Titre : La Petite presse : journal quotidien... / [rédacteur en chef : Balathier Bragelonne]
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1872-05-30
Contributeur : Balathier Bragelonne, Adolphe de (1811-1888). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32837965d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 30 mai 1872 30 mai 1872
Description : 1872/05/30 (A6,N2214). 1872/05/30 (A6,N2214).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k4715286h
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-190
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 22/10/2017
LA PETITE PRESSE
5 cent. le numéro
" /
JOURNAL QUOTIDIEN
5 cent. ig numéro
ABONNEMENTS —Trois mois Six mois Un an
Paris 5 fr. 9 fr. 18 fr. '
- Départements 6 11 22
Administrateur : BOURDILLIAT
f', - ~ ~ , ~ dË- 1 — JEUDI 30 MAI 1872. — FÈÏE-MBU: - NO 2214.
--
REDACTION &£ ADMINISTRATION
15, quai Voltaire , -
1
Succursale : 9, rue Ii.\'-ouot, 9
AVIS IMPORTANT
Nous engageons vivement nos lecteurs à
suivre attentivement les débats de l'Assem-
blée nationale sur la loi de recrutement. On
trouvera plus loin le compte rendu détaillé
de la séance d'hier.
Nous n'avons pas besoin de faire remar-
quer encore combien cette discussion inté-
resse tout le monde depuis le plus opulent
jusqu'au plus humble. C'est l'avenir de la
France qui se prépare à l'Assemblée. Nul
n'a le droit de rester indifférent devant des
actes politiques de cette importance.
PARIS, 29 MAI 1872
LA LOI MILITAIRE
L Assemblée nationale a commencé hier
la discussion de la loi sur le recrutement.
Nous^ assistons, il n'en faut pas douter, à
i un des plus graves événements de notre
histoire.
Cet enfantement produira pour nous le
salut ou... l'irrémédiable désorganisation.
Il y a tout lieu de croire que la monta-
gne n'accouchera^ pas d'une souris, cepen-
dant il est certain que tout dépend pour !
nous de ce que fera la Chambre... j
Sa discussion et le vote amèneront ia
convalescence de la France ou sa morl. ;
C'est pourquoi les uns et les autres ' no: ^
devons, dégagés de tout autre objectif, pOi'-. j
ter toute notre attention sur ces débats qui,
s ils ne nous atteignent pas comme pères de
famille ou comme conscrits, nous intéres-
sent au plus haut degré comme Français.
Je vais rappeler brièvemcnt. les premiers
articles du projet de loi qui constituent à
eux seuls .presque tout l'esprit des réformes
qui doivent être introduites dans l'armée.
L article premier est ainsi conçu :
Tout Français doit le service militaire l)er-
sonnet.
Je ne pense pas que ces deux Iffces puis-
soit mal comprises par qui que ce
Elles veulent dire que tout individu né
rançais, quel qu'il soit, riche ou pauvre,
grand seigneur, bourgeois, ouvrier, culti-
vateur, employé ou paysan, sera soldat à
i âge de vingt et un ans, sans qu'il lui soit
possible de se soustraire à cette obligation.
Il ne faut pas croire pourtant que le ti-
rage au sort soit supprimé.
Non. Il aura lieu comme par le passé.
Tout le monde sera pris ; seulement, ceux
qui tireront les premiers numéros entre-
sont dans l'armée pour cinq ans et les pos-
resseurs des numéros qui autrefois les au-
raient libérés seront incorporés également,
mais pour un an, en temps de paix.'
Ces derniers n'en resteront pas moins,
leur année achevée, à la disposition du mi-
nistre de la guerre qui pourra les faire ren-
trer au corps selon les nécessités du service,
soit pour des exercices, soit pour des revues'
et cela, comme les premiers, pendant cinq
années consécutives.
Après ces cinq ans, les uns et les autres
passent dans la réserve et continuent à faire
| de temps en temps les exercices qui les tien-
dront en li,-tleiiie.
Lorsque la guerre éclate tous sont rap-
pelés. -
jimun, lorsqu'il^ auront fini leur temps
dans armée active et dans la réserve, ils
seront versés dans une milice qui s'appel-
lera l'armée territoriale et qui aurait la
garde du pays et des forteresses pendant la
guerre.
Cette armée territoriale se composera de
tous les hommes valides jusqu'à quarante
■ ans.
Néanmoins, pour encourager et dévelop-
per l'instruction dans l'armée, il sera fait
une faveur à plusieurs catégories de conscrits.
Tous ceux qui' auront un diplôme de ba-
chelier ou qui auront commencé leurs études
dans les facultés ; ceux' qui font partie de
l'Ecole des Beaux-Arts, des Arts et Mé-
tiers, de l'Ecole centrale, des Ecoles de vé-
térinaires ou d'agriculture pourront devan-
cer l'appel et s'engager.
Dans ce cas, ils ne seront tenus qu'à un
service d'une année, au bout de laquelle ils
passeront des examens et pourront obtenir
le grade de sous-officiers et être renvoyés
dans leurs foyers.
Mais il ne faut pas croire que tous ceux
qui s'engageront volontairement pour un
an seront, par ce fait même, dégagés de tout
service ultérieur. Non. Il faudra que leurs
examens soient suffisamment brillants et
qu'ils montrent que leur éducation militaire
est faite.
D'ailleurs, ceux qui ayant subi, même
avec succès, leurs examens, rentreront chez
eux,, n'en seront pas moins à la disposition
du ministre de la guerre.
Ajoutons enfin que tous ces engagés vo-
lontaires seront tenus de s'habiller, de s'é-
quiper et de s'entretenir à leurs fràis.
L'article 2 est ainsi conçu :
« Il n'y a dans les troupes françaises ni
prime en argent ni prix quelconque d'enga-
gement. »
Cela est clair.
Nous ne verrons plus de ces gens qui
faisaient métier de se réengager indéfini-
ment et qui, en somme, finissaient par être
de fort tristes soldats.
. Du reste, puisque tout le monde, sauf les
infirrnes' sera appelé à porter les armes, le
nombre de soldats sera à peu' près slfffi-
sant, et un gouvernement ne pourra plus,
sous prétexte de prime de rengagement, se
livrer à des opérations louches sur les fonds
versés dans cette intention.
voici i article 3 :
« Tout Français qui n'est pas déclaré im-
propre à tout service militaire peut être appelé
depuis râge de vingt ans jusqu'à celui de qua-
mnte ans à faire partie de l'armée active et
des reserves, selon le mode déterminé 1nar la
loi. n
C'est ce que nous avons expliqué plus
haut.
L'article 4 dit simplement :
« Le remplacement est Supprimé. »
Avec cette nouvelle loi qui ne permet à
personne de se soustraire au service mili-
taire, il est évident que les remplacements
sont absolument impossibles.
Cet article n'est donc là que pour bien
souligner l'intention du législateur, qui
affirme une fois de plus que tous les an-
ciens errements des régimes précédents se-
ront et demeureront abolis.
L'égaliLé de toutes les classes devant la
loi, voilà le principe immuable sur lequel
on s'appuiera désormais.
Enfin l'article 5 introduit une réforme
très-importante que tous les esprits de bonne
foi sauront apprécier:
(f Les hommes sous les drapeaux, dit cet ar-
ticle, ne prennent part à aucun vote. »
On se souvient qu'à l'époque du plébiscite
M. de Bismark put se rendre compte de
l'effectif de l'armée française, en addition-
nant les votes des soldats. Il sut ainsi que
nous n'avions pas plus de 300^000 hommes
et il n'hésita pas à jeter toutes les forces de
l'Allemagne sur un pays si mal défendu.
Mais ce n'est, là qu'une raison secondaire.
Il ne faut pas que le soldat; qui est la
chair même de la patrie, soit mêlé aux
luttes des partis. L'armée a besoin de s'ins-
truire, -de s'exercer, de travailler ; il n'est
pas besoin qu'elle fasse de politique.
C'est sans doute en développant cette'
idée que 1\1. Raoul Duval a proposé d'ajou-
ter l'amendement suivant à cet article 5 :
<( Les militaires en activité de service ne
iont pas éligibles. »
Cet amendement est digne d'attention et
vaut la peine qu'on s'y arrête. Il est bien
I * ULO XJ SV U U Uj 5#
1 taHnrfli811 éloigner de Fagï.
' soldats P les chefs autant que W
~
sera !' aujourd'hui tout le mondfi"
simnlp + jusqu'à trente ans, est-ce qu'uni
puté sImple aussi ne pourrait pas être élu dé-
oueîlo d ^ r1 bien qu'un général? Et alorS!
quelle discipline voulez-vous établir s'il est1
texte cas, cas où un soldat sons nré-ï
pW ^ tribune jfèut* - dire des'
néral.choses S ou impertinentes ,..à son gé-
rin^°^S pensons que cet amendement a bien 1
des chances d'être adopté. i
^0I^s se réaliseront ces éloquentes pa...j
roles de M. Chasseloup-Laubat : ■
« Laissons donc l'armée à sa pure eti
be lle mission : que les hommes qui la com-l
posent n aient à s'occuper que de se perfec-1
tionner dans leur art, dans leur métie, r ;
ne lui donnons point un rôle politique; elle!
appartient au pays tout entier ; c'est e n;
cela qu'elle est grande. Ne la rapetissonsv'
pas à la taille des partis. » '
! . VENDREDIS
Dernières nouvelles
Salle comble à Versailles où l'on venait sur-
tout pour entendre parler le duc d'Aumale,qtiÏ'
devait apporter à la tribune le résultat de ses
études très-compétentes à coup sûr touchanti-
la question militaire. - *» ■
On attendait aussi, non sans curiosité, le,
discours de Mgr l'évêque d'Orléans.
Le prince a ^ pris la parole et s'est exprimé;
avec autant d'éloquence que d'autorité, ainsi
qu'on en jugera par le compte rendu delà
Chambre; mais le prélat s'est abstenu et-le
bruit court qu'il renoncerait à prendre la pa-
role. 1 *
Le bruit circule qu'un certain nombre d'of-' __
ficiers allemands assistent, depuis l'ouverture
des débats sur la loi militaire, aux séance?
de l'Assemblée.
On répète dans les "cercles parlementaires,
que le discours du général Trochu serait son-
testament politique. La loi votée, l'ancierr
gouverneur de Paris rentrerait dans la vie
privée avec la ferme volonté de n'en plus'
sortir.
-
Le Soir, en confirmant les bruits relatifs
aux pourparlers engagés avec l'Allemagne;
précise les bases posées entre les négociateurs :
1" Paiement anticipé des trois millards ; J"
2° Evacuation successive des départements
occupés;
3° Evacuation complète avant le terme eu,
cas de paiement complet de l'indemnité; '
4° Les garanties financières que pourrait
offrir le gouvernement français en paiement
des derniers millards ne seront pas considé-
rées comme versements effectifs.
Le Soir se croît à même d'affirmer que M..
Thiers; au dire des personnes qui l'appro- >
N° 40. — Feuilleton de la PETITE PRESSE
Le Chiffonnier Philosophe
DEUXIÈME PARTIE
[illisible]I
Trans et brouille.
Après la lecture du billet de sa pupille
»»ode,neuraguolî„esiflsfa«sPr!i
• Puis, se précipitant dans la chambrette de
îa jeune fille, il visita fébrilement la corn.
mode qui contenait son modeste trousseau.
àe,s Iiien n'y manquait, sauf la robe- des i
tw ' encore avait-elle été romplacée gran- par
partie
prit
tleUlX du
que avait déjà philosophi- '
fils
m'est
nous reverrons ... dans une ' . las f,.. Nous
leu,re î » existence meil-
'Xu le numéro d'iii^ (
* ■
j Cambronne répétait ces phrases du fatal
billet avec une angoisse croissante.
j — C'est une vraie sensitive, pensait-il. Dans
| ces lignes, elle semble désespérée... Moi, le
vieux^ philosophe, mon esprit chancelle bien jI
sous l'assaut de la douleur : pourquoi le sien?...
La Seine aussi est un asile toujours ouvert, où
il est inutile de chercher les infortunés!... Si 1
j'allais la retrouver sur les dalles de la
Morgue ! 1 ! *
A cette atroce idée, un véritable délire en-
vahit le cerveau surmené du syndic des chif-
fonniers.
Il sortit dans le plus grand désordre de son
logis et courut, par les voies les plus directes,
vers la Cité, bousculant tout et tous sur son
passage, avec les allures d'un chien enragé
qu on traque.
Arrivé à la Morgue, il pénétra en chance-
ant dans la salle des lugubres expositions.
< Il regarda à travers le vitrage, d'abord sans
rien voir, aveuglé par une appréhension ter-
rifiante, se cramponnant à deux curieux
étonnés.
Enfin, sous un puissant effort de sa volonté,
ses yeux s'éclaircirent :
Elise n était pas parmi les quatre ou cinq
cadavres couchés sur les lits de pierre.
Mais le soulagement éprouvé par le mal-
heureux ne dura que le temps de sortir de la
Morgue et de^ voir la rivière en crue, tordant
ses remous huileux sous les ponts, comme les
ondulations d'une énorme vipère.
=_§l était encore... là-dedans 1 se dit-il.
Et, comme il marchait au hasard, il se
trouva en face de l'Hôtel-Dieu.
— Ou là, peut-être? murmura-t-il; sati-
vée... mais mourante !
> Il interrogea, hagard et haletant, le con-
cierge : on n'avait apporté aucune femme de-
puis le matin au grand caravansérail de la
souffrance.
Cambronne chercha alors à se rassurer :
■ — J'interprète mal son billet sans doute.
Elle a de la religion... Est-ce que j'ai pu me
faire aimer d'elle au point qu'elle se suicide
en croyant perdre mon affection ! C'est égal :
misérable brute orgueilleuse que j'ai été pour
elle... et pour Zidore!...
Ces réflexions amenant ainsi le nom de son
fils, le chiffonnier songea à le consulter, s'il
en était temps encore, sur le cas étrange
d'Elisë.
Mais, retourné au Gros-Caillou, le Philo-
sophe apprit qu'Isidore, Cincinnatus et de
lourds bagages devaient avoir rejoint depuis
près d'une heure M. Willcomb à la gare de
l'Ouest, pour prendre le train du Havre.
Il était tout naturel que le, vieil ami de
Mme Paphos finît par penser à aller lui con-
fier ses navrantes anxiétés ; s'il ne l'avait pas
fait tout d'abord, c'est, qu'on ne raisonne pas
sous certains coups -riioratix : on se débat à
l'aveugle.
Cambronne revoit, donc vers la rue Moufle-
tard. La fal;igue."Illi coulait son plomb dans,
les os, et c'est eh trébuchant comme un hoir*-1
me ivre qu'il monta les six étages conduisant
au galetas de la chiffonnière. v
Il la trouva, achevant de ranger dans un
vieux coffre, à la lueur d'un maigre lumi-
gnon, les vêtements cossus qu'elle tenait de,
la générosité du transatlantique.
Quoique bouleversé à en être presque mé-
connaissable, le vieillard arracha, par son as-
pect, plutôt un cri de pitié que d'effroi à Mmo
Paphos.
Il lui tendit, sans parler, la lettre de sa fille
adoptive.
La chiffonnière sembla éprouver, à lire, une
difficulté qui ne faisait pas honneur à son,
instruction, même primaire, car elle demeura
bien deux minutes le nez baissé sur le papier. '
— Ecoutez donc, mon compère, dit-elle en-
fin avec un embarras visible, fectivement que"
vous étiez tout chose, en vis-à-vis de la bi-1
chonne... et que votre syndicat et vos réfor-J
înes, comme vous dites, vous a tourné la tête.,,
et qu'on-peut me'ttre le cœur par-dessus V»
marché ! Prêt à/condamner Zidore pour cur/er
l'égout, et puis vous périr ensuite, en laissant
comme ça c:te chère enfant sans père ni ¡frère'
sur la terre, ; n'en v'ià-t-il pas des gentillesses
qu'on levir donnnerait le sobriquet des barba-
ries, et bien faites pour pousser c'te pauvre
orpheline à vous planter là, puisque vous n'a-
viez 'plus l'air de vous soucier d'elle, moins
qu'd de mon avant-dernier cachemire d'osier! <
planter là 1 répéta Cambronne stu.',
'péfait et indigné. Mais vous ne comprenez
I0?.1? mifflj&aaaMaMBt; feramelnwnai
5 cent. le numéro
" /
JOURNAL QUOTIDIEN
5 cent. ig numéro
ABONNEMENTS —Trois mois Six mois Un an
Paris 5 fr. 9 fr. 18 fr. '
- Départements 6 11 22
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f', - ~ ~ , ~ dË- 1 — JEUDI 30 MAI 1872. — FÈÏE-MBU: - NO 2214.
--
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1
Succursale : 9, rue Ii.\'-ouot, 9
AVIS IMPORTANT
Nous engageons vivement nos lecteurs à
suivre attentivement les débats de l'Assem-
blée nationale sur la loi de recrutement. On
trouvera plus loin le compte rendu détaillé
de la séance d'hier.
Nous n'avons pas besoin de faire remar-
quer encore combien cette discussion inté-
resse tout le monde depuis le plus opulent
jusqu'au plus humble. C'est l'avenir de la
France qui se prépare à l'Assemblée. Nul
n'a le droit de rester indifférent devant des
actes politiques de cette importance.
PARIS, 29 MAI 1872
LA LOI MILITAIRE
L Assemblée nationale a commencé hier
la discussion de la loi sur le recrutement.
Nous^ assistons, il n'en faut pas douter, à
i un des plus graves événements de notre
histoire.
Cet enfantement produira pour nous le
salut ou... l'irrémédiable désorganisation.
Il y a tout lieu de croire que la monta-
gne n'accouchera^ pas d'une souris, cepen-
dant il est certain que tout dépend pour !
nous de ce que fera la Chambre... j
Sa discussion et le vote amèneront ia
convalescence de la France ou sa morl. ;
C'est pourquoi les uns et les autres ' no: ^
devons, dégagés de tout autre objectif, pOi'-. j
ter toute notre attention sur ces débats qui,
s ils ne nous atteignent pas comme pères de
famille ou comme conscrits, nous intéres-
sent au plus haut degré comme Français.
Je vais rappeler brièvemcnt. les premiers
articles du projet de loi qui constituent à
eux seuls .presque tout l'esprit des réformes
qui doivent être introduites dans l'armée.
L article premier est ainsi conçu :
Tout Français doit le service militaire l)er-
sonnet.
Je ne pense pas que ces deux Iffces puis-
soit mal comprises par qui que ce
Elles veulent dire que tout individu né
rançais, quel qu'il soit, riche ou pauvre,
grand seigneur, bourgeois, ouvrier, culti-
vateur, employé ou paysan, sera soldat à
i âge de vingt et un ans, sans qu'il lui soit
possible de se soustraire à cette obligation.
Il ne faut pas croire pourtant que le ti-
rage au sort soit supprimé.
Non. Il aura lieu comme par le passé.
Tout le monde sera pris ; seulement, ceux
qui tireront les premiers numéros entre-
sont dans l'armée pour cinq ans et les pos-
resseurs des numéros qui autrefois les au-
raient libérés seront incorporés également,
mais pour un an, en temps de paix.'
Ces derniers n'en resteront pas moins,
leur année achevée, à la disposition du mi-
nistre de la guerre qui pourra les faire ren-
trer au corps selon les nécessités du service,
soit pour des exercices, soit pour des revues'
et cela, comme les premiers, pendant cinq
années consécutives.
Après ces cinq ans, les uns et les autres
passent dans la réserve et continuent à faire
| de temps en temps les exercices qui les tien-
dront en li,-tleiiie.
Lorsque la guerre éclate tous sont rap-
pelés. -
jimun, lorsqu'il^ auront fini leur temps
dans armée active et dans la réserve, ils
seront versés dans une milice qui s'appel-
lera l'armée territoriale et qui aurait la
garde du pays et des forteresses pendant la
guerre.
Cette armée territoriale se composera de
tous les hommes valides jusqu'à quarante
■ ans.
Néanmoins, pour encourager et dévelop-
per l'instruction dans l'armée, il sera fait
une faveur à plusieurs catégories de conscrits.
Tous ceux qui' auront un diplôme de ba-
chelier ou qui auront commencé leurs études
dans les facultés ; ceux' qui font partie de
l'Ecole des Beaux-Arts, des Arts et Mé-
tiers, de l'Ecole centrale, des Ecoles de vé-
térinaires ou d'agriculture pourront devan-
cer l'appel et s'engager.
Dans ce cas, ils ne seront tenus qu'à un
service d'une année, au bout de laquelle ils
passeront des examens et pourront obtenir
le grade de sous-officiers et être renvoyés
dans leurs foyers.
Mais il ne faut pas croire que tous ceux
qui s'engageront volontairement pour un
an seront, par ce fait même, dégagés de tout
service ultérieur. Non. Il faudra que leurs
examens soient suffisamment brillants et
qu'ils montrent que leur éducation militaire
est faite.
D'ailleurs, ceux qui ayant subi, même
avec succès, leurs examens, rentreront chez
eux,, n'en seront pas moins à la disposition
du ministre de la guerre.
Ajoutons enfin que tous ces engagés vo-
lontaires seront tenus de s'habiller, de s'é-
quiper et de s'entretenir à leurs fràis.
L'article 2 est ainsi conçu :
« Il n'y a dans les troupes françaises ni
prime en argent ni prix quelconque d'enga-
gement. »
Cela est clair.
Nous ne verrons plus de ces gens qui
faisaient métier de se réengager indéfini-
ment et qui, en somme, finissaient par être
de fort tristes soldats.
. Du reste, puisque tout le monde, sauf les
infirrnes' sera appelé à porter les armes, le
nombre de soldats sera à peu' près slfffi-
sant, et un gouvernement ne pourra plus,
sous prétexte de prime de rengagement, se
livrer à des opérations louches sur les fonds
versés dans cette intention.
voici i article 3 :
« Tout Français qui n'est pas déclaré im-
propre à tout service militaire peut être appelé
depuis râge de vingt ans jusqu'à celui de qua-
mnte ans à faire partie de l'armée active et
des reserves, selon le mode déterminé 1nar la
loi. n
C'est ce que nous avons expliqué plus
haut.
L'article 4 dit simplement :
« Le remplacement est Supprimé. »
Avec cette nouvelle loi qui ne permet à
personne de se soustraire au service mili-
taire, il est évident que les remplacements
sont absolument impossibles.
Cet article n'est donc là que pour bien
souligner l'intention du législateur, qui
affirme une fois de plus que tous les an-
ciens errements des régimes précédents se-
ront et demeureront abolis.
L'égaliLé de toutes les classes devant la
loi, voilà le principe immuable sur lequel
on s'appuiera désormais.
Enfin l'article 5 introduit une réforme
très-importante que tous les esprits de bonne
foi sauront apprécier:
(f Les hommes sous les drapeaux, dit cet ar-
ticle, ne prennent part à aucun vote. »
On se souvient qu'à l'époque du plébiscite
M. de Bismark put se rendre compte de
l'effectif de l'armée française, en addition-
nant les votes des soldats. Il sut ainsi que
nous n'avions pas plus de 300^000 hommes
et il n'hésita pas à jeter toutes les forces de
l'Allemagne sur un pays si mal défendu.
Mais ce n'est, là qu'une raison secondaire.
Il ne faut pas que le soldat; qui est la
chair même de la patrie, soit mêlé aux
luttes des partis. L'armée a besoin de s'ins-
truire, -de s'exercer, de travailler ; il n'est
pas besoin qu'elle fasse de politique.
C'est sans doute en développant cette'
idée que 1\1. Raoul Duval a proposé d'ajou-
ter l'amendement suivant à cet article 5 :
<( Les militaires en activité de service ne
iont pas éligibles. »
Cet amendement est digne d'attention et
vaut la peine qu'on s'y arrête. Il est bien
I * ULO XJ SV U U Uj 5#
1 taHnrfli811 éloigner de Fagï.
' soldats P les chefs autant que W
~
sera !' aujourd'hui tout le mondfi"
simnlp + jusqu'à trente ans, est-ce qu'uni
puté sImple aussi ne pourrait pas être élu dé-
oueîlo d ^ r1 bien qu'un général? Et alorS!
quelle discipline voulez-vous établir s'il est1
texte cas, cas où un soldat sons nré-ï
pW ^ tribune jfèut* - dire des'
néral.choses S ou impertinentes ,..à son gé-
rin^°^S pensons que cet amendement a bien 1
des chances d'être adopté. i
^0I^s se réaliseront ces éloquentes pa...j
roles de M. Chasseloup-Laubat : ■
« Laissons donc l'armée à sa pure eti
be lle mission : que les hommes qui la com-l
posent n aient à s'occuper que de se perfec-1
tionner dans leur art, dans leur métie, r ;
ne lui donnons point un rôle politique; elle!
appartient au pays tout entier ; c'est e n;
cela qu'elle est grande. Ne la rapetissonsv'
pas à la taille des partis. » '
! . VENDREDIS
Dernières nouvelles
Salle comble à Versailles où l'on venait sur-
tout pour entendre parler le duc d'Aumale,qtiÏ'
devait apporter à la tribune le résultat de ses
études très-compétentes à coup sûr touchanti-
la question militaire. - *» ■
On attendait aussi, non sans curiosité, le,
discours de Mgr l'évêque d'Orléans.
Le prince a ^ pris la parole et s'est exprimé;
avec autant d'éloquence que d'autorité, ainsi
qu'on en jugera par le compte rendu delà
Chambre; mais le prélat s'est abstenu et-le
bruit court qu'il renoncerait à prendre la pa-
role. 1 *
Le bruit circule qu'un certain nombre d'of-' __
ficiers allemands assistent, depuis l'ouverture
des débats sur la loi militaire, aux séance?
de l'Assemblée.
On répète dans les "cercles parlementaires,
que le discours du général Trochu serait son-
testament politique. La loi votée, l'ancierr
gouverneur de Paris rentrerait dans la vie
privée avec la ferme volonté de n'en plus'
sortir.
-
Le Soir, en confirmant les bruits relatifs
aux pourparlers engagés avec l'Allemagne;
précise les bases posées entre les négociateurs :
1" Paiement anticipé des trois millards ; J"
2° Evacuation successive des départements
occupés;
3° Evacuation complète avant le terme eu,
cas de paiement complet de l'indemnité; '
4° Les garanties financières que pourrait
offrir le gouvernement français en paiement
des derniers millards ne seront pas considé-
rées comme versements effectifs.
Le Soir se croît à même d'affirmer que M..
Thiers; au dire des personnes qui l'appro- >
N° 40. — Feuilleton de la PETITE PRESSE
Le Chiffonnier Philosophe
DEUXIÈME PARTIE
[illisible]I
Trans et brouille.
Après la lecture du billet de sa pupille
»»ode,neuraguolî„esiflsfa«sPr!i
• Puis, se précipitant dans la chambrette de
îa jeune fille, il visita fébrilement la corn.
mode qui contenait son modeste trousseau.
àe,s Iiien n'y manquait, sauf la robe- des i
tw ' encore avait-elle été romplacée gran- par
partie
prit
tleUlX du
que avait déjà philosophi- '
fils
m'est
nous reverrons ... dans une ' . las f,.. Nous
leu,re î » existence meil-
'Xu le numéro d'iii^ (
* ■
j Cambronne répétait ces phrases du fatal
billet avec une angoisse croissante.
j — C'est une vraie sensitive, pensait-il. Dans
| ces lignes, elle semble désespérée... Moi, le
vieux^ philosophe, mon esprit chancelle bien jI
sous l'assaut de la douleur : pourquoi le sien?...
La Seine aussi est un asile toujours ouvert, où
il est inutile de chercher les infortunés!... Si 1
j'allais la retrouver sur les dalles de la
Morgue ! 1 ! *
A cette atroce idée, un véritable délire en-
vahit le cerveau surmené du syndic des chif-
fonniers.
Il sortit dans le plus grand désordre de son
logis et courut, par les voies les plus directes,
vers la Cité, bousculant tout et tous sur son
passage, avec les allures d'un chien enragé
qu on traque.
Arrivé à la Morgue, il pénétra en chance-
ant dans la salle des lugubres expositions.
< Il regarda à travers le vitrage, d'abord sans
rien voir, aveuglé par une appréhension ter-
rifiante, se cramponnant à deux curieux
étonnés.
Enfin, sous un puissant effort de sa volonté,
ses yeux s'éclaircirent :
Elise n était pas parmi les quatre ou cinq
cadavres couchés sur les lits de pierre.
Mais le soulagement éprouvé par le mal-
heureux ne dura que le temps de sortir de la
Morgue et de^ voir la rivière en crue, tordant
ses remous huileux sous les ponts, comme les
ondulations d'une énorme vipère.
=_§l était encore... là-dedans 1 se dit-il.
Et, comme il marchait au hasard, il se
trouva en face de l'Hôtel-Dieu.
— Ou là, peut-être? murmura-t-il; sati-
vée... mais mourante !
> Il interrogea, hagard et haletant, le con-
cierge : on n'avait apporté aucune femme de-
puis le matin au grand caravansérail de la
souffrance.
Cambronne chercha alors à se rassurer :
■ — J'interprète mal son billet sans doute.
Elle a de la religion... Est-ce que j'ai pu me
faire aimer d'elle au point qu'elle se suicide
en croyant perdre mon affection ! C'est égal :
misérable brute orgueilleuse que j'ai été pour
elle... et pour Zidore!...
Ces réflexions amenant ainsi le nom de son
fils, le chiffonnier songea à le consulter, s'il
en était temps encore, sur le cas étrange
d'Elisë.
Mais, retourné au Gros-Caillou, le Philo-
sophe apprit qu'Isidore, Cincinnatus et de
lourds bagages devaient avoir rejoint depuis
près d'une heure M. Willcomb à la gare de
l'Ouest, pour prendre le train du Havre.
Il était tout naturel que le, vieil ami de
Mme Paphos finît par penser à aller lui con-
fier ses navrantes anxiétés ; s'il ne l'avait pas
fait tout d'abord, c'est, qu'on ne raisonne pas
sous certains coups -riioratix : on se débat à
l'aveugle.
Cambronne revoit, donc vers la rue Moufle-
tard. La fal;igue."Illi coulait son plomb dans,
les os, et c'est eh trébuchant comme un hoir*-1
me ivre qu'il monta les six étages conduisant
au galetas de la chiffonnière. v
Il la trouva, achevant de ranger dans un
vieux coffre, à la lueur d'un maigre lumi-
gnon, les vêtements cossus qu'elle tenait de,
la générosité du transatlantique.
Quoique bouleversé à en être presque mé-
connaissable, le vieillard arracha, par son as-
pect, plutôt un cri de pitié que d'effroi à Mmo
Paphos.
Il lui tendit, sans parler, la lettre de sa fille
adoptive.
La chiffonnière sembla éprouver, à lire, une
difficulté qui ne faisait pas honneur à son,
instruction, même primaire, car elle demeura
bien deux minutes le nez baissé sur le papier. '
— Ecoutez donc, mon compère, dit-elle en-
fin avec un embarras visible, fectivement que"
vous étiez tout chose, en vis-à-vis de la bi-1
chonne... et que votre syndicat et vos réfor-J
înes, comme vous dites, vous a tourné la tête.,,
et qu'on-peut me'ttre le cœur par-dessus V»
marché ! Prêt à/condamner Zidore pour cur/er
l'égout, et puis vous périr ensuite, en laissant
comme ça c:te chère enfant sans père ni ¡frère'
sur la terre, ; n'en v'ià-t-il pas des gentillesses
qu'on levir donnnerait le sobriquet des barba-
ries, et bien faites pour pousser c'te pauvre
orpheline à vous planter là, puisque vous n'a-
viez 'plus l'air de vous soucier d'elle, moins
qu'd de mon avant-dernier cachemire d'osier! <
planter là 1 répéta Cambronne stu.',
'péfait et indigné. Mais vous ne comprenez
I0?.1? mifflj&aaaMaMBt; feramelnwnai
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