Titre : La Petite presse : journal quotidien... / [rédacteur en chef : Balathier Bragelonne]
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1872-05-15
Contributeur : Balathier Bragelonne, Adolphe de (1811-1888). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32837965d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 15 mai 1872 15 mai 1872
Description : 1872/05/15 (A6,N2199). 1872/05/15 (A6,N2199).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k47152712
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-190
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 22/10/2017
LA PETITE PRESSE
5 cent. le numéro
JOURNAL QUOTIDIEN \
' 5 cent. le numéro
ABONNEMENTS —Trois mois Six mois Un 8n"
Paris 5 fr. 0fr. 18 1r.
Départements.... 6 11 22 V
Administrateur : BOURDILLIAT ^
" , - f 1 . j ~ àpffie.' - MERCREDI H; -MAI 187 2. — Saint ISIDORE. — N' 2199.
RÉDACTION ET ADMINISTRATION
13, quai Voltaire
Succursale ; 9, rue Drouot. 9
PARIS, 14 MAI 1872
CROQUIS ET STATUETTES
JULIETTE ET ROMÉO
Juliette est encore une enfant. Elle aura
huit ans aux figues.
Mais Juliette est Africaine. Elle est née
en Abyssinie, où l'on est femme à dix ans.
Dans ces contrées brûlantes où régna
Théodoros, l'amour n'attend pas le nombre
des années.
Il y a quatre ans, Juliette fit la rencon-
tre de Roméo sous un bosqùet de bananiers
et ils s'aimèrent.
Ils s'aiment encore, ce qui prouve suffi-
samment leur charme et -leur vertu réci-
proques.
+ ■
, Juliette est charmante : des yeux noirs
fendus en amandes, ombragés de longs cils
soyeux ; un regard de créole fin et doux,
un front superbe aux contours asiatiques;
la démarche indolente et fière, le balance-
ment cadencé d'une almée, et des petits
coups de tête pareils à des coups d'éven-
tails : je ne sais quoi d'espiègle et de mé-
lancolique, de grave et de mutin. Je ne
sais quel charme exotique qui transporte
l'imagination sous les hauts palmiers, au
bord des grands fleu'ves où boit la gazelle, ,
en face d'horizons ensoleillés, ponctués de
caravanes.
Juliette est une noble fille : ses ancêtres,.
tour à tour- adorés comme dieux, ou célébrés
comme guerriers, combattirent avec éclat
sous le roi Pyrrhus. -
Dans l'extrême Orient, les princes et les
rois suspendent à leur cou l'image de Ju-
liette.
C'est un titre et un honneur.
Juliette porte une robe brune, artistement
ourlée et soutachée de gris. Cette robe, d'un
grain merveilleux, dessine autour des épau-
les une espèce de mute en, barque, ou de sui-
vez-moi, jeune homme.
Sa taille est de cinq pieds trois pouces,
bien prise, mais un peu forte : elle mesure
trois mètres de circonférence.
A côté de Juliette, l'excellente Mme
Thierret n'est pas plus grosse qu'une souris.
Son pied, qui n'a rien de chinois, serait
. à l'étroit dans une botte de sept.lieues. Mais
son pas mesuré est discret et sourd, fait
pour les rendez-vous.
On le dirait chaussé de caoutchouc. Son
talon écraserait une tortue de Magadascar,
et son petit doigt ferait craquer la pantou-
fle de Cendrillon. - ■
Ses oreilles, larges comme la . feuille du
caroubier et mouvantes comme une vague,
ont pour le moins deux pieds de long.
C'est pour mieux entendre, j'imagine, le
chant de l'alouette et les confidences de
Roméo..
Dans chacune de ses dents blanches com-
me lu lis on sculpterait un bénitier.
Enfin, le nez est prodigieux, fantastique,
inoui. Il a un mètre de long... C'est mer-
veille de le voir se dresser comme une épée, se
recourber comme un cor de chasse, se
mouvoir comme un balancier, se dérouler
comme une couleuvre.
Ce nez, c'est son verre, c'est sa four-
chette, c'est sa main, c'est son arme.
Il cueille nonchalamment l'herbe parfu-
mée des prairies, déracine les arbrisseaux,
fait pirouetter les jaguars en l'air et débou-
che les bouteilles de Champagne !
Je vous ferais injure si je croyais avoir
besoin d'ajouter qu'il s'agit ici d'une trom-
pe et que Juliette est un éléphant.
+
Son compatriote et son époux, Roméo,
est plus haut, plus fort, plus grave et plus
docile.
On dirait, à le voir, un pan-de muraille,
une tête de granit et des pieds en fonte.
Pour le ,faire parvenir au balcon de Juliette,
je ne vois guère que le grand escalier du
Trocadéro.
Roméo a la force de dix bœufs et la dou-
ceur d'un agneau. Juliette le sait bien et
elle en abuserait peut-être si la tendresse
de Roméo n'était tempérée je ne sais par
quelle dignité prudente et virile.
Il se fait obéir comme il se fait aimer, met
le holà à ses caprices par un cri assez bref,
et modère, au besoin, ses vivacités d'un lé-
ger coup de trompe, quelque chose comme
une petite tape sur la joue.
Ce n'en est pas moins un bon ménage, et
j'incline à dire qu'en ces temps de discordes
et de vengeances conjugales on pourrait fort
bien le proposer pour modèle.
+
Il y a. quelques mois, Juliette et Roméo
prenaient leurs ébats dans le Jardin zoolo-
gique du roi,, à Turin.
Victor-Emmanuel les a donnés à la France J
et il faut avouer qu'il lui devait bien cela. "
Aujourd'hui, le couple africain fait le plus
bel ornement du Jardin d'Acclimatation au
bois de Boulogne.
Le hasard m'a fait assister avant-hier à
leur petit lever. Leur cornac, M. Molle, qui
a éj,é les chercher en Italie, m'a introduit
dans leur chambre à coucher, juste au mo-
ment où il commençait leur toilette.
C'est avec une docilité parfaite-et un plai- '
sir manifeste qu'ils se laissent laver, bros-
ser, éponger les défenses et rincer la trompe. :
Juliette surtout se prête à tous ces exercices
avec une coquetterie remarquable. Elle sem-
ble dire : « Encore, encore ! mon cher mon-
sieur Molle, je ne serai jamais trop belle !»
'i +
$
^Ji|tiette et Roméo couchent dans la même
pièce, mais à distance convenable. Ils -font
lit à part.
Leur appétit est celui qui convint à des
personnages de cette taille. Si la carte ne
varie guère, elle est abondante et saine.
Voici le menu de Juliette et de Roméo :
HORS-D'OEUVRE
Dix livres de son.
ENTRÉE
Huit livres de pain tendre.
ENTREMETS
Douze bottes de foin. 1
DESSERT I
Cinq ou six corbeilles de carottes.
BREUVAGE .
Douze'seaux d'eau soigneusement filtrée.
LIQUEUR
Un barril de coco.
- ~\~
Vers midi, après un petit bout de toilette,
Juliette et Roméo quittent leur apparte-
ment ; un gracieux baldaquin s'élève sur
leur croupe monumentale et ils font le tour
des lacs portant sur leur dos des bouquets
d'enfants.
Rien n'est joli comme toutes ces têtes
blondes et roses couronnant ces forteresses
ambulantes. Parfois les parents prennent
place au milieu de leurs bébés et jouent
gravement au nabab.
Mais qela n'est que de la plume pour Ro-
méo, et Juliette porterait tout un gouverne-
ment sans broncher.
Je ne.sais pas jusqu'à quel point le lé-
zard est l'ami de l'homme : ce qu'on peut
affirmer, c'est que l'éléphant est Pami des
enfants. L'affection qu'il leur témoigne est
vraiment curieuse. Il faut voir comme Ro-
méo et sa digne compagne se montrent ca-
ressants et doux pour les bébés du jardin,
comme ils ont l'air fier de porter sur leur
dçs cette jeune génération.
" "iDeux anecdotes à ce propos. ' '
;L.-, U n cornac hollandais élevait à grand'-
"peine un éléphant, qui avait la tête près du
bonnet. Chaque fois que l'animal se mettait
en colère, le cornac appelait ,à son aide un
de ses enfants. A la vue du bébé, l'éléphant
se calmait aussitôt, allongeait sa trompe,
tirait le bambin par sa blouse, prenait sa
casquette, la faisait sauter en l'air et la re-
plaçait doucement sur la tête de son petit
compagnon. Sa bonne humeur durait jus-
qu'au lendemain.
Dans une ménagerie de Florence, la
femme du cornac avait un enfant au ber-
ceau. Pendant qu'elle disposait les places ou
qu elle balayait le cirque, un jeune éléphant,
qu on avait dressé à cette besogne mater-
nelle, agitait le berceau avec sa trompe et
endormait l'enfant.
+
Juliette et Roméo sont au mieux avec leur
cornac Molle et complètement acclimatés à
leur nouveau séjour. Rien de frais d'ail-
leurs, de charmant, de fleuri, d'animé
comme ce jardin zoologique du bois de Bou-
logne dont la prompte et brillante résurrec-
tion fait le plus grand honneur à M. Geof-
froy Saint-Hilaire.
Juliette et Roméo sont là comme chez
eux et peuvent se croire dans leur pays na-
tal. Le flamand aux ailes roses et l.'ibis sa-
crée, les singes, les perroquets, l'autruche,
le casoard et le chameau, le zèbre et la ga-
zelle, tout leur rappelle la patrie absente et
leur fait-comme une pe tite Afrique dans ce
merveilleux jardin.
Un seul nuage assombrit leur horizon.'
Par instinct, par fierté peut-être, l'élé-
phant ne se reproduit pas dans la servi-
tude.
Juliette et Roméo passeront leur vie à
sur leur dos des générations de
bébés et ils, n'auront jamais d'enfants.
FULBERT DUMONTEIL.
INFORMATIONS POLITIQUES
ET ADMINISTRATIVES
Le Journal officiel publie la résolution de l'Assem-
r LIée, ordonnant :
L'ouverture d'une enquête sur la situa-
it du matériel de guerre au mois de juillet
iS70 ; 2" au renvoi tant à la commission de
réorganisation de l'armde qu'à celle de la ré-
vision des services administratifs, des conclu-
sions du rapport de la commission des mar-
chés, tendant à la création d'un contrôle civil
des services du ministère de la* guerre.
On attend demain la discussion de la pro-
position présentée par M. Scliœlclier et rela-
tive à l'abolition de la peine de mort. On
croit que le ministro do l'intérieur prendra
la parole.
Ce qui donne un certain intérêt à la dis-
cussion, c'est que le même M. Victor Lefrauc
a repoussé, en 1848, cette réforme pénale.
On assure que M. Thiers et M. Dufauro se-
raient disposés à prendre part au débat an-
noncé par M. Rouher. Ce dernier pourrait
bien avoir dans cette discussion plutôt le rôle
d'un accusé que celui d'un accusateur. On
s'attend à d'importantes révélations sur la
triste et sombre affaire du Mexique.
La santé de M. Thiers est tout à fait bonne,
si bonne même que les dîners de la présidence
vont être repris incessamment.
Comme par le passé, les diverses fractions
N° 26. — Feuilleton de la PETITE PRESSE
Le Chiffonnier Philosophe
PREMIÈRE PARTIE
LA BATAILLE DES 800,000 FRANCS
XXI
La lessive de Zidore.
Le père Cambronne s'était bien aperçu de
l'officieuse manœuvre de son fils ; mais comme
elle tirait d'un mauvais pas l'Autorité un peu
fourvoyée en sa» personne et en celle de son
collègue, il ne l'avait contrariée en aucune
manière.
Après avoir engagé ses hôtes à s'asseoir, il
dit à Zidore :
— Je vous ferais compliment de votre ma-
nière adroite d'expulser ces deux drôles, si je
n'étais en doute pour la source où vous puisez
l'or que vous répandez à pleines mains.
- Tiens 1 fit gaiement le prisonnier, un
prince valaque ayant encore, ce matin. 800.000
francs chez son notaire, se gêner d'un napo-
léon pour empêcher un massacre...
— Votre réponse, répliqua le chiffonnier,
• a est confirmative à la gravité des circons-
tances. Mais, ajouta-t-ilen saluant'Willcomh,
elle me facilite de réclamer à monsieur les ex- -
plications annoncées par son domestique,
quand cet homme de couleur vint, de sa part,
me faire connaître qu'en me rendant, à dix
heures précises, rue de la Bruyère, chez une
nommée Irma de Montcarmé. " j'y trouverais
mon fils caché sous les habits d'un .l)rince :
étranger et enlacé à épouser cette courtisane. j
— L'explication, dii alors -\,Villcomb, se ré- j
duit à ceci : la Montcarmé est une mauvaise
femme dans toutes les acceptions du mot. Avec j
des lettres savantes restées dans ses mains, I
elle se proposait' -de troubler le ménage d'un ;
de mes amis, que, d'abord, elle avait ruiné; j
alors, ces lettres, j'en traitai avec elle. !
— Un beau trait ! dit Matagatos. j
— J'y accorde, répondit le chiffonnier phi- |
losophe, mais du moment que monsieur en :
avait les moyens... j
— J'avais, je crois, été convenable, en fixant 1
à vingt-cinq mille francs le prix de cette mar-
'chandise.
— Sacrebleu! vingt-cinq mille francs; une
fortune, s'écria Matagatos, et gagnée à ne pas
commettre une saleté ! •# |
— Eh bien, monsieur ! marché conclu et!
promesse formellement faite de me rendre la j
correspondance quand elle serait réunie et j
bien en ordre, savez-vous, au dernier mo- ;
ment, les exigeances de cette malheureuse? Ce j
n'est plus vingt-cinq mille, - c'est cent mille !
francs qu'il lui faut : pas un sou de moins ! j
— Des navets ! - s'écria le tueur de chats, j
Cent mille francs! De quoi fonder un hôpi- j
tal! Vous ne les lâchâtes pas, j'aime à me le
figurer. |
— Je les lâchai, répondit en souriant Will- 1
comb. Comme dit votre collègue, mes moyens
1 me le permettaient.
i — A-t-elle un chat, un bichon chéri, cette !
: misérable? s'écria naïvement Matagatos... j
! — Ce n'est pas de cecôlA-là que je. tournai
mes batteries; mais, au plus fort de ma co-
lère, se rencontre sur mon chemin ce mau-
vais sujet, continua l'Américain en frappant
amicalement sur l'épaule de Zidore assis à ses j
côtés; garçon à la fois naïf et rusé, en lui I
je trouve un excellent instrument de ven- I
geancé. Afin de donner dans l'œil de la drô-
lesse, je commence par envalaquer mon jeune
homme; puis, le moment venu, par votrs
étourdissante intervention, papa Cambronne,
je le dèvalaque. Il n'y a pas, à tout ce qui
s'est passé, d'autre finisse; votre fils a été l'é-
clair, vous avez été la foudre... et, à l'heure
qu'il est, une grande misérable doit avoir re-
connu la vérité du proverbe : Rira bien qui
rira le dernier!
— Superbement joué! dit Matagatos.
— Superbement joué, répéta Cambronne, il
est.possible; mais j'observerai à monsieur que
lui avant paru comme il le profère, un excel-
lent instrument de vengeance, mon^lls n'est
pourtant pas un flageolet ni un cornet à pis-
ton et, pour être-employé à des musiques -pa-
re ;l les', il faut donc qu'il ait méconnu l'hon-
neur et la délicatesse, car à la manière que
monsieur nous avait accueillis, Mme Paphos
et moi j'avais auguré que., comme Américain,
il .respectait la dignité de l'homme, même sous
les emblèmes de la misère.
— La question ainsi posée, répondit Will-
comb, comme vous-êtes, papa Cambronne, un
bravo et digne cœur dont l'opinion ne m'est
uas .indifférente..j.e vous dirai qu'en effet j'ai i
j eu à me plaindre de Zidore, qui m'avait ainsi
[ donné barres sur lui. Le verre à la main, Je
lui ai promis le secret de sonétourderie, et ce
secret lui sera gardé. Seulement, tout en es-
pérant que la leçon lui servira, je vous le dis,
surveillez-le, ses fréquentations ne sont pas
bonnes et il a été sur le point de très-mal
tourner.
— Eh bien, merci! dit Zidore, en voilà du
jésuit'sme! faire celui qui me ménage, pour
que, par l'en-dessous des paroles, papa croye
plus de mal que je n'en ai fait!
— Ah L fit Willcomb un peu étonné, vous
ne trouvez pas que je vous ménage?
— Laissez donc, dit l'ex-Valaque, votre con-
duite est une horreur!... Me metttre dans les
mains de votre canaille de nègre, qui com-
mence par me ficher 6,000 ballfe, en me fai-
sant croire que j'en aurai autant à manger
par mois et une voiture à mes ordres, et que
je pourrai épouser une veuve de 30,000 livres '
de rente... qui se trouve être une femme de -
mauvaise vio!
— C'était dans les droits de monsieur, re-
marqua Matagatos, à toi de ne pas venir te
fourrer dans ses jambes !
—Et c'étaient aussi ses droits, continua Zi-
dore, d'ordonner à son domestique de me cor-
rompre, jusqu'à me faire regarder les pièces
de vingt francs pour des pièces de vingt
sous !... que l'on a pu voir, tout à l'heure,
comme d'un rien, je les aboule; et me mon-
ter ridiculement en linge jusqu'à deux ,dou-
zaines de chemises, et des habits à ne pas s'y
rceonnaî-tre, et me faire voyager en chaise de
poste, et dans les auberges ' dîner, à des dix
francs par têts; c'est bien votre fichu nègre
qui en est une mauvaise de fréquentation
3
5 cent. le numéro
JOURNAL QUOTIDIEN \
' 5 cent. le numéro
ABONNEMENTS —Trois mois Six mois Un 8n"
Paris 5 fr. 0fr. 18 1r.
Départements.... 6 11 22 V
Administrateur : BOURDILLIAT ^
" , - f 1 . j ~ àpffie.' - MERCREDI H; -MAI 187 2. — Saint ISIDORE. — N' 2199.
RÉDACTION ET ADMINISTRATION
13, quai Voltaire
Succursale ; 9, rue Drouot. 9
PARIS, 14 MAI 1872
CROQUIS ET STATUETTES
JULIETTE ET ROMÉO
Juliette est encore une enfant. Elle aura
huit ans aux figues.
Mais Juliette est Africaine. Elle est née
en Abyssinie, où l'on est femme à dix ans.
Dans ces contrées brûlantes où régna
Théodoros, l'amour n'attend pas le nombre
des années.
Il y a quatre ans, Juliette fit la rencon-
tre de Roméo sous un bosqùet de bananiers
et ils s'aimèrent.
Ils s'aiment encore, ce qui prouve suffi-
samment leur charme et -leur vertu réci-
proques.
+ ■
, Juliette est charmante : des yeux noirs
fendus en amandes, ombragés de longs cils
soyeux ; un regard de créole fin et doux,
un front superbe aux contours asiatiques;
la démarche indolente et fière, le balance-
ment cadencé d'une almée, et des petits
coups de tête pareils à des coups d'éven-
tails : je ne sais quoi d'espiègle et de mé-
lancolique, de grave et de mutin. Je ne
sais quel charme exotique qui transporte
l'imagination sous les hauts palmiers, au
bord des grands fleu'ves où boit la gazelle, ,
en face d'horizons ensoleillés, ponctués de
caravanes.
Juliette est une noble fille : ses ancêtres,.
tour à tour- adorés comme dieux, ou célébrés
comme guerriers, combattirent avec éclat
sous le roi Pyrrhus. -
Dans l'extrême Orient, les princes et les
rois suspendent à leur cou l'image de Ju-
liette.
C'est un titre et un honneur.
Juliette porte une robe brune, artistement
ourlée et soutachée de gris. Cette robe, d'un
grain merveilleux, dessine autour des épau-
les une espèce de mute en, barque, ou de sui-
vez-moi, jeune homme.
Sa taille est de cinq pieds trois pouces,
bien prise, mais un peu forte : elle mesure
trois mètres de circonférence.
A côté de Juliette, l'excellente Mme
Thierret n'est pas plus grosse qu'une souris.
Son pied, qui n'a rien de chinois, serait
. à l'étroit dans une botte de sept.lieues. Mais
son pas mesuré est discret et sourd, fait
pour les rendez-vous.
On le dirait chaussé de caoutchouc. Son
talon écraserait une tortue de Magadascar,
et son petit doigt ferait craquer la pantou-
fle de Cendrillon. - ■
Ses oreilles, larges comme la . feuille du
caroubier et mouvantes comme une vague,
ont pour le moins deux pieds de long.
C'est pour mieux entendre, j'imagine, le
chant de l'alouette et les confidences de
Roméo..
Dans chacune de ses dents blanches com-
me lu lis on sculpterait un bénitier.
Enfin, le nez est prodigieux, fantastique,
inoui. Il a un mètre de long... C'est mer-
veille de le voir se dresser comme une épée, se
recourber comme un cor de chasse, se
mouvoir comme un balancier, se dérouler
comme une couleuvre.
Ce nez, c'est son verre, c'est sa four-
chette, c'est sa main, c'est son arme.
Il cueille nonchalamment l'herbe parfu-
mée des prairies, déracine les arbrisseaux,
fait pirouetter les jaguars en l'air et débou-
che les bouteilles de Champagne !
Je vous ferais injure si je croyais avoir
besoin d'ajouter qu'il s'agit ici d'une trom-
pe et que Juliette est un éléphant.
+
Son compatriote et son époux, Roméo,
est plus haut, plus fort, plus grave et plus
docile.
On dirait, à le voir, un pan-de muraille,
une tête de granit et des pieds en fonte.
Pour le ,faire parvenir au balcon de Juliette,
je ne vois guère que le grand escalier du
Trocadéro.
Roméo a la force de dix bœufs et la dou-
ceur d'un agneau. Juliette le sait bien et
elle en abuserait peut-être si la tendresse
de Roméo n'était tempérée je ne sais par
quelle dignité prudente et virile.
Il se fait obéir comme il se fait aimer, met
le holà à ses caprices par un cri assez bref,
et modère, au besoin, ses vivacités d'un lé-
ger coup de trompe, quelque chose comme
une petite tape sur la joue.
Ce n'en est pas moins un bon ménage, et
j'incline à dire qu'en ces temps de discordes
et de vengeances conjugales on pourrait fort
bien le proposer pour modèle.
+
Il y a. quelques mois, Juliette et Roméo
prenaient leurs ébats dans le Jardin zoolo-
gique du roi,, à Turin.
Victor-Emmanuel les a donnés à la France J
et il faut avouer qu'il lui devait bien cela. "
Aujourd'hui, le couple africain fait le plus
bel ornement du Jardin d'Acclimatation au
bois de Boulogne.
Le hasard m'a fait assister avant-hier à
leur petit lever. Leur cornac, M. Molle, qui
a éj,é les chercher en Italie, m'a introduit
dans leur chambre à coucher, juste au mo-
ment où il commençait leur toilette.
C'est avec une docilité parfaite-et un plai- '
sir manifeste qu'ils se laissent laver, bros-
ser, éponger les défenses et rincer la trompe. :
Juliette surtout se prête à tous ces exercices
avec une coquetterie remarquable. Elle sem-
ble dire : « Encore, encore ! mon cher mon-
sieur Molle, je ne serai jamais trop belle !»
'i +
$
^Ji|tiette et Roméo couchent dans la même
pièce, mais à distance convenable. Ils -font
lit à part.
Leur appétit est celui qui convint à des
personnages de cette taille. Si la carte ne
varie guère, elle est abondante et saine.
Voici le menu de Juliette et de Roméo :
HORS-D'OEUVRE
Dix livres de son.
ENTRÉE
Huit livres de pain tendre.
ENTREMETS
Douze bottes de foin. 1
DESSERT I
Cinq ou six corbeilles de carottes.
BREUVAGE .
Douze'seaux d'eau soigneusement filtrée.
LIQUEUR
Un barril de coco.
- ~\~
Vers midi, après un petit bout de toilette,
Juliette et Roméo quittent leur apparte-
ment ; un gracieux baldaquin s'élève sur
leur croupe monumentale et ils font le tour
des lacs portant sur leur dos des bouquets
d'enfants.
Rien n'est joli comme toutes ces têtes
blondes et roses couronnant ces forteresses
ambulantes. Parfois les parents prennent
place au milieu de leurs bébés et jouent
gravement au nabab.
Mais qela n'est que de la plume pour Ro-
méo, et Juliette porterait tout un gouverne-
ment sans broncher.
Je ne.sais pas jusqu'à quel point le lé-
zard est l'ami de l'homme : ce qu'on peut
affirmer, c'est que l'éléphant est Pami des
enfants. L'affection qu'il leur témoigne est
vraiment curieuse. Il faut voir comme Ro-
méo et sa digne compagne se montrent ca-
ressants et doux pour les bébés du jardin,
comme ils ont l'air fier de porter sur leur
dçs cette jeune génération.
" "iDeux anecdotes à ce propos. ' '
;L.-, U n cornac hollandais élevait à grand'-
"peine un éléphant, qui avait la tête près du
bonnet. Chaque fois que l'animal se mettait
en colère, le cornac appelait ,à son aide un
de ses enfants. A la vue du bébé, l'éléphant
se calmait aussitôt, allongeait sa trompe,
tirait le bambin par sa blouse, prenait sa
casquette, la faisait sauter en l'air et la re-
plaçait doucement sur la tête de son petit
compagnon. Sa bonne humeur durait jus-
qu'au lendemain.
Dans une ménagerie de Florence, la
femme du cornac avait un enfant au ber-
ceau. Pendant qu'elle disposait les places ou
qu elle balayait le cirque, un jeune éléphant,
qu on avait dressé à cette besogne mater-
nelle, agitait le berceau avec sa trompe et
endormait l'enfant.
+
Juliette et Roméo sont au mieux avec leur
cornac Molle et complètement acclimatés à
leur nouveau séjour. Rien de frais d'ail-
leurs, de charmant, de fleuri, d'animé
comme ce jardin zoologique du bois de Bou-
logne dont la prompte et brillante résurrec-
tion fait le plus grand honneur à M. Geof-
froy Saint-Hilaire.
Juliette et Roméo sont là comme chez
eux et peuvent se croire dans leur pays na-
tal. Le flamand aux ailes roses et l.'ibis sa-
crée, les singes, les perroquets, l'autruche,
le casoard et le chameau, le zèbre et la ga-
zelle, tout leur rappelle la patrie absente et
leur fait-comme une pe tite Afrique dans ce
merveilleux jardin.
Un seul nuage assombrit leur horizon.'
Par instinct, par fierté peut-être, l'élé-
phant ne se reproduit pas dans la servi-
tude.
Juliette et Roméo passeront leur vie à
sur leur dos des générations de
bébés et ils, n'auront jamais d'enfants.
FULBERT DUMONTEIL.
INFORMATIONS POLITIQUES
ET ADMINISTRATIVES
Le Journal officiel publie la résolution de l'Assem-
r LIée, ordonnant :
L'ouverture d'une enquête sur la situa-
it du matériel de guerre au mois de juillet
iS70 ; 2" au renvoi tant à la commission de
réorganisation de l'armde qu'à celle de la ré-
vision des services administratifs, des conclu-
sions du rapport de la commission des mar-
chés, tendant à la création d'un contrôle civil
des services du ministère de la* guerre.
On attend demain la discussion de la pro-
position présentée par M. Scliœlclier et rela-
tive à l'abolition de la peine de mort. On
croit que le ministro do l'intérieur prendra
la parole.
Ce qui donne un certain intérêt à la dis-
cussion, c'est que le même M. Victor Lefrauc
a repoussé, en 1848, cette réforme pénale.
On assure que M. Thiers et M. Dufauro se-
raient disposés à prendre part au débat an-
noncé par M. Rouher. Ce dernier pourrait
bien avoir dans cette discussion plutôt le rôle
d'un accusé que celui d'un accusateur. On
s'attend à d'importantes révélations sur la
triste et sombre affaire du Mexique.
La santé de M. Thiers est tout à fait bonne,
si bonne même que les dîners de la présidence
vont être repris incessamment.
Comme par le passé, les diverses fractions
N° 26. — Feuilleton de la PETITE PRESSE
Le Chiffonnier Philosophe
PREMIÈRE PARTIE
LA BATAILLE DES 800,000 FRANCS
XXI
La lessive de Zidore.
Le père Cambronne s'était bien aperçu de
l'officieuse manœuvre de son fils ; mais comme
elle tirait d'un mauvais pas l'Autorité un peu
fourvoyée en sa» personne et en celle de son
collègue, il ne l'avait contrariée en aucune
manière.
Après avoir engagé ses hôtes à s'asseoir, il
dit à Zidore :
— Je vous ferais compliment de votre ma-
nière adroite d'expulser ces deux drôles, si je
n'étais en doute pour la source où vous puisez
l'or que vous répandez à pleines mains.
- Tiens 1 fit gaiement le prisonnier, un
prince valaque ayant encore, ce matin. 800.000
francs chez son notaire, se gêner d'un napo-
léon pour empêcher un massacre...
— Votre réponse, répliqua le chiffonnier,
• a est confirmative à la gravité des circons-
tances. Mais, ajouta-t-ilen saluant'Willcomh,
elle me facilite de réclamer à monsieur les ex- -
plications annoncées par son domestique,
quand cet homme de couleur vint, de sa part,
me faire connaître qu'en me rendant, à dix
heures précises, rue de la Bruyère, chez une
nommée Irma de Montcarmé. " j'y trouverais
mon fils caché sous les habits d'un .l)rince :
étranger et enlacé à épouser cette courtisane. j
— L'explication, dii alors -\,Villcomb, se ré- j
duit à ceci : la Montcarmé est une mauvaise
femme dans toutes les acceptions du mot. Avec j
des lettres savantes restées dans ses mains, I
elle se proposait' -de troubler le ménage d'un ;
de mes amis, que, d'abord, elle avait ruiné; j
alors, ces lettres, j'en traitai avec elle. !
— Un beau trait ! dit Matagatos. j
— J'y accorde, répondit le chiffonnier phi- |
losophe, mais du moment que monsieur en :
avait les moyens... j
— J'avais, je crois, été convenable, en fixant 1
à vingt-cinq mille francs le prix de cette mar-
'chandise.
— Sacrebleu! vingt-cinq mille francs; une
fortune, s'écria Matagatos, et gagnée à ne pas
commettre une saleté ! •# |
— Eh bien, monsieur ! marché conclu et!
promesse formellement faite de me rendre la j
correspondance quand elle serait réunie et j
bien en ordre, savez-vous, au dernier mo- ;
ment, les exigeances de cette malheureuse? Ce j
n'est plus vingt-cinq mille, - c'est cent mille !
francs qu'il lui faut : pas un sou de moins ! j
— Des navets ! - s'écria le tueur de chats, j
Cent mille francs! De quoi fonder un hôpi- j
tal! Vous ne les lâchâtes pas, j'aime à me le
figurer. |
— Je les lâchai, répondit en souriant Will- 1
comb. Comme dit votre collègue, mes moyens
1 me le permettaient.
i — A-t-elle un chat, un bichon chéri, cette !
: misérable? s'écria naïvement Matagatos... j
! — Ce n'est pas de cecôlA-là que je. tournai
mes batteries; mais, au plus fort de ma co-
lère, se rencontre sur mon chemin ce mau-
vais sujet, continua l'Américain en frappant
amicalement sur l'épaule de Zidore assis à ses j
côtés; garçon à la fois naïf et rusé, en lui I
je trouve un excellent instrument de ven- I
geancé. Afin de donner dans l'œil de la drô-
lesse, je commence par envalaquer mon jeune
homme; puis, le moment venu, par votrs
étourdissante intervention, papa Cambronne,
je le dèvalaque. Il n'y a pas, à tout ce qui
s'est passé, d'autre finisse; votre fils a été l'é-
clair, vous avez été la foudre... et, à l'heure
qu'il est, une grande misérable doit avoir re-
connu la vérité du proverbe : Rira bien qui
rira le dernier!
— Superbement joué! dit Matagatos.
— Superbement joué, répéta Cambronne, il
est.possible; mais j'observerai à monsieur que
lui avant paru comme il le profère, un excel-
lent instrument de vengeance, mon^lls n'est
pourtant pas un flageolet ni un cornet à pis-
ton et, pour être-employé à des musiques -pa-
re ;l les', il faut donc qu'il ait méconnu l'hon-
neur et la délicatesse, car à la manière que
monsieur nous avait accueillis, Mme Paphos
et moi j'avais auguré que., comme Américain,
il .respectait la dignité de l'homme, même sous
les emblèmes de la misère.
— La question ainsi posée, répondit Will-
comb, comme vous-êtes, papa Cambronne, un
bravo et digne cœur dont l'opinion ne m'est
uas .indifférente..j.e vous dirai qu'en effet j'ai i
j eu à me plaindre de Zidore, qui m'avait ainsi
[ donné barres sur lui. Le verre à la main, Je
lui ai promis le secret de sonétourderie, et ce
secret lui sera gardé. Seulement, tout en es-
pérant que la leçon lui servira, je vous le dis,
surveillez-le, ses fréquentations ne sont pas
bonnes et il a été sur le point de très-mal
tourner.
— Eh bien, merci! dit Zidore, en voilà du
jésuit'sme! faire celui qui me ménage, pour
que, par l'en-dessous des paroles, papa croye
plus de mal que je n'en ai fait!
— Ah L fit Willcomb un peu étonné, vous
ne trouvez pas que je vous ménage?
— Laissez donc, dit l'ex-Valaque, votre con-
duite est une horreur!... Me metttre dans les
mains de votre canaille de nègre, qui com-
mence par me ficher 6,000 ballfe, en me fai-
sant croire que j'en aurai autant à manger
par mois et une voiture à mes ordres, et que
je pourrai épouser une veuve de 30,000 livres '
de rente... qui se trouve être une femme de -
mauvaise vio!
— C'était dans les droits de monsieur, re-
marqua Matagatos, à toi de ne pas venir te
fourrer dans ses jambes !
—Et c'étaient aussi ses droits, continua Zi-
dore, d'ordonner à son domestique de me cor-
rompre, jusqu'à me faire regarder les pièces
de vingt francs pour des pièces de vingt
sous !... que l'on a pu voir, tout à l'heure,
comme d'un rien, je les aboule; et me mon-
ter ridiculement en linge jusqu'à deux ,dou-
zaines de chemises, et des habits à ne pas s'y
rceonnaî-tre, et me faire voyager en chaise de
poste, et dans les auberges ' dîner, à des dix
francs par têts; c'est bien votre fichu nègre
qui en est une mauvaise de fréquentation
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