
j.jis, situés au centre du massif en question, que
1 incendie a pris naissance. Les deux chevaux
.ogés dans cette écurie ont été brûlés.
En peu d 'instants, le feu avait gagné le chan-
ger lui-même, ainsi que les ateliers et y for-
m liait une sorte de cratère dont les projectiles
ii ont pas tardé à propager l'incendie dans tou-
tes les maisons environnantes.
Au bout d'une heure à peine toute l'île était
devenue la proie de l'élément destructeur. Le
mobilier de plus de trente ménages était con-
mimé.
Les hommes, à peine vêtus, sans chaussure,
es femmes en jupe et en camisole, les cheveux
epars, serrant contre elles leurs enfants en che-
mise et effarés de terreur, présentaient, à la clar-
uble. l'incendie, le tableau le plus lamen-
Les maisons ayant façade sur la rue de Créqui,
et portant les non 41, 43 et 45, sont entièrement
détruites, ainsi que celles ayant façade sur la rue
B&rème. ■ ..
Les gardiens de la paix* la gendarmerie, la
trouve de ligne ont prêté aux pompiers un con-
cours actif et dévoué.
Au plus fort de la désolation dont le sinistre
qui des vient d'être raconté accablait la population
es Brotteaux, un affreux assassinat, accompli
en pleine rue, à deux pas du théâtre de l'incen-
die, portait l'émotion publique au comble de
l'horreur.
Vers quatre et demie du matin, un détache-
ment de soldats, accourant pour porter secours
aux incendiés, entendait des cris redoublés : A
l'assassin ! retentir sur le cours Lafayette et
voyait un homme s'enfuir en brandissant un
couteau ensanglanté.
Immédiatement, le sous-officier cômmandant
cette escouade disposait ses soldats pour barrer
le passage à cet homme, qui cherchait manifes-
tement à se soustraire à la poursuite de plu-
sieurs personnes courant après lui.
Se voyant, dans l'impossibilté d'échapper, cet
individu s'adossa contre un mur, à l'angle de la
rue Boileau et du cours Lafayette, et se frappa
la poitrine de son couteau.
Quand on mit la main sur lui, il venait de s'en-
foncer pour la dixième fois la lame du couteau
dans la région du sein gauche, et, s'étant percé
le coeur par cette dernière blessure, il expirait
sans proférer une parole, le visage contracté par
d'affreuses convulsions. ;
A une centaine de mèires de là, un autre
groupe relevait et transportait chez M. Barraja,
pharmacien, cours Lafayette, 15, une femme
que cet homme venait de frapper dans le dos de
deux coups de l'arme dont, le moment d'après,
il devait s,e faire justice.
i A:peine assise dans l'officine de M. Barraja, cette
infortunée, que l'on a reconnue pour être la
femme de l'assassin, qui se nomme Tlssot, suc-
combait.
Enfin, et pour compléter cette scène d'hor-
reur, une petite fille de neuf à dix ans, leur en-
fant" qui accompagnait la malheureuse femme
assassinée, et qui s'était enfuie en . voyant le
couteau de l'assassin se lever sur elle après
avoir frappé sa mère, se débattait, avec des cris
lamentables, aux mains des passants qui vou-
laient l'empêcher d'assister à son dernier soupir.
.Les deux cadavres ont été transportés. à la
Morgue, d'où la famille de la malheureuse
femme Tissot a fait aussitôt retirer son corps. i
Celui de l'assassin y est encore exposé.
Tissot avait quarante et un ans, et sa victime
trente-six.
Ce Tissot, paresseux et mauvais sujet, est le
nême qui, il y a deux ans à peine, se tirait un
;oup de pistolet à la tété et qui, ayant manqué
ion coup, était allé se jeter dans le Rhône, d'où
)n le retira, malheureusement pour sa femme.
DÉPARTEMENTS
SAINT-ETIENNE. — Dimanche soir, rapporte le
I Mémorial de la Loire, le nommé Bordas, âgé de
35 ans, manœuvre, demeurant rue du Bourg-
neuf, 11, rentrait chez lui en état d'ivresse.
Que s'est-il passé entre lui et sa femme jus-
qu'à trois heures du matin? C'est ce que la jus-
tice dévoilera sans doute. Le fait est qu'à cette
heure, Bordas ouvre la fenêtre et jette dans la
cour une grande malle contenant à peu près
toutes les nippes du ménage; puis, se retournant
,vers sa femme qui était couchée, il se précipite
sur elle, lui étreint le cou des deux mains, jus-
qu'à complet évanouissement. Il saisit alors un
marteau et en assène sur la tête de sa femme
des coups des plus vigoureux. j
La douleur fait revenir à elle la malheureuse.
EUe se lève toute sanglante, et le danger dou- '
blant ses forces, elle se dégage de l'étreinte de !
son mari, se dirige vers une porte fermée qui !
donne sur une espèce de balcon, l'enfonce d'un i
coup de pied, et se précipite, sans hésiter, dans i
l'espace.
Elle tombe d'une hauteur de trois ou quatre j
mètres, sans se faire heureusement aucune bles-
sure grave. !
Les voisins accourent, on lui porte secours. *A
Le mari, pendant, ce temps, se couche, tran-.
quillement et la police, qui a été immédiate-
ment avertie, le trouve encore dans le lit ensan-
glanté.. ,,,, .„ ; ...
Le docteur Riembault, appelé., ea1 touteJiàte, a
donné les premiers soins à la victime dont on
espère sauver les jours.
Quant au meurtrier, il a tout avoué, décla-
rant, avec un cynisme révoltant, que si sa
femme n est pas morte, ce n'est pas sa faute,
car il avait l'intention de la tuer et de se tuer
après.
LA GRÈVE DES MÉNAGÈRES
Le nord. de'l'Angleterre est menacé d'une
grève d 'un nouveau genre. Mardi dernier, dit le
Journal de Newcastle,un attroupement de plus de
500 femmes se forma dans la cour de l'usine à
charbon de Seaton pour protester contre le prix
exagéré de la viande, des pommes de terre et du
lait. ' .
La réunion était convoquée pour dix heures,et
à ce moment déjà plus de trois cents ménagères
avaient répondu à l'appel. Une demi-heure après,
la foule était beaucoup plus nombreuse; des
femmes accoururent de tous les points de l'hori-
zon, bannière en tête, portant des pincettes, des
pelles, des casseroles qu'elles entre-choqu aient
avec un bruit infernal, ZÀ
Sur ces entrefaites, le sonneur dCTusine étant
arrivé et ayant annoncé qu'il avait convoqué le
mondée de tous côtés, la séance fut ouverte.
Mrs May Hetherington fut nommée présidente à
l'unanimité, et de son siège, au-dessus duquel
flottait., une large bannière, elle prononça la pe-
tite allocution qui suiU: - ..
« Nous nous sommes réunies ce matin pour
prendre en considération le prix trop élevé de la
viande de boucherie, des pommes de terre et de
lait.Nous payons ces denrées beaucoup trop cher.
Je propc ue nous nous mettions en grève pour
obtenir , un abaissement de prix : nous ne de-
vrions pas payer plus de 7 4eniers et demi (75 c.)
poux les morceaux de bœuf et de mouton, et de
6 dpr,,iiiers, (60 c.) pour lesamorceaux inférieurs,
1 penny (10 c.) pour une pinte de lait (un peu
plus d'un demi-litre, exactement 56 centilitres).
Quant aux pommes de terre, nous n'en voulons
pas de vieilles. Je propose donc que nous ces-
sions d'acheter viande, pommes de terre et lait
jusqu'à ce que les marchands acceptent nos con-
ditions. » ■ V : - -
_ Cette motion a été accueillie par des applau-
dissements unanimes, et avec un grand clique-
tis de pincettes et autres engins de foyer ou de
cujtine. La présidente a alors proposé que toute
femme qui manquerait à l'engagement serait
brûlée en effigie. Cette résolution a 'été aussi
adoptée.
Un vote de remerciements pour, Mrs May '
Hetherington a terminé le meeting, autour du-
quel on voyait circuler des groupes d'hommes
évidemment inquiets du sort de leur déjeuner '
qu'on avait oublié de faire w:re. 1
A Murtoc, un mouvement semblable s'est pro-
duit. 1
Si cet; dames, ajoute le journal anglais, veu-
lent bien surmonter le préjugé qu'elles ont con-
tre les viandes conservées d'Australie, elles
pourront tenir MM. les bouchers en échec et
mener à bonne fin leur insurrection.
BRULÉ VIF
On écrit d'Athènes, 8 juin, à l'Abendpost, de
Vienne :
Une terrible catastrophe s'est produite à bord
du yacht royal Ampityti,ite.
Ce vapeur, construit en Angleterre pendant
la guerre américaine pour les Etats du Sud,
avait rendu, lors de l'insurrection crétoise, de
grands services, et le roi de Grèce l'avait acheté
pour ses voyages d'agrément, à cause -de sa
grande vitesse.
La nécessité de réparations urgentes ayant été
reconnue, Y Ampltytritc fut envoyée dans ce but
-1 à Trieste. Quelques officiers de la maison royal?
résolurent de profiter de cetbe occasion pouo
i aire une partie de plaisir ; parmi eux se trou-
vait l'aide de camp du roi, M. William Funk,
av,ec sa famille.. } ■ .
t^Amphytrite était arrivée mercredi soir devant :
la coi e méridionale .-du Péloponèse quand les da-
mes qui se trouvaient à bord, effrayées du temps
orageax, prièrent le capitaine de jeter l'ancre.
Celui-ci obtempéra à ce désir et les feux furent
éteints. Mais avec une certaine négligence, car
quelques pièces d'un feu d'artifice déposé dans
la soute aux poudres s'enflammèrent subitement.*
Quoiqu il n y eût pas d'explosion, l'Incendie fit
des progrès rapides, et vers minuit le plancher
de la cabine habitée par M. Funk ef qui se
trouvait j ustement au-dessus desfpoudres.prit feu."
e malheureux, déshabillé et couché dans son
lit, voulut se sauver par la fenêtre de sa cabine,
mais le plancher, déjà consumé, s'effondra sous
ses pieds et il tomba dans le brasier. En peu
d instants ses deux jambes et d'autres parties de
son corps furent complétement carbonisées. Un
matelot descendit vers lui à l'aide d'une toile
roulée et le retira du foyer incandescent: it
était trop tard, M. Funk expira bientôt au milieu'
d horribles souffrances. On se rendit, entra
temps maître de l'incendie; les quelques brû-
lures reçues par d'autres passagers se trouvè-
rent être sans gravité. '
Le yacht royal rentra , au Pirée avec les dé-*
pouilles mortelles de l'infortuné aide-de-camp. .
ÉTRANGER
ANGLETERRE. Les journaux anglais nous ap-
portent des détails sur les violents orages qui ont
sévi, le 18, dans toute l'Angleterre, et qui ont
.causé plusieurs décès. A Nottingham un officier,
pensionne, s abritant sous un arbre, ak été tua »■
par la foudre. Une flotille de bateaux pêcheurs
écossais sortait de la, Tyne sur la côte de Nor-
thumberland. La foudre, frappant le mât de l'un
des bateaux, a tué un matelot, et grièvement
blesse deux autres dont l'un est mourant. Près,
Bradfort un homme a" été tué, ainsi que le fils ,
d'un riche fermier 4 Mowthorpe. i
, L'ouragan le plus épouvantable 'a sévi à Li.,
verpool ; dans la rivière, la. foudre a atteint deux
vaisseaux; l'un d'eux, le Memphis,: avait une ,
cargaison ds 60 ballots de coton, qui' ont été in- , !
cendiés à la minute.. ■.%
A Halifax, un homme a été iué. .
A Londres, la chaleur a atteint un degré d'in-'
tensité qui n'a pas été égalé depuis plusieurs au.-'@
nées, mais il n'y a pas eu d'orage. |j.
CHINE.Canton vient d'être le théâtre d'un ,
affreux sinistre. Plusieurs milliers de personnes; '
assistaient à une représentation de nuit dans l'un,'
des principaux théâtres de la vill'e, lorsqu'un pa- ;
guet de sycees en papier ayant pris feu parl'im-),
prudence d'un des acteurs, le communiqua à des
bambous voisins; en un instant le théâtre fut en
gammes; la confusion la plus horrible s'ensuivit,
chacun se précipitant pour sortir au plus vite. >i
Le nombre des victimes a été considérable.^
On n évalue pas à moins de 600 le nombre des
personnes ayant péi,i, soit étouffées, soit brulées.
..4',: [Nouvelliste de Shanghai du 4 mai 1872$5
AFFAIRE CERFBEER
2e CONSEIL DE GUERRE
r .....
! ^ Le capitaine de mobiles Cerfbeer a comparu au*5 ■
jourd'hui devant le 2e conseil de guerre. A raison d'af
grade de l'accusé, le conseil est composé d'un colo-5 :
nel, un lieutenant-colonel, trois commandants, deux
capitaines. ~.
Cerfbeer n'est pas un jeune homme. Il est dans la '
force de l'âge : dessus de la tête chauve, profil juif,1,
moustache et mouche. -i
Cerfbeer ne nie pas le fait de désertion qui lui est:,
reproché; il se contente de l'expliquer. : f '
Cette explication est au moins étrange. Nous al-'
Ions le voir dans la lettre par laquelle il donne s*,
démission. -
N° 70 — Feuilleton de la PETITE PRESSE
Le Chiffonnier Philosophe
DEUXIÈME PARTIE
XX (Suite.)
Préliminaires du bonheur.
millionnaire secondes. gratta l'oreille, mais au plus
deux Je concilierai tout, reprit-il. Votre corps
dehors d'état nommera un député sur dix membres en
ors der vos invitations personnelles et des
miennes. L du assistera à la solennité et dai-
gnera accepter, de la mariée, un don suffisant
demain4 grassement ses commettants le len-
ôtes un,. gaillard d'imagination, ma
parole d 'honneur, dit le vieillard.
~ est qu'il a réponse à tout, risqua l'en-
thousiaste Mme Paphos.
— Mais, en revanche, si vous vous ruinez ja-
mais, poursuvit le chiffonnier en plaisantant, je
n aurai pas beaucoup à intriguer pour vous faire
acclamer syndic à vie de la hotte.
fltivau^ra.1î~il pas mieux, monsieur Geor-
ges, fit alors timidement Elise, distribuer l'argent,
que vous dépenseriez dans une pareille fète, aux
V ■ r ie numéro d'iiier,
• , - ' -,
| plus malheureux de la profession de mon père?...
et ne pas entourer notre union de cette pompe
retentissante qui, je vous l'avoue, m'effraie pres-
que d'avance ?
~ Sans compter, ajouta le Philosophe, que la
drôle de noce dont vous avez le projet prêtera
fort à se moquer de vous dans Paris.
Moi, reculer devant cette * stupidité fran-
çaise qu'on nomme le ridicule, s'écria l'Améri-
cain, jamais ! Mon mariage est certes la récom-
pense de ma plus intime et de ma plus ten-
dre affection \ mais il est aussi une protestation
éclatante contre l'une de vos anomalies les plus
criantes. Ilfautdonclemontreraugrandjour, et at-
tirer sur lui tous les regards; il le faut, à l'hon-
5/Uuzm®me celle que j'ai Choisie, parmi les
déshérités de votre société... Et puis, on ne se
refait pas : je suis excentrique de race, de goût
et de caractère j mademoiselle ne voudrait pas
m 'en infliger un blâme tacite ?... ee que serait
pour moi son refus de se prêter à célébrer di-
gnement, selon mon désir, notre entrée dans la
vie conjugale ?
_ La pensionnaire du Gros-Caillou s'inclina en
signe d 'adhésion, mais en dissimulant un reste
de contrariété.
— Allons, conclut gaiement le Transatlanti-
que, les affligés du chiffon n'y perdront rien,
car je réaliserai l'idée charitable de ma fiancée
a leur égard.
Là-dessus, Willcomb installa ses trois hôtes
dans leur passager domicile, leur laissa Cincin-
natus comme majordome et se retira pour re- j
gagner le grand hôtel du Louvre, où il était
descendu provisoirement, en attendant qu'il eût
acquis une demeure digne d'un millionnaire
marié.
I* te teadetwaio, il s' OCCu.pà avec une açti- 1
.vite dévorante d'arriver, le plus vite possible, à
réaliser cette position.
Il avait fait subir à son amour primesautier
l'épreuve d'une longue séparation et l'en avait
retiré plus ardent et plus fort. Par conséquent,
aucune hésitation ne lui restait pour bâter « le
couronnement de son édifice d'existence, » —
comme il disait, avec la poésie architecturale
qui convient au citoyen des Etats-Unis, linéaire
même dans ses passions. »
De son côté, Elise avait aussi heureusement
été éprouvée par l'absence du bien-aimé. Dans
l'éloignement il avait pris pour elle des propor-
tions de demi-dieu, que le retour impatiemment
attendu transforma en dimensions de divinité
complète.
Sur les cœurs profondément épris, ce qui dis-
sout les affections banales agit au contraire
comme le feu sur la fonte, dont la nature cas-
sante prend ainsi la trempe tenace du fer.
Gèorges et Mlle Bernard ne tardèrent pas à !
ressentir les résultats de ce phénomène moral.
Toute contrainte cessa rapidement entre eux.
Leur douce intimité s'établit comme s'ils eus-
sent passé, l'un près de l'autre, le temps si long
à s'écouler de leur double et triomphante ex-
périence. Aussi la jeune fille se montra bientôt,
devant Cambronne et sa vieille amie presque i
aussi impatiente que son futur mari d'arrriver |
au « couronnement » précité. t . j
— Qu'elle avait bien le droit, au seurplus,
marmottait Mme Paphos, d'aspirer à se couron- I
ner d'oranger! i
Devant les dispositions réciproques des deux
promis, on comprend que les.fopmalités prépa-
ratoires de l'hyménée furent littéralement em-
portées d'assaut : publications, bans, fiançailles
signature du contrat par devant maître Adolphe
Péchiné, ex-adorateur de la belle Irma, et où le
millionnaire établissait la communauté des biens,
défilèrent avec une rapidité fantasmagorique.
A peine un mois après son arrivée à Paris, Le,
mariage « stupéfiant » du Transatlantique étit'W',
annoncé par le bruit public « pour le premier
jour. » -
Willcomb avait réellement accompli alors tous
les apprêts de l'originale et coûteuse ,cérémonie;.
grâce à l'entremise du Philosophe, il s'était as...
sure qu'il aurait une délégation de six centg da-^L
mes de la hotte et seigneurs du crochet à sa bé - '
nédiction nuptiale, puis au dîner d'apparat et au '.
grand bal qui la suivraient. , , ,
Son combat philosophique allait donc corn-
mencer : paraître s'encanailler, selon les vulgai- ;
res préjugés, par son alliance avec une enfant
de la vile multitude, — et contraindre ensuite les
plus orgueilleux de leur naissance,, les plus en- \
tichés de leur élevation sociale, à traiter eaj
égale sa femme, lavée de la tache originelle danaL»
un irrésistible bain d'or.
La suite à demain. ,
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