Titre : Figaro : journal non politique
Éditeur : Figaro (Paris)
Date d'édition : 1922-05-12
Contributeur : Villemessant, Hippolyte de (1810-1879). Directeur de publication
Contributeur : Jouvin, Benoît (1810-1886). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 12 mai 1922 12 mai 1922
Description : 1922/05/12 (Numéro 132). 1922/05/12 (Numéro 132).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
68me Année -3«»eSérie No !3£
Le Nuména quotidien: VINGT -CENTIMES v EH FRANC t
Vendredi 12 Mai 1922
GASTON CALMETTE
Directeur (1902-1914)
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26, Rue Drouot, Paris (9« Arri)
Directeur politique ALFRED CAPUS,
Directeur littéraire ROBERT DE FLERS
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e Loué par ceux-ci, blâmé par ceux-là, me mot^ant des sots, bravant les méchants, je me presse.
de rire de tout. de peur d'être obligé d'en pleurer. »(PEAUMARCHAIS).
UNE ENQUÊTE EN SYRIE r
ALEP
la cité des marchands
..Dominée, écrasée par sa.- vieille cita-
delle, à :1a fois délabrée et farouche,
:Alep, avec ses souks d'une immensité
qui surprend, ses « khans » (caravansé-
rails) innombrables, où s'entassent les
marchandises 'apportées de tous les-
points de l'Asie, offre la vision (peut-être
unique .d'unie ville arabe, entièrement
bâtie de pierre, et de pierre magni-
fique. Car l'architecte arabe, par né-
cessité plus encore que par goût, s'est
iservi le 'plus souvent de matériaux
'moins résistants.
̃' "Ce qui frappe avant tout ici, c'est l'in-
tensité du négoce et l'activité des trans-
actions. Alep ii'lest qu'un vaste entrepôt.
Elle n'a été. faite que par le commerce,
et elle ne vit que pour lui.' y
Admirablement située, au croisement
des routes de Mésopotamie et des Indes,
.d'Egypte, de l'Arabie, de Perse et d'A-
inâtoliej, elle «st le lieu géométrique des
caravanes qui, par des pistes intermina-
bles à travers les déserts, viennent dé-
verser dans 'ses /magasins tout ce qui
peut être matière à échanges et à tra-
fics.
Il en est ainsi depuis des siècles. Les
curieuses recherches faites dans les ar-
chives de la -ville par M. Mercier, de la
délégation française, montrent que
Louis XIV et Colbert s'étaient préoccu-
pés d'envoyer à Alep d'excellents
consuls, chargés de défendre et de dé-
velopper les intérêts de nos marchands.
• L'ouverture du canal de Suez, la créa-
tion) de. routes toutes nouvelles, portè-
rent à cette .activité économique un
coup qui paraissait fatal. Mais très vite,
'Alep s'en est relevée. Elle est demeurée
le grand port terrestre, dont les carava-
nes représentent les vaisseaux.
Rien n'égale le grouillement prodi-
gieux ide ses souks c'est une autre vil-
le dans la ville, une ville moyenâgeu-
se et asiatique, étonnante de pittores-
que1 et de couleur, une suite presque in-
définie d'arcades et de voûtes, où sous la
demi-lumière qui .filtre des soupiraux,
dans un clair-obscur poudroyant, par-
mi les relents des épi-ces, des cuirs et
des humanisés entassées, tous les corps
de' métier étalent à l'envi leurs pro-
duits.
Cette ardeur de négoce a fait des Alé-
pins, et on peut dire des Syriens en gé-
néral,' des virtuoses dans toutes les
questions de monnaie et de change. La
pièce d'or a disparu de toutes nos con-
irées occidentales. On n'en trouve plus
guère que dans quelques vieux bas de
laine irréductible, dans les 'sous-sols
des banques d'Etat ou les musées. Mais
ici l'or règne en maître et le papier n'est
rien auprès de lui. Chose extraordinai-
re, paradoxale, son cours s'affirme avec
plus d'autorité, à mesure qu'on quitte
tes centres civilisés pour les campagnes
'barbares. Le citadin se 'sert encore à la
rigueur du billet de banque. Mais le
Bédouin du désert ne connaît et ne veut
connaître que le métal.
Dans les bazars, le ,long des rue*, les s
changeurs installent leurs petites ta-
bles, où se dressent, les piles de •< mcit-
jidiés » en argent, de livres turques en
or. Le marchand qui vous dit le prix de
sa 'marchandise! l'établit toujours ins-
tinctivement en livres-or, la seule. mon-
naie qui compte à ses yeux. A la même
minute, d'ailleurs, -il vous transforme-
ra ce prix-là en piastres syriennes, en
francs, en livres d'Egypte ou d'Angle-
terre, en dollars, que sais-je encore ? 't
La rapidité, la précision de son calcul
sont véritablement effarantes. Les pè-
ïes, un'a-t-on dit, y exercent cle bonne
heure leurs enfants, qui, servis à cet
égard par des dons exceptionnels, attei-
gnent tout de suite une agilité, une mal-
trise incomparables. C'est que le vieux
,sang des Phéniciens, les .maitresi des
comptoirs et les premiers des mar-
chands, coule encore, à n'en pas douter,
dans leurs veines
Les Alépins ne sont pas contents.
Non point, que notre présence .les fà-
che. La ville, après l'écroulement de la
domination feysalieane, fut 'occupée
par nos troupes sans coup férir. 11 ne
nous en coûta qu'un spahi' légèrement
blessé. L'occupation française, ici com-
me partout, a bien vite fait régner la
tranquillité et la paix, entièrement fa-
vorables au commerce. Traquées, sans
répit 'par nos colonnes, les bandes de
pillards bédouins, ou d'irréguliers ot-
tomans ont dû renoncer à leurs dépré-
dations. ̃
Seulement, après le traité d'Angora,
les Turcs ont élevé, le long de la fron-
tière toute proche, une formidable li-
gne douanière à travers laquelle rien
ne passe plus, qui prive Alep de pres-
que tous ses débouchés. L'accord d'An-
gora se légitimait par des raisons de
politique générale, surtout par la né-
cessité de faire cesser au plus vite les
hostilités en Cilicie. Il faut bi'en remar-
quer cependant que l'accès de turco-
philie subite dont a été prise une par-
tie de notre public est en soi plutôt dé-
raisonnable. Car les Turcs ont été, sans
que rien certes les y obligeât, plus de
quatre années nos ennemis. C'est par
leur faute que la guerre s'est prolongée
si longtemps, que la Russie, notre al-
liée, privée de toute communication
avec nous, a sombré dans le. désordre
et l'anarchie.
Si l'on négociait la paix avec eux, en-
core convenait-il de la négocier .pru-
demment, intelligemment, en tenant-le
(plus grand compte des intérêts essen-
tiels de ces populations syriennes, sur
qui s'exerce notre mandai. Or, vous
̃jjoiiyëss' interroger., ici- .tous ceux que
vous rencontrez, vous n'entendrez guè-
re que des; critiques sur les "modalités
de cette paix.
La frontière, mal délimitée par la
voie ferrée du « Bagdad », qui n'aurait
pas dû constituer une frontière, passe
trop près d'Alap, qu'elle prive.de tout
« hinlerland ». Le côté économique: du
problème, si important, cependant,
semble avoir fâcheusement échappé au
négociateur d'Angora, .qui n'en a pas te-
nu le moindre compte.
M. Franklin-Bouillon avait cependant
•pris .la ipeine de venir se documenter
ici même, dé la bouche des intéressés.
On se demande à^quoison voyage a bien
pu servir.
Et, maintenant, les Turcs frappent les
marchandises syriennes de taxes écra-
santes et le plus souvent prohibitives.
Ils ne se doutent pas, qu'en agissant de
la sorte, ils sont en train de ruiner tout
commerce et de tuer la poule aux œufs
d'or. Certains d'entre eux, peut-être, ne
sont pas autrement fâchés d'affamer
Alep, pour la contraindre à se jeter dans
leurs bras.
Il entre des éléments assez divers, un
mélange dp .nationalisme, d'ignorance
et de machiaviéiisme dans cette politi-
que, si tant est qu'on puisse l'appeler
de ce nom. Elle est, dans tous les cas,
fort dommageable pour la Syrie.
Le général Gouraud, toujours si at-
tentif aux intérêts dont il a la charge,
avant même son arrivée ici, n'a point
manqué de s'en .préoccuper. Le navire
qui le ramenait. de Constantinople a
fait escale à Mersine pour lui permettre
de s'entretenir avec les autorités tur-
ques." Il a demandé et obtenu qu'une
commission mixte se réunît le plus vite
possible, afin 'd'élaborer un arrange-
ment économique et un tarif douanier.
Les Turcs ont promis d'envoyer pro-
chainement leurs représentants. 11 faut
espérer .qu'ils tiendront leur promesse.
S'ils ne la tenaient' '(pas, le goùverne-
ment français saurait, aious n'en dou-
tons pas, la leur rappeler. Car nous
avons, tout de même, .quelques moyens
d'action sur les Turcs
Raymond Recouly.
.23 avril.
ÉCHOS
Réparation,
'Y" à:t-il, dans les églises" françaises,
beaucoup d'autels dédiés à sainte Jean-
ne. d'Arc ? En Angleterre, le clergé ca-
tholique a voulu faire amende honora-
ble pour le crime d'il y a cinq cents ans,
et une des chapelles latérales de la ca-
thédrale de Westminster est placée, de-
puis l'an dernier., sous l'invocation de
là Vierge de France.
Le cure de Guildford, dans le comté
de Surrey, veut, faire mieux il a pris
l'initiative d'une souscription pour pla-
cer une statue, de l'héroïne dans une des
niches de la cathédrale de Westmins-
ter, qui fut précisément achevée au dé-
but du quinzième siècle. JI demande
cinq cents livres sterling (vingt-cinq
mille francs au. change actuel) et en a
déjà recueilli trois cent cinquante, ce
qui est un assez joli résultat en ces
temps difficiles.
Bleus.
Depuis quelques jours, dans toutes
les grandes gares de France affluent, de
leurs villages et de leurs campagnes les
jeunes hommes appelés sous les dra-
peaux.
Ils passent,; semblent un peu effrayés,
un peu étourdis par tout ce bruit, par
l'animation des quais, soucieux de trou-
ver le « bon » train, celui qui doit les
conduire à destination. Mais les régi-
ments dès grandes villes ont poste dans
les gares quelques « hommes de la clas-
se » débrouillards qui viennent en aide
aux petits bleus égarés.
Et il faut, les voir, ces bleus auprès
de qui, chuchotait-on, a été faite une
patiente propagande antimilitariste
Il faut 'les. voir, simples, sains et forts,
un, peu nostalgiques peut-être. Mais
•ils. guçrironl vite de la sainte nostalgie
du clocher, et ils nous feront demain
une belle et solide armée.
La circulaire-réponse.
Les Européens 'qui résident, au Maroc
ont été fort étonnés des prodiges accom-
plis par l'administration des P. T. T.
au moment du passage du Président de
la République.
Car, en temps ordinaire, ils ont sou-
vent à se plaindre des communications
télégraphiques avec da métropole et les
P. T: T. répondent généralement en ar-
guant de la. rupture de certains câbles
ou de l'encombrement1 des lignes.
Mais ces .motifs invoqués ne sont rien.
Ce qui est merveilleux, c'est le mode de
réponse employé. Aux réclamations,
dont chacune présente un fait •précis,
on réplique par une circulaire, tirée au
duplicateur et sans doute à des milliers
et des 'milliers d'exemplaires.
Pourquoi les P. T. T. ne répondraient-
ils pas, une fois pour toutes, par voie
d'affiches, aux nombreuses réclamations
qu'ils reçoivent ? Cela serait .plus rapide.
Un drapeau bien soigné.
Chaque jour de réunion, au champ de
courses de Longchamp, un beau dra-
peau tricolore est hissé au sommet de la
tribune présidentielle.
Durant tout l'après-midi, l'emblème
national flotte fièrement au-dessus des
têtes, indiquant d'où vient le vent aux
sportsmen du pesage et de la pelouse,
qui peuvent se servir de cet indice pour
fortifier leurs prévisions.
A la fin de la réunion, un homme
grimpe sur le-toit de la tribune, descend
le drapeau du mât et, l'ayant soigneu-
sèment plié, s'en .va le ranger dans
quelque placard.
Félicitons la Société d'Encouragement
qui prend un tel soin de son drapeau,
alors qu'a la porte de nos administra-
tions on en voit tant qui;p'èiidënt lamen-
tablement, déchirés et-dëteirrfs.
Le pavillon-Osiris.;
La Mal maison 'va' recevoir des ou-
vriers maçons et terrassiers il s'agit de
construire à côté du château le pavillon
Osiris, conformément au vœu et au
legs du Mécène décédé il y a quelques
années. v
Les travaux, qui seront, adjugés ce
mois-ci, sont évalués à près de quatre-
vingt-cinq mille francs.
Hâtons-nous d'ajouter qu'ils n'empê-
cheront pas la visite du château et du
parc de la Malmaison, qu'ils ne gêne-
ront personne et, qu'en somme, ils ne
feront qu'enrichir le domaine d'une très
belle construction nouvelle.
Le Masque de Fer.
PRENDRE GARDE
-Les gens qui se foiit -encore .des. M*
̃^ lusions sur la. réponse- allenianée
et s'imaginent, qu'elle peut servir de base
à de nouvelles conversations, n'ont qu'à
la relire à la lueur de la réponse russe.
Les intentions de ces deux documents
ont les mêmes racines secrètes, elles
procèdent de la même inspiration. L'Al-
lemagne demande des délais pour nous
payer et la Russie demande de l'argent.
L'une veut conserver le sien et la se-
conde prendre le nôtre. Après quoi, si
nous avions la folie de noué prèle'r â- ces
deux opérations conjuguées, les' deux
pays auraient une sorte de caisse noire
commune destinée à équiper' une armée
germano-russe, à laquelle seraient con-
fiées la reconstruction économique de
l'Europe et l'exécution du traité de Ver-
sailles. '̃
C'est dire que si, d'ici au 3i mai, nous
laissions apparaître le moindre-fléchisse-
ment, la moindre confiance dans. le i'a-
mïeux plan'que l'Allemagne est en train
d'édifier, nous prépaierions, pour'cette
époque, une situation qui 'serait retour-
née brusquement, contre nous, car je
veux bien que la, simultanéité des deux
'i'épOTwes-i-ïè sçitclué qu'au:jiasa% niaî^
lé hasârtl a ses Renseignements.. Il -est
souvent l'ambre du, destin.
Certes, ce n'est point notre gouverne-
ment qui fléchira. Mais il ne faut pas
qu'une défaillance vienne du côté de
l'opinion, qui a, en ce moment, un tel
,besoin d'espérance qu'elle' se laisserait
facilemen t séd uire- par des combinai-
sons fallacieuses. Nous savons, qu'on en
élabore un peu partout. Notre collabora-
teur Louis Aubert parle plus loin avec
sa compétence habituelle dfc l'emprunt
international que propose ^Allemagne.
Nous ne contesterons pas la valéurde l'i-
dée en soi'.IIabilement et lo.yïiieme'nt mise
en pratique, elle constituerait. peut-être
une des meilleures solutions du probïlé-
né des îéparations. Mais à quelles ré-
sistances va-t-elle, se heurter ? n Quelle
est. la subtile déviation que l'Allemagne
peut lui faire subir, sous l'influence de
la Russie qui va chercher désormais de
l'argent partout ? Les financiers anglais
et, américains sont ingénieux -;ali puis-
sants mais les financiers russes vien-
nent de nous montrer leur maîtrise.,
Sur tous les domaines1,' fjaiis. \m\m \ôs
directions, le mot d'ordre aujourd'hui
est « Prendre-garde. u
l Alfred Capus,
de l'Académie française.
Notes d'un Parisien
Un poète est, par essence, un communis-
te idéal. Il tient absolument à nous faire
partager sa vie. Il nous racôntequ'il â. un
appartement très grand ou très petit, avec
des fenêtres qui donnent sur :des beaux ar-
bres ou sur une cour taciturne. Il nous
parle de sa pendule qui marque les heu-
res, de son armoire, de son fauteuil; de sa
pipe. Il vous confie que le soir, il entend
son voisin qui met sa clef dans sa serrure.
Bref, il vous fait partager ses peines-et ses
joies. S'il est trompé par sa femme, il pleu-
re dans votre gilet s'il va déjeuner en
banlieue avec une petite amie, il vous dit
quelle est blonde, qu'elle à les yeux bleus,
les lèvres rouges enfin, il voudrait que
vous partagiez ce printemps avec lui tant
il est pour les transports en. commun.
C'est pour cette particularité, sans doute,
que le parti communiste .avait confié son
secrétariat général à M. Georges Pioch
qui est poète. Voilà une grave imprudence.
Ce poste doit être réservé à un expert
comptable, habile à maquiller les chiffres,
à multiplier les adhérents, ou à un méde-
cin qui explique pourquoi l'es'filiales sont
muettes, ou à un avocat qui sous les pire^
épreuves que traverse le parti voit les si-
gnes infaillibles d'un magnifique avenir.
Mais le parti communiste se croyait au-
dessus de cette règle, comme de toutes les
autres. Il vient d'être châtié de sa témérité.
Son secrétaire général, le poète Georges
Pioch, invité à exposer la situation, a pro-
noncé une magnifique satire n Nos vieux
militants sont jetés en pâture notre ni-
veau intellectuel baisse le nombre de nos
adhérents diminue. Mais, rassurez- vous,
ma foi communiste reste la niême.
Et s'il n'en reste qu'un je' serai-, celui-lu: »
Ainsi chanta le secrétaire poète; Le parti
communiste a trouvé que cette franchise
ne rimait à rien il a décidé' de nomriiér
un secrétaire prosateur. Trop tardl I
Janot.̃•
L,E MÉMORANDUM RUSSE
Les Soviets se dérobent à toute obligation
et..
et réclament impérieusement des crédits
La réponse russe est un monument
d'impudence, mais elle est en même
temps une machine très bien montée.
Elle est fuite de sophismes éhoniés,
mais qui concertent à un seul dessein.
Le plan est celui-ci. En droit, la Russie
soviétique ne doit rien à l'Europe. Elle
ne reconnaît ni dettes, ni obligations
d'aucune sorte. Pour l'amour de l'huma-
nité, elle consent à faire des conces-
sions mais ces concessions étant toutes
bénévoles doivent être réciproques.
Donnant, donnant. Pour chacune des
conditions, elle demande un avantage
en échange. La réponse a l'air d'une dé-
claration de principes elle est en réa-
lité, un marchandage.
La Russie des Soviets lie reconnaît
pas les dettes dupasse. Elle n'est nulle-
ment tenue d'indemniser les étrangers
(dont les biens ont été nationalisés par la
Révolution, cette Révolution étant assi-
milée un cas de force majeure les det-
tes de guerre ne concernent pas ta. Rus-
sie des Soviets, puisqu'elle est sortie de
la guerre. Et ainsi tour à tour toutes les
clauses du mémorandum sont repous-
sées. Elles le sont parfois pour des rai-
sons admirables. Les garanties aux
étrangers, demandées par l'article 7,
sont déclarées dangereuses parce qu'el-
les seraient une source de conflits entre
ces étrangers et le gouvernement russe
c?est à peu près comme si on disait que
le Gode civil est une institution dange-
reuse, car il est la source de tous les
procès.
Ayant ainsi tout refusé en principe,
la Russie se .réserve de faire des con-
cessions, qui sont d'ailleurs énumé-
rées' d'une façon incertaine. Mais .cha-
cune de ces concessions est une' mon-
.rtaré' d'échange,' contre quoi elle deman-
de' :.qùelque chose. Et, à travers tout le
dot'uiuent revient la question des eré-
dit's! IT pose, en principe, que ces cré-
dits doivent être concédés par les puis-
sances au gouvernement des Soviets
qui en usera a son gré. « Les mesures
visant au relèvement de la Russie ne
«peuvent être appliquées que par le ou.
Verne'^rënniji-ririênïë; » ïï avait' un plan
lotit prôt qu'il voulait soumettre à la
Conférence,' et que celle-ci a refusé
.d'entendre..
Voilà, toute la manœuvre nier ses
obligations pour les transformer en
concessions librement consenties, et .en
.échange de ces concessions demander
'çles/'crédits qui renflouent le gouverne-
ment eh dôtres.se.
les puissances ? Que fe-.
rpnt en particulier les médiatrices de
ces jours derniers, l'Angleterre et l'Ita-
lie ? .Dans une première entrevue avec
M. Barthou, elles ont paru déterminées
a la résistance. L'attitude de la France
n'est .pas douteuse. Ni les .principes ne
peuvent être admis, ni tes marchanda-
ges ne peuvent être poursuivis, ni les
subsides ne peuvent être accordés. Et
déjà on parle de nouveau de cette com-
mission d'experte qui examinerait les
questions russes, et dont on sait qu'elle
yeiait principalement un moyen de clo-
re la Conférence1 sans fracas.
̃̃• Heqry Bidon,
"̃ LA RÉPONSE
de la délégation boMeviqtie
Les délégués des Soviets ne répon-
dent pas au mémorandum des Alliés
ils.. engagent avec eux une polémique.
Elle n'a -rien d'un dociimenl diplomati-
que c'est un très long article de jour-
nal;
La délégation, russe se propose d'y
établir que "le" mémorandum du 2 mai
est « un pas en arrière sur .les condi-
tions' du 20 avril ,et même sur le mé-
morandum de Londres, ainsi qn'uno
dévjatton marquée de lu ligne- tracée à
Cannes ». ̃̃•
Elle' • affirme qu'elle s'était présentée
n Gènes poiir rendre 1 iO millions de
consommateurs à l'industrie mondiale
cl" soulager les misères accumulées
p.u.r,la guerre.; ..elle était venue assurer
aux' ressortissants étrangers .le respect
de. leurs droits et de leurs bénéfices,
en.1 fixant tes concessions industriel-'
les', minières et agricoles qu'elle -réser-
vait aux étrangers-
Les .Russes, après avoir, déploré
« -l'opposition irréductible;» des Alliés,
trop obstinés, à vouloir régler d'abord
lesT intérêts du .passé, se plaignent de
.la suspicion jetée, sur eux, et combat-
tent, les prétendus droits concédés par
« un régime abhorré » ils s'élèvent
contre « la réaction politique et socia-
le » qui a suivi la. guerre, et flétrissent
« le triomphe complet de l'individua-
lisme capitaliste ».
'Suit une démonstration delà néces-
sité pour tous les Etats d'introduire la
Russie sur le marché mondial si l'on
ne veut 'pas détruire «.' la sécurité de
l'Europe et la paix du monde ». Les sa-
crMlées à consentir doivent donc être ré-
ciproques «si Von n assure pas au
gouvernement russe les moyens finan-
ciers de relever les forces du pays, le
commerce étranger se heurtera aux
plus grandes difficultés ». La délégation
russe s'étonne qu'on ne lui propose au-
cun plan pour relever-la Russie, alors
que l'on prévoit le règlement de ses det-
tes d'Etat, aggravé de clauses politiques
inacceptables. Elle renvoie à ses voisins
le -reproche de propagande subversive et
l'organisation de bandes armées en I
tout cas, elle entend conserver «Tac li-
vité de ses partis politiques et de ses or-
ganisations ouvrières ». Elle se refuse
à examiner les questions territoriales
̃en litige entre la Russie et la Roumanie
et déplore que la Turquie n'ait pas été
entendue à Gênes sur la question de la
paix en Asie Mineure.
Elle ne reconnaît pas aux puissances
dont beaucoup comptent, dans leur
histoire plus d'une Révolution » le
droit d'exiger le respect des obligations
d'un gouvernement déchu et de refuser
« l'annulation des dettes publiques et la
nationalisation des biens privés ».
Aucune responsabilité n'incombe au
gouvernement, russe pour les dommages
de guerre civile causés aux étrangers
il y a là un cas da.foree majeure. Pour-
tant, bien que la Russie ne soit pas te-
nue de payer les dettes 'du passé et. les
destructions de guerre, elle aurait ad-
mis le principe, sous condition de réci-
procité, en faveur de certains domma-
ges reconnus mais le mémorandum
des Alliés, ayant refusé le moratorium
et l'annulation des intérêts des dettes
d'avant-guerre, a dégagé par là même
la Russie de ses obligations.
Le mémorandum méconnaît volontai-
rement l'état de choses en Russie la ré-
ponse des Soviets cherche, à prouver
l'antagonisme inacceptable « entre le. ré-
gime soviétique et le régime capitaliste »
fauteur de désordres et de haines contre
les étrangers. Elle leur réserverait, pour-
tant, une sorte de droit de préférence
pour constituer des" sociétés exploitant
leurs anciens biens.
« La délégation exprime sa surprise
que des puissances comme la France,
qui possède la majorité des petits por-
teurs d'emprunts russes »,aient voulu su-
bo.rdonner leurs intérêts à ceux de quel-
ques groupes exigeant la restitution des
biens. On a voulu parler à la Russie « le
langage d'un- vainqueur à un vaincu »
elle prétend èti'Gvlrailée « sur un pied
d'égalité ».
« Les masses populaires de Russie ne
sauraient accepter un accord dans le-
quel les concessions. n'auraient pas leur
contre-partie dans des avantages réels »;
et la délégation suggère alors l'annula-
tion réciproque des réclamations pour
le passé.
En tout cas, la. Russie accepterait « la
création d'un comité mixte d'experts dé-
signés par la Conférence »:el prétend
qu'une voie demeure o'uverle « à un rap-
prochement plus étroit entre la Russie
des Soviets et les puissances étrangè-
res » d'ailleurs, elle estime que les au-
tres problèmes du relèvement économi-
que de l'Europe peuvent- encore être ré-
solus à Gênes avec succès. V
M, Rakowski commente la réponse
de son gouvernement
Gènes, 11 mai. –M. Rakowski, mem-
bre de la délégation des .Soviets, a com-
menté ce soir, devant les représentants
de la presse étrangère, la réponse faite
au mémorandum des Alliés.
Reprenant foule l'angumeii talion de
la note- de son gouvernement, -11 s'est ef-
forcé, de rejeter sur le changement d'at-
titude de certaines puissances la silua,-
tion inextricable de la Conférence qui i
résulte de l'esprit de la réponse sovié-
tique.
il a terminé en déclarant que l'Euro-
pe doit réfléchir deux fois avant, de pous-
ser la; Russie à toute extrémité.
Une importante entrevue
–*>?–
Une réponse énergique sera faite
aux Soviets
-Gènes, ,11 niai. M. Lloyd Geonge
avant demandé à .M. Barlhou de .confé-
rer avec lui au sujet de la réponse
russe, le chef de la délégation française
s'est, rendu à 7 heures, ce soir, auprès
du Premier britannique, qui avait éga-
lement, invité à cet entretien M. Schan-
zer.
Les trois .hommes d'Etat ont échangé
leurs impressions sur le document des
Soviets, ils n'ont .pris naturellement aii-
cune décision .en dehors de la'Gonfé-
'.renoe ils ont seulement convenu de
convoquer demain, ù. 3 heures, la sous-
commission des affaires .russes, les .re-
présentants russes et allemands ̃̃ en
étant, exclus.
On observe une discrétion très gran-
de sur je sens des échanges. de vues qui
se sont -prolongés jusqu'à huit, heures.
11 y a tout lieu de croire .cependant
que les deux représentants anglais et
italien ont. été d'accord, avec leur col-
lègue français, pour reconnaître que
l'intransigeance de Moscou rendait
bien difficile la continuation de la dis-
cussion.
.En conséquence, il est vraisembla-
ble1 qu'on proposera à la sous-commis-
sion d'adresser à la .délégation russe
une réfutation très énergique de toute
là partie -critique ..de sa réponse, qui en
constitue tout le début.
.M. Lloyd George se chargera demain
de la rédiger.
Une commission d'experts
serait constituée
"D'autre part, on donnerait suite à la
(proposition des Soviets de constituer
une commission d'experts qui poursui-
vraient .l'examen du problème russe, eu
dehors de la Conférence, celle-ci no de-
vant nécessairement plus délibérer sur
ce sujet.
La, question qui sie posera; très proba-
blement sera de savoir si cette commis-
sion sera. mixte et si des délégués rus-
ses seront admis a en faire partie.
Pour maintenir la paix
Enfin, il semble logique de penser
que M. Lloyd George, soucieux de voir
se maintenir la. paix pendant t. que, lui
commission d'experts poursuivra soit
étude, s'efforcera, d'obtenir de la. Russie
la. promesse de ne pas 'attaquer, pen-
dant la. durée de ses travaux, les frontiè-
res existantes, non reconnues Les puis-'
sauces particulièrement intéressées au
maintien du stalu. quo, Pologne', Rou-
manie, Tehéco-Slovaquie, prenant le
même engagement.
Les impressions
dans les milieux britanniques
Gènes, il mai. Dans les milieux an-
glais de la Conférence, l'impression pro-
duite par la réponse russe a passé par
deux phases successives. A 4 heures, on
déclarait qu'elle n'était pas entièrement
satisfaisante, mais que cependant elle
était animée d'un désir de paix. On
ajoutait que si les questions économi-
ques et celle du crédit étaient réservées,
la Conférence pourrait continuer de dis-
cuter le pacte de non-agression.
'Ce soir, à 7 heures, ou déclarait,'
dans tes mêmes- 'milieux officieux an-
glais, aux journalistes, que le' docu-
ment russe instituait uni1 sorte de polé-
mique, -ce qui rend difficile la discus-
sion avec les Soviets.
Toute la première partie de .lu u'-pon-
se russe, disaient-ils, ne vaut pas pins
que la valeur du papier sur lequel 'sonl,
imprimés les roubles de la révolution
russe. On iconstatail également que la
question des crédits domine tout le dé-
bat. On concluait que ce document, ap-
pelle une réponse des puissances, el
une réponse très ferme.
Notre Supplément littéraire
DE DEMAIN
Henry Mabs Marie Lenéru.
Fernand Vandkkkm.. Choses et Gens
•.•̃̃ ï de Lettres.
(Une bagarre belge)
Comtesse DE Noailles Selon l'Intermezzo
Robert Càrdinne. Un soir au Chéliali
(Nouvelle)
Chaules Chassé Le Premier
des «Premiers »
Boyek dAgen La Sonate à Pauline
JACK Pengil Petit Courrier
des Arts
Gilbekt Charles. Les Tendances
de la Jeune Poésie
(Uneenquêtolittévaire)
Julien Oghsê Uavarni écrivain et
directeur de journal
Léom Rosenthal. Au pays des gemmes
Maurice Levaillant Lectures Françaises
(Quelques Revues}
JACQUES Patin. Chez le Libraire
Ladvocat Petit Courrier
des Lettres
Page Jtfusi'cafe
Henri Busseu Noces Corinthiennes
L'Aurore sur les Ruines
Par M. Gèorges BOURDON \,i)
Les Travaux municipaux,
et l'Industrie, à Soissons
J..I
A Soissons, comme clans butes les
villes dévastées, s'est' jouée," eu trois
époques, la fable -éternelle de Perrette et
du pot au lait, mais- avec une variante
c'est que le premier rôle n'y fui point
pour l'imagination de Perrelto.
Première époque. Le lendemain
du 11 novembre. L'Allemagne est à ge-
noux. La terre française est dévastée,
nos villes et, nos villages sont rasés.
« L'Allenoagiie payera », vaticinent. no,s
augures. « Jusqu'à son dernier mark,
nous viderons ses poches » tonne,
dans un transport, Lloyd George qui,
alors, ne s 'étant pas encore révélé Da-
niel, ne se lasse point de répéter Isaïe
« Lorsque vous étendrez vos mains, je
cacherai mes yeux lorsque vous mul-
tiplierez vos requêtes, je ne lès exauce-
rai point. Moab (lisez le Reich) sera
foulé sous l'Eternel, comme on foule la
paille pour en faire du fumier »
C'est le moment que, dans l'optimis-
me universel, montent, du sac de la Sa-
gesse des Nations, toutes les formules
favorables. « A quelque chose, malheur
est. bon », murmurent aux oreilles des
sinistrés des voix insinuantes, et 1a plus
pressante de ces voix est celle de l'Etat.
« Oui, me dit le maire, M. Marquigny,
c'est l'Etat qui nous poussait. Soissons
est détruit ? Un 'Soissons modèle va.
jaillir de ses ruines. Percez, élargissez,
(1) Voir teFigaro des 26, 29. 31 mars 5, 11, 1G,
18, 27, 30 avril et 5 mui.1922.
Le Nuména quotidien: VINGT -CENTIMES v EH FRANC t
Vendredi 12 Mai 1922
GASTON CALMETTE
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tes Annonces et déclames santégalement reçues )
i l'Agence Havas, 62, rue de Ricbelieu, Paris
e Loué par ceux-ci, blâmé par ceux-là, me mot^ant des sots, bravant les méchants, je me presse.
de rire de tout. de peur d'être obligé d'en pleurer. »(PEAUMARCHAIS).
UNE ENQUÊTE EN SYRIE r
ALEP
la cité des marchands
..Dominée, écrasée par sa.- vieille cita-
delle, à :1a fois délabrée et farouche,
:Alep, avec ses souks d'une immensité
qui surprend, ses « khans » (caravansé-
rails) innombrables, où s'entassent les
marchandises 'apportées de tous les-
points de l'Asie, offre la vision (peut-être
unique .d'unie ville arabe, entièrement
bâtie de pierre, et de pierre magni-
fique. Car l'architecte arabe, par né-
cessité plus encore que par goût, s'est
iservi le 'plus souvent de matériaux
'moins résistants.
̃' "Ce qui frappe avant tout ici, c'est l'in-
tensité du négoce et l'activité des trans-
actions. Alep ii'lest qu'un vaste entrepôt.
Elle n'a été. faite que par le commerce,
et elle ne vit que pour lui.' y
Admirablement située, au croisement
des routes de Mésopotamie et des Indes,
.d'Egypte, de l'Arabie, de Perse et d'A-
inâtoliej, elle «st le lieu géométrique des
caravanes qui, par des pistes intermina-
bles à travers les déserts, viennent dé-
verser dans 'ses /magasins tout ce qui
peut être matière à échanges et à tra-
fics.
Il en est ainsi depuis des siècles. Les
curieuses recherches faites dans les ar-
chives de la -ville par M. Mercier, de la
délégation française, montrent que
Louis XIV et Colbert s'étaient préoccu-
pés d'envoyer à Alep d'excellents
consuls, chargés de défendre et de dé-
velopper les intérêts de nos marchands.
• L'ouverture du canal de Suez, la créa-
tion) de. routes toutes nouvelles, portè-
rent à cette .activité économique un
coup qui paraissait fatal. Mais très vite,
'Alep s'en est relevée. Elle est demeurée
le grand port terrestre, dont les carava-
nes représentent les vaisseaux.
Rien n'égale le grouillement prodi-
gieux ide ses souks c'est une autre vil-
le dans la ville, une ville moyenâgeu-
se et asiatique, étonnante de pittores-
que1 et de couleur, une suite presque in-
définie d'arcades et de voûtes, où sous la
demi-lumière qui .filtre des soupiraux,
dans un clair-obscur poudroyant, par-
mi les relents des épi-ces, des cuirs et
des humanisés entassées, tous les corps
de' métier étalent à l'envi leurs pro-
duits.
Cette ardeur de négoce a fait des Alé-
pins, et on peut dire des Syriens en gé-
néral,' des virtuoses dans toutes les
questions de monnaie et de change. La
pièce d'or a disparu de toutes nos con-
irées occidentales. On n'en trouve plus
guère que dans quelques vieux bas de
laine irréductible, dans les 'sous-sols
des banques d'Etat ou les musées. Mais
ici l'or règne en maître et le papier n'est
rien auprès de lui. Chose extraordinai-
re, paradoxale, son cours s'affirme avec
plus d'autorité, à mesure qu'on quitte
tes centres civilisés pour les campagnes
'barbares. Le citadin se 'sert encore à la
rigueur du billet de banque. Mais le
Bédouin du désert ne connaît et ne veut
connaître que le métal.
Dans les bazars, le ,long des rue*, les s
changeurs installent leurs petites ta-
bles, où se dressent, les piles de •< mcit-
jidiés » en argent, de livres turques en
or. Le marchand qui vous dit le prix de
sa 'marchandise! l'établit toujours ins-
tinctivement en livres-or, la seule. mon-
naie qui compte à ses yeux. A la même
minute, d'ailleurs, -il vous transforme-
ra ce prix-là en piastres syriennes, en
francs, en livres d'Egypte ou d'Angle-
terre, en dollars, que sais-je encore ? 't
La rapidité, la précision de son calcul
sont véritablement effarantes. Les pè-
ïes, un'a-t-on dit, y exercent cle bonne
heure leurs enfants, qui, servis à cet
égard par des dons exceptionnels, attei-
gnent tout de suite une agilité, une mal-
trise incomparables. C'est que le vieux
,sang des Phéniciens, les .maitresi des
comptoirs et les premiers des mar-
chands, coule encore, à n'en pas douter,
dans leurs veines
Les Alépins ne sont pas contents.
Non point, que notre présence .les fà-
che. La ville, après l'écroulement de la
domination feysalieane, fut 'occupée
par nos troupes sans coup férir. 11 ne
nous en coûta qu'un spahi' légèrement
blessé. L'occupation française, ici com-
me partout, a bien vite fait régner la
tranquillité et la paix, entièrement fa-
vorables au commerce. Traquées, sans
répit 'par nos colonnes, les bandes de
pillards bédouins, ou d'irréguliers ot-
tomans ont dû renoncer à leurs dépré-
dations. ̃
Seulement, après le traité d'Angora,
les Turcs ont élevé, le long de la fron-
tière toute proche, une formidable li-
gne douanière à travers laquelle rien
ne passe plus, qui prive Alep de pres-
que tous ses débouchés. L'accord d'An-
gora se légitimait par des raisons de
politique générale, surtout par la né-
cessité de faire cesser au plus vite les
hostilités en Cilicie. Il faut bi'en remar-
quer cependant que l'accès de turco-
philie subite dont a été prise une par-
tie de notre public est en soi plutôt dé-
raisonnable. Car les Turcs ont été, sans
que rien certes les y obligeât, plus de
quatre années nos ennemis. C'est par
leur faute que la guerre s'est prolongée
si longtemps, que la Russie, notre al-
liée, privée de toute communication
avec nous, a sombré dans le. désordre
et l'anarchie.
Si l'on négociait la paix avec eux, en-
core convenait-il de la négocier .pru-
demment, intelligemment, en tenant-le
(plus grand compte des intérêts essen-
tiels de ces populations syriennes, sur
qui s'exerce notre mandai. Or, vous
̃jjoiiyëss' interroger., ici- .tous ceux que
vous rencontrez, vous n'entendrez guè-
re que des; critiques sur les "modalités
de cette paix.
La frontière, mal délimitée par la
voie ferrée du « Bagdad », qui n'aurait
pas dû constituer une frontière, passe
trop près d'Alap, qu'elle prive.de tout
« hinlerland ». Le côté économique: du
problème, si important, cependant,
semble avoir fâcheusement échappé au
négociateur d'Angora, .qui n'en a pas te-
nu le moindre compte.
M. Franklin-Bouillon avait cependant
•pris .la ipeine de venir se documenter
ici même, dé la bouche des intéressés.
On se demande à^quoison voyage a bien
pu servir.
Et, maintenant, les Turcs frappent les
marchandises syriennes de taxes écra-
santes et le plus souvent prohibitives.
Ils ne se doutent pas, qu'en agissant de
la sorte, ils sont en train de ruiner tout
commerce et de tuer la poule aux œufs
d'or. Certains d'entre eux, peut-être, ne
sont pas autrement fâchés d'affamer
Alep, pour la contraindre à se jeter dans
leurs bras.
Il entre des éléments assez divers, un
mélange dp .nationalisme, d'ignorance
et de machiaviéiisme dans cette politi-
que, si tant est qu'on puisse l'appeler
de ce nom. Elle est, dans tous les cas,
fort dommageable pour la Syrie.
Le général Gouraud, toujours si at-
tentif aux intérêts dont il a la charge,
avant même son arrivée ici, n'a point
manqué de s'en .préoccuper. Le navire
qui le ramenait. de Constantinople a
fait escale à Mersine pour lui permettre
de s'entretenir avec les autorités tur-
ques." Il a demandé et obtenu qu'une
commission mixte se réunît le plus vite
possible, afin 'd'élaborer un arrange-
ment économique et un tarif douanier.
Les Turcs ont promis d'envoyer pro-
chainement leurs représentants. 11 faut
espérer .qu'ils tiendront leur promesse.
S'ils ne la tenaient' '(pas, le goùverne-
ment français saurait, aious n'en dou-
tons pas, la leur rappeler. Car nous
avons, tout de même, .quelques moyens
d'action sur les Turcs
Raymond Recouly.
.23 avril.
ÉCHOS
Réparation,
'Y" à:t-il, dans les églises" françaises,
beaucoup d'autels dédiés à sainte Jean-
ne. d'Arc ? En Angleterre, le clergé ca-
tholique a voulu faire amende honora-
ble pour le crime d'il y a cinq cents ans,
et une des chapelles latérales de la ca-
thédrale de Westminster est placée, de-
puis l'an dernier., sous l'invocation de
là Vierge de France.
Le cure de Guildford, dans le comté
de Surrey, veut, faire mieux il a pris
l'initiative d'une souscription pour pla-
cer une statue, de l'héroïne dans une des
niches de la cathédrale de Westmins-
ter, qui fut précisément achevée au dé-
but du quinzième siècle. JI demande
cinq cents livres sterling (vingt-cinq
mille francs au. change actuel) et en a
déjà recueilli trois cent cinquante, ce
qui est un assez joli résultat en ces
temps difficiles.
Bleus.
Depuis quelques jours, dans toutes
les grandes gares de France affluent, de
leurs villages et de leurs campagnes les
jeunes hommes appelés sous les dra-
peaux.
Ils passent,; semblent un peu effrayés,
un peu étourdis par tout ce bruit, par
l'animation des quais, soucieux de trou-
ver le « bon » train, celui qui doit les
conduire à destination. Mais les régi-
ments dès grandes villes ont poste dans
les gares quelques « hommes de la clas-
se » débrouillards qui viennent en aide
aux petits bleus égarés.
Et il faut, les voir, ces bleus auprès
de qui, chuchotait-on, a été faite une
patiente propagande antimilitariste
Il faut 'les. voir, simples, sains et forts,
un, peu nostalgiques peut-être. Mais
•ils. guçrironl vite de la sainte nostalgie
du clocher, et ils nous feront demain
une belle et solide armée.
La circulaire-réponse.
Les Européens 'qui résident, au Maroc
ont été fort étonnés des prodiges accom-
plis par l'administration des P. T. T.
au moment du passage du Président de
la République.
Car, en temps ordinaire, ils ont sou-
vent à se plaindre des communications
télégraphiques avec da métropole et les
P. T: T. répondent généralement en ar-
guant de la. rupture de certains câbles
ou de l'encombrement1 des lignes.
Mais ces .motifs invoqués ne sont rien.
Ce qui est merveilleux, c'est le mode de
réponse employé. Aux réclamations,
dont chacune présente un fait •précis,
on réplique par une circulaire, tirée au
duplicateur et sans doute à des milliers
et des 'milliers d'exemplaires.
Pourquoi les P. T. T. ne répondraient-
ils pas, une fois pour toutes, par voie
d'affiches, aux nombreuses réclamations
qu'ils reçoivent ? Cela serait .plus rapide.
Un drapeau bien soigné.
Chaque jour de réunion, au champ de
courses de Longchamp, un beau dra-
peau tricolore est hissé au sommet de la
tribune présidentielle.
Durant tout l'après-midi, l'emblème
national flotte fièrement au-dessus des
têtes, indiquant d'où vient le vent aux
sportsmen du pesage et de la pelouse,
qui peuvent se servir de cet indice pour
fortifier leurs prévisions.
A la fin de la réunion, un homme
grimpe sur le-toit de la tribune, descend
le drapeau du mât et, l'ayant soigneu-
sèment plié, s'en .va le ranger dans
quelque placard.
Félicitons la Société d'Encouragement
qui prend un tel soin de son drapeau,
alors qu'a la porte de nos administra-
tions on en voit tant qui;p'èiidënt lamen-
tablement, déchirés et-dëteirrfs.
Le pavillon-Osiris.;
La Mal maison 'va' recevoir des ou-
vriers maçons et terrassiers il s'agit de
construire à côté du château le pavillon
Osiris, conformément au vœu et au
legs du Mécène décédé il y a quelques
années. v
Les travaux, qui seront, adjugés ce
mois-ci, sont évalués à près de quatre-
vingt-cinq mille francs.
Hâtons-nous d'ajouter qu'ils n'empê-
cheront pas la visite du château et du
parc de la Malmaison, qu'ils ne gêne-
ront personne et, qu'en somme, ils ne
feront qu'enrichir le domaine d'une très
belle construction nouvelle.
Le Masque de Fer.
PRENDRE GARDE
-Les gens qui se foiit -encore .des. M*
̃^ lusions sur la. réponse- allenianée
et s'imaginent, qu'elle peut servir de base
à de nouvelles conversations, n'ont qu'à
la relire à la lueur de la réponse russe.
Les intentions de ces deux documents
ont les mêmes racines secrètes, elles
procèdent de la même inspiration. L'Al-
lemagne demande des délais pour nous
payer et la Russie demande de l'argent.
L'une veut conserver le sien et la se-
conde prendre le nôtre. Après quoi, si
nous avions la folie de noué prèle'r â- ces
deux opérations conjuguées, les' deux
pays auraient une sorte de caisse noire
commune destinée à équiper' une armée
germano-russe, à laquelle seraient con-
fiées la reconstruction économique de
l'Europe et l'exécution du traité de Ver-
sailles. '̃
C'est dire que si, d'ici au 3i mai, nous
laissions apparaître le moindre-fléchisse-
ment, la moindre confiance dans. le i'a-
mïeux plan'que l'Allemagne est en train
d'édifier, nous prépaierions, pour'cette
époque, une situation qui 'serait retour-
née brusquement, contre nous, car je
veux bien que la, simultanéité des deux
'i'épOTwes-i-ïè sçitclué qu'au:jiasa% niaî^
lé hasârtl a ses Renseignements.. Il -est
souvent l'ambre du, destin.
Certes, ce n'est point notre gouverne-
ment qui fléchira. Mais il ne faut pas
qu'une défaillance vienne du côté de
l'opinion, qui a, en ce moment, un tel
,besoin d'espérance qu'elle' se laisserait
facilemen t séd uire- par des combinai-
sons fallacieuses. Nous savons, qu'on en
élabore un peu partout. Notre collabora-
teur Louis Aubert parle plus loin avec
sa compétence habituelle dfc l'emprunt
international que propose ^Allemagne.
Nous ne contesterons pas la valéurde l'i-
dée en soi'.IIabilement et lo.yïiieme'nt mise
en pratique, elle constituerait. peut-être
une des meilleures solutions du probïlé-
né des îéparations. Mais à quelles ré-
sistances va-t-elle, se heurter ? n Quelle
est. la subtile déviation que l'Allemagne
peut lui faire subir, sous l'influence de
la Russie qui va chercher désormais de
l'argent partout ? Les financiers anglais
et, américains sont ingénieux -;ali puis-
sants mais les financiers russes vien-
nent de nous montrer leur maîtrise.,
Sur tous les domaines1,' fjaiis. \m\m \ôs
directions, le mot d'ordre aujourd'hui
est « Prendre-garde. u
l Alfred Capus,
de l'Académie française.
Notes d'un Parisien
Un poète est, par essence, un communis-
te idéal. Il tient absolument à nous faire
partager sa vie. Il nous racôntequ'il â. un
appartement très grand ou très petit, avec
des fenêtres qui donnent sur :des beaux ar-
bres ou sur une cour taciturne. Il nous
parle de sa pendule qui marque les heu-
res, de son armoire, de son fauteuil; de sa
pipe. Il vous confie que le soir, il entend
son voisin qui met sa clef dans sa serrure.
Bref, il vous fait partager ses peines-et ses
joies. S'il est trompé par sa femme, il pleu-
re dans votre gilet s'il va déjeuner en
banlieue avec une petite amie, il vous dit
quelle est blonde, qu'elle à les yeux bleus,
les lèvres rouges enfin, il voudrait que
vous partagiez ce printemps avec lui tant
il est pour les transports en. commun.
C'est pour cette particularité, sans doute,
que le parti communiste .avait confié son
secrétariat général à M. Georges Pioch
qui est poète. Voilà une grave imprudence.
Ce poste doit être réservé à un expert
comptable, habile à maquiller les chiffres,
à multiplier les adhérents, ou à un méde-
cin qui explique pourquoi l'es'filiales sont
muettes, ou à un avocat qui sous les pire^
épreuves que traverse le parti voit les si-
gnes infaillibles d'un magnifique avenir.
Mais le parti communiste se croyait au-
dessus de cette règle, comme de toutes les
autres. Il vient d'être châtié de sa témérité.
Son secrétaire général, le poète Georges
Pioch, invité à exposer la situation, a pro-
noncé une magnifique satire n Nos vieux
militants sont jetés en pâture notre ni-
veau intellectuel baisse le nombre de nos
adhérents diminue. Mais, rassurez- vous,
ma foi communiste reste la niême.
Et s'il n'en reste qu'un je' serai-, celui-lu: »
Ainsi chanta le secrétaire poète; Le parti
communiste a trouvé que cette franchise
ne rimait à rien il a décidé' de nomriiér
un secrétaire prosateur. Trop tardl I
Janot.̃•
L,E MÉMORANDUM RUSSE
Les Soviets se dérobent à toute obligation
et..
et réclament impérieusement des crédits
La réponse russe est un monument
d'impudence, mais elle est en même
temps une machine très bien montée.
Elle est fuite de sophismes éhoniés,
mais qui concertent à un seul dessein.
Le plan est celui-ci. En droit, la Russie
soviétique ne doit rien à l'Europe. Elle
ne reconnaît ni dettes, ni obligations
d'aucune sorte. Pour l'amour de l'huma-
nité, elle consent à faire des conces-
sions mais ces concessions étant toutes
bénévoles doivent être réciproques.
Donnant, donnant. Pour chacune des
conditions, elle demande un avantage
en échange. La réponse a l'air d'une dé-
claration de principes elle est en réa-
lité, un marchandage.
La Russie des Soviets lie reconnaît
pas les dettes dupasse. Elle n'est nulle-
ment tenue d'indemniser les étrangers
(dont les biens ont été nationalisés par la
Révolution, cette Révolution étant assi-
milée un cas de force majeure les det-
tes de guerre ne concernent pas ta. Rus-
sie des Soviets, puisqu'elle est sortie de
la guerre. Et ainsi tour à tour toutes les
clauses du mémorandum sont repous-
sées. Elles le sont parfois pour des rai-
sons admirables. Les garanties aux
étrangers, demandées par l'article 7,
sont déclarées dangereuses parce qu'el-
les seraient une source de conflits entre
ces étrangers et le gouvernement russe
c?est à peu près comme si on disait que
le Gode civil est une institution dange-
reuse, car il est la source de tous les
procès.
Ayant ainsi tout refusé en principe,
la Russie se .réserve de faire des con-
cessions, qui sont d'ailleurs énumé-
rées' d'une façon incertaine. Mais .cha-
cune de ces concessions est une' mon-
.rtaré' d'échange,' contre quoi elle deman-
de' :.qùelque chose. Et, à travers tout le
dot'uiuent revient la question des eré-
dit's! IT pose, en principe, que ces cré-
dits doivent être concédés par les puis-
sances au gouvernement des Soviets
qui en usera a son gré. « Les mesures
visant au relèvement de la Russie ne
«peuvent être appliquées que par le ou.
Verne'^rënniji-ririênïë; » ïï avait' un plan
lotit prôt qu'il voulait soumettre à la
Conférence,' et que celle-ci a refusé
.d'entendre..
Voilà, toute la manœuvre nier ses
obligations pour les transformer en
concessions librement consenties, et .en
.échange de ces concessions demander
'çles/'crédits qui renflouent le gouverne-
ment eh dôtres.se.
les puissances ? Que fe-.
rpnt en particulier les médiatrices de
ces jours derniers, l'Angleterre et l'Ita-
lie ? .Dans une première entrevue avec
M. Barthou, elles ont paru déterminées
a la résistance. L'attitude de la France
n'est .pas douteuse. Ni les .principes ne
peuvent être admis, ni tes marchanda-
ges ne peuvent être poursuivis, ni les
subsides ne peuvent être accordés. Et
déjà on parle de nouveau de cette com-
mission d'experte qui examinerait les
questions russes, et dont on sait qu'elle
yeiait principalement un moyen de clo-
re la Conférence1 sans fracas.
̃̃• Heqry Bidon,
"̃ LA RÉPONSE
de la délégation boMeviqtie
Les délégués des Soviets ne répon-
dent pas au mémorandum des Alliés
ils.. engagent avec eux une polémique.
Elle n'a -rien d'un dociimenl diplomati-
que c'est un très long article de jour-
nal;
La délégation, russe se propose d'y
établir que "le" mémorandum du 2 mai
est « un pas en arrière sur .les condi-
tions' du 20 avril ,et même sur le mé-
morandum de Londres, ainsi qn'uno
dévjatton marquée de lu ligne- tracée à
Cannes ». ̃̃•
Elle' • affirme qu'elle s'était présentée
n Gènes poiir rendre 1 iO millions de
consommateurs à l'industrie mondiale
cl" soulager les misères accumulées
p.u.r,la guerre.; ..elle était venue assurer
aux' ressortissants étrangers .le respect
de. leurs droits et de leurs bénéfices,
en.1 fixant tes concessions industriel-'
les', minières et agricoles qu'elle -réser-
vait aux étrangers-
Les .Russes, après avoir, déploré
« -l'opposition irréductible;» des Alliés,
trop obstinés, à vouloir régler d'abord
lesT intérêts du .passé, se plaignent de
.la suspicion jetée, sur eux, et combat-
tent, les prétendus droits concédés par
« un régime abhorré » ils s'élèvent
contre « la réaction politique et socia-
le » qui a suivi la. guerre, et flétrissent
« le triomphe complet de l'individua-
lisme capitaliste ».
'Suit une démonstration delà néces-
sité pour tous les Etats d'introduire la
Russie sur le marché mondial si l'on
ne veut 'pas détruire «.' la sécurité de
l'Europe et la paix du monde ». Les sa-
crMlées à consentir doivent donc être ré-
ciproques «si Von n assure pas au
gouvernement russe les moyens finan-
ciers de relever les forces du pays, le
commerce étranger se heurtera aux
plus grandes difficultés ». La délégation
russe s'étonne qu'on ne lui propose au-
cun plan pour relever-la Russie, alors
que l'on prévoit le règlement de ses det-
tes d'Etat, aggravé de clauses politiques
inacceptables. Elle renvoie à ses voisins
le -reproche de propagande subversive et
l'organisation de bandes armées en I
tout cas, elle entend conserver «Tac li-
vité de ses partis politiques et de ses or-
ganisations ouvrières ». Elle se refuse
à examiner les questions territoriales
̃en litige entre la Russie et la Roumanie
et déplore que la Turquie n'ait pas été
entendue à Gênes sur la question de la
paix en Asie Mineure.
Elle ne reconnaît pas aux puissances
dont beaucoup comptent, dans leur
histoire plus d'une Révolution » le
droit d'exiger le respect des obligations
d'un gouvernement déchu et de refuser
« l'annulation des dettes publiques et la
nationalisation des biens privés ».
Aucune responsabilité n'incombe au
gouvernement, russe pour les dommages
de guerre civile causés aux étrangers
il y a là un cas da.foree majeure. Pour-
tant, bien que la Russie ne soit pas te-
nue de payer les dettes 'du passé et. les
destructions de guerre, elle aurait ad-
mis le principe, sous condition de réci-
procité, en faveur de certains domma-
ges reconnus mais le mémorandum
des Alliés, ayant refusé le moratorium
et l'annulation des intérêts des dettes
d'avant-guerre, a dégagé par là même
la Russie de ses obligations.
Le mémorandum méconnaît volontai-
rement l'état de choses en Russie la ré-
ponse des Soviets cherche, à prouver
l'antagonisme inacceptable « entre le. ré-
gime soviétique et le régime capitaliste »
fauteur de désordres et de haines contre
les étrangers. Elle leur réserverait, pour-
tant, une sorte de droit de préférence
pour constituer des" sociétés exploitant
leurs anciens biens.
« La délégation exprime sa surprise
que des puissances comme la France,
qui possède la majorité des petits por-
teurs d'emprunts russes »,aient voulu su-
bo.rdonner leurs intérêts à ceux de quel-
ques groupes exigeant la restitution des
biens. On a voulu parler à la Russie « le
langage d'un- vainqueur à un vaincu »
elle prétend èti'Gvlrailée « sur un pied
d'égalité ».
« Les masses populaires de Russie ne
sauraient accepter un accord dans le-
quel les concessions. n'auraient pas leur
contre-partie dans des avantages réels »;
et la délégation suggère alors l'annula-
tion réciproque des réclamations pour
le passé.
En tout cas, la. Russie accepterait « la
création d'un comité mixte d'experts dé-
signés par la Conférence »:el prétend
qu'une voie demeure o'uverle « à un rap-
prochement plus étroit entre la Russie
des Soviets et les puissances étrangè-
res » d'ailleurs, elle estime que les au-
tres problèmes du relèvement économi-
que de l'Europe peuvent- encore être ré-
solus à Gênes avec succès. V
M, Rakowski commente la réponse
de son gouvernement
Gènes, 11 mai. –M. Rakowski, mem-
bre de la délégation des .Soviets, a com-
menté ce soir, devant les représentants
de la presse étrangère, la réponse faite
au mémorandum des Alliés.
Reprenant foule l'angumeii talion de
la note- de son gouvernement, -11 s'est ef-
forcé, de rejeter sur le changement d'at-
titude de certaines puissances la silua,-
tion inextricable de la Conférence qui i
résulte de l'esprit de la réponse sovié-
tique.
il a terminé en déclarant que l'Euro-
pe doit réfléchir deux fois avant, de pous-
ser la; Russie à toute extrémité.
Une importante entrevue
–*>?–
Une réponse énergique sera faite
aux Soviets
-Gènes, ,11 niai. M. Lloyd Geonge
avant demandé à .M. Barlhou de .confé-
rer avec lui au sujet de la réponse
russe, le chef de la délégation française
s'est, rendu à 7 heures, ce soir, auprès
du Premier britannique, qui avait éga-
lement, invité à cet entretien M. Schan-
zer.
Les trois .hommes d'Etat ont échangé
leurs impressions sur le document des
Soviets, ils n'ont .pris naturellement aii-
cune décision .en dehors de la'Gonfé-
'.renoe ils ont seulement convenu de
convoquer demain, ù. 3 heures, la sous-
commission des affaires .russes, les .re-
présentants russes et allemands ̃̃ en
étant, exclus.
On observe une discrétion très gran-
de sur je sens des échanges. de vues qui
se sont -prolongés jusqu'à huit, heures.
11 y a tout lieu de croire .cependant
que les deux représentants anglais et
italien ont. été d'accord, avec leur col-
lègue français, pour reconnaître que
l'intransigeance de Moscou rendait
bien difficile la continuation de la dis-
cussion.
.En conséquence, il est vraisembla-
ble1 qu'on proposera à la sous-commis-
sion d'adresser à la .délégation russe
une réfutation très énergique de toute
là partie -critique ..de sa réponse, qui en
constitue tout le début.
.M. Lloyd George se chargera demain
de la rédiger.
Une commission d'experts
serait constituée
"D'autre part, on donnerait suite à la
(proposition des Soviets de constituer
une commission d'experts qui poursui-
vraient .l'examen du problème russe, eu
dehors de la Conférence, celle-ci no de-
vant nécessairement plus délibérer sur
ce sujet.
La, question qui sie posera; très proba-
blement sera de savoir si cette commis-
sion sera. mixte et si des délégués rus-
ses seront admis a en faire partie.
Pour maintenir la paix
Enfin, il semble logique de penser
que M. Lloyd George, soucieux de voir
se maintenir la. paix pendant t. que, lui
commission d'experts poursuivra soit
étude, s'efforcera, d'obtenir de la. Russie
la. promesse de ne pas 'attaquer, pen-
dant la. durée de ses travaux, les frontiè-
res existantes, non reconnues Les puis-'
sauces particulièrement intéressées au
maintien du stalu. quo, Pologne', Rou-
manie, Tehéco-Slovaquie, prenant le
même engagement.
Les impressions
dans les milieux britanniques
Gènes, il mai. Dans les milieux an-
glais de la Conférence, l'impression pro-
duite par la réponse russe a passé par
deux phases successives. A 4 heures, on
déclarait qu'elle n'était pas entièrement
satisfaisante, mais que cependant elle
était animée d'un désir de paix. On
ajoutait que si les questions économi-
ques et celle du crédit étaient réservées,
la Conférence pourrait continuer de dis-
cuter le pacte de non-agression.
'Ce soir, à 7 heures, ou déclarait,'
dans tes mêmes- 'milieux officieux an-
glais, aux journalistes, que le' docu-
ment russe instituait uni1 sorte de polé-
mique, -ce qui rend difficile la discus-
sion avec les Soviets.
Toute la première partie de .lu u'-pon-
se russe, disaient-ils, ne vaut pas pins
que la valeur du papier sur lequel 'sonl,
imprimés les roubles de la révolution
russe. On iconstatail également que la
question des crédits domine tout le dé-
bat. On concluait que ce document, ap-
pelle une réponse des puissances, el
une réponse très ferme.
Notre Supplément littéraire
DE DEMAIN
Henry Mabs Marie Lenéru.
Fernand Vandkkkm.. Choses et Gens
•.•̃̃ ï de Lettres.
(Une bagarre belge)
Comtesse DE Noailles Selon l'Intermezzo
Robert Càrdinne. Un soir au Chéliali
(Nouvelle)
Chaules Chassé Le Premier
des «Premiers »
Boyek dAgen La Sonate à Pauline
JACK Pengil Petit Courrier
des Arts
Gilbekt Charles. Les Tendances
de la Jeune Poésie
(Uneenquêtolittévaire)
Julien Oghsê Uavarni écrivain et
directeur de journal
Léom Rosenthal. Au pays des gemmes
Maurice Levaillant Lectures Françaises
(Quelques Revues}
JACQUES Patin. Chez le Libraire
Ladvocat Petit Courrier
des Lettres
Page Jtfusi'cafe
Henri Busseu Noces Corinthiennes
L'Aurore sur les Ruines
Par M. Gèorges BOURDON \,i)
Les Travaux municipaux,
et l'Industrie, à Soissons
J..I
A Soissons, comme clans butes les
villes dévastées, s'est' jouée," eu trois
époques, la fable -éternelle de Perrette et
du pot au lait, mais- avec une variante
c'est que le premier rôle n'y fui point
pour l'imagination de Perrelto.
Première époque. Le lendemain
du 11 novembre. L'Allemagne est à ge-
noux. La terre française est dévastée,
nos villes et, nos villages sont rasés.
« L'Allenoagiie payera », vaticinent. no,s
augures. « Jusqu'à son dernier mark,
nous viderons ses poches » tonne,
dans un transport, Lloyd George qui,
alors, ne s 'étant pas encore révélé Da-
niel, ne se lasse point de répéter Isaïe
« Lorsque vous étendrez vos mains, je
cacherai mes yeux lorsque vous mul-
tiplierez vos requêtes, je ne lès exauce-
rai point. Moab (lisez le Reich) sera
foulé sous l'Eternel, comme on foule la
paille pour en faire du fumier »
C'est le moment que, dans l'optimis-
me universel, montent, du sac de la Sa-
gesse des Nations, toutes les formules
favorables. « A quelque chose, malheur
est. bon », murmurent aux oreilles des
sinistrés des voix insinuantes, et 1a plus
pressante de ces voix est celle de l'Etat.
« Oui, me dit le maire, M. Marquigny,
c'est l'Etat qui nous poussait. Soissons
est détruit ? Un 'Soissons modèle va.
jaillir de ses ruines. Percez, élargissez,
(1) Voir teFigaro des 26, 29. 31 mars 5, 11, 1G,
18, 27, 30 avril et 5 mui.1922.
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