Titre : Figaro : journal non politique
Éditeur : Figaro (Paris)
Date d'édition : 1922-02-02
Contributeur : Villemessant, Hippolyte de (1810-1879). Directeur de publication
Contributeur : Jouvin, Benoît (1810-1886). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 02 février 1922 02 février 1922
Description : 1922/02/02 (Numéro 33). 1922/02/02 (Numéro 33).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
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Description : Collection numérique : La Commune de Paris Collection numérique : La Commune de Paris
Description : Collection numérique : France-Brésil Collection numérique : France-Brésil
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
68me Année- 3™* Série- N°33
le Numéro quotidien VINGT CENTIMES EN FRANCE
Jeudi 2 Février 1922
Gaston CALMETTE
Directeur ( 1Q02-ÏÇ14)
RÉDACTION ADMINISTRATION 1
26, Eue Drouot, Paris (9« Ait»)
Secrétaire général EDOUARD CALMETTE
POUR LA PUBLICITÉ
LES ANNONCES ET LES RÉCLAMES
H. DE VILLEMESSANT
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S'adresser, 26, rue Drouot, à l'Hôtel du FIGARO
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Le Conclave
et ses mystères
Il n'existe probablement pas au monde
tine politique plus délicate ni plus com-
pliquée que celle du Vatican. Le Pape
figure dans l'univers une force morale
immense, dont on vient enfin de s'avi-
ser chez nous, après avoir gâché bien
du temps. Or, ce-tte force doit demeurer
aussi prudente 'qu'elle sait se montrer
digne et noble en ses paroles, fine en ses
tendances, ferme en ses directives, non
moins que précise en ses messages, pour
ceux qui savent lire.
Ajoutons qu'il lui faut encore réaliser
maints prodiges d'équilibre et d'adres-
se, puisque le Saint-Père n'a ni canons,
ni territoire, tant il y a que sa puissance
repose uniquement, d'une part, sur la
foi des fidèles et leur soumission mais
aussi, d'autre part, sur la haute et mer-
veilleuse autorité d'une diplomatie qui
aie doit connaître l'impatience ni l'irri-
tation, non plus que commettre le plus
petit abus, le plus léger manque de tact,
bref la moindre erreur.
Par l'effet admirable de la continuité,
de la modération, de l'habileté, de la
plus haute tenue et d'une profonde sa-
gesse, le Saint-Siège est parvenu à s'im-
poser parmi toutes les nations, celles-ci
fussent-elles musulmanes, bouddhistes
ou ce que l'on voudra tel est donc le
chef-d'œuvre de la politique vaticane,
savante autant qu'inspirée, fruit sans
pareil de la méditation, de la prière, de
l'expérience, de la tradition et de la con-
naissance des âmes.
Des historiens, des pliîîosopnes ont
passé des années à étudier cet-te politi-
que raffinée. Ils ont parfois consacré de
gros volumes, bourrés de notes et forti-
fiés par des documents sans nombre, à
S 'examen d'un seul pontificat, ou mieux,
de quelques années, de quelques semai-
nes au besoin dans le cours d'un ponti-
ficat tant il est laborieux, 'subtil et peu.
aisé de saisir le fll d'Aria,ne à travers le
labyrinthe des faits diplomatiques, éco-
nomiques, psychologiques et religieux
dont l'Eglise ne laisse jamais de tenir
compte Sujet sans limites, et souvent
plus insaisissable que l'ombre id'un nua-
ge ou le reflet d'un rayon,sur l'eau 1
«*#
Or, il n'y a petitedamé ni penseur des
grands bars, Célimène en son boudoir
ni jeune Dorante en son dancing, qui ne
se forme une idée, actuellement, sur les
directions de la politique au Vatican. Et
qu'est-ce à dire, les directions ? On en
connaît les coulisses et le fin mot dans
les moindres salons de la plaine Mon-
ceau comme chez tous les couturiers
des Champs-Elysées. Le Conclave est
tout ce qu'il y a de plus parisien. De-
mandez aux midinettes si chacune d'el-
des n'a pas son candidat et elle sait
pourquoi.
Le cardinal Un Tel est on ne peut
.plus germanophile, ma chère D'ail-
leurs, cela .se lit dans ses yeux tu as vu
son portrait dans les journaux ? 'l
Moi, j'aime mieux Son Eminen-
ce X. Avec lui, on sait du moins sur
quel pied danser. Et comme il serait
bien en blanc, hein ? '?
Encore ces demoiselles ne songent-
lelles au Conclave qu'à leurs moments
,vraiment perdus. Mais il faut entendre
les dames et les messieurs des dîners en
ville' Si .les maîtresses de maison sa-
vaient vraiment ce qu'est la reconnais-
sance, elles s'uniraient toutes, après cha-
que Conclave, pour offrir au nouveau
Pape quelque témoignage éminent de
leur gratitude.
Impossible, en effet, que la conversa-
tion s'arrête à Paris, ni seulement lan-
guisse, lorsqu'on fait à Rome un Souve-
rain Pontife. Un causeur bien renseigné
11s le sont tous prend la parole afin
d'expliquer comment sont logés les
conclavistes, et de quelle façon arrivent
les repas des Eminences. Un second
connaît, minute par minute, l'emploi de
leurs journées, ou la façon dont, sans
qu'il y paraisse, une correspondance co-
lossale leur parvient. Un troisième tient
registre des mots que font ceux des car-
dinaux dont on remarque habituellement
la finesse et .l'ironie il note les rencon-
tres sensationnelles de certains prélats,
Bes coïncidences évidemment préparées.
Un quatrième.
Non, une quatrième, car, cette fois,
c'est bien souvent une dame charmante
qui, tout en se remettant du, rouge sur
les lèvres, apprend à l'auditoire qu'en
dépit de la caducité où vient de tomber
cet étrange droit dit de « l'exclusive », il
est néanmoins certain que l'Espagne ne
veut pas de tel cardinal, ni d'ailleurs 'a
France de tel autre et voilà deux papa-
bili qui jonchent le tapis. « Et de qui te-
nez-vous cela, madame ? Oh d'un .le
mes danseurs, dont le frère est abbé. »
Rien, rien de tout cela n'est vrai, na-
turellement, pas un mot Mais le dîner
passe .comme un rêve. La maîtresse de
maison ne se tient plus d'orgueil.
Peut-être même se trouve-t-il là un
spécialiste. Car il y a des spécialistes
pour temps de Conclave. Ce sont des
anecdotiers réputés, qui parlent en sou-
riant et tous du même sourire res-
pectueusement frondeur des Papes
possibles ou probables, ainsi que-des
Pontifes défunts. Puis< quittant brusque-
ment ce ton de persiflage déférent, ils
s'expriment soudain, de temps à autre,
à la manière de Bossuet revu par Bar-
bey d'Aurevilly. Ce contraste est tou-
jours très apprécié dans le monde, pen-
dant les six semaines qui suivent la
mort du Saint-Père.
.Malheureusement, nos fameux spécia-
listes profitent infailliblement de leur
succès pour nous faire un cours de po-
litique pontificale, à quoi, neuf fois sur
dix, ils n'entendent pas plus que nous.
Quoi ça les amuse. Et nous aussi,
après tout.
Au fond,, ce qui attache si fort la cu-
riosité mondaine aux Conclaves, c'est
un certain romanesque d'un genre facile.
En dehors de la sincère et profonde émo-
tion qu'un catholique éprouve à s'inter-
roger touchant le prince de l'Eglise dont
on va faire un nouveau Pape, il est cer-
tain qu'on a depuis longtemps raconté
trop d'historiettes plus ou moins folles,
et fait courir trop de légendes au' sujet
des élections pontificales, pour que les
imaginations ne tourbillonnent point,
dès qu'il s'agit d'enfermer les cardinaux
au Vatican. Il n'y a duchesse qui ne ca-
che au fond d'elle-même, le plus sou-
vent, une Jenny l'ouvrière dont les yeux
s'arrondissent au cinéma, ni viveur plein
d'expérience en qui •pourtant ne som-
meille quelque badaud émerveillé. Aus-
si, quelle aventure savoureuse qu'un
beau Conclave, bien farci de mystères 1
Quel iïlm saisissant que les h intrigues
vaticanes »
Cela ne nuit à personne, il est vrai,
mais au contraire aide à tuer le temps.
Gardons-nous cependant de trop Il mar-
cher ». Quand Emile Zola préparait sa
Rome, il s'en fut là-bas pour se -docu-
menter. Et J'on sait qu'il ne badinait
point, chaque fois qu'il se documentait.
Le visage sévère et le crayon en main, il
dit à un Romain Il Instruisez-moi main-
tenant des intrigues vaticanes. » L'autre
était de bonne humeur fil conta des
drames épouvantables et absurdes au
pauvre écrivain, qui ensuite les plaça
tous, sans sourciller, dans son roman.
Ne soyons pas si simples. Et même,
méfions-nous un peu des trop subtils
devins en fait de politique &i d'élections
pontificales. Rappelons-nous qu'il y a
quelques semaines, c'était l'âme de M.
Lloyd George qu'ils débrouillaient tout
aussi bien. Les voici trop savants. Si
l'on découvrait tout à l'heure une comè-
te, ils nous diraient aussitôt de quelle
matière sa traîne est faite, et citeraient
le nom du couturier.
Marcel Boulenger.
AU JOUR LE JOUR
.11
DAMES SEULES
Dans les almanachs Vermot qui font la
joie de Romorantin mais il y a si peu de
joies à Rotuorantiu! on voit généralement
un dessin qui représente un nègre, se pro-
menant avec des manchettes à ses poignets,
et remarquant ingénieusement que le noir
est toujours habillé. Les plaisanteries les
plus vieilles sont les meilleures, et les bla-
gues, qui ont fait rire Noé, feront rire long-
temps encore, à condition, bien entendu, de
les traduire.
Eh bien! j'ai tout de même vu, hier soir,
un nègre habillé. Il était en smoking, et sa
bonne figure brillait d'un éclat tout parti-
culier au-dessus de son' plastron blanc. Sa
fierté était grande, et il avait l'air de se
croire le lion noir de la réunion.
Assis à une petite table, il dînait tran-
quillement, en face d'un bouquet de pivoi-
nes. Le rouge et le noir, comme l'a spirituel-
lement découvert Stendhal, vont bien en-
semble.
C'était dans un petit restaurant très élé-
gant, très amusant, d'une jraielé toute par-
ticulière, avec ses rideaux à carreaux rou-
ges et blancs, son imitation 'de vaisselle
campagnarde, et tout ce toc destiné à rap-
peler la Normandie. On se serait cru à
Deauville.
Non loin de nous était une grande femme
blonde, assise en face d'un monsieur, petit,
sec, et décoré de la Légion d'honneur. Elle
avait un visage calme et doux, elle était
grande, elle était belle, elle avait des bras
superbes et probablement développés par les
sports, car son accent révélait une Améri-
caine.
Et je la regardais avec respect en son-
geant
« Ce n'est pas une femme pour moi »
On a beau avoir la taille*officielle des cui-
rassiers. Il ne faut pas aimer de femme qui
dépasse la taille officielle des dragons.
Car je n'ai pas lu depuis longtemps les
règlements de la cavalerie, mais je suis sûr
qu'elle dépassait la taille officielle des dra-
gons.
Elle n'avait pas l'air de s'en soucier. Ac-
coudée sur la table, elle fumait tranquille-
ment, dans un porte-cigarettes aussi long
qu'une phrase de M. Marcel Proust, mais
heureusement plus simple.
A ce moment et non à un autre, le nègre,
brusquement redressé dans son smoking,
frappa sur son assiette pour appeler la chas-
seresse, qui était le féminin du chasseur.
C'était une dame ornée d'un dolman à bou-
tons. Il la pria de transmettre aux musiciens
la demande d'un air. Et la chasseresse, aus-
sitôt, courut transmettre à l'orchestre la
commande du nègre.
L'orchestre attaqua une mélodie très dou-
ce, que je ne connaissais point, et qui est
certainement exotique. Le bruit du restau-
rant se tut.. Et le nègre sourit avec extase,
comme si l'on venait de lui donner le Prix
Concourt.
J'écoutais. Le petit monsieur sec et décoré
de la Légion d'honneur parlait, parlait à
voix basse. Il agitait des affaires; la musi-
que ne semblait pas l'impressionner.
En face de lui, la grande femme blonde
était appuyée plus mollement. Ses cils se
fermaient doucement sur ses yeux. Elle re-
gardait à travers moi, à travers le monsieur
décoré de la Légion d'honneur, à travers le
nègre, à travers tout le restaurant et toutes
ces contingences.
Quels 'rêves la touchaient de leur aile?
Et vers quelles régions inaccessibles était-
elle emportée par la musique?
Les rêves sont des avions sans itinéraires,
sans horaires, sans fils conducteurs dans la
brume, et la terre y paraît plus belle, parce
qu'on ne la voit pas de trop près.
On est très haut, dans de l'air plus frais,
on traverse des nuages qui sont peut-être
des images de chinchilla; on glisse dans du
Loué par ceux-ci, blâmé par ceux-là, me moquant des sots, bravant les méchants, je me presse
de rire de tout. de peur d'être obligé! d'en pleurer. » (BEAUMARCHAIS).
bleu, dans ce bleu qui va si bien aux .lon-
gues femmes blondes.
Etjemedisais:
Que. cet homme est naïf, et qu'il a tort
de parler si vite, et de ne pas s'apercevoir
que sa femme voyage en ce moment dans
le compartiment des dames seules. Visible-
ment, il ne la comprend pas. Pour moi, je
ne prétends pas la comprendre.Elle est Amé-
ricaine, c'est-à-dire inattendue dans tout ce
qu'elle fait. Elle doit aller à Biarritz sans
qu'on sache pourquoi, et elle doit écrire,
d'une écriture pointue des lettres mauves, où
elle ne dit pas le quart de ce qu'elle
pense!
Le monsieur à la fin s'était tu. Elle ne
s'en était même pas aperçue, penchée sur sa
cigarette qui se consumait rapidement et ne
laissait que des cendres comme les son-,
ges. Elle semblait accablée par le des-
tin.
Et je songeais
Ils vont partir d'ici tout à l'heure
Qu'est-ce qu'ils pourront bien se dire en
rentrant? Cela ne ressemblera pas à la scè-
ne du balcon, de Roméo et Juliette. Combien
y a-t-il de milliers de ménages pareils?.
On a tort de médire des nègres. Celui-là,
par ses goûts sentimentaux, nous avait pro-
curé une belle minute.
Je me levai. J'appelai la chasseresse; je
mis tranquillement mon pardessus. La dame
m'honora d'un regard de curiosité.
Et je m'en allai sans me retourner, car elle
dépassait vraiment trop la taille des hus-
sards, soit environ i mètt'e 65, ce qui est
pour une femme honnête ou non la
moyenne honnête.
Hervé Lauwick.
ECHOS
Gibier prohibé. ̃
A quoi tiennent les destinées des pas-
sereaux Depuis qu'il est installé bou-
levard du Palais, M. Leullier,s'est épris
des chants d'une fauvette qui, chaque
matin, vient, sur la fenêtre de son ca-
binet, donner une aubade au préfet de
police.
Il a su, d'autre part, qu'on vendait
aux Halles sous le nom d'alouettes, non
seulement ce fin gibier-là, mais aussi
des mésanges, des rouges-gorges et mê-
me des fauvettes.
Et pour le salut de sa petite chanteu-
se, autant que pour la probité du com-
merce, .il a lancé une ordonnance inter-
disant, sous des peines sévères, la chas-
se de tout autre passereau que l'alouet-
te la chasse, et la vente aussi, car les'
braconniers ne sont pas moins redouta-
bles que les chasseurs.
L'ère des économies.
On consomme, tous .les jours, dans les
cabinets d'instruction, pour 200 francs
de timbres à soixante centimes, desti-
nés aux lettres recommandées.
Ces 200 francs ne font que sortir des
caisses publiques tpour y rentrer ensuite;
mais s'ils figurent comme recettes aux
P. T. T., il comptent comme dépenses à
la Justice dépenses inutiles."
Un fonctionnaire du greffe estima
qu'il était possible de faire une économie
sur ce chapitre.
Il écrivit donc un rapport soigné dans
lequel il préconisa la création d'un .car-
net où il suffirait d'inscrire les noms et
adresses des justiciables auxquels on
adressait des lettres recommandées et
d'apposer un cachet sur chaque feuille
puis il transmit le mémoire à qui de
droit, par la voie hiérarchique.
Dès le premier échelon, il lui a été
signifié d'avoir à s'occuper uniquement
de justice et de (laisser la question des
timbres aux finances.
On n'alla cependant pas jusqu'à le
blâmer. _w^
La « Grande Maison dé Blanc », bou-
levard des Capucines, Paris, qui lisse-
son linge elle-même, à Haubourdin
(Nord), continue son Exposition de Blanc
dont le succès s'affirme de jour en jour.
La danse et M. le sous-prôfe-t.
Les sous-préfets n'aiment pas la danse.
C'est bien bon-nu depuis Paul-Louis
Courier. Le premier magistrat de l'ar-
rondissement de Sarrebourg ne fait pas
exception à cette loi littérairement si
bien établie.
Non content d'interdire aux jeunes
gens et jeunes filles de moins de 16 ans,
l'entrée de ces dancings sans faste, dont
un piston, une basse et une clarinette
composent le rustique jazz-band, il vient
de rappeler aux maires que seules les
rondes enfantines sont permises à la
jeunesse dorée de Sarrebourg et de ses
environs.
M. le sous-préfet exagère Passe nour
le tango, passe pour le shimmy, mais les
quadrilles qu'aimèrent nos grand'tan-
tes, la valse qui les entrainait dans son
sphérique empire, méritent plus d'indul-
gence.
Les rondes enfantines à quinze ans,
alors que tous les gens d'expérience af-
firment qu'il n'y a plus d'enfants Mais
rassurons-nous. Ce décret ne sera ja-
mais homologué par le consentement po-
pulaire et son seul résultat sera de don-
ner à la chaste polka elle-même l'attrait
du fruit défendu'.
Le parfait domestique.
Un homme politique qui fut, à ses
heures, quelque peu diplomate, donnait
un dîner l'autre soir.
La veille, avec beaucoup d'à-propos et
en souriant finement, son maître d'hô-
tel avait résigné ses fonctions.
Ennuyé, le diplomate dut téléphoner
à certaine agence qui lui procura sur-le-
champ un maître d'hôtel « muni des
meilleures références ».
Il n'a servi que dans de grandes
maisons, ajoutait-on. Il est parfait.
Grave et de geste sec, cet homme avait
bon air.
Au dîner, un convive contât) ne anec-
vités riaient.
C'est alors que d'une voix retentis-
sante, le maître d'hôtel « n'ayant servi
que dans de grandes maisons », s'écria
Elle est vraiment bien bonne, mais
je la connaissais
Et des témoins ajoutent que le repas
se termina dans une atmosphère funè-
bre.
n La première en date des stations
pyrénéennes d'altitude, Font-Romeu est
digne, par son confort, d'attirer, hiver
comme été, les hôtes des deux Mondes
en leur offrant, dans un cadre idéal, le
soleil du Midi à 1.800 mètres. »
D'éminents professeurs de la Faculté
de médecine de Paris ont vérifié sur
place, ces jours derniers, l'opinion ainsi
formulée par un de leurs collègues.
Mêlés à la foule des patineurs et des
skieurs, ils ont pu apprécier la beauté
du site, la pureté du ciel, la limpidité de
l'air. L'un d'entre eux a baptisé Font-
Romeu le lieu rêvé de la « cure fami-
liale ».
Le mois de Février y est, en règle gé-
nérale, superbe et très propice au repos.
--o-
( PETITE HISTOIRE
Se dépuié guéri
J'ai Jiiauvaise mine, n'est-ce pas? ré-
pétait-il en allant par les couloirs. C'est le
foie, voyez-vous, le foie.
Puis quelques jours après
Je traîne quelque chose. Je tousse. et
l'estomac, ah l'estomac.
Un matin de l'autre semaine, il aborda
un de ses collègues qui est médecin (il y a
plusieurs médecins à la Chambre)
Ça ne va pas, lui dit-il. Rendez-moi
donc le service de m'ausculter.
Le médecin se rendit compte que l'éternel
malade était en très bonne santé
Eli! eh! lui dit-il, il vous faut pren-
dre des précautions. Restez chez vous pen-
dant huit jours, et faites une cure d'oxyde
d'hydrogène.
Vous croyez que.
C'est un médicament assez rude, mais
dans votre état, moi, je n'hésiterais pas. Je
vous enverrai un flacon.
Au bout de la semaine le député revint
Que de reconnaissance! Vous m'avez
sauvé! Je vais bien! 1
L'excellent homme ne connaissait pas la
formule chimique de l'eau pure.
C'est demain vendredi, 3 février, que'
le Palais de la Nouveauté. (Grands Maga-
sins, Diifay-el) fait son Exposition géné-
rale de Blanc. En vue de cette manifes-
tation attendue par la clientèle, de
grands efforts ont été faits pour réunir
un choix des plus imposants en Lingerie
•et Linge de Maison, mis en vente à des
prix réellement incomparables.
Cette Exposition, qui coïncide avec les
Journées des Coupons, vendredi et sa-
medi, sera d'un puissant attrait pour
les Maîtresses de maison à la recherche
d'occasions introuvables ailleurs et dont
un aperçu est annoncé en 6° page.
Samedi, au Salon de Thé-Concert, de
15 à 18 heures, Festival consacré aux
œuvres de Gounod Sélection, et frag-
ments symphoniques de Mireille, Phi-
lémon et Baucis, Reine de Saba, Roméo
et Juliette .et Faust (prélude, chœur,
ballet). Méditation et mélodie.
Le Masque de Fer.
La candidature de Mme Curie
Mme Curie va-t-elle s'asseoir dans le
fauteuil laissé vide par Edmond Perrier?
L'Académie de médecine en décidera
mardi procnain. Tout porte à croire que
l'unanimité se fera sur ce grand nom
dont s'honore la. science française.
D'ailleurs, dans un geste qui était
mieux que de la courtoisie, mais un
hommage, tous les candidats se sont re-
tirés devant Mme Curie. Les journaux
d'hier annonçaient cependant que l'un
d'eux, le docteur André Gastex, ne s'é-
tait point désisté.
Nous avons vu le docteur Castex, à
qui son talent permet de briguer les suf-
frages de l'Académie de médecine, et il
nous a annoncé qu'il s'était désisté le
matin même. 1 1
Je n'ai jamais eu, nous a-t-il dit,
l'intention de me poser en rival de Mme
Curie .voire en adversaire. J'ai fait ce
qu'ont fait mes confrères puisque, d'un
commun accord, nous avions décidé de
retirer nos candidatures.
Je pense que dans ces conditions rien
ne s'oppose à la nomination de Mme Cu-
rie et je serai des premiers à y applau-
dir. Je ne pense pas que les règlements
de l'Académie interdisent à une femme
d'y siéger. D'ailleurs, comme l'a dit si
justement quelqu'un, « Mme Curie n'est
pas, une femme, mais, un grand hom-
me ».
A llnstitut du radium, nous avons vu
un des collaborateurs de Mme Curie qui
nous a confirmé ce qui avait déjà été dit,
à savoir que Mme uurie n'avait point
posé sa candidature et qu'elle entendait
rester étrangère à cette alfaire.
En somme, c'est l'Académie de méde-
cine qui offre un fauteuil à Mme Curie.
Le geste est déjà fait et l'élection de
mardi prochain ne pourra que le confir-
mer.
Ajoutons que l'éminente savante, fort
sensible à l'honneur qu'on lui fait, ne
songe point à repousser cette offre et
qu'elle ne reculera pas devant le sur-
croît de labeur que ne manquera pas de
lui apporter ce nouveau titre de gloire.
Démission du ministère portugais
Lisbonne, 1er février. Le président
Almeida a accepté la démission du mi-,
nistère.
M. Rathenau
à la Wilhelmstrasse
Pour son arrivée à la Wilhelmstrasse,
le docteur Rathenau va avoir à régler
l'incident de Haute-Silésie qui a coûté
la vie à deux soldats français. Il s'agit
d'un coup de main ilonguement préparé
par des bandes qui s'organisent depuis
des mois sous l'œil bienveillant des au-
torités impériales. Le gouvernement du
Reich osera-t-il sévir contre les panger-
manistes ? Ou se contentera-t-il d'offrir
à la France des satisfactions de pure
forme ?
M. Charles Laurent, notre ambassa-
deur à Berlin, a reçu des instructions
très fermes, nous n'en doutons pas. Le
nouveau crime commis contre nos sol-
dats, qui s'acquittent en Haute-Silésie
d'une dure mission pour le compte de
tous les Alliés, ne peut pas rester impuni
comme l'assassinat du commandant
Montalègre.
Les Allemands doivent s'apercevoir
qu'il y a quelque chose de changé en
France et que le temps des abandons- et
des complaisances est passé. Ils s'en
doutent, d'ailleurs, et leurs explosions
de haine contre M. Poincaré marquent
suffisamment la crainte que le chef du
gouvernement français leur inspire.
La nomination de M. Rathenau com-
me ministre des affaires étrangères pour-
rait faire croire à une certaine bonne
volonté de la part du gouvernement im-
périal, et les journaux de droite n'ont
pas manqué d'attaquer vigoureusement
le nouveau ministre. En réalité, le doc-
teur Wirth perfectionne un système qui
lui a permis jusqu'ici de conserver la
confiance des Alliés à peu de frais. M.
Rathenau a la réputation d'être un hom-
me avec lequel on peut causer. En effet.
Les conversations avec lui seront inter-
minables et n'aboutiront jamais. C'est
l'homme d'Allemagne et peut-être du
monde qui peut avoir le plus d'idées à
la fois. Il donnera certainement des sa-
tisfactions de principe, mais il prendra.
en même temps de sages précautions
pour que les pangermanistes ne l'exécu-
tent pas comme Erzberger. Ne croyons
pas.que M. Rathenau appartient à « la
bonne Allemagne ».
Jacques- Roujon.
CeS assassinats ~S Pptprcttnrff
les assassinats je Fetersaorrr
Notre ambassadeur exigera
des réparations
Berlin, 1er février. M. Charles Lau-
rent, ambassadeur de France, qui devait
se rendre à Paris pour conférer avec le
président du Conseil, a été prié par
M. Poincaré de rester à son poste pour
réclamer au gouvernement allemand les
explications et les réparations jugées
nécessaires par le gouvernement fran-
çais à la suite de l'agression dont vien-
nent d'être victimes, à Petersdorff, des
soldats français.
Comment fut perpétré l'attentat
Oppeln, lor février. Voici exacte-
ment dans quelles circonstances s'est
produite l'agression de Petersdorff con-
tte les soldats français.
C'est pour se venger de la saisie d'un
important matériel de guerre (mitrail-
leuses, fusils, etc.), pratiquée lundi soir,
et pour tenter d'en reprendre possession
qu'une bande d'Allemands a entouré et
attaqué, dans la nuit suivante, le caser-
nement du 27° bataillon de ohasseurs à
pied. Des grenades ont été lancées con-
tre le casernement. Le poste français a
pris aussitôt les armes et a riposté. Un
Allemand a été tué et laissé sur le ter-
rain. Quelques agresseurs ont été bles-
sés, mais tous ont pris la fuite avec une
telle hâte qu'aucune arrestation n'a été
opérée.
Du côté français, on compte deux tués
et une vingtaine de blessés, dont deux
grièvement et six sérieusement.
La Commission de contrôle interalliée
s'est saisie immédiatement de l'incident.
Elle a commencé une enquête et va ré-
clamer des sanctions. Le gouvernement
français, de son côté, exigera des répa-
rations pour H 'agression dont ont été vic-
times ses nationaux.
La violence et la méthode qui ont pré-
sidé à l'exécution de cette agression font
penser à l'existence persistante en Hau-
te-Silésie d'organisations secrètes bien
disciplinées et parfaitement encadrées. A
titre d'exemple, le réseau téléphonique
avait été au préalable coupé. On signale
du reste une recrudescence des concen-
trations allemandes à la frontière de
Haute-Silésie.
Nouveaux détails
Oppeln, ier février. La bande armée
allemande qui a attaqué à la grenade, à
Petersdoril, près Gleiwit,z, le caserne-
ment d'une compagnie française du 27°
chasseurs à pied, était à l'effectif d'une
compagnie elle était commandée et or-
ganisée militairement.
L'attaque a eu lieu le 31 janvier à
trois heures du matin. Les assaillants
ont été repousses grâce à la vigilance des
sentinelles et ont laissé 2 morts sur le
terrain.
Les pertes françaises sont de 20 bles-
sés, dont 2 sont considérés comme per-
dus.
Il est à remarquer que la veille, un
dépôt d'armes important contenant des
fusils, des mitrailleuses, des .munitions
et des (grenades avait été saisi, dans la
localité de Petersdorff.
D'autre part, à Oberglogau, ancien
siège du commandement du. général
Hoefer, les autorités alliées avaient déjà
Abonnements trois mois six mois UN An
Parts, Départements ) oo » _7 r
et Colonies françaises ) »* » ̃ «8 » 54 »
̃Étranger Union postale. 21 50 43 » 84 •
un • abonna dans tous les bureaux de poste
de France et d'Algérie
capturé des approvisionnements mili-'
laires considérables, des équipements,
des habillements et des harnachements,
à l'effectif de deux régiments.
Là aussi, une bande armée alleman-
de, munie de camions, a attaqué un pos-
te de policiers qui gardaient un de ces
dépôts et est parvenue à enlever des sel-
les et des harnachements correspondant
à l'effectif d'une batterie. Ces attentats'
mettent en lumière les dangers que font
courir à l'ordre, en Haute-Silésie, les or-
ganisations militaires sécrètes, alleman-
des.
Les projets militaires
ne seront pas modifiés
A la suite de certaines informations
touchant les intentions du gouverne--
ment à l'égard des projets militaires, la
commission de l'armée de la Chambre a
chargé, hier après-midi, son président,
le général de Castelnau, de se rendre au-
près du président du Conseil.
Le général de Castelnau ayant deman-
dé à M. Poincaré si ces informations
étaient exactes, a reçu du président du
Con&eil l'assurance que le gouverne-
ment n'avait nullenient .envisagé une
modification du projet de loi- sur le "re-
crutement, ni l'ajournement de la dis-
cussion en séance publique.
Cette discussion aura donc lieu, ainsi
qu'il en a été décidé, immédiatement
après le vote du budget des dépenses
recouvrables.
Dans la Chapelle Sixtine
~.+-
A la mémoire de Benoît XV
L,e vote d'aujourd'hui
(De notre envoyé spécial)
Rome, 1er février.
L'amitié d'un prélat romain m'a per-
mis d'assister aujourd'hui dans la Cha-
pelle Sixtine, près du patrî-irchit ro-
main et du corps diplomatique, aux der-
nières cérémonies solennelles qui clô-
turent les novenidiales.
Toute l'autre semaine, c'était dans la
basilique de Saint-Pierre que se dérou-
laient les funérailles du Pape. Elles s'a-
chèvent, ces jours-ci, dans le Vatican
même, par une cérémonie qui, durant
trois matins, va se répéter semblable.
Le cadre n'est plus l'immense vaisseau
de la basilique, mais dans la nef plus
étroite, plus chaude et plus vivante do
la chapelle que Michel-Ange a rendue
fameuse. Hier, dans ce même lieu, le
Pape encore vivant officiait, ponlifica-
lement. Aujourd'hui, sur son calafal-
que, les cardinaux jettent l'eau bénile
demain, un à un, ils iront porter de-
vant l'autel où brûlent les cierges li-
turgiques leur bulletins de vole qui fe-
ront le Pape.
Car c'est demain qu'après la messe
du Saint-Esprit, à laquelle les cardinaux
assisteront aussi en cappa, commence-
ront les opérations du scrutin dont ]n
cardinal Vannutelli, premier-évêque',
annoncera le résultat, avant que le ca r-
dinal Bisleti, premier-diacre, ne fasse
connaître à la foule le nomi de l'élu.
Ce matin, ce sont des chants de dou-
leur, graves et plaintifs, des mélodies
grégoriennes qui' disent le deuil de l'E-
glise. Au centre de la'Sixtine, un grand
catafalque se dresse sur les parois du-
quel, en lettres d'or, sont peintes' les
inscriptions rappelant les dates princi-
pales du pontificat dernier. Aux an-
gles, de hauts candélabres élèvent des
cierges allumés. Sur le catafalque, la
bière surélevée que recouvre un drap
de velours cramoisi où les armes du
Pape jettent des notes claires et que
surmonte la tiare. Une rangée- de cier-
ges jaunes entoure le cercueil. Nos
grands catafalques de Paris sont plus
luxueux que ce simple monument.
Mais, de chaque côté de la balustra-
de qui ferme la Sixtine, jusqu'au maî-
tre-autel que surplombe le Jugement
dernicr, un grand banc se prolonge sur
lequel viennent s'asseoir dans l'ordre
de leur promotion tous les cardinaux.
Le Pape, vivant, réunit rarement au-
tour de lui toute la cour cardinalice.
Le Sacré-Collège est presque complet
pour enterrer le Pape.
A l'entrée de la Sixtine, les gardes
suisses, vêtus de leur costume antique-
que Michel-Ange dessina bandes jau-
nes, bandes rouges, hallebardes en
main, casques en tête, présentent les
armes, ainsi que les gardes nobles, en
bottes noires, pantalon de. peau "blan-
che, tunique écarlate casque avec une
grande crinière noire. De-ci, de-là, des
camériers d'honneur, de cape et di nu-
mere, des massiers, des avocats consis-
toriaux. En tête, marche le cardinal
Vannutellr, doyen du Sacré-Collège,
puis tous les autres cardinaux qui sont
près de cinquante, suivis de concla-
vistes vêtus de l'ample cape violette.
Au passage, on nomme les papabiti,
Ratti, Gasparri, Lafontaine, Lega, Lau-
renti, Lualdi. On admire la silhouette
majestueuse du cardinal Kakoswki de
Varsovie, la froideur distinguée' de
Merry del Val, la grâce un peu ma-
niérée de Bisleti, la beauté un peu
grasse d'Ascalesi. Un murmure d'émo-
tion nomme le cardinal Luçon, de
Reims, l'admiTation salue la grande fi-
gure du primat de Malines, le cardinal
Mercier.
Tous les cardinaux ont revêtu la cap-
pa violette sur laquelle on jette le collet
d'hermine blanche, seule la barrette a
la' couleur pourpre. Une seule note sonv
bre, la grande cape noire, au collet de
fourrure noire du cardinal Gasquel, bé-
nédictin, tranche sur la longue Jiûne
violette et blanche que, des deux côt&a
;ULIII
nen1
le Numéro quotidien VINGT CENTIMES EN FRANCE
Jeudi 2 Février 1922
Gaston CALMETTE
Directeur ( 1Q02-ÏÇ14)
RÉDACTION ADMINISTRATION 1
26, Eue Drouot, Paris (9« Ait»)
Secrétaire général EDOUARD CALMETTE
POUR LA PUBLICITÉ
LES ANNONCES ET LES RÉCLAMES
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S'adresser, 26, rue Drouot, à l'Hôtel du FIGARO
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à r Agence Havas, 62, rue de fiic/ie/ieu, Paris
Le Conclave
et ses mystères
Il n'existe probablement pas au monde
tine politique plus délicate ni plus com-
pliquée que celle du Vatican. Le Pape
figure dans l'univers une force morale
immense, dont on vient enfin de s'avi-
ser chez nous, après avoir gâché bien
du temps. Or, ce-tte force doit demeurer
aussi prudente 'qu'elle sait se montrer
digne et noble en ses paroles, fine en ses
tendances, ferme en ses directives, non
moins que précise en ses messages, pour
ceux qui savent lire.
Ajoutons qu'il lui faut encore réaliser
maints prodiges d'équilibre et d'adres-
se, puisque le Saint-Père n'a ni canons,
ni territoire, tant il y a que sa puissance
repose uniquement, d'une part, sur la
foi des fidèles et leur soumission mais
aussi, d'autre part, sur la haute et mer-
veilleuse autorité d'une diplomatie qui
aie doit connaître l'impatience ni l'irri-
tation, non plus que commettre le plus
petit abus, le plus léger manque de tact,
bref la moindre erreur.
Par l'effet admirable de la continuité,
de la modération, de l'habileté, de la
plus haute tenue et d'une profonde sa-
gesse, le Saint-Siège est parvenu à s'im-
poser parmi toutes les nations, celles-ci
fussent-elles musulmanes, bouddhistes
ou ce que l'on voudra tel est donc le
chef-d'œuvre de la politique vaticane,
savante autant qu'inspirée, fruit sans
pareil de la méditation, de la prière, de
l'expérience, de la tradition et de la con-
naissance des âmes.
Des historiens, des pliîîosopnes ont
passé des années à étudier cet-te politi-
que raffinée. Ils ont parfois consacré de
gros volumes, bourrés de notes et forti-
fiés par des documents sans nombre, à
S 'examen d'un seul pontificat, ou mieux,
de quelques années, de quelques semai-
nes au besoin dans le cours d'un ponti-
ficat tant il est laborieux, 'subtil et peu.
aisé de saisir le fll d'Aria,ne à travers le
labyrinthe des faits diplomatiques, éco-
nomiques, psychologiques et religieux
dont l'Eglise ne laisse jamais de tenir
compte Sujet sans limites, et souvent
plus insaisissable que l'ombre id'un nua-
ge ou le reflet d'un rayon,sur l'eau 1
«*#
Or, il n'y a petitedamé ni penseur des
grands bars, Célimène en son boudoir
ni jeune Dorante en son dancing, qui ne
se forme une idée, actuellement, sur les
directions de la politique au Vatican. Et
qu'est-ce à dire, les directions ? On en
connaît les coulisses et le fin mot dans
les moindres salons de la plaine Mon-
ceau comme chez tous les couturiers
des Champs-Elysées. Le Conclave est
tout ce qu'il y a de plus parisien. De-
mandez aux midinettes si chacune d'el-
des n'a pas son candidat et elle sait
pourquoi.
Le cardinal Un Tel est on ne peut
.plus germanophile, ma chère D'ail-
leurs, cela .se lit dans ses yeux tu as vu
son portrait dans les journaux ? 'l
Moi, j'aime mieux Son Eminen-
ce X. Avec lui, on sait du moins sur
quel pied danser. Et comme il serait
bien en blanc, hein ? '?
Encore ces demoiselles ne songent-
lelles au Conclave qu'à leurs moments
,vraiment perdus. Mais il faut entendre
les dames et les messieurs des dîners en
ville' Si .les maîtresses de maison sa-
vaient vraiment ce qu'est la reconnais-
sance, elles s'uniraient toutes, après cha-
que Conclave, pour offrir au nouveau
Pape quelque témoignage éminent de
leur gratitude.
Impossible, en effet, que la conversa-
tion s'arrête à Paris, ni seulement lan-
guisse, lorsqu'on fait à Rome un Souve-
rain Pontife. Un causeur bien renseigné
11s le sont tous prend la parole afin
d'expliquer comment sont logés les
conclavistes, et de quelle façon arrivent
les repas des Eminences. Un second
connaît, minute par minute, l'emploi de
leurs journées, ou la façon dont, sans
qu'il y paraisse, une correspondance co-
lossale leur parvient. Un troisième tient
registre des mots que font ceux des car-
dinaux dont on remarque habituellement
la finesse et .l'ironie il note les rencon-
tres sensationnelles de certains prélats,
Bes coïncidences évidemment préparées.
Un quatrième.
Non, une quatrième, car, cette fois,
c'est bien souvent une dame charmante
qui, tout en se remettant du, rouge sur
les lèvres, apprend à l'auditoire qu'en
dépit de la caducité où vient de tomber
cet étrange droit dit de « l'exclusive », il
est néanmoins certain que l'Espagne ne
veut pas de tel cardinal, ni d'ailleurs 'a
France de tel autre et voilà deux papa-
bili qui jonchent le tapis. « Et de qui te-
nez-vous cela, madame ? Oh d'un .le
mes danseurs, dont le frère est abbé. »
Rien, rien de tout cela n'est vrai, na-
turellement, pas un mot Mais le dîner
passe .comme un rêve. La maîtresse de
maison ne se tient plus d'orgueil.
Peut-être même se trouve-t-il là un
spécialiste. Car il y a des spécialistes
pour temps de Conclave. Ce sont des
anecdotiers réputés, qui parlent en sou-
riant et tous du même sourire res-
pectueusement frondeur des Papes
possibles ou probables, ainsi que-des
Pontifes défunts. Puis< quittant brusque-
ment ce ton de persiflage déférent, ils
s'expriment soudain, de temps à autre,
à la manière de Bossuet revu par Bar-
bey d'Aurevilly. Ce contraste est tou-
jours très apprécié dans le monde, pen-
dant les six semaines qui suivent la
mort du Saint-Père.
.Malheureusement, nos fameux spécia-
listes profitent infailliblement de leur
succès pour nous faire un cours de po-
litique pontificale, à quoi, neuf fois sur
dix, ils n'entendent pas plus que nous.
Quoi ça les amuse. Et nous aussi,
après tout.
Au fond,, ce qui attache si fort la cu-
riosité mondaine aux Conclaves, c'est
un certain romanesque d'un genre facile.
En dehors de la sincère et profonde émo-
tion qu'un catholique éprouve à s'inter-
roger touchant le prince de l'Eglise dont
on va faire un nouveau Pape, il est cer-
tain qu'on a depuis longtemps raconté
trop d'historiettes plus ou moins folles,
et fait courir trop de légendes au' sujet
des élections pontificales, pour que les
imaginations ne tourbillonnent point,
dès qu'il s'agit d'enfermer les cardinaux
au Vatican. Il n'y a duchesse qui ne ca-
che au fond d'elle-même, le plus sou-
vent, une Jenny l'ouvrière dont les yeux
s'arrondissent au cinéma, ni viveur plein
d'expérience en qui •pourtant ne som-
meille quelque badaud émerveillé. Aus-
si, quelle aventure savoureuse qu'un
beau Conclave, bien farci de mystères 1
Quel iïlm saisissant que les h intrigues
vaticanes »
Cela ne nuit à personne, il est vrai,
mais au contraire aide à tuer le temps.
Gardons-nous cependant de trop Il mar-
cher ». Quand Emile Zola préparait sa
Rome, il s'en fut là-bas pour se -docu-
menter. Et J'on sait qu'il ne badinait
point, chaque fois qu'il se documentait.
Le visage sévère et le crayon en main, il
dit à un Romain Il Instruisez-moi main-
tenant des intrigues vaticanes. » L'autre
était de bonne humeur fil conta des
drames épouvantables et absurdes au
pauvre écrivain, qui ensuite les plaça
tous, sans sourciller, dans son roman.
Ne soyons pas si simples. Et même,
méfions-nous un peu des trop subtils
devins en fait de politique &i d'élections
pontificales. Rappelons-nous qu'il y a
quelques semaines, c'était l'âme de M.
Lloyd George qu'ils débrouillaient tout
aussi bien. Les voici trop savants. Si
l'on découvrait tout à l'heure une comè-
te, ils nous diraient aussitôt de quelle
matière sa traîne est faite, et citeraient
le nom du couturier.
Marcel Boulenger.
AU JOUR LE JOUR
.11
DAMES SEULES
Dans les almanachs Vermot qui font la
joie de Romorantin mais il y a si peu de
joies à Rotuorantiu! on voit généralement
un dessin qui représente un nègre, se pro-
menant avec des manchettes à ses poignets,
et remarquant ingénieusement que le noir
est toujours habillé. Les plaisanteries les
plus vieilles sont les meilleures, et les bla-
gues, qui ont fait rire Noé, feront rire long-
temps encore, à condition, bien entendu, de
les traduire.
Eh bien! j'ai tout de même vu, hier soir,
un nègre habillé. Il était en smoking, et sa
bonne figure brillait d'un éclat tout parti-
culier au-dessus de son' plastron blanc. Sa
fierté était grande, et il avait l'air de se
croire le lion noir de la réunion.
Assis à une petite table, il dînait tran-
quillement, en face d'un bouquet de pivoi-
nes. Le rouge et le noir, comme l'a spirituel-
lement découvert Stendhal, vont bien en-
semble.
C'était dans un petit restaurant très élé-
gant, très amusant, d'une jraielé toute par-
ticulière, avec ses rideaux à carreaux rou-
ges et blancs, son imitation 'de vaisselle
campagnarde, et tout ce toc destiné à rap-
peler la Normandie. On se serait cru à
Deauville.
Non loin de nous était une grande femme
blonde, assise en face d'un monsieur, petit,
sec, et décoré de la Légion d'honneur. Elle
avait un visage calme et doux, elle était
grande, elle était belle, elle avait des bras
superbes et probablement développés par les
sports, car son accent révélait une Améri-
caine.
Et je la regardais avec respect en son-
geant
« Ce n'est pas une femme pour moi »
On a beau avoir la taille*officielle des cui-
rassiers. Il ne faut pas aimer de femme qui
dépasse la taille officielle des dragons.
Car je n'ai pas lu depuis longtemps les
règlements de la cavalerie, mais je suis sûr
qu'elle dépassait la taille officielle des dra-
gons.
Elle n'avait pas l'air de s'en soucier. Ac-
coudée sur la table, elle fumait tranquille-
ment, dans un porte-cigarettes aussi long
qu'une phrase de M. Marcel Proust, mais
heureusement plus simple.
A ce moment et non à un autre, le nègre,
brusquement redressé dans son smoking,
frappa sur son assiette pour appeler la chas-
seresse, qui était le féminin du chasseur.
C'était une dame ornée d'un dolman à bou-
tons. Il la pria de transmettre aux musiciens
la demande d'un air. Et la chasseresse, aus-
sitôt, courut transmettre à l'orchestre la
commande du nègre.
L'orchestre attaqua une mélodie très dou-
ce, que je ne connaissais point, et qui est
certainement exotique. Le bruit du restau-
rant se tut.. Et le nègre sourit avec extase,
comme si l'on venait de lui donner le Prix
Concourt.
J'écoutais. Le petit monsieur sec et décoré
de la Légion d'honneur parlait, parlait à
voix basse. Il agitait des affaires; la musi-
que ne semblait pas l'impressionner.
En face de lui, la grande femme blonde
était appuyée plus mollement. Ses cils se
fermaient doucement sur ses yeux. Elle re-
gardait à travers moi, à travers le monsieur
décoré de la Légion d'honneur, à travers le
nègre, à travers tout le restaurant et toutes
ces contingences.
Quels 'rêves la touchaient de leur aile?
Et vers quelles régions inaccessibles était-
elle emportée par la musique?
Les rêves sont des avions sans itinéraires,
sans horaires, sans fils conducteurs dans la
brume, et la terre y paraît plus belle, parce
qu'on ne la voit pas de trop près.
On est très haut, dans de l'air plus frais,
on traverse des nuages qui sont peut-être
des images de chinchilla; on glisse dans du
Loué par ceux-ci, blâmé par ceux-là, me moquant des sots, bravant les méchants, je me presse
de rire de tout. de peur d'être obligé! d'en pleurer. » (BEAUMARCHAIS).
bleu, dans ce bleu qui va si bien aux .lon-
gues femmes blondes.
Etjemedisais:
Que. cet homme est naïf, et qu'il a tort
de parler si vite, et de ne pas s'apercevoir
que sa femme voyage en ce moment dans
le compartiment des dames seules. Visible-
ment, il ne la comprend pas. Pour moi, je
ne prétends pas la comprendre.Elle est Amé-
ricaine, c'est-à-dire inattendue dans tout ce
qu'elle fait. Elle doit aller à Biarritz sans
qu'on sache pourquoi, et elle doit écrire,
d'une écriture pointue des lettres mauves, où
elle ne dit pas le quart de ce qu'elle
pense!
Le monsieur à la fin s'était tu. Elle ne
s'en était même pas aperçue, penchée sur sa
cigarette qui se consumait rapidement et ne
laissait que des cendres comme les son-,
ges. Elle semblait accablée par le des-
tin.
Et je songeais
Ils vont partir d'ici tout à l'heure
Qu'est-ce qu'ils pourront bien se dire en
rentrant? Cela ne ressemblera pas à la scè-
ne du balcon, de Roméo et Juliette. Combien
y a-t-il de milliers de ménages pareils?.
On a tort de médire des nègres. Celui-là,
par ses goûts sentimentaux, nous avait pro-
curé une belle minute.
Je me levai. J'appelai la chasseresse; je
mis tranquillement mon pardessus. La dame
m'honora d'un regard de curiosité.
Et je m'en allai sans me retourner, car elle
dépassait vraiment trop la taille des hus-
sards, soit environ i mètt'e 65, ce qui est
pour une femme honnête ou non la
moyenne honnête.
Hervé Lauwick.
ECHOS
Gibier prohibé. ̃
A quoi tiennent les destinées des pas-
sereaux Depuis qu'il est installé bou-
levard du Palais, M. Leullier,s'est épris
des chants d'une fauvette qui, chaque
matin, vient, sur la fenêtre de son ca-
binet, donner une aubade au préfet de
police.
Il a su, d'autre part, qu'on vendait
aux Halles sous le nom d'alouettes, non
seulement ce fin gibier-là, mais aussi
des mésanges, des rouges-gorges et mê-
me des fauvettes.
Et pour le salut de sa petite chanteu-
se, autant que pour la probité du com-
merce, .il a lancé une ordonnance inter-
disant, sous des peines sévères, la chas-
se de tout autre passereau que l'alouet-
te la chasse, et la vente aussi, car les'
braconniers ne sont pas moins redouta-
bles que les chasseurs.
L'ère des économies.
On consomme, tous .les jours, dans les
cabinets d'instruction, pour 200 francs
de timbres à soixante centimes, desti-
nés aux lettres recommandées.
Ces 200 francs ne font que sortir des
caisses publiques tpour y rentrer ensuite;
mais s'ils figurent comme recettes aux
P. T. T., il comptent comme dépenses à
la Justice dépenses inutiles."
Un fonctionnaire du greffe estima
qu'il était possible de faire une économie
sur ce chapitre.
Il écrivit donc un rapport soigné dans
lequel il préconisa la création d'un .car-
net où il suffirait d'inscrire les noms et
adresses des justiciables auxquels on
adressait des lettres recommandées et
d'apposer un cachet sur chaque feuille
puis il transmit le mémoire à qui de
droit, par la voie hiérarchique.
Dès le premier échelon, il lui a été
signifié d'avoir à s'occuper uniquement
de justice et de (laisser la question des
timbres aux finances.
On n'alla cependant pas jusqu'à le
blâmer. _w^
La « Grande Maison dé Blanc », bou-
levard des Capucines, Paris, qui lisse-
son linge elle-même, à Haubourdin
(Nord), continue son Exposition de Blanc
dont le succès s'affirme de jour en jour.
La danse et M. le sous-prôfe-t.
Les sous-préfets n'aiment pas la danse.
C'est bien bon-nu depuis Paul-Louis
Courier. Le premier magistrat de l'ar-
rondissement de Sarrebourg ne fait pas
exception à cette loi littérairement si
bien établie.
Non content d'interdire aux jeunes
gens et jeunes filles de moins de 16 ans,
l'entrée de ces dancings sans faste, dont
un piston, une basse et une clarinette
composent le rustique jazz-band, il vient
de rappeler aux maires que seules les
rondes enfantines sont permises à la
jeunesse dorée de Sarrebourg et de ses
environs.
M. le sous-préfet exagère Passe nour
le tango, passe pour le shimmy, mais les
quadrilles qu'aimèrent nos grand'tan-
tes, la valse qui les entrainait dans son
sphérique empire, méritent plus d'indul-
gence.
Les rondes enfantines à quinze ans,
alors que tous les gens d'expérience af-
firment qu'il n'y a plus d'enfants Mais
rassurons-nous. Ce décret ne sera ja-
mais homologué par le consentement po-
pulaire et son seul résultat sera de don-
ner à la chaste polka elle-même l'attrait
du fruit défendu'.
Le parfait domestique.
Un homme politique qui fut, à ses
heures, quelque peu diplomate, donnait
un dîner l'autre soir.
La veille, avec beaucoup d'à-propos et
en souriant finement, son maître d'hô-
tel avait résigné ses fonctions.
Ennuyé, le diplomate dut téléphoner
à certaine agence qui lui procura sur-le-
champ un maître d'hôtel « muni des
meilleures références ».
Il n'a servi que dans de grandes
maisons, ajoutait-on. Il est parfait.
Grave et de geste sec, cet homme avait
bon air.
Au dîner, un convive contât) ne anec-
C'est alors que d'une voix retentis-
sante, le maître d'hôtel « n'ayant servi
que dans de grandes maisons », s'écria
Elle est vraiment bien bonne, mais
je la connaissais
Et des témoins ajoutent que le repas
se termina dans une atmosphère funè-
bre.
n La première en date des stations
pyrénéennes d'altitude, Font-Romeu est
digne, par son confort, d'attirer, hiver
comme été, les hôtes des deux Mondes
en leur offrant, dans un cadre idéal, le
soleil du Midi à 1.800 mètres. »
D'éminents professeurs de la Faculté
de médecine de Paris ont vérifié sur
place, ces jours derniers, l'opinion ainsi
formulée par un de leurs collègues.
Mêlés à la foule des patineurs et des
skieurs, ils ont pu apprécier la beauté
du site, la pureté du ciel, la limpidité de
l'air. L'un d'entre eux a baptisé Font-
Romeu le lieu rêvé de la « cure fami-
liale ».
Le mois de Février y est, en règle gé-
nérale, superbe et très propice au repos.
--o-
( PETITE HISTOIRE
Se dépuié guéri
J'ai Jiiauvaise mine, n'est-ce pas? ré-
pétait-il en allant par les couloirs. C'est le
foie, voyez-vous, le foie.
Puis quelques jours après
Je traîne quelque chose. Je tousse. et
l'estomac, ah l'estomac.
Un matin de l'autre semaine, il aborda
un de ses collègues qui est médecin (il y a
plusieurs médecins à la Chambre)
Ça ne va pas, lui dit-il. Rendez-moi
donc le service de m'ausculter.
Le médecin se rendit compte que l'éternel
malade était en très bonne santé
Eli! eh! lui dit-il, il vous faut pren-
dre des précautions. Restez chez vous pen-
dant huit jours, et faites une cure d'oxyde
d'hydrogène.
Vous croyez que.
C'est un médicament assez rude, mais
dans votre état, moi, je n'hésiterais pas. Je
vous enverrai un flacon.
Au bout de la semaine le député revint
Que de reconnaissance! Vous m'avez
sauvé! Je vais bien! 1
L'excellent homme ne connaissait pas la
formule chimique de l'eau pure.
C'est demain vendredi, 3 février, que'
le Palais de la Nouveauté. (Grands Maga-
sins, Diifay-el) fait son Exposition géné-
rale de Blanc. En vue de cette manifes-
tation attendue par la clientèle, de
grands efforts ont été faits pour réunir
un choix des plus imposants en Lingerie
•et Linge de Maison, mis en vente à des
prix réellement incomparables.
Cette Exposition, qui coïncide avec les
Journées des Coupons, vendredi et sa-
medi, sera d'un puissant attrait pour
les Maîtresses de maison à la recherche
d'occasions introuvables ailleurs et dont
un aperçu est annoncé en 6° page.
Samedi, au Salon de Thé-Concert, de
15 à 18 heures, Festival consacré aux
œuvres de Gounod Sélection, et frag-
ments symphoniques de Mireille, Phi-
lémon et Baucis, Reine de Saba, Roméo
et Juliette .et Faust (prélude, chœur,
ballet). Méditation et mélodie.
Le Masque de Fer.
La candidature de Mme Curie
Mme Curie va-t-elle s'asseoir dans le
fauteuil laissé vide par Edmond Perrier?
L'Académie de médecine en décidera
mardi procnain. Tout porte à croire que
l'unanimité se fera sur ce grand nom
dont s'honore la. science française.
D'ailleurs, dans un geste qui était
mieux que de la courtoisie, mais un
hommage, tous les candidats se sont re-
tirés devant Mme Curie. Les journaux
d'hier annonçaient cependant que l'un
d'eux, le docteur André Gastex, ne s'é-
tait point désisté.
Nous avons vu le docteur Castex, à
qui son talent permet de briguer les suf-
frages de l'Académie de médecine, et il
nous a annoncé qu'il s'était désisté le
matin même. 1 1
Je n'ai jamais eu, nous a-t-il dit,
l'intention de me poser en rival de Mme
Curie .voire en adversaire. J'ai fait ce
qu'ont fait mes confrères puisque, d'un
commun accord, nous avions décidé de
retirer nos candidatures.
Je pense que dans ces conditions rien
ne s'oppose à la nomination de Mme Cu-
rie et je serai des premiers à y applau-
dir. Je ne pense pas que les règlements
de l'Académie interdisent à une femme
d'y siéger. D'ailleurs, comme l'a dit si
justement quelqu'un, « Mme Curie n'est
pas, une femme, mais, un grand hom-
me ».
A llnstitut du radium, nous avons vu
un des collaborateurs de Mme Curie qui
nous a confirmé ce qui avait déjà été dit,
à savoir que Mme uurie n'avait point
posé sa candidature et qu'elle entendait
rester étrangère à cette alfaire.
En somme, c'est l'Académie de méde-
cine qui offre un fauteuil à Mme Curie.
Le geste est déjà fait et l'élection de
mardi prochain ne pourra que le confir-
mer.
Ajoutons que l'éminente savante, fort
sensible à l'honneur qu'on lui fait, ne
songe point à repousser cette offre et
qu'elle ne reculera pas devant le sur-
croît de labeur que ne manquera pas de
lui apporter ce nouveau titre de gloire.
Démission du ministère portugais
Lisbonne, 1er février. Le président
Almeida a accepté la démission du mi-,
nistère.
M. Rathenau
à la Wilhelmstrasse
Pour son arrivée à la Wilhelmstrasse,
le docteur Rathenau va avoir à régler
l'incident de Haute-Silésie qui a coûté
la vie à deux soldats français. Il s'agit
d'un coup de main ilonguement préparé
par des bandes qui s'organisent depuis
des mois sous l'œil bienveillant des au-
torités impériales. Le gouvernement du
Reich osera-t-il sévir contre les panger-
manistes ? Ou se contentera-t-il d'offrir
à la France des satisfactions de pure
forme ?
M. Charles Laurent, notre ambassa-
deur à Berlin, a reçu des instructions
très fermes, nous n'en doutons pas. Le
nouveau crime commis contre nos sol-
dats, qui s'acquittent en Haute-Silésie
d'une dure mission pour le compte de
tous les Alliés, ne peut pas rester impuni
comme l'assassinat du commandant
Montalègre.
Les Allemands doivent s'apercevoir
qu'il y a quelque chose de changé en
France et que le temps des abandons- et
des complaisances est passé. Ils s'en
doutent, d'ailleurs, et leurs explosions
de haine contre M. Poincaré marquent
suffisamment la crainte que le chef du
gouvernement français leur inspire.
La nomination de M. Rathenau com-
me ministre des affaires étrangères pour-
rait faire croire à une certaine bonne
volonté de la part du gouvernement im-
périal, et les journaux de droite n'ont
pas manqué d'attaquer vigoureusement
le nouveau ministre. En réalité, le doc-
teur Wirth perfectionne un système qui
lui a permis jusqu'ici de conserver la
confiance des Alliés à peu de frais. M.
Rathenau a la réputation d'être un hom-
me avec lequel on peut causer. En effet.
Les conversations avec lui seront inter-
minables et n'aboutiront jamais. C'est
l'homme d'Allemagne et peut-être du
monde qui peut avoir le plus d'idées à
la fois. Il donnera certainement des sa-
tisfactions de principe, mais il prendra.
en même temps de sages précautions
pour que les pangermanistes ne l'exécu-
tent pas comme Erzberger. Ne croyons
pas.que M. Rathenau appartient à « la
bonne Allemagne ».
Jacques- Roujon.
CeS assassinats ~S Pptprcttnrff
les assassinats je Fetersaorrr
Notre ambassadeur exigera
des réparations
Berlin, 1er février. M. Charles Lau-
rent, ambassadeur de France, qui devait
se rendre à Paris pour conférer avec le
président du Conseil, a été prié par
M. Poincaré de rester à son poste pour
réclamer au gouvernement allemand les
explications et les réparations jugées
nécessaires par le gouvernement fran-
çais à la suite de l'agression dont vien-
nent d'être victimes, à Petersdorff, des
soldats français.
Comment fut perpétré l'attentat
Oppeln, lor février. Voici exacte-
ment dans quelles circonstances s'est
produite l'agression de Petersdorff con-
tte les soldats français.
C'est pour se venger de la saisie d'un
important matériel de guerre (mitrail-
leuses, fusils, etc.), pratiquée lundi soir,
et pour tenter d'en reprendre possession
qu'une bande d'Allemands a entouré et
attaqué, dans la nuit suivante, le caser-
nement du 27° bataillon de ohasseurs à
pied. Des grenades ont été lancées con-
tre le casernement. Le poste français a
pris aussitôt les armes et a riposté. Un
Allemand a été tué et laissé sur le ter-
rain. Quelques agresseurs ont été bles-
sés, mais tous ont pris la fuite avec une
telle hâte qu'aucune arrestation n'a été
opérée.
Du côté français, on compte deux tués
et une vingtaine de blessés, dont deux
grièvement et six sérieusement.
La Commission de contrôle interalliée
s'est saisie immédiatement de l'incident.
Elle a commencé une enquête et va ré-
clamer des sanctions. Le gouvernement
français, de son côté, exigera des répa-
rations pour H 'agression dont ont été vic-
times ses nationaux.
La violence et la méthode qui ont pré-
sidé à l'exécution de cette agression font
penser à l'existence persistante en Hau-
te-Silésie d'organisations secrètes bien
disciplinées et parfaitement encadrées. A
titre d'exemple, le réseau téléphonique
avait été au préalable coupé. On signale
du reste une recrudescence des concen-
trations allemandes à la frontière de
Haute-Silésie.
Nouveaux détails
Oppeln, ier février. La bande armée
allemande qui a attaqué à la grenade, à
Petersdoril, près Gleiwit,z, le caserne-
ment d'une compagnie française du 27°
chasseurs à pied, était à l'effectif d'une
compagnie elle était commandée et or-
ganisée militairement.
L'attaque a eu lieu le 31 janvier à
trois heures du matin. Les assaillants
ont été repousses grâce à la vigilance des
sentinelles et ont laissé 2 morts sur le
terrain.
Les pertes françaises sont de 20 bles-
sés, dont 2 sont considérés comme per-
dus.
Il est à remarquer que la veille, un
dépôt d'armes important contenant des
fusils, des mitrailleuses, des .munitions
et des (grenades avait été saisi, dans la
localité de Petersdorff.
D'autre part, à Oberglogau, ancien
siège du commandement du. général
Hoefer, les autorités alliées avaient déjà
Abonnements trois mois six mois UN An
Parts, Départements ) oo » _7 r
et Colonies françaises ) »* » ̃ «8 » 54 »
̃Étranger Union postale. 21 50 43 » 84 •
un • abonna dans tous les bureaux de poste
de France et d'Algérie
capturé des approvisionnements mili-'
laires considérables, des équipements,
des habillements et des harnachements,
à l'effectif de deux régiments.
Là aussi, une bande armée alleman-
de, munie de camions, a attaqué un pos-
te de policiers qui gardaient un de ces
dépôts et est parvenue à enlever des sel-
les et des harnachements correspondant
à l'effectif d'une batterie. Ces attentats'
mettent en lumière les dangers que font
courir à l'ordre, en Haute-Silésie, les or-
ganisations militaires sécrètes, alleman-
des.
Les projets militaires
ne seront pas modifiés
A la suite de certaines informations
touchant les intentions du gouverne--
ment à l'égard des projets militaires, la
commission de l'armée de la Chambre a
chargé, hier après-midi, son président,
le général de Castelnau, de se rendre au-
près du président du Conseil.
Le général de Castelnau ayant deman-
dé à M. Poincaré si ces informations
étaient exactes, a reçu du président du
Con&eil l'assurance que le gouverne-
ment n'avait nullenient .envisagé une
modification du projet de loi- sur le "re-
crutement, ni l'ajournement de la dis-
cussion en séance publique.
Cette discussion aura donc lieu, ainsi
qu'il en a été décidé, immédiatement
après le vote du budget des dépenses
recouvrables.
Dans la Chapelle Sixtine
~.+-
A la mémoire de Benoît XV
L,e vote d'aujourd'hui
(De notre envoyé spécial)
Rome, 1er février.
L'amitié d'un prélat romain m'a per-
mis d'assister aujourd'hui dans la Cha-
pelle Sixtine, près du patrî-irchit ro-
main et du corps diplomatique, aux der-
nières cérémonies solennelles qui clô-
turent les novenidiales.
Toute l'autre semaine, c'était dans la
basilique de Saint-Pierre que se dérou-
laient les funérailles du Pape. Elles s'a-
chèvent, ces jours-ci, dans le Vatican
même, par une cérémonie qui, durant
trois matins, va se répéter semblable.
Le cadre n'est plus l'immense vaisseau
de la basilique, mais dans la nef plus
étroite, plus chaude et plus vivante do
la chapelle que Michel-Ange a rendue
fameuse. Hier, dans ce même lieu, le
Pape encore vivant officiait, ponlifica-
lement. Aujourd'hui, sur son calafal-
que, les cardinaux jettent l'eau bénile
demain, un à un, ils iront porter de-
vant l'autel où brûlent les cierges li-
turgiques leur bulletins de vole qui fe-
ront le Pape.
Car c'est demain qu'après la messe
du Saint-Esprit, à laquelle les cardinaux
assisteront aussi en cappa, commence-
ront les opérations du scrutin dont ]n
cardinal Vannutelli, premier-évêque',
annoncera le résultat, avant que le ca r-
dinal Bisleti, premier-diacre, ne fasse
connaître à la foule le nomi de l'élu.
Ce matin, ce sont des chants de dou-
leur, graves et plaintifs, des mélodies
grégoriennes qui' disent le deuil de l'E-
glise. Au centre de la'Sixtine, un grand
catafalque se dresse sur les parois du-
quel, en lettres d'or, sont peintes' les
inscriptions rappelant les dates princi-
pales du pontificat dernier. Aux an-
gles, de hauts candélabres élèvent des
cierges allumés. Sur le catafalque, la
bière surélevée que recouvre un drap
de velours cramoisi où les armes du
Pape jettent des notes claires et que
surmonte la tiare. Une rangée- de cier-
ges jaunes entoure le cercueil. Nos
grands catafalques de Paris sont plus
luxueux que ce simple monument.
Mais, de chaque côté de la balustra-
de qui ferme la Sixtine, jusqu'au maî-
tre-autel que surplombe le Jugement
dernicr, un grand banc se prolonge sur
lequel viennent s'asseoir dans l'ordre
de leur promotion tous les cardinaux.
Le Pape, vivant, réunit rarement au-
tour de lui toute la cour cardinalice.
Le Sacré-Collège est presque complet
pour enterrer le Pape.
A l'entrée de la Sixtine, les gardes
suisses, vêtus de leur costume antique-
que Michel-Ange dessina bandes jau-
nes, bandes rouges, hallebardes en
main, casques en tête, présentent les
armes, ainsi que les gardes nobles, en
bottes noires, pantalon de. peau "blan-
che, tunique écarlate casque avec une
grande crinière noire. De-ci, de-là, des
camériers d'honneur, de cape et di nu-
mere, des massiers, des avocats consis-
toriaux. En tête, marche le cardinal
Vannutellr, doyen du Sacré-Collège,
puis tous les autres cardinaux qui sont
près de cinquante, suivis de concla-
vistes vêtus de l'ample cape violette.
Au passage, on nomme les papabiti,
Ratti, Gasparri, Lafontaine, Lega, Lau-
renti, Lualdi. On admire la silhouette
majestueuse du cardinal Kakoswki de
Varsovie, la froideur distinguée' de
Merry del Val, la grâce un peu ma-
niérée de Bisleti, la beauté un peu
grasse d'Ascalesi. Un murmure d'émo-
tion nomme le cardinal Luçon, de
Reims, l'admiTation salue la grande fi-
gure du primat de Malines, le cardinal
Mercier.
Tous les cardinaux ont revêtu la cap-
pa violette sur laquelle on jette le collet
d'hermine blanche, seule la barrette a
la' couleur pourpre. Une seule note sonv
bre, la grande cape noire, au collet de
fourrure noire du cardinal Gasquel, bé-
nédictin, tranche sur la longue Jiûne
violette et blanche que, des deux côt&a
;ULIII
nen1
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