Titre : Figaro : journal non politique
Éditeur : Figaro (Paris)
Date d'édition : 1918-12-17
Contributeur : Villemessant, Hippolyte de (1810-1879). Directeur de publication
Contributeur : Jouvin, Benoît (1810-1886). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34355551z
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 17 décembre 1918 17 décembre 1918
Description : 1918/12/17 (Numéro 351). 1918/12/17 (Numéro 351).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
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Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Description : Collection numérique : France-Brésil Collection numérique : France-Brésil
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
64"* Année 3" Série Ne 351
le Numéro quotidien B$ CENTIMES en France et efr Belgique –Etranger VINGT CENTIMES
Mar*dî 17 Décembre 19T8
Gaston CALMETTE
Directeur (1902-1914) ̃
fotÉDACTION ADMINISTRATION
"26, Bue Drôuot, Paris (9« Arr')
Rédaction ̃ “( M.' ALFRED' CAPUS
BédacHonenCkefl M. ROBERT DE FLm$
.̃ ̃ –1» i
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de France et d'Algérie
«^uépar ceux-ci/ blâmé psfceux^à.ïne mo|tiant des sots, bravant les méchants, je me presse •
̃} de rire de tout. de peur d'être obligé d'en pleurer. » (BBAUMAROèAIs)-
LE PASSAGE HU RHIN
(PREMIER ARTICLE)
ÏJn très grand chef m'a dit « II serait
&>bn qu'un historien français assistât au
passage du Rhin par les troupes fran-
çaises. » C'était une invitation et un
wordre. Je suis parti. Avec les plus larges
facilités, j'ai accompli le difficile voyage.
A Metz, toutes les dispositions étaient
prises; le commandant Henry Bordeaux
"voulait bien m'accompagner.
La frontière franchie, et après avoir
.laissé derrière nous le rude spectacle
,de la guerre, nous arrivons dans la
riante vallée de la Sarre qui, au fur et
à mesure,qu'elle s'éloigne de la zone
des armées, reprend l'aspect tranquille
des civilisations intactes. Nous avançons
vers les Wald, vers la région montueuse
du Hundsrück. Nous descendons les
iVallées, grimpons des collines. Lai nuit
jtombe. Les ombres s'épaississent, l'ho-
rizon est bouché; cent kilomètres dans
les ténèbres. Les phares éclairent au
loin la route intacte; plus de .cahots,
i plus de secousses; l'automobile roule.
Des maisons de plus en plus pressées,
Tun faubourg, des usines, des cheminées
qui fument, des ateliers où des hommes
travaillent sur un écran de..flamme, des
'rues larges; et soudain, l'arrivée sur'une
place en pleine lumière, des étalages
jetant l'éclat de leur luxe sur la chaus-
sée, une foule nombreuse qui se presse
autour "dB'L'aû-tomobile arrêtée; curio-
sités, ava'ncés,:c'omplaisances même. En
un mot,'une cité pleine de vie, d'ani-
mation et de travail c'est Sarrebruck,
et c'est notre premier contact avec ce
qu'était l'Allemagne de la guerre. Fran-
chement, il y eut surprise. Le contraste
est trop violent. Nous quittions la mort
et nous trouvons la vie..
Mais il restait de nombreux kilomè-
tres, à faire avant le gîte. La voiture ren-
'tre dans la nuit. Etroites vallées, hautes
collines, horizons barrés. Nous ne dis-
cernons rien autre chose. La voiture
ronfle. Parfois, un convoi attardé qu'il
faut.« doubler » sur la route trop étroite.
Parfois, sur le pas d'une porte éclairée,
le bonnet de police d'un poilu qui fait
.connaissance avec son « logement ».
Puis, la nuit,. la route, les collines, la
barre infranchissable des villes, des
villages, des bourgs à l'aspect cossu et
calme. Toujours la barre devant nous.
Soudain, elle,s'abaisse, s'aplanit, s'ou-
vre. Une ville; déjà, elle a éteint à demi
ses lumières. C'est Kaisersla-utern- Nous
gagnonsle poste du commandement, « le
courrier », le quartier. général.- Accueil-
lis avec la plus grande affabilité par
l'une, des plus nobles figures de l'ar-
mée française, nous pouvons tout de
suite recevoirles premières impressions,
les premières directions, connaître quel-
que chose des premiers contacts.
D'ailleurs, du plus grand chef as plus
simple des poilus, la réponse à nos
questions est la même :,« L'accueil n'est
pas mauvais notre arrivée cause plutôt
un soulagement. Ils avaient peur d'une
révolution. Mais, sous cette réserve
que nous comprenons très bien, il y a
quelque chose qui se cache. Quoi?.
Est-ce de l'hostilité, est-ce de l'embar-
ras ? Ce'serait plutôt une sorte d'attente.
On veut nous voir venir'et on combine
une façon d'être générale et « par or-
dre » qui dépendra de la nôtre, D'ail-
leurs, lisez le discours prononcé, ce ma-
tin même, par le bourgmestre. » Ce dis-
cours est fort bien, très habilement fait,
'comme on dit; mais il, est fait d'un bout
à. l'autre. Le maire dit « Nous nous
appliquerons à vous donner satisfaction,
quuique nous ayons beaucoup souf-
fert. » Vous sentez le système; c'est
celui de Soif « Ménagez-nous; nous
n'en pouvons plus. Et, au cas où vous
nous demanderiez trop, ce ne serait pas
de notre faute si une bonne paix, bien
tranquille et de tout repos, ne succédait
pas, dans le plus bref délai possible, à
la guerre. ».
.Nujle menace, non; mais une rési-
gnation, une plainte d'où naîtrait vite un
reproche et une-réclamation.
D'apparence de révolution aucune.
Une grande crainte, une crainte exagé-
rée d'un trouble quelconque porte au
bien-être allemand, au confortable du
bourg «ois allemand, au travail allemand
'n'ullemenl interrompu un bon vouloir
mesuré au.compte-goutte et à condition
qu'il soit profitable en un mot, un cal-
cul immédiat supprimant, le passé et
mobilisant l'avenir. C'est le. sens de tout
ce qui se manifeste à première vue, jus-
que et y compris cette mesure signifi-
càtive qui nous est immédiatement si- <
gnaiée là municipalité a pris sur elle, i
sans même qu'on le lui demandât, de <
prescrire l'enseignement du français (
dans es écoles primaires le Jour même
de l'arrivée des troupes françaises. <
̃' *••̃̃
̃Le lendemain, à la première heure, <
nous étions dans la rue. Nous allons à 1
l'eutroe des écoles, à l'entrée des ate- c
liers c'est là surtout que l'on saisit les i
aspects de la vie populaire. c
Des enfants, des enfants, des enfants £
ils accouren.t de partout et se pressent I
en nombre extraordinaire bien chaus- s
ses, "bien vêtus, emmitouflés, les visages f
roses des petits blonds-et des petits 1
bruns (car ceux-ci sont nombreux dans 1
ces pays de race celtique), toutes ces fri- c
mousses-qui nous dévisagent, tous ces c
gosses familiers aux. yeux luisants qui r
se pressent autour de 1 automobile en c
regardant nos chauffeurs. en uniformes, ê
tous, tous sans en excepter un seul, ont a
bonne mine, les visagesronds et pleins
ils' n'ont pas souffert. Quand je les com- ç
pare aux pauvres enfants aux yeux cer- c
nés et aux 'figures attendrissantes et u
effarouchées de nos régions envahies! t,
Les ouvriers nombreux, très nom- d
br.eux, avec, parmi eux, beaucoup de q
jeunes hommes, quelques femmes, seu- c
leoîent.ïEt, visiblement, tous les cadres «
de la vie sociale intacts les curés, les
instituteurs, les employés de l'État et de
la ville, ep un mot tout ce qui pouvait
être décemment embusqué, ils sont là
tous et nous regardent. et .nous atten-
dent. A nos demandes de renseigne-
ments, ils répondent eomplaisamment;
ils se détournent. de leur chemin; ils se
rangent; quelques-uns saluent. La ré-
serve est marquée, elle n'a rien d'exces-
sif. Au long des rues, notre placide
poilu se balade les mains dans les po-,
ches, s'arrêtant aux étalages, deman-
dant son chemin, de préférence aux de-
moisélles qui rient aux éclats. Enfin,
rien de bien extraordinaire le premier
contact.
.•̃̃:̃ X* ̃̃̃*̃ •̃̃.
En route! Nous voici, en plein jour,
dans la campagne. Nous allons a Kreuz-
nach et, de là, à Mayence, par le plus
court, la vallée. La ville nous avait tout
de même surpris un peu par son air de
tranquille continuité des choses, par son
aspect « de n'avoir pas souffert. » Aux
champs, l'impression est infiniment plus
vive peu s'en faut, notre surprise irait
à la stupéfaction.
Cette campagne est toute étroite, res-
serrée, ramassée, le long de la rivièreet
de la route; ce n'est qu'un long aligne-
ment de prairies et de jardins; à droite
et à gauche, le terrain. qui se relève fait
un doublé rempart de collines boisées.
Apre terre et puissamment .construite
pour la défense militaire. L'histoire
nous l'a appris, d'ailleurs ce sont les
fameuses lignes de Kaiserslautern, cette
citadelle des provinces rhénanes, qui
domine les entrées d'Allemagne en
France et interdit les débouchés de
France en Allemagne. Qui tient cela,
tient notre porte ils le savaient bien;
et c'est pourquoi ils ont donné cette
terre à la Prusse, les négociateurs de
1815
Dans les villages et les bourgs, encore
les enfants, si nombreux qu'ils forcent
le chauffeur à manœuvrer sans cesse.
Mais ici sa tâche se complique d'une
autre; plus nombreux et plus gènants
encore les « barrages » de poules; elles
pullulent et elles s'effrayent, et elles
s'ébrouent, et elles piallent!
En théorie, une poule se jette toujours
sous une voiture; mais quand il y a
mille poules?. Il n'empêche. Quand on
pense que la poule se nourrit des mê-
mes grains que l'homme, cela donne
à réfléchir. Les chevaux attelés aux
voitures, aux charrues, aux machines
agricoles sont partout, dans les champs
et sur. les chemins. Je pense à l'état do
'notre cayalewe; celle.-£i est vrai menu
trop reluisante. Je dis ce que j'ai vu.
Et les fumiers Ah les fumiers entassés
et fumants. Fumiers révélateurs On ne
voit que quelques vaches, quelques mou-
tons des bœufs davantage. Mais les
beaux fumiers malodorants, si récem-
ment entassés dans les cours des fermes
et se préparant partir pour les champs?
Les vaches sont quelque part. Ces fu-
miers ne sont pasvenus tout seuls Les
champs sont bien tenus, tous cultivés
pas un are de terre abandonné. La vi-
gne labourée, sarclée, rattachée, bichon-
née pas un sarment traînant, la paille
des liens est toute fraîche. A perte de
vue, dans la vallée qui s'élargit, le da-
mier des champs alterne ses carreaux
verts et roux le blé frissonne aux pre-
mières bises de l'hiver: il est fort et
bien enraciné. Je pense à nos. terres, à
nos meilleures terres, incultes à nos
champs, noirs de chardons* Ils ne
l'ont donc pas eue, la guerre ? '?
Nous avançons. Une ville d'eau
Kreuznach. Autre, état-major aussi lar-
gement accueillant. La-salle à manger
de l'« Empereur », le cabinet de « l'Em-
pereur », la table de « l'Empereur ». Il
est loinle bonhomme Départ nouveau.
Nouvelle randonnée. Arrivée à la chute
du jour par une pluie battante. Nous
sommes à Mayence.
̃' ̃̃̃ ̃' ̃•̃
En vérité, l'historien est venu pour
cette heure et je voudrais revivre quel-
quechosede notre histoireici. Mayence,
César, Napoléon! le siège par les
Français, occupation. Il s'agit bien de
cela. Le présent ne nous lâche pas.
Au premier aspect, la ville est renfro-
gnée, peu accueillante, toute sombre et
noire sous les crêpes de la pluie. On
nous a logés chez l'« habitant » car on
voulait que nous l'approchions. Intérieur
du plus épais confortable. Des. tapis, des
bois sculptés, des rideaux à triples: plis,
de hauts plafonds lourdement décorés,
des murs en chocolat, dès chambranles
en caramel, un air de luxe bourgeois
surabondant et grossier,. Et des cuivres,
des cuivres! Il y en a partout. On nous
a arraché tous les nôtres parce que
« l'Allemagne en manquait-». Et voici,
sur cette petite table, huit cendriers en
cuivre; voici, sur cette cheminée, tous
les affreux ornements de cuivre dont ne
se lasse pas le goût boche des pendu-
les, avec, derrière, des plats moyenageux,
des petits puits en cuivre, des petites ar-
moires à glace en cuivre, des bibelots, ah!
quels bibelots! en cuivre, des appliques,
ah quelles appliques, en cuivre! Mon
Dieu mon Dieu nos jolis lustres, nos
admirables chandeliers d'église, nos
fonts baptismaux, nos cloches, nos di-
nanderies, nos chefs-d'œuvre de tous
les siècles mis à la- fonte pour sauver
ces ordures! Mais, prenez-y garde:
ceci. est symbolique! L'Allemagne a
rompu la gurrre pour garder justement
CELA. Ce qu'elle a sauvé, c^est son bien-
êtrp. Elle n'a pas voulu être pillée après
avoir pillé.
Je faisais ces réflexions en m'enfon-
çant dans le lit. extraordinairement
moelleux du richard mayençais qui, en
un très bon français, prétendait protes-
ter contre mon intrusion par ordre
dans son domicile. Mais je lui fis savoir
que je n'entendais pas la plaisanterie et
qu'il ne me mettrait pas dans la rue!
« Monsieur I Les vôtres- sou\ venus
dans ma maison; ils ont bu mon vin,
yidé ma cave, emporté tous mes
ineubies, puis- mes, matelas, mon .linge,
mon argenterie, mes cuivres, &ï puis ils
ont détruit ma maison. Je suis ici chez
moi. Mais, soyez tranquille, je m'en
irai le plus tôt possible. Car votre mai-
son est affreuse, et la mienne toute
blanche dans son délicat Louis XVI,
était, monsieur, une chose' exquise. » II
comprend le français, mais il n'a pas
compris cela.
Il faut dormir. Car demain, à la pointe
de l'aube, le général Leconte, qui est un
compatriote rencontré ici, avec quelle
joie! m'a averti: « A la première
heure, il faut être « sur le pont. » Le ré-
gira ent de Saint-Quentin, le 287", passera,
le premier, le Rhin. « Nous y serons,
mon général » Le général Leconte, le
général Caron et le 287e, tous trois de
Saint-Quentin. Enfin! « On carillonne
à Saint-QÚentin: 1. ) »,
Gabriel Hanotaux,
de l'Académie française.
-;̃ '̃ LES'' ̃' ̃̃^̃• j;
OrrJres au jour ae nos généraux
Depuis que nos armées occupent
l'Alsace-Lorraine et ont pénétré
sur le sot ennemi, on a lu avec un inté-
rêt passionné les ordres du jour de nos
chefs militaires. C'est une série dedo^'
cuments de la plus haute valeur histori-
que et morale. Les généraux français,
après avoir fait la guerre avec un éclat
sans pareil, nous apparaissent' aujour-
d'hui comme de grands citoyens, ayant
profondément réfléchi sur les consé-
quences de la victoire et l'état à la fois
glorieux et difficile où elle laisse notre
pays. Quelle connaissance du caractère
national et des conditions nouvelles où
va être appelé à se développer le génie,
de la France! 11 y a là une intuition et
une ampleur de vues, rarement dépas-
sées par les meilleurs discours politi-
ques, et où tant de réformateurs hasar-
deux de la société auraient à prendre
les leçons du bon sens et de l'expé-
rience.
A son tour, le général Fayolle vient
d'adresser aux notables de Mayence une
allocution saisissante par la fermeté de
l'expression et de la doctrine. L'ensem-
b'e du sentiment français y est résumé
en quelques mots. N'oublier jamais
comment, de son.propreaveu, l'Allema-
gne, si elle avait été victorieuse, aurait
traité la France mais savoir aussi que
l'abîme qui nous sépare de l'Allemagne,
c'est moins le mal qu'elle nous a fait
que la soif de justice et cette élégance
morale dont nous sommes fiers et dont
elle est incapable.
Telle est la noble substance du dis-
cours du général Fayolle aux vaincus.
Tout l'esprit du prochain traité de paix
est là dedans.
Alfred Capus,
de l'Académie française.
•̃ ̃ y y^
LA VISITE DU ROI D'ITALIE
S. M. Victor Emmanuel III arrivera à
Paris après-demain jeudi. Il sera ac-
compagné du prince héritier et proba-
blement du baron Sonnino, ministre des
affaires étrangères.
Le train royal arrivera à trois heures
à la gare du Bois-de-Boulogne où le Roi
sera reçu avec le cérémonial habituel
par le Président de la République et- le
gouvernement. Des appartements seront
préparés au ministère des affairés étran-
gères comme pour }e.s, visites. >de
LL. MM. George V et Albert!1' V
Dans l'après-midi de jeudi, le Roi
rendra visite à l'Elysée au Président de
la République et assistera au défilé de-
vant le ministère des affaires étrangères
des délégués de la colonie italienne. Le
soir, dîner à l'Elysée.
Vendredi, visite par le.souverain des
hôpitaux italiens de Paris. A midi, M.
et Mme Stephen Pichon offriront, au
nom du gouvernement, un déjeuner en
l'honneur du Roi au ministère des affai-
res étrangères.
Dans l'après-midi, visite à l'Hôtel de
Ville. Ensuite, comme nous l'avons dit,
S. M. Victor-Emmanuel assistera sans
aucun cérémonial à la séance de l'Aca-
démie des inscriptions et belles lettres
dont il est, en sa qualité de numismate,
un membre éminent.
La journée de vendredi se terminera
par une réception à l'ambassade d'Italie.
Samedi matin le souverain partira pour
le front oùil rendra visité au corps d'ar-
mée italien qui a si vaillamment com-
battu en France.
EN INDO- CHINE
A
Un Attentat contre M. Sarraut
.On télégraphie d'Hanoï, 16 décembre
M. Albert Sarraut, gouverneur géné-
ral de rf(iq\o-Chine, a été victime, di-
manche, au cours de l'inauguration de
la foire d'Hanoï, d'une tentative d'as-
sassinat. Un' -'ancien agent temporaire-
des services civils congédié, M. Desvi-
gnes, tira sur luj. à courte distance avec
unbrowning.il faillit être lynché par
la foule. Ij-a été immédiatement arrêté.
La balle qui s'était logé dans le flanc
droit a été extraite peu après l'attentat.
L'état du gouverneur général est aussi
satisfaisant que possible et les médecins
ne prévoient aucune complication. Tout
le monde, en France, en sera heureux, car
M. Albert-Sarraut ne compte que des'
sympathies, même parmi ses adversai-
ires politjgi}ë$-
AUTOUR DE LA VICTOIRE
~~AT~MISTIOE
NOUVELLES CLAUSES FINANCIÈRES
Le prQtocole financier qui a été signé
à Trèves à l'occasion du renouvellement
de l'armistice contient les clauses sui-
vantes
1° Engagement de la part de l'Allemagne
de né pas disposer sans accord préalable
avec les Alliés de son encaisse métallique, de
ses effets ou avoirs sur ou à l'étranger,
ainsi que des' valeurs mobilières étrangères
appartenant tant ait gouvernement et aux
caisses publiques qu'aux particuliers et so-
ciétés.
2° Engagement de la. part de l'Allemagne
de prendre, d'accord avec les gouvernements
alliés, les mesures nécessaires pour régler le
plus rapidement possible les conditions dans
lesquelles les intéressés pourront obtenir la
restitution des. titres perdus ou volés dans
les régions envahies et la rentrée en>poses-
sion de leurs biens séquestrés
3Q Obligation sous certaines conditions,
de régler à leurs échéances les créances dues
aux Alsaciens-Lorrains et de n'apporter au-
cune entrave, à la libre disposition par les
Alsaciens-Lorrains des propriétés, valeurs,
titres ou dépôts leur appartenant et situés en
Allemagne.
l ON DEMANDE DES COMMUNIQUÉS
On communique cette rectification
D'après certains journaux, le, maréchal
K?och, accompagné de quarante officiers, se
serait rendu à ïxê'yes, à l'hôtel de la Poste,
où loge la commission allemande cette in-
formation est inexacte. Le maréchal Foch et
l'amiral Weymiss sont arrivés à. Trèves ac-
compagnés do six officiers.. Le maréchal
Foch a convoqué les plénipotentiaires alle-
mands dans son train, où les questions con-
cernant la prolongation de l'armistice'ont été
réglées.
Les journaux qui ont donné ce détail
inexact ont reproduit une dépêche d'a-
gence datée de Trêves, et cela faute de
communiqué renseignant sur les pour-
parlers d'armistice. C'est urie dépêche de
Berlin, trouvée dans le Journal de Ge-
nève qui a fait connaître les conditions
nouvelles de la .livraison du matériel
roulant.
Aujourd'hui seulement nous appre-
nons que de nouvelles clauses financiè-
res ont été arrêtées à Trèves. Pourquoi
ne pas les avoir communiquées en même
temps que les autres?
Pourquoi le bureau, qui justement
rectifie l'erreur sur l'endroit où le maré-
chal Foch a convoqué les plénipoten-
tiaires, n'est-il pas chargé de renseigner
la presse, quotidiennement, sur tout ce
quMl.est important que-le public con-
naisse et qu'il serait utile que là presse
ne publiât qu'en toute certitude ? `.'
UNE ADRESSE A M. POINCARÉ
La Faculté de droit de l'Université de Pa-
ris a fait parvenir l'adresse suivante'au Pré-
sident de la République
Dans la joie de la victoire de la France qui,
après avoir lutté avec ses nobles alliés pour la
sainte cause de la Justice et de la Liberté, la
voit enfin triompher définitivement, la Faculté
de droit de Paris se sent flère d'avoir eu pour
clove le premier magistrat de la République qui
préside aujourd'hui à ses nouvelles et glorieuses
destinées. Elle le prie d'agréer l'expression de
ses hommages ot de ses vœux. Ils s'adressent
en même temps it l'homme politique dont la cor-
rection constitutionnelle ne s'est jamais démen-
tie et au patriote qui. n'a jamais désespéré du
salut de la France et du triomphe du Droit.
VERS LA CONFÉRENCE
On annonce, à Londres, que M. Lloyd
George partira pour Paris vers la fin de la
semaine il y rencontrera probablement le
Président Wilson.
Les projets du Président, ne sont pas
connus d'une façon précise. On no connaît
pas encore la durée de la tournée qu'il fera
dans les régions dévastées.
II est probable que les discussions concer-
nant la, paix ne pourront commencer que
peu do jours avant la nouvelle année.
Lé premier ministre espère pouvoir pren-
iro quelques jours de^repos dans le Midi de
la France.
ÉCHOS
Le Président de la République avait
télégraphié à M. Sidonio Paes, à la suite
du premier attentat dirigé contre lui il
avait reçu dimanche ce télégramme de
réponse
Lisbonne, 15 décembre.
Je vous remercie de tout cœur du télé-
gramme de félicitations que Votre Excellence
a eu l'extrême gentillesse de m'adresser à son
retour d'Alsace, où j'ai appris, avec plaisir,
que le ministre de Portugal avait pu assister,
grâce à la plus aimable des invitations, aux
manifestations de joie des Français enfln
restitués à leur patrie.
Je vous prie de croire à mes sentiments de
sympathie et de sincère reconnaissance.
Sidonio PAES.
Ce télégramme le dernier sans
doute qu'ait écrit M. Sidonio Paes est
Irrivéà Paris en même temps que la
nouvelle de l'assassinat.
La leçon.
41 paraît qu'à Metz, quelques Boches
îiégligent de saluer nos officiers.
Nous savons comment les officiers
allemands traitaient, naguère,. en pays
envahis, les malheureux qui oubliaient
de s'incliner devant leurs uniformes.
Le général de Maud'huy vient d'infor,
mer les Allemands de Metz que nos offi-
ciers sont personnellement indifférents à
leurs hommages
Les Allemands (hommes et femmes) ne
sont pas obligés par nous de saluer les offi-
ciers, mais ils doivent saluer nos drapeaux.
Ils n'ont qu'âne pas se trouver à leur pas-
sage si cette obligation leur coûte.
Ils ne saisiront peut-être pas la nuance.
Ils ne comprendront pas combien, par
cette conception de la discipline, nos
chefs se placent au-dessus des leurs.
Mais pe'ulimporte qu'ils comprennent.
Une réforme indispensable.
C'est celle du, régime des salaires, dans
le personnel enseignant. Dans sa séance
d'hier, l'Académie française s'est asso-
ciée à un vœu formulé" par la Faculté
des sciences de Paris et tendant à l'a-
mélioration du traitement du personnel
universitaire, traitement si modique,
inférieur souvent à celui de simples ma-
nœuvres, que les savants, attirés par
l'industrie qui les apprécie mieux, com-
mencent à manquer à l'enseignement.
L'Académie étend le vœu aux établis-
sements extra-universitaires, tels que le
Collège de France, le Muséum, etc., où
les professeurs ont, aujourd'hui, des
appointements.dontunapprenti chauf-
féur ne voudrait plus!
--o-0Ob-~
La fin de la taxe de luxe. ̃̃̃̃'•
La taxe de, luxe, qui a soulevé tant de
protestations et que le gouvernement ne
peut se décider à supprimer, n'existe
plus chez A. Van Cleef et Arpels, les
grands joailliers de la place Vendôme.
Tout au moins elle n'existe plus pour
-leurs clients, MM. Van Cleef et Arpels
>ayant eu la délicate idée de la prendre à
leur compte jusqu'au 15 janvier, sans
majorer en rien leurs prix. Il suffit de
visiter leur magnifique exposition de
joyaux pour se rendre compte de l'avan-
tage très réel dont bénéficient ainsi les
acheteurs.
-<>-<><>-0--
Un homme qui doit être,: en ce mo-
ment, dans un terrible embarras, c'est
M. Justus Perthes, l'éditeur du célèbre
almanach de Gotha.
Il y a eu, en effet, depuis quelques
mois, de formidables modifications dans
le personnel régnant de certains pays.
En Russie, il est difficile, pour ne pas
dire impossible, de dire qui gouverne..
En Allemagne, il en est de même. Après
Guillaume II, ses satellites les rois de
Bavière et de Wurtemberg, les princes
de Reuss et de Lippe, les grands-ducs
de Bade, de Hesse et de Saxe-Weimar
ont disparu. Qui, M. Justus Perthes
va-t-il mettre à leur place dans la pro-
chaine édition du petit livre rouge qui
paraissait si tranquillement depuis cent
cinquante-cinq ans?
Y aura-t-il même un Gotha, l'année
prochaine ?
Le Masque de Fer.
°.iJJ
MWilson
à THôtel-de-Ville
Le Président des Etats-Unis et Mme
Wilson ont été reçus solennellement,
hier, par le Conseil municipal de Paris.
Le Président de la République et Mme e
Poincaré étaient allés les chercher rue
de Monceau.
C'est au son de la fanfare des chas-
seurs jouant le Stars spangled Banners,
puis la Marseillaise, que le cortège s'est
formé.
Sur tout le parcours, la foule massée
derrière les barrages a acclamé nos visi-
teurs.
Le cortège a débouché à 2 h. 45 sur la
place de l'Hôtel-de- Ville."
Les pylones qui s'élevaient sur les
deux terre-pleins de la place ont dis-
paru, ainsi que les canons boches que
l'on y avait amenés pour la fête de
l'emprunt. Ils sont remplacés par des
bancs, des échelles, des voitures à bras,
estrades improvisées, d'où la foule
pourra, moyennant honnête rétribution,
acclamer M. Wilson, le héros du jour.
Quant au palais municipal, il a
conservé sa décoration des cérémonies
précédentes; seuls figurent sur la fa-
çade, encadrés des couleurs françaises,
les drapeaux étoilés des Etats-Unis.
Le service d'ordre, qui avait laissé
quelque peu à désirer lors de la visite
des souverains belges, a été sérieuse-
ment amélioré.
Il n'y a eu ni désordre, ni bousculade,
mais le nombre exorbitant de cartes dis-
tribuées n'a pas permis d'accueillir tout
le monde et beaucoup d'invités retarda-
taires sont restés dehors. Ceux qui ont
pu pénétrer, tout pressés qu'ils fussent
dans'lés salons, n'ont pas dû le regret-
ter, car le spectacle auquel ils ont as-
sisté, la réception de M. Wilson à l'Hô-
tel de Ville, leur laissera sans doute un
souvenir durable.
Tandis que la foule, contenue avec
peine par un cordon de gardes munici-
paux, encombre la place et ses abords,
que les fenêtres pavoisées de la rue de
Rivoli se garnissent de monde, les per-
sonnages officiels, reçus par le bureau
du Conseil municipal se rendent dans
le Jardin d'hiver où ils attendent les
hôtes de la France.
A deux heures quarante-cinq exacte-
ment, le Stars spangler Banners, exé-
cuté par la musique de la garde répu-
blicaine, annonce l'arrivée du cortège
que MM. Mithouard président du
Conseil municipal Autrand, préfet de
la Seine et les membres du bureau vont
recevoir au seuil de l'Hôtel de Ville.
Au moment où M. Wilson, ayant à
son bras Mme Poincaré, va pénétrer
dans le salon d'hiver, une jeune Alsa-
cienne, dans son gracieux costume na-
tional, s'avance vers lui et lui offre un
bouquet. M. Wilson, souriant, le reçoit
et dit la satisfaction qu'il éprouve d'être
salué, à son entrée à l'hôtel de ville de
Paris, par une charmante Alsacienne,
représentant sa patrie libérée.
:M. Wilson donne le bras droit à Mme
Poincaré; il a à sa gauche M. Autrand,
préfet do la Seine; à la droite de Mme
Poincaré, marche M. Mithouard, prési-
dent du Conseil municipal. Derrière
&}x -vient M. Poincaré, donnant le bras
à Mme Wilson; puis M. Lansing et le
reste du cortège.
Quatre fauteuils sont disposés au
pied du Gloriâ victis. Le Président de
la; République, ,eh redingote, sans dé-
coration, occupe le premier fauleuil; à
sa gauche Mme Wilson qui,- à son ar-
rivée, porte un grand manteau de four-
rure .qu'elle quitte, pour laisser appa-
raître une superbe toilette de nuance
aubergine brodée ton sur ton, chapeau ¡
de même couleur. Pour tout bijou, elle
porte un mince collier de perles, et tient
à la main quatre bouquets de violettes.
A côté d'elle prend place M. Wilson. Il
quitte, lui aussi, son pardessus gris, et
reste en redingote noire. A la bouton-
nière, un petit drapeau américain. Le
quatrième fauteuil est occupé par Mme
Poincaré, en toilette beige clair et collet
de zibeline.
**# •
Le président du Conseil municipal s'a- •
vance vers M. Wilson et souhaite la
bienvenue « au chef de la grande nation
dont le secours survenant à l'heure
opportune a si'heureusement précipité
la victoire, à l'honnête homme dont la
conscience fut une politique et la loyauté
une diplomatie ».
Puis après avoir rappelé les longs et
durs combats que nos soldats ont dû
soutenir pour défendre le sol de la pa-
trie, il ajoute
Quelle source d'énergie-ee-fut pour ces hé- '̃
ros que d'entendre tout .à coup retentir, dans
son autorité lointaine, votre parole qui res-
semblait à la voix précise de la postérité
quelle joie d'accueillir ces nouveaux frères
d armes qui venaient avec un sublime élan
réclamer à l'heure la plus difficile leur place
sur le champ de bataillé! quel puissant r.è-
confort de se sentir désormais en ligne avec
la glorieuse armée du général Pershing,
vainqueur de l'Argonne >
Nous sommes fiers, Monsieur le Président,
de vous souhaiter la bienvenue au nom 'do
cette capitale que sa tradition intellectuelle
emporte éternellement vers la vérité des
temps nouveaux. Notre patrie n'est pas seu-
lement ce territoire bien-aimé pour la libé-
ration duquel le sang des fils de l'Union
vient de se mêler au sang des fils de France
la patrie, c'est aussi pour nous, et par voie
d'héritage, la justice, le bon sens et l'hon-
neur, et parce que vous venez à nous au nom
de toutes ces nobles choses, nous osons au-
jourd'hui vous appeler Citoyen de Paris..
Recevez, Monsieur le Président, les vœux
sincères de notre ville, hier, sous la menace
des berthas et des gothas, citadelle des liber-
tés du monde, aujourd'hui ville ouverte h
toutes les idées nobles et généreuses, et sa-
luant avec enthousiasme dans le grand ci-
toyen qu'elle a l'honneur de recevoir un idéal
nouveau qui vient à elle.
Le Président Wilson, qui aécouté ca
discours- d'un air-réfléchi «t pensif, te
front baisse, lève la; tète et sourit aima-
blement lorsqu'il entend M. Milhbùârd
lui donner le titre de citoyen de Paris.
M. Autrand, préfet de la Seine, s'a-
vance à son tour et se félicite de rece-
voir le digne successeur de George
Washington et d'Abraham Lincoln. 11
dit toute l'admiration et la reconnais-
sarice que la France doit a l'Amérique
et son président. Il poursuit
Au cours du drame inouï qui vient de dé-
rouler, sur terre et sur mer, ses sanglantes
péripéties, votre cœur généreux a vibré à
toutes les misères il s'est ingénié à secourir
toutes les grandes infortunes. Comment énu-
mérer les bienfaits innombrables de la cha-
rité américaine, vigilante, méthodique et
diserôto Par elle, les souffrances de nos pri-
sonniers ont été allégées. Par elle, le spectre
de la faim a été détourné des régions en-
vahies de Belgique et de France.
..Nous goûtons aujourd'hui la joie profonde
d'acclamer, dans le Président Wilson, la na-
tion dont les armées valeureuses ont contri-
bué si brillamment à la plus magnifique des
victoires. Paris se sent entraîné vers vous
par un mouvement irrésistible, par la force
de toutes ses affinités et de toutes ses convic-
tions. Cité de travail, il s'incline avec res-
pect devant votre existence vouée à un la-
beur austère. Centre de vie intellectuelle, il
admire le savant et le penseur dont les œu-
vres ont enrichi l'esprit humain. Foyer de
de patriotisme ardent, il exprime sa grati-
tude émue au grand ami de la France. Bou-
levard historique de la liberté et de la jus-
tice, il célèbre en vous le serviteur désinté-
ressé de ces grandes idées morales, l'apôtre
éloquent et résolu des droits de l'Humanité.
Le président Wilson après s'être in-
cliné, en signe de remerciement; pro-
nonce en anglais un discours dont voici
la traduction
Monsieur le président qu Conseil
municipal,
Monsieur le Préfet, (
Votre accueil a fait naître en moi bien des
émotions. Ce n'est pas avec une banale sym-
pathie que le peuple des Etats-Unis, au nom
duquel j'ai le privilège de parler, a vu les
souffrances du peuple français. Beaucoup de
mes compatriotes on ont été eux-mêmes 'les
témoins directs. Nous avons été d'autant
plus profondément émus par les injustices
de cette guerre que nons savions de quelle
façon elles étaient perpétrées.
'Je ne voudrais pas que vous pussiez pen-
ser, parce que l'étendue d'un immense océan
nous séparait, que nous ne nous représen-'
tions pas réellement l'infamie des dévas-
tations que vous subissiez et des souffrances
cruelles infligées sans nécessité. Ces souf-
frances ont rempli nos cœurs d'indignation
nous savions non seulement ce qu'elles
étaient, mais encore tout ce qu'elles signi-
fiaient et nos cœurs étaient touchés au °vif
nos imaginations emplies de la vision de ce
que la France et la Belgique, en particulier,
avaient subi.
Donc, lorsque les Etats-Unis entrèrent en
guerre, ce fut non seulement parce qu'ils
étaient convaincus que le but des Empires
centraux était injuste et que tous les nom-
mes qui aimaient la Liberté et le Droit avaient
le devoir de s'y opposer, mais aussi parce
que les ambitions que nourrissaient ces Em-
pires et qu'ils essayaient de réaliser étaient
illicites et les avaient conduits à des prati-
ques qui choquaient nos sentiments autant
qu'elles offensaient nos principes.
Notre résolution fut prise avec une pleine
conscience de l'atteinte portée au grand
principe du Droit et de plus nos cœurs bat-
taient d'accord avec notre résolution.
Vous avez été excessivement généreux et
au delà. de mes mérites personnels dans ce
que vous avez eu la gracieuseté de dire de
moi. Mais vous avez interprété avec une
justesse absolue les raisons qui ont fait agir
le peuple des Etats-Unis. Quelle que soit
l'influence que j'exerce, Quelle que soit >̃
le Numéro quotidien B$ CENTIMES en France et efr Belgique –Etranger VINGT CENTIMES
Mar*dî 17 Décembre 19T8
Gaston CALMETTE
Directeur (1902-1914) ̃
fotÉDACTION ADMINISTRATION
"26, Bue Drôuot, Paris (9« Arr')
Rédaction ̃ “( M.' ALFRED' CAPUS
BédacHonenCkefl M. ROBERT DE FLm$
.̃ ̃ –1» i
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de France et d'Algérie
«^uépar ceux-ci/ blâmé psfceux^à.ïne mo|tiant des sots, bravant les méchants, je me presse •
̃} de rire de tout. de peur d'être obligé d'en pleurer. » (BBAUMAROèAIs)-
LE PASSAGE HU RHIN
(PREMIER ARTICLE)
ÏJn très grand chef m'a dit « II serait
&>bn qu'un historien français assistât au
passage du Rhin par les troupes fran-
çaises. » C'était une invitation et un
wordre. Je suis parti. Avec les plus larges
facilités, j'ai accompli le difficile voyage.
A Metz, toutes les dispositions étaient
prises; le commandant Henry Bordeaux
"voulait bien m'accompagner.
La frontière franchie, et après avoir
.laissé derrière nous le rude spectacle
,de la guerre, nous arrivons dans la
riante vallée de la Sarre qui, au fur et
à mesure,qu'elle s'éloigne de la zone
des armées, reprend l'aspect tranquille
des civilisations intactes. Nous avançons
vers les Wald, vers la région montueuse
du Hundsrück. Nous descendons les
iVallées, grimpons des collines. Lai nuit
jtombe. Les ombres s'épaississent, l'ho-
rizon est bouché; cent kilomètres dans
les ténèbres. Les phares éclairent au
loin la route intacte; plus de .cahots,
i plus de secousses; l'automobile roule.
Des maisons de plus en plus pressées,
Tun faubourg, des usines, des cheminées
qui fument, des ateliers où des hommes
travaillent sur un écran de..flamme, des
'rues larges; et soudain, l'arrivée sur'une
place en pleine lumière, des étalages
jetant l'éclat de leur luxe sur la chaus-
sée, une foule nombreuse qui se presse
autour "dB'L'aû-tomobile arrêtée; curio-
sités, ava'ncés,:c'omplaisances même. En
un mot,'une cité pleine de vie, d'ani-
mation et de travail c'est Sarrebruck,
et c'est notre premier contact avec ce
qu'était l'Allemagne de la guerre. Fran-
chement, il y eut surprise. Le contraste
est trop violent. Nous quittions la mort
et nous trouvons la vie..
Mais il restait de nombreux kilomè-
tres, à faire avant le gîte. La voiture ren-
'tre dans la nuit. Etroites vallées, hautes
collines, horizons barrés. Nous ne dis-
cernons rien autre chose. La voiture
ronfle. Parfois, un convoi attardé qu'il
faut.« doubler » sur la route trop étroite.
Parfois, sur le pas d'une porte éclairée,
le bonnet de police d'un poilu qui fait
.connaissance avec son « logement ».
Puis, la nuit,. la route, les collines, la
barre infranchissable des villes, des
villages, des bourgs à l'aspect cossu et
calme. Toujours la barre devant nous.
Soudain, elle,s'abaisse, s'aplanit, s'ou-
vre. Une ville; déjà, elle a éteint à demi
ses lumières. C'est Kaisersla-utern- Nous
gagnonsle poste du commandement, « le
courrier », le quartier. général.- Accueil-
lis avec la plus grande affabilité par
l'une, des plus nobles figures de l'ar-
mée française, nous pouvons tout de
suite recevoirles premières impressions,
les premières directions, connaître quel-
que chose des premiers contacts.
D'ailleurs, du plus grand chef as plus
simple des poilus, la réponse à nos
questions est la même :,« L'accueil n'est
pas mauvais notre arrivée cause plutôt
un soulagement. Ils avaient peur d'une
révolution. Mais, sous cette réserve
que nous comprenons très bien, il y a
quelque chose qui se cache. Quoi?.
Est-ce de l'hostilité, est-ce de l'embar-
ras ? Ce'serait plutôt une sorte d'attente.
On veut nous voir venir'et on combine
une façon d'être générale et « par or-
dre » qui dépendra de la nôtre, D'ail-
leurs, lisez le discours prononcé, ce ma-
tin même, par le bourgmestre. » Ce dis-
cours est fort bien, très habilement fait,
'comme on dit; mais il, est fait d'un bout
à. l'autre. Le maire dit « Nous nous
appliquerons à vous donner satisfaction,
quuique nous ayons beaucoup souf-
fert. » Vous sentez le système; c'est
celui de Soif « Ménagez-nous; nous
n'en pouvons plus. Et, au cas où vous
nous demanderiez trop, ce ne serait pas
de notre faute si une bonne paix, bien
tranquille et de tout repos, ne succédait
pas, dans le plus bref délai possible, à
la guerre. ».
.Nujle menace, non; mais une rési-
gnation, une plainte d'où naîtrait vite un
reproche et une-réclamation.
D'apparence de révolution aucune.
Une grande crainte, une crainte exagé-
rée d'un trouble quelconque porte au
bien-être allemand, au confortable du
bourg «ois allemand, au travail allemand
'n'ullemenl interrompu un bon vouloir
mesuré au.compte-goutte et à condition
qu'il soit profitable en un mot, un cal-
cul immédiat supprimant, le passé et
mobilisant l'avenir. C'est le. sens de tout
ce qui se manifeste à première vue, jus-
que et y compris cette mesure signifi-
càtive qui nous est immédiatement si- <
gnaiée là municipalité a pris sur elle, i
sans même qu'on le lui demandât, de <
prescrire l'enseignement du français (
dans es écoles primaires le Jour même
de l'arrivée des troupes françaises. <
̃' *••̃̃
̃Le lendemain, à la première heure, <
nous étions dans la rue. Nous allons à 1
l'eutroe des écoles, à l'entrée des ate- c
liers c'est là surtout que l'on saisit les i
aspects de la vie populaire. c
Des enfants, des enfants, des enfants £
ils accouren.t de partout et se pressent I
en nombre extraordinaire bien chaus- s
ses, "bien vêtus, emmitouflés, les visages f
roses des petits blonds-et des petits 1
bruns (car ceux-ci sont nombreux dans 1
ces pays de race celtique), toutes ces fri- c
mousses-qui nous dévisagent, tous ces c
gosses familiers aux. yeux luisants qui r
se pressent autour de 1 automobile en c
regardant nos chauffeurs. en uniformes, ê
tous, tous sans en excepter un seul, ont a
bonne mine, les visagesronds et pleins
ils' n'ont pas souffert. Quand je les com- ç
pare aux pauvres enfants aux yeux cer- c
nés et aux 'figures attendrissantes et u
effarouchées de nos régions envahies! t,
Les ouvriers nombreux, très nom- d
br.eux, avec, parmi eux, beaucoup de q
jeunes hommes, quelques femmes, seu- c
leoîent.ïEt, visiblement, tous les cadres «
de la vie sociale intacts les curés, les
instituteurs, les employés de l'État et de
la ville, ep un mot tout ce qui pouvait
être décemment embusqué, ils sont là
tous et nous regardent. et .nous atten-
dent. A nos demandes de renseigne-
ments, ils répondent eomplaisamment;
ils se détournent. de leur chemin; ils se
rangent; quelques-uns saluent. La ré-
serve est marquée, elle n'a rien d'exces-
sif. Au long des rues, notre placide
poilu se balade les mains dans les po-,
ches, s'arrêtant aux étalages, deman-
dant son chemin, de préférence aux de-
moisélles qui rient aux éclats. Enfin,
rien de bien extraordinaire le premier
contact.
.•̃̃:̃ X* ̃̃̃*̃ •̃̃.
En route! Nous voici, en plein jour,
dans la campagne. Nous allons a Kreuz-
nach et, de là, à Mayence, par le plus
court, la vallée. La ville nous avait tout
de même surpris un peu par son air de
tranquille continuité des choses, par son
aspect « de n'avoir pas souffert. » Aux
champs, l'impression est infiniment plus
vive peu s'en faut, notre surprise irait
à la stupéfaction.
Cette campagne est toute étroite, res-
serrée, ramassée, le long de la rivièreet
de la route; ce n'est qu'un long aligne-
ment de prairies et de jardins; à droite
et à gauche, le terrain. qui se relève fait
un doublé rempart de collines boisées.
Apre terre et puissamment .construite
pour la défense militaire. L'histoire
nous l'a appris, d'ailleurs ce sont les
fameuses lignes de Kaiserslautern, cette
citadelle des provinces rhénanes, qui
domine les entrées d'Allemagne en
France et interdit les débouchés de
France en Allemagne. Qui tient cela,
tient notre porte ils le savaient bien;
et c'est pourquoi ils ont donné cette
terre à la Prusse, les négociateurs de
1815
Dans les villages et les bourgs, encore
les enfants, si nombreux qu'ils forcent
le chauffeur à manœuvrer sans cesse.
Mais ici sa tâche se complique d'une
autre; plus nombreux et plus gènants
encore les « barrages » de poules; elles
pullulent et elles s'effrayent, et elles
s'ébrouent, et elles piallent!
En théorie, une poule se jette toujours
sous une voiture; mais quand il y a
mille poules?. Il n'empêche. Quand on
pense que la poule se nourrit des mê-
mes grains que l'homme, cela donne
à réfléchir. Les chevaux attelés aux
voitures, aux charrues, aux machines
agricoles sont partout, dans les champs
et sur. les chemins. Je pense à l'état do
'notre cayalewe; celle.-£i est vrai menu
trop reluisante. Je dis ce que j'ai vu.
Et les fumiers Ah les fumiers entassés
et fumants. Fumiers révélateurs On ne
voit que quelques vaches, quelques mou-
tons des bœufs davantage. Mais les
beaux fumiers malodorants, si récem-
ment entassés dans les cours des fermes
et se préparant partir pour les champs?
Les vaches sont quelque part. Ces fu-
miers ne sont pasvenus tout seuls Les
champs sont bien tenus, tous cultivés
pas un are de terre abandonné. La vi-
gne labourée, sarclée, rattachée, bichon-
née pas un sarment traînant, la paille
des liens est toute fraîche. A perte de
vue, dans la vallée qui s'élargit, le da-
mier des champs alterne ses carreaux
verts et roux le blé frissonne aux pre-
mières bises de l'hiver: il est fort et
bien enraciné. Je pense à nos. terres, à
nos meilleures terres, incultes à nos
champs, noirs de chardons* Ils ne
l'ont donc pas eue, la guerre ? '?
Nous avançons. Une ville d'eau
Kreuznach. Autre, état-major aussi lar-
gement accueillant. La-salle à manger
de l'« Empereur », le cabinet de « l'Em-
pereur », la table de « l'Empereur ». Il
est loinle bonhomme Départ nouveau.
Nouvelle randonnée. Arrivée à la chute
du jour par une pluie battante. Nous
sommes à Mayence.
̃' ̃̃̃ ̃' ̃•̃
En vérité, l'historien est venu pour
cette heure et je voudrais revivre quel-
quechosede notre histoireici. Mayence,
César, Napoléon! le siège par les
Français, occupation. Il s'agit bien de
cela. Le présent ne nous lâche pas.
Au premier aspect, la ville est renfro-
gnée, peu accueillante, toute sombre et
noire sous les crêpes de la pluie. On
nous a logés chez l'« habitant » car on
voulait que nous l'approchions. Intérieur
du plus épais confortable. Des. tapis, des
bois sculptés, des rideaux à triples: plis,
de hauts plafonds lourdement décorés,
des murs en chocolat, dès chambranles
en caramel, un air de luxe bourgeois
surabondant et grossier,. Et des cuivres,
des cuivres! Il y en a partout. On nous
a arraché tous les nôtres parce que
« l'Allemagne en manquait-». Et voici,
sur cette petite table, huit cendriers en
cuivre; voici, sur cette cheminée, tous
les affreux ornements de cuivre dont ne
se lasse pas le goût boche des pendu-
les, avec, derrière, des plats moyenageux,
des petits puits en cuivre, des petites ar-
moires à glace en cuivre, des bibelots, ah!
quels bibelots! en cuivre, des appliques,
ah quelles appliques, en cuivre! Mon
Dieu mon Dieu nos jolis lustres, nos
admirables chandeliers d'église, nos
fonts baptismaux, nos cloches, nos di-
nanderies, nos chefs-d'œuvre de tous
les siècles mis à la- fonte pour sauver
ces ordures! Mais, prenez-y garde:
ceci. est symbolique! L'Allemagne a
rompu la gurrre pour garder justement
CELA. Ce qu'elle a sauvé, c^est son bien-
êtrp. Elle n'a pas voulu être pillée après
avoir pillé.
Je faisais ces réflexions en m'enfon-
çant dans le lit. extraordinairement
moelleux du richard mayençais qui, en
un très bon français, prétendait protes-
ter contre mon intrusion par ordre
dans son domicile. Mais je lui fis savoir
que je n'entendais pas la plaisanterie et
qu'il ne me mettrait pas dans la rue!
« Monsieur I Les vôtres- sou\ venus
dans ma maison; ils ont bu mon vin,
yidé ma cave, emporté tous mes
ineubies, puis- mes, matelas, mon .linge,
mon argenterie, mes cuivres, &ï puis ils
ont détruit ma maison. Je suis ici chez
moi. Mais, soyez tranquille, je m'en
irai le plus tôt possible. Car votre mai-
son est affreuse, et la mienne toute
blanche dans son délicat Louis XVI,
était, monsieur, une chose' exquise. » II
comprend le français, mais il n'a pas
compris cela.
Il faut dormir. Car demain, à la pointe
de l'aube, le général Leconte, qui est un
compatriote rencontré ici, avec quelle
joie! m'a averti: « A la première
heure, il faut être « sur le pont. » Le ré-
gira ent de Saint-Quentin, le 287", passera,
le premier, le Rhin. « Nous y serons,
mon général » Le général Leconte, le
général Caron et le 287e, tous trois de
Saint-Quentin. Enfin! « On carillonne
à Saint-QÚentin: 1. ) »,
Gabriel Hanotaux,
de l'Académie française.
-;̃ '̃ LES'' ̃' ̃̃^̃• j;
OrrJres au jour ae nos généraux
Depuis que nos armées occupent
l'Alsace-Lorraine et ont pénétré
sur le sot ennemi, on a lu avec un inté-
rêt passionné les ordres du jour de nos
chefs militaires. C'est une série dedo^'
cuments de la plus haute valeur histori-
que et morale. Les généraux français,
après avoir fait la guerre avec un éclat
sans pareil, nous apparaissent' aujour-
d'hui comme de grands citoyens, ayant
profondément réfléchi sur les consé-
quences de la victoire et l'état à la fois
glorieux et difficile où elle laisse notre
pays. Quelle connaissance du caractère
national et des conditions nouvelles où
va être appelé à se développer le génie,
de la France! 11 y a là une intuition et
une ampleur de vues, rarement dépas-
sées par les meilleurs discours politi-
ques, et où tant de réformateurs hasar-
deux de la société auraient à prendre
les leçons du bon sens et de l'expé-
rience.
A son tour, le général Fayolle vient
d'adresser aux notables de Mayence une
allocution saisissante par la fermeté de
l'expression et de la doctrine. L'ensem-
b'e du sentiment français y est résumé
en quelques mots. N'oublier jamais
comment, de son.propreaveu, l'Allema-
gne, si elle avait été victorieuse, aurait
traité la France mais savoir aussi que
l'abîme qui nous sépare de l'Allemagne,
c'est moins le mal qu'elle nous a fait
que la soif de justice et cette élégance
morale dont nous sommes fiers et dont
elle est incapable.
Telle est la noble substance du dis-
cours du général Fayolle aux vaincus.
Tout l'esprit du prochain traité de paix
est là dedans.
Alfred Capus,
de l'Académie française.
•̃ ̃ y y^
LA VISITE DU ROI D'ITALIE
S. M. Victor Emmanuel III arrivera à
Paris après-demain jeudi. Il sera ac-
compagné du prince héritier et proba-
blement du baron Sonnino, ministre des
affaires étrangères.
Le train royal arrivera à trois heures
à la gare du Bois-de-Boulogne où le Roi
sera reçu avec le cérémonial habituel
par le Président de la République et- le
gouvernement. Des appartements seront
préparés au ministère des affairés étran-
gères comme pour }e.s, visites. >de
LL. MM. George V et Albert!1' V
Dans l'après-midi de jeudi, le Roi
rendra visite à l'Elysée au Président de
la République et assistera au défilé de-
vant le ministère des affaires étrangères
des délégués de la colonie italienne. Le
soir, dîner à l'Elysée.
Vendredi, visite par le.souverain des
hôpitaux italiens de Paris. A midi, M.
et Mme Stephen Pichon offriront, au
nom du gouvernement, un déjeuner en
l'honneur du Roi au ministère des affai-
res étrangères.
Dans l'après-midi, visite à l'Hôtel de
Ville. Ensuite, comme nous l'avons dit,
S. M. Victor-Emmanuel assistera sans
aucun cérémonial à la séance de l'Aca-
démie des inscriptions et belles lettres
dont il est, en sa qualité de numismate,
un membre éminent.
La journée de vendredi se terminera
par une réception à l'ambassade d'Italie.
Samedi matin le souverain partira pour
le front oùil rendra visité au corps d'ar-
mée italien qui a si vaillamment com-
battu en France.
EN INDO- CHINE
A
Un Attentat contre M. Sarraut
.On télégraphie d'Hanoï, 16 décembre
M. Albert Sarraut, gouverneur géné-
ral de rf(iq\o-Chine, a été victime, di-
manche, au cours de l'inauguration de
la foire d'Hanoï, d'une tentative d'as-
sassinat. Un' -'ancien agent temporaire-
des services civils congédié, M. Desvi-
gnes, tira sur luj. à courte distance avec
unbrowning.il faillit être lynché par
la foule. Ij-a été immédiatement arrêté.
La balle qui s'était logé dans le flanc
droit a été extraite peu après l'attentat.
L'état du gouverneur général est aussi
satisfaisant que possible et les médecins
ne prévoient aucune complication. Tout
le monde, en France, en sera heureux, car
M. Albert-Sarraut ne compte que des'
sympathies, même parmi ses adversai-
ires politjgi}ë$-
AUTOUR DE LA VICTOIRE
~~AT~MISTIOE
NOUVELLES CLAUSES FINANCIÈRES
Le prQtocole financier qui a été signé
à Trèves à l'occasion du renouvellement
de l'armistice contient les clauses sui-
vantes
1° Engagement de la part de l'Allemagne
de né pas disposer sans accord préalable
avec les Alliés de son encaisse métallique, de
ses effets ou avoirs sur ou à l'étranger,
ainsi que des' valeurs mobilières étrangères
appartenant tant ait gouvernement et aux
caisses publiques qu'aux particuliers et so-
ciétés.
2° Engagement de la. part de l'Allemagne
de prendre, d'accord avec les gouvernements
alliés, les mesures nécessaires pour régler le
plus rapidement possible les conditions dans
lesquelles les intéressés pourront obtenir la
restitution des. titres perdus ou volés dans
les régions envahies et la rentrée en>poses-
sion de leurs biens séquestrés
3Q Obligation sous certaines conditions,
de régler à leurs échéances les créances dues
aux Alsaciens-Lorrains et de n'apporter au-
cune entrave, à la libre disposition par les
Alsaciens-Lorrains des propriétés, valeurs,
titres ou dépôts leur appartenant et situés en
Allemagne.
l ON DEMANDE DES COMMUNIQUÉS
On communique cette rectification
D'après certains journaux, le, maréchal
K?och, accompagné de quarante officiers, se
serait rendu à ïxê'yes, à l'hôtel de la Poste,
où loge la commission allemande cette in-
formation est inexacte. Le maréchal Foch et
l'amiral Weymiss sont arrivés à. Trèves ac-
compagnés do six officiers.. Le maréchal
Foch a convoqué les plénipotentiaires alle-
mands dans son train, où les questions con-
cernant la prolongation de l'armistice'ont été
réglées.
Les journaux qui ont donné ce détail
inexact ont reproduit une dépêche d'a-
gence datée de Trêves, et cela faute de
communiqué renseignant sur les pour-
parlers d'armistice. C'est urie dépêche de
Berlin, trouvée dans le Journal de Ge-
nève qui a fait connaître les conditions
nouvelles de la .livraison du matériel
roulant.
Aujourd'hui seulement nous appre-
nons que de nouvelles clauses financiè-
res ont été arrêtées à Trèves. Pourquoi
ne pas les avoir communiquées en même
temps que les autres?
Pourquoi le bureau, qui justement
rectifie l'erreur sur l'endroit où le maré-
chal Foch a convoqué les plénipoten-
tiaires, n'est-il pas chargé de renseigner
la presse, quotidiennement, sur tout ce
quMl.est important que-le public con-
naisse et qu'il serait utile que là presse
ne publiât qu'en toute certitude ? `.'
UNE ADRESSE A M. POINCARÉ
La Faculté de droit de l'Université de Pa-
ris a fait parvenir l'adresse suivante'au Pré-
sident de la République
Dans la joie de la victoire de la France qui,
après avoir lutté avec ses nobles alliés pour la
sainte cause de la Justice et de la Liberté, la
voit enfin triompher définitivement, la Faculté
de droit de Paris se sent flère d'avoir eu pour
clove le premier magistrat de la République qui
préside aujourd'hui à ses nouvelles et glorieuses
destinées. Elle le prie d'agréer l'expression de
ses hommages ot de ses vœux. Ils s'adressent
en même temps it l'homme politique dont la cor-
rection constitutionnelle ne s'est jamais démen-
tie et au patriote qui. n'a jamais désespéré du
salut de la France et du triomphe du Droit.
VERS LA CONFÉRENCE
On annonce, à Londres, que M. Lloyd
George partira pour Paris vers la fin de la
semaine il y rencontrera probablement le
Président Wilson.
Les projets du Président, ne sont pas
connus d'une façon précise. On no connaît
pas encore la durée de la tournée qu'il fera
dans les régions dévastées.
II est probable que les discussions concer-
nant la, paix ne pourront commencer que
peu do jours avant la nouvelle année.
Lé premier ministre espère pouvoir pren-
iro quelques jours de^repos dans le Midi de
la France.
ÉCHOS
Le Président de la République avait
télégraphié à M. Sidonio Paes, à la suite
du premier attentat dirigé contre lui il
avait reçu dimanche ce télégramme de
réponse
Lisbonne, 15 décembre.
Je vous remercie de tout cœur du télé-
gramme de félicitations que Votre Excellence
a eu l'extrême gentillesse de m'adresser à son
retour d'Alsace, où j'ai appris, avec plaisir,
que le ministre de Portugal avait pu assister,
grâce à la plus aimable des invitations, aux
manifestations de joie des Français enfln
restitués à leur patrie.
Je vous prie de croire à mes sentiments de
sympathie et de sincère reconnaissance.
Sidonio PAES.
Ce télégramme le dernier sans
doute qu'ait écrit M. Sidonio Paes est
Irrivéà Paris en même temps que la
nouvelle de l'assassinat.
La leçon.
41 paraît qu'à Metz, quelques Boches
îiégligent de saluer nos officiers.
Nous savons comment les officiers
allemands traitaient, naguère,. en pays
envahis, les malheureux qui oubliaient
de s'incliner devant leurs uniformes.
Le général de Maud'huy vient d'infor,
mer les Allemands de Metz que nos offi-
ciers sont personnellement indifférents à
leurs hommages
Les Allemands (hommes et femmes) ne
sont pas obligés par nous de saluer les offi-
ciers, mais ils doivent saluer nos drapeaux.
Ils n'ont qu'âne pas se trouver à leur pas-
sage si cette obligation leur coûte.
Ils ne saisiront peut-être pas la nuance.
Ils ne comprendront pas combien, par
cette conception de la discipline, nos
chefs se placent au-dessus des leurs.
Mais pe'ulimporte qu'ils comprennent.
Une réforme indispensable.
C'est celle du, régime des salaires, dans
le personnel enseignant. Dans sa séance
d'hier, l'Académie française s'est asso-
ciée à un vœu formulé" par la Faculté
des sciences de Paris et tendant à l'a-
mélioration du traitement du personnel
universitaire, traitement si modique,
inférieur souvent à celui de simples ma-
nœuvres, que les savants, attirés par
l'industrie qui les apprécie mieux, com-
mencent à manquer à l'enseignement.
L'Académie étend le vœu aux établis-
sements extra-universitaires, tels que le
Collège de France, le Muséum, etc., où
les professeurs ont, aujourd'hui, des
appointements.dontunapprenti chauf-
féur ne voudrait plus!
--o-0Ob-~
La fin de la taxe de luxe. ̃̃̃̃'•
La taxe de, luxe, qui a soulevé tant de
protestations et que le gouvernement ne
peut se décider à supprimer, n'existe
plus chez A. Van Cleef et Arpels, les
grands joailliers de la place Vendôme.
Tout au moins elle n'existe plus pour
-leurs clients, MM. Van Cleef et Arpels
>ayant eu la délicate idée de la prendre à
leur compte jusqu'au 15 janvier, sans
majorer en rien leurs prix. Il suffit de
visiter leur magnifique exposition de
joyaux pour se rendre compte de l'avan-
tage très réel dont bénéficient ainsi les
acheteurs.
-<>-<><>-0--
Un homme qui doit être,: en ce mo-
ment, dans un terrible embarras, c'est
M. Justus Perthes, l'éditeur du célèbre
almanach de Gotha.
Il y a eu, en effet, depuis quelques
mois, de formidables modifications dans
le personnel régnant de certains pays.
En Russie, il est difficile, pour ne pas
dire impossible, de dire qui gouverne..
En Allemagne, il en est de même. Après
Guillaume II, ses satellites les rois de
Bavière et de Wurtemberg, les princes
de Reuss et de Lippe, les grands-ducs
de Bade, de Hesse et de Saxe-Weimar
ont disparu. Qui, M. Justus Perthes
va-t-il mettre à leur place dans la pro-
chaine édition du petit livre rouge qui
paraissait si tranquillement depuis cent
cinquante-cinq ans?
Y aura-t-il même un Gotha, l'année
prochaine ?
Le Masque de Fer.
°.iJJ
MWilson
à THôtel-de-Ville
Le Président des Etats-Unis et Mme
Wilson ont été reçus solennellement,
hier, par le Conseil municipal de Paris.
Le Président de la République et Mme e
Poincaré étaient allés les chercher rue
de Monceau.
C'est au son de la fanfare des chas-
seurs jouant le Stars spangled Banners,
puis la Marseillaise, que le cortège s'est
formé.
Sur tout le parcours, la foule massée
derrière les barrages a acclamé nos visi-
teurs.
Le cortège a débouché à 2 h. 45 sur la
place de l'Hôtel-de- Ville."
Les pylones qui s'élevaient sur les
deux terre-pleins de la place ont dis-
paru, ainsi que les canons boches que
l'on y avait amenés pour la fête de
l'emprunt. Ils sont remplacés par des
bancs, des échelles, des voitures à bras,
estrades improvisées, d'où la foule
pourra, moyennant honnête rétribution,
acclamer M. Wilson, le héros du jour.
Quant au palais municipal, il a
conservé sa décoration des cérémonies
précédentes; seuls figurent sur la fa-
çade, encadrés des couleurs françaises,
les drapeaux étoilés des Etats-Unis.
Le service d'ordre, qui avait laissé
quelque peu à désirer lors de la visite
des souverains belges, a été sérieuse-
ment amélioré.
Il n'y a eu ni désordre, ni bousculade,
mais le nombre exorbitant de cartes dis-
tribuées n'a pas permis d'accueillir tout
le monde et beaucoup d'invités retarda-
taires sont restés dehors. Ceux qui ont
pu pénétrer, tout pressés qu'ils fussent
dans'lés salons, n'ont pas dû le regret-
ter, car le spectacle auquel ils ont as-
sisté, la réception de M. Wilson à l'Hô-
tel de Ville, leur laissera sans doute un
souvenir durable.
Tandis que la foule, contenue avec
peine par un cordon de gardes munici-
paux, encombre la place et ses abords,
que les fenêtres pavoisées de la rue de
Rivoli se garnissent de monde, les per-
sonnages officiels, reçus par le bureau
du Conseil municipal se rendent dans
le Jardin d'hiver où ils attendent les
hôtes de la France.
A deux heures quarante-cinq exacte-
ment, le Stars spangler Banners, exé-
cuté par la musique de la garde répu-
blicaine, annonce l'arrivée du cortège
que MM. Mithouard président du
Conseil municipal Autrand, préfet de
la Seine et les membres du bureau vont
recevoir au seuil de l'Hôtel de Ville.
Au moment où M. Wilson, ayant à
son bras Mme Poincaré, va pénétrer
dans le salon d'hiver, une jeune Alsa-
cienne, dans son gracieux costume na-
tional, s'avance vers lui et lui offre un
bouquet. M. Wilson, souriant, le reçoit
et dit la satisfaction qu'il éprouve d'être
salué, à son entrée à l'hôtel de ville de
Paris, par une charmante Alsacienne,
représentant sa patrie libérée.
:M. Wilson donne le bras droit à Mme
Poincaré; il a à sa gauche M. Autrand,
préfet do la Seine; à la droite de Mme
Poincaré, marche M. Mithouard, prési-
dent du Conseil municipal. Derrière
&}x -vient M. Poincaré, donnant le bras
à Mme Wilson; puis M. Lansing et le
reste du cortège.
Quatre fauteuils sont disposés au
pied du Gloriâ victis. Le Président de
la; République, ,eh redingote, sans dé-
coration, occupe le premier fauleuil; à
sa gauche Mme Wilson qui,- à son ar-
rivée, porte un grand manteau de four-
rure .qu'elle quitte, pour laisser appa-
raître une superbe toilette de nuance
aubergine brodée ton sur ton, chapeau ¡
de même couleur. Pour tout bijou, elle
porte un mince collier de perles, et tient
à la main quatre bouquets de violettes.
A côté d'elle prend place M. Wilson. Il
quitte, lui aussi, son pardessus gris, et
reste en redingote noire. A la bouton-
nière, un petit drapeau américain. Le
quatrième fauteuil est occupé par Mme
Poincaré, en toilette beige clair et collet
de zibeline.
**# •
Le président du Conseil municipal s'a- •
vance vers M. Wilson et souhaite la
bienvenue « au chef de la grande nation
dont le secours survenant à l'heure
opportune a si'heureusement précipité
la victoire, à l'honnête homme dont la
conscience fut une politique et la loyauté
une diplomatie ».
Puis après avoir rappelé les longs et
durs combats que nos soldats ont dû
soutenir pour défendre le sol de la pa-
trie, il ajoute
Quelle source d'énergie-ee-fut pour ces hé- '̃
ros que d'entendre tout .à coup retentir, dans
son autorité lointaine, votre parole qui res-
semblait à la voix précise de la postérité
quelle joie d'accueillir ces nouveaux frères
d armes qui venaient avec un sublime élan
réclamer à l'heure la plus difficile leur place
sur le champ de bataillé! quel puissant r.è-
confort de se sentir désormais en ligne avec
la glorieuse armée du général Pershing,
vainqueur de l'Argonne >
Nous sommes fiers, Monsieur le Président,
de vous souhaiter la bienvenue au nom 'do
cette capitale que sa tradition intellectuelle
emporte éternellement vers la vérité des
temps nouveaux. Notre patrie n'est pas seu-
lement ce territoire bien-aimé pour la libé-
ration duquel le sang des fils de l'Union
vient de se mêler au sang des fils de France
la patrie, c'est aussi pour nous, et par voie
d'héritage, la justice, le bon sens et l'hon-
neur, et parce que vous venez à nous au nom
de toutes ces nobles choses, nous osons au-
jourd'hui vous appeler Citoyen de Paris..
Recevez, Monsieur le Président, les vœux
sincères de notre ville, hier, sous la menace
des berthas et des gothas, citadelle des liber-
tés du monde, aujourd'hui ville ouverte h
toutes les idées nobles et généreuses, et sa-
luant avec enthousiasme dans le grand ci-
toyen qu'elle a l'honneur de recevoir un idéal
nouveau qui vient à elle.
Le Président Wilson, qui aécouté ca
discours- d'un air-réfléchi «t pensif, te
front baisse, lève la; tète et sourit aima-
blement lorsqu'il entend M. Milhbùârd
lui donner le titre de citoyen de Paris.
M. Autrand, préfet de la Seine, s'a-
vance à son tour et se félicite de rece-
voir le digne successeur de George
Washington et d'Abraham Lincoln. 11
dit toute l'admiration et la reconnais-
sarice que la France doit a l'Amérique
et son président. Il poursuit
Au cours du drame inouï qui vient de dé-
rouler, sur terre et sur mer, ses sanglantes
péripéties, votre cœur généreux a vibré à
toutes les misères il s'est ingénié à secourir
toutes les grandes infortunes. Comment énu-
mérer les bienfaits innombrables de la cha-
rité américaine, vigilante, méthodique et
diserôto Par elle, les souffrances de nos pri-
sonniers ont été allégées. Par elle, le spectre
de la faim a été détourné des régions en-
vahies de Belgique et de France.
..Nous goûtons aujourd'hui la joie profonde
d'acclamer, dans le Président Wilson, la na-
tion dont les armées valeureuses ont contri-
bué si brillamment à la plus magnifique des
victoires. Paris se sent entraîné vers vous
par un mouvement irrésistible, par la force
de toutes ses affinités et de toutes ses convic-
tions. Cité de travail, il s'incline avec res-
pect devant votre existence vouée à un la-
beur austère. Centre de vie intellectuelle, il
admire le savant et le penseur dont les œu-
vres ont enrichi l'esprit humain. Foyer de
de patriotisme ardent, il exprime sa grati-
tude émue au grand ami de la France. Bou-
levard historique de la liberté et de la jus-
tice, il célèbre en vous le serviteur désinté-
ressé de ces grandes idées morales, l'apôtre
éloquent et résolu des droits de l'Humanité.
Le président Wilson après s'être in-
cliné, en signe de remerciement; pro-
nonce en anglais un discours dont voici
la traduction
Monsieur le président qu Conseil
municipal,
Monsieur le Préfet, (
Votre accueil a fait naître en moi bien des
émotions. Ce n'est pas avec une banale sym-
pathie que le peuple des Etats-Unis, au nom
duquel j'ai le privilège de parler, a vu les
souffrances du peuple français. Beaucoup de
mes compatriotes on ont été eux-mêmes 'les
témoins directs. Nous avons été d'autant
plus profondément émus par les injustices
de cette guerre que nons savions de quelle
façon elles étaient perpétrées.
'Je ne voudrais pas que vous pussiez pen-
ser, parce que l'étendue d'un immense océan
nous séparait, que nous ne nous représen-'
tions pas réellement l'infamie des dévas-
tations que vous subissiez et des souffrances
cruelles infligées sans nécessité. Ces souf-
frances ont rempli nos cœurs d'indignation
nous savions non seulement ce qu'elles
étaient, mais encore tout ce qu'elles signi-
fiaient et nos cœurs étaient touchés au °vif
nos imaginations emplies de la vision de ce
que la France et la Belgique, en particulier,
avaient subi.
Donc, lorsque les Etats-Unis entrèrent en
guerre, ce fut non seulement parce qu'ils
étaient convaincus que le but des Empires
centraux était injuste et que tous les nom-
mes qui aimaient la Liberté et le Droit avaient
le devoir de s'y opposer, mais aussi parce
que les ambitions que nourrissaient ces Em-
pires et qu'ils essayaient de réaliser étaient
illicites et les avaient conduits à des prati-
ques qui choquaient nos sentiments autant
qu'elles offensaient nos principes.
Notre résolution fut prise avec une pleine
conscience de l'atteinte portée au grand
principe du Droit et de plus nos cœurs bat-
taient d'accord avec notre résolution.
Vous avez été excessivement généreux et
au delà. de mes mérites personnels dans ce
que vous avez eu la gracieuseté de dire de
moi. Mais vous avez interprété avec une
justesse absolue les raisons qui ont fait agir
le peuple des Etats-Unis. Quelle que soit
l'influence que j'exerce, Quelle que soit >̃
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