Titre : La Petite presse : journal quotidien... / [rédacteur en chef : Balathier Bragelonne]
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1872-05-31
Contributeur : Balathier Bragelonne, Adolphe de (1811-1888). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32837965d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 31 mai 1872 31 mai 1872
Description : 1872/05/31 (A6,N2215). 1872/05/31 (A6,N2215).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k4715287x
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-190
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 23/10/2017
LA PETITE PRESSE
^5centle numéro JOURNAL QUOTIDIEN 5 cent. le numéro
r '
ABONNEMENTS—Treis mois Six mois Un an
: Paris 5 fr. 9 fr. 18 fr.
Départements.... 6 il 22 1,~
11 Administrateur : BOURDILLIAT
r ? talée.. » £4 VENDREDI 31 MAI 1872. — Sainte PETR0N2LLE.1' — N° 221 ».
\ 11>1~~ --, , - / . ~
RÉDACTION ET ADMINISTRATION
1 Õ, quai Voltaire
Succursale : 9. rue D-ronl"\+ « 1
PARIS, 30 MAI 1872
LA BANQUE DE FRANCE
DEUXIÈME ARTICLE
La monnaie fiduciaire, — autrement di
le billet de banque — ne peut exister qu':
condition de défier toute contrefaçon.
Son nom l'indique assez, puisqu'il signi
fie monnaie de confiance.
La Banque de France a si bien compris
l'obligation que lui impose son privilège,
qu'elle aime mieux rembourser un billet
faux que de se plaindre.
Seulement, elle prend ses précautions ef
il est vraiment curieux de connaître les ar-
mes qu'elle emploie pour se défendre.
Elle a d'abord la loi.
Sous le Code pénal de 1810, les faux mon-
nayeurs étaient punis de mort et c'était
justice, car ifs pullulaient, et l'homme qui
s'en prend à la fortune publique commet
assurément un crime voué à une répression
exceptionnelle.
La loi du 28 avril 1832 abaissa la peine
et il ne s'agit plus aujourd'hui que des tra-
vaux forcés à perpétuité, comme vous pou-
vez le lire sur les billets de banque eux-
mêmes.
Car le contrefacteur est obligé, s'il veut
reproduire fidèlement le modèle, de graver
de sa propre main le texte de ce terrible ar-
ticle 139 qui le condamnait autrefois à Té-
chafaud et qui l'envoie maintenant à Cayen-
ne ou à la Nouvelle-Calédonie.
Mais, si effrayante qu'elle soit, cette me-
nace est bien loin de suffire à prévenir les
tentatives, et la Banque met très-sagement
en pratique la maxime : « Aide-toi, le ciel
t'aidera. »
Elle ne veut point être prise au dépourvu,
et, de même qu'un général habile s'ingénie
à connaître à l'avance les ressources de l'en-
nemi, elle fait étudiej dans ses laboratoires
particuliers les procédés dont on pourrait
user contre elle.
Un. chimiste de premier ordre met à son
Service toute sa science et tout son temps.
-Il pourchasse les faussaires en scrutant
les moyens qu'ils emploient et neutralise
leurs efforts en introduisant dans la fabri-
cation des éléments nouveaux.
C'est un système préventif qui fonctionne
sans relâche et qui dispose des moyens de
défense -les plus puissants. -
Eh bien! il a beau être perfectionné, il
est parfois battu en brèche par. des crimi-
nels d'une audace et d'une adresse excep-p
tionnelles.
"vw
» __
JS"neparle pas ici des pauvres diabl
qui, dans leur mansarde, s'exténuent à f
briquer à la main ou avec des outils insi
usants de faux billets de banque. De 10
en loin, il arrive encore à l'hôtel de
rue de la Vrillière un de ces chefs-d'œuv
criminels pour la confection desquels i
malheureux a dépensé vingt fois plus 1
temps et de talent qu'il ne lui en aurè
fallu pour gagner la même somme.
Dans ces cas très-rares, la Banque ne !
tourmente guère et s'empresse de joind
un curieux spécimen de plus à sa collectic
de faux billets.
Mais, deux fois depuis sa création, elle
été sérieusement attaquée. '
La première tentative fut entourée c
circonstances romanesques et ne paraît pc
avoir été poussée à fond.
En 1832, pendant que les émeutes et 1
choléra causaient à Paris une profonde pei
turbation, un fait des plus étranges g
produisit.
Pandant la nuit on jetait par poignée
des billets de banque faux sur le carrea
des Halles, à la sortie des théâtres, parton
enfin où la population se trouvait momen
tanément agglomérée.
Cette bizarre plaisanterie cessa tout
coup, sans qu'il ait jamais été possible d'e
découvrir l'auteur; mais, vers la même épc
que, un paquet de douze faux billlets d
mille francs fut présenté rue de la Vrillière
au bureau du change.
• Une instruction fut commencée et ne pro
duisit à peu près rien.
On crut à une manœuvre politique di
gouvernement déchu, mais on n'en eut ja
mais la preuve, et le fait paraîtra fort m
vraisemblable à quiconque se souvient d(
.honnêteté qui est traditionnelle dans IF
liaison de France.
Peut-être raisonnait-on par analogie; car,
LU commencement de ce siècle/ le erniverne-
nent anglais et celui de Napoléon lCl' firent
îlus d'une fois assaut, d'un côté à l'autre de
a Manche, à coups de faux billets de banque
:t ces tristes errements ont été continués
)lus tard à l'encontre de la Russie par des
lolonais émigrés.
Toujours est-il que les faussaires de 1832
Le firent pas grand mal à la Banque.
Vingt ans plus tard, elle courut un tout
utre péril. ;
Vers 1853, des billets de cent francs faux
ommencèrent à arriver dans ses caisses et
invasion se continua lentement, mais avec
ne régularité désespérante.
Limitation n'était point absolument par-
Lite, cela va sans dire, puisqu'on la recon-
aissait, mais elle accusait une main très-
percée et tout le monde pouvait s'y tromper
lout le monde, excepté, pien entendu,
s employés de la Banque qui, avec leur
habileté ordinaire, avaient promptement
découvert un défaut.
Près de la tête du. Mercure qui sort d'or-
nement à la console supportant le cartouche
où se trouve reproduit l'article 139 du Code
pénal, apparaissait un petit point noir,
trace évidente d'une cheville trop longue
oubliée dans la planche à graver;
Pour le public, ce léger indice était ab-
solument invisible.
-La Banque avait multiplie- les moyens de
contrôle, ouvert des enquêtes mystérieuses,,
stimulé le zèle des agents du service de sû-
reté, elle ne découvrait rien et elle conti-
nuait à payer, sans rien dire, car elle crai-
gnait en déposant une plainte de discrédi-
ter toutes les émissions de cent francs.
Enfin, en 1861, après huit années de re-
cherches infructueuses, une indication don-
née par le secrétaire général mit sur les
traces du faussaire.
On avait remarqué que presque tous les
faux billets arrivaient parla succursale d'An-
goulême, et on acquit bientôt la certitude
que leur auteur était un certain Giraud de
Gâtebourse qui menait en Angoumois la
vie de château, avec onze domestiques, dix
chevaux et une meute.
C'était un ancien graveur qui avait été
assez adroit pour s'introduire à la Banque,
sous prétexte d'améliorations à apporter
dans la fabrication et pour y surprendre
peut-être quelques-uns de ses procédés.
_ Les débats de son procès 'en cour d'as-
sises ^ révélèrent qu'il avait mis en cir-
culation 1603 billets de cent francs et 144
billets de deux cents francs que la Banque
avait remboursés par la somme de 1.89,100
francs..
Cet artiste aussi habile que peu scrupu-
leux fut condamné aux travaux forcés à per-
pétuité et trouva à Cayennc une fin épou-
vantable.
^ Il s évada, et, en tâchant de gagner la
-myane hollandaise, il s'embourba dans les
rases du rivage et fut mangé vivant parles
arabes..
Il me reste à vous dire comment la Ban- {
lue de France pratique ses immenses opé-
ations et comment elle protège son encaisse
métallique.
ROBINSON.
Dernières nouvelles
' Le début de la séance a été troublé par un
incident doublement regrettable, d'abord
à cause de la dignité de la Chambre compro-
mise par de semblables agissements, et plus
encore en^raison|de la qualité des acteurs mê-
les à ces lach eux débats.
Il est triste _ de voir, au moment où la
F rance a besoin de se recueillir dans son
calme et dans le sentiment de ses malheurs et
de ses devoirs, deux législateurs, deux officiers,
personnalités l'exemple Ce échange de
fortifier chez K propres la î édifier le pays à
fiance danÎ L PW66 1 discipline et la con~j
nance dans les chefs appelés à la co-n-imander..
Mgr%MÏSn!31ntnaU brUiU cIu\avait couru,'r-
de loi. pris la parole sur le proje+.'
à lamscSS" OlÙ apporté leur C0,lUnSent-
£mi comme elle avait com-,
MPn ? orpge. tLc général DuTemplea ;
M. M.Gambetta de brouillon, et de pis en- .
core Charenton a renvoyé le général à
lèvera Partant la France?quittes: mais est-ce là « S»1"";;
mrnio^ït+Cloi militaire c oturc M. la discussion de la.
A lJ • d im ? dû être fondue à la Monnaie
de Pans, présence de la commission char-
gée de présider à cette opération et d'en étu-
dier les résultats, la nouvelle monnaie en alu- '
de.la valeur de 20 centimes.
Cette nouvelle pièce de 20 centimes est un
peu plus grande que la pièce de 50 centimes
eir argent.
La ^ication rapporterait SO 0t0 de béné- '
fice a l Etat. :
Bonnes nouvelles des départements inondés.
plupart des cours d'eau débordés ont subi r
une baisse plus ou moins sensible. ;
Une dépêche de LYOll, que nous recevons à
la dernière heure, nous annonce que quatre
cents travailleurs ont été .dirigés hier sur les'
digues de Châlon, que l'inondation avait fait
fléchir, afin d'empêcher l'élargissement des ■
brèches.
La gare provisoire de Châlon est envahie. :
Les pertes agricoles sont sensibles. :
La même dépêche rectifie une erreur dans
le compte rendu du crime du chemin des Hi-
rondelles que nous avons donné hier.
La victime ne s'appelle pas Laquitaine,'
mais Patricot. C'est un vieux commissionnaire
de 78- ans, demeurant rue Belfort. Sa fille l'a
reconnu à la Morgue. Le propriétaire de la
brouette qui a amené le cadavre a été re-
trouvé.
La justice est sur la trace des assassins.
Le journal italien la Nazione donne d'assez
longs détails sur une scène qui se serait pas-
sée a Rome dans la salle d'attente de la sti '
tion du chemin de fer de Milan entre le
prince Humbert, fils et héritier du roi d'Ita-
lie-, et un Français, M. d'H..., attaché à l'Ém-
bassade près du Vatican.
Ce dernier aurait affecté de passer devant
le prince son chapeau sur la tête et le cigare
aux lèvres, en lançant de son côté des bouffées
de fumée.
aurait gardé la plus parfaite im-
passioilite, mais un officier de sa suite aurait
pris .fait et cause pour le fils de son roi et pro-
voqué l'attaché de la légation française., ---
Cette nouvelle, qui, selon le journal pré- "
cité, prendrait presque les proportions d'un
N° 41 .— Feuilleton de la PETITE PRESSE
Le Chiffonnier Philosophe
DEUXIÈME PARTIE
II
Disparition sur disparition
Smu Zeg^niant -i?n domicile, péniblement
mu de sa brouillerie avec Mme Paphos
prenne eut néanmoins une vague espé- j
aJ)sence, peut-être la brebis
Élise annulnnfIen au bercail; peut-être
SS annulant par sa présence la cruelle dé- '
fete? àlon^on dans en sa allait-elle se i
Iuand leter il rentrerait lui-même?'-de récc)nciliation,
du phi-
lors de sa sor-
Wbre™e^a7euMfl^f1Ie't'^aSf imst la
jours seul ! f s Y trouva tou-
Minuit
-Ftlli le vieux p^teefeur de son Elle jamais | :
Noir le numéro d'hier, j J
*>
ia première fois sa couche virginale resteraii
vide... et Dieu savait sous quel toit elle s'a-
j bntait maintenant!
i
i Ces tristes pensées et la déception, leur
cause, firent plus de mal peut-être au vieT
lard que tous les assauts précédents : il s'af-
faissa sur une chaise, 'de grosses larmes rou-
lèrent Il silencieusement sur ses joues basanées.
fvJ^CS- toute la nuit, en proie à une af-
freuse insomnie, se reprochant ses derniers
U! enfants, maudissant son
stoïcisme envers, de ses l'avant-veille, le qualifiant de
sauvagerie, doutant enfin de lui-même, de
ses principes de régénération pour sa caste,
promettant d'abandonner cette tâche
peut-être absurde, afin de se consacrer tout
entier à la recherche d'Elise.
fatigue morale et physique
'èrt^radansmKsort^
l'appelait:en fut tiré par une voix aigrelette ««i.
Hé! père Cambronne!
air C'était une de douze à treize ans, à
^ ux et égrillard comme une gue-
Paris, et en costume de
'icm.rd. - entré après avoir frappé, dit-elle au
Sl;13 apprentie chez M. Jaluzot.
lam^PiiP ^ ? enJoie demander pourquoi que
d?m?iselIe pas venue
oir hier son sfm° filleul ni et. la maman, et si elle ]
> est pas quéquefois malade.
I Ces paroles causèrent au philosophe ui
nouveau tourment.
Qu 'allait-ori conclure de la disparition d'E
lise parmi ses connaissances ? Rien que de dé.
favorable à sa réputation, selon les errements
ordinaires de ce bas-monde, toujours plutôt
prêt à condamner qu'à absoudre !. ■ ;
Lui-même, son père par le cœur, n'avait-il
pas cru, un instant, sa perte possible?
La perplexité, qui contractait sos traits, les
rendit sans doute fort drôles pour l'appren-
tie, car elle s'écria en riant :
— Ah ben! qu'est-ce qui vous prend? Dans
tous les cas, elle ne doit pas être à l'agonie,
pourtant, votre fille ?
Si, répondit péniblement Cambronne,
sans trop savoir ce qu'il disait, elle est ma-
lade... bien malade! r - -
— Vieux farceur, répliqua l'effrontée, elle
ne se porte pas si mal que ça, puisque nous
sommes dans sa chambre, qu'elle n'y est pas.
3t que son lit est déjà fait... ou pas défait.
Cette observation indigna Cambronne, à
ïause des conséquences venimeuses qu'une
pareille petite peste pouvait en tirer.
— De quoi vous mêlez-vous, morveuse? dit..
1 sévèrement. Prévenez IVI. et Mme Jaluzot
[ue j irai leur expliquer... ce que vous n'avez
'as besoin de savoir.,. Et gardez votre langue I
les propos téméraires et désordonnés, sans i
ruai , je vous.ferai chasser avec ignominie,
La gamine. no lui en rit pas mt»ins encore '
u nez et sortit en grommelant : !
f— 0 c'te tête ! i
i Cet incident fit que le vieillard s'ingénia
i avant tout pour ménager l'estime de son en-
| tourage* à sa fille adoptive, si elle revenait un .
1 jour auprès de lui.
j La matinée entière se passa pour lui à com- ;
biner et à repousser dessables ayant quelque
j ( apparence de vérité, et fournissant l'explica-
i tion décente d'une disparition a^ssi.- im-
j prévue/-
Il n avait pas l'imagination féconde sur ce
chapitre, ce digne homme, qui eût préféré se •
couper la langue à sauver sa propre vie au 1
prix d un mensonge..
.Mais, pour préserver de la médisance em-'
i poisonnée 1 honneur, le seul bien d'Elise, il '
i accomplit le miracle de trouver, malgré sa ré-'
; pugnance, un déguisement admissible du fait '
réel.. >•
Il se rendit chez les blanchisseurs de la rue'
Campo-Formio, et, dissimulant ses transes
sous une apparente tranquillité, il leur fit
cette histoire
Depuis quelque temps le tempérament de sa
pupille devenait assez faible. Selon certains
méchants, l enfant avait besoin de se retrem«
per dans l'air de la mer.
Or, M. Willcomb l'ayant recommandée à
une de ses riches connaissances de Paris, cette
dame, atteinte elle aussi d'anémie, mais bien
plus gravement, s'était vue forcée de quitter
la capilale du jour au lendemain, pour pou-
voir encore supporter le voyage aux bains de
Dieppe.
Elle avait offert ~ Elise de l'emmener comme "
^5centle numéro JOURNAL QUOTIDIEN 5 cent. le numéro
r '
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: Paris 5 fr. 9 fr. 18 fr.
Départements.... 6 il 22 1,~
11 Administrateur : BOURDILLIAT
r ? talée.. » £4 VENDREDI 31 MAI 1872. — Sainte PETR0N2LLE.1' — N° 221 ».
\ 11>1~~ --, , - / . ~
RÉDACTION ET ADMINISTRATION
1 Õ, quai Voltaire
Succursale : 9. rue D-ronl"\+ « 1
PARIS, 30 MAI 1872
LA BANQUE DE FRANCE
DEUXIÈME ARTICLE
La monnaie fiduciaire, — autrement di
le billet de banque — ne peut exister qu':
condition de défier toute contrefaçon.
Son nom l'indique assez, puisqu'il signi
fie monnaie de confiance.
La Banque de France a si bien compris
l'obligation que lui impose son privilège,
qu'elle aime mieux rembourser un billet
faux que de se plaindre.
Seulement, elle prend ses précautions ef
il est vraiment curieux de connaître les ar-
mes qu'elle emploie pour se défendre.
Elle a d'abord la loi.
Sous le Code pénal de 1810, les faux mon-
nayeurs étaient punis de mort et c'était
justice, car ifs pullulaient, et l'homme qui
s'en prend à la fortune publique commet
assurément un crime voué à une répression
exceptionnelle.
La loi du 28 avril 1832 abaissa la peine
et il ne s'agit plus aujourd'hui que des tra-
vaux forcés à perpétuité, comme vous pou-
vez le lire sur les billets de banque eux-
mêmes.
Car le contrefacteur est obligé, s'il veut
reproduire fidèlement le modèle, de graver
de sa propre main le texte de ce terrible ar-
ticle 139 qui le condamnait autrefois à Té-
chafaud et qui l'envoie maintenant à Cayen-
ne ou à la Nouvelle-Calédonie.
Mais, si effrayante qu'elle soit, cette me-
nace est bien loin de suffire à prévenir les
tentatives, et la Banque met très-sagement
en pratique la maxime : « Aide-toi, le ciel
t'aidera. »
Elle ne veut point être prise au dépourvu,
et, de même qu'un général habile s'ingénie
à connaître à l'avance les ressources de l'en-
nemi, elle fait étudiej dans ses laboratoires
particuliers les procédés dont on pourrait
user contre elle.
Un. chimiste de premier ordre met à son
Service toute sa science et tout son temps.
-Il pourchasse les faussaires en scrutant
les moyens qu'ils emploient et neutralise
leurs efforts en introduisant dans la fabri-
cation des éléments nouveaux.
C'est un système préventif qui fonctionne
sans relâche et qui dispose des moyens de
défense -les plus puissants. -
Eh bien! il a beau être perfectionné, il
est parfois battu en brèche par. des crimi-
nels d'une audace et d'une adresse excep-p
tionnelles.
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JS"neparle pas ici des pauvres diabl
qui, dans leur mansarde, s'exténuent à f
briquer à la main ou avec des outils insi
usants de faux billets de banque. De 10
en loin, il arrive encore à l'hôtel de
rue de la Vrillière un de ces chefs-d'œuv
criminels pour la confection desquels i
malheureux a dépensé vingt fois plus 1
temps et de talent qu'il ne lui en aurè
fallu pour gagner la même somme.
Dans ces cas très-rares, la Banque ne !
tourmente guère et s'empresse de joind
un curieux spécimen de plus à sa collectic
de faux billets.
Mais, deux fois depuis sa création, elle
été sérieusement attaquée. '
La première tentative fut entourée c
circonstances romanesques et ne paraît pc
avoir été poussée à fond.
En 1832, pendant que les émeutes et 1
choléra causaient à Paris une profonde pei
turbation, un fait des plus étranges g
produisit.
Pandant la nuit on jetait par poignée
des billets de banque faux sur le carrea
des Halles, à la sortie des théâtres, parton
enfin où la population se trouvait momen
tanément agglomérée.
Cette bizarre plaisanterie cessa tout
coup, sans qu'il ait jamais été possible d'e
découvrir l'auteur; mais, vers la même épc
que, un paquet de douze faux billlets d
mille francs fut présenté rue de la Vrillière
au bureau du change.
• Une instruction fut commencée et ne pro
duisit à peu près rien.
On crut à une manœuvre politique di
gouvernement déchu, mais on n'en eut ja
mais la preuve, et le fait paraîtra fort m
vraisemblable à quiconque se souvient d(
.honnêteté qui est traditionnelle dans IF
liaison de France.
Peut-être raisonnait-on par analogie; car,
LU commencement de ce siècle/ le erniverne-
nent anglais et celui de Napoléon lCl' firent
îlus d'une fois assaut, d'un côté à l'autre de
a Manche, à coups de faux billets de banque
:t ces tristes errements ont été continués
)lus tard à l'encontre de la Russie par des
lolonais émigrés.
Toujours est-il que les faussaires de 1832
Le firent pas grand mal à la Banque.
Vingt ans plus tard, elle courut un tout
utre péril. ;
Vers 1853, des billets de cent francs faux
ommencèrent à arriver dans ses caisses et
invasion se continua lentement, mais avec
ne régularité désespérante.
Limitation n'était point absolument par-
Lite, cela va sans dire, puisqu'on la recon-
aissait, mais elle accusait une main très-
percée et tout le monde pouvait s'y tromper
lout le monde, excepté, pien entendu,
s employés de la Banque qui, avec leur
habileté ordinaire, avaient promptement
découvert un défaut.
Près de la tête du. Mercure qui sort d'or-
nement à la console supportant le cartouche
où se trouve reproduit l'article 139 du Code
pénal, apparaissait un petit point noir,
trace évidente d'une cheville trop longue
oubliée dans la planche à graver;
Pour le public, ce léger indice était ab-
solument invisible.
-La Banque avait multiplie- les moyens de
contrôle, ouvert des enquêtes mystérieuses,,
stimulé le zèle des agents du service de sû-
reté, elle ne découvrait rien et elle conti-
nuait à payer, sans rien dire, car elle crai-
gnait en déposant une plainte de discrédi-
ter toutes les émissions de cent francs.
Enfin, en 1861, après huit années de re-
cherches infructueuses, une indication don-
née par le secrétaire général mit sur les
traces du faussaire.
On avait remarqué que presque tous les
faux billets arrivaient parla succursale d'An-
goulême, et on acquit bientôt la certitude
que leur auteur était un certain Giraud de
Gâtebourse qui menait en Angoumois la
vie de château, avec onze domestiques, dix
chevaux et une meute.
C'était un ancien graveur qui avait été
assez adroit pour s'introduire à la Banque,
sous prétexte d'améliorations à apporter
dans la fabrication et pour y surprendre
peut-être quelques-uns de ses procédés.
_ Les débats de son procès 'en cour d'as-
sises ^ révélèrent qu'il avait mis en cir-
culation 1603 billets de cent francs et 144
billets de deux cents francs que la Banque
avait remboursés par la somme de 1.89,100
francs..
Cet artiste aussi habile que peu scrupu-
leux fut condamné aux travaux forcés à per-
pétuité et trouva à Cayennc une fin épou-
vantable.
^ Il s évada, et, en tâchant de gagner la
-myane hollandaise, il s'embourba dans les
rases du rivage et fut mangé vivant parles
arabes..
Il me reste à vous dire comment la Ban- {
lue de France pratique ses immenses opé-
ations et comment elle protège son encaisse
métallique.
ROBINSON.
Dernières nouvelles
' Le début de la séance a été troublé par un
incident doublement regrettable, d'abord
à cause de la dignité de la Chambre compro-
mise par de semblables agissements, et plus
encore en^raison|de la qualité des acteurs mê-
les à ces lach eux débats.
Il est triste _ de voir, au moment où la
F rance a besoin de se recueillir dans son
calme et dans le sentiment de ses malheurs et
de ses devoirs, deux législateurs, deux officiers,
personnalités l'exemple Ce échange de
fortifier chez K propres la î édifier le pays à
fiance danÎ L PW66 1 discipline et la con~j
nance dans les chefs appelés à la co-n-imander..
Mgr%MÏSn!31ntnaU brUiU cIu\avait couru,'r-
de loi. pris la parole sur le proje+.'
à lamscSS" OlÙ apporté leur C0,lUnSent-
£mi comme elle avait com-,
MPn ? orpge. tLc général DuTemplea ;
M. M.Gambetta de brouillon, et de pis en- .
core Charenton a renvoyé le général à
lèvera Partant la France?quittes: mais est-ce là « S»1"";;
mrnio^ït+Cloi militaire c oturc M. la discussion de la.
A lJ • d im ? dû être fondue à la Monnaie
de Pans, présence de la commission char-
gée de présider à cette opération et d'en étu-
dier les résultats, la nouvelle monnaie en alu- '
de.la valeur de 20 centimes.
Cette nouvelle pièce de 20 centimes est un
peu plus grande que la pièce de 50 centimes
eir argent.
La ^ication rapporterait SO 0t0 de béné- '
fice a l Etat. :
Bonnes nouvelles des départements inondés.
plupart des cours d'eau débordés ont subi r
une baisse plus ou moins sensible. ;
Une dépêche de LYOll, que nous recevons à
la dernière heure, nous annonce que quatre
cents travailleurs ont été .dirigés hier sur les'
digues de Châlon, que l'inondation avait fait
fléchir, afin d'empêcher l'élargissement des ■
brèches.
La gare provisoire de Châlon est envahie. :
Les pertes agricoles sont sensibles. :
La même dépêche rectifie une erreur dans
le compte rendu du crime du chemin des Hi-
rondelles que nous avons donné hier.
La victime ne s'appelle pas Laquitaine,'
mais Patricot. C'est un vieux commissionnaire
de 78- ans, demeurant rue Belfort. Sa fille l'a
reconnu à la Morgue. Le propriétaire de la
brouette qui a amené le cadavre a été re-
trouvé.
La justice est sur la trace des assassins.
Le journal italien la Nazione donne d'assez
longs détails sur une scène qui se serait pas-
sée a Rome dans la salle d'attente de la sti '
tion du chemin de fer de Milan entre le
prince Humbert, fils et héritier du roi d'Ita-
lie-, et un Français, M. d'H..., attaché à l'Ém-
bassade près du Vatican.
Ce dernier aurait affecté de passer devant
le prince son chapeau sur la tête et le cigare
aux lèvres, en lançant de son côté des bouffées
de fumée.
aurait gardé la plus parfaite im-
passioilite, mais un officier de sa suite aurait
pris .fait et cause pour le fils de son roi et pro-
voqué l'attaché de la légation française., ---
Cette nouvelle, qui, selon le journal pré- "
cité, prendrait presque les proportions d'un
N° 41 .— Feuilleton de la PETITE PRESSE
Le Chiffonnier Philosophe
DEUXIÈME PARTIE
II
Disparition sur disparition
Smu Zeg^niant -i?n domicile, péniblement
mu de sa brouillerie avec Mme Paphos
prenne eut néanmoins une vague espé- j
aJ)sence, peut-être la brebis
Élise annulnnfIen au bercail; peut-être
SS annulant par sa présence la cruelle dé- '
fete? àlon^on dans en sa allait-elle se i
Iuand leter il rentrerait lui-même?'-de récc)nciliation,
du phi-
lors de sa sor-
Wbre™e^a7euMfl^f1Ie't'^aSf imst la
jours seul ! f s Y trouva tou-
Minuit
-Ftlli le vieux p^teefeur de son Elle jamais | :
Noir le numéro d'hier, j J
*>
ia première fois sa couche virginale resteraii
vide... et Dieu savait sous quel toit elle s'a-
j bntait maintenant!
i
i Ces tristes pensées et la déception, leur
cause, firent plus de mal peut-être au vieT
lard que tous les assauts précédents : il s'af-
faissa sur une chaise, 'de grosses larmes rou-
lèrent Il silencieusement sur ses joues basanées.
fvJ^CS- toute la nuit, en proie à une af-
freuse insomnie, se reprochant ses derniers
U! enfants, maudissant son
stoïcisme envers, de ses l'avant-veille, le qualifiant de
sauvagerie, doutant enfin de lui-même, de
ses principes de régénération pour sa caste,
promettant d'abandonner cette tâche
peut-être absurde, afin de se consacrer tout
entier à la recherche d'Elise.
fatigue morale et physique
'èrt^radansmKsort^
l'appelait:en fut tiré par une voix aigrelette ««i.
Hé! père Cambronne!
air C'était une de douze à treize ans, à
^ ux et égrillard comme une gue-
Paris, et en costume de
'icm.rd. - entré après avoir frappé, dit-elle au
Sl;13 apprentie chez M. Jaluzot.
lam^PiiP ^ ? enJoie demander pourquoi que
d?m?iselIe pas venue
oir hier son sfm° filleul ni et. la maman, et si elle ]
> est pas quéquefois malade.
I Ces paroles causèrent au philosophe ui
nouveau tourment.
Qu 'allait-ori conclure de la disparition d'E
lise parmi ses connaissances ? Rien que de dé.
favorable à sa réputation, selon les errements
ordinaires de ce bas-monde, toujours plutôt
prêt à condamner qu'à absoudre !. ■ ;
Lui-même, son père par le cœur, n'avait-il
pas cru, un instant, sa perte possible?
La perplexité, qui contractait sos traits, les
rendit sans doute fort drôles pour l'appren-
tie, car elle s'écria en riant :
— Ah ben! qu'est-ce qui vous prend? Dans
tous les cas, elle ne doit pas être à l'agonie,
pourtant, votre fille ?
Si, répondit péniblement Cambronne,
sans trop savoir ce qu'il disait, elle est ma-
lade... bien malade! r - -
— Vieux farceur, répliqua l'effrontée, elle
ne se porte pas si mal que ça, puisque nous
sommes dans sa chambre, qu'elle n'y est pas.
3t que son lit est déjà fait... ou pas défait.
Cette observation indigna Cambronne, à
ïause des conséquences venimeuses qu'une
pareille petite peste pouvait en tirer.
— De quoi vous mêlez-vous, morveuse? dit..
1 sévèrement. Prévenez IVI. et Mme Jaluzot
[ue j irai leur expliquer... ce que vous n'avez
'as besoin de savoir.,. Et gardez votre langue I
les propos téméraires et désordonnés, sans i
ruai , je vous.ferai chasser avec ignominie,
La gamine. no lui en rit pas mt»ins encore '
u nez et sortit en grommelant : !
f— 0 c'te tête ! i
i Cet incident fit que le vieillard s'ingénia
i avant tout pour ménager l'estime de son en-
| tourage* à sa fille adoptive, si elle revenait un .
1 jour auprès de lui.
j La matinée entière se passa pour lui à com- ;
biner et à repousser dessables ayant quelque
j ( apparence de vérité, et fournissant l'explica-
i tion décente d'une disparition a^ssi.- im-
j prévue/-
Il n avait pas l'imagination féconde sur ce
chapitre, ce digne homme, qui eût préféré se •
couper la langue à sauver sa propre vie au 1
prix d un mensonge..
.Mais, pour préserver de la médisance em-'
i poisonnée 1 honneur, le seul bien d'Elise, il '
i accomplit le miracle de trouver, malgré sa ré-'
; pugnance, un déguisement admissible du fait '
réel.. >•
Il se rendit chez les blanchisseurs de la rue'
Campo-Formio, et, dissimulant ses transes
sous une apparente tranquillité, il leur fit
cette histoire
Depuis quelque temps le tempérament de sa
pupille devenait assez faible. Selon certains
méchants, l enfant avait besoin de se retrem«
per dans l'air de la mer.
Or, M. Willcomb l'ayant recommandée à
une de ses riches connaissances de Paris, cette
dame, atteinte elle aussi d'anémie, mais bien
plus gravement, s'était vue forcée de quitter
la capilale du jour au lendemain, pour pou-
voir encore supporter le voyage aux bains de
Dieppe.
Elle avait offert ~ Elise de l'emmener comme "
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