Titre : Figaro : journal non politique
Éditeur : Figaro (Paris)
Date d'édition : 1932-01-14
Contributeur : Villemessant, Hippolyte de (1810-1879). Directeur de publication
Contributeur : Jouvin, Benoît (1810-1886). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 14 janvier 1932 14 janvier 1932
Description : 1932/01/14 (Numéro 14). 1932/01/14 (Numéro 14).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Description : Collection numérique : France-Brésil Collection numérique : France-Brésil
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
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FIGARO | 00 0
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107' Année. N* 14 de 1932.
Édité en f'Hôtef de
FIGARO
14, Rond-Point des Champs-Elysées
PARIS (Vin-)
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14, Rond-point DES Champs-Elysées. PAPIS
TêlépBoncs ̃• Elysées 98-31 à 98-38
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Loué PAR CEUX-CI, 'BLAME PAR CEUX-LA, ME MOQUANT DES SOTS, BRAVANT LES MÉCHANTS, JE ME
PRESSE DE RIRE DE TOUT. DE PEUR D'ÊTRE OBLIGÉ D'EN PLEURER.
POUVEZ-VOUS, FIGARO. TRAITER SI LÉGÈREMElfr UN DESSEIN QUI NOUS COÛTE X TOUS XE BONHEUR?
5 BEAUMARCHAIS.
1 DIRECTION': 14. EOND-PO^T DES CHAMPS-ELYSÉES
<
le Gaulois]
pf l'e VII 9 me,
pQJgi^
JEUDI 14 JANVIER 1932
JEUiii 14 JANVIER 1932
̃ -ir
LA PQÏ.ITïgUE
Résister
pour Vivre
*R
M. Doumer a résolu sa première crise
avec la correction constitutionnelle et
la clairvoyance qu'on pouvait attendre
-1- 1- T ;o" "J.lo.TT'II#Jt.nt~1rp
UC lui. l_iCa ICglCÛ UU J»-u jjai^uiv-un*iiv
indiquaient, nous le disions hier, que le ministère
démissionnaire ayant derrière lui une majorité que
rien n'avait diminué devait être reconstitué au plus
tôt. M. Laval avait voulu tenter un élargissement
de son cabinet. Les radicaux lui ont refusé leur con-
cours. Mais les conversations avec un chef de
groupe, les parlottes radicales n'existent point, cons-
titutionnellement. La situation était claire. Et la
plupart des hommes politiques appelés en consulta-
tion l'ont si bien comprise qu'ils ont désigné M. La-
val comme devant être chargé de se succéder à lui-
même ou plutôt de se continuer.
Cette solution simple, si les adversaires mêmes du,
cabinet l'ont envisagée comme la meilleure, c'est
que, même dans les groupes radicaux, autour des
tables où l'on rédige, pour la loge et le comité, des
motions de refus de participation et de méfiance
contre la majorité, il est des hommes qui sentent la
nécessité de plus en plus proche de réaliser cette po-
litique d'Union nationale que nous avons ici dé-
fendue sans relâche, et que M. Franklin-Bouillon,
hier, définissait de façon saisissante. L'idée d'union
progresse. La propagande de division des Français,
devant les menaces extérieures, faiblira bientôt. La
France, qui ne sait point haïr, et qui éprouve le
besoin d'être aimée, se sent enveloppée de jalousie,
d'ingratitude et d'injustice. Elle reconnaît, à tra-
vers l'Europe, l'atmosphère lourde, angoissante, qui
pesait sur elle avant guerre. Les formules « graves
difficultés », « circonstances exceptionnelles », ne
sont pas prononcées seulement par des nationalistes
ombrageux. C'est à la demande d'un membre de la
gauche que fut décidée hier l'audition de M. le
général Bourgeois et de M. Eccard, si complètement
renseignés sur les armements clandestins des peu-
ples apôtres du désarmement. Leurs interven-
tions patriotiques, au Sénat, ont souvent réveillé
'l'opinion qui fut, hélas aussitôt rendormie par
l'éloquence briandiste, chantant les progrès de l'es-
prit de paix en Allemagne.
Les dirigeants du Reich officiels ou d'op'-
position se montrent trop fiers de leur insolva-
bilité, i!s ont la faillite trop arrogante. Et les
Français prêtent enfin l'oreille à des informa-
tions qui ne sont point d'hier, mais que naguère ils
accueillaient d'un cœur léger.
Le nouveau gouvernement, qui ressemble à
l'anc:en comme on se ressemble à soi-même après
une courte absence de vingt-quatre heures, ne vivra
que s'il est prêt à faire face aux crises économique et
sociale qui se développent et s'il est décidé à résis-
ter à la guerre financière qui se prépare contre
nous. La petite famille de trente-deux personnes
qu'il constitue ne s'est point augmentée. M. Tar-
dieu quitte l'agriculture et passe à la guerre, où
l'on est certain qu'il suivra la trace d'André Ma-
ginot, où l'on espère qu'il retrouvera, pour ses
rencontres extérieures, l'énergie de son maître Cle-
menceau.
M. Pierre Laval prend la direction du Quai
'd'Orsay. Sa tâche y est écrasante. Elle est trop
lourde, la pente à remonter est trop dure pour
qu'il ne lui soit pas fait, au nom même des princi-
pes que nous exposions tout à l'heure, un large
crédit. Nous n'avons jamais ménagé à son premier
cabinet ni à sa personne les critiques qu'ils nous pa-
raissaient mériter. Nous suivrons les actes Jdu nou-
veau gouvernement avec la même vigilance.
M. Briand s'en va. Comment ce succès, si ru-
dement obtenu, grâce aux campagnes courageu-
ses de François Coty, ne nous engagerait-il pas à
accueillir son successeur avec un souhait de réus-
site ? Il a paru, au cours de cette crise ministé-
rielle, comprendre qu'il fallait, pour assurer notre
sécurité, rompre définitivement avec le briandisme.
Qu'il persiste et réalise, pour le pays, sans faiblesse,
un tel dessein.
Les armements navals américains
Washington, 13 janvier. L'amiral Bristol, pré-
sident du conseil général de la marine et l'un des
plus fervents partisans d'une puissante marine amé-
ricaine, a proposé aujourd'hui, devant la commis-
sion de la marine du Sénat, de substituer un pro-
gramme décennal de construction au programme
annuel actuel. II a déclaré que la flotte des Etats-
Unis avait besoin d'être réorganisée et que, si la
situation l'exigeait, ses contre-torpilleurs seraient
actuellement impropres à faire campagne.
Les cours à Paris
des monnaies étrangères
DEVISES 12 Janvier Cours
12 Janvier 13 Janvier
Y livre sterling 8712 87 »
l doUar. 25 52 25 5I
IOO belgas 35425 35425
100 pesetas. 21525 21525
ioo lire. 12885 12930
100 francs suisses. 497 » 497 2>
ioo florins. 102550 ioa3 So
100 couronnes norvégiennes
100 couronnes suédoises. 489 D 487 g
Encaisse-or (monnaies et lingots) de la Banque
de France 68.863.039.681
Proportion de l'encaisse-or aux engagements à vue
60,51 0/0
HITLER CONTRE BRUNING
La pEessidencfe
du ]\e ick
La manœuvre contre le chancelier Bruning con-
tinue à se dérouler, à propos de la prochaine élec-
tion à la présidence du Reich. Le député national-
socialiste Frick, dans un discours qu'il a prononce
hier, a déclaré « Si le cabinet Bruning ne dé-
missionne pas avant les élections à la présidence,
les nationaux-socialistes présenteront un candidat
de leur choix, duquel ils pourront être parfaite-
ment sûrs. V Il est clair qu'on veut impressionner
le président Hindenbùrg, afin qu'il se sépare du
docteur Bruning, s'il veut avoir les voix des natio-
naux-socialistes..
De leur côté, les partis modérés, vont créer un
comité, qui sera chargé de. préparer la réélection
du président Hindenburg. Des pourparlers ont
rîjjà eu lieu entre chefs des principaux partis.
Les sociaux-démocrates ont déclaré qu'ils atten-
daient pour déterminer leur attitude.
On signale, d'autre part, que la direction de
l'ordre des « Jeunes Allemands a a déposé, au mi-
nistère de l'intérieur, une requête demandant. l'au-
torisation d'organiser un plébiscite pour, que le
mandat du maréchal soit purement et simplement,
prolongé. Ce plébiscite, pour réussir, devrait réu-
nir les voix de vingt et un millions d'électeurs. On
assure que le parti populiste se rallierait à ce point
de vue.
Si le plébiscite n'a pas lieu, on pense générale-
ment qile les élections à la présidence se déroule-
ront avant le 13 mars, date prévue jusqu'ici. Il est
question de réunir le Reichstag très prochaine-
ment, qui en décidera.
L'HEURE QUI PASSE
La gantière et le bottier
Certains mariages d'idées, qui semblaient indisso-
lubles, ont, au cours de ces dernières années, abouti
à des ruptures depuis longtemps souhaitables. L'es-
prit et le cœur, en dépit des railleries de Voltaire,
ont, durant un siècle au bas mot, continué de s'asso-
cier sur les prospectus des pensions de second ordre,
où ils voisinaient avec la nourriture saine et abon-
dante et il n'a fallu pên de moins que le discrédit,
d'ailleurs fâcheux, ou %S; tombée l'intelligence pour
rompre enfin cette uniônV éminemment bourgeoise.
Mais le divorce le plus heureux est assurément celui
de la vertu et delà se'risifciïitir
Elles étaient inséparables à la veille de la Révo-
lution, et les torrents; .̃dejlàrnîës que faisaient ré-
pandre aux grands*pèrW; de nos grands-pères les
traits les plus ordinaires; -de la morale en action
risquaient de compromettre la vertu elle-même, qui
ne doit être ni pleurarde ni ridicule. On frémit de
penser à toutes les ophtalmies qu'auraient eues à
soigner les spécialistes après le septième jour de la
semaine de bonté, si elle avait été inventée dès ce
temps-là.
Grâce à Dieu, notre glande lacrymale n'a plus
cet entraînement mais il ne faudrait pas croire
que, pour être devenue sèche, la sensibilité soit en
baisse. Ce serait plutôt la vertu. Il n'est plus d'hom-
mes vertueux et -sensibles, il en est toujours de sen-
sibles et, la mode ayant tourné, si la vertu ne
les émeut guère, si le vice tranché les effarouche, la
bohème du bien a pour eux un attrait de demi-
perversité qui leur met le cœur sur la main.
J'ai revu mon ami de province. L'Exposition co-
loniale, qui me l'avait ramené, n'a pas été prolon-
gée mais il a repris goût à Paris, et comme Paris
n'est plus Vincennes, il me fait à tout bout de champ
la surprise et le plaisir de passer des heures chez
moi. En arrivant, il ne manque jamais de me dire
« Je ne vous dérange pas ? » Puis-je lui répondre
« ^Mais si »? il
Il est venu hier. Il semblait d'une humeur char-
mante. Comme les événements ne -la justifient
point, et que, moi, j'étais soucieux, je lui demandai
un peu brusquement ce qu'il avait.
Ah me dit-il, c'est que j'ai appris tout à
l'heure une nouvelle bien touchante la gantière
épouse le bottier Pourquoi me regardez-vous
comme une histoire ? Vous ne les connaissez pas ? il
Frick et Gabrielle ? Le bottier, la gantière
de la Vie Parisienne ? Si fait « La noble car-
rière Le joli métier Je suis des premières.
Je suis des premiers. Parmi les gantières
Parmi les bottiers », etc. Mais j'imagine que
cet aimable couple a évolué, comme on parle main-
tenant. D'abord, si Frick s'intitule encore bottier,
il n'est pas à la page j'espère pour lui qu'il est
« chausseur ». Mais Gabrielle ? Gantière Une
femme de la plus haute société, de surcroît fort
riche, me disait l'autre jour « Je ne porte plus
jamais de gants^jetest trop cher. »
Gabrielle ne?i. travaille plus à son compte
elle a une situationvriiagrafique chez Nicolèt. Mais
la question n'est pas- làt;IIs s'étaient promis le ma-
riage. L'une et l'autre famille s'y opposaient, trou-
vant ces-enfants trop jeunes.
Ils ont le même âge, soixante-cinq ans bien
sonnés
Vous ne m'arrêterez pas. Frick ne fit ni
une ni deux il saisit son revolver et envoya dans
la bras de Gabrielle une balle que l'on n'a pu
extraire. Les familles, se,' sont laissé attendrir, Frick
et Gabrielle se marien[lHemain. Ce qui est assez
plaisant, c'est que^iFrickt passe en cour d'assises la
semaine prochaine. ``'
Il serait en effet plaisant qu'il fût condamné.
Vous n'avez pas de cœur.
Croyez-vous, dis-je, que cette union se pré-
sente avec toutes les garanties de bonheur désira-
bles ? N'est-il pas à craindre que Gabrielle ne
fasse chanter Frick ? Elle n'aurait qu'à lui dire,
d'un certain ton « Je sens ma balle. »
Je vous répète, me dit sévèrement mon ami
de province, que vous n'avez pas de cœur.
j Abel Hermant,
de V Acadéjnie française.
^Al LAUSANNE
L'abstention
de l'Amérique
L'attitude de l'Amérique en regard du problème
des réparations devrait convaincre l'Angleterre et
la France du danger de leurs divergences de vues
à la veille de la Conférence de Lausanne.
Une dépêche de Washington à l'agence Reuter
annonçait hier soir que M. Stimson, secrétaire au
département d'Etat, a déclaré que le gouvernement
des Etats-Unis ne compte pas envoyer un délégué,
en qualité d'observateur, à la conférence, des répa-
rations.
Il est impossible de se désintéresser plus ouver-
tement d'une situation européenne, aggravée de-
puis la guerre par les alternatives d'interventions
imprudentes et d'abstentions égoïstes.
L'Amérique affecte d'oublier que pendant huit
ans elle a drainé l'or et les capitaux de l'Europe
en paiement d-és' dettes de guerre, seule raison
d'être des annuités « conditionnelles » du plaa >
Young. ̃̃̃
Comme les lois de «prohibition et les barrières
douanières interdisaient' aux marchandises euro-
péennes l'accès des marchés américains, et que,
par ailleurs, les Etats-Unis prétendaient monopo-
liser la vente aux nations européennes du blé, du
coton, du pétrole, du cuivre (sans parler des pro-
duits manufacturés), la balance commerciale et la
balance générale des comptes de l'Amérique étaient
à sens unique.
Aussi s'accumulèrent, dans les banques améri-
caines, une pléthore, de disponibilités venues s'a-
jouter aux énormes bénéfices réalisés par l'indus-
trie et l'agriculture pendant la guerre. ̃̃_
Ces disponibilités s'investirent en partie dans
d'immenses travaux d'équipement et d'outillage na-
tional, dans des armements formidables et dans les
valeurs de Bourse, sans cesse enflées par une spé-
culation effrénée aux Etats-Unis. Ce qui restait de
cet afflux constant de capitaux fut inconsidérément
prêté, à court terme et à intérêts usuraires de 8, 10
et 12 0/0, aux banques allemandes.
A l'origine de la crise mondiale se trouvent donc
les monstrueuses erreurs politiques, économiques
et financières de l'Amérique et de l'Allemagne.
Que l'une et l'autre se dérobent, aujourd'hui, à
leurs responsabilités, il n'y a rien qui, doive sur-
prendre. C'est assez dans la logique des traditions
américaines depuis la répudiation du traité de
Versailles, dicté et signe par le président Wilson.
C'est aussi dans' la ^ldgîque- dès traditions aile'-1
mandes, qui firent toujBûrs des* chiffons de papier
des engagements internationaux.
Nul ne conteste le droit de l'Amérique à l'absten-
tion à la conférence de Lausanne. Il sied pourtant
de souligner qu'il s'agit, à cette conférence, du plan
Young, qui, comme le plan Dawes, porte un nom
américain et une signature américaine. Il est aussi
permis d'observer que la proposition du président
Hoover, édictant le moratorium de tous les règle-
ments internationaux, dettes et réparations confon-
dues, paiements conditionnels et inconditionnels
mêlés dans une destinée commune, eût dû impli-
quer quelque souci des conséquences fatales de
l'initiative prise par Washington en juin dernier,
et qui a jeté l'Europe dans le chaos 1
Du point de vue moral, il y à une atteinte grave
au respect des contrats, sur la foi desquels se
fondent la confiance et le crédit des peuples.
Du point de vue purement humain, il y a un
précédent funeste d'indifférence aux épreuves
cruelles infligées à toutes-ljs, nations européennes.
L'Amérique, si prodigue en remontrances, se
révèle avare en témoignages de solidarité. Il serait
équitable ;dé s'abstenir de conseils aventureux
quand on esquivé de la sorte les responsabilités.
En bonne justice, l'égoïsme ôfficlel dés Etats-Unis
devrait avoir pour corollaire une renonciation du
gouvernement améric'aiSi JJtoute pression sur l'Eu-
rope pour les dettes,- té -désarmement et la1 sécu-
rité. 1- 76, '̃ '••-̃ L r;
Torf Heureusement, "l'amitié frànco-amériçâine,
scellée par tàflt'de gloires et de sacrifices, reste
au-dessus des erreurs commises par les politiciens
financiers et les financiers politiciens:
EN MARGE
Notre nouvel hôte
Grande joie au Muséum, ce matin, où l'on atten-
dait le cadeau princier des frères Amar un magni-
fique éléphant haut de 3 m. 15 et ne pesant pas
moins de 3.600 kilos.
Distraction rare aussi pour les Parisiens qui se
trouvaient sur le parcours de la gare de Bercy au
Jardin des Plantes, car c'est à pied tantôt sur
la chaussée, tantôt sur le trottoir précédé d'agents
cyclistes et entouré d'une véritable armée de photo-
graphes, auxquels se joignirent, chemin faisant, de
nombreux chômeurs, que « Rex l'éléphant
hindou, se rendit à sa. nouvelle demeure.
La gare de Bercy était tout en émoi quand on
fit descendre Baby (nom familier de Rex) de la
plate-forme où il était enfermé. Mais qu'auraient
dit les cornacs de rH|odqustan s'ils avaient vu
l'animal sacré traverser notre capitale enchaîné
comme un redoutable malfaiteur ? 1
Bien des ménagères/'tl'urent laisser brûler leur
« fricot et les pneumatiques subirent un long
retard. Les dactylos délaissèrent leurs machines
et tous les gosses du quartier de la Gare accou-
rurent pour le voir passer. Nulle frayeur sur leur
visage. On n'en pourrait dire autant des chevaux
que nous croisâmes et qui, n'ayant jamais vu sem-
blable monstre, faisaient feu des quatre fers et pre-
naient le mors aux dents.
Rex est maintenant logé dans la grande rotonde,
où il fut reçu hier matin par M. Lemoine, directeur
du Muséum, entouré de tous les professeurs et de
tous les amis de la maison. Une immense cage mise
à neuf lui avait été réservée c'est là, dorénavant,
qu'il vieillira, entouré des soins attendris de
M. Bourdelle. On ne saurait trop veiller sur un tel
pensionnaire ̃̃̃̃ ilenry Hugault.
LE DÉNOUEMENT DE la crise;
KL Pierre Laval reconstitue son cabinet
/r
et d'les Affaires étrangères..
et prend les Affaires étrangères
A la Guerre M. Tardieu. A l'Intérieur M. Cathala
M- BRIAND S'EN VA
Le cabinet Laval est reconstitué sans adjonc-
tion de personnes. Les portefeuilles sont ainsi
répartis
MINISTRES
MM.
PrM~enpe du conseil et <
~affaires étrangéres t!erre)LaVa.t
Justice. Léon Bérard
/7!Mr!'em' Cathala
Finances .· P.-E. Flandin
Budget Piétri
Guerre André Tardieu
Marine mifitaire Ch. Dumont
Commerce et industrie. Rollin
Agriculture Fould
Travaux publics Deligne
Instrucfion publique Mario Roustan
~Trauail Landry
Pensions Champetier de Ribes
Air J.-L. Dumesnil 1
P. T. r. Guernier
Marine marchande de Chappedelaine
Smité publique Blaisot
Colonies Paul.Reynaud
SOUS-SECRETAIRES D'ETAT
MM.
Présidence du Conseil et
Economie nationale Gignoux
Beaux-Arts Petsche
Colonies Diagne
Education physique Mprinaud
Travail .«. .•> Jfoiilon
Air ;̃ ,jmché
Tourisme ,,f, Gaston Gérard
Marfne •'• • • ftW Di9nao
Commerce et industrie Frey
Enseignement technicité Pomaret
M. Pierre Lavai ây|iïi été chargé, à 20 heures,
comme on le lira plus^as, de former le nouveau
miftistère. Avant miriuirJ^n cabinet était constitué
et'présenté au Présidënt'ldeMà République. Pour
arriver à un aussi rapide' résultat, peu banal dans
les annales parlementaires, M. Pierre Laval mena
rondement ses négociations. Il rentra à 21 h. 40 au
ministère de l'intérieur, après avoir rendu visite à
MM. Lebrun, Fernand Bouisson et Aristide Briand.
Le président du Conseil s'arrêta à peine place
Beauvau, où il retrouva M. André Tardieu, avec
lequel il partit pour de mystérieuses visites.
Je reviendrai, annonça-t-il aux journalistes,
à 22 heures 30. J'ai en effet convoqué, ici, pour
22 heures 45, tous les ministres et sous-secrétaires
d'Etat du précédent cabinet.
Et les autres, les futurs, ceux qui doivent
entrer dans le nouveau ministère? demanda-t-on
à M. Laval.
-r- Ils arriveront plus tard, se borna-t-il à ré-
pondre. "\>
Pendant l'absence de MM. Laval et Tardieu, les
bruits aussi invraisemblables que sensationnels fu-
rent lancés. On disait, entre autres, que MM. Bar-
thou et Painlevé avaient refusé le portefeuille de
la guerre, qui leur avait été successivement offert.
Les ministres et sous-secrétaires d'Etat démis-
sionnaires furent, comme on le pense, exacts au
rendez-vous. Souriants et l'espérance au cœur, ils
se, réunirent dans le bureau de M. Laval.
UIÀ ce moment, on donnait, comme' à peu pfè's cer-
tain, M. Fabry à la guerre, M. Tardieu restant à
l'agriculture; M. Laval prenant les affaires étran-
gères et M. Cathala acceptant le portefeuille de
l'intérieur. On attendit M. Fabry. qui ne devait
jamais venir d'ailleurs.
Après beaucoup de pourparlers, M. Pierre Laval
décida de ne faire appel à aucun concours nou-
veau et d'effectuer, selon son expression, « une
promotion sur place ».
Pour cela, M. Laval, devenu ministre des affai-
res étrangères, confia le portefeuille de la guerre
à M. André Tardieu et il éleva au rang de minis-
tre deux sous-secrétaires d'Etat, MM. Cathala, à
l'intérieur, et Achille Fould, à l'agriculture. D'un
trait de plume enfin, il supprima ces deux sous-
secrétariats et son ministère était constitué.
A minuit, M. Pierre Laval présenta ses collabo-
rateurs au Président de la République. La cérémo-
nie traditionnelle fut brève.
Avant de quitter l'Elysée, ^è nouveau président
du conseil qui n'avaiti'pâs''?cisa- que les décrets ̃aèL'nomiriâtion des nouveaux
ministres paraîtront cHWâfc'n au Journal officiel et
que le gouvernement se' présenterait mardi pro-
chain devant les Chambres.
L'UNIQUE JOURNEE DE LA CRISE
Le président de la République, plus par souci
de la tradition que par nécessité de se renseigner
sur une situation politique fort claire, avait procède
hier à une large quoique rapide consultation par-
lementaire.
Dans la matinée, et dès 9 h. 30, M. Paul Doumer
recut successivement et dans cet ordre, MM. Albert
LeBriin, président du .Sénat Fernand Bouisson,
président de la Chambce Jé^uyrier, doyen d'âge
du Sénat Thomson, un des dq^ps de la Chambre
Bienvenu-Martin, président de la gauche démocra-
tique Edouard Herriot, président du groupe radi-
cal-socialiste Léon Blum, représentant les socia-
listes unifiés de la Chambre Maurice Ordinaire,
président de l'Union républicaine au Sénat L:,uis
Marin, président de l'Union républicaine démocra-
tique à la Chambre Charles Chaumet, président
de l'Union démocratique et radicale au Sénat
Puech, vice-président du groupe des républicains
de gauche de la Chambre, remplaçant M. Sibille, et
M. Laurent Eynac, président de la Gauche radicale.
Tous les parlementaires consultés, y compris M.
Léon Blum, émirent sous des formes différentes
l'opinion que M. Laval devait succéder à M. Laval.
M. Louis Marin synthétisa en ces termes l'avis
général
Nous avons considéré la question comme tel-
lement simple, dit-il, que c'est à peine si nous nous
en sommes entretenus, le président de la^Répu-
blique et moi. Le problème étant pour ainsi dire
résolu, nous avons parlé de choses et d'autres, no-
tamment des questions d'ordre extérieur et du chô-
mage.
Remarquons que parmi les douze parlementaires
importants consultés dans la matinée par le chef
de l'Etat, un seul, M. Thomson, demanda le main-
tien de M. Briand au Quai d'Orsay.
Après la trêve du déjeuner, M. Paul Doumer re-
prit, à 14 heures, ses consultations en recevant
d'abord MM. R«boul (du groupe socialiste au Sé-
nat), Lainel (du groupe des indépendants de la
Chambre), Reibel (du groupe de l'Action démocra-
tique et sociale), Guernut (du groupe des indépen-
dants de gauche), Hervey, président de la Gauche
républicaine au Sénat Emile Borrel (du groupe
des républicains socialistes), Paul Simon (groupe
des démocrates populaires), et Frédéric Brunet
(groupe des socialistes français).
QUELQUES OPINIONS
Voici quelques-unes des opinions émises par ces
parementaires à l'issue de leurs entretiens avec le
président de la République
M. Laniel. La concentration s'impose à l'heure
grave que nous traversons actuellement. A mon
sens, dans les circonstances présentes, une politique
nationale s'impose et doit se substituer à la poli-
tique d'intrigues pratiquée jusqu'à maintenant.
M. Reibel. J'ai exprimé les regrets que nous
éprouvions mes amis et moi de voir rendre impos-
sible, du fait de l'attitude des radicaux, un élar-
gissement de la majorité actuelle.
Nous sommes surpris de constater que c'est pour
une raison d'ordre électoral que les radicaux n'ont
pas cru devoir participer au gouvernement dans
des jours aussi pleins de menace.
Dans les circonstances présentes, il paraît évi-
dent que M. Pierre Laval doit être chargé de
constituer le nouveau cabinet.
D'autre part, il semble également opportun d'ap-
porter le moins de modifications possible au cabi-
net sortant et de limiter les changements aux deux
postes devenus vacants.
M. Guernut. Il y a deux hypothèses ou bien
on considère que les circonstances n'ont rien d'ex-
traordinaire et on doit avoir un gouvernement
soutenu par la majorité existante, majorité qui est
suffisante et cohérente, ou bien on estime que la
situation est grave et il faut un cabinet composé
de hautes personnalités, dirigé par l'une d'elles et
qui aurait un programme précis et limité confé-
rences et élections.
UNE DECLARATION
DE M. FRANKLIN-BOUILLON
M. Franklin-Bouillon, président de la gauche ra-
dicale et sociale, fut ensuite reçu par M. Paul
Doumer, avec lequel il eut un long entretien.
A sa sortie de l'Elysée, M. Franklin-Bouillon, très
entouré, a fait aux représentants de la presse les
importantes déclarations suivantes
Je n'ai pas parlé d'homme, mais j'ai dit que
tout gouvernement qui ne sera pas d'union nationale
intégrale est voué à l'impuissance.
J'ajoute que même avec une union nationale to-
tale le pays aura à faire un ef fort énorme pour se
tirer des graves difficultés actuelles.
M. Paul Doumer termina la réception des leaders
politiques en recevant M. de Las Cases, président
du groupe de la droite au Sénat. Le chef de l'Etat
acheva le cycle de ses consultations en s'entrete-
nant avec les présidents des commissions des fi-
nances du Sénat et de la Chambre. MM. Jeanneney
et Malvy avec les rapporteurs du budget devant
les deux assemblées, MM. Gardey et Lamoureux, et
avec les présidents des commissions des affaires
étrangères du Sénat et de la Chambre, MM. Henry
Bérenger et de Castellane.
Interviewé à sa sortie de l'Elysée, M. Henry Bé-
renger fit cette courte mais très énergique décla-
ration
La crise se dénouera très rapidement. Le
nouveau gouvernement aura à faire preuve de ré-
sistance à Genève, à Lausanne et ailleurs.
On fut quelque peu surpris lorsqu'on vit arriver,
à 18 heures, à l'Elysée, M. Louis Barthou. Que si-
gnifiait cette visite imprévue ? A quel titre M. Bar-
thou la faisait-il ? Comme ancien président du con-
seil, comme ami personnel ou comme ancien mi-
nistre de la guerre, ainsi que l'insinuèrent cer-
tains ?
Les informateurs lui posèrent, bien entendu, ces
questions auxquelles M. Barthou se garda, ..avec
prudence, de répondre. On sut seulement qu'il avait
voté à Versailles oh au premier tout, seule-
ment, contre M. Paul Doumer, mais cela n'avait
qu'un rapport lointain avec la crise.
M. Barthou parti, on attendit une demi-heure
avant de voir M. Georges Huisman, secrétaire gé-
néral de la présidence de la République, quitter
en voiture l'Elysée pour aller chercher ainsi que
l'exige le protocole la personnalité choisie par
le chef de l'Etat pour former le nouveau cabinet.
La voiture ne se dirigea point vers le ministère
de l'intérieur, mais au contraire prit la direction
opposée, celle du quai d'Orsay.
Les minutes passaient. les bruits les plus fantai-
sistes couraient déjà, et M. Huisman ne revenait
toujours pas avec le futur président du conseil. ·
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PRESSE DE RIRE DE TOUT. DE PEUR D'ÊTRE OBLIGÉ D'EN PLEURER.
POUVEZ-VOUS, FIGARO. TRAITER SI LÉGÈREMElfr UN DESSEIN QUI NOUS COÛTE X TOUS XE BONHEUR?
5 BEAUMARCHAIS.
1 DIRECTION': 14. EOND-PO^T DES CHAMPS-ELYSÉES
<
le Gaulois]
pf l'e VII 9 me,
pQJgi^
JEUDI 14 JANVIER 1932
JEUiii 14 JANVIER 1932
̃ -ir
LA PQÏ.ITïgUE
Résister
pour Vivre
*R
M. Doumer a résolu sa première crise
avec la correction constitutionnelle et
la clairvoyance qu'on pouvait attendre
-1- 1- T ;o" "J.lo.TT'II#Jt.nt~1rp
UC lui. l_iCa ICglCÛ UU J»-u jjai^uiv-un*iiv
indiquaient, nous le disions hier, que le ministère
démissionnaire ayant derrière lui une majorité que
rien n'avait diminué devait être reconstitué au plus
tôt. M. Laval avait voulu tenter un élargissement
de son cabinet. Les radicaux lui ont refusé leur con-
cours. Mais les conversations avec un chef de
groupe, les parlottes radicales n'existent point, cons-
titutionnellement. La situation était claire. Et la
plupart des hommes politiques appelés en consulta-
tion l'ont si bien comprise qu'ils ont désigné M. La-
val comme devant être chargé de se succéder à lui-
même ou plutôt de se continuer.
Cette solution simple, si les adversaires mêmes du,
cabinet l'ont envisagée comme la meilleure, c'est
que, même dans les groupes radicaux, autour des
tables où l'on rédige, pour la loge et le comité, des
motions de refus de participation et de méfiance
contre la majorité, il est des hommes qui sentent la
nécessité de plus en plus proche de réaliser cette po-
litique d'Union nationale que nous avons ici dé-
fendue sans relâche, et que M. Franklin-Bouillon,
hier, définissait de façon saisissante. L'idée d'union
progresse. La propagande de division des Français,
devant les menaces extérieures, faiblira bientôt. La
France, qui ne sait point haïr, et qui éprouve le
besoin d'être aimée, se sent enveloppée de jalousie,
d'ingratitude et d'injustice. Elle reconnaît, à tra-
vers l'Europe, l'atmosphère lourde, angoissante, qui
pesait sur elle avant guerre. Les formules « graves
difficultés », « circonstances exceptionnelles », ne
sont pas prononcées seulement par des nationalistes
ombrageux. C'est à la demande d'un membre de la
gauche que fut décidée hier l'audition de M. le
général Bourgeois et de M. Eccard, si complètement
renseignés sur les armements clandestins des peu-
ples apôtres du désarmement. Leurs interven-
tions patriotiques, au Sénat, ont souvent réveillé
'l'opinion qui fut, hélas aussitôt rendormie par
l'éloquence briandiste, chantant les progrès de l'es-
prit de paix en Allemagne.
Les dirigeants du Reich officiels ou d'op'-
position se montrent trop fiers de leur insolva-
bilité, i!s ont la faillite trop arrogante. Et les
Français prêtent enfin l'oreille à des informa-
tions qui ne sont point d'hier, mais que naguère ils
accueillaient d'un cœur léger.
Le nouveau gouvernement, qui ressemble à
l'anc:en comme on se ressemble à soi-même après
une courte absence de vingt-quatre heures, ne vivra
que s'il est prêt à faire face aux crises économique et
sociale qui se développent et s'il est décidé à résis-
ter à la guerre financière qui se prépare contre
nous. La petite famille de trente-deux personnes
qu'il constitue ne s'est point augmentée. M. Tar-
dieu quitte l'agriculture et passe à la guerre, où
l'on est certain qu'il suivra la trace d'André Ma-
ginot, où l'on espère qu'il retrouvera, pour ses
rencontres extérieures, l'énergie de son maître Cle-
menceau.
M. Pierre Laval prend la direction du Quai
'd'Orsay. Sa tâche y est écrasante. Elle est trop
lourde, la pente à remonter est trop dure pour
qu'il ne lui soit pas fait, au nom même des princi-
pes que nous exposions tout à l'heure, un large
crédit. Nous n'avons jamais ménagé à son premier
cabinet ni à sa personne les critiques qu'ils nous pa-
raissaient mériter. Nous suivrons les actes Jdu nou-
veau gouvernement avec la même vigilance.
M. Briand s'en va. Comment ce succès, si ru-
dement obtenu, grâce aux campagnes courageu-
ses de François Coty, ne nous engagerait-il pas à
accueillir son successeur avec un souhait de réus-
site ? Il a paru, au cours de cette crise ministé-
rielle, comprendre qu'il fallait, pour assurer notre
sécurité, rompre définitivement avec le briandisme.
Qu'il persiste et réalise, pour le pays, sans faiblesse,
un tel dessein.
Les armements navals américains
Washington, 13 janvier. L'amiral Bristol, pré-
sident du conseil général de la marine et l'un des
plus fervents partisans d'une puissante marine amé-
ricaine, a proposé aujourd'hui, devant la commis-
sion de la marine du Sénat, de substituer un pro-
gramme décennal de construction au programme
annuel actuel. II a déclaré que la flotte des Etats-
Unis avait besoin d'être réorganisée et que, si la
situation l'exigeait, ses contre-torpilleurs seraient
actuellement impropres à faire campagne.
Les cours à Paris
des monnaies étrangères
DEVISES 12 Janvier Cours
12 Janvier 13 Janvier
Y livre sterling 8712 87 »
l doUar. 25 52 25 5I
IOO belgas 35425 35425
100 pesetas. 21525 21525
ioo lire. 12885 12930
100 francs suisses. 497 » 497 2>
ioo florins. 102550 ioa3 So
100 couronnes norvégiennes
100 couronnes suédoises. 489 D 487 g
Encaisse-or (monnaies et lingots) de la Banque
de France 68.863.039.681
Proportion de l'encaisse-or aux engagements à vue
60,51 0/0
HITLER CONTRE BRUNING
La pEessidencfe
du ]\e ick
La manœuvre contre le chancelier Bruning con-
tinue à se dérouler, à propos de la prochaine élec-
tion à la présidence du Reich. Le député national-
socialiste Frick, dans un discours qu'il a prononce
hier, a déclaré « Si le cabinet Bruning ne dé-
missionne pas avant les élections à la présidence,
les nationaux-socialistes présenteront un candidat
de leur choix, duquel ils pourront être parfaite-
ment sûrs. V Il est clair qu'on veut impressionner
le président Hindenbùrg, afin qu'il se sépare du
docteur Bruning, s'il veut avoir les voix des natio-
naux-socialistes..
De leur côté, les partis modérés, vont créer un
comité, qui sera chargé de. préparer la réélection
du président Hindenburg. Des pourparlers ont
rîjjà eu lieu entre chefs des principaux partis.
Les sociaux-démocrates ont déclaré qu'ils atten-
daient pour déterminer leur attitude.
On signale, d'autre part, que la direction de
l'ordre des « Jeunes Allemands a a déposé, au mi-
nistère de l'intérieur, une requête demandant. l'au-
torisation d'organiser un plébiscite pour, que le
mandat du maréchal soit purement et simplement,
prolongé. Ce plébiscite, pour réussir, devrait réu-
nir les voix de vingt et un millions d'électeurs. On
assure que le parti populiste se rallierait à ce point
de vue.
Si le plébiscite n'a pas lieu, on pense générale-
ment qile les élections à la présidence se déroule-
ront avant le 13 mars, date prévue jusqu'ici. Il est
question de réunir le Reichstag très prochaine-
ment, qui en décidera.
L'HEURE QUI PASSE
La gantière et le bottier
Certains mariages d'idées, qui semblaient indisso-
lubles, ont, au cours de ces dernières années, abouti
à des ruptures depuis longtemps souhaitables. L'es-
prit et le cœur, en dépit des railleries de Voltaire,
ont, durant un siècle au bas mot, continué de s'asso-
cier sur les prospectus des pensions de second ordre,
où ils voisinaient avec la nourriture saine et abon-
dante et il n'a fallu pên de moins que le discrédit,
d'ailleurs fâcheux, ou %S; tombée l'intelligence pour
rompre enfin cette uniônV éminemment bourgeoise.
Mais le divorce le plus heureux est assurément celui
de la vertu et delà se'risifciïitir
Elles étaient inséparables à la veille de la Révo-
lution, et les torrents; .̃dejlàrnîës que faisaient ré-
pandre aux grands*pèrW; de nos grands-pères les
traits les plus ordinaires; -de la morale en action
risquaient de compromettre la vertu elle-même, qui
ne doit être ni pleurarde ni ridicule. On frémit de
penser à toutes les ophtalmies qu'auraient eues à
soigner les spécialistes après le septième jour de la
semaine de bonté, si elle avait été inventée dès ce
temps-là.
Grâce à Dieu, notre glande lacrymale n'a plus
cet entraînement mais il ne faudrait pas croire
que, pour être devenue sèche, la sensibilité soit en
baisse. Ce serait plutôt la vertu. Il n'est plus d'hom-
mes vertueux et -sensibles, il en est toujours de sen-
sibles et, la mode ayant tourné, si la vertu ne
les émeut guère, si le vice tranché les effarouche, la
bohème du bien a pour eux un attrait de demi-
perversité qui leur met le cœur sur la main.
J'ai revu mon ami de province. L'Exposition co-
loniale, qui me l'avait ramené, n'a pas été prolon-
gée mais il a repris goût à Paris, et comme Paris
n'est plus Vincennes, il me fait à tout bout de champ
la surprise et le plaisir de passer des heures chez
moi. En arrivant, il ne manque jamais de me dire
« Je ne vous dérange pas ? » Puis-je lui répondre
« ^Mais si »? il
Il est venu hier. Il semblait d'une humeur char-
mante. Comme les événements ne -la justifient
point, et que, moi, j'étais soucieux, je lui demandai
un peu brusquement ce qu'il avait.
Ah me dit-il, c'est que j'ai appris tout à
l'heure une nouvelle bien touchante la gantière
épouse le bottier Pourquoi me regardez-vous
comme une histoire ? Vous ne les connaissez pas ? il
Frick et Gabrielle ? Le bottier, la gantière
de la Vie Parisienne ? Si fait « La noble car-
rière Le joli métier Je suis des premières.
Je suis des premiers. Parmi les gantières
Parmi les bottiers », etc. Mais j'imagine que
cet aimable couple a évolué, comme on parle main-
tenant. D'abord, si Frick s'intitule encore bottier,
il n'est pas à la page j'espère pour lui qu'il est
« chausseur ». Mais Gabrielle ? Gantière Une
femme de la plus haute société, de surcroît fort
riche, me disait l'autre jour « Je ne porte plus
jamais de gants^jetest trop cher. »
Gabrielle ne?i. travaille plus à son compte
elle a une situationvriiagrafique chez Nicolèt. Mais
la question n'est pas- làt;IIs s'étaient promis le ma-
riage. L'une et l'autre famille s'y opposaient, trou-
vant ces-enfants trop jeunes.
Ils ont le même âge, soixante-cinq ans bien
sonnés
Vous ne m'arrêterez pas. Frick ne fit ni
une ni deux il saisit son revolver et envoya dans
la bras de Gabrielle une balle que l'on n'a pu
extraire. Les familles, se,' sont laissé attendrir, Frick
et Gabrielle se marien[lHemain. Ce qui est assez
plaisant, c'est que^iFrickt passe en cour d'assises la
semaine prochaine. ``'
Il serait en effet plaisant qu'il fût condamné.
Vous n'avez pas de cœur.
Croyez-vous, dis-je, que cette union se pré-
sente avec toutes les garanties de bonheur désira-
bles ? N'est-il pas à craindre que Gabrielle ne
fasse chanter Frick ? Elle n'aurait qu'à lui dire,
d'un certain ton « Je sens ma balle. »
Je vous répète, me dit sévèrement mon ami
de province, que vous n'avez pas de cœur.
j Abel Hermant,
de V Acadéjnie française.
^Al LAUSANNE
L'abstention
de l'Amérique
L'attitude de l'Amérique en regard du problème
des réparations devrait convaincre l'Angleterre et
la France du danger de leurs divergences de vues
à la veille de la Conférence de Lausanne.
Une dépêche de Washington à l'agence Reuter
annonçait hier soir que M. Stimson, secrétaire au
département d'Etat, a déclaré que le gouvernement
des Etats-Unis ne compte pas envoyer un délégué,
en qualité d'observateur, à la conférence, des répa-
rations.
Il est impossible de se désintéresser plus ouver-
tement d'une situation européenne, aggravée de-
puis la guerre par les alternatives d'interventions
imprudentes et d'abstentions égoïstes.
L'Amérique affecte d'oublier que pendant huit
ans elle a drainé l'or et les capitaux de l'Europe
en paiement d-és' dettes de guerre, seule raison
d'être des annuités « conditionnelles » du plaa >
Young. ̃̃̃
Comme les lois de «prohibition et les barrières
douanières interdisaient' aux marchandises euro-
péennes l'accès des marchés américains, et que,
par ailleurs, les Etats-Unis prétendaient monopo-
liser la vente aux nations européennes du blé, du
coton, du pétrole, du cuivre (sans parler des pro-
duits manufacturés), la balance commerciale et la
balance générale des comptes de l'Amérique étaient
à sens unique.
Aussi s'accumulèrent, dans les banques améri-
caines, une pléthore, de disponibilités venues s'a-
jouter aux énormes bénéfices réalisés par l'indus-
trie et l'agriculture pendant la guerre. ̃̃_
Ces disponibilités s'investirent en partie dans
d'immenses travaux d'équipement et d'outillage na-
tional, dans des armements formidables et dans les
valeurs de Bourse, sans cesse enflées par une spé-
culation effrénée aux Etats-Unis. Ce qui restait de
cet afflux constant de capitaux fut inconsidérément
prêté, à court terme et à intérêts usuraires de 8, 10
et 12 0/0, aux banques allemandes.
A l'origine de la crise mondiale se trouvent donc
les monstrueuses erreurs politiques, économiques
et financières de l'Amérique et de l'Allemagne.
Que l'une et l'autre se dérobent, aujourd'hui, à
leurs responsabilités, il n'y a rien qui, doive sur-
prendre. C'est assez dans la logique des traditions
américaines depuis la répudiation du traité de
Versailles, dicté et signe par le président Wilson.
C'est aussi dans' la ^ldgîque- dès traditions aile'-1
mandes, qui firent toujBûrs des* chiffons de papier
des engagements internationaux.
Nul ne conteste le droit de l'Amérique à l'absten-
tion à la conférence de Lausanne. Il sied pourtant
de souligner qu'il s'agit, à cette conférence, du plan
Young, qui, comme le plan Dawes, porte un nom
américain et une signature américaine. Il est aussi
permis d'observer que la proposition du président
Hoover, édictant le moratorium de tous les règle-
ments internationaux, dettes et réparations confon-
dues, paiements conditionnels et inconditionnels
mêlés dans une destinée commune, eût dû impli-
quer quelque souci des conséquences fatales de
l'initiative prise par Washington en juin dernier,
et qui a jeté l'Europe dans le chaos 1
Du point de vue moral, il y à une atteinte grave
au respect des contrats, sur la foi desquels se
fondent la confiance et le crédit des peuples.
Du point de vue purement humain, il y a un
précédent funeste d'indifférence aux épreuves
cruelles infligées à toutes-ljs, nations européennes.
L'Amérique, si prodigue en remontrances, se
révèle avare en témoignages de solidarité. Il serait
équitable ;dé s'abstenir de conseils aventureux
quand on esquivé de la sorte les responsabilités.
En bonne justice, l'égoïsme ôfficlel dés Etats-Unis
devrait avoir pour corollaire une renonciation du
gouvernement améric'aiSi JJtoute pression sur l'Eu-
rope pour les dettes,- té -désarmement et la1 sécu-
rité. 1- 76, '̃ '••-̃ L r;
Torf Heureusement, "l'amitié frànco-amériçâine,
scellée par tàflt'de gloires et de sacrifices, reste
au-dessus des erreurs commises par les politiciens
financiers et les financiers politiciens:
EN MARGE
Notre nouvel hôte
Grande joie au Muséum, ce matin, où l'on atten-
dait le cadeau princier des frères Amar un magni-
fique éléphant haut de 3 m. 15 et ne pesant pas
moins de 3.600 kilos.
Distraction rare aussi pour les Parisiens qui se
trouvaient sur le parcours de la gare de Bercy au
Jardin des Plantes, car c'est à pied tantôt sur
la chaussée, tantôt sur le trottoir précédé d'agents
cyclistes et entouré d'une véritable armée de photo-
graphes, auxquels se joignirent, chemin faisant, de
nombreux chômeurs, que « Rex l'éléphant
hindou, se rendit à sa. nouvelle demeure.
La gare de Bercy était tout en émoi quand on
fit descendre Baby (nom familier de Rex) de la
plate-forme où il était enfermé. Mais qu'auraient
dit les cornacs de rH|odqustan s'ils avaient vu
l'animal sacré traverser notre capitale enchaîné
comme un redoutable malfaiteur ? 1
Bien des ménagères/'tl'urent laisser brûler leur
« fricot et les pneumatiques subirent un long
retard. Les dactylos délaissèrent leurs machines
et tous les gosses du quartier de la Gare accou-
rurent pour le voir passer. Nulle frayeur sur leur
visage. On n'en pourrait dire autant des chevaux
que nous croisâmes et qui, n'ayant jamais vu sem-
blable monstre, faisaient feu des quatre fers et pre-
naient le mors aux dents.
Rex est maintenant logé dans la grande rotonde,
où il fut reçu hier matin par M. Lemoine, directeur
du Muséum, entouré de tous les professeurs et de
tous les amis de la maison. Une immense cage mise
à neuf lui avait été réservée c'est là, dorénavant,
qu'il vieillira, entouré des soins attendris de
M. Bourdelle. On ne saurait trop veiller sur un tel
pensionnaire ̃̃̃̃ ilenry Hugault.
LE DÉNOUEMENT DE la crise;
KL Pierre Laval reconstitue son cabinet
/r
et d'les Affaires étrangères..
et prend les Affaires étrangères
A la Guerre M. Tardieu. A l'Intérieur M. Cathala
M- BRIAND S'EN VA
Le cabinet Laval est reconstitué sans adjonc-
tion de personnes. Les portefeuilles sont ainsi
répartis
MINISTRES
MM.
PrM~enpe du conseil et <
~affaires étrangéres t!erre)LaVa.t
Justice. Léon Bérard
/7!Mr!'em' Cathala
Finances .· P.-E. Flandin
Budget Piétri
Guerre André Tardieu
Marine mifitaire Ch. Dumont
Commerce et industrie. Rollin
Agriculture Fould
Travaux publics Deligne
Instrucfion publique Mario Roustan
~Trauail Landry
Pensions Champetier de Ribes
Air J.-L. Dumesnil 1
P. T. r. Guernier
Marine marchande de Chappedelaine
Smité publique Blaisot
Colonies Paul.Reynaud
SOUS-SECRETAIRES D'ETAT
MM.
Présidence du Conseil et
Economie nationale Gignoux
Beaux-Arts Petsche
Colonies Diagne
Education physique Mprinaud
Travail .«. .•> Jfoiilon
Air ;̃ ,jmché
Tourisme ,,f, Gaston Gérard
Marfne •'• • • ftW Di9nao
Commerce et industrie Frey
Enseignement technicité Pomaret
M. Pierre Lavai ây|iïi été chargé, à 20 heures,
comme on le lira plus^as, de former le nouveau
miftistère. Avant miriuirJ^n cabinet était constitué
et'présenté au Présidënt'ldeMà République. Pour
arriver à un aussi rapide' résultat, peu banal dans
les annales parlementaires, M. Pierre Laval mena
rondement ses négociations. Il rentra à 21 h. 40 au
ministère de l'intérieur, après avoir rendu visite à
MM. Lebrun, Fernand Bouisson et Aristide Briand.
Le président du Conseil s'arrêta à peine place
Beauvau, où il retrouva M. André Tardieu, avec
lequel il partit pour de mystérieuses visites.
Je reviendrai, annonça-t-il aux journalistes,
à 22 heures 30. J'ai en effet convoqué, ici, pour
22 heures 45, tous les ministres et sous-secrétaires
d'Etat du précédent cabinet.
Et les autres, les futurs, ceux qui doivent
entrer dans le nouveau ministère? demanda-t-on
à M. Laval.
-r- Ils arriveront plus tard, se borna-t-il à ré-
pondre. "\>
Pendant l'absence de MM. Laval et Tardieu, les
bruits aussi invraisemblables que sensationnels fu-
rent lancés. On disait, entre autres, que MM. Bar-
thou et Painlevé avaient refusé le portefeuille de
la guerre, qui leur avait été successivement offert.
Les ministres et sous-secrétaires d'Etat démis-
sionnaires furent, comme on le pense, exacts au
rendez-vous. Souriants et l'espérance au cœur, ils
se, réunirent dans le bureau de M. Laval.
UIÀ ce moment, on donnait, comme' à peu pfè's cer-
tain, M. Fabry à la guerre, M. Tardieu restant à
l'agriculture; M. Laval prenant les affaires étran-
gères et M. Cathala acceptant le portefeuille de
l'intérieur. On attendit M. Fabry. qui ne devait
jamais venir d'ailleurs.
Après beaucoup de pourparlers, M. Pierre Laval
décida de ne faire appel à aucun concours nou-
veau et d'effectuer, selon son expression, « une
promotion sur place ».
Pour cela, M. Laval, devenu ministre des affai-
res étrangères, confia le portefeuille de la guerre
à M. André Tardieu et il éleva au rang de minis-
tre deux sous-secrétaires d'Etat, MM. Cathala, à
l'intérieur, et Achille Fould, à l'agriculture. D'un
trait de plume enfin, il supprima ces deux sous-
secrétariats et son ministère était constitué.
A minuit, M. Pierre Laval présenta ses collabo-
rateurs au Président de la République. La cérémo-
nie traditionnelle fut brève.
Avant de quitter l'Elysée, ^è nouveau président
du conseil qui n'avaiti'pâs''?
ministres paraîtront cHWâfc'n au Journal officiel et
que le gouvernement se' présenterait mardi pro-
chain devant les Chambres.
L'UNIQUE JOURNEE DE LA CRISE
Le président de la République, plus par souci
de la tradition que par nécessité de se renseigner
sur une situation politique fort claire, avait procède
hier à une large quoique rapide consultation par-
lementaire.
Dans la matinée, et dès 9 h. 30, M. Paul Doumer
recut successivement et dans cet ordre, MM. Albert
LeBriin, président du .Sénat Fernand Bouisson,
président de la Chambce Jé^uyrier, doyen d'âge
du Sénat Thomson, un des dq^ps de la Chambre
Bienvenu-Martin, président de la gauche démocra-
tique Edouard Herriot, président du groupe radi-
cal-socialiste Léon Blum, représentant les socia-
listes unifiés de la Chambre Maurice Ordinaire,
président de l'Union républicaine au Sénat L:,uis
Marin, président de l'Union républicaine démocra-
tique à la Chambre Charles Chaumet, président
de l'Union démocratique et radicale au Sénat
Puech, vice-président du groupe des républicains
de gauche de la Chambre, remplaçant M. Sibille, et
M. Laurent Eynac, président de la Gauche radicale.
Tous les parlementaires consultés, y compris M.
Léon Blum, émirent sous des formes différentes
l'opinion que M. Laval devait succéder à M. Laval.
M. Louis Marin synthétisa en ces termes l'avis
général
Nous avons considéré la question comme tel-
lement simple, dit-il, que c'est à peine si nous nous
en sommes entretenus, le président de la^Répu-
blique et moi. Le problème étant pour ainsi dire
résolu, nous avons parlé de choses et d'autres, no-
tamment des questions d'ordre extérieur et du chô-
mage.
Remarquons que parmi les douze parlementaires
importants consultés dans la matinée par le chef
de l'Etat, un seul, M. Thomson, demanda le main-
tien de M. Briand au Quai d'Orsay.
Après la trêve du déjeuner, M. Paul Doumer re-
prit, à 14 heures, ses consultations en recevant
d'abord MM. R«boul (du groupe socialiste au Sé-
nat), Lainel (du groupe des indépendants de la
Chambre), Reibel (du groupe de l'Action démocra-
tique et sociale), Guernut (du groupe des indépen-
dants de gauche), Hervey, président de la Gauche
républicaine au Sénat Emile Borrel (du groupe
des républicains socialistes), Paul Simon (groupe
des démocrates populaires), et Frédéric Brunet
(groupe des socialistes français).
QUELQUES OPINIONS
Voici quelques-unes des opinions émises par ces
parementaires à l'issue de leurs entretiens avec le
président de la République
M. Laniel. La concentration s'impose à l'heure
grave que nous traversons actuellement. A mon
sens, dans les circonstances présentes, une politique
nationale s'impose et doit se substituer à la poli-
tique d'intrigues pratiquée jusqu'à maintenant.
M. Reibel. J'ai exprimé les regrets que nous
éprouvions mes amis et moi de voir rendre impos-
sible, du fait de l'attitude des radicaux, un élar-
gissement de la majorité actuelle.
Nous sommes surpris de constater que c'est pour
une raison d'ordre électoral que les radicaux n'ont
pas cru devoir participer au gouvernement dans
des jours aussi pleins de menace.
Dans les circonstances présentes, il paraît évi-
dent que M. Pierre Laval doit être chargé de
constituer le nouveau cabinet.
D'autre part, il semble également opportun d'ap-
porter le moins de modifications possible au cabi-
net sortant et de limiter les changements aux deux
postes devenus vacants.
M. Guernut. Il y a deux hypothèses ou bien
on considère que les circonstances n'ont rien d'ex-
traordinaire et on doit avoir un gouvernement
soutenu par la majorité existante, majorité qui est
suffisante et cohérente, ou bien on estime que la
situation est grave et il faut un cabinet composé
de hautes personnalités, dirigé par l'une d'elles et
qui aurait un programme précis et limité confé-
rences et élections.
UNE DECLARATION
DE M. FRANKLIN-BOUILLON
M. Franklin-Bouillon, président de la gauche ra-
dicale et sociale, fut ensuite reçu par M. Paul
Doumer, avec lequel il eut un long entretien.
A sa sortie de l'Elysée, M. Franklin-Bouillon, très
entouré, a fait aux représentants de la presse les
importantes déclarations suivantes
Je n'ai pas parlé d'homme, mais j'ai dit que
tout gouvernement qui ne sera pas d'union nationale
intégrale est voué à l'impuissance.
J'ajoute que même avec une union nationale to-
tale le pays aura à faire un ef fort énorme pour se
tirer des graves difficultés actuelles.
M. Paul Doumer termina la réception des leaders
politiques en recevant M. de Las Cases, président
du groupe de la droite au Sénat. Le chef de l'Etat
acheva le cycle de ses consultations en s'entrete-
nant avec les présidents des commissions des fi-
nances du Sénat et de la Chambre. MM. Jeanneney
et Malvy avec les rapporteurs du budget devant
les deux assemblées, MM. Gardey et Lamoureux, et
avec les présidents des commissions des affaires
étrangères du Sénat et de la Chambre, MM. Henry
Bérenger et de Castellane.
Interviewé à sa sortie de l'Elysée, M. Henry Bé-
renger fit cette courte mais très énergique décla-
ration
La crise se dénouera très rapidement. Le
nouveau gouvernement aura à faire preuve de ré-
sistance à Genève, à Lausanne et ailleurs.
On fut quelque peu surpris lorsqu'on vit arriver,
à 18 heures, à l'Elysée, M. Louis Barthou. Que si-
gnifiait cette visite imprévue ? A quel titre M. Bar-
thou la faisait-il ? Comme ancien président du con-
seil, comme ami personnel ou comme ancien mi-
nistre de la guerre, ainsi que l'insinuèrent cer-
tains ?
Les informateurs lui posèrent, bien entendu, ces
questions auxquelles M. Barthou se garda, ..avec
prudence, de répondre. On sut seulement qu'il avait
voté à Versailles oh au premier tout, seule-
ment, contre M. Paul Doumer, mais cela n'avait
qu'un rapport lointain avec la crise.
M. Barthou parti, on attendit une demi-heure
avant de voir M. Georges Huisman, secrétaire gé-
néral de la présidence de la République, quitter
en voiture l'Elysée pour aller chercher ainsi que
l'exige le protocole la personnalité choisie par
le chef de l'Etat pour former le nouveau cabinet.
La voiture ne se dirigea point vers le ministère
de l'intérieur, mais au contraire prit la direction
opposée, celle du quai d'Orsay.
Les minutes passaient. les bruits les plus fantai-
sistes couraient déjà, et M. Huisman ne revenait
toujours pas avec le futur président du conseil. ·
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