Titre : Le Réveil du Havre : organe républicain ["puis" organe républicain-socialiste indépendant "puis" organe du Parti républicain démocratique]
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Date d'édition : 1899-10-07
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32854639q
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 07 octobre 1899 07 octobre 1899
Description : 1899/10/07 (N180). 1899/10/07 (N180).
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k32633792
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-89667
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/05/2019
te Année — N° 180.
CINQ CENTIMES LE NUMÉRO
Samedi 7 Octobre 1899.
—a—a——
Havre
Organe du Parti Républicain Démocratique
PRIX DES 4JB0NNEMENTS
==§
ADMINISTRATION ET RÉDACTION
|
|
15, RUE GASIMIR-PÉRIER, 15
1
Le Havre et la Seine-Inférieure par an 3 fr.
g
B
ü
Secrétaire de la Rédaction..,. F. thommeret
g
Départements » 4 fr.
1
LTmprimeur-Gérant ' F. UE ROY
1
Prix des Insertions :
Annonces 25 centimes la ligne
Réclames 50 j>
On traite à forfait
Théâtre des
Fantaisies-Fénoux
Nous avons publié, dans notre
dernier numéro, le programme de
la Fédération républicaine-radicale-
socialiste, laquelle a pour but de
grouper dans un faisceau puissant
tous les hommes disposés à défendre
énergiquement la République et les
principes de la Révolution contre le
césarisme et son allié le cléricalisme.
Inutile de dire que cette associa
tion, qui groupe de plus en plus tous
les éléments d’action républicaine,
soulève, dès sa création, l’hostilité
de la réaction.
Un autre honneur lui était réservé.
Les amis de Méline, les perpétuels
partisans de l’assiette au beurre, qui
ont sans cesse violé leurs engage
ments et se sont moqués du suffrage
universel qu’ils trompent par leur
presse, véritable entreprise de pros
pectus politiques, se mettent à railler
la Fédération.
Le Petit Havre, qui a marché
avec La Croix aux élections de
Mai 1898, pour la plus grande glo're
de Méline et de son adorateur Rispal,
ne pouvait rester indifférent ni insen
sible à un mouvement qui a pour but
de combattre la politique malpropre
de ses patrons.
M. Fénoux a cru bon de sortir,
pour la circonstance, les antiques
litanies de l’opportunisme impuis
sant, et de lancer les flèches inof-
fensives de son ironie vieillotte et
risiblement fatiguée. On dirait qu’il
en a assez de la besogne que lui fait
faire son conseil d’administration,
et qu’il veut lui jouer le mauvais tour
de faire imprimer quelques calino-
tades enveloppées d’un mauvais
style.
Deux articles sont nécessaires à
M. Fénoux pour combattre l’hydre
de la Fédération. Dans le premier,
|1 essaie de démontrer que cette Asso
ciation républicaine a volé aux modé
rés leur programme. Dans le second,
il démolit pièce à pièce ledit pro
gramme, représenté dans le premier
article comme étant l’œuvre admi
rable de ses amis.
Il appert de plus en plus que M.
Fénoux prend ses lecteurs pour des
imbéciles.
Il faut voir cet arbitre souverain
des bonnes manières politiques,
morigéner de haut les gens qui ont
eu l’audace grande de formuler un
programme sans consulter les deux
ou trois courtauds de boutique ou
Joseph Prud’homme qui président
à la politique (?)... et à la rentrée
des annonces du Petit Havre.
Voyez-vous, ces outrecuidants qui
se permettent de ne pas subordonner
leurs principes à des idées de lucre ?
M. Fénoux n’en revient pas
À-t-on jamais vu ça?
Pour juger la mentalité de M.
.Fénoux, — ou, comme on voudra,
de son conseil d’administration, —
il suffit de lire le passage qu’il con
sacre à l’article du programme rela
tif à la suppression des conseils de
guerre en temps de paix. Que
demande-t-il ? « Des tribunaux
mixtes, ou siégeraient des magistrats
decarrière, avecunjury d’officiers. »
On voit d’ici les belles garanties que
cela fournirait à la justice, les ma
gistrats de carrière étant là pour
enregistrer purement et simplement
les décisions de ces messieurs des
hauts grades. M. Fénoux ajoute, par
facétie : « Ce point du programme
n’est donc pas en avance sur le
nôtre. »
Pour la réduction du service mili
taire, même cabriole. M. Fénoux ne
se sent pas « la compétence néces
saire pour juger si cette réforme
peut se faire sans affaiblir l’armée. »
Le Petit Havre attend sans doute
qu’Esterhazy ait formulé son opinion.
M. Fénoux ne veut pas entendre
parler de l’épuration des fonction
naires, non plus que de l'abrogation
de la loi Falloux. Il tient à ne pas
faire de la peine à ses bons amis de
La Croix dont l’action parallèle peut
encore lui être utile un jour, qui
sait? Cette attitude ne doit pas nous
surprendre d’ailleurs de la part d’un
journal qui a toujours encensé les
ronds de cuir les plus réactionnaires
du Havre et qui a combattu avec
acharnement, mais sans succès, la
laïcisation du Bureau de Bienfai
sance.
Nous devions relever ces alléga
tions audacieuses du Petit Havre ,
non parce que nos concitoyens attri
buent la moindre importance aux
élucubrations de cette feuille bapti
sée par le peuple d’un sobriquet
vraiment pittoresque, mais pour
montrer à quel niveau est descendu
ce journal ou l’on fît, au temps de
Santallier, de la politique républi
caine.
VERUS.
—
L.A1 SEMAINE
Ce n’est certes pas sans ennui que
l'instruction de la Haute-Cour s’est
poursuivi cette semaine.
Il est bien clair que les avocats des
accusés du complot cherchent à faire
de l’obstruction ; ils soulèvent chaque
jour des difficultés; ont sans cesse de
nouvelles exigences, multiplient les
incidents, et il n’est pas surprenant
que M. Béranger soit un peu agacé
par cette série de protestations sou
vent vaines.
Il est probable que l’instruction a
recueilli dé nouveaux documents, car
elle risque de se prolonger, et elle est
amenée à mettre en scène de nou
veaux personnages dont il n’avait pas
été fait mention dans le réquisitoire
du procureur général, et à connaître
certains conciliabules tenus dans des
salons où des mesures révolution
naires auraient été arrêtées.
Sans doute, tous ces récits doivent
être accueillis avec une certaine ré
serve, mais il semblent démontrer
que l’agitation royaliste était plus
profonde qu’on ne l’avait d’abord
supposé et qu’il ne s’agissait guère de
défendre seulement des idées, comme
quelques républicains naïfs l’avaient
tout d’abord insinué. Les moyens vio
lents ne semblaient pas répugner aux
adversaires de la République.
★
* *
La situation reste stationnaire au
Creuzot. Aux concessions des gré
vistes, M. Schneider répond par un
refus catégorique et déclare au préfet
qu’il entend rester juge des renvois
d'ouvriers qu’il lui plaira de faire.
Bref, M. Schneider s’en tient aux
termes précis de son affiche, il ne
changera rien.
Faut-il le blâmer, faut-il le plain
dre ? Je crois qu’il faut le plaindre,
car, certainement, cet homme ne se
rend pas compte de ses responsabi
lités ; responsabilités morales et ma
térielles dont le poids l’écrasera dans
un avenir très rapproché.
Il est certain que la grève du Creu
zot, en se prolongeant, peut créer, au
ministère Waldeck-Rousseau de gra
ves difficultés. Parmi les membres du
Gouvernement se trouvent deux hom
mes, MM. Millerand et Baudin, qui,
d’ici peu, vont être mis en demeure,
par les socialistes, de se prononcer
pour ou contre les grévistes. Or, il
est impossible que ces messieurs ne
reconnaissent pas la justesse des ré
clamations des ouvriers du Creuzot,
qui ne demandent que le respect des
libertés syndicales.
En général, les grévistes sont rem
plis d'enthousiasme : « M. Schneider
ne veut pas reconnaître nos droits,
disent-ils, c’est bien, cela le regarde.
Quant à nous, nous ne lutterons pas
davantage contre lui, mais il ne nous
vaincra pas. Nous allons tout de
suite faire nos préparatifs de départ
pour Paris ! ».
*
* *
On attendait pour jeudi le commen-
temerit des hostilités entre l’Angle-
cerre et le Transwaal ; on l’attend
encore.
M. Kr üger a déclaré en ajournant
les Chambres, mardi, qu’il n’y avait
plus que la guerre. Le gouvernement
anglais à renoncé à négocier et a
décidé la convocation du Parlement
pour lui demander les crédits néces
saires pour faire la guerre. Toutes les
troupes anglaises de l’Afrique du Sud
sont aux frontières, même celles qui
viennent d’arriver. Elles ont devant
elles, en nombre bien supérieur, les
troupes des deux républiques boers.
Elles restent l’arme au pied. Pour les
Anglais, l’expectative se comprend :
ils attendent que leurs préparatifs
soient terminés pour écraser leurs
adversaires. Pour les Boers, elle est
inexplicable.
Sir Redvers Buller, le futur géné
ral en chef de l’armée anglaise, est
parti vendredi avec son état-major
et un contingent de 1,200 hommes.
Le corps d’armée dont on prépare
le départ sera de 35,000 hommes.
On compte qu’avec cette armée, les
renforts déjà partis et ceux que l’on
expédie encore d’un peu partout, le
général Buller se trouvera à la tête
de 60,000 à 65,000 hommes.
Jamais l’Angleterre n’a mobilisé
une armée aussi considérable depuis
le commencement du siècle, et elle se
prépare à faire un effort encore plus
grand. C’est l’aveu criant de la gravité
de la situation.
LA POLITIQUE
M. Millerand a prononcé à Limo
ges un discours qui ne saurait éveil
ler les susceptibilités des républicains
les plus modérés, puisqu’il a parlé de
l’union et de la nécessité de défendre
les institutions républicaines et qu’il
a montré le cabinet accomplissant ré
solument la tâche dont la majorité de
la Chambre l’avait chargé.
Il paraît que les déclarations si
simples, si franches et si politiques de
M. le ministre du commerce n’ont pas
été'du goût de quelques libéraux /
puisque les menaces les moins dégui
sées sont dirigées contre le cabinet ;
quelques progressistes n’hésitent pas
à annoncer qu’un grand débat s’ou
vrira à la rentrée sur la politique
générale et à espérer qu’on pourra
tirer de là quelque bonne crise minis
térielle. Ils ne formulent pas, d’ail
leurs, de griefs ; ils ne peuvent pas
dire en quoi la conduite du ministère
a pu leur déplaire. C’est une. affaire
de sentiment. Le nez de M. Millerand
leur déplaît; ils pensent peut-être,
après tout, qu’il n’était pas néces
saire de déranger les combinaisons
des royalistes qui complotaient contre^
ia République. C’est qu’en effet, s’ils
parvenaient à mettre en échec le
cabinet, leurs plus solides alliés se
raient les nationalistes, les royalistes
et les plébiscitaires ; et on comprend
que, le lendemain, la coalition réac
tionnaire pourrait reprendre ses exer
cices si fâcheusement interrompus. .
Nous doutons fort que des républi
cains sincères s’associent à cette belle
œuvre. Car il ne nous semble pas que
M. Waldeck-Rousseau ait pu encou
rir le plus léger blâme. Il a fait ce
qu’aurait fait à sa place tout républi
cain ; il l’a peut-être fait avec plus de
fermeté et de courage, puisqu’il a
réussi à rétablir la paix dans la rue,
troublée par les bandes boulangistes.
C’est peut-être un titre. Il serait
curieux qu’on lui en voulût d’avoir
protégé nos institutions. C'est un
spectacle qui ne manquera pas d’ori
ginalité. Et M. Waldeck-Rousseau
aura un bien beau discours à pronon
cer à la rentrée.
«
L& BESOGNE DD
“ PETIT HAVRE ”
Quand un journal qui met en man
chette Organe Républicain Démocra
tique, réclame, au plus grand profit
des jésuites, la liberté de renseignement,
il devient, par son titre, plus dange
reux pour la République que les
disciples de Loyola et leurs organes
eux-mêmes.
Que cette opinion ne soit pas celle
de l’éminent M. Fénoux a peu importe :
elle est sûrement celle de tous ceux
qui connaissent son journal, ne se
rait-ce que de réputation !
Combattre la vérité, c’est non seu
lement son rôle, mais un devoir au
quel il n’a jamais failli.
Chaque jour en donne des preuves
nouvelles.
Fn effet, après n’avoir cessé ses
attaques contre le ministère Brissoo,
après avoir systématiquement com
battu le cabinet Waldeck-Millerand,
précisément parce qu’il s’attachait à
sauvegarder les institutions républi
caines menacées par la politique de
Méline et consorts, le Petit Havre
pousse l’astuce jusqu’à écrire les
lignes suivantes :
« Le devoir de tous les Républi-
« cains est d’accorder crédit au mi-
« nistère jusqu’au jour où connaissant
« enfin les périls dont ils étaient mena4
« cés, ils pourront se féliciter de sa
« vigilance. »
Eh bien, ce devoir, le Petit Havre
l’a rempli en combattant les Républi
cains qui ont fait le leur ; il les féli
citera, le cas échéant, en dénaturant
leurs actes et en ayant recours, au
besoin, à la calomnie, pour servir le
« Comité clérical républicain » inquiet
auquel il répète « la fin justifie les
moyens ».
Pouah, quelle sale besogne !
Martin.
LA LUTTE DES CLASSES
S’il n’est guère possible d’avancer
que l’industrie française est des plus
prospères, on peut, du moins, sans
conteste, affirmer qu’elle n’a jamais
été aussi active qu’en ces dernières
années.
De q uelque côté que nous tournions
nos regards, nous voyons les usines,
les manufactures, les chantiers fie
construction maritime même, regor
ger de travail au point qu’on est par
fois contraint, pour parer aux com
mandes urgentes, de s'adresser à
l’étranger ; de toutes parts s’élèvent
des habitations qui transforment rapi-
dciment des terrains improductifs en
•de populeuses et laborieuses cités.
C’est un spectacle curieux, grandiose
qui, donnant une juste idée de l’acti
vité de notre race, est bien fait pour
nous réconforter des jours de tristesse.
Aussi, n’est-ce pas sans étonne
ment, après avoir remarqué la progres
sion du mouvement industriel de notre
pays, qu’il nous faut constater que
le nombre des ouvriers sans travail
augmente, de jour en jour, dans des
proportions réellement inquiétantes !
Dans les grands centres, comme dans
les plus petites villes, les gens sans
occupation viennent grossir la masse
des mécontents, la masse de ceux qui
maudissent la société actuelle sans la
connaître, sans la comprendre. Aux
sourds murmures succèdent bientôt
les violentes récriminations, et l’hon
nête travailleur devient, par la force
des choses, le révolté qui, sans trêve
ni repos, luttera de toutes ses forces
et contre la société qui laisse mourir
de misère les meilleurs de ses enfants,
et contre les classes élevées et puis
santes qu’il accusera peut-être à tort,
d’indifférence. Guerre aux riches,
guerre au patronat, guerre à tous
ceux qui détiennent la fortune : tel
est et tel sera, dès lors, le cri du mal
heureux, et ces cris, ces murmures
produisent dans le pays un malaise
général dont on ne cesse de se plain
dre et qu’on cherche à combattre en
fondant des œuvres charitables.
Oh ! ce mot de charité qui fait mon
ter le rouge à la face de l’homme cou
rageux, comme il est mal placé en ces
circonstances. Ce n’est point une au
mône quelle qu’elle soit que réclame
l’ouvrier, mais du travail pour nourir
convenablement sa famille. Qu’on ne
vienne pas nous dire qu’il n’y a point
de travail ! Je l’ai démontré tout à
l’heure, l’industrie française est active
et peut aisément procurer de quoi
vivre à tous les nationaux, mais il lui
est difficile d’alimenter encore les
étrangers. La France est un pays
riche et prospère qui pourrait, sans
effort, se suffire à lui-même et donner
CINQ CENTIMES LE NUMÉRO
Samedi 7 Octobre 1899.
—a—a——
Havre
Organe du Parti Républicain Démocratique
PRIX DES 4JB0NNEMENTS
==§
ADMINISTRATION ET RÉDACTION
|
|
15, RUE GASIMIR-PÉRIER, 15
1
Le Havre et la Seine-Inférieure par an 3 fr.
g
B
ü
Secrétaire de la Rédaction..,. F. thommeret
g
Départements » 4 fr.
1
LTmprimeur-Gérant ' F. UE ROY
1
Prix des Insertions :
Annonces 25 centimes la ligne
Réclames 50 j>
On traite à forfait
Théâtre des
Fantaisies-Fénoux
Nous avons publié, dans notre
dernier numéro, le programme de
la Fédération républicaine-radicale-
socialiste, laquelle a pour but de
grouper dans un faisceau puissant
tous les hommes disposés à défendre
énergiquement la République et les
principes de la Révolution contre le
césarisme et son allié le cléricalisme.
Inutile de dire que cette associa
tion, qui groupe de plus en plus tous
les éléments d’action républicaine,
soulève, dès sa création, l’hostilité
de la réaction.
Un autre honneur lui était réservé.
Les amis de Méline, les perpétuels
partisans de l’assiette au beurre, qui
ont sans cesse violé leurs engage
ments et se sont moqués du suffrage
universel qu’ils trompent par leur
presse, véritable entreprise de pros
pectus politiques, se mettent à railler
la Fédération.
Le Petit Havre, qui a marché
avec La Croix aux élections de
Mai 1898, pour la plus grande glo're
de Méline et de son adorateur Rispal,
ne pouvait rester indifférent ni insen
sible à un mouvement qui a pour but
de combattre la politique malpropre
de ses patrons.
M. Fénoux a cru bon de sortir,
pour la circonstance, les antiques
litanies de l’opportunisme impuis
sant, et de lancer les flèches inof-
fensives de son ironie vieillotte et
risiblement fatiguée. On dirait qu’il
en a assez de la besogne que lui fait
faire son conseil d’administration,
et qu’il veut lui jouer le mauvais tour
de faire imprimer quelques calino-
tades enveloppées d’un mauvais
style.
Deux articles sont nécessaires à
M. Fénoux pour combattre l’hydre
de la Fédération. Dans le premier,
|1 essaie de démontrer que cette Asso
ciation républicaine a volé aux modé
rés leur programme. Dans le second,
il démolit pièce à pièce ledit pro
gramme, représenté dans le premier
article comme étant l’œuvre admi
rable de ses amis.
Il appert de plus en plus que M.
Fénoux prend ses lecteurs pour des
imbéciles.
Il faut voir cet arbitre souverain
des bonnes manières politiques,
morigéner de haut les gens qui ont
eu l’audace grande de formuler un
programme sans consulter les deux
ou trois courtauds de boutique ou
Joseph Prud’homme qui président
à la politique (?)... et à la rentrée
des annonces du Petit Havre.
Voyez-vous, ces outrecuidants qui
se permettent de ne pas subordonner
leurs principes à des idées de lucre ?
M. Fénoux n’en revient pas
À-t-on jamais vu ça?
Pour juger la mentalité de M.
.Fénoux, — ou, comme on voudra,
de son conseil d’administration, —
il suffit de lire le passage qu’il con
sacre à l’article du programme rela
tif à la suppression des conseils de
guerre en temps de paix. Que
demande-t-il ? « Des tribunaux
mixtes, ou siégeraient des magistrats
decarrière, avecunjury d’officiers. »
On voit d’ici les belles garanties que
cela fournirait à la justice, les ma
gistrats de carrière étant là pour
enregistrer purement et simplement
les décisions de ces messieurs des
hauts grades. M. Fénoux ajoute, par
facétie : « Ce point du programme
n’est donc pas en avance sur le
nôtre. »
Pour la réduction du service mili
taire, même cabriole. M. Fénoux ne
se sent pas « la compétence néces
saire pour juger si cette réforme
peut se faire sans affaiblir l’armée. »
Le Petit Havre attend sans doute
qu’Esterhazy ait formulé son opinion.
M. Fénoux ne veut pas entendre
parler de l’épuration des fonction
naires, non plus que de l'abrogation
de la loi Falloux. Il tient à ne pas
faire de la peine à ses bons amis de
La Croix dont l’action parallèle peut
encore lui être utile un jour, qui
sait? Cette attitude ne doit pas nous
surprendre d’ailleurs de la part d’un
journal qui a toujours encensé les
ronds de cuir les plus réactionnaires
du Havre et qui a combattu avec
acharnement, mais sans succès, la
laïcisation du Bureau de Bienfai
sance.
Nous devions relever ces alléga
tions audacieuses du Petit Havre ,
non parce que nos concitoyens attri
buent la moindre importance aux
élucubrations de cette feuille bapti
sée par le peuple d’un sobriquet
vraiment pittoresque, mais pour
montrer à quel niveau est descendu
ce journal ou l’on fît, au temps de
Santallier, de la politique républi
caine.
VERUS.
—
L.A1 SEMAINE
Ce n’est certes pas sans ennui que
l'instruction de la Haute-Cour s’est
poursuivi cette semaine.
Il est bien clair que les avocats des
accusés du complot cherchent à faire
de l’obstruction ; ils soulèvent chaque
jour des difficultés; ont sans cesse de
nouvelles exigences, multiplient les
incidents, et il n’est pas surprenant
que M. Béranger soit un peu agacé
par cette série de protestations sou
vent vaines.
Il est probable que l’instruction a
recueilli dé nouveaux documents, car
elle risque de se prolonger, et elle est
amenée à mettre en scène de nou
veaux personnages dont il n’avait pas
été fait mention dans le réquisitoire
du procureur général, et à connaître
certains conciliabules tenus dans des
salons où des mesures révolution
naires auraient été arrêtées.
Sans doute, tous ces récits doivent
être accueillis avec une certaine ré
serve, mais il semblent démontrer
que l’agitation royaliste était plus
profonde qu’on ne l’avait d’abord
supposé et qu’il ne s’agissait guère de
défendre seulement des idées, comme
quelques républicains naïfs l’avaient
tout d’abord insinué. Les moyens vio
lents ne semblaient pas répugner aux
adversaires de la République.
★
* *
La situation reste stationnaire au
Creuzot. Aux concessions des gré
vistes, M. Schneider répond par un
refus catégorique et déclare au préfet
qu’il entend rester juge des renvois
d'ouvriers qu’il lui plaira de faire.
Bref, M. Schneider s’en tient aux
termes précis de son affiche, il ne
changera rien.
Faut-il le blâmer, faut-il le plain
dre ? Je crois qu’il faut le plaindre,
car, certainement, cet homme ne se
rend pas compte de ses responsabi
lités ; responsabilités morales et ma
térielles dont le poids l’écrasera dans
un avenir très rapproché.
Il est certain que la grève du Creu
zot, en se prolongeant, peut créer, au
ministère Waldeck-Rousseau de gra
ves difficultés. Parmi les membres du
Gouvernement se trouvent deux hom
mes, MM. Millerand et Baudin, qui,
d’ici peu, vont être mis en demeure,
par les socialistes, de se prononcer
pour ou contre les grévistes. Or, il
est impossible que ces messieurs ne
reconnaissent pas la justesse des ré
clamations des ouvriers du Creuzot,
qui ne demandent que le respect des
libertés syndicales.
En général, les grévistes sont rem
plis d'enthousiasme : « M. Schneider
ne veut pas reconnaître nos droits,
disent-ils, c’est bien, cela le regarde.
Quant à nous, nous ne lutterons pas
davantage contre lui, mais il ne nous
vaincra pas. Nous allons tout de
suite faire nos préparatifs de départ
pour Paris ! ».
*
* *
On attendait pour jeudi le commen-
temerit des hostilités entre l’Angle-
cerre et le Transwaal ; on l’attend
encore.
M. Kr üger a déclaré en ajournant
les Chambres, mardi, qu’il n’y avait
plus que la guerre. Le gouvernement
anglais à renoncé à négocier et a
décidé la convocation du Parlement
pour lui demander les crédits néces
saires pour faire la guerre. Toutes les
troupes anglaises de l’Afrique du Sud
sont aux frontières, même celles qui
viennent d’arriver. Elles ont devant
elles, en nombre bien supérieur, les
troupes des deux républiques boers.
Elles restent l’arme au pied. Pour les
Anglais, l’expectative se comprend :
ils attendent que leurs préparatifs
soient terminés pour écraser leurs
adversaires. Pour les Boers, elle est
inexplicable.
Sir Redvers Buller, le futur géné
ral en chef de l’armée anglaise, est
parti vendredi avec son état-major
et un contingent de 1,200 hommes.
Le corps d’armée dont on prépare
le départ sera de 35,000 hommes.
On compte qu’avec cette armée, les
renforts déjà partis et ceux que l’on
expédie encore d’un peu partout, le
général Buller se trouvera à la tête
de 60,000 à 65,000 hommes.
Jamais l’Angleterre n’a mobilisé
une armée aussi considérable depuis
le commencement du siècle, et elle se
prépare à faire un effort encore plus
grand. C’est l’aveu criant de la gravité
de la situation.
LA POLITIQUE
M. Millerand a prononcé à Limo
ges un discours qui ne saurait éveil
ler les susceptibilités des républicains
les plus modérés, puisqu’il a parlé de
l’union et de la nécessité de défendre
les institutions républicaines et qu’il
a montré le cabinet accomplissant ré
solument la tâche dont la majorité de
la Chambre l’avait chargé.
Il paraît que les déclarations si
simples, si franches et si politiques de
M. le ministre du commerce n’ont pas
été'du goût de quelques libéraux /
puisque les menaces les moins dégui
sées sont dirigées contre le cabinet ;
quelques progressistes n’hésitent pas
à annoncer qu’un grand débat s’ou
vrira à la rentrée sur la politique
générale et à espérer qu’on pourra
tirer de là quelque bonne crise minis
térielle. Ils ne formulent pas, d’ail
leurs, de griefs ; ils ne peuvent pas
dire en quoi la conduite du ministère
a pu leur déplaire. C’est une. affaire
de sentiment. Le nez de M. Millerand
leur déplaît; ils pensent peut-être,
après tout, qu’il n’était pas néces
saire de déranger les combinaisons
des royalistes qui complotaient contre^
ia République. C’est qu’en effet, s’ils
parvenaient à mettre en échec le
cabinet, leurs plus solides alliés se
raient les nationalistes, les royalistes
et les plébiscitaires ; et on comprend
que, le lendemain, la coalition réac
tionnaire pourrait reprendre ses exer
cices si fâcheusement interrompus. .
Nous doutons fort que des républi
cains sincères s’associent à cette belle
œuvre. Car il ne nous semble pas que
M. Waldeck-Rousseau ait pu encou
rir le plus léger blâme. Il a fait ce
qu’aurait fait à sa place tout républi
cain ; il l’a peut-être fait avec plus de
fermeté et de courage, puisqu’il a
réussi à rétablir la paix dans la rue,
troublée par les bandes boulangistes.
C’est peut-être un titre. Il serait
curieux qu’on lui en voulût d’avoir
protégé nos institutions. C'est un
spectacle qui ne manquera pas d’ori
ginalité. Et M. Waldeck-Rousseau
aura un bien beau discours à pronon
cer à la rentrée.
«
L& BESOGNE DD
“ PETIT HAVRE ”
Quand un journal qui met en man
chette Organe Républicain Démocra
tique, réclame, au plus grand profit
des jésuites, la liberté de renseignement,
il devient, par son titre, plus dange
reux pour la République que les
disciples de Loyola et leurs organes
eux-mêmes.
Que cette opinion ne soit pas celle
de l’éminent M. Fénoux a peu importe :
elle est sûrement celle de tous ceux
qui connaissent son journal, ne se
rait-ce que de réputation !
Combattre la vérité, c’est non seu
lement son rôle, mais un devoir au
quel il n’a jamais failli.
Chaque jour en donne des preuves
nouvelles.
Fn effet, après n’avoir cessé ses
attaques contre le ministère Brissoo,
après avoir systématiquement com
battu le cabinet Waldeck-Millerand,
précisément parce qu’il s’attachait à
sauvegarder les institutions républi
caines menacées par la politique de
Méline et consorts, le Petit Havre
pousse l’astuce jusqu’à écrire les
lignes suivantes :
« Le devoir de tous les Républi-
« cains est d’accorder crédit au mi-
« nistère jusqu’au jour où connaissant
« enfin les périls dont ils étaient mena4
« cés, ils pourront se féliciter de sa
« vigilance. »
Eh bien, ce devoir, le Petit Havre
l’a rempli en combattant les Républi
cains qui ont fait le leur ; il les féli
citera, le cas échéant, en dénaturant
leurs actes et en ayant recours, au
besoin, à la calomnie, pour servir le
« Comité clérical républicain » inquiet
auquel il répète « la fin justifie les
moyens ».
Pouah, quelle sale besogne !
Martin.
LA LUTTE DES CLASSES
S’il n’est guère possible d’avancer
que l’industrie française est des plus
prospères, on peut, du moins, sans
conteste, affirmer qu’elle n’a jamais
été aussi active qu’en ces dernières
années.
De q uelque côté que nous tournions
nos regards, nous voyons les usines,
les manufactures, les chantiers fie
construction maritime même, regor
ger de travail au point qu’on est par
fois contraint, pour parer aux com
mandes urgentes, de s'adresser à
l’étranger ; de toutes parts s’élèvent
des habitations qui transforment rapi-
dciment des terrains improductifs en
•de populeuses et laborieuses cités.
C’est un spectacle curieux, grandiose
qui, donnant une juste idée de l’acti
vité de notre race, est bien fait pour
nous réconforter des jours de tristesse.
Aussi, n’est-ce pas sans étonne
ment, après avoir remarqué la progres
sion du mouvement industriel de notre
pays, qu’il nous faut constater que
le nombre des ouvriers sans travail
augmente, de jour en jour, dans des
proportions réellement inquiétantes !
Dans les grands centres, comme dans
les plus petites villes, les gens sans
occupation viennent grossir la masse
des mécontents, la masse de ceux qui
maudissent la société actuelle sans la
connaître, sans la comprendre. Aux
sourds murmures succèdent bientôt
les violentes récriminations, et l’hon
nête travailleur devient, par la force
des choses, le révolté qui, sans trêve
ni repos, luttera de toutes ses forces
et contre la société qui laisse mourir
de misère les meilleurs de ses enfants,
et contre les classes élevées et puis
santes qu’il accusera peut-être à tort,
d’indifférence. Guerre aux riches,
guerre au patronat, guerre à tous
ceux qui détiennent la fortune : tel
est et tel sera, dès lors, le cri du mal
heureux, et ces cris, ces murmures
produisent dans le pays un malaise
général dont on ne cesse de se plain
dre et qu’on cherche à combattre en
fondant des œuvres charitables.
Oh ! ce mot de charité qui fait mon
ter le rouge à la face de l’homme cou
rageux, comme il est mal placé en ces
circonstances. Ce n’est point une au
mône quelle qu’elle soit que réclame
l’ouvrier, mais du travail pour nourir
convenablement sa famille. Qu’on ne
vienne pas nous dire qu’il n’y a point
de travail ! Je l’ai démontré tout à
l’heure, l’industrie française est active
et peut aisément procurer de quoi
vivre à tous les nationaux, mais il lui
est difficile d’alimenter encore les
étrangers. La France est un pays
riche et prospère qui pourrait, sans
effort, se suffire à lui-même et donner
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