Titre : Le Réveil du Havre : organe républicain ["puis" organe républicain-socialiste indépendant "puis" organe du Parti républicain démocratique]
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Date d'édition : 1901-06-22
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32854639q
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 22 juin 1901 22 juin 1901
Description : 1901/06/22 (N269). 1901/06/22 (N269).
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k3263468m
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-89667
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/05/2019
6 e Année — K° 269.
CINQ CENTIMES LE NUMÉRO
Samedi 22 Juin 1901:
Réveil
Organe du Parti Républicain Démocratique
PRIX DES ABONNEMENTS
Le Havre et la Seine-Inférieure par an 3 fr.
Départements » 4 fr.
ES
ADMINISTRATION ET
RÉDACTION
§=.
g
15, OFLXTB a-A-SIlsÆXPL
-PBRIER, 15
H
=
SS
Secrétaire de la Rédaction....
Alfred DEMI
==
I
m
L’Imprimeur-Gérant
E. LE ROY
ES
Prix des Insertions :
Annonces 25 centimes la ligne
Réclames. —. 50 »
On traite à forfait
Les Élections Cantonales
Nous sommes à la période prépa
ratoire des élections cantonales.
C’est l’instant auquel les candida
tures s’ébauchent et où, dans les
comités, l’on songe à présenter au
corps électoral les hommes les plus
aptes, comme les plus dignes, à sau
vegarder les intérêts de leurs con
citoyens ; c’est aussi l’heure en la
quelle les appétits s’aiguisent, qui
voit poindre les désirs longtemps
contenus, les aspirations malsaines.
Les anciens amis se brouillent, les
âmes s’emplissent de fiel, parce
qu’au fond de la pensée un tel brigue
le mandat de tel autre* Alors, les
vertus de celui qu’on encensait,
jadis, deviennent des vices, les qua
lités des travers. Bref, on est can
didat à son tour, ou ami du nouveau
candidat dont on espère, mieux que
du précédent, tirer quelque prébende
s’il est élu. Voilà, malheureusement,
la psychologie de nombre d’arri
vistes qui grouillent dans l’arène
électorale. Méfions-nous, souvent,
de ces grands électeurs qui tournent
comme la girouette, au vent de
leurs caprices intéressés.
L’électeur tranquille qui, de loin,
voit se dérouler ces changements à
vue d’opinion, sans se les expliquer,
se détourne d’instinct des farceurs
de la politique pour ne pas être leur
dupe. Quelquefois, il s’amuse, ce
pendant, des démêlés de certains
politiciens, dont il fait ses bouffons :
souvent, à l’approche des élections,
n’ai-je pas vu rire à gorge déployée,
les réceptionnaires de certaines
visites domiciliaires, dès que les sol
liciteurs, en quête de suffrages,
avaient le dos tourné. 11 y a toujours
en cela un côté ridicule qui fait du
eandidat ou de ses zélateurs les
valets de pied du suffragant, car
celui-ci ne se gêne nullement, dans
la plupart des cas, de voter au re
bours de la demande. On n’aime
généralement pas la carte forcée.
Quoi qu’il en soit, examinons un
peu, aujourd’hui, la situation dans
quelques cantons du Havre.
*
* *
Dans le troisième canton, le man
dat de conseiller général de M. De
nis Guillot arrive à l’époque de son
renouvellement. A aucun moment,
soit dans les assemblées départe
mentales, soit dans les assemblées
communales, M. Denis Guillot n’a
démérité de la démocratie. Ses élec
teurs ont pu, à bon droit, lui accor
der leur confiance, il ne l’a jamais
trahie, sa ligne de conduite est tou
jours restée la même. Aussi le con-
sidère-t-on comme inexpugnable.
Toutefois, suivant certains bruits,
une candidature lui serait opposée,
des manœuvres auraient lieu en ce
sens. On va même jusqu’à désigner
le postulant qui ne serait autre que
M. Léon Meyer, courtier.
Nous ne ferons pas de question de
religion, en cette occurence il ne
saurait y avoir chez nous, au ving
tième siècle, d’autre culte que celui
de la raison. Nous demanderons
seulement à M. Léon Meyer, ainsi
qu’à M. Brot, qui, paraît-il, patronne
ouvertement, malgré ses récentes
affirmations, cette seconde candida
ture, s’ils croient faire œuvre répu
blicaine en divisant les suffrages et
en facilitant l’accès au conseil géné
ral d’un candidat de la réaction qui
ne manquerait pas de se présenter.
Dans la démocratie, la discipline
est nécessaire, les postes représen
tatifs doivent appartenir aux ci
toyens par ordre de mérite. Nous
attendrons avec confiance la déci
sion du comité radical-socialiste à
cet égard, convaincu que ses mem
bres ne voudraient mettre en con
tradiction leurs actes avec leurs
principes. Nous attendons, aussi, de
M. Brot un démenti nécessaire aux
bruits qui circulent.
*
i * *
Dans le quatrième canton, Ton
se préoccupe également d’une situa
tion analogue à celle du troisième.
Nous espérons quo là, comme
ailleurs, les républicains auront à
cœur de ne pas semer la division et
de ne point créer de double emploi
fâcheux. M. Cheuret, conseiller
d’arrondissement sortant, so repré
sentera aux prochaines élections.
Dans ce cas, il nous semble évident
que M. Déliot, conseiller municipal,
ne posera pas sa candidature, ainsi
que quelques-uns l’annonçaient.
Déliot, nous en sommes persuadé,
n’est pas un ambitieux assoiffé d’hon
neur. Nous croyons à la sincérité
de ses convictions. Une attitude
équivoque de sa part nous surpren
drait. M. Cheuret, depuis 25 ans,
n’a cessé de combattre, sans relâ
che, pour la cause républicaine. La
démocratie ne consentirait pas à le
payer d’ingratitude.
★
* ¥
A vrai dire, nous croirions à une
tactique des réactionnaires, que
d’opposer, dans des collèges gagnés
à la République, des républicains
entre eux. La devise de Basile,
rappelons-le, est : « diviser pour
régner >. Ne nous laissons pas sur
prendre.
Si quelques citoyens ont le légi
time orgueil d’engager la lutte,
qu’ils le fassent dans des cantons ac-
quis,jusqu ici, ades mandataires aux
convictions douteuses. De la sorte,
ils feront avancer l’idée républi
caine, nous les y encouragerons de
toute notre ardeur ; mais qu’ils ne
favorisent pas l’œuvre de la réaction.
Cela, nous ne l’admettrons jamais.
Alf. HENRI.
Le Ministère et M. le Maire
Il nous paraît nécessaire de revenir
aujourd’hui sur l’attitude de M. le
Maire, dans la dernière séance du Con
seil municipal.
La motion proposée par M. Joly et
tendant à réprouver le nationalisme
devrait être considérée comme line
adresse de sympathie très atténuée,
très limitative surtout, pour le Minis
tère de Défense Républicaine.
Malgré la modération des termes
dans lesquels elle était conçue, M. le
Maire l’a trouvée trop compromet
tante. Non seulement il ne l’a pas
appuyée, mais au scrutin, il s’est
abstenu.
Il ne faudrait pas croire cependant
que M. le Maire, partageant les idées
de M. Godet, réprouve toute adresse
comme ayant nécessairement une por
tée politique
Nous voyons en effet que dans la
séance du 8 juillet 1898, M. Marais
proposait lui-même une adresse toute
politique dans les termes suivants :
« Messieurs,
« Depuis notre dernière réunion,
nous avons eu la satisfaction de voir
tomber un ministère qui, pendant
deux ans, n’a pu vivre que grâce à
l’appui de la droite et des ralliés.
« Aujourd’hui, nous avons un mi
nistère qui déclare vouloir mettre en
action, sûr de répondre par là au sen
timent du pays tel qu’il s’est dégagé
des élections générales, l’union entre
les républicains, et les républicains
seulement, pour gouverner la Répu
blique et la diiiger dans la voix de la
Démocratie ; l’Administration pense
que la majorité du Conseil approuve
hautement cette déclaration et a l’hon
neur de vous proposer d’envoyer
l’adresse suivante à M. le Président
du Conseil des ministres.
« Le Conseil municipal du Havre
adresse àM. Henri Brisson, président
du Conseil, l’assurance de s m dévoue
ment et de son respect. Il salue la
constitution du nouveau ministère
comme l’expression de la majorité
républicaine du pays et un retour aux
vrais principes démocratiques.
« Il y voit aussi le gage des réfor
mes politiques, administratives et fis
cales qui sont la vraie raison d’être
de la République.
v Vive la République Démocrati
que ! »
Comparée au zèle manifesté en 1898,
l’abstention de 1901 constitue une
antithèse* qui en dit long, et qui cor
robore les déclarations nettement
antiministérielles que M. Marais fai
sait l’an dernier à un rédacteur de la
République.
Ch. J.
1U MUSEE DU HAVRE
L’impressionnisme
La Commission d’achats du Musée
du Havre a communiqué à la presse
une notice sur les nouvelles acquisi
tions faites récemment et sur les
quelles elle appelle l’attention du
public.
Cette notice indiquant les considé
rations dont s’est inspirée la Commis
sion pour ses choix récents, est ainsi
conçue :
Il y a quelques mois, M. Thiébault-
Sisson publiait dans le journal Le Temps
un article sur Claude Monet, le chef de
l’école impressionniste. Il nous racontait
que Claude Monet, qui est un peu havrais,
puisqu’il a passé toute sa jeunesse dans
notre ville, et fait ses études à notre col
lège communal, avait fait la connaissance
de Boudin qui, à cette époque, cherchait
à vendre ses toiles chez a le père Lebas ».
C’est avec Boudin que Claude Monet
commença à s’initier à cette école du plein
air, dont Boudin est considéré comme un
des précurseurs, ainsi que Jongkind, qui
travaillait aussi dans notre région, et qui
eut également une grande influence sur
la direction artistique de Monet.
Ce ne fut pas sans de grandes difficul
tés que ces peintres arrivèrent à se faire
admettre par le public.
Boudin vendait bien difficilement ses
tableaux de 200 à 500 francs, tandis
qu’aujourd’hui on s’arrache ses œuvres à
coups de billets de mille !
Quant à Claude Monet, plus heureux,
il jouit de son vivant d’une vogue magni
fique. Ses toiles, autrefois invendables,
se vendent de dix à quarante mille francs.
Les amateurs de toutes les parties du
monde veulent avoir des tableaux de
cette nouvelle école, dont les maîtres
reconnus sont, avec Claude Monet : Sis-
ley, Pissaro, Renoir ; une série de jeu
nes dont plusieurs sont déjà très con
nus.
On peut donc constater qu’il y a là une
véritable révolution dans l’art moderne ;
on peut la discuter comme on a discuté
de tout temps les innovations, mais on
est bien obligé de reconnaître son in
fluence et sa puissance.
La Commission du Musée du Havre a
pensé que, pour faire suite à la collection
d’études de Boudin, dont nous avons eu
la bonne fortune d’hériter, il serait inté
ressant de montrer au public des toiles de
la nouvelle école, qui, ainsi que nous
l’avons dit plus haut, a pris en partie
naissance dans notre région. Ne pouvant,
avec les faibles ressources dont nous dis
posons, aborder les œuvres des maîtres,
nous avons dû acheter des tableaux de
jeunes peintres, déjà très appréciés, et
dont plusieurs figurent au musée du
Luxembourg.
Nous sommes certains que le public
trouvera un grand intérêt à voir cette
peinture si lumineuse, si large et si puis
sante, quoiqu’un peu déconcertante au
premier abord, par suite de la nouveauté
de ses formules, et que nous donnerons
un très grand attrait à notre Musée, qui,
le premier de France, parmi ceux de pro
vince, aura eu le courage d’entrer dans
cette voie nouvelle.
*
* *
Nous ne pouvons, pour notre part,
qu’approuver pleinement la décision
prise par la Commission d’achats
de notre musée de peinture.
L’initiative qu’elle vient de pren
dre constitue un progrès hardi dans
la façon de comprendre le rôle des
Musées dans l’enseignement populaire
de l’Art.
Si l’on excepte le Musée du Luxem
bourg qui a fait une place aux nou
velles écoles qui vont du réalisme de
Manet aux impressionnistes de l’école
de Claude Monet, il n’est point de
galerie publique qui permette de se
rendre compte des nouvelles formules
d’art. Les amateurs de peinture ont,
il est vrai, la faculté de fréquenter
les expositions annuelles et les gale
ries particulières. Mais cela n’est pas
à la portée du grand public de pro
vince qui reste dès lors fort mal ren
seigné sur ces questions esthétiques,
aussi essentielles que la science et la
littérature au développement d’un
Il était donc urgent de combler
cette lacune. Et c’est ce dont on doit
féliciter la Commission d’achats du
Musée du Havre.
En contemplant le choix judicieux
qui a été fait d’œuvres typiques de
peintres comme Lebourg, d’Espagnat,
Maufra, etc... qui peuvent d’ailleurs
se réclamer des procédés d’artistes à
la réputation consacrée comme Bou
din, dont on pourra en même temps
admirer quelques études vigoureuses,
le public apprendra à connaître et à
aimer cette école du plein air qui
maintient à la peinture française sa
suprématie dans le monde.
VERUS.
Les Bookmakers et la Police
On nous signale de divers côtés
l’envahissement de notre ville par les
agences de paris aux courses.
Pour ceux qui sont au courant de
ce qui se passe dans ces agences, il
est avéré que cela constitue un réel
danger pour les petites bourses.
Une personne bien renseignée nous
affirmait dernièrement que, dans
notre ville, les paris.s’élèvent jour
nellement à plus de 20,000 fr.
Il suffit de connaître les procédés
habituels des bookmakers pour se
rendre compte du préjudice subi par
les parieurs. Pour certains c’est un
gouffre où disparaissent leurs écono
mies. Trop heureux quand ils ne vont
pas, — le cas s’est vu, — puiser dans
la caisse du patron pour couvrir les
différences.
Il faut que ce trafic cesse, non-seu
lement parce qu’il est prohibé formel
lement par la loi, mais à raison de son
caractère absolument immoral. N’est-
ce pas en outre un véritable scandale
que de voir comme nous avons pu le
constater il y a quelques jours, lors
du grand prix d’Auteuil, la place
Gambetta devenue la Bourse de cet
agiotage d’un nouveau genre, et des
gogos, soi-disant renseignés à la der
nière heure, venus au nombre de deux
cents donner des ordres aux bookma
kers qui vivent gaiement à leur dé
pens ?
Il est temps que cela cesse. Que fait
donc M. Kolb, commissaire central?
Ignore-t-il les bruits qui courent sur
sa trop longue complaisance envers
les chevaliers du crottin ?
LIBRES PROPOS
La grève des ouvriers du port de
Honfleur a eu son épisode sur le
bateau de la Compagnie Normande,,
le François-F*.
M. Marck s’est trouvé aux prises
avec plusieurs passagers qui, nom
contents de l’entendre clamer : « Vive
la Révolution sociale », répondirent
par le cri de : « Vive l’Armée ». Je
ne me prononcerai pas entre les deux:
formules, nos lecteurs savent ce que
nous pensons de l’une et de l’autre.
Toujours est-il que des coups furent
échangés. Le Petit Havre , rendant
compte de l’incident, déclare que M.
Marck reçut un vigoureux coup de
poing. Là-dessus, le Progrès s’tn4
flamme par la plume de G. S., qu{
doit être Gil Stevens. Il écrit, entre
autres :
« Loin d’avoir reçu un coup de
poing, comme le dit avec tant de jeie
le Petit Menteur, c'est au contraire
Mme Marck qui, menacée par u» de
’ ; *v
CINQ CENTIMES LE NUMÉRO
Samedi 22 Juin 1901:
Réveil
Organe du Parti Républicain Démocratique
PRIX DES ABONNEMENTS
Le Havre et la Seine-Inférieure par an 3 fr.
Départements » 4 fr.
ES
ADMINISTRATION ET
RÉDACTION
§=.
g
15, OFLXTB a-A-SIlsÆXPL
-PBRIER, 15
H
=
SS
Secrétaire de la Rédaction....
Alfred DEMI
==
I
m
L’Imprimeur-Gérant
E. LE ROY
ES
Prix des Insertions :
Annonces 25 centimes la ligne
Réclames. —. 50 »
On traite à forfait
Les Élections Cantonales
Nous sommes à la période prépa
ratoire des élections cantonales.
C’est l’instant auquel les candida
tures s’ébauchent et où, dans les
comités, l’on songe à présenter au
corps électoral les hommes les plus
aptes, comme les plus dignes, à sau
vegarder les intérêts de leurs con
citoyens ; c’est aussi l’heure en la
quelle les appétits s’aiguisent, qui
voit poindre les désirs longtemps
contenus, les aspirations malsaines.
Les anciens amis se brouillent, les
âmes s’emplissent de fiel, parce
qu’au fond de la pensée un tel brigue
le mandat de tel autre* Alors, les
vertus de celui qu’on encensait,
jadis, deviennent des vices, les qua
lités des travers. Bref, on est can
didat à son tour, ou ami du nouveau
candidat dont on espère, mieux que
du précédent, tirer quelque prébende
s’il est élu. Voilà, malheureusement,
la psychologie de nombre d’arri
vistes qui grouillent dans l’arène
électorale. Méfions-nous, souvent,
de ces grands électeurs qui tournent
comme la girouette, au vent de
leurs caprices intéressés.
L’électeur tranquille qui, de loin,
voit se dérouler ces changements à
vue d’opinion, sans se les expliquer,
se détourne d’instinct des farceurs
de la politique pour ne pas être leur
dupe. Quelquefois, il s’amuse, ce
pendant, des démêlés de certains
politiciens, dont il fait ses bouffons :
souvent, à l’approche des élections,
n’ai-je pas vu rire à gorge déployée,
les réceptionnaires de certaines
visites domiciliaires, dès que les sol
liciteurs, en quête de suffrages,
avaient le dos tourné. 11 y a toujours
en cela un côté ridicule qui fait du
eandidat ou de ses zélateurs les
valets de pied du suffragant, car
celui-ci ne se gêne nullement, dans
la plupart des cas, de voter au re
bours de la demande. On n’aime
généralement pas la carte forcée.
Quoi qu’il en soit, examinons un
peu, aujourd’hui, la situation dans
quelques cantons du Havre.
*
* *
Dans le troisième canton, le man
dat de conseiller général de M. De
nis Guillot arrive à l’époque de son
renouvellement. A aucun moment,
soit dans les assemblées départe
mentales, soit dans les assemblées
communales, M. Denis Guillot n’a
démérité de la démocratie. Ses élec
teurs ont pu, à bon droit, lui accor
der leur confiance, il ne l’a jamais
trahie, sa ligne de conduite est tou
jours restée la même. Aussi le con-
sidère-t-on comme inexpugnable.
Toutefois, suivant certains bruits,
une candidature lui serait opposée,
des manœuvres auraient lieu en ce
sens. On va même jusqu’à désigner
le postulant qui ne serait autre que
M. Léon Meyer, courtier.
Nous ne ferons pas de question de
religion, en cette occurence il ne
saurait y avoir chez nous, au ving
tième siècle, d’autre culte que celui
de la raison. Nous demanderons
seulement à M. Léon Meyer, ainsi
qu’à M. Brot, qui, paraît-il, patronne
ouvertement, malgré ses récentes
affirmations, cette seconde candida
ture, s’ils croient faire œuvre répu
blicaine en divisant les suffrages et
en facilitant l’accès au conseil géné
ral d’un candidat de la réaction qui
ne manquerait pas de se présenter.
Dans la démocratie, la discipline
est nécessaire, les postes représen
tatifs doivent appartenir aux ci
toyens par ordre de mérite. Nous
attendrons avec confiance la déci
sion du comité radical-socialiste à
cet égard, convaincu que ses mem
bres ne voudraient mettre en con
tradiction leurs actes avec leurs
principes. Nous attendons, aussi, de
M. Brot un démenti nécessaire aux
bruits qui circulent.
*
i * *
Dans le quatrième canton, Ton
se préoccupe également d’une situa
tion analogue à celle du troisième.
Nous espérons quo là, comme
ailleurs, les républicains auront à
cœur de ne pas semer la division et
de ne point créer de double emploi
fâcheux. M. Cheuret, conseiller
d’arrondissement sortant, so repré
sentera aux prochaines élections.
Dans ce cas, il nous semble évident
que M. Déliot, conseiller municipal,
ne posera pas sa candidature, ainsi
que quelques-uns l’annonçaient.
Déliot, nous en sommes persuadé,
n’est pas un ambitieux assoiffé d’hon
neur. Nous croyons à la sincérité
de ses convictions. Une attitude
équivoque de sa part nous surpren
drait. M. Cheuret, depuis 25 ans,
n’a cessé de combattre, sans relâ
che, pour la cause républicaine. La
démocratie ne consentirait pas à le
payer d’ingratitude.
★
* ¥
A vrai dire, nous croirions à une
tactique des réactionnaires, que
d’opposer, dans des collèges gagnés
à la République, des républicains
entre eux. La devise de Basile,
rappelons-le, est : « diviser pour
régner >. Ne nous laissons pas sur
prendre.
Si quelques citoyens ont le légi
time orgueil d’engager la lutte,
qu’ils le fassent dans des cantons ac-
quis,jusqu ici, ades mandataires aux
convictions douteuses. De la sorte,
ils feront avancer l’idée républi
caine, nous les y encouragerons de
toute notre ardeur ; mais qu’ils ne
favorisent pas l’œuvre de la réaction.
Cela, nous ne l’admettrons jamais.
Alf. HENRI.
Le Ministère et M. le Maire
Il nous paraît nécessaire de revenir
aujourd’hui sur l’attitude de M. le
Maire, dans la dernière séance du Con
seil municipal.
La motion proposée par M. Joly et
tendant à réprouver le nationalisme
devrait être considérée comme line
adresse de sympathie très atténuée,
très limitative surtout, pour le Minis
tère de Défense Républicaine.
Malgré la modération des termes
dans lesquels elle était conçue, M. le
Maire l’a trouvée trop compromet
tante. Non seulement il ne l’a pas
appuyée, mais au scrutin, il s’est
abstenu.
Il ne faudrait pas croire cependant
que M. le Maire, partageant les idées
de M. Godet, réprouve toute adresse
comme ayant nécessairement une por
tée politique
Nous voyons en effet que dans la
séance du 8 juillet 1898, M. Marais
proposait lui-même une adresse toute
politique dans les termes suivants :
« Messieurs,
« Depuis notre dernière réunion,
nous avons eu la satisfaction de voir
tomber un ministère qui, pendant
deux ans, n’a pu vivre que grâce à
l’appui de la droite et des ralliés.
« Aujourd’hui, nous avons un mi
nistère qui déclare vouloir mettre en
action, sûr de répondre par là au sen
timent du pays tel qu’il s’est dégagé
des élections générales, l’union entre
les républicains, et les républicains
seulement, pour gouverner la Répu
blique et la diiiger dans la voix de la
Démocratie ; l’Administration pense
que la majorité du Conseil approuve
hautement cette déclaration et a l’hon
neur de vous proposer d’envoyer
l’adresse suivante à M. le Président
du Conseil des ministres.
« Le Conseil municipal du Havre
adresse àM. Henri Brisson, président
du Conseil, l’assurance de s m dévoue
ment et de son respect. Il salue la
constitution du nouveau ministère
comme l’expression de la majorité
républicaine du pays et un retour aux
vrais principes démocratiques.
« Il y voit aussi le gage des réfor
mes politiques, administratives et fis
cales qui sont la vraie raison d’être
de la République.
v Vive la République Démocrati
que ! »
Comparée au zèle manifesté en 1898,
l’abstention de 1901 constitue une
antithèse* qui en dit long, et qui cor
robore les déclarations nettement
antiministérielles que M. Marais fai
sait l’an dernier à un rédacteur de la
République.
Ch. J.
1U MUSEE DU HAVRE
L’impressionnisme
La Commission d’achats du Musée
du Havre a communiqué à la presse
une notice sur les nouvelles acquisi
tions faites récemment et sur les
quelles elle appelle l’attention du
public.
Cette notice indiquant les considé
rations dont s’est inspirée la Commis
sion pour ses choix récents, est ainsi
conçue :
Il y a quelques mois, M. Thiébault-
Sisson publiait dans le journal Le Temps
un article sur Claude Monet, le chef de
l’école impressionniste. Il nous racontait
que Claude Monet, qui est un peu havrais,
puisqu’il a passé toute sa jeunesse dans
notre ville, et fait ses études à notre col
lège communal, avait fait la connaissance
de Boudin qui, à cette époque, cherchait
à vendre ses toiles chez a le père Lebas ».
C’est avec Boudin que Claude Monet
commença à s’initier à cette école du plein
air, dont Boudin est considéré comme un
des précurseurs, ainsi que Jongkind, qui
travaillait aussi dans notre région, et qui
eut également une grande influence sur
la direction artistique de Monet.
Ce ne fut pas sans de grandes difficul
tés que ces peintres arrivèrent à se faire
admettre par le public.
Boudin vendait bien difficilement ses
tableaux de 200 à 500 francs, tandis
qu’aujourd’hui on s’arrache ses œuvres à
coups de billets de mille !
Quant à Claude Monet, plus heureux,
il jouit de son vivant d’une vogue magni
fique. Ses toiles, autrefois invendables,
se vendent de dix à quarante mille francs.
Les amateurs de toutes les parties du
monde veulent avoir des tableaux de
cette nouvelle école, dont les maîtres
reconnus sont, avec Claude Monet : Sis-
ley, Pissaro, Renoir ; une série de jeu
nes dont plusieurs sont déjà très con
nus.
On peut donc constater qu’il y a là une
véritable révolution dans l’art moderne ;
on peut la discuter comme on a discuté
de tout temps les innovations, mais on
est bien obligé de reconnaître son in
fluence et sa puissance.
La Commission du Musée du Havre a
pensé que, pour faire suite à la collection
d’études de Boudin, dont nous avons eu
la bonne fortune d’hériter, il serait inté
ressant de montrer au public des toiles de
la nouvelle école, qui, ainsi que nous
l’avons dit plus haut, a pris en partie
naissance dans notre région. Ne pouvant,
avec les faibles ressources dont nous dis
posons, aborder les œuvres des maîtres,
nous avons dû acheter des tableaux de
jeunes peintres, déjà très appréciés, et
dont plusieurs figurent au musée du
Luxembourg.
Nous sommes certains que le public
trouvera un grand intérêt à voir cette
peinture si lumineuse, si large et si puis
sante, quoiqu’un peu déconcertante au
premier abord, par suite de la nouveauté
de ses formules, et que nous donnerons
un très grand attrait à notre Musée, qui,
le premier de France, parmi ceux de pro
vince, aura eu le courage d’entrer dans
cette voie nouvelle.
*
* *
Nous ne pouvons, pour notre part,
qu’approuver pleinement la décision
prise par la Commission d’achats
de notre musée de peinture.
L’initiative qu’elle vient de pren
dre constitue un progrès hardi dans
la façon de comprendre le rôle des
Musées dans l’enseignement populaire
de l’Art.
Si l’on excepte le Musée du Luxem
bourg qui a fait une place aux nou
velles écoles qui vont du réalisme de
Manet aux impressionnistes de l’école
de Claude Monet, il n’est point de
galerie publique qui permette de se
rendre compte des nouvelles formules
d’art. Les amateurs de peinture ont,
il est vrai, la faculté de fréquenter
les expositions annuelles et les gale
ries particulières. Mais cela n’est pas
à la portée du grand public de pro
vince qui reste dès lors fort mal ren
seigné sur ces questions esthétiques,
aussi essentielles que la science et la
littérature au développement d’un
Il était donc urgent de combler
cette lacune. Et c’est ce dont on doit
féliciter la Commission d’achats du
Musée du Havre.
En contemplant le choix judicieux
qui a été fait d’œuvres typiques de
peintres comme Lebourg, d’Espagnat,
Maufra, etc... qui peuvent d’ailleurs
se réclamer des procédés d’artistes à
la réputation consacrée comme Bou
din, dont on pourra en même temps
admirer quelques études vigoureuses,
le public apprendra à connaître et à
aimer cette école du plein air qui
maintient à la peinture française sa
suprématie dans le monde.
VERUS.
Les Bookmakers et la Police
On nous signale de divers côtés
l’envahissement de notre ville par les
agences de paris aux courses.
Pour ceux qui sont au courant de
ce qui se passe dans ces agences, il
est avéré que cela constitue un réel
danger pour les petites bourses.
Une personne bien renseignée nous
affirmait dernièrement que, dans
notre ville, les paris.s’élèvent jour
nellement à plus de 20,000 fr.
Il suffit de connaître les procédés
habituels des bookmakers pour se
rendre compte du préjudice subi par
les parieurs. Pour certains c’est un
gouffre où disparaissent leurs écono
mies. Trop heureux quand ils ne vont
pas, — le cas s’est vu, — puiser dans
la caisse du patron pour couvrir les
différences.
Il faut que ce trafic cesse, non-seu
lement parce qu’il est prohibé formel
lement par la loi, mais à raison de son
caractère absolument immoral. N’est-
ce pas en outre un véritable scandale
que de voir comme nous avons pu le
constater il y a quelques jours, lors
du grand prix d’Auteuil, la place
Gambetta devenue la Bourse de cet
agiotage d’un nouveau genre, et des
gogos, soi-disant renseignés à la der
nière heure, venus au nombre de deux
cents donner des ordres aux bookma
kers qui vivent gaiement à leur dé
pens ?
Il est temps que cela cesse. Que fait
donc M. Kolb, commissaire central?
Ignore-t-il les bruits qui courent sur
sa trop longue complaisance envers
les chevaliers du crottin ?
LIBRES PROPOS
La grève des ouvriers du port de
Honfleur a eu son épisode sur le
bateau de la Compagnie Normande,,
le François-F*.
M. Marck s’est trouvé aux prises
avec plusieurs passagers qui, nom
contents de l’entendre clamer : « Vive
la Révolution sociale », répondirent
par le cri de : « Vive l’Armée ». Je
ne me prononcerai pas entre les deux:
formules, nos lecteurs savent ce que
nous pensons de l’une et de l’autre.
Toujours est-il que des coups furent
échangés. Le Petit Havre , rendant
compte de l’incident, déclare que M.
Marck reçut un vigoureux coup de
poing. Là-dessus, le Progrès s’tn4
flamme par la plume de G. S., qu{
doit être Gil Stevens. Il écrit, entre
autres :
« Loin d’avoir reçu un coup de
poing, comme le dit avec tant de jeie
le Petit Menteur, c'est au contraire
Mme Marck qui, menacée par u» de
’ ; *v
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 88.54%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 88.54%.
- Collections numériques similaires Fonds régional : Languedoc-Roussillon Fonds régional : Languedoc-Roussillon /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "LangRous1"Déclaration... qui révoque les aliénations faites des droits de 10 sols manuels sur chaque minot de sel, dans les greniers des provinces de Languedoc, Roussillon et Lyonnois... Registrée en la Chambre des Comptes et Cour des Aydes [les 5 août et 6 octobre 1716] /ark:/12148/bd6t54204125p.highres Édit... portant suppression de plusieurs offices et droits dans les gabelles de France, Lyonnois, Dauphiné, Provence, Languedoc et Roussillon... Registré en Parlement [le 8 janvier 1717] /ark:/12148/bd6t54204196r.highresCollections de Montpellier Méditerranée Métropole Collections de Montpellier Méditerranée Métropole /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "3M000"
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k3263468m/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k3263468m/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k3263468m/f1.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k3263468m/f1.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k3263468m
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k3263468m
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k3263468m/f1.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest