Titre : Journal des débats politiques et littéraires
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1890-02-13
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Type : texte texte
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Description : 13 février 1890 13 février 1890
Description : 1890/02/13. 1890/02/13.
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Description : Collection numérique : Histoire diplomatique :... Collection numérique : Histoire diplomatique : Révolution - Empire (1789-1815)
Description : Collection numérique : Histoire diplomatique :... Collection numérique : Histoire diplomatique : Restauration - Monarchie de Juillet (1814-1848)
Description : Collection numérique : Histoire diplomatique :... Collection numérique : Histoire diplomatique : IIe République - Second Empire (1848-1870)
Description : Collection numérique : Histoire diplomatique :... Collection numérique : Histoire diplomatique : IIIe République (1870-1914)
Description : Collection numérique : Histoire diplomatique :... Collection numérique : Histoire diplomatique : d'une guerre à l'autre (1914-1945)
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
JOURNAL DES DEBATS DU JEUDI .13 FEVRIER i890
R. je ne serais pas la Conciergerie, si cette
loin'existaitpas.
D. Le tribunal n'a ni à approuver, ni a criti-
quer la loi; il n'a qu'à l'appliquer à tous ceux
qui ont transgressé ses prescriptions impéra-
tives.
Le jeune duc d'Orléans se rassied. Jusqu'ici
le public est resté calme.
La parole est donnée à M. le substitut
Cabat.*
M. LE SUBSTITUT CABAT.
Quel que soit'ie mobile auquel ait cédé M. le
duc d'Orléans, dit le ministère public, quelle
qu'ait été son intention, la seule présence du
prince sur le territoire français constitue une
culpabilité qui a une évidence matérielle, au-
dessus de toutes les discussions. Aussi, est-ce
avec raison que le gouvernement a vu dans ce
simple l'ait de la présence du jeune duc en
France une contravention à. la loi qui a interdit
!f territoire de la république aux pretendans
comme à leurs héritiers directs et qu'il a décidé
de faire immédiatement passer le duc devant
ses juges.
~Êa~oi de 18G3 sur les nagrans délits est une
loi d'inspiration libérale, humanitaire et phi-
lanthropique. (Violentes interruptions).
M! SUBSTITUT CABAT ce sont des avocats qui
m'interrompent et qui murmurent. Ils n'ont pas
l'air de comprendre cette Io'. (Nouveaux mur-
mures,)
pRÉstDE'sT Je vais faire évacuer la
salle.
A ce moment, plusieurs avocats s'adres-
sent vivement au ministère public en protes-
tant contre l'accusation dont leurs confrères
sont l'objet.
-M M suBSTtTNT CABAT J'avais cru remarquer
que la manifestation partait surtout du barreau.
Je reprends ma phrase qu'on a pu ne pas très
bien entendre au milieu du tumulte.
Je disais que la loi de 1863 est une loi humani-
taire. Son but est d'abréger la détention préven-
tive sans qu'il en coûte rien a la défense. bn face
d'un ûagrant délit, quel est le premier devoir de
la justice? C'est d'être rapide; mais il faut égale-
ment qu'elle soit bonne. Aussi, la loi a-t-elle
sauvegardé les droits de la défense.
Samedi dernier, dès avant l'audience, je tiens
à ce qu'il n'y ait aucun doute a cet égard, M. le
duo d Orléans a été avisé qu'il avait un délai de
trois jours pour choisir un défenseur. Il a eu
tout le temps de préparer et d'organiser sa dé-
fense. Ce qui n'empêche pas que, malgré l'avis
donné, on a osé dire qu'il s'agissait lu.d'unp~ge,
d'une surprise, et qu'il y avait eu de la part du
ministère public une arrière-pensée de nuire a
la défense.
~Nouî~ommes en présence dans ce procès d'une
infraction à une loi, comment dirais-je? à une
loi absolue, à une loi politique, qui ne tolère
pas qu'elle ne soit pas exécutée, aussi n'y a-t-il
pas do moyen terme entre s'y soumettre, et la
violer. Nous sommes enserres dans un texte
fatal, et cette loi édicte contre celui qui Inviolé
une peine très grave.
Dans ces conditions, je ne m'étonne pas que
le jeune duc d'Orléans renonce à faire présenter
une défense, car je me demande ce qui pourrait
prévaloir contre un texte qui ne souffre pas de
discussion.
Vous qui êtes des juges, Messieurs, vous ap-
pliquerez la loi a M. le duc d'Orléans. Il recon-
naît qu'il l'a violée ouvertement, à son escient.
Vous le condamnerez.
M° ROUSSE.
M" Rousse à son tour se lave, et d'une
voix légèrement tremblante
Ni M. le duc d'Orléans, mon jeune client,
Messieurs, ni ses inutiles défenseurs, ni aucun
membre du barreau français n'ont jamais accuse
la magistrature de vouloir tendre des pièges et
de telles accusations ne connaissent ni la ma-
gistrature, nilajusticefrançaises.
M. le duc d'Orléans est venu en France, uni-
quement pour faire son métier de soldat et son
devoir de citoyen. Il n'a pris conseil de personne,
si ce n'est de sa jeunesse et de son cœur.it i a
fait sans souci de la politique, sans souci de ses
nécessités, de ses excitations, de ses passions,
ni de ses ardeurs. H a fait un acte volontaire,
un acte spontané. Ht laissez-moi vous le dire,
Messieurs (vous n'avez pas encore rendu votre
jugement), vous sympathisez, j'en suis sûr, avec
cet acte de ses vingt ans, qui honorera toute sa
vie. J'ai entendu dans ces derniers jours, pen-
dant lesquels nous avons été. obsedes,desgens
graves nous dire: « C'est un enfantillage Pour
moi/Messieurs, je prie Dieu que, au jour du
danser, nous ayons, parmi nous, autour de nous
et devant nous, beaucoup d'enfaus comme
cehn-ia (Vifs applaudissemons.)
Dieu veuille qu'ils viennent réclamer, quand
le sol de la patrie sera envahi, le droit et 1 hon-
neur do le défendre. Dieu veuille que la répu-
blique française, pleine de mansuétude, la re-
publique des plus sages, puisse rendre un jour
a la France de tels soldats, se souvenant du
noin de leurs pères, et faisant revivre dans les
régimens des noms glorieux qu'ils noat point
oubliés.
Se penchant vers le duc d'Orléans
nue mon jeune client, qui est un sitencieux,
pardonne à son défenseur, un avocat ne sait pas
~c taire. (Sourires.)
Quant à vous, Messieurs, on a dit que vous
deviez être inflexibles. Je remets le sort, non la
destinée actuelle de ce jeune homme entre vos
mains, ainsi que sa cause, et je vous demande
de b'cn examiner si vraiment, vous êtes for-
ces de le condamner: si oui, alors, comme il
vous le disait tout à l'heure, il s'inclinera de-
vant votre décision. Mais, je le répète en termi-
nMt, il n'est pas un de vous. Messieurs, qui ne
~e dise dana le fond de son cœur « J'aimerais
Miteux avoir à le défendre que d'avoir à le ju-
gf-r. s (Long mouvement.)
Nous avons dû nous résoudre, mon excellent
confrère Limbourg et moi, à ne pas défendre
notre ieune c]i"n< nous avons du nous incliner
devant cette volonté intlexible, devant cette sa-
~Mse de vingt ans, plus sage peut-être que
celle des sages. Nous nous bornons à déposer
entre vos mains des conclusions que nous na-
voM pu nous dispenser de rédiger et dont voici
la teneur.
LES CONCLUSIONS.
Plaise au tribunal, e
Attendu que, interroge à l'audience du 8 fé-
vrier i890. M. le duc d'Orléans a repondu <: que,
sans doute, il connaissait la loi du22juinlS86
mais qu'il pensait aussi devoir satisfaire à la loi
militaire de son pays, égale pour tous:-
Attendu que~oute la défense de M. le due
d'Orléans est dans cette réponse;
Attendu, en effet, que l'article 1~ de la loi du
t'; juillet 1889 impose à tout Français le devoir
du service militaire personnel;
Qu'en énumérant, dans son article 4, les di-
verses catégories de personnes auxquelles le
droit de faire partie del'arméeest retiré, la loi
n'a pa~compris dans cette énumération les ci-
~yèns frappés par la loi antérieure, exception-
neUeetrëvocable,du22 juin 1886;
Ouede plus, l'article 10 de la loi du 15 juil-
let 1889 impose à tout Français, même ~e~,
i~nt atteint l'âge de vingt ans révolus l'obli-
~nT~-e~a déclaration pour l'établisse-
!nent des tableaux du recrutement et que la
même loi édicte des mesures répressives ou né-
trissantes contre les jeunes gens qui se sont
soustraits au devoir commun;
Attendu qu'il n'y a pas lieu, devant la juri-
diction pénale, de rechercher si les dispositions
générales et absolues de la loi militaire sont ou
Se sont pas conciliables avec les dispositions ex-
ceutionnelles de la loi de 1886 que cette question
rentrerait dans la compétence exclusive de la
juridiction civile (art. 31 de la loi du l& juillet
â9â9)::
~Ou~il suffit, au point de vue de la poursuite,
de constater que les termes généraux sans res-
tr~îon dela'loi de 1889 étaient bien de nature
?faire naitre dans un cœur de vingt ans la pen-
sée et ~pérance de pouvoir, sans y prétendre
un aucun grade, servir~ous.le drapeau trico-
lore dans les rangs de l'armée française.
Oue c'est ce sentiment seul qui a détermine la
démarche de M. le duc d'Orléans
OM c'est dans ce but, qu'a peine arrivé à Pa-
ris' il s'est aussitôt et successivement rendu au
bu-eau de recrutement pour y faire sa déclara-
Ubn puis à la mairie et au ministère de la
guerre pour la renouveler.
~~ces faits sont de notoriété pub hque; quiis
auraient pu être établis devant le tribunal par
~nombreux témoignages, si, par une~erreur
d~IIeuM, la procédure des uagrans délits ne
lui avait pas été appliquée contrairement aux
fermes de~rticie de la loi du 20 mai .1863
Attendu que ces faits confirment pleinement
ïesdéetaraUons que .n'a cessé de f lire. M. le duc
~OrMans sur la cause et le but de son arrivée
a 3'aris;
~u~Uent à répéter ces affirmations et à pro-
te~r de nouveau contre la supposition de toute
pensée politique;
~Qu~ucune"préoccupation de cette nature ne
tenant se mettre avec les jeunes, gens do sa
~se a la disposition de M. le ministre de la
¡guerre'
~'A~endu que M. le duc d'Orléans connaissait
~ahsooute'ainsi qu'il l'a déclaré & l'audience
~vde'.les dispositions de la loi du 22 juin
?~86 et le danger pouvant en résulter pour hn
Que le sentiment profond de. ce q.i'il conside-
~ii comme un devoir supérieur, l'a emporte
ehe? lui sur toute autre considération
-Et que si, pour y obéir, il s'est exposé à !'ap-
plication delà loi de 1886, son intention formelle,
devant laquelle ses conseils doivent s'incli-
ner, est de s'en remettre a l'appréciation du
tribunal,
Par ces motifs,
Donner acte à M. le duc d'Orléans des démar-
ches qu'il a faites dans la journée du 7 février
1890 au bureau du recrutement, à la mairie du
7a arrondissement et au ministère de la guerre
pour se faire inscrire sur les tableaux de recen-
sement avec les jeunes gens de sa ciasse.
Lui donner acte également de ce que, en ce
qui concerne l'application de' la loi du 22 juin
1886, il déclare s'en remettre à la justice.
Rt.y!!e EDMOND MUSSE.
LFMBOCM;.
LE JUGEMENT.
Le tribunal délibère un quart d'heure et
rapporte de sa chambre du Conseil le juge-
ment suivant
Le tribuna!,
Attendu qu'aux termes de l'article 1er de la
loi du 22 juin 188G, le territoire de la république
est interdit aux chefs des familles ayant régné
en France et à leurs héritiers directs dans l'ordre
de primogéniture que l'article 3 de la même
loi édicte une pénalité contre celui qui, en vio-
lation de cette interdiction, sera trouvé en
France:
Que Finfraction prévue par ce dernier article
est un délit purement contraventionnel, exis-
tant par le seul fait matériel de la présence sur
le territoire de la république de l'une des per-
sonnes énumérées dans l'article 1~
Que le tribunal n'a, par suite, ni à rechercher,
ni à examiner quel a pu être le motif qui a dé-
terminé le contrevenant à rentrer en France
Attendu que Louis-Philippe-Robert, duc d'Or-
léans est le fils aîné de M. le comte de Paris, ce
dernier pctit-HIs du roi Louis-Philippe 1°', qu'il
est donc l'héritier direct dans l'ordre de primo-
géniture du chef de la famille d'Orléans ayant
régné en France jusqu'au 24 février 1848
Qu'il est ainsi l'une des personnes auxquelles
le territoiredelarépubliqueestinterdit; qu'ayant
été trouvé à Paris, le 7 février 1890, il a, de la
sorte, contrevenu aux prescriptions de la loi du
22 juin 1886, et encouru la pénalité prononcée
par cette loi;
Par ces motifs,
Déclare Louis-Philippe-Robert, duc d'Orléans,
coupable d'avoir, le février 1890, à Paris, con-
trevenu aux dispositions de la loi du22 juin 188G,
et, lui faisant application des articles 1 et 3 de
ladite loi,
Le condamne à deux années d'emprisonne-
ment, le condamne aux dépens';
Dit qu'il n'y a lieu de donner acte au duc d'Or-
léans des démarches qu'il dit avoir faites, dé-
marches dont la preuve n'est pas juridiquement
rapportée.
A ce moment, des cris de « Vive le duc
d'Orléans 1 » immédiatement suivis de sifflets
et de cris de « Vive la république ') éclatent
dans l'audience.
Le tumulte continue à la sortie, pendant
que les gardes font vivement évacuer la salle.
Le débat a marché vite il a duré juste une
heure.
AUTOUR DU PALAIS.
Hier, a. midi, le boulevard du Palais et la
cour de la police correctionnelle avaient à
peu près leur physionomie ordinaire.
Sur le palier de l'escalier où se trouve la
8° chambre, une trentaine de stagiaires et
quelques personnes privilégiées attendaient
le jugement. Sur le boulevard, de nombreux
agens faisaient circuler des passans qui
avaient l'air de vouloir s'arrêter..
Des mesures d'ordre sérieuses avaient été
prises, car il avait été annoncé à la police
que des camelots avaient reçus de l'argent
pour venir crier en bandes, devant le Pa-
lais a Vive la France 1 Vive la liberté! )) et,
si la foule approuvait » Vive le duc d'Or-
léans )) Ils devaient venir, a midi et demie,
les uns de la place du Châtelet, les autres de
la place Saint-Michel et se rejoindre devant
la grille du Palais. Mais, à supposer que le
projet ait été concu, il a été abandonné et,
quand la nouvelle de la condamnation du
duc d'Orléans s'est répandue au dehors du
Palais, aucun désordre ne s'est produit sur le
boulevard.
Toutefois, un grand nombre de personnes
se sont portées & la salle des Pas-Perdus. Une
cinquantaine de conscrits, arrivés en haut de
l'escalier, ont arboré leurs numéros de tirage
sur leurs chapeaux et sont entrés dans la salle
en criant M Vive la république "Aussitôt une
centaine de stagiaires groupés dans un coin de
la salle se sont découverts, et ont riposté par
les cris de: « Vive le duc d'Orléans Vive la
liberté a Les curieux ont pris part a la mani-
festation, et unecolonne d'environ 1,200 person-
nes a traversé la salle des Pas-Perdus et le
Palais en poussant les cris les plus divers. Le
cri de ('Vive Boulanger! » n'a pas été pro-
noncé.
Arrivée au grand escalier de la place Dau-
phine, la grande masse des manifestansa a
continué son chemin; mai°, alors, les agens
sont intervenus et ont procédé à l'arrestation
d'une dizaine de personnes, parmi lesquels
M. Mayol de Lupé.
M. de Villebois-Mareuil, qui se tenait à l'é-
cart sur le quai, exprimait son mécontente-
ment à ceux de ses amis qui l'entouraient
ce qu'il craignait surtout, disait-il, c'é-
tait qu'une bande de boulangistes n'arri-
vât pour manifester au nom du général et
ne donnât à la manifestation un caractère po-
litique qu'elle ne devait pas avoir. M.deViile-
bois-Mareuil, qui avait son écharpe de député
dans sa poche, se réservait, au cas ou les
boulangistes seraient venus manifester, de la
revêtir et, monté sur un banc, d'exhorter les
amis du duc d'Orléans à se disperser.
Vers une heure, les manifestans dispersés
sur le quai de l'Horloge par les agens, se sont
réunis, suivant le mot d'ordre qui avait été
donné, devant la statue de Henri IV pour y
déposer une couronne.
Peu inquiétés d'abord par les agens qui
étaient en petit nombre sur le terre-plein, ils
se sont contentés de lever ~eurs chapeaux aux
cris de « Vive la liberté! Vive le duc !<
Puis, à un moment donné, une magnifique
couronne de lilas blanc; de tulipes et de rosés
apparut au-dessus des têtes et fut accro-
chée à la grille de la statue. Des cris
éclatèrent x Non, non t Au pied de la sta-
tue' "La couronne fut jetés alors devant
le socle M. Keller, ûls de l'ancien député
de Belfort, sauta par-dessus la grille et
se disposait à relever la couronne quand une
escouade d'agens perça la foule et arrêta qua-
tre des individus qui s'apprêtaient à l'aider.
M. Keller, saisi au moment où il repassait
par-dessus la grille, a eu la cheville éraflée
par les piques eutre lesquelles il s'était pris
la jambe.
Tous les cinq ont été emmenés au poste du
Palais; la couronne, immédiatement enlevée,
a été emportée au Dépôt.
Pendant que ces incidens se produisaient,
un grand nombre de curieux s'étaient arrêtés
sur le (juai des Orfèvres, la place du Ch&tolet
et sur les ponts, mais sans prendre part en
aucune façon à la manifestation.
LES ARRESTATIONS.
Voici les noms de quelques-unes des per-
sonnes qui ont été arrêtées au cours de la
manifestation qui s'est produite devant la
statue Henri IV
MM. Pierre de Badmat
de Gontaut-Biron
Le vicomte Henri Mayol de Luppé;
Le marquis d'Atbou;
Le vicomte Théobald Foy
Louis d'Estampes, journaliste,;
Le marquis de Gouy d'Arsy
Tristan Lambert, ancien député;
de Niort, avocat à la Cour d'appel
Lambclin,publiciste;
Picot, Boullier et Capelin, étudiant
Joseph Cochey, ouvrier serrurier;
Le comte de Nouvill
Monge, artiste peiutt'e;
Dugout, rentier;
Grèbe, employé de commerce e
Jacques, négociant;
Tony Bouët, ~ans profession.
De plos, pept K conscrits a qui passaient
dans une voiture près du Palais de Justice en
criant « Vive le conscrit' » ont été arrêtés et
consignés, comme les précédons, a la dispo-
sition de M. Dherp, commissaire de police,
qui les a interrogés dans la soirée et .a ré-
digé les procès-verbaux.
Les manifestans dont nous donnons les
noms plu-; haut seront traduits devant la
Cour d'assises de la Seine sous l'in(!ulpa.t;on
décris séditieux et de tapage diurne. Le comte
de Neuville est poursuivi devant la même ju-
ridiction pour distribution de placards sédi-
tieux.
Les « conscrits ') seront probablement dé-
férés au tribunal de simple police.
Les uns et les autres ont été remis hier soir
en liberté provisoire.
Après leur arrestation, les personnes incri-
minées ont répondu avec beaucoup de calme
à M. Dhers, qui les interrogeait. Les préve-
nus ont déclaré au commissaire de police
qu'ils n'avaient pas cru contrevenir à la loi en
affirmant leur sympathie pour le duc d'Or-
léans et leur satisfaction de l'avoir vu venir à
Paris pour demander à faire son service mili-
taire.
A partir de cinq heures, l'antichambre du
bureau de M. Dhers a été envahie par les pa-
rens et par les amis des personnes arrêtées.
Un grand nombre de ces visiteurs appartien-
nent à l'aristocratie parisienne. Ils venaient
réclamer la mise, en liberté des prévenus ou
tout au moins la faveur de s'entretenir avec
eux. Sur ce dernier point, M. Dhers leur a
donné satisfaction. Au nombre de ces visi-
teurs se trouvaient la vicomtesse de Luppé et
le duc de Séville.
A LA CONCIERGERIE.
Après sa condamnation, le duc d'Orléans a
été conduit à la Conciergerie, dans la même
cellule. Jusqu'à, nouvel ordre, le prince ne
pourra recevoir aucune visite. Des instruc-
tions sévères ont été données dans ce sens.
Il est inexact que le gouvernement ait pris
une résolution a son égard. Il attendra l'expi-
ration des délais d'appels, qui sont de dix
jours et pendant lesquels le jeune prince res-
tera interné à la Conciergerie.
La lettre publiée hier matin par la J~'fM~ et
que, d'après ce journal, M. Herbette, direc-
teur de l'administration pénitentiaire, aurait
adressée au directeur de la maison centrale de
Clairvaux, en vue de la détention du duc
d'Orléans, est apocryphe. Aucune lettre sem-
blable n'a été signée par M. Herbette.
On annonce que le comte de Paris a en-
voyé, en réponse au télégramme de M. Bo-
cher, la dépêche suivante, qui a été commu-
niquée par le duc de Luynes & son 6ls
Porto-Rico, le ~1 février.
Je pense a mon cher prisonnier et je suis de
cœur avec lui.
NOUVELLES DIVERSES
Le Président de la république et M"~ Carnot
donneront deux grands bals au Palais de l'E)y-
sée les jeudis 13 et 27 février.
Le Président de la république a reçu hier matin
M. Bailly, président, et les membres du bureau
de la Société des artistes français.
Hier soir a eu lieu, a l'hôtel de la rue de Gre-
nelle, le dîner officiel offert par M. Tirard, pré-
sident du Conseil, ministre du commerce, de
l'industrie et des colonies, et par M~o Tirard aux
membres des bureaux des deux Chambres.
M. Floquet, président de la Chambre des Dé-
putes, retenu par un deuil de famille, s'était
fait excuser.
Tous les ministres, M. Poubelle, préfet de la
Seine M. Lozé, préfet de police, assistaient a
ce diner qui a été suivi d'une brillante récep-
tion.
Conformément à la circu'iaire de M. le préfet
de police, relative à l'affichage électoral, on a
commencé à poser contre les murs des édifices
publics des plaques rectangulaires, émaillées
s'jr fond bleu, portant en blanc l'inscription
suivante
I!DtHCE V. P. PUBUC
DÉFENSE D'AFFMHEC
Mt DU 29 JCtU-ET lS8t
Les lettres V. P. (Vilte de Paris) sont enfer-
mées dans un cartouche ayant forme de bla-
son.
Imitant l'exemple des instituteurs qui ont
tenu, au mois de septembre 1887, un Congrès il
la Sorbonne, les maîtres-répétiteurs avaient dé-
cidé de tenir également un Congrès les M et n
février prochain, au grand amphithéâtre de
rhôtel des Sociétés savantes, rue Serpente.
Trois séances devaient avoir lieu, présidées
successivement pa.r MM. Letellier, Jacques et
Maurice Faure, députés. Enfin, un banquet pré-
sidé par M.Dionys Ordinaire devait clore ce Con-
grès. Mais le ministre de l'instruction publique
vient d'interdire ce Congrès par la circulaire sui-
vante, adressée aux recteurs de toutes les aca-
démies
< Monsieur le recteur,
& J'apprends, par des demandes de congé, que
des maitres-répétiteurs auraient l'intention de
se réunir en Congrès & Paris, pour y discuter des
questions reiattves à leurs intérêts. Ainsi que je
l'ai déjà fait, je suis disposé à faire droit, au-
tant qu'il est mon pouvoir, et dans ce qu'ils ont
de légitime, a leurs vœux régulièrement présen-
tés. Mais il n'est pas permis a. des fonctionnai-
res d'oublier qu'ils ne peuvent, sans l'autorisa-
tion du ministre, se réunir en Congrès pour y
débattre des questions d'ordre administratif qui
touchent à la discipline et à la hiérarchie.
x- Veuillez leur faire connaître qu'aucune au-
torisation de ce genre ne m'a été demandée et
que, dans le cas où la demande m'en serait
faite, je ne saurais l'accueillir.
» VeuUlez agréer, etc. s
Pris au dépourvu par cette interdiction, les
maitres-répétiteurs ont pubfié un nouvel avis.
a Serviteurs dévoués de l'Université, disent-
ils, soucieux de leurs devoirs, les maîtres doi-
vent obéir. En conséquence, seuls les membres
de l'Association des maîtres-répétiteurs se réu-
niront en assemblée générale aux heures, dates
et lieu antérieurement indiqués pour la réunion
du Congrès. »
noTEL DMKOT. On vend en ce moment la
collection de feu M. Marquis, bien connu dans
l'industrie parisienne et qui compta, pendant
de longues années, parmi nos premiers ama-
teurs. Sa collection comprend surtout des objets
d~art et des ameublemens. Les deux premières
vacations, consacrées exclusivement à la vente
des porcelaines anciennes de Sèvres, Saxe,
Chine et Japon, ont produit lti9,C3l fr.
Voici quelques-uns des prix les plus élevés
Sèvres Deux vases en ancienne porcelaine,
pâte tendre, forme tulipe, fond gros bleu 1,800 fr.;
Deux autres vases, anciens et de pâte tendre,
fond blanc 2,580 f" Ecuelle, pâte tendre, fond
gros bleu, à médaitions, scènes maritimes et
personnages orientaux 1,090 fr.
Saxo Deux petits tableaux en porcelaine an-
cienne, sujets dans le goût de Wouwcrman
l,'i65 fr.; Deux autres tableaux, un Camp et des
Cavaliers arrêtés près d'une ruine: i,3CO fr.
Chine ancien.: Deux vases ovoïdes, décor
bleu, rouge de fer et émail vert monture
Louis XIV en argent gravé et ciselé: 4,t;00fr.; Deux
.vases a six pans, céladon bleu turquoise, mon-
ture bronze doré du temps de Louis XVI: 8,650 fr.;
Petit vase forme balustro côtelé en cétadon
vert-d'oau, monture en bronze ciselé et doré de
l'époque Louis XV: 2,200fr.; Deux vases, Dau-
phins debout on céladon vprt-d'cau, monture
rocaille 2,000 fr.; Deux potiches a panse ovo'fond rose orné de fleurs 6,tSO fr.
Porcelaines anciennes de Chine non montées:
Une lanterne octogone en ancienne porcelaine
mince de la. Chine décorée d'émaux verts et de
paysages; pièce exccptionneUe:t(),COOt'r.
Vase cylindrique évasé, décor. bleu, émaux
verts, parties en re!ief ?ujet un Jeune
Lettré endormi qui voit pousser des fleurs
au bout de sa plume, pièce datant du com-
mcncoment du aix-huitiéme siècle ~900 fr.;
Vase turbiné, cylindre-conique a couverte
rouge, Ûambé et dënor en relief: 8,600 fr.;
Bouteille a couverte rouge de fer, avec dragon a
cinq griffes émaitlé vert 3,MO fr.; Potiche dé-
coréo d'émaux de couleur rosé et de ïleurs
7,500 fr.; Autre potiche de même dccor surmon-
tée d'un chien de Fô:7,8Mfr.; Deux gran-
des vasques sphériques, à sujets famitiers
dans des paysages: 14,000 fr.; Vasque semi-
ovoïde ornée d'émaux veris, de paysages et
d'inscriptions 5,tM fr.; Autre vasque de même
forme, ornée de dragons chimériques s,.tso tT.;
Vasque ovoïde, fond rose à décor d'oiseau
5,000 fr.; Deux potiches ovoïdes à pendentif de
fleurs sur fond pointillé 3,250 fr.; Vase cylin-
drique orné de carpes émaillées rouge de fer
2,000 fr.; Trois grandes potiches ovoïdes, en an-
cienne porcelaine du Japon, décor violet, bleu
rouge et or, décorées de fleurs et d'oiseaux
7,9M fr.
t.E MAvuE,le i2 février.–On nous télégra-
phie
<' Un accident maritimequi a entraîné la mort
du mousse Gaston Lemagnan, âgé de quinze
ans, s'est produit hier dans les circonstances
suivantes
» Le canot de p~che j?patron Fournier et par le mousse Lemagnan
avait à bord le pilote Leroy de la station de
Quillebeuf. Le canot quitta le port du Havre à
une heure et quart du matin pour croiser en mer
et mettre le pilote dans un navire allant &
Rouen. Vers huit heures du soir, le canot aper-
çut à 4 milles au nord-ouest de Hève le
feu d'un navire. Le temps était sombre,
le j~'gnaler sa présence au pilote du navire en vue,
qui était le steamer anglais .E'm~'oiM, allant à
Rouen. Apercevant la torche, il changea de di-
rection, mais trop tard, et vint aborder par ba-
bord, sous le vent, le canot de pêche qui coula
aussitôt. Tout l'avant était enlevé. Les trois
hommes, précipités a la mer, se mirent à crier
et à demander une embarcation pour les secou-
rir. Us se maintinrent à la surface de l'eau au
moyen des épaves du canot. Quand l'embarca-
tion arriva, Lemagnan, transi par le froid et
trahi par ses forces, avait disparu.
Le patron et le pilote, à bout de forces, fu-
rent recueillis à bord du steamer et furent dé-
barqués ce matin au Havre. Des recherches ont
été vainement faites pour découvrir le mousse. &
MAnsEtLLE, le 12 février. De notre corres-
pondant particulier
Depuis ce matin, de légers flocons de neige
tombent et se fondent en touchant le sol la
température s'est subitement refroidie.
Ce soir, par le paquebot l'~msMM, des mes-
sageries maritimes, faisant le courrier do Ma-
dagascar, partent pour Zanzibar le prince russe
Boris Swiatopoll: Czitaverstynski et le major
général allemand Edouard Liebert, accompagné
de 8 officiers et 26 sous-officiers, arrivés hier de
Berlin.
MONTpELHEM, le 12 février. On nous télé-
graphie
« Nous avons fait connaître les circonstances
dans lesquelles a été commis le meurtre du sieur
Injalbert, de la commune de Magalas, assassiné
par sa femme, en présence de l'amant de
celle-ci.
L'affaire se complique maintenant d'un par-
ricide Le fils de la victime, jeune homme de
dix-sept ans, a participé à l'assassinat, de son
pore. Il a fait a. cet égard des aveux complets
corroborés par les déclarations de sa mère. Sui-
vant la version du Sis, la femme Injalbert au-
rait commencé a tirer deux coups de revolver
sur son mari. Celui-ci étant tombé sur le chemin,
son Sis l'aurait assommé a coups de bâton et
l'aurait achevé à coups de couteau.
& La population est très surexcitée et aurait
fait un mauvais parti au parricide sans l'inter-
vention de la gendarmerie.
!) Il se pourrait que le sieur Gelly, l'amant de
la femme Injatbert, soit remis en liberté. )>
MMfTi'ELHEn, ~e~2 février. Dans la nuit, un
violent orage accompagné de grêle s'est abattu
sur Montpellier, mais la surprise des habitans a
été grande quand ce matin, au réveil, on a
trouvé le sol couvert de neige.
La neige continue à tomber à gros ilocons.
MMEs, le 12 février. La troisième séance du
Conseil municipal a été aussi mouvementée que
les précédentes. Sur la place de l'Môtel-de-
Ville stationnait une foule énorme, criant <: Dé-
mission x. Toute la police était sur pied, ren-
forcée par quelques gendarmes.
Le maire, après avoir donné lecture d'un ar-
ticle do la loi municipale, a annoncé que le
Conseil se réunira à une date qui sera ultérieu-
rement fixée. A c& moment, la majorité du Con-
seil entre dans la salle et se, retire immédiate-
ment, laissant le maire avec ses huit con-
seillers.
M. Pascal, 5 la sortie, a été accueilli par les
cris « Démission Démission! &
p-mes, le 12 février. A la suite de dissenti-
mens qui se sont produits au Conseil munici-
pal, M. Guez, maire de Beaucaire, vient d'adres-
ser sa démission au préfet.
TouLo~ le 12 février. On nous télégra-,
phie
e Hier soir, à l'Ecole de Pyrotechnie de La-
goubran, le premier artificier, Antoine Gaillot,
était occupé à décharger un obus. L'engin éclata
et le tua net. Le cadavre est horriblement mu-
tilé, heureusement, il n'y a pas eu d'autres vic-
times. GaiUot était âgé de vingt-trois ans et
étaitnéàMarigny(Saône-ct-Loire).
Le comité de l'exposition française qui sera
inaugurée le 3 mai prochain à Earl's Court (Lon-
dres), a gracieusement décidé de donner, pen-
dant. les six mois que durera .l'exposition, de
grandes fêtes au bénéfice du nouvel hôpital
français de Londres, et de consacrer, en outre,
à cette œuvre, une partie importante des béné-
fices de cette exposition.
COMMUNICATIONS AVIS DIVERS
La. 33<= ~MMt~ MMM~e de M. LoufS Fi-
suiER, contenant le compte rendu de l'Exposi-
tion universeUe de ~889, avec vue générée et
plan, vient de paraître à la. librairie Hachette.
Un volume in-16. 3 fr. 50 c.
GRIPPE-RHUMES Pâte d.NaK
LES LIVRES NOUVEAUX
ETUDES OVERSES.
Les Communes françaises à l'époque des Ca-
pétiens directs, par AdULLE LUcnAME, pro-
fesseur d'histoire du moyen âge à la Faculté
des Lettres. Paris, Hachette, 1890. In-8 de
300 pages. 7 fr. M c.
La. question des communes françaises au
moyen âge, qui a fait, en ce siècle, l'objet de si
beaux travaux, n'a. rien perdu de son intérêt;
maintenant encore, et plus que jamais peut-
être, elle demeure un inépuisable sujet d'étude
pour quiconque tient à connaître, dans leur en-
semble, le développement de nos institutions
populaires. A la suite des Augustin Thierry et
des Guixot, l'érudition contemporaine a su
compléter, voire même renouveler, en certains
points l'histoire du mouvement communal.
Mais peu de gens ont le loisir de rassem-
bler et de lire les multiples publications des
érudits. et c'est pour mettre le public au cou-
rant des résultats nouvellement acquis que
M. AchUle Luchaire, résumant ses leçons faites
en Sorbonno, a composé cet exposé com-
mode autant que clair et précis. Après avoir
lu cet c-xceltent livre, on n'ignore plus rien de
) ce qu'il importe de savoir sur le mouvement
communal et sur l'organisation de la commune,
qui est ici remise sa vraie place. Elle n'est
plusenvi'agéo.gr&ce aux travaux de la cri-
tique moderne, comme une .manifestation es-
sentielle de nos premières aspirations démo-
tiques on serait tenté plutôt de voir, dans cette
seigneurie collective, souvent hostile aux autres
élcrnens sociaux, imprégnée de l'esprit de par-
ticularisme, agitée de passions belliqueuses, un
'produit original mais tardif du régime féodal,
La conclusion de l'ouvrage n'est pas moins Ins-
tructive et curieuse; c'est là que l'auteur, par
de solides raisons, montre que la décadence des
communes est due en grande partie à l'in-
capacité UDancière dc-s oligarchies qui les admi-
nistraient c'est là qu'il prouve, en même temps,
que pour ces républiques militaires, jalouses à
l'excès de leurs privilèges, souvent impitoyables
pour le menu peuple, qu'elles excluaient des
charges ..municipales tout en l'écrasant d'im-
pôts, minées par l'anarchie et l'émeute, le plus
grand ennemi a été; non pas l'évoque ou l'abbé,
non pas le comte ou le châtelain, mais bien le
roi, qui a Uni par les détruire en les absor-
bant.
La Charité avant et depuis 1789 dans les
campagnes de Franco, avec quelques exem-
ples tirés de l'étranger, par M. p. HUBERT-
vALLEMux, avocat à la Cour d'appel.– Paris,
librairie Guillaumin, 1890. In-8 de vn-433 pa-
ges. 8 fr.
Dans ce très intéressant volume, M. Hubert-
VaIIeroux reproduit avec d'utiles développe-
mens son Mémoire récemment couronné par
l'Académie des Sciences morales et politiques
qui avait mis au concours le sujet de « l'indi-
gence et l'assistance dans les campagnes
depuis~1789 y. L'ouvrage se divise en trois
parties la première, exclusivement histo-
rique, renferme l'examen du sujet propose
depuis le seizième siècle jusqu'à la fin du dix-
huitième. Avec une sure érudition et d'après le
témoignage d'écrivains autorisés, l'auteur dé-
montre que, sous l'ancien régime, la misère ne
fut ni aussi effroyable, ni aussi générale qu'on
le repète couramment.
La seconde partie a trait au temps présent
M. Hubert-ValIeroux y examine l'organisation
de l'Assistance publique dans les campagnes
sous ses diverses formes, et il en constate, en
plusieurs points, l'insuffisance. Il regrette en
même temps que, par suite d'obstacles mis par
les lois ou par les pratiques administratives, la
chari téprivée ne puisse plus, comme jadis, s'exer-
cer avecune'pleine liberté. –Dans sa troisième
partie, il démontre que, dans la plupart des pays
étrangers, la législation concernant la charité
privée est singulièrement moins restrictive que
la nôtre, ce qui n'empêche pas d'ailleurs la
charité officielle de contribuer pour une large
part au soulagement des souffrances et de
la misère. La conclusion de l'ouvrage
peut se résumer ainsi l" c'est par les for-
ces combinées de la religion, de la morale
et de l'instruction que la misère peut être effi-
cacement combattue; 2° il conviendrait de ren-
dre à la charité privée sa liberté d'action, en
réformant les dispositions légales qui prohibent
ou soumettent à certaines formes les libéralités
et les fondations charitables individuelles ou
collectives.
Etudes administratives et judiciaires sur
Londres et l'Angleterre, par G. BCGNOTTEf,
avocat, commissaire de police retraité de
la ville de Paris, avec la. collaboration de
A. xompotjDRE DE SAUvtGNEv, avocat. Paris,
Pedone-Lauriel, 1889. In-8 de 524 pages, tome
lor. 10 fr.
Le premier volume de cet ouvrage, sur lequel
nous aurons occasion de revenir, est exclusive-
ment consacré à l'organisation municipale de
la ville de Londres et de ses principaux services
publics (eaux, voierie, écoles, hôpitaux, etc).
C'est un recueil méthodiquement classé de
documens, déjà connus chez nous pour la plu-
part, et de statistiques qui ne sont pas sans
intérêt. La partie la plus curieuse de l'ou-
vrage est lepréambule.dans lequel l'auteur éta-
blit un parallèle de nos institutions administra-
tives, judiciaires, de police, etc., avec celles de
nos voisins; son admiration pour l'organisation
anglaise n'est égalée que par sa pitié pour la
nôtre, pour notre police surtout, qu'il trouve en
tous points abusive et défectueuse.
Les Anglais et les Hollandais dans les mers
polaires et dans la mer des Indes, par le vice-
amiral juniEif DE LA GRAVURE, de l'Académie.
française ~t de l'Académie des Sciences.
Paris, Plon et Nourrit, 1890. 2 vol. in-18 de
334-358 pages, 7 fr. Avec cartes.
Dans un précédent ouvrage, les ~~MM du
~MMMMM<* <~ MM'<~ siècle, M. l'amiral Jurien
de La Gravière nous a fait connaîtra Jes .grandes
découvertes accomplies pendant la première pé-
riode de la navigation française. Il vient, dans
ce nouveau livre, retracer l'histoire des lents pro-
grès dont la succession amena les navigateurs
du Nord, ceux que l'éminent auteur appelle~les
ouvriers de la onzième heure », à envahir peu à
peu l'Amérique septentrionale, les Indes et les
Moluques. Son récit, qui nous conduit de l'année
1576 à l'an 161'?, constitue un tableau très pitto-
resque des grandes expéditions des marins hol-
landais et anglais qui ont illustré cette époque.
Barentz, Corneille Houtman, Jacques Mahu,
Olivier de Noort, Van Neck, Van 'Warwick, de
Weert, Cornelis Alatelief, puis John Davis, Ca-
vendish, Lancaster, Benjamin Wood, Iludson,
William Bafûn, Michelbourne, etc., tels sont les
hardis explorateurs dont nous trouvons ici les
courageuses entreprises et les émouvantes aven-
tures.
VARtETÈS POÉSIE.
A Bibliography of Tunisia from the earliest
times to thé end of 1888. By n.-s. ASMME.
London, Dulau and G", 37. Soho-Square, W.,
1889. In-4 de l4< pages à 2 colonnes, avec
une carte. Edition de luxe, tirage limité.
Des quatre Etats de l'Afrique du Nord, dési-
gnés autrefois sous la dénomination collective
d'Ed'intérêt, au point de vue de l'histoire et de l'ar-
chéologie, est le beylicat de Tunis. Aussi, le
nombre est-il considérable des travaux publiés
sur les divers sujets relatifs à cette vaste pro-
vince, tels, pour n'en citer que quelques-uns, que
Carthage et Utique, les guerres puniques, la do-
nation romaine, la conquête arabe, les expédi-
tions de Saint-Louis et de Charles-Quint, et,
pour la période contemporaine, l'établissement
du protectorat français. Ces productions, men-
tionnées, mais en partie seulement et souvent
insuffisamment décrites, en vingt répertoires plus
ou moins complets, n'ont pas encore fait l'objet
d'une bonne monographie bibliographique. C'est
cette lacune que vient combler M. H.-S. Ashbee,
qui a recueilli de toutes parts et sur les lieux mê-
mes les élémens de son travail. II a préludé, il
y a trois ans, a son intéressante publication par
un volume (y<'aM~ M: 2'MKMM, 1887, nombreuses
gravures), dans lequel il résumait ses observa-
tions et impressions de voyage en Tunisie.
Deuxième série des Souvenirs intimes de la
cour des Tuileries, par M" CARETTE, née
noovET. Paris, Ollendorff, 1890. In-18 de
vjtt-340 pages. 3 fr. M c.
Ce volume ne réalise pas tout a fait ce que
son titre semble promettre. Les particularités
« intimes y sont rares, et la plus grande par-
tie de ces pages,'écrites, il n'est pas besoin de
le dire, avec les mêmes sentimens et la même
réserve respectueuse que l'on a remarqués dans
le premier tome, sont consacrées presque entière-
ment à l'exposition des faits et événemens politi-
ques tant de fois racontés partout. Il semble, en
outre, que l'auteur a dùsouvent s'inspirer des ré-
cits d'autrui. C'estainsi,parexemple,que M'Ca-
rette donne, sur les journées des 3 et 4 septem-
bre et sur le départ de l'impératrice, des détails
qu'elle n'a pu tenir que de seconde main, puis-
qu'elle était alors absente de Paris, où elle n'ar-
riva que le 5 septembre, pour reprendre son ser-
vice près de sa souveraine.
Répertoire de la Comédie française (tome VI-
1889). par en. GUEULLETTE, avec une préface
par ~'de M"'c Jeanne Samary. Paris, Jouaust et
Sigaux, 1890. Petit in 18 de xtv-l3G pages, pa-
pier vergé. 5 fr.
Pour la sixième fois, M. Charles Gueullette
nous oifre l'élégant répertoire qui continue si
utilement le célèbre registre de Lagrange, en
notant, presque jour par jour, tous les inoidens
relatifs à la première scène française. L'année,
féconde en reprises n'a point été abondante
en œuvres nouvelles. Trois pièces seulement,
dont une en un acte, forment tout le bilan des
nouveautés proprement dites en cette année du
Centenaire.
Table alphabétique et bibliographique des
matières et des auteurs figurant dans les
130 premiers volumes du compte rendu des
séances et travaux de l'Académie des Soien-<
ces morales et politiques. Paris, Alphonse
Picard, 1889. In-8 de vu-306 pages, fr.
Il suffit de citer le titre de ce précieux réper-
toire pour faire comprendre les services qu'il
rendra aux lecteurs et travailleurs do tout or-
dre. Lés au tours, MM. Henry Vergé et P. do Bou-
tarel, qui l'ont entrepris et composé sous ladirec-
tion de M. Jules Simon, l'éminent secrétaire
peipétuci de l'Académie des Sciences morales,
ont eu une très bonne idée au lieu de dresser,
comme il arrive souvent en ces sortes de tra-
vaux, une double table (~~ont, avec raison, formé un index unique dp
façon à ne nécessiter qu'une recherche. Noms
d'auteurs, noms de choses sont niasses en-
semble dans l'ordre alphabétique et renvoient
la page ou aux pages qui les concernent dans
chacun des tomes do la volumineuse collection,
si consciencieusement dépouillée par MM. Vergé
etdeBoutareI.Rien de plus simple et déplus pra-
tique que cette méthode qui devra désormais s
être employée pour tous les travaux analogues.
Signalons, parmi les publications nouvelles,
le huitième fascicule du précieux .B~oM'e
~e'M~aJ de Mo-MM~Mf' ~oM~ ( in-8 de
160 pages, 5 fr.), par M. René Kerviler, qui com-
mence avec cette livraison (Bli-Boi) le qua-
trième tome de son travail. Nous avons fait déjà
connaître le plan et les mérites de cette œuvra
de bénédictin, qui se poursuit avec une régu-
larité parfaite et qui est appelée à rendre de si
grands services aux travailleurs de tout ordre.
Sous ce titre M~-t~ Ms~o~ )-!MM MM
~~aM~e 277 (Charpentier, in-18 de xi-317 pages,
3 fr. 50), M. A. Dovériae (TchernoEf) publie un.
livre d'une réelle importance; il y expose les
grands principes politiques et' sociaux de la.
Russie et étudie le rôle de celle-ci dans ses rap-
ports avec les autres puissances européennes;
il s'attache ennn tout particulièrement à faire
ressortir la solidarité des intérêts franco-russes
dans l'Extrême Orient.
La librairie A. Lemerrc vient de faire paraîtra
deux nouveaux volumes de vers l'un est l'œu-
vre d'un poète fécond et justement apprécié,
M. Charles Grandmougin qui, dans les C7; ~M village, nous donne un recueil de fort jolies
poésies dans le style populaire; l'autre, in-
titulé Modes MMM«~ (in-t8 de 17S pages, 3 fr.),
est du à M. J. Guy Ropartz, un délicat artiste~
auteur du .P~MMg e~o?'no~s avons parlé naguère.
ROMANS. NOUVELLES.
Ce n'est pas, tant s'en faut, une œuvre scien-
tifique que s'est proposé de nous ofïrir M. Léo
Trézenik dans son nouvel ouvrage, Co~/M-
MpM ~'Mt fou (OIIendorn-, 276 pages); c'est une
pure œuvre d'imagination, très curieuse d'ail-
leurs et capable d'intéresser les aliénistes ou les
psychologues adonnés à l'étude des < maladies
de la volonté Daucy, le héros du livre, est un
jeune homme de vingt-cinq ans, instruit, intelli-
gent, mais intellectuellement déprimé; une en-
fance malheureuse, une adolescence mélancoli-
que ont graduellement développé en lui cet aH'ais-
sement moral contre lequel il cherche vainement
à reagir; les études médicales auxquelles il
se livre, les antécédens de manie, d'imbé-
cillité et de démence qu'il découvre parmi
ses ascendans directs le confirment dans
cette idée obsédante qu'il est fatalement.
destiné à la folie. Un jour vient où il est
force de s'avouer qu'il devient fou et il entre-
prend de noter jour par jour les phénomènes bi-
zarres de l'évolution mentale qu'il subit. C'est
ce journal que nous présente l'auteur, qui re-
trace d'une façon saisissante les tortures mora-
les de son sujet. Dédoublement du moi. lutte
de 1 être réel contre l'être imaginaire, halluci-
nations surprenantes, telles sont les principa-
les étapes du supptico de ce pauvre être, qui
voit inexorablement sombrer sa raison et qui
unit par un suicide étrange.
Dans CM ~<. (Plon et Nourrit, 3tt pages),
M" Henry Gréville nous donne une deses~us
émouvantes productions. Un homme doué de
tous les dons de la fortune vient d'épouser 1~
ûlle charmante qu'il adore; au sortir de l'église
on lui remet une lettre qu'il brûle aprèsj'avoir
lue; puis, immédiatement, il se tue. Pourquoi `t
C'est là le douloureux mystère que l'auteur nous
révélera après d'attachantes péripéties la Ban-
cée, la femme, suivant la loi, du comte de Beau-
ran n'est autre que sa propre sœur, et le mal-
heureux, qui ne pouvait dévoiler ce secret terri-
ble sans déshonorer sa famille, n'avait d'autre
ressource que le suicide.
Le roman de Paul Labarrière, ~(Calmann Lévy, 329 pages), n'est pas une
œuvre ni moins attachante, ni moins triste.
Il s'agit ici d'une femme abominable et comme
épouse et comme mère. Chassée par son mari'
qui va élever, au fond de la Bretagne, Charlotte
1 enfant issue de leur union, M""= d'OrIano~
vient à Paris, mener la grande vie, sous un
nom supposé. Quinze ans plus tard, on lui
présente le jeune poète Korvinian qui lui
conte son histoire. C'est le fiancé de Char-
lotte, un homme faible et naïf, très fa-
cile à séduire. M" d'Orlanges n'hésite pas;
dut sa fille en mourir de douleur, elle de-
vient la maîtresse de Kervinian, dont le ma-
riage est désormais impossible. Et par un raffi-
nement de cruauté, elle fait savoir ce qui en est.
à M. d'Orlanges. On pense que l'auteurnc man-
que pas de faire châtier comme il convient cette
misérable mère.
~~M (OUendorfï. 3) s pages),
dont M. François Osvi-ald nous conte la doulou~
reuse histoire, est une pauvre fille de brasserie
deb'auche~ faute amenée
ti~?~ à qui doit tant de publica-
tions excellentes, vient de traduire de i'anetais
un récit captivant autant qu'instructif et hon-
nête c'est le livre de miss Annie Keary, ~)--
~~t~sM~~M (Hachette, 303 pages,
J, épisode de cette insurrection irlandaise
de iM8, à la suite de laquelle les ïf/M~ûM,
émigrés en Amérique, organisèrent l'Association
agraire du fenianisme.
Signalons, en terminant, une œuvre qui ne
laisse pas detre « originale &; elle a pour titre
~Ï~rfr~ (grand carré, 352 pages), par
M"'e A.-F. Elle inaugure un genre nouveau le
roman pharmaceutique et médical, dont Ië~ ro-
manciers pourront désormais tirer un avantageux
parti. Ce bon gros livre, le proto-type du genre,
est consacré à célébrer les mérites de la méde-
ciné dosimétrique.
F. D.
EAU D'HOUBtGAMT ~o~fG~s
RO~SF ~rr~E~' P'-oP~tah-e de
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'7'° L'HOTEL DU SENAT
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CtiMbon de terre criblé mis en c&ve. & BUH.ETÏX JUMCïAJRE
< ~? <~ 'a Sac!été du CMa!Semé a prononcé hier la dissolution delà.
bocieteducanaldoCorintbe.
M. Phillis a 6t6 nommé liquidateur.
tjes~'oMt<'MM<<<<.jF'phand, le directeur des travaux de Pari?, a
publié d'abord en livraisons, puis, réuni en
volume, un important ouvrage orné d'illus-
trattcns sur les promenades' de Paris. Per-
sonne, mieux quale créateur du Bois de Bou-
logne, du parc Monceaux et des Buttes-Chau-
mont, ne pouvait décrire et expliquer ces
beauxiardinsetcessqup.yes coquets doutil
a. doté les Parisiens. A-ussi cette publication.
a-t-elle obtenu un légitima succès
M. Prat, ancien c};ci' de cabinet de M. A!-
R. je ne serais pas la Conciergerie, si cette
loin'existaitpas.
D. Le tribunal n'a ni à approuver, ni a criti-
quer la loi; il n'a qu'à l'appliquer à tous ceux
qui ont transgressé ses prescriptions impéra-
tives.
Le jeune duc d'Orléans se rassied. Jusqu'ici
le public est resté calme.
La parole est donnée à M. le substitut
Cabat.*
M. LE SUBSTITUT CABAT.
Quel que soit'ie mobile auquel ait cédé M. le
duc d'Orléans, dit le ministère public, quelle
qu'ait été son intention, la seule présence du
prince sur le territoire français constitue une
culpabilité qui a une évidence matérielle, au-
dessus de toutes les discussions. Aussi, est-ce
avec raison que le gouvernement a vu dans ce
simple l'ait de la présence du jeune duc en
France une contravention à. la loi qui a interdit
!f territoire de la république aux pretendans
comme à leurs héritiers directs et qu'il a décidé
de faire immédiatement passer le duc devant
ses juges.
~Êa~oi de 18G3 sur les nagrans délits est une
loi d'inspiration libérale, humanitaire et phi-
lanthropique. (Violentes interruptions).
M! SUBSTITUT CABAT ce sont des avocats qui
m'interrompent et qui murmurent. Ils n'ont pas
l'air de comprendre cette Io'. (Nouveaux mur-
mures,)
pRÉstDE'sT Je vais faire évacuer la
salle.
A ce moment, plusieurs avocats s'adres-
sent vivement au ministère public en protes-
tant contre l'accusation dont leurs confrères
sont l'objet.
-M M suBSTtTNT CABAT J'avais cru remarquer
que la manifestation partait surtout du barreau.
Je reprends ma phrase qu'on a pu ne pas très
bien entendre au milieu du tumulte.
Je disais que la loi de 1863 est une loi humani-
taire. Son but est d'abréger la détention préven-
tive sans qu'il en coûte rien a la défense. bn face
d'un ûagrant délit, quel est le premier devoir de
la justice? C'est d'être rapide; mais il faut égale-
ment qu'elle soit bonne. Aussi, la loi a-t-elle
sauvegardé les droits de la défense.
Samedi dernier, dès avant l'audience, je tiens
à ce qu'il n'y ait aucun doute a cet égard, M. le
duo d Orléans a été avisé qu'il avait un délai de
trois jours pour choisir un défenseur. Il a eu
tout le temps de préparer et d'organiser sa dé-
fense. Ce qui n'empêche pas que, malgré l'avis
donné, on a osé dire qu'il s'agissait lu.d'unp~ge,
d'une surprise, et qu'il y avait eu de la part du
ministère public une arrière-pensée de nuire a
la défense.
~Nouî~ommes en présence dans ce procès d'une
infraction à une loi, comment dirais-je? à une
loi absolue, à une loi politique, qui ne tolère
pas qu'elle ne soit pas exécutée, aussi n'y a-t-il
pas do moyen terme entre s'y soumettre, et la
violer. Nous sommes enserres dans un texte
fatal, et cette loi édicte contre celui qui Inviolé
une peine très grave.
Dans ces conditions, je ne m'étonne pas que
le jeune duc d'Orléans renonce à faire présenter
une défense, car je me demande ce qui pourrait
prévaloir contre un texte qui ne souffre pas de
discussion.
Vous qui êtes des juges, Messieurs, vous ap-
pliquerez la loi a M. le duc d'Orléans. Il recon-
naît qu'il l'a violée ouvertement, à son escient.
Vous le condamnerez.
M° ROUSSE.
M" Rousse à son tour se lave, et d'une
voix légèrement tremblante
Ni M. le duc d'Orléans, mon jeune client,
Messieurs, ni ses inutiles défenseurs, ni aucun
membre du barreau français n'ont jamais accuse
la magistrature de vouloir tendre des pièges et
gistrature, nilajusticefrançaises.
M. le duc d'Orléans est venu en France, uni-
quement pour faire son métier de soldat et son
devoir de citoyen. Il n'a pris conseil de personne,
si ce n'est de sa jeunesse et de son cœur.it i a
fait sans souci de la politique, sans souci de ses
nécessités, de ses excitations, de ses passions,
ni de ses ardeurs. H a fait un acte volontaire,
un acte spontané. Ht laissez-moi vous le dire,
Messieurs (vous n'avez pas encore rendu votre
jugement), vous sympathisez, j'en suis sûr, avec
cet acte de ses vingt ans, qui honorera toute sa
vie. J'ai entendu dans ces derniers jours, pen-
dant lesquels nous avons été. obsedes,desgens
graves nous dire: « C'est un enfantillage Pour
moi/Messieurs, je prie Dieu que, au jour du
danser, nous ayons, parmi nous, autour de nous
et devant nous, beaucoup d'enfaus comme
cehn-ia (Vifs applaudissemons.)
Dieu veuille qu'ils viennent réclamer, quand
le sol de la patrie sera envahi, le droit et 1 hon-
neur do le défendre. Dieu veuille que la répu-
blique française, pleine de mansuétude, la re-
publique des plus sages, puisse rendre un jour
a la France de tels soldats, se souvenant du
noin de leurs pères, et faisant revivre dans les
régimens des noms glorieux qu'ils noat point
oubliés.
Se penchant vers le duc d'Orléans
nue mon jeune client, qui est un sitencieux,
pardonne à son défenseur, un avocat ne sait pas
~c taire. (Sourires.)
Quant à vous, Messieurs, on a dit que vous
deviez être inflexibles. Je remets le sort, non la
destinée actuelle de ce jeune homme entre vos
mains, ainsi que sa cause, et je vous demande
de b'cn examiner si vraiment, vous êtes for-
ces de le condamner: si oui, alors, comme il
vous le disait tout à l'heure, il s'inclinera de-
vant votre décision. Mais, je le répète en termi-
nMt, il n'est pas un de vous. Messieurs, qui ne
~e dise dana le fond de son cœur « J'aimerais
Miteux avoir à le défendre que d'avoir à le ju-
gf-r. s (Long mouvement.)
Nous avons dû nous résoudre, mon excellent
confrère Limbourg et moi, à ne pas défendre
notre ieune c]i"n< nous avons du nous incliner
devant cette volonté intlexible, devant cette sa-
~Mse de vingt ans, plus sage peut-être que
celle des sages. Nous nous bornons à déposer
entre vos mains des conclusions que nous na-
voM pu nous dispenser de rédiger et dont voici
la teneur.
LES CONCLUSIONS.
Plaise au tribunal, e
Attendu que, interroge à l'audience du 8 fé-
vrier i890. M. le duc d'Orléans a repondu <: que,
sans doute, il connaissait la loi du22juinlS86
mais qu'il pensait aussi devoir satisfaire à la loi
militaire de son pays, égale pour tous:-
Attendu que~oute la défense de M. le due
d'Orléans est dans cette réponse;
Attendu, en effet, que l'article 1~ de la loi du
t'; juillet 1889 impose à tout Français le devoir
du service militaire personnel;
Qu'en énumérant, dans son article 4, les di-
verses catégories de personnes auxquelles le
droit de faire partie del'arméeest retiré, la loi
n'a pa~compris dans cette énumération les ci-
~yèns frappés par la loi antérieure, exception-
neUeetrëvocable,du22 juin 1886;
Ouede plus, l'article 10 de la loi du 15 juil-
let 1889 impose à tout Français, même ~e~,
i~nt atteint l'âge de vingt ans révolus l'obli-
~nT~-e~a déclaration pour l'établisse-
!nent des tableaux du recrutement et que la
même loi édicte des mesures répressives ou né-
trissantes contre les jeunes gens qui se sont
soustraits au devoir commun;
Attendu qu'il n'y a pas lieu, devant la juri-
diction pénale, de rechercher si les dispositions
générales et absolues de la loi militaire sont ou
Se sont pas conciliables avec les dispositions ex-
ceutionnelles de la loi de 1886 que cette question
rentrerait dans la compétence exclusive de la
juridiction civile (art. 31 de la loi du l& juillet
â9â9)::
~Ou~il suffit, au point de vue de la poursuite,
de constater que les termes généraux sans res-
tr~îon dela'loi de 1889 étaient bien de nature
?faire naitre dans un cœur de vingt ans la pen-
sée et ~pérance de pouvoir, sans y prétendre
un aucun grade, servir~ous.le drapeau trico-
lore dans les rangs de l'armée française.
Oue c'est ce sentiment seul qui a détermine la
démarche de M. le duc d'Orléans
OM c'est dans ce but, qu'a peine arrivé à Pa-
ris' il s'est aussitôt et successivement rendu au
bu-eau de recrutement pour y faire sa déclara-
Ubn puis à la mairie et au ministère de la
guerre pour la renouveler.
~~ces faits sont de notoriété pub hque; quiis
auraient pu être établis devant le tribunal par
~nombreux témoignages, si, par une~erreur
lui avait pas été appliquée contrairement aux
fermes de~rticie de la loi du 20 mai .1863
Attendu que ces faits confirment pleinement
ïesdéetaraUons que .n'a cessé de f lire. M. le duc
~OrMans sur la cause et le but de son arrivée
a 3'aris;
~u~Uent à répéter ces affirmations et à pro-
te~r de nouveau contre la supposition de toute
pensée politique;
~Qu~ucune"préoccupation de cette nature ne
~se a la disposition de M. le ministre de la
¡guerre'
~'A~endu que M. le duc d'Orléans connaissait
~ahsooute'ainsi qu'il l'a déclaré & l'audience
~vde'.les dispositions de la loi du 22 juin
?~86 et le danger pouvant en résulter pour hn
Que le sentiment profond de. ce q.i'il conside-
~ii comme un devoir supérieur, l'a emporte
ehe? lui sur toute autre considération
-Et que si, pour y obéir, il s'est exposé à !'ap-
plication delà loi de 1886, son intention formelle,
devant laquelle ses conseils doivent s'incli-
ner, est de s'en remettre a l'appréciation du
tribunal,
Par ces motifs,
Donner acte à M. le duc d'Orléans des démar-
ches qu'il a faites dans la journée du 7 février
1890 au bureau du recrutement, à la mairie du
7a arrondissement et au ministère de la guerre
pour se faire inscrire sur les tableaux de recen-
sement avec les jeunes gens de sa ciasse.
Lui donner acte également de ce que, en ce
qui concerne l'application de' la loi du 22 juin
1886, il déclare s'en remettre à la justice.
Rt.y!!e EDMOND MUSSE.
LFMBOCM;.
LE JUGEMENT.
Le tribunal délibère un quart d'heure et
rapporte de sa chambre du Conseil le juge-
ment suivant
Le tribuna!,
Attendu qu'aux termes de l'article 1er de la
loi du 22 juin 188G, le territoire de la république
est interdit aux chefs des familles ayant régné
en France et à leurs héritiers directs dans l'ordre
de primogéniture que l'article 3 de la même
loi édicte une pénalité contre celui qui, en vio-
lation de cette interdiction, sera trouvé en
France:
Que Finfraction prévue par ce dernier article
est un délit purement contraventionnel, exis-
tant par le seul fait matériel de la présence sur
le territoire de la république de l'une des per-
sonnes énumérées dans l'article 1~
Que le tribunal n'a, par suite, ni à rechercher,
ni à examiner quel a pu être le motif qui a dé-
terminé le contrevenant à rentrer en France
Attendu que Louis-Philippe-Robert, duc d'Or-
léans est le fils aîné de M. le comte de Paris, ce
dernier pctit-HIs du roi Louis-Philippe 1°', qu'il
est donc l'héritier direct dans l'ordre de primo-
géniture du chef de la famille d'Orléans ayant
régné en France jusqu'au 24 février 1848
Qu'il est ainsi l'une des personnes auxquelles
le territoiredelarépubliqueestinterdit; qu'ayant
été trouvé à Paris, le 7 février 1890, il a, de la
sorte, contrevenu aux prescriptions de la loi du
22 juin 1886, et encouru la pénalité prononcée
par cette loi;
Par ces motifs,
Déclare Louis-Philippe-Robert, duc d'Orléans,
coupable d'avoir, le février 1890, à Paris, con-
trevenu aux dispositions de la loi du22 juin 188G,
et, lui faisant application des articles 1 et 3 de
ladite loi,
Le condamne à deux années d'emprisonne-
ment, le condamne aux dépens';
Dit qu'il n'y a lieu de donner acte au duc d'Or-
léans des démarches qu'il dit avoir faites, dé-
marches dont la preuve n'est pas juridiquement
rapportée.
A ce moment, des cris de « Vive le duc
d'Orléans 1 » immédiatement suivis de sifflets
et de cris de « Vive la république ') éclatent
dans l'audience.
Le tumulte continue à la sortie, pendant
que les gardes font vivement évacuer la salle.
Le débat a marché vite il a duré juste une
heure.
AUTOUR DU PALAIS.
Hier, a. midi, le boulevard du Palais et la
cour de la police correctionnelle avaient à
peu près leur physionomie ordinaire.
Sur le palier de l'escalier où se trouve la
8° chambre, une trentaine de stagiaires et
quelques personnes privilégiées attendaient
le jugement. Sur le boulevard, de nombreux
agens faisaient circuler des passans qui
avaient l'air de vouloir s'arrêter..
Des mesures d'ordre sérieuses avaient été
prises, car il avait été annoncé à la police
que des camelots avaient reçus de l'argent
pour venir crier en bandes, devant le Pa-
lais a Vive la France 1 Vive la liberté! )) et,
si la foule approuvait » Vive le duc d'Or-
léans )) Ils devaient venir, a midi et demie,
les uns de la place du Châtelet, les autres de
la place Saint-Michel et se rejoindre devant
la grille du Palais. Mais, à supposer que le
projet ait été concu, il a été abandonné et,
quand la nouvelle de la condamnation du
duc d'Orléans s'est répandue au dehors du
Palais, aucun désordre ne s'est produit sur le
boulevard.
Toutefois, un grand nombre de personnes
se sont portées & la salle des Pas-Perdus. Une
cinquantaine de conscrits, arrivés en haut de
l'escalier, ont arboré leurs numéros de tirage
sur leurs chapeaux et sont entrés dans la salle
en criant M Vive la république "Aussitôt une
centaine de stagiaires groupés dans un coin de
la salle se sont découverts, et ont riposté par
les cris de: « Vive le duc d'Orléans Vive la
liberté a Les curieux ont pris part a la mani-
festation, et unecolonne d'environ 1,200 person-
nes a traversé la salle des Pas-Perdus et le
Palais en poussant les cris les plus divers. Le
cri de ('Vive Boulanger! » n'a pas été pro-
noncé.
Arrivée au grand escalier de la place Dau-
phine, la grande masse des manifestansa a
continué son chemin; mai°, alors, les agens
sont intervenus et ont procédé à l'arrestation
d'une dizaine de personnes, parmi lesquels
M. Mayol de Lupé.
M. de Villebois-Mareuil, qui se tenait à l'é-
cart sur le quai, exprimait son mécontente-
ment à ceux de ses amis qui l'entouraient
ce qu'il craignait surtout, disait-il, c'é-
tait qu'une bande de boulangistes n'arri-
vât pour manifester au nom du général et
ne donnât à la manifestation un caractère po-
litique qu'elle ne devait pas avoir. M.deViile-
bois-Mareuil, qui avait son écharpe de député
dans sa poche, se réservait, au cas ou les
boulangistes seraient venus manifester, de la
revêtir et, monté sur un banc, d'exhorter les
amis du duc d'Orléans à se disperser.
Vers une heure, les manifestans dispersés
sur le quai de l'Horloge par les agens, se sont
réunis, suivant le mot d'ordre qui avait été
donné, devant la statue de Henri IV pour y
déposer une couronne.
Peu inquiétés d'abord par les agens qui
étaient en petit nombre sur le terre-plein, ils
se sont contentés de lever ~eurs chapeaux aux
cris de « Vive la liberté! Vive le duc !<
Puis, à un moment donné, une magnifique
couronne de lilas blanc; de tulipes et de rosés
apparut au-dessus des têtes et fut accro-
chée à la grille de la statue. Des cris
éclatèrent x Non, non t Au pied de la sta-
tue' "La couronne fut jetés alors devant
le socle M. Keller, ûls de l'ancien député
de Belfort, sauta par-dessus la grille et
se disposait à relever la couronne quand une
escouade d'agens perça la foule et arrêta qua-
tre des individus qui s'apprêtaient à l'aider.
M. Keller, saisi au moment où il repassait
par-dessus la grille, a eu la cheville éraflée
par les piques eutre lesquelles il s'était pris
la jambe.
Tous les cinq ont été emmenés au poste du
Palais; la couronne, immédiatement enlevée,
a été emportée au Dépôt.
Pendant que ces incidens se produisaient,
un grand nombre de curieux s'étaient arrêtés
sur le (juai des Orfèvres, la place du Ch&tolet
et sur les ponts, mais sans prendre part en
aucune façon à la manifestation.
LES ARRESTATIONS.
Voici les noms de quelques-unes des per-
sonnes qui ont été arrêtées au cours de la
manifestation qui s'est produite devant la
statue Henri IV
MM. Pierre de Badmat
de Gontaut-Biron
Le vicomte Henri Mayol de Luppé;
Le marquis d'Atbou;
Le vicomte Théobald Foy
Louis d'Estampes, journaliste,;
Le marquis de Gouy d'Arsy
Tristan Lambert, ancien député;
de Niort, avocat à la Cour d'appel
Lambclin,publiciste;
Picot, Boullier et Capelin, étudiant
Joseph Cochey, ouvrier serrurier;
Le comte de Nouvill
Monge, artiste peiutt'e;
Dugout, rentier;
Grèbe, employé de commerce e
Jacques, négociant;
Tony Bouët, ~ans profession.
De plos, pept K conscrits a qui passaient
dans une voiture près du Palais de Justice en
criant « Vive le conscrit' » ont été arrêtés et
consignés, comme les précédons, a la dispo-
sition de M. Dherp, commissaire de police,
qui les a interrogés dans la soirée et .a ré-
digé les procès-verbaux.
Les manifestans dont nous donnons les
noms plu-; haut seront traduits devant la
Cour d'assises de la Seine sous l'in(!ulpa.t;on
décris séditieux et de tapage diurne. Le comte
de Neuville est poursuivi devant la même ju-
ridiction pour distribution de placards sédi-
tieux.
Les « conscrits ') seront probablement dé-
férés au tribunal de simple police.
Les uns et les autres ont été remis hier soir
en liberté provisoire.
Après leur arrestation, les personnes incri-
minées ont répondu avec beaucoup de calme
à M. Dhers, qui les interrogeait. Les préve-
nus ont déclaré au commissaire de police
qu'ils n'avaient pas cru contrevenir à la loi en
affirmant leur sympathie pour le duc d'Or-
léans et leur satisfaction de l'avoir vu venir à
Paris pour demander à faire son service mili-
taire.
A partir de cinq heures, l'antichambre du
bureau de M. Dhers a été envahie par les pa-
rens et par les amis des personnes arrêtées.
Un grand nombre de ces visiteurs appartien-
nent à l'aristocratie parisienne. Ils venaient
réclamer la mise, en liberté des prévenus ou
tout au moins la faveur de s'entretenir avec
eux. Sur ce dernier point, M. Dhers leur a
donné satisfaction. Au nombre de ces visi-
teurs se trouvaient la vicomtesse de Luppé et
le duc de Séville.
A LA CONCIERGERIE.
Après sa condamnation, le duc d'Orléans a
été conduit à la Conciergerie, dans la même
cellule. Jusqu'à, nouvel ordre, le prince ne
pourra recevoir aucune visite. Des instruc-
tions sévères ont été données dans ce sens.
Il est inexact que le gouvernement ait pris
une résolution a son égard. Il attendra l'expi-
ration des délais d'appels, qui sont de dix
jours et pendant lesquels le jeune prince res-
tera interné à la Conciergerie.
La lettre publiée hier matin par la J~'fM~ et
que, d'après ce journal, M. Herbette, direc-
teur de l'administration pénitentiaire, aurait
adressée au directeur de la maison centrale de
Clairvaux, en vue de la détention du duc
d'Orléans, est apocryphe. Aucune lettre sem-
blable n'a été signée par M. Herbette.
On annonce que le comte de Paris a en-
voyé, en réponse au télégramme de M. Bo-
cher, la dépêche suivante, qui a été commu-
niquée par le duc de Luynes & son 6ls
Porto-Rico, le ~1 février.
Je pense a mon cher prisonnier et je suis de
cœur avec lui.
NOUVELLES DIVERSES
Le Président de la république et M"~ Carnot
donneront deux grands bals au Palais de l'E)y-
sée les jeudis 13 et 27 février.
Le Président de la république a reçu hier matin
M. Bailly, président, et les membres du bureau
de la Société des artistes français.
Hier soir a eu lieu, a l'hôtel de la rue de Gre-
nelle, le dîner officiel offert par M. Tirard, pré-
sident du Conseil, ministre du commerce, de
l'industrie et des colonies, et par M~o Tirard aux
membres des bureaux des deux Chambres.
M. Floquet, président de la Chambre des Dé-
putes, retenu par un deuil de famille, s'était
fait excuser.
Tous les ministres, M. Poubelle, préfet de la
Seine M. Lozé, préfet de police, assistaient a
ce diner qui a été suivi d'une brillante récep-
tion.
Conformément à la circu'iaire de M. le préfet
de police, relative à l'affichage électoral, on a
commencé à poser contre les murs des édifices
publics des plaques rectangulaires, émaillées
s'jr fond bleu, portant en blanc l'inscription
suivante
I!DtHCE V. P. PUBUC
DÉFENSE D'AFFMHEC
Mt DU 29 JCtU-ET lS8t
Les lettres V. P. (Vilte de Paris) sont enfer-
mées dans un cartouche ayant forme de bla-
son.
Imitant l'exemple des instituteurs qui ont
tenu, au mois de septembre 1887, un Congrès il
la Sorbonne, les maîtres-répétiteurs avaient dé-
cidé de tenir également un Congrès les M et n
février prochain, au grand amphithéâtre de
rhôtel des Sociétés savantes, rue Serpente.
Trois séances devaient avoir lieu, présidées
successivement pa.r MM. Letellier, Jacques et
Maurice Faure, députés. Enfin, un banquet pré-
sidé par M.Dionys Ordinaire devait clore ce Con-
grès. Mais le ministre de l'instruction publique
vient d'interdire ce Congrès par la circulaire sui-
vante, adressée aux recteurs de toutes les aca-
démies
< Monsieur le recteur,
& J'apprends, par des demandes de congé, que
des maitres-répétiteurs auraient l'intention de
se réunir en Congrès & Paris, pour y discuter des
questions reiattves à leurs intérêts. Ainsi que je
l'ai déjà fait, je suis disposé à faire droit, au-
tant qu'il est mon pouvoir, et dans ce qu'ils ont
de légitime, a leurs vœux régulièrement présen-
tés. Mais il n'est pas permis a. des fonctionnai-
res d'oublier qu'ils ne peuvent, sans l'autorisa-
tion du ministre, se réunir en Congrès pour y
débattre des questions d'ordre administratif qui
touchent à la discipline et à la hiérarchie.
x- Veuillez leur faire connaître qu'aucune au-
torisation de ce genre ne m'a été demandée et
que, dans le cas où la demande m'en serait
faite, je ne saurais l'accueillir.
» VeuUlez agréer, etc. s
Pris au dépourvu par cette interdiction, les
maitres-répétiteurs ont pubfié un nouvel avis.
a Serviteurs dévoués de l'Université, disent-
ils, soucieux de leurs devoirs, les maîtres doi-
vent obéir. En conséquence, seuls les membres
de l'Association des maîtres-répétiteurs se réu-
niront en assemblée générale aux heures, dates
et lieu antérieurement indiqués pour la réunion
du Congrès. »
noTEL DMKOT. On vend en ce moment la
collection de feu M. Marquis, bien connu dans
l'industrie parisienne et qui compta, pendant
de longues années, parmi nos premiers ama-
teurs. Sa collection comprend surtout des objets
d~art et des ameublemens. Les deux premières
vacations, consacrées exclusivement à la vente
des porcelaines anciennes de Sèvres, Saxe,
Chine et Japon, ont produit lti9,C3l fr.
Voici quelques-uns des prix les plus élevés
Sèvres Deux vases en ancienne porcelaine,
pâte tendre, forme tulipe, fond gros bleu 1,800 fr.;
Deux autres vases, anciens et de pâte tendre,
fond blanc 2,580 f" Ecuelle, pâte tendre, fond
gros bleu, à médaitions, scènes maritimes et
personnages orientaux 1,090 fr.
Saxo Deux petits tableaux en porcelaine an-
cienne, sujets dans le goût de Wouwcrman
l,'i65 fr.; Deux autres tableaux, un Camp et des
Cavaliers arrêtés près d'une ruine: i,3CO fr.
Chine ancien.: Deux vases ovoïdes, décor
bleu, rouge de fer et émail vert monture
Louis XIV en argent gravé et ciselé: 4,t;00fr.; Deux
.vases a six pans, céladon bleu turquoise, mon-
ture bronze doré du temps de Louis XVI: 8,650 fr.;
Petit vase forme balustro côtelé en cétadon
vert-d'oau, monture en bronze ciselé et doré de
l'époque Louis XV: 2,200fr.; Deux vases, Dau-
phins debout on céladon vprt-d'cau, monture
rocaille 2,000 fr.; Deux potiches a panse ovo'
Porcelaines anciennes de Chine non montées:
Une lanterne octogone en ancienne porcelaine
mince de la. Chine décorée d'émaux verts et de
paysages; pièce exccptionneUe:t(),COOt'r.
Vase cylindrique évasé, décor. bleu, émaux
verts, parties en re!ief ?ujet un Jeune
Lettré endormi qui voit pousser des fleurs
au bout de sa plume, pièce datant du com-
mcncoment du aix-huitiéme siècle ~900 fr.;
Vase turbiné, cylindre-conique a couverte
rouge, Ûambé et dënor en relief: 8,600 fr.;
Bouteille a couverte rouge de fer, avec dragon a
cinq griffes émaitlé vert 3,MO fr.; Potiche dé-
coréo d'émaux de couleur rosé et de ïleurs
7,500 fr.; Autre potiche de même dccor surmon-
tée d'un chien de Fô:7,8Mfr.; Deux gran-
des vasques sphériques, à sujets famitiers
dans des paysages: 14,000 fr.; Vasque semi-
ovoïde ornée d'émaux veris, de paysages et
d'inscriptions 5,tM fr.; Autre vasque de même
forme, ornée de dragons chimériques s,.tso tT.;
Vasque ovoïde, fond rose à décor d'oiseau
5,000 fr.; Deux potiches ovoïdes à pendentif de
fleurs sur fond pointillé 3,250 fr.; Vase cylin-
drique orné de carpes émaillées rouge de fer
2,000 fr.; Trois grandes potiches ovoïdes, en an-
cienne porcelaine du Japon, décor violet, bleu
rouge et or, décorées de fleurs et d'oiseaux
7,9M fr.
t.E MAvuE,le i2 février.–On nous télégra-
phie
<' Un accident maritimequi a entraîné la mort
du mousse Gaston Lemagnan, âgé de quinze
ans, s'est produit hier dans les circonstances
suivantes
» Le canot de p~che j?
avait à bord le pilote Leroy de la station de
Quillebeuf. Le canot quitta le port du Havre à
une heure et quart du matin pour croiser en mer
et mettre le pilote dans un navire allant &
Rouen. Vers huit heures du soir, le canot aper-
çut à 4 milles au nord-ouest de Hève le
feu d'un navire. Le temps était sombre,
le j~'
qui était le steamer anglais .E'm~'oiM, allant à
Rouen. Apercevant la torche, il changea de di-
rection, mais trop tard, et vint aborder par ba-
bord, sous le vent, le canot de pêche qui coula
aussitôt. Tout l'avant était enlevé. Les trois
hommes, précipités a la mer, se mirent à crier
et à demander une embarcation pour les secou-
rir. Us se maintinrent à la surface de l'eau au
moyen des épaves du canot. Quand l'embarca-
tion arriva, Lemagnan, transi par le froid et
trahi par ses forces, avait disparu.
Le patron et le pilote, à bout de forces, fu-
rent recueillis à bord du steamer et furent dé-
barqués ce matin au Havre. Des recherches ont
été vainement faites pour découvrir le mousse. &
MAnsEtLLE, le 12 février. De notre corres-
pondant particulier
Depuis ce matin, de légers flocons de neige
tombent et se fondent en touchant le sol la
température s'est subitement refroidie.
Ce soir, par le paquebot l'~msMM, des mes-
sageries maritimes, faisant le courrier do Ma-
dagascar, partent pour Zanzibar le prince russe
Boris Swiatopoll: Czitaverstynski et le major
général allemand Edouard Liebert, accompagné
de 8 officiers et 26 sous-officiers, arrivés hier de
Berlin.
MONTpELHEM, le 12 février. On nous télé-
graphie
« Nous avons fait connaître les circonstances
dans lesquelles a été commis le meurtre du sieur
Injalbert, de la commune de Magalas, assassiné
par sa femme, en présence de l'amant de
celle-ci.
L'affaire se complique maintenant d'un par-
ricide Le fils de la victime, jeune homme de
dix-sept ans, a participé à l'assassinat, de son
pore. Il a fait a. cet égard des aveux complets
corroborés par les déclarations de sa mère. Sui-
vant la version du Sis, la femme Injalbert au-
rait commencé a tirer deux coups de revolver
sur son mari. Celui-ci étant tombé sur le chemin,
son Sis l'aurait assommé a coups de bâton et
l'aurait achevé à coups de couteau.
& La population est très surexcitée et aurait
fait un mauvais parti au parricide sans l'inter-
vention de la gendarmerie.
!) Il se pourrait que le sieur Gelly, l'amant de
la femme Injatbert, soit remis en liberté. )>
MMfTi'ELHEn, ~e~2 février. Dans la nuit, un
violent orage accompagné de grêle s'est abattu
sur Montpellier, mais la surprise des habitans a
été grande quand ce matin, au réveil, on a
trouvé le sol couvert de neige.
La neige continue à tomber à gros ilocons.
MMEs, le 12 février. La troisième séance du
Conseil municipal a été aussi mouvementée que
les précédentes. Sur la place de l'Môtel-de-
Ville stationnait une foule énorme, criant <: Dé-
mission x. Toute la police était sur pied, ren-
forcée par quelques gendarmes.
Le maire, après avoir donné lecture d'un ar-
ticle do la loi municipale, a annoncé que le
Conseil se réunira à une date qui sera ultérieu-
rement fixée. A c& moment, la majorité du Con-
seil entre dans la salle et se, retire immédiate-
ment, laissant le maire avec ses huit con-
seillers.
M. Pascal, 5 la sortie, a été accueilli par les
cris « Démission Démission! &
p-mes, le 12 février. A la suite de dissenti-
mens qui se sont produits au Conseil munici-
pal, M. Guez, maire de Beaucaire, vient d'adres-
ser sa démission au préfet.
TouLo~ le 12 février. On nous télégra-,
phie
e Hier soir, à l'Ecole de Pyrotechnie de La-
goubran, le premier artificier, Antoine Gaillot,
était occupé à décharger un obus. L'engin éclata
et le tua net. Le cadavre est horriblement mu-
tilé, heureusement, il n'y a pas eu d'autres vic-
times. GaiUot était âgé de vingt-trois ans et
étaitnéàMarigny(Saône-ct-Loire).
Le comité de l'exposition française qui sera
inaugurée le 3 mai prochain à Earl's Court (Lon-
dres), a gracieusement décidé de donner, pen-
dant. les six mois que durera .l'exposition, de
grandes fêtes au bénéfice du nouvel hôpital
français de Londres, et de consacrer, en outre,
à cette œuvre, une partie importante des béné-
fices de cette exposition.
COMMUNICATIONS AVIS DIVERS
La. 33<= ~MMt~ MMM~e de M. LoufS Fi-
suiER, contenant le compte rendu de l'Exposi-
tion universeUe de ~889, avec vue générée et
plan, vient de paraître à la. librairie Hachette.
Un volume in-16. 3 fr. 50 c.
GRIPPE-RHUMES Pâte d.NaK
LES LIVRES NOUVEAUX
ETUDES OVERSES.
Les Communes françaises à l'époque des Ca-
pétiens directs, par AdULLE LUcnAME, pro-
fesseur d'histoire du moyen âge à la Faculté
des Lettres. Paris, Hachette, 1890. In-8 de
300 pages. 7 fr. M c.
La. question des communes françaises au
moyen âge, qui a fait, en ce siècle, l'objet de si
beaux travaux, n'a. rien perdu de son intérêt;
maintenant encore, et plus que jamais peut-
être, elle demeure un inépuisable sujet d'étude
pour quiconque tient à connaître, dans leur en-
semble, le développement de nos institutions
populaires. A la suite des Augustin Thierry et
des Guixot, l'érudition contemporaine a su
compléter, voire même renouveler, en certains
points l'histoire du mouvement communal.
Mais peu de gens ont le loisir de rassem-
bler et de lire les multiples publications des
érudits. et c'est pour mettre le public au cou-
rant des résultats nouvellement acquis que
M. AchUle Luchaire, résumant ses leçons faites
en Sorbonno, a composé cet exposé com-
mode autant que clair et précis. Après avoir
lu cet c-xceltent livre, on n'ignore plus rien de
) ce qu'il importe de savoir sur le mouvement
communal et sur l'organisation de la commune,
qui est ici remise sa vraie place. Elle n'est
plusenvi'agéo.gr&ce aux travaux de la cri-
tique moderne, comme une .manifestation es-
sentielle de nos premières aspirations démo-
tiques on serait tenté plutôt de voir, dans cette
seigneurie collective, souvent hostile aux autres
élcrnens sociaux, imprégnée de l'esprit de par-
ticularisme, agitée de passions belliqueuses, un
'produit original mais tardif du régime féodal,
La conclusion de l'ouvrage n'est pas moins Ins-
tructive et curieuse; c'est là que l'auteur, par
de solides raisons, montre que la décadence des
communes est due en grande partie à l'in-
capacité UDancière dc-s oligarchies qui les admi-
nistraient c'est là qu'il prouve, en même temps,
que pour ces républiques militaires, jalouses à
l'excès de leurs privilèges, souvent impitoyables
pour le menu peuple, qu'elles excluaient des
charges ..municipales tout en l'écrasant d'im-
pôts, minées par l'anarchie et l'émeute, le plus
grand ennemi a été; non pas l'évoque ou l'abbé,
non pas le comte ou le châtelain, mais bien le
roi, qui a Uni par les détruire en les absor-
bant.
La Charité avant et depuis 1789 dans les
campagnes de Franco, avec quelques exem-
ples tirés de l'étranger, par M. p. HUBERT-
vALLEMux, avocat à la Cour d'appel.– Paris,
librairie Guillaumin, 1890. In-8 de vn-433 pa-
ges. 8 fr.
Dans ce très intéressant volume, M. Hubert-
VaIIeroux reproduit avec d'utiles développe-
mens son Mémoire récemment couronné par
l'Académie des Sciences morales et politiques
qui avait mis au concours le sujet de « l'indi-
gence et l'assistance dans les campagnes
depuis~1789 y. L'ouvrage se divise en trois
parties la première, exclusivement histo-
rique, renferme l'examen du sujet propose
depuis le seizième siècle jusqu'à la fin du dix-
huitième. Avec une sure érudition et d'après le
témoignage d'écrivains autorisés, l'auteur dé-
montre que, sous l'ancien régime, la misère ne
fut ni aussi effroyable, ni aussi générale qu'on
le repète couramment.
La seconde partie a trait au temps présent
M. Hubert-ValIeroux y examine l'organisation
de l'Assistance publique dans les campagnes
sous ses diverses formes, et il en constate, en
plusieurs points, l'insuffisance. Il regrette en
même temps que, par suite d'obstacles mis par
les lois ou par les pratiques administratives, la
chari téprivée ne puisse plus, comme jadis, s'exer-
cer avecune'pleine liberté. –Dans sa troisième
partie, il démontre que, dans la plupart des pays
étrangers, la législation concernant la charité
privée est singulièrement moins restrictive que
la nôtre, ce qui n'empêche pas d'ailleurs la
charité officielle de contribuer pour une large
part au soulagement des souffrances et de
la misère. La conclusion de l'ouvrage
peut se résumer ainsi l" c'est par les for-
ces combinées de la religion, de la morale
et de l'instruction que la misère peut être effi-
cacement combattue; 2° il conviendrait de ren-
dre à la charité privée sa liberté d'action, en
réformant les dispositions légales qui prohibent
ou soumettent à certaines formes les libéralités
et les fondations charitables individuelles ou
collectives.
Etudes administratives et judiciaires sur
Londres et l'Angleterre, par G. BCGNOTTEf,
avocat, commissaire de police retraité de
la ville de Paris, avec la. collaboration de
A. xompotjDRE DE SAUvtGNEv, avocat. Paris,
Pedone-Lauriel, 1889. In-8 de 524 pages, tome
lor. 10 fr.
Le premier volume de cet ouvrage, sur lequel
nous aurons occasion de revenir, est exclusive-
ment consacré à l'organisation municipale de
la ville de Londres et de ses principaux services
publics (eaux, voierie, écoles, hôpitaux, etc).
C'est un recueil méthodiquement classé de
documens, déjà connus chez nous pour la plu-
part, et de statistiques qui ne sont pas sans
intérêt. La partie la plus curieuse de l'ou-
vrage est lepréambule.dans lequel l'auteur éta-
blit un parallèle de nos institutions administra-
tives, judiciaires, de police, etc., avec celles de
nos voisins; son admiration pour l'organisation
anglaise n'est égalée que par sa pitié pour la
nôtre, pour notre police surtout, qu'il trouve en
tous points abusive et défectueuse.
Les Anglais et les Hollandais dans les mers
polaires et dans la mer des Indes, par le vice-
amiral juniEif DE LA GRAVURE, de l'Académie.
française ~t de l'Académie des Sciences.
Paris, Plon et Nourrit, 1890. 2 vol. in-18 de
334-358 pages, 7 fr. Avec cartes.
Dans un précédent ouvrage, les ~~MM du
~MMMMM<* <~ MM'<~ siècle, M. l'amiral Jurien
de La Gravière nous a fait connaîtra Jes .grandes
découvertes accomplies pendant la première pé-
riode de la navigation française. Il vient, dans
ce nouveau livre, retracer l'histoire des lents pro-
grès dont la succession amena les navigateurs
du Nord, ceux que l'éminent auteur appelle~les
ouvriers de la onzième heure », à envahir peu à
peu l'Amérique septentrionale, les Indes et les
Moluques. Son récit, qui nous conduit de l'année
1576 à l'an 161'?, constitue un tableau très pitto-
resque des grandes expéditions des marins hol-
landais et anglais qui ont illustré cette époque.
Barentz, Corneille Houtman, Jacques Mahu,
Olivier de Noort, Van Neck, Van 'Warwick, de
Weert, Cornelis Alatelief, puis John Davis, Ca-
vendish, Lancaster, Benjamin Wood, Iludson,
William Bafûn, Michelbourne, etc., tels sont les
hardis explorateurs dont nous trouvons ici les
courageuses entreprises et les émouvantes aven-
tures.
VARtETÈS POÉSIE.
A Bibliography of Tunisia from the earliest
times to thé end of 1888. By n.-s. ASMME.
London, Dulau and G", 37. Soho-Square, W.,
1889. In-4 de l4< pages à 2 colonnes, avec
une carte. Edition de luxe, tirage limité.
Des quatre Etats de l'Afrique du Nord, dési-
gnés autrefois sous la dénomination collective
d'Ed'intérêt, au point de vue de l'histoire et de l'ar-
chéologie, est le beylicat de Tunis. Aussi, le
nombre est-il considérable des travaux publiés
sur les divers sujets relatifs à cette vaste pro-
vince, tels, pour n'en citer que quelques-uns, que
Carthage et Utique, les guerres puniques, la do-
nation romaine, la conquête arabe, les expédi-
tions de Saint-Louis et de Charles-Quint, et,
pour la période contemporaine, l'établissement
du protectorat français. Ces productions, men-
tionnées, mais en partie seulement et souvent
insuffisamment décrites, en vingt répertoires plus
ou moins complets, n'ont pas encore fait l'objet
d'une bonne monographie bibliographique. C'est
cette lacune que vient combler M. H.-S. Ashbee,
qui a recueilli de toutes parts et sur les lieux mê-
mes les élémens de son travail. II a préludé, il
y a trois ans, a son intéressante publication par
un volume (y<'aM~ M: 2'MKMM, 1887, nombreuses
gravures), dans lequel il résumait ses observa-
tions et impressions de voyage en Tunisie.
Deuxième série des Souvenirs intimes de la
cour des Tuileries, par M" CARETTE, née
noovET. Paris, Ollendorff, 1890. In-18 de
vjtt-340 pages. 3 fr. M c.
Ce volume ne réalise pas tout a fait ce que
son titre semble promettre. Les particularités
« intimes y sont rares, et la plus grande par-
tie de ces pages,'écrites, il n'est pas besoin de
le dire, avec les mêmes sentimens et la même
réserve respectueuse que l'on a remarqués dans
le premier tome, sont consacrées presque entière-
ment à l'exposition des faits et événemens politi-
ques tant de fois racontés partout. Il semble, en
outre, que l'auteur a dùsouvent s'inspirer des ré-
cits d'autrui. C'estainsi,parexemple,que M'Ca-
rette donne, sur les journées des 3 et 4 septem-
bre et sur le départ de l'impératrice, des détails
qu'elle n'a pu tenir que de seconde main, puis-
qu'elle était alors absente de Paris, où elle n'ar-
riva que le 5 septembre, pour reprendre son ser-
vice près de sa souveraine.
Répertoire de la Comédie française (tome VI-
1889). par en. GUEULLETTE, avec une préface
par ~'
Sigaux, 1890. Petit in 18 de xtv-l3G pages, pa-
pier vergé. 5 fr.
Pour la sixième fois, M. Charles Gueullette
nous oifre l'élégant répertoire qui continue si
utilement le célèbre registre de Lagrange, en
notant, presque jour par jour, tous les inoidens
relatifs à la première scène française. L'année,
féconde en reprises n'a point été abondante
en œuvres nouvelles. Trois pièces seulement,
dont une en un acte, forment tout le bilan des
nouveautés proprement dites en cette année du
Centenaire.
Table alphabétique et bibliographique des
matières et des auteurs figurant dans les
130 premiers volumes du compte rendu des
séances et travaux de l'Académie des Soien-<
ces morales et politiques. Paris, Alphonse
Picard, 1889. In-8 de vu-306 pages, fr.
Il suffit de citer le titre de ce précieux réper-
toire pour faire comprendre les services qu'il
rendra aux lecteurs et travailleurs do tout or-
dre. Lés au tours, MM. Henry Vergé et P. do Bou-
tarel, qui l'ont entrepris et composé sous ladirec-
tion de M. Jules Simon, l'éminent secrétaire
peipétuci de l'Académie des Sciences morales,
ont eu une très bonne idée au lieu de dresser,
comme il arrive souvent en ces sortes de tra-
vaux, une double table (~~
façon à ne nécessiter qu'une recherche. Noms
d'auteurs, noms de choses sont niasses en-
semble dans l'ordre alphabétique et renvoient
la page ou aux pages qui les concernent dans
chacun des tomes do la volumineuse collection,
si consciencieusement dépouillée par MM. Vergé
etdeBoutareI.Rien de plus simple et déplus pra-
tique que cette méthode qui devra désormais s
être employée pour tous les travaux analogues.
Signalons, parmi les publications nouvelles,
le huitième fascicule du précieux .B~oM'e
~e'M~aJ de Mo-MM~Mf' ~oM~ ( in-8 de
160 pages, 5 fr.), par M. René Kerviler, qui com-
mence avec cette livraison (Bli-Boi) le qua-
trième tome de son travail. Nous avons fait déjà
connaître le plan et les mérites de cette œuvra
de bénédictin, qui se poursuit avec une régu-
larité parfaite et qui est appelée à rendre de si
grands services aux travailleurs de tout ordre.
Sous ce titre M~-t~ Ms~o~ )-!MM MM
~~aM~e 277 (Charpentier, in-18 de xi-317 pages,
3 fr. 50), M. A. Dovériae (TchernoEf) publie un.
livre d'une réelle importance; il y expose les
grands principes politiques et' sociaux de la.
Russie et étudie le rôle de celle-ci dans ses rap-
ports avec les autres puissances européennes;
il s'attache ennn tout particulièrement à faire
ressortir la solidarité des intérêts franco-russes
dans l'Extrême Orient.
La librairie A. Lemerrc vient de faire paraîtra
deux nouveaux volumes de vers l'un est l'œu-
vre d'un poète fécond et justement apprécié,
M. Charles Grandmougin qui, dans les C7;
poésies dans le style populaire; l'autre, in-
titulé Modes MMM«~ (in-t8 de 17S pages, 3 fr.),
est du à M. J. Guy Ropartz, un délicat artiste~
auteur du .P~MMg e~o?'no~s avons parlé naguère.
ROMANS. NOUVELLES.
Ce n'est pas, tant s'en faut, une œuvre scien-
tifique que s'est proposé de nous ofïrir M. Léo
Trézenik dans son nouvel ouvrage, Co~/M-
MpM ~'Mt fou (OIIendorn-, 276 pages); c'est une
pure œuvre d'imagination, très curieuse d'ail-
leurs et capable d'intéresser les aliénistes ou les
psychologues adonnés à l'étude des < maladies
de la volonté Daucy, le héros du livre, est un
jeune homme de vingt-cinq ans, instruit, intelli-
gent, mais intellectuellement déprimé; une en-
fance malheureuse, une adolescence mélancoli-
que ont graduellement développé en lui cet aH'ais-
sement moral contre lequel il cherche vainement
à reagir; les études médicales auxquelles il
se livre, les antécédens de manie, d'imbé-
cillité et de démence qu'il découvre parmi
ses ascendans directs le confirment dans
cette idée obsédante qu'il est fatalement.
destiné à la folie. Un jour vient où il est
force de s'avouer qu'il devient fou et il entre-
prend de noter jour par jour les phénomènes bi-
zarres de l'évolution mentale qu'il subit. C'est
ce journal que nous présente l'auteur, qui re-
trace d'une façon saisissante les tortures mora-
les de son sujet. Dédoublement du moi. lutte
de 1 être réel contre l'être imaginaire, halluci-
nations surprenantes, telles sont les principa-
les étapes du supptico de ce pauvre être, qui
voit inexorablement sombrer sa raison et qui
unit par un suicide étrange.
Dans CM ~<. (Plon et Nourrit, 3tt pages),
M" Henry Gréville nous donne une deses~us
émouvantes productions. Un homme doué de
tous les dons de la fortune vient d'épouser 1~
ûlle charmante qu'il adore; au sortir de l'église
on lui remet une lettre qu'il brûle aprèsj'avoir
lue; puis, immédiatement, il se tue. Pourquoi `t
C'est là le douloureux mystère que l'auteur nous
révélera après d'attachantes péripéties la Ban-
cée, la femme, suivant la loi, du comte de Beau-
ran n'est autre que sa propre sœur, et le mal-
heureux, qui ne pouvait dévoiler ce secret terri-
ble sans déshonorer sa famille, n'avait d'autre
ressource que le suicide.
Le roman de Paul Labarrière, ~
œuvre ni moins attachante, ni moins triste.
Il s'agit ici d'une femme abominable et comme
épouse et comme mère. Chassée par son mari'
qui va élever, au fond de la Bretagne, Charlotte
1 enfant issue de leur union, M""= d'OrIano~
vient à Paris, mener la grande vie, sous un
nom supposé. Quinze ans plus tard, on lui
présente le jeune poète Korvinian qui lui
conte son histoire. C'est le fiancé de Char-
lotte, un homme faible et naïf, très fa-
cile à séduire. M" d'Orlanges n'hésite pas;
dut sa fille en mourir de douleur, elle de-
vient la maîtresse de Kervinian, dont le ma-
riage est désormais impossible. Et par un raffi-
nement de cruauté, elle fait savoir ce qui en est.
à M. d'Orlanges. On pense que l'auteurnc man-
que pas de faire châtier comme il convient cette
misérable mère.
~~M (OUendorfï. 3) s pages),
dont M. François Osvi-ald nous conte la doulou~
reuse histoire, est une pauvre fille de brasserie
deb'auche~ faute amenée
ti~?~ à qui doit tant de publica-
tions excellentes, vient de traduire de i'anetais
un récit captivant autant qu'instructif et hon-
nête c'est le livre de miss Annie Keary, ~)--
~~t~sM~~M (Hachette, 303 pages,
J, épisode de cette insurrection irlandaise
de iM8, à la suite de laquelle les ïf/M~ûM,
émigrés en Amérique, organisèrent l'Association
agraire du fenianisme.
Signalons, en terminant, une œuvre qui ne
laisse pas detre « originale &; elle a pour titre
~Ï~rfr~ (grand carré, 352 pages), par
M"'e A.-F. Elle inaugure un genre nouveau le
roman pharmaceutique et médical, dont Ië~ ro-
manciers pourront désormais tirer un avantageux
parti. Ce bon gros livre, le proto-type du genre,
est consacré à célébrer les mérites de la méde-
ciné dosimétrique.
F. D.
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logne, du parc Monceaux et des Buttes-Chau-
mont, ne pouvait décrire et expliquer ces
beauxiardinsetcessqup.yes coquets doutil
a. doté les Parisiens. A-ussi cette publication.
a-t-elle obtenu un légitima succès
M. Prat, ancien c};ci' de cabinet de M. A!-
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