Titre : La Petite presse : journal quotidien... / [rédacteur en chef : Balathier Bragelonne]
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1872-05-05
Contributeur : Balathier Bragelonne, Adolphe de (1811-1888). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32837965d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 05 mai 1872 05 mai 1872
Description : 1872/05/05 (A6,N2186). 1872/05/05 (A6,N2186).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k4715261p
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-190
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 23/10/2017
LA PETITE PRESSE
JOURNAL ' QUOTIDIEN
5 cent. le numéro
;NONNEMENTS -Trois:moÎg mois Six mois Un art
Paris 5fr. 9 fr. 18 fr.
.. Départements.... 6 " 22
1 Administrateur : BOURDILLIAT
-t, ! f v *£*1 V 4 * . • t-- -
I*.-Mtféi- Ht BIIANGHE 5 Mil 1872. — Saint AUGUSTIN. -r N° 2186.
- REDACTION ET ADMINISTRATION
13, quai Voltaire
Succursale : 9, rue Drouot, 9 '
PARIS, 4 MAI 1872
LES DÉFAITES DE LA PRUSSE
ET CELLES DE LA FRANCE
On ne peut se faire une idée de l'analogie
complète, absolue, qui existe entre les dé-
sastres de la France en 1870 et les terribles
revers de la Prusse, en 1806.
Dans les causes, dans les agissements des
puissances, dans la façon dont furent enta-
mées les opérations et dans le résultat de
celles-ci la similitude est frappante.
. On dirait que les Prussiens ont voulu
/prendre leur revanche en suivant le chemin
; que leur avait montré Napoléon 1er. Ils ont
procédé de la, même manière, entamé la
querelle avec la même mauvaise foi. Dans
les préliminaires tout se ressemble : le pré-
texte fourni par la France, un ambassadeur
•presque insulté, un premier succès insigni-
fiant, puis la nouvelle d'une grande victoire
changée le lendemain en la certitude d'une
terrible défaite, tout y est, tout. On croirait
que les succès de la Prusse ont été calqués
en sens inverse sur les victoires et les
triomphes de la France en 1806.
C'est dans un très-judicieux et très-re-
marquable travail publié par M. Sorel,
-dans la Revue des Deux Mondes, que je
trouve tous les détails de ce curieux rap-
prochement.
. Napoléon Ier, vainqueur de l'Autriche
après la capitulation de Mack et à la suite
de la bataille d'Austerlitz, avait fait la paix
et amusait la Prusse en lui promettant la
.cession du Hanovre.
Mais pendant toute une année le roi Frédé-
ric Guillaume III fut berné par la diplomatie
de Talleyrand, et un beau jour le peuple
prussien se trouva dans une fureur in-
croyable en apprenant qu'on s'était joué de
son roi et de ses ministres.
Il demandait la guerre à grands cris.
De même que notre ambassadeur, en
1870, M. Benedetti, fut éconduit par le roi,
au moins s'il faut en croire une note pu-
bliée alors par les soins de M. de Bismark,
de même en 1806 l'ambassadeur de Prusse
fut pour ainsi dire renvoyé de France et,
coïncidence bizarre, il portait aussi un nom
italien.
Enfin, Napoléon exigea que le ministre
Hardenberg, chef du cabinet prussien, fût
congédié, et il lui reprocha da'" le Moni-
leur d'être traître et parjure.
Pendant que la colère de la Prusse
grandissait, Napoléon faisait la paix avec
l'Angleterre, trâitait avec la Russie et iso-
lait ainsi son eiinemi.,
Enfin la guerre éclata.
Mais de même que Bismark eut en 1870
l'habileté de nous la faire déclarer, de même
Napoléon Ier sut forcer le roi Fréderic-Guil-
laume à assumer toute la responsabilité
d'une déclaration de guerre.
Du côté de la France, tout était prêt.
L'armée se reposait depuis un an. Les.
-cadres étaient pleins; les approvisionne,
ments complets.
Du côté de la Prusse, c'étaient des tâton-
nements et-des hésitations sans nombre.
Chez nous tout était préparé d'avance.
Chez les Prussiens il n'y avait ni plan ni
suite dans les idées. Le commandement fut ■
donné à un chef incapable, etc., etc...
En lisant l'histoire des Prussiens à cette
époque, on croirait lire la nôtre en 1870.
Il n'y a pas jusqu'à l'enthousiasme des
Berlinois à propos du départ de leur armée,
jusqu'aux rodomontades dont ils semblaient,
s'enivrer qui ne rappellent l'aspect de Paris
et nos cris : à Berlin ! lorsque nos soldats se
rendaient en juillet 1870 sur nos frontières de
l'Est.
Enfin la campagne commmença.
Dès les premiers jours il y eut une grande
joie dans l'armée prussienne. Le général
'Tauentzien attaqué par les Français avait,
disait-on, été vainqueur.
Mais bientôt on apprenait que cette vic-
toire qu'on se disposait à apprendre à l'Eu-
rope n'était qu'une escarmouche sans va-
leur.
Ne vous semble-t-il pas que je vous parle
de la fameuse affaire de Sarrcbrûck, cette
reconnaissance dont on fit tant de bruit?-
Le lendemain un des corps avancés de la
Prusse était écrasé àLawfeld. Comme pen-
dant, nous avons exactement la surprise et
le désastre de Wissembourg.
A Lawfeld, le prince Louis fut tué.
A Wissembourg le général français,
Abel Douai, succomba également.
Peindre le désarroi de l'armée prussienne
après Lawfeld est une chose impossible ;
cependant, quelques jours après, on savait
que Brunswich se retirait avec70,000hom-
mes à Auerstaed pour y attendre les Fran-
çais, tandis que le prince de Hohenlohe de-
vait défendre le passage de la Saale à léna.
Le 15 octobre la nouvelle se répand que
le prince de Hohenlohe a battu les Fran- :
çalS, - !
! A Cœthen, à vVittemberg, à Leipzig, et !
dans toute la Prusse très-probablement, ce
j ne sont que cris de joie, chants d'enthou-
; siasme...
I C'était comme à Paris'le 6 août quand on
.annonçait que Mac-Mahon vainqueur avait !
pris quarante canons et fait trente mille
prisonniers. Il y avait aux deux époques le
même délire suivi du même réveil.
La Prusse apprenait bientôt, en effet,
que Napoléon avait éorasé Hohentohe à
Iéna, pendant que Davoust, avec vingt-six
mille hommes, battait la grande armée
prussienne.
La France, après la fausse joie du 6 août,
était épouvantée par la nouvelle du désas-
tre de Mac-'Mahon et par. la perte de la ba-
taille. de Spikeren.
L'analogie est complète, incroyable jus-
que-là.
Mais oii elle cesse d'exister c'est dans les
résultats.
L'effondrement de la Prusse fut effroya-
ble. Il ne lui resta plus un seul soldat, et
Frédéric-Guillaume fut forcé de subir la
dure loi du vainqueur.
Où je ne trouve pas non plus la moindre
analogie, c'est dans l'attitude des deux peu-
ples après leur défaite.
Les Prussiens s'aplatirent devant Napo-
léon. Les villes se rendaient par dizaines.
Les places les plus fortes capitulaient de-
vant un escadron de cavalerie, comme Stet-
tin; un bataillon d'infanterie s'empara de
Cüstrin. Une forteresse de premier ordre,
Magdebourg, se rendit sur une simple me-
nace de bombardement. Les bourgmestres
apportaient à Napoléon les clefs de leur ville
sur des plats d'or.
Enfin sept ministres de Prusse consenti-
rent, sans demander l'autorisation du roi, à
prêter le serment de fidélité à l'ennemi, et les
fonctionnaires prussiens exécutaient les or-
dres donnés par les Français.
Dieu merci, nous ne sommes pas tombés
si bas.
En considérant, cependant., la chute pro-
fonde du royaume de Prusse à cette époque,
nous avons sous les yeux un exemple récon-
fortant.
Nous pouvons nous dire qu'il ne 'tient
qu'à nous d'imiter ce peuple, de profiter de
mm pnrPllVPS et de rénarer nos revers.
VENDREDI.
INFORMATIONS POLITIQUES
ET ADMINISTRATIVES
L'administration des finances, de concert
avec celle de l'enregistrement, vient de faire
parvenir'aux comptables des régies financières
une longue instruction relative à l'interpréta-
tion à donner aux diverses questions qu'a sou-
levées l'application de la loi sur le timbré des
quittances, en ce qui regarde celles qui sont
délivrées ou reçues par les caisses de l'Etat. -
Quelques journaux se font l'écho de nou-
velles qui ont circulé à la Bourse et soutien-
nent que l'état de santé deM.Thiers laisse en-
core à désirer, et que le rétablissement est
lent.
Le Moniteur universel croit savoir qu'il n'en
est rion et que le Président de la République ,
a pu reprendre le cours de ses travaux sans
avoir à craindre la.moindre rechute.' Le re-
pos qu'il a pris pendant ces derniers jours et
les fréquentes promenades qu'il a faites dans
les environs da Versailles ont complètement
rendu M. Thiers à la santé.
Le 11 juin prochain s'ouvre un concous gé-
néral pour des places 'de surnuméraire dans
les bureaux des contributions indirectes.
Les pièces exigées doivent être produites
avant le 31 mai courant.
Les bureaux du directeur de la Seine sont
situés rue Duphot, 12. . 1,
"— En attendant qu'on autorise la Monnaie à frap-
per 1)0 millions au moins de monnaie de cuivre, la
commission examine des essais de monnaie en alu-
minium qu'on lui a présentés.
L'AFFAIRE BAZAINE
On lit dans le Journal des Débats :
A propos de l'affaire Bazaine, dont on se
préoccupait principalement, voici ce que l'on
racontait dans les divers groupes des députés :
Le ministre de la guerre aurait nettement
expliqué à la commission qu'à la suite d'un
conseil des ministres tenu ce matin, et dans
lequel on s'était vivement préoccupé de l'una-
nimité des commissaires pour réclamer avant ,
toute chose la publicité la plus complète des
avis motivés des conseils d'enquête, le Gou-
vernement avait reconnu qu'il ne lui était
guère possible de s'opposer plus longtemps à
cette publicité.
Le général de Cissey aurait également in-
formé la commission que le maréchal Baza ine,
prenant les devants, désirait comparaître de-
vant un conseil de guerre. Il aurait fait pré-
venir le ministre, par un de ses amis, qu'il
devait adresser une lettre au président de la
République afin de réclamer sa mise en juge-
ment.
Le général de Cissey a, dit-on, prié ensuite
la commission de ne point insister sur la pu-
blication de tous les procès-verbaux. Il lui
aurait expliqué que le gouvernement trouvait
un très-grand inconvénient à une semblable
publicité, parce que depuis hier on a officiel-
lement entamé avec le comte d'Arnim des né-
gociations dans le but de s'entendre pour
obtènir une plus prompte évacuation du ter-
ritoire.
Une discussion s'est engagée sur la ques-
tion de savoir si le décret qui ordonnera la
mise en jugement du maréchal Bazaine devra
viser la lettre par laquelle cel; officier général
réclame son, renvoi devant un conseil de
guerre ; la commission s'est prononcée pour la
négative.
La Presse donne le texte du décret du 1er mars
1812, relatif aux capitulations. En voici les deux pre-
miers articles :
Article 1er. Il est défendu à tout général,
N° 16. — Feuilleton de la PETITE-PRESSE
Le Chiffonier Philosophe
PREMIÈRE PARTIE
LA BATAILLE DES 800,000 FRANCS
XIII
Loyales explications.
Cincinnatus lut ce qui suit au jeune Cam-
bronne :
« Je ne doute pas, mon cher Ali Cogia,
écrivait le prétendu JaIlotesco, que tu ne te
sois trouvé exactement au rendez-vous d'Os-
tende, et tu m'y attends sans doute encore,
car je te sais un serviteur fidèle et ne raison-
nant jamais les ordres dont son maître juge
convenable de l'honorer.
« Je n'ai pu aller vous rejoindre à l'époque
annoncée, par suite d'un accident de chemin
de fer où j'ai été fort maltraité et mis dans
l'impossibilité de tenir une plume. Je suis
resté malade à Vienne et ne quitterai cette
ville que pour retourner à Bucharest; mon
voyage en Angleterre serait désormais sans
but.
Voir le, auaaéro d'hier,
« Je m'y rendais pour arranger une faillite
dont je me savais menacé. Pendant que j'éfais
sur mon lit de douleur, l'affaire a suivi, son
cours, et je suis à peu près ruiné.
« Le ciel, tu le vois, me mélange le bien et
le mal, d'un côte : il me fait retrouver mon
fils, de l'autre, il m'enlève ma fortune !...
« Dis à ce cher enfant avec qui j'avais tant
d'impotence de faire connaissance, que je ne
pourrai pas, pendant plus d'un mois ou deux,
lui continuer sa pension et lui entretenir une
voiture; il faut qu'il se-tire d'affaire lui-
même, et heureusement il en a la facilité.
« Cette veuve de 30.000 livres de rente, sur
laquelle nous avions jeté notre dévolu; il faut
qu'il l'enlève à la baïonnette, car le mariage
c'est le salut de notre maison.
« Mais, me diras-tu, mon jeune maître a
toujours 800,000 francs qui lui viennent de sa
mère : ces 800,000 francs, mon cher Ali, il ne
faut pas trop s'y fier.
« Je veux bien les laisser provisoirement
chez le notaire où tu les as déposés, après les j
avoir sauvés des mains de l'infâme Willcomb;
ils aideront à décider la veuve, mais, une fois
le mariage fait, il y aura à .compter, J'étais
riche et je me suis montré coulant dans le
partage de la succession de mon épouse bien- ;
aimée; aujourd'hui que j'ai presque tout
perdu, ma générosité deviendrait du péril, et
si je procède à la rigueur, il ne restera pas
grand'chose à monsieur mon fils.
«Qu'il se hâté donc de regagner Paris, épouse
au plus vite et revienne me présenter sa
femme.
« Jointe aux 800,000 francs qui nous restent,
la fortune de ma bru, quand je l'administre- ;
rai de la manière soigneuse aue tu connais,
doit nous remettre à flot, et si mon fils sait
s'y prendre, il peut y avoir encore de beaux
jours pour le nom de
« JANOTESCO.
Deux jours après la communication reçue à
Ostende par le Jeune Cambronne, vers les
sept heures du soir, une chaise de poste me-
née à quatre chevaux, par deux postillons,
s'arrêtait avec fracas devant la maison de la
rue de Labruyère où, par deux fois déjà, le
lecteur a été conduit.
Comme ce jour-là, ni à La Marche, ni au
bois de Boulogne" ni à Vincennes, n'avaient
Heu des courses pouvant expliquer la résur-
rection d'un mode de locomotion aujourd'hui
mort et enterré, de toute pari. les fenêtres
s'ouvrirent pour -voir ce que signifiait, avec ■
son concert de grelots et sa bruyante sym-
phonie de coups de fouet, ce postillonnage
effréné.
Notamment à l'une des croisées de l'appar-
tement occupé par la Montcarmé se montra
une figure de femme. Aussitôt, celle-ci en
voyant descendre de la chaise, d'abord un nè-
gre. et ensuite un jeune homme dont l'élé-
gante tournure se dessinait sous l'ampleur de
son vitchoura, se rendit compte de ce débal-
lage tapageur; c'était le locataire de l'entre-sol
qui arrivait-
Bien que cette façon turbulente de venir re-
prendre possession de son logement- put pa-
raître d'un goût douteux, en somme, elle n'é-
tait pas mal imaginée pour donner à une
femme cupide l'idée d'mw bonne 'surface pé-
cuniaire chez celui qui la recherchait. Car
voyager en poste à quatre chevaux est d'une
bien autre dépense que le transport omnibus
par les chemins de fer.
Cette coûteuse bizarrerie devait d'ailleurs
avoir plus tard une explication touchante et
des plus plausibles, dans l'accident prétendu
dont le vieux Janotesco aurait failli être vic-
time. Ce serait ce modèle des pères qui, trem-
blant pour les jours de son héritier, aurait
impérieusement exigé que son voyage se fit en
poste. Ainsi, une famille où l'on s'adorait, 011
l'on ne regardait pas à l'argent, et dans la-
quelle, par conséquent, il faisait bon entrer,
voilà ce qui, pour la belle Irma, finirait par
se déduire de cette chaise de poste, laquelle m
en disait plus qu'elle n'était grosse, si on YtP,
regardait bien.
Il n'était ni nécessaire, ni même convena-
ble q .le la présentation de Zidore chez sa fu-
ture se fit le soir même de son arrivée.
Cincinnatus l'engagea donc à calmer la fié-
vreuse impatience qu'il en témoignait et à se
mettre au lit. Quant à lui, soupirant déclaré,
de Mlle Mariette, il ne devait pas perdre un
moment pour aller -lui peindre son amoureuse
flamme, ce qui lui serait eo même temps une
occasion de savoir comment, depuis qu'ils s'é-
taient quittés, le complot matrimonial avait
marché.
Le recevant d'un air assez froid, sans même
lui offrir de s'asseoir, ce que dut faire le visi-
teur sans y être convié:
— Ca mord assez, lui répondit la soubrette,
et la preuve que la chère dame a des idées de
conclurp). c'est le grand changement qui s'--,,£
op 'rô dans sa yiè, Elle ne sort presque plua
que pour aller chez ses gens d'a'lî'aires, ne re-
çoit aucune vioiie légère, et. dans un instars
vous allez voir une chose qui vous ..prouver-»
JOURNAL ' QUOTIDIEN
5 cent. le numéro
;NONNEMENTS -Trois:moÎg mois Six mois Un art
Paris 5fr. 9 fr. 18 fr.
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1 Administrateur : BOURDILLIAT
-t, ! f v *£*1 V 4 * . • t-- -
I*.-Mtféi- Ht BIIANGHE 5 Mil 1872. — Saint AUGUSTIN. -r N° 2186.
- REDACTION ET ADMINISTRATION
13, quai Voltaire
Succursale : 9, rue Drouot, 9 '
PARIS, 4 MAI 1872
LES DÉFAITES DE LA PRUSSE
ET CELLES DE LA FRANCE
On ne peut se faire une idée de l'analogie
complète, absolue, qui existe entre les dé-
sastres de la France en 1870 et les terribles
revers de la Prusse, en 1806.
Dans les causes, dans les agissements des
puissances, dans la façon dont furent enta-
mées les opérations et dans le résultat de
celles-ci la similitude est frappante.
. On dirait que les Prussiens ont voulu
/prendre leur revanche en suivant le chemin
; que leur avait montré Napoléon 1er. Ils ont
procédé de la, même manière, entamé la
querelle avec la même mauvaise foi. Dans
les préliminaires tout se ressemble : le pré-
texte fourni par la France, un ambassadeur
•presque insulté, un premier succès insigni-
fiant, puis la nouvelle d'une grande victoire
changée le lendemain en la certitude d'une
terrible défaite, tout y est, tout. On croirait
que les succès de la Prusse ont été calqués
en sens inverse sur les victoires et les
triomphes de la France en 1806.
C'est dans un très-judicieux et très-re-
marquable travail publié par M. Sorel,
-dans la Revue des Deux Mondes, que je
trouve tous les détails de ce curieux rap-
prochement.
. Napoléon Ier, vainqueur de l'Autriche
après la capitulation de Mack et à la suite
de la bataille d'Austerlitz, avait fait la paix
et amusait la Prusse en lui promettant la
.cession du Hanovre.
Mais pendant toute une année le roi Frédé-
ric Guillaume III fut berné par la diplomatie
de Talleyrand, et un beau jour le peuple
prussien se trouva dans une fureur in-
croyable en apprenant qu'on s'était joué de
son roi et de ses ministres.
Il demandait la guerre à grands cris.
De même que notre ambassadeur, en
1870, M. Benedetti, fut éconduit par le roi,
au moins s'il faut en croire une note pu-
bliée alors par les soins de M. de Bismark,
de même en 1806 l'ambassadeur de Prusse
fut pour ainsi dire renvoyé de France et,
coïncidence bizarre, il portait aussi un nom
italien.
Enfin, Napoléon exigea que le ministre
Hardenberg, chef du cabinet prussien, fût
congédié, et il lui reprocha da'" le Moni-
leur d'être traître et parjure.
Pendant que la colère de la Prusse
grandissait, Napoléon faisait la paix avec
l'Angleterre, trâitait avec la Russie et iso-
lait ainsi son eiinemi.,
Enfin la guerre éclata.
Mais de même que Bismark eut en 1870
l'habileté de nous la faire déclarer, de même
Napoléon Ier sut forcer le roi Fréderic-Guil-
laume à assumer toute la responsabilité
d'une déclaration de guerre.
Du côté de la France, tout était prêt.
L'armée se reposait depuis un an. Les.
-cadres étaient pleins; les approvisionne,
ments complets.
Du côté de la Prusse, c'étaient des tâton-
nements et-des hésitations sans nombre.
Chez nous tout était préparé d'avance.
Chez les Prussiens il n'y avait ni plan ni
suite dans les idées. Le commandement fut ■
donné à un chef incapable, etc., etc...
En lisant l'histoire des Prussiens à cette
époque, on croirait lire la nôtre en 1870.
Il n'y a pas jusqu'à l'enthousiasme des
Berlinois à propos du départ de leur armée,
jusqu'aux rodomontades dont ils semblaient,
s'enivrer qui ne rappellent l'aspect de Paris
et nos cris : à Berlin ! lorsque nos soldats se
rendaient en juillet 1870 sur nos frontières de
l'Est.
Enfin la campagne commmença.
Dès les premiers jours il y eut une grande
joie dans l'armée prussienne. Le général
'Tauentzien attaqué par les Français avait,
disait-on, été vainqueur.
Mais bientôt on apprenait que cette vic-
toire qu'on se disposait à apprendre à l'Eu-
rope n'était qu'une escarmouche sans va-
leur.
Ne vous semble-t-il pas que je vous parle
de la fameuse affaire de Sarrcbrûck, cette
reconnaissance dont on fit tant de bruit?-
Le lendemain un des corps avancés de la
Prusse était écrasé àLawfeld. Comme pen-
dant, nous avons exactement la surprise et
le désastre de Wissembourg.
A Lawfeld, le prince Louis fut tué.
A Wissembourg le général français,
Abel Douai, succomba également.
Peindre le désarroi de l'armée prussienne
après Lawfeld est une chose impossible ;
cependant, quelques jours après, on savait
que Brunswich se retirait avec70,000hom-
mes à Auerstaed pour y attendre les Fran-
çais, tandis que le prince de Hohenlohe de-
vait défendre le passage de la Saale à léna.
Le 15 octobre la nouvelle se répand que
le prince de Hohenlohe a battu les Fran- :
çalS, - !
! A Cœthen, à vVittemberg, à Leipzig, et !
dans toute la Prusse très-probablement, ce
j ne sont que cris de joie, chants d'enthou-
; siasme...
I C'était comme à Paris'le 6 août quand on
.annonçait que Mac-Mahon vainqueur avait !
pris quarante canons et fait trente mille
prisonniers. Il y avait aux deux époques le
même délire suivi du même réveil.
La Prusse apprenait bientôt, en effet,
que Napoléon avait éorasé Hohentohe à
Iéna, pendant que Davoust, avec vingt-six
mille hommes, battait la grande armée
prussienne.
La France, après la fausse joie du 6 août,
était épouvantée par la nouvelle du désas-
tre de Mac-'Mahon et par. la perte de la ba-
taille. de Spikeren.
L'analogie est complète, incroyable jus-
que-là.
Mais oii elle cesse d'exister c'est dans les
résultats.
L'effondrement de la Prusse fut effroya-
ble. Il ne lui resta plus un seul soldat, et
Frédéric-Guillaume fut forcé de subir la
dure loi du vainqueur.
Où je ne trouve pas non plus la moindre
analogie, c'est dans l'attitude des deux peu-
ples après leur défaite.
Les Prussiens s'aplatirent devant Napo-
léon. Les villes se rendaient par dizaines.
Les places les plus fortes capitulaient de-
vant un escadron de cavalerie, comme Stet-
tin; un bataillon d'infanterie s'empara de
Cüstrin. Une forteresse de premier ordre,
Magdebourg, se rendit sur une simple me-
nace de bombardement. Les bourgmestres
apportaient à Napoléon les clefs de leur ville
sur des plats d'or.
Enfin sept ministres de Prusse consenti-
rent, sans demander l'autorisation du roi, à
prêter le serment de fidélité à l'ennemi, et les
fonctionnaires prussiens exécutaient les or-
dres donnés par les Français.
Dieu merci, nous ne sommes pas tombés
si bas.
En considérant, cependant., la chute pro-
fonde du royaume de Prusse à cette époque,
nous avons sous les yeux un exemple récon-
fortant.
Nous pouvons nous dire qu'il ne 'tient
qu'à nous d'imiter ce peuple, de profiter de
mm pnrPllVPS et de rénarer nos revers.
VENDREDI.
INFORMATIONS POLITIQUES
ET ADMINISTRATIVES
L'administration des finances, de concert
avec celle de l'enregistrement, vient de faire
parvenir'aux comptables des régies financières
une longue instruction relative à l'interpréta-
tion à donner aux diverses questions qu'a sou-
levées l'application de la loi sur le timbré des
quittances, en ce qui regarde celles qui sont
délivrées ou reçues par les caisses de l'Etat. -
Quelques journaux se font l'écho de nou-
velles qui ont circulé à la Bourse et soutien-
nent que l'état de santé deM.Thiers laisse en-
core à désirer, et que le rétablissement est
lent.
Le Moniteur universel croit savoir qu'il n'en
est rion et que le Président de la République ,
a pu reprendre le cours de ses travaux sans
avoir à craindre la.moindre rechute.' Le re-
pos qu'il a pris pendant ces derniers jours et
les fréquentes promenades qu'il a faites dans
les environs da Versailles ont complètement
rendu M. Thiers à la santé.
Le 11 juin prochain s'ouvre un concous gé-
néral pour des places 'de surnuméraire dans
les bureaux des contributions indirectes.
Les pièces exigées doivent être produites
avant le 31 mai courant.
Les bureaux du directeur de la Seine sont
situés rue Duphot, 12. . 1,
"— En attendant qu'on autorise la Monnaie à frap-
per 1)0 millions au moins de monnaie de cuivre, la
commission examine des essais de monnaie en alu-
minium qu'on lui a présentés.
L'AFFAIRE BAZAINE
On lit dans le Journal des Débats :
A propos de l'affaire Bazaine, dont on se
préoccupait principalement, voici ce que l'on
racontait dans les divers groupes des députés :
Le ministre de la guerre aurait nettement
expliqué à la commission qu'à la suite d'un
conseil des ministres tenu ce matin, et dans
lequel on s'était vivement préoccupé de l'una-
nimité des commissaires pour réclamer avant ,
toute chose la publicité la plus complète des
avis motivés des conseils d'enquête, le Gou-
vernement avait reconnu qu'il ne lui était
guère possible de s'opposer plus longtemps à
cette publicité.
Le général de Cissey aurait également in-
formé la commission que le maréchal Baza ine,
prenant les devants, désirait comparaître de-
vant un conseil de guerre. Il aurait fait pré-
venir le ministre, par un de ses amis, qu'il
devait adresser une lettre au président de la
République afin de réclamer sa mise en juge-
ment.
Le général de Cissey a, dit-on, prié ensuite
la commission de ne point insister sur la pu-
blication de tous les procès-verbaux. Il lui
aurait expliqué que le gouvernement trouvait
un très-grand inconvénient à une semblable
publicité, parce que depuis hier on a officiel-
lement entamé avec le comte d'Arnim des né-
gociations dans le but de s'entendre pour
obtènir une plus prompte évacuation du ter-
ritoire.
Une discussion s'est engagée sur la ques-
tion de savoir si le décret qui ordonnera la
mise en jugement du maréchal Bazaine devra
viser la lettre par laquelle cel; officier général
réclame son, renvoi devant un conseil de
guerre ; la commission s'est prononcée pour la
négative.
La Presse donne le texte du décret du 1er mars
1812, relatif aux capitulations. En voici les deux pre-
miers articles :
Article 1er. Il est défendu à tout général,
N° 16. — Feuilleton de la PETITE-PRESSE
Le Chiffonier Philosophe
PREMIÈRE PARTIE
LA BATAILLE DES 800,000 FRANCS
XIII
Loyales explications.
Cincinnatus lut ce qui suit au jeune Cam-
bronne :
« Je ne doute pas, mon cher Ali Cogia,
écrivait le prétendu JaIlotesco, que tu ne te
sois trouvé exactement au rendez-vous d'Os-
tende, et tu m'y attends sans doute encore,
car je te sais un serviteur fidèle et ne raison-
nant jamais les ordres dont son maître juge
convenable de l'honorer.
« Je n'ai pu aller vous rejoindre à l'époque
annoncée, par suite d'un accident de chemin
de fer où j'ai été fort maltraité et mis dans
l'impossibilité de tenir une plume. Je suis
resté malade à Vienne et ne quitterai cette
ville que pour retourner à Bucharest; mon
voyage en Angleterre serait désormais sans
but.
Voir le, auaaéro d'hier,
« Je m'y rendais pour arranger une faillite
dont je me savais menacé. Pendant que j'éfais
sur mon lit de douleur, l'affaire a suivi, son
cours, et je suis à peu près ruiné.
« Le ciel, tu le vois, me mélange le bien et
le mal, d'un côte : il me fait retrouver mon
fils, de l'autre, il m'enlève ma fortune !...
« Dis à ce cher enfant avec qui j'avais tant
d'impotence de faire connaissance, que je ne
pourrai pas, pendant plus d'un mois ou deux,
lui continuer sa pension et lui entretenir une
voiture; il faut qu'il se-tire d'affaire lui-
même, et heureusement il en a la facilité.
« Cette veuve de 30.000 livres de rente, sur
laquelle nous avions jeté notre dévolu; il faut
qu'il l'enlève à la baïonnette, car le mariage
c'est le salut de notre maison.
« Mais, me diras-tu, mon jeune maître a
toujours 800,000 francs qui lui viennent de sa
mère : ces 800,000 francs, mon cher Ali, il ne
faut pas trop s'y fier.
« Je veux bien les laisser provisoirement
chez le notaire où tu les as déposés, après les j
avoir sauvés des mains de l'infâme Willcomb;
ils aideront à décider la veuve, mais, une fois
le mariage fait, il y aura à .compter, J'étais
riche et je me suis montré coulant dans le
partage de la succession de mon épouse bien- ;
aimée; aujourd'hui que j'ai presque tout
perdu, ma générosité deviendrait du péril, et
si je procède à la rigueur, il ne restera pas
grand'chose à monsieur mon fils.
«Qu'il se hâté donc de regagner Paris, épouse
au plus vite et revienne me présenter sa
femme.
« Jointe aux 800,000 francs qui nous restent,
la fortune de ma bru, quand je l'administre- ;
rai de la manière soigneuse aue tu connais,
doit nous remettre à flot, et si mon fils sait
s'y prendre, il peut y avoir encore de beaux
jours pour le nom de
« JANOTESCO.
Deux jours après la communication reçue à
Ostende par le Jeune Cambronne, vers les
sept heures du soir, une chaise de poste me-
née à quatre chevaux, par deux postillons,
s'arrêtait avec fracas devant la maison de la
rue de Labruyère où, par deux fois déjà, le
lecteur a été conduit.
Comme ce jour-là, ni à La Marche, ni au
bois de Boulogne" ni à Vincennes, n'avaient
Heu des courses pouvant expliquer la résur-
rection d'un mode de locomotion aujourd'hui
mort et enterré, de toute pari. les fenêtres
s'ouvrirent pour -voir ce que signifiait, avec ■
son concert de grelots et sa bruyante sym-
phonie de coups de fouet, ce postillonnage
effréné.
Notamment à l'une des croisées de l'appar-
tement occupé par la Montcarmé se montra
une figure de femme. Aussitôt, celle-ci en
voyant descendre de la chaise, d'abord un nè-
gre. et ensuite un jeune homme dont l'élé-
gante tournure se dessinait sous l'ampleur de
son vitchoura, se rendit compte de ce débal-
lage tapageur; c'était le locataire de l'entre-sol
qui arrivait-
Bien que cette façon turbulente de venir re-
prendre possession de son logement- put pa-
raître d'un goût douteux, en somme, elle n'é-
tait pas mal imaginée pour donner à une
femme cupide l'idée d'mw bonne 'surface pé-
cuniaire chez celui qui la recherchait. Car
voyager en poste à quatre chevaux est d'une
bien autre dépense que le transport omnibus
par les chemins de fer.
Cette coûteuse bizarrerie devait d'ailleurs
avoir plus tard une explication touchante et
des plus plausibles, dans l'accident prétendu
dont le vieux Janotesco aurait failli être vic-
time. Ce serait ce modèle des pères qui, trem-
blant pour les jours de son héritier, aurait
impérieusement exigé que son voyage se fit en
poste. Ainsi, une famille où l'on s'adorait, 011
l'on ne regardait pas à l'argent, et dans la-
quelle, par conséquent, il faisait bon entrer,
voilà ce qui, pour la belle Irma, finirait par
se déduire de cette chaise de poste, laquelle m
en disait plus qu'elle n'était grosse, si on YtP,
regardait bien.
Il n'était ni nécessaire, ni même convena-
ble q .le la présentation de Zidore chez sa fu-
ture se fit le soir même de son arrivée.
Cincinnatus l'engagea donc à calmer la fié-
vreuse impatience qu'il en témoignait et à se
mettre au lit. Quant à lui, soupirant déclaré,
de Mlle Mariette, il ne devait pas perdre un
moment pour aller -lui peindre son amoureuse
flamme, ce qui lui serait eo même temps une
occasion de savoir comment, depuis qu'ils s'é-
taient quittés, le complot matrimonial avait
marché.
Le recevant d'un air assez froid, sans même
lui offrir de s'asseoir, ce que dut faire le visi-
teur sans y être convié:
— Ca mord assez, lui répondit la soubrette,
et la preuve que la chère dame a des idées de
conclurp). c'est le grand changement qui s'--,,£
op 'rô dans sa yiè, Elle ne sort presque plua
que pour aller chez ses gens d'a'lî'aires, ne re-
çoit aucune vioiie légère, et. dans un instars
vous allez voir une chose qui vous ..prouver-»
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