Titre : Figaro : journal non politique
Éditeur : Figaro (Paris)
Date d'édition : 1918-08-13
Contributeur : Villemessant, Hippolyte de (1810-1879). Directeur de publication
Contributeur : Jouvin, Benoît (1810-1886). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34355551z
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 13 août 1918 13 août 1918
Description : 1918/08/13 (Numéro 225). 1918/08/13 (Numéro 225).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
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Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
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Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k291863h
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
Le Numéro quotidien M CENTIMES en France etenBefgique Étranger VINGT CENTIMES
Mardi 13 Août 1918
641"8 Année 3me Série H° 225
Gaston G ALMETTE
Directeur (1902- Ï914)'
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26, Bue Drouot, Paris (9« Arr1) "̃*•-̃
H. DE VILLEMESSANT
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̃-«• ••% «Loué.par ceux-ci, blâmé p2r ceux-là, me moquant des sots, bravant les méchants, je me pressa -̃.
;̃̃ de rire de tout. de pçur, d'être obligé d'en pleurer. » (Beaumarchais) .i.
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Tirailleurs sénégalais
Depuis le début de la campagne, nos
tirailleurs sénégalais ont ajouté :d'ad-
mirables pages au Livre d'or des troupes
coloniales. On ne sait pas assez la large
part qu'ils ont prise à la défense de
Dixmude. Deu,x bataillons avaient été
mis le 25 octobre 1914 à la disposition
de l'amiral Rqnarc'h, commandant la
brigade de fusiliers marins défendant
le. canal de 'l'Yser. Décidé à forcer le
passage à tout prix, l'ennemi menait
l'attaque avec une énergie farouche.
On se battait jour et nuit, sans une
minute de répit. Les tirailleurs ne le cé-
daient en rien comme bravoure à nos
marins, et dès que les fantassins alle-
mands essayaient de sortir des tran-
chées, ils se lançaient sur eux, et après
de terribles corps à corps les forçaient t
à réintégrer leurs abris. Mais l'ennemi
parvint à tourner nos positions, et les
Sénégalais furent bientôt cernés dans
Dixmude. Ecrasés par l'artillerie et les
mitrailleuses, sans espoir de rompre le
cercle de feu qui les étreignait, nos
Africains, .n'eurent pas l'idée- de se
pendre Ils s'élancèrent à coups de
couteau, à coups de baïonnette, à
coups de crosse sur l'ennemi, qui,
devant leur ruée magnifique, hésita un
instant. Quelques officiers encore debout
en profitèrent pour grouper les rares
survivants qui se frayèrent, à la tombée
de la nuit, un chemin sanglant à travers
les hordes allemandes et traversèrent
l'Yser sur un pont de fortune. Dixmude
n'était plus qu'un tas de cendres et de
cailloux. •;
Quatre régiments niixtes composés de
bataillons d'infanterie coloniale et de
.bataillons sénégalais avaient été appelés
à- faire partie du corps expéditionnaire
des Dardanelles. Le 25 avril 1915, le gj-
néral sir John Hamilton décidait qu'une
diversion serait faite sur la côte d'Asie
par une brigade française tandis qu'on
débarquerait dans la presqu'île de Galli-
pôli. A 5 h. 1/2 du matin, cette brigade
reçoit ordre de commencer son mouve-
ment. Le courant des Dardanelles est
rapide,les nombreuses batteries turques
ont ouvert un feu violent sur les ca-
nots, les mitrailleuses crachent sans
arrêt. Un moment la situation est cri-
tique. Mais sur un signe, de leurs
chefs, les tirailleurs se jettent à l'eau,
ajustent les baïonnettes au bout des
canons vt d'un -élan -«ragnilique, ir-
résistible malgré les fils de fer que les
'jures avaieni placés jusque dans la
mer, s'élancent sur le rivage, gravissent t
les pentes et s'emparent du fort de
Koum-Kalé, chassant devant eux les
Turcs commandés par des officiers alle-
mands. Ils occupent le village situé au
pied du fort, s'y retranchent et, jusqu'à
l'ordre, de repli,- résistent victorieuse-
ment à l'assaut de plus de 10,000 enne-
mis 2*500 cadavres jonchant les abords
de la position témoignent de la farouche
énergie de la lutte et aussi de l'héroïque
bravoure de nos soldats.
Les Sénégalais fournirent en 1916 aux
armées de la Somme, et de Verdun des
bataillons d'élite mi-partis de vieux sol-
dats, mi-partis de recrues. La prise de
la. Maisonnette, les assauts autour de
Barleux, d'Assevillers, de Douaumont,
resteront sans doute gravés dans la
mémoire des soldats allemands qui
ont survécu à ces terribles combats.
C'est le 61e bataillon sénégalais qui
fut charg: d'attaquer les tranchées au
sud de la Maisonnette. Il avait à par-
courir huit cents mètres sous le feu en
terrain découvert. D'un seul élan, il les
franchit en dépit de tirs de barrage qui
lui indigent- des pertes énormes; les
deux premières vagues se cramponnent
au terrain à quelques mètres des tran-
chées ennemies et, après yne nouvelle
et courte préparation de notre' artillerie,
les tiraiileurs se. précipitent à l'arme
blanche sur les Allemands et s'em-
par ,-nt de la position. A Assevillers,
le 2 juillet, l'ennemi, prévoyant l'at-
taque, a amené un grand nombre de
batterie de 105 et de 77 qui prennent
pour objectif le boyau de « la Misère »,
accablant de projectiles les unités séné-
galaises placées dans les tranchées, de
part et d'autre de ce boyau. La situa-
tion est pénible; depuis deux jours sur
la. brèche, les tirailleurs ont dû rester
les vingt-quatre dernières heures sans
boire ni manger. Néanmoins, pendant
la nuit, ils coupent sans bruit les ré-
seaux de fils de fer qui entourent Asse-
villers et à l'aube s'élancent sur le vil-
lage qu'ils occupent et gardent malgré
le violent bombardement ennemi.
Le 24 octobre, le régiment colonial du
Maroc, renforcé du 43e bataillon séné-
galais et de deux compagnies Somalis,
enlève, à lasuite d'un assaut irrésistible,
le, fort de Douaumont, et conserve sa
conquête en dépit des contre-attaques
répétées de l'ennemi. A un moment
donné, les assaillants, accueillis par de
violentes rafales de mitrailleuses, s'é-
taient arrêtés. Devant l'intensité du feu,
les hommes de la première ligne se cou-
chèrent dans les trous d'obus et la fusil-
lades'engàgea. Mais les Sénégalais pla-
cés en deuxième ligne continuèrent à pro-
gresser. Ils arrivent à hauteur de la pre-
mière vague d'assaut, la franchissent
dans une ruée superbe et se précipitent
sur les mitrailleuses allemandes qu'ils
enlèvent. Entraînée par l'exemple, toute
la première ligne se relève et s'élance
sur les ennemis qui jettent leurs armes
et se rendent.
En 1917, les Sénégalais étaient dans
les rangs de l'armée qui prit l'offensive
sur l'Aisne, et malgré les circonstances
atmosphériques particulièrement défa-
vorables, ils firent preuve comme tou-
jours du plus éclatant courage. Ils enle-
vèrent en quelques quarts d'heure la sé-
rie d'observatoires qui, par-dessus la
vallée de l'Ailette, découvrent, entre les
massifs de Saint-Gobain et de Montbe-
rault, la plaine de Laon bousculant
les ennemis qui se sauvent précipi-
tamment, ils" arrivèrent" sur le rebord
nord du plateau du Chemin des -Dames
et partirent à l'assaut' des tranchées
allemandes avec un élan magnifique.
Le soir de 'cette belle journée, sous le
marmitage le' plus violent, sous le tir
des mitrailleuses qui se dévoilent de
tous côtés,' malgré le froid qui les en-
gourdissait, la boue qui avait rendu leurs
armes en partie inutilisables, les Séné-
galais stoïques ont conservé toutes les
positions qu'ils avaient si glorieusement
conquises.
Au cours des dernières batailles de la
Marne et de Champagne, les tirailleurs
sénégalais ont soutenu leur vieille répu-
tation. Parmi les bataillons qui se sont
le plus distingués, on peut citer le 61e qui
a obtenu sa deuxième citation à l'ordre
de l'armée, lui donnant droit à la four-
ragère.
'̃ ̃'̃
La bravoure sur le champ de bataille,
qui est en général chez nos ennemis le
résultat d'une discipline de fer, est une
vertu instinctive, naturelle, parmi les
flores populations du Soudan, :où la
lâcheté est tenue, comme jadis chez les
• Francs, pour la dernière des tares.
Mais le courage n'est pas le seul mé-
rite qui attire naturellement aux Séné-
galais et Soudanais la sympathie, puis
l'affection de tous ceux qui onteu, comme
moi, l'honneur de les commander aii
cours de leur carrière; ils ont les capti
vantes qualités des peuples encore près
de la nature qui, comme les enfants,
n'ont pas connu les àpres luttes pour
l'existence. Ils s'attachent profondément
à leurs chefs quand ils reconnaissent
leur supériorité intellectuelle, quand
ils sont traités par eux avec bonté et
justice. Les exemples de dévouement
des tirailleurs à l'égard de leurs of-
ficiers sont journaliers. C'est un cui-
sinier noir qui sans suivre les boyaux
de communication, comme il est pres-
crit, apporte en courant à travers
champs, sous le feu de la mitraille, le
dîner de son capitaine aux tranchées de
première ligne, et aux observations sé-
vères qui lui sont adressées, répond avec
son large sourire
Ma capitaine, pas moyen aujour-
d'hui suivre boyaux, ça rognons, peut
pas attendre.
.C'est un tirailleur, ordonnance _d'.un
officier, qui, ayant le bras fracassé par
un éclat d'obus, cherche longuement.
son chef sur la ligne de feu pour lui de-
mander où metlfeà l'abri les effets qui"
•lui sont confiés, avant de se rendre à
Tanïbulanee. Ce sont de nombreux sol- y
dats allant, sous le feu ennemi, relever
le corps d'un de leurs chefs, frappe en
[première ligne, le ramenant dans nos
tranchées ou tombant auprès de lui.
Mon jeune ami Mademba Cheikh, fils
du fama de Sansanding, qui est sous-
lieutenant au 78° bataillon sénégalais,
m'écrivait, il y a huit jours
Mon bataillon a enfin attaqué. Il a, comme
vous l'espériez, fait honneur aux troupes
coloniales nous avons dépassé les objectifs
iqui nous avaient été assignés, et j'ai été
personnellement cité à l'ordre de la division.
Nous sommes campés dans la forêt de Retz,
non loin de Villers-Gotterets, prêts à com-
battre de nouveau. Je vous envoie tout de
suite ce mot au crayon, car je sais qu'il vous
fera partager notre joie.
En même temps, j'apprenais les actes
i de vandalisme commis par les Alle-
mands à Château-Thierry et je n'ai plus
souri au souvenir de ce sergent bambara
qui, placé à un poste d'observation et
voyant les Allemands évacuer la lisière
d'un village, s'écriait « Mon lieutenant,
les sauvages reculent».
**# .̃̃•-̃'̃ 't.
Un certain nombre d'indigènes parlent
maintenant assez bien notre langue
pour qu'on puisse leur confier les fonc-
tions spéciales de signaleurs, agents de
liaison, téléphonistes.
Les tirailleurs aiment en général à
écrire en Afrique et y envoierit fréquem-
ment de l'argent mais le nombre de
ceux qui sont assez lettrés pour tenir
une plume est malheureusement res-
treint, aussi la plupart sont obligés
d'emprunter l'aide d'un gradé ou d'un
ami. Mais, en dehors de cette corres-
pondance privée, une fois par mois les
commandants de bataillon doivent, par
l'intermédiaire des commandants de
cercles du Soudan, faire parvenir aux
parents de chaque tirailleur des nouvel-
les de celui qui combat en France.
Un Comité d'assistance aux troupes
noires s'est créé pour donner, en dehors
de leur service militaire, un appui mo-
ral et matériel aux Sénégalais éloignés
de leur pays et de leur famille; sans
bruit ni réclame, ce Comité, avec l'ap-
pui de la direction des troupes colonia-
les, a rendu des services, considérables.
Grâce à la bienveillante sollicitude dont
nos braves soldats indigènes sont,cons-
tamment l'objet, grâce aux pensions et
secours attribués aux tirailleurs réformés
etauxveuves de ceux qui sont morts sous
nos drapeaux, le recrutement des soldats
dont on a besoin est particulièrement
facile parmi les nombreuses populations
du Soudan. Ce recrutement se fait uni-
quement par engagements volontaires,
et cette année le nombre des engagés
dépasse tous les besoins et même les
prévisions les plus optimistes. D'autre
part, presque tous les soldats indigènes
arrivés au terme de leur engagement
demandent à se rengager.
Les Allemands, qui longtemps ont
traité d'une manière indigne les prison-
niers et blessés de nos troupes afri-
caines, voudraient aujourd'hui faire
croire, par leurs radios dans'les pays
neutres, que ces indigènes sont traités
par nous avec barbarie, que nous les
considérons comme de la simple chair
à canon, qu'on jette dans la mêlée
jusqu'à destruction complète et qu'on
mitraille en cas de recul. C'est une
de ces calomnies ridicules et perfides
dont nos ennemis sont coutumiers. J'ai
été directeur des troupes coloniales pen-
dant plus de dix ans, j'ai été l'artisan de
leur organisation première, et pendant
les trois premières années de la guerre,
j'ai vécu constamment leur vie, non
seulement les-dirigeant du- -ministère,
mais les visitant sans cesse dans les
camps d'instruction de l'intérieur et au
front, je puis affirmer hautement que
dans ces admirables troupes il n'y a au-
cune différence de traitement entre les
troupes européennes et indigènes, Et
comment en serait-il autrement? Blancs
et noirs ne se battent-ils pas avec le
même cœur, avec la même abnégation?
tous ne sont-ils pas également fils de
la France, dont ils veulent la victoire
avec une égale ardeur et pour laquelle
tous verseront avec joie la dernière goutte
de leur sang?
Général Famin,
ancien directeur des troupes coloniales.
Le Crépuscule des Deux
Ces «deux», ce sont Lénine etTrotsky.
Voici que l'on nous apprend et par le
canal de l'Agence Wolff que ces
hommes d'Etat, ne se sentant plus en
sécurité à Moscou, ont transféré en des
lieux plus calmes le siège de leur gouver-
nement et au^si leurs propres person-
nes..
Lénipe et Trotsky, s'il faut en croire
cette nouvelle, laquelle a bien l'air au-
thentique, seraient à Cronstadt depuis
mercredi. Le reste du Conseil des com-
missaires du peuple est parti, ou va
partir, pour les aller rejoindre.
Il paraît que Moscou étant devenu dé-
cidément inhabitable, les; deux insépa-
rables avaient, un instant, songé à Pe-
trograd. Mais si Moscou n'est pas sûr,
Petrograd ne l'est pas sensiblement da-
vantage. Cronstadt vaut beaucoup mieux.
C'est d'abord une des villes saintes de la
Révolution. Bien avant le triomphe du
bolchevisme, Cronstadt et son Soviet
s'étaient distingués par leur zèle- pour
l'anarchie, le- massacre et le pillage. Lé-
nine etTrotsky ne courent là que le seul
risque de passer pour un peu réaction-
naires.
Mais surtout Cronstadt a l'avantage
inappréciable d'être dans une île et
d'avoir un port". S'il arrivait par hasard
que le malheur des temps contraignît
les derniers bolcheviks à la fuite, il leur
serait facile de s'embarquer et d'aban-
donner leur ingrate patrie. Les Allemands
ont bien par là quelques torpilleurs. Si
dégoûtés -nr eux.aussLL– vqu'ils parais-
sent, de ké/ijns..et de Trotsky, ils ne. re
fuseront sans doute pas d'en mettre un
à leur disposition, Le Kaiser doit 'bien
cela à ceux qui l'ont si bien servi.
Autour de la Bataille
Notre Victoire et l'Allemagne
La Gazette populaire de Cologne du 11, se
demande si « le drapeau du moral allemand
est en berne », et donne sur l'état d'es-
prit du public ce tableau. délicieux à lire.:
Hier, à Cologne, c'était jour de fête pour les
esprits faibles. La tête penchée, ils chucho-
taient à voix basse, avec des gestes pleins d'im-
portance,' cherchaient à démontrer à leurs audi-
teurs bénévoles et encore plus à ceux qui résis-
taient, qu'ils « l'avaient, cependant toujours dit ».
Le visage soucieux, ils en rencontraient d'au-
tres qui sont loin de vouloir <̃ flancher », mais
qui cependant sont portés à voir les choses en
noir. Ils échangeaient leurs appréhensions, les
accompagnant de sombres prévisions pour l'a-
venir. lls se séparaient disant enfln « Nous
verrons demain. » L'espoir et. la crainte luttaient
chez eux, à qui l'emporterait.
Le journal conclut en invitant ses compa-
triotes à ne pas mettre leur moral ainsi en
berne, à avoir 'ëbh'fîâÊicë'èfl i Hindenburg et
Ludendorff-« qui' ne'dbrment pas » et dans
les soldats allemands qui répareront ce que
leurs camarades maintenant prisonniers
n'ont pas pu empêcher.
La Gazette de Francfort du 11 écrit, avec
franchise
La défaite est là, il faut la réparer. Les nou-
velles lignes sont à l'est de Montdidier. Il ne
servirait à rien de vouloir diminuer l'importance
de ce fait mais nous pouvons nous réjouir à la
pensée que nos braves troupes ont suffisamment
pu résister à l'ennemi pour qu'il n'ait pas encore
pu :encercler la ville, empêcher ou rendre plus
difficile notre retraite en ordre. La nouvelle li-
gne se tient solidement.- Le terrain perdu n'est
pas grand.
Le général von Ardenne, dans le Berlinev
Tageblatl de samedi soir, s'étonne des succès
anglais dont l'état-major allemand connais-
sait, dit-il, les intentions. Il cherche à les
expliquer par la surprise et l'emploi des
tanks. Il
Cette attaque de tanks a quelque chose de
stupéfiant et de démoniaque et pourrait effrayer
les esprits superstitieux. L'attaque ennemie a
été ilnalement arrêtée. Elle n'a pas pris un ca-
ractère dangereux, mais les pertes en terrain,
en canons et en prisonniers restent doulouren-
ses; car l'état-major allemand, de tout temps,
s'est fait un principe d'économiser ses fibrees,. Il
tenait particnliërement à rester fidèle imainte-
nant.
Le critique militaire de la Gazette Berli-
noise de Midi, envisage l'hypothèse d'une
accentuation de la retraite allemande
Il.faut attendre pour voir jusqu'où notre état-
major sera amené à aller pour prendre à l'ar-
rière des positions plus favorables. Nous, ser-
vons mieux nos projets en nous esquivant dans
de nouvelles ppsitions, que nous 'laissons l'ad-
versaire attaquer d'une façon sanglante, qu'en
sacrifiant nos meilleures forces dans des com-
bats opiniâtres pour quelques morceaux de ter-
rain.
Le moment où une grande décision définitive
ou Une mise en action de toutes les forces de-
viendra importante n'est pas encore- venu pour
nous. C'est pourquoi, il ne faut considérer tous
les combats des dernières semaines et des se-
maines qui viennent que comme des étapes sur
le chemin de la victoire finale. Malgré l'abandon
de terrain, et en partie à cause de cet abandon,
notre situation est telle que nous restons, après
comme avant, maîtres de nos actes.
Ne raillons pas trop ces journaux. Ils font
ce qu'ils peuvent, ils disent ce qu'ils doivent
dire à un peuple inquiet et découragé. Aussi,
dans ces articles, no retenons-nous avec-
quelle, satisfaction que l'aveu de cette
inquiétude et de ce découragement.-
La (luerre
1,471 r jour de guerre
Communiqués officiel!
FRONT FRANÇAIS
12 AOUT 2 HEURES APRÈS-MIDI
Entre l'Avre fit l'Oise la situation
reste sans changement,
Pendant la nuit,, bombardement dans
la région Marqarvillara,: Grivillers.
Rien à signaler sur le reste du front.
12 AOUT. 11 HEURES SOIR
Entre l'Avre et l'Oise, nos troupes
jont enlevé lé village de Gury et fait
quelques progrès au nord de Roye-
sur-Matz et de Chevincourt.
Sur le front de la VesJe, nous avons
repoussé deux violentes attaques sur
nos positions de la rive nord, dans la
région de Fismes.
Journée calme partout ailleurs.
Dans la journée du 11 août, en dépit
de l'activité de l'aviation ennemie qui a
tenté de s'opposer au passage de nos
forces aériennes, nos escadrilles de bom-
bardement onteffectué des expéditions
fructueuses sur les lignes ennemies.
Les centres de rassemblements, les
croisements de routes, les ponts, les
carrefours, les voies ferrées ont été co-
pieusement arrosés de projectiles et les
colonnes en marche mitraillées.
L'important nœud de communication
de Porquericourt a reçu, pour sa part,
dix-sept tonnes de projectiles en plein
jour et de nombreux convois ont été em-
bouteillés. Au total, cinquante-sept ton-
nes. ont été jetées, dont vingt-deux pen-
dant la nuit, sur les régions de Hani,
Noyon, Guiscard, Tergnier, etc.
Le même jour, quinze avions et quatre
ballons captifs ont été abattus et vingt
et. un mis hors de combat par nos pilotes
opérant en collaboration avec des équi-
pages américains.
'ifci-. ,̃ ̃ -s- ̃
h: ptRQNT BRITANNIQUE ,;·T.
12 AOUT APRÈS-MIDI
L'ennemi a de nouveau attaqué, hier
soir, nos positions au sud de Lihons;
il a été repoussé.
A la suite d'une opération exécutée
avec succès, immédiatement au sud de
là Somme, nous avons fait deux cents
prisonniers, et nos positions à l'est de
Mèricourt ont été reliées à notre ligne
à l'est d'Etinehem, sur la rive nord de
là Somme.
Sur la droite de la quatrième armée
britannique, nos alliés ont fait des pro-
grès, hier dans l'après-midi, en direc-
tion de Roye, enlevant les villages
d'Armancourt et Tilloloy.
Dans la partie nord du front britanni-
que, nous avons amélioré notre ligne à
l'est de Robecqet entre Vieux-Berquin
et Merris.
'̃' 12 AOUT SOIR
Aujourd'hui, des combats heureux
ont eu lieu dans le voisinage de la route
de Roye, à l'est de Fouquescourt, et
sur la rive sud de la Somme. Sur chacun
de. ces points, nous avons avancé notre
ligne et fait quelques centaines de pri-
sonniers.
Au sud de la Somme, nos troupes se
sont emparées du village de Proyart,
après de vifs combats au cours desquels
l'ennemi a subi de lourdes pertes, tant
eu prisonniers qu'en tués. Les combats
continuent dans les environs de cette
localité. ̃̃ ̃̃̃̃̃
Sur la droite de l'armée britannique,
les troupes françaises ont pris Les
Loges.
Rien à signaler sur le reste du front
britannique.
a~
Pendant la journée du il août, ainsi
que dans la nuit du 11 au 12, nos avia-
teurs ont lancé cinquante- deux tonnes
de bombes. Leurs deux objectifs prin-
cipaux, de jour et de nuit, étaient les
passages de la Somme et les embranche-
ments de chemin de fer d'importance
militaire.
La gare de Courtrai et les voies de ga-
rage.furent violemment bombardées en
plein jour par quelques-unes de nos
escadrilles, volant à faible hauteur, sans
aucune perte pour nous.Plusieurs coups
directs furent observés..
Pendant la nuit, les gares de Péronne
et de Cambrai furent également atta-
quées avec vigueur, et l'on' a pu consta-
ter de bons résultats.
-Tous nos appareils de bombardement
de nuit sont rentrés indemmes.
Les appareilsennemis,en grandes for-
mations, furent actifs sur tout le front
bataille-
Pendant le jour, vingt-neuf d'entre
eux furent détruits en combats aériens
et vingt-quatre sont tombés désemparés.
Quatre ballons ennemis ont été abattus
en flammes.
Cinq de nos appareils manquent.
Le travail d'observation de nos àppa-
xsils et de nos ballons attachés à l'artil-
lerie se poursuivit sans. interruption.
Dans la nuit du 10 au 11 août, un go-
tha a été abattu par notre tir antiaérien
enplus Bés appareils déjà sïgria-Tés. ->~
LA GUERRE AERIENNE
Calais bombardé
On télégraphie de Calais
Cette nuit, plusieurs avions ennemis ont
survolé la ville, de dix heures et demie à
minuit et demi. Des tirs de barrage furent
déclenchés aussitôt mais les appareils réus-
sirent à passer et à lancer aussitôt des bom-
bes. Malgré la gravité du danger couru au
milieu des projectiles qui tombaient sans
cesse, et des tirs de mitrailleuses de l'en-
nemi, les secours s'organisèrent 'rapidement
sous la direction du général Ditté, gouver-
neur, qui donnant personnellement l'exem-
plo du dévouement, s'est prodigué ainsi que
les états-majors et les soldats des armées
alliées. La population est restée calme.
Un raid allemand a eu lieu également
sur Boulogne.
Les trois moments
de l'offensive picarde
« Interruption désagréable de l'offen-
sive allemande », traduisait le général
von Ardenne (1) après les batailles du
Tardenois, avant les batailles du San-
terre.
Après Morlancourt et Montdidier, va-
t-il continuer à ne pas appeler les choses
par leur nom ? `'
Lés trois mouvements de l'offensive en
Santerre se sont succédé avec une par-
faite régularité. Like clock ivork, selon
l'expression anglaise, « comme du tra-
vail d'horloge ».
Pendant la première phase, le progrès
des Britanniques a été plus rapide que
le nôtre, de leur côté de la route d'Amiens
à Roye, entre le grand axe de la bataille
et la Somme. La sagesse nous comman-
dait de marcher avec plus de précau-
tions sur les plateaux nus; entre la route
et la coupure profonde que fait l'Avre.
La deuxième phase voit les magnifi-
ques combats des Anglais, et de quel-
ques contingents américains, contre les
durs morceaux de Morlancourt et de
Chipilly à leur gauche, pendant que
Jeurs:escadrons et. leurs tanks -poussent
un raid fructueux aux environs de
.Chaulnes. Nous accélérons, de notre
icoté, le mouvement autour de Montdi-
dier, dès que le passage de l'Avre, dis-
puté avec une énergie farouche, a per-
mis l'exécution des manecuvres conver-
gentes. L'armée de Humberts'avancepar
le sud et le sud-est, emportant brillam-
ment les obstacles. L'arméede Debeney a
lancé son attaque par le nord, en liaison
constante avec les Britanniques sur sa
gauche. Cette conquête de Montdidier,
que les Allemands avaient bruyamment
claironnée au printemps, ils ne la dé-
fendent plus, avec de lourdes pertes
(plus de 2,000 prisonniers), que pour
donner au gros de leurs troupes le
temps de s'échapper par l'étroit et rabo-
teux couloir de Guerbigny. Nous entrâ-
mes à Montdidier comme les Allemands
n'avaient pas encore achevé de décam-
per. L'impatiente cavalerie se mit à leur
poursuite. Combien de fois l'a-t-on
entendu traiter d'arme surannée, ar-
chaïque Il faut remercier ses défen-
seurs impénitents. Autos blindées et
auto-mitrailleuses aidant, la retraite al-
lemande fut dure.
Enfin la troisième phase de la bataille
amène de nouveaux progrès sur toute la
ligne, qui tend à former un-demi-cercle,
en direction de Roye. Rawlinson, au
nord, se rapproche de la grande route
de Montdidier à Péronne, qui coupe à
Roye celle d'Amiens à Noyon, et, plus
haut, entre Chaulnes et Nesle, la voie
ferrée d'Amiens à La Père. Les réac-
tions allemandes y sont rudes. Debeney,
au centre, suit les deux côtés de la
chaussée de Montdidier à Roye, la haute
vallée de l'Avre picarde à sa gauche et
la vallée marécageuse du Matz à sa
droite. Humbert, au sud, pousse droit
devant lui au massif de Lassigny-Noyon,
à travers un pays difficile, où .l'ennemi
dispute chaque village (Ressons, Orvil-
lers-Sorel, Gury) et chaque crête boisée.
Voilà le saillant allemand du Santerre
gravement pressé et déjà entamé, sur
les deux flancs.
&
Evidemment, la bataille n'est pas finie.
Ou, plus exactement, une autre bataille
commence, la bataille allemande d'arrêt
où le kronprinz bavarois appelle en hâte
ses réserves et résiste sur les anciennes
lignes de 1914.
Quand il décorait du nom de repli stra-
tégique la retraite où l'avait condamné
notre victoire de la Somme, Hindenburg
trichait; tout de même, il s'en allait,
sans'combattre, après avoir évacué toutes
ses batteries et tous ses magasins, vers
les lignes fameuses Wotan et Siegfried.
La formule, d'ailleurs usée, échappait à
Lûdendorff qui n'avait pas cessé, pen-
dant quatre jours, de se battre sur un
frontde 80 kilomètres, et d'y être partout
battu. La sagesse lui aurait-elle conseillé
une franche manœuvre en arrière qu'il au-
rait eu peine à faire abstraction des com-
mentaires allemands. Il n'y a pas encore
un mois qu'il lançait ce Friedenssturm
qui, cette fpis, devait tout emporter; et
tous ses grands objectifs se sont dérobés,
il n'a pas cédé moins de terrain en Pi-
cardie qu'en Champagne-, ses réserves
s'épuisent, l'initiative a changé de camp
ce n'est plus lui, comme il en avait l'or-
gueil, qui règle la marche des événe-
ments et qui dicte la loi. Il eût pu,
beau joueur, saluer la victoire de Foch.
Mais celle de Kithlmann? '?
Polybe.
(1) TagebtaU du G auiil.
EN ROUMANIE
LA RÉPONSE DU CABINET BRATIANO
Zurich, 12 août.
M. Bratiano et ses collègues ont fait,
au rapport de ta commission d'enquête*
sur leur mise en jugement, la réponse
suivante qui a été lue le 5 août à la'
Chambre des députés '•'
Monsieur le président.
Conformément à l'article 18 de la loi sur
la responsabilité ministérielle, nous vous
prions de bien vouloir communiquer à l'as-
semblée, en séance publique, la déclaration
ci-jointe nous vous prions en même temps
de vouloir bien, en vertu du droit de défense
dont la loi sur la responsabilité nous laisse.
disposer, que cette déclaration soit affichée
dans toutes les communes rurales en morne
temps que le rapport de la commission de
l'information, suivant la décision prise dans
la séance du 17 juillet.
*̃' "̃ •
La guerre pour laquelle on demande notre
mise en accusation est une suite naturelle de
notre développement national, quelles qu'en
puissent être les douleurs et les épreuves a.
l'heure présente; nous attendons avec con-
fiance les résultats définitifs et avec fierté le
jugement de l'histoire. Par cette guerre, pour
la première fois dans les temps modernes,)
nous avons proclamé et acquis au prix du"
sang le droit des Roumains a 'leur unité na-
tionale.. ;̃
Avant la paix généralo'qui doit établir lus-
résultats de notre action, on ne pourra re-
chercher avec sincérité et dans leur ensemble
les circonstances dans lesquelles notreactipn
a été préparée, développée et conduite, ni la
responsabilité des sacrifices qu'elle imposait,
sans faire péricliter par ce débat, les fruits
mêmes qu'elle doit porter. Jusque-là, la dis-
cussion et la publication des actes relatifs
ne se foraient qu'à un profit étranger et au
détriment des intérêts supérieurs de l'Etat»
roumain; rien ne saurait nous forcer à nous'
prêter à de pareilles entreprises d'ailleurs
nous ne reconnaissons ni l'autorité morale,.
ni l'autorité légale de ceux qui ont la préten-
tion de juger aujourd'hui notre politique et
nos actions.
Nous contestons l'autorité morale d'un ju-
gement ordonné par l'ennemi contre lequel,
nous avons porté les armes. Les déclarations!
faites au Reichstag allemand, ainsi que l'a-'
veu contenu dans l'exposé des motils du«(
parlement roumain, montrent assez claire-i
ment le caractère de la tentative dont nous'
sommes l'objet de la part de çeux qui, en.
même temps, amnistient les criminels contre
la Patrie et le Drapeau, et collaborent 'avec'
tous les traîtres et les déserteurs nous con-
testons l'autorité légale d'un parlement élu
sans la participation de la Dobroudja, par
un système de suffrage contraire aux pres-
criptïohs'râtionncllos de la Constitution, alors;
que' les deux tiers du pays se trouvaïent,so,u"s
la domination directe des baïonnettes étran-
gères et où seuls pouvaient pénétrer les candf1'
dats autorisés individuellement par la kom-
mandanture, alors que le plus grand nom-
bre de citoyens n'auront pas possibilité ma-'
térielle d'exercer leurs droits et qu'un régime;
général d'état de siège et de censure ne nous
a pas permis de faire connaître nos opinions
et nos croyances.
Reconnaître quelque apparence d'autorité
morale ou légale aux sentences que le Parle-
ment actuel est ainsi appelé à rendre, serait
en contradiction flagrante avec la situation
dont nous avons eu l'honneur d'être les re-
présentants dans une phase historique de la
vie de notre peuple. Le souci des intérêts na-
tionaux nous a fait un impérieux devoir de
patriotisme d'éviter tout ce qui pourrait com-
promettre les fruits de glorieux sacrifices que
s'est imposés le pays c'est pourquoi nous
sommes décidés à ne faciliter en rien la ten-
tative que l'on fait, à ne répondre à aucune
question, à ne présenter devant les commis-
sions du Parlement aucune défense contre
les accusations portées contre nous, mênw
pas en ce qui concerne les points par les-
quels on a tenté de donner l'apparence
de la réalité aux faux les plus auda-
cieux nous nous bornons seulement à dé-
noncer le but, le caractère de cette mise en
scène et le fondement que l'on peut prêter à
des preuves établies dans. de pareilles condi-
tions. Les ministres du jour imposent main-
tenant leurs décisions us nous est une sa-
tisfaction de voir en elles une nouvelle ma-
nifestation des liens qui, nous attachent aux
aspirations les plus sacrées de la race nous
ne serons jugés que par la conscience natio-
nale, le jour où Qlle pourra s'exprimer libre-
ment et par l'histoire qui fera mûrir les
fruits des sacrifices actuels.
(Signé) Bratiano, E. Costinëscu,
V.-Gr. MORTZUN, A. CONSTANTI-
NESCO, Vintila Bratiano.
EN RUSSIE
Décadence bolcheviste
Le gouvernement allemand, lequel se
pique de ne point s'embarrasser des tra-
ditions diplomatiques, n'avait peut-être
point imaginé que ses représentants à
l'étranger dussent jamais se trouver,
dans-la situation de ceux qu'il accrédita
près des bolcheviks. La légation alle-
mande de Moscou, le docteur Jlelfferieh
en tête et les membres des diverses'
commissions qui avaient tant/de choses
à régler, ont jugé qu'ils n'étaient plus en
sûreté à proximité du Kremlin, Et les
événements tendent à montrer qu'ils
n'avaient point tort.
Ayant jugé de la sorte, ces diplomates
et ces commissaires eurent l'idée de'se
transporter à Petrograd. Petrograd, esa-
men. l'ait de la situation, n'était guère plus
sûr que Moscou. Finalement, l'errante lé-
gation reçut l'ordre de lixer sa résidence
à Pskof. Cette ville, du moins, se trouve
dans les territoires russes encore occu-
pés par les Allemands. Entre Allemands
on doit s'entendre. Les diplomates au-
ront du moins des soldats pour veiller
sur leurs précieuses personnes. 11 est
vrai que les relations régulières avec le
gouvernement près duquel ils sont ac-
crédités deviendront difficiles. Autant
vaudrait, à tout prendre, demeurer a
Berlin, où M. Helfferich se trouve d'ail-
leurs en compagnie du baron Franz, le
ministre d'Autriche-Hongrie à Moscou,
lequel ne manifeste aucune envie de re-
joindre son poste..
Au reste, M. Ilelfferich, lui non plus,
ne se fait aucune illusion sur lès incon-
vénients singuliers qu'il y aurait pour
lui a vouloir résider dans la capitale,
bolchevik. La Gazette de Francfort lie
Mardi 13 Août 1918
641"8 Année 3me Série H° 225
Gaston G ALMETTE
Directeur (1902- Ï914)'
RÉDACTION ADMINISTRATION
26, Bue Drouot, Paris (9« Arr1) "̃*•-̃
H. DE VILLEMESSANT
Fondateur ?
̃-«• ••% «Loué.par ceux-ci, blâmé p2r ceux-là, me moquant des sots, bravant les méchants, je me pressa -̃.
;̃̃ de rire de tout. de pçur, d'être obligé d'en pleurer. » (Beaumarchais) .i.
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Tirailleurs sénégalais
Depuis le début de la campagne, nos
tirailleurs sénégalais ont ajouté :d'ad-
mirables pages au Livre d'or des troupes
coloniales. On ne sait pas assez la large
part qu'ils ont prise à la défense de
Dixmude. Deu,x bataillons avaient été
mis le 25 octobre 1914 à la disposition
de l'amiral Rqnarc'h, commandant la
brigade de fusiliers marins défendant
le. canal de 'l'Yser. Décidé à forcer le
passage à tout prix, l'ennemi menait
l'attaque avec une énergie farouche.
On se battait jour et nuit, sans une
minute de répit. Les tirailleurs ne le cé-
daient en rien comme bravoure à nos
marins, et dès que les fantassins alle-
mands essayaient de sortir des tran-
chées, ils se lançaient sur eux, et après
de terribles corps à corps les forçaient t
à réintégrer leurs abris. Mais l'ennemi
parvint à tourner nos positions, et les
Sénégalais furent bientôt cernés dans
Dixmude. Ecrasés par l'artillerie et les
mitrailleuses, sans espoir de rompre le
cercle de feu qui les étreignait, nos
Africains, .n'eurent pas l'idée- de se
pendre Ils s'élancèrent à coups de
couteau, à coups de baïonnette, à
coups de crosse sur l'ennemi, qui,
devant leur ruée magnifique, hésita un
instant. Quelques officiers encore debout
en profitèrent pour grouper les rares
survivants qui se frayèrent, à la tombée
de la nuit, un chemin sanglant à travers
les hordes allemandes et traversèrent
l'Yser sur un pont de fortune. Dixmude
n'était plus qu'un tas de cendres et de
cailloux. •;
Quatre régiments niixtes composés de
bataillons d'infanterie coloniale et de
.bataillons sénégalais avaient été appelés
à- faire partie du corps expéditionnaire
des Dardanelles. Le 25 avril 1915, le gj-
néral sir John Hamilton décidait qu'une
diversion serait faite sur la côte d'Asie
par une brigade française tandis qu'on
débarquerait dans la presqu'île de Galli-
pôli. A 5 h. 1/2 du matin, cette brigade
reçoit ordre de commencer son mouve-
ment. Le courant des Dardanelles est
rapide,les nombreuses batteries turques
ont ouvert un feu violent sur les ca-
nots, les mitrailleuses crachent sans
arrêt. Un moment la situation est cri-
tique. Mais sur un signe, de leurs
chefs, les tirailleurs se jettent à l'eau,
ajustent les baïonnettes au bout des
canons vt d'un -élan -«ragnilique, ir-
résistible malgré les fils de fer que les
'jures avaieni placés jusque dans la
mer, s'élancent sur le rivage, gravissent t
les pentes et s'emparent du fort de
Koum-Kalé, chassant devant eux les
Turcs commandés par des officiers alle-
mands. Ils occupent le village situé au
pied du fort, s'y retranchent et, jusqu'à
l'ordre, de repli,- résistent victorieuse-
ment à l'assaut de plus de 10,000 enne-
mis 2*500 cadavres jonchant les abords
de la position témoignent de la farouche
énergie de la lutte et aussi de l'héroïque
bravoure de nos soldats.
Les Sénégalais fournirent en 1916 aux
armées de la Somme, et de Verdun des
bataillons d'élite mi-partis de vieux sol-
dats, mi-partis de recrues. La prise de
la. Maisonnette, les assauts autour de
Barleux, d'Assevillers, de Douaumont,
resteront sans doute gravés dans la
mémoire des soldats allemands qui
ont survécu à ces terribles combats.
C'est le 61e bataillon sénégalais qui
fut charg: d'attaquer les tranchées au
sud de la Maisonnette. Il avait à par-
courir huit cents mètres sous le feu en
terrain découvert. D'un seul élan, il les
franchit en dépit de tirs de barrage qui
lui indigent- des pertes énormes; les
deux premières vagues se cramponnent
au terrain à quelques mètres des tran-
chées ennemies et, après yne nouvelle
et courte préparation de notre' artillerie,
les tiraiileurs se. précipitent à l'arme
blanche sur les Allemands et s'em-
par ,-nt de la position. A Assevillers,
le 2 juillet, l'ennemi, prévoyant l'at-
taque, a amené un grand nombre de
batterie de 105 et de 77 qui prennent
pour objectif le boyau de « la Misère »,
accablant de projectiles les unités séné-
galaises placées dans les tranchées, de
part et d'autre de ce boyau. La situa-
tion est pénible; depuis deux jours sur
la. brèche, les tirailleurs ont dû rester
les vingt-quatre dernières heures sans
boire ni manger. Néanmoins, pendant
la nuit, ils coupent sans bruit les ré-
seaux de fils de fer qui entourent Asse-
villers et à l'aube s'élancent sur le vil-
lage qu'ils occupent et gardent malgré
le violent bombardement ennemi.
Le 24 octobre, le régiment colonial du
Maroc, renforcé du 43e bataillon séné-
galais et de deux compagnies Somalis,
enlève, à lasuite d'un assaut irrésistible,
le, fort de Douaumont, et conserve sa
conquête en dépit des contre-attaques
répétées de l'ennemi. A un moment
donné, les assaillants, accueillis par de
violentes rafales de mitrailleuses, s'é-
taient arrêtés. Devant l'intensité du feu,
les hommes de la première ligne se cou-
chèrent dans les trous d'obus et la fusil-
lades'engàgea. Mais les Sénégalais pla-
cés en deuxième ligne continuèrent à pro-
gresser. Ils arrivent à hauteur de la pre-
mière vague d'assaut, la franchissent
dans une ruée superbe et se précipitent
sur les mitrailleuses allemandes qu'ils
enlèvent. Entraînée par l'exemple, toute
la première ligne se relève et s'élance
sur les ennemis qui jettent leurs armes
et se rendent.
En 1917, les Sénégalais étaient dans
les rangs de l'armée qui prit l'offensive
sur l'Aisne, et malgré les circonstances
atmosphériques particulièrement défa-
vorables, ils firent preuve comme tou-
jours du plus éclatant courage. Ils enle-
vèrent en quelques quarts d'heure la sé-
rie d'observatoires qui, par-dessus la
vallée de l'Ailette, découvrent, entre les
massifs de Saint-Gobain et de Montbe-
rault, la plaine de Laon bousculant
les ennemis qui se sauvent précipi-
tamment, ils" arrivèrent" sur le rebord
nord du plateau du Chemin des -Dames
et partirent à l'assaut' des tranchées
allemandes avec un élan magnifique.
Le soir de 'cette belle journée, sous le
marmitage le' plus violent, sous le tir
des mitrailleuses qui se dévoilent de
tous côtés,' malgré le froid qui les en-
gourdissait, la boue qui avait rendu leurs
armes en partie inutilisables, les Séné-
galais stoïques ont conservé toutes les
positions qu'ils avaient si glorieusement
conquises.
Au cours des dernières batailles de la
Marne et de Champagne, les tirailleurs
sénégalais ont soutenu leur vieille répu-
tation. Parmi les bataillons qui se sont
le plus distingués, on peut citer le 61e qui
a obtenu sa deuxième citation à l'ordre
de l'armée, lui donnant droit à la four-
ragère.
'̃ ̃'̃
La bravoure sur le champ de bataille,
qui est en général chez nos ennemis le
résultat d'une discipline de fer, est une
vertu instinctive, naturelle, parmi les
flores populations du Soudan, :où la
lâcheté est tenue, comme jadis chez les
• Francs, pour la dernière des tares.
Mais le courage n'est pas le seul mé-
rite qui attire naturellement aux Séné-
galais et Soudanais la sympathie, puis
l'affection de tous ceux qui onteu, comme
moi, l'honneur de les commander aii
cours de leur carrière; ils ont les capti
vantes qualités des peuples encore près
de la nature qui, comme les enfants,
n'ont pas connu les àpres luttes pour
l'existence. Ils s'attachent profondément
à leurs chefs quand ils reconnaissent
leur supériorité intellectuelle, quand
ils sont traités par eux avec bonté et
justice. Les exemples de dévouement
des tirailleurs à l'égard de leurs of-
ficiers sont journaliers. C'est un cui-
sinier noir qui sans suivre les boyaux
de communication, comme il est pres-
crit, apporte en courant à travers
champs, sous le feu de la mitraille, le
dîner de son capitaine aux tranchées de
première ligne, et aux observations sé-
vères qui lui sont adressées, répond avec
son large sourire
Ma capitaine, pas moyen aujour-
d'hui suivre boyaux, ça rognons, peut
pas attendre.
.C'est un tirailleur, ordonnance _d'.un
officier, qui, ayant le bras fracassé par
un éclat d'obus, cherche longuement.
son chef sur la ligne de feu pour lui de-
mander où metlfeà l'abri les effets qui"
•lui sont confiés, avant de se rendre à
Tanïbulanee. Ce sont de nombreux sol- y
dats allant, sous le feu ennemi, relever
le corps d'un de leurs chefs, frappe en
[première ligne, le ramenant dans nos
tranchées ou tombant auprès de lui.
Mon jeune ami Mademba Cheikh, fils
du fama de Sansanding, qui est sous-
lieutenant au 78° bataillon sénégalais,
m'écrivait, il y a huit jours
Mon bataillon a enfin attaqué. Il a, comme
vous l'espériez, fait honneur aux troupes
coloniales nous avons dépassé les objectifs
iqui nous avaient été assignés, et j'ai été
personnellement cité à l'ordre de la division.
Nous sommes campés dans la forêt de Retz,
non loin de Villers-Gotterets, prêts à com-
battre de nouveau. Je vous envoie tout de
suite ce mot au crayon, car je sais qu'il vous
fera partager notre joie.
En même temps, j'apprenais les actes
i de vandalisme commis par les Alle-
mands à Château-Thierry et je n'ai plus
souri au souvenir de ce sergent bambara
qui, placé à un poste d'observation et
voyant les Allemands évacuer la lisière
d'un village, s'écriait « Mon lieutenant,
les sauvages reculent».
**# .̃̃•-̃'̃ 't.
Un certain nombre d'indigènes parlent
maintenant assez bien notre langue
pour qu'on puisse leur confier les fonc-
tions spéciales de signaleurs, agents de
liaison, téléphonistes.
Les tirailleurs aiment en général à
écrire en Afrique et y envoierit fréquem-
ment de l'argent mais le nombre de
ceux qui sont assez lettrés pour tenir
une plume est malheureusement res-
treint, aussi la plupart sont obligés
d'emprunter l'aide d'un gradé ou d'un
ami. Mais, en dehors de cette corres-
pondance privée, une fois par mois les
commandants de bataillon doivent, par
l'intermédiaire des commandants de
cercles du Soudan, faire parvenir aux
parents de chaque tirailleur des nouvel-
les de celui qui combat en France.
Un Comité d'assistance aux troupes
noires s'est créé pour donner, en dehors
de leur service militaire, un appui mo-
ral et matériel aux Sénégalais éloignés
de leur pays et de leur famille; sans
bruit ni réclame, ce Comité, avec l'ap-
pui de la direction des troupes colonia-
les, a rendu des services, considérables.
Grâce à la bienveillante sollicitude dont
nos braves soldats indigènes sont,cons-
tamment l'objet, grâce aux pensions et
secours attribués aux tirailleurs réformés
etauxveuves de ceux qui sont morts sous
nos drapeaux, le recrutement des soldats
dont on a besoin est particulièrement
facile parmi les nombreuses populations
du Soudan. Ce recrutement se fait uni-
quement par engagements volontaires,
et cette année le nombre des engagés
dépasse tous les besoins et même les
prévisions les plus optimistes. D'autre
part, presque tous les soldats indigènes
arrivés au terme de leur engagement
demandent à se rengager.
Les Allemands, qui longtemps ont
traité d'une manière indigne les prison-
niers et blessés de nos troupes afri-
caines, voudraient aujourd'hui faire
croire, par leurs radios dans'les pays
neutres, que ces indigènes sont traités
par nous avec barbarie, que nous les
considérons comme de la simple chair
à canon, qu'on jette dans la mêlée
jusqu'à destruction complète et qu'on
mitraille en cas de recul. C'est une
de ces calomnies ridicules et perfides
dont nos ennemis sont coutumiers. J'ai
été directeur des troupes coloniales pen-
dant plus de dix ans, j'ai été l'artisan de
leur organisation première, et pendant
les trois premières années de la guerre,
j'ai vécu constamment leur vie, non
seulement les-dirigeant du- -ministère,
mais les visitant sans cesse dans les
camps d'instruction de l'intérieur et au
front, je puis affirmer hautement que
dans ces admirables troupes il n'y a au-
cune différence de traitement entre les
troupes européennes et indigènes, Et
comment en serait-il autrement? Blancs
et noirs ne se battent-ils pas avec le
même cœur, avec la même abnégation?
tous ne sont-ils pas également fils de
la France, dont ils veulent la victoire
avec une égale ardeur et pour laquelle
tous verseront avec joie la dernière goutte
de leur sang?
Général Famin,
ancien directeur des troupes coloniales.
Le Crépuscule des Deux
Ces «deux», ce sont Lénine etTrotsky.
Voici que l'on nous apprend et par le
canal de l'Agence Wolff que ces
hommes d'Etat, ne se sentant plus en
sécurité à Moscou, ont transféré en des
lieux plus calmes le siège de leur gouver-
nement et au^si leurs propres person-
nes..
Lénipe et Trotsky, s'il faut en croire
cette nouvelle, laquelle a bien l'air au-
thentique, seraient à Cronstadt depuis
mercredi. Le reste du Conseil des com-
missaires du peuple est parti, ou va
partir, pour les aller rejoindre.
Il paraît que Moscou étant devenu dé-
cidément inhabitable, les; deux insépa-
rables avaient, un instant, songé à Pe-
trograd. Mais si Moscou n'est pas sûr,
Petrograd ne l'est pas sensiblement da-
vantage. Cronstadt vaut beaucoup mieux.
C'est d'abord une des villes saintes de la
Révolution. Bien avant le triomphe du
bolchevisme, Cronstadt et son Soviet
s'étaient distingués par leur zèle- pour
l'anarchie, le- massacre et le pillage. Lé-
nine etTrotsky ne courent là que le seul
risque de passer pour un peu réaction-
naires.
Mais surtout Cronstadt a l'avantage
inappréciable d'être dans une île et
d'avoir un port". S'il arrivait par hasard
que le malheur des temps contraignît
les derniers bolcheviks à la fuite, il leur
serait facile de s'embarquer et d'aban-
donner leur ingrate patrie. Les Allemands
ont bien par là quelques torpilleurs. Si
dégoûtés -nr eux.aussLL– vqu'ils parais-
sent, de ké/ijns..et de Trotsky, ils ne. re
fuseront sans doute pas d'en mettre un
à leur disposition, Le Kaiser doit 'bien
cela à ceux qui l'ont si bien servi.
Autour de la Bataille
Notre Victoire et l'Allemagne
La Gazette populaire de Cologne du 11, se
demande si « le drapeau du moral allemand
est en berne », et donne sur l'état d'es-
prit du public ce tableau. délicieux à lire.:
Hier, à Cologne, c'était jour de fête pour les
esprits faibles. La tête penchée, ils chucho-
taient à voix basse, avec des gestes pleins d'im-
portance,' cherchaient à démontrer à leurs audi-
teurs bénévoles et encore plus à ceux qui résis-
taient, qu'ils « l'avaient, cependant toujours dit ».
Le visage soucieux, ils en rencontraient d'au-
tres qui sont loin de vouloir <̃ flancher », mais
qui cependant sont portés à voir les choses en
noir. Ils échangeaient leurs appréhensions, les
accompagnant de sombres prévisions pour l'a-
venir. lls se séparaient disant enfln « Nous
verrons demain. » L'espoir et. la crainte luttaient
chez eux, à qui l'emporterait.
Le journal conclut en invitant ses compa-
triotes à ne pas mettre leur moral ainsi en
berne, à avoir 'ëbh'fîâÊicë'èfl i Hindenburg et
Ludendorff-« qui' ne'dbrment pas » et dans
les soldats allemands qui répareront ce que
leurs camarades maintenant prisonniers
n'ont pas pu empêcher.
La Gazette de Francfort du 11 écrit, avec
franchise
La défaite est là, il faut la réparer. Les nou-
velles lignes sont à l'est de Montdidier. Il ne
servirait à rien de vouloir diminuer l'importance
de ce fait mais nous pouvons nous réjouir à la
pensée que nos braves troupes ont suffisamment
pu résister à l'ennemi pour qu'il n'ait pas encore
pu :encercler la ville, empêcher ou rendre plus
difficile notre retraite en ordre. La nouvelle li-
gne se tient solidement.- Le terrain perdu n'est
pas grand.
Le général von Ardenne, dans le Berlinev
Tageblatl de samedi soir, s'étonne des succès
anglais dont l'état-major allemand connais-
sait, dit-il, les intentions. Il cherche à les
expliquer par la surprise et l'emploi des
tanks. Il
Cette attaque de tanks a quelque chose de
stupéfiant et de démoniaque et pourrait effrayer
les esprits superstitieux. L'attaque ennemie a
été ilnalement arrêtée. Elle n'a pas pris un ca-
ractère dangereux, mais les pertes en terrain,
en canons et en prisonniers restent doulouren-
ses; car l'état-major allemand, de tout temps,
s'est fait un principe d'économiser ses fibrees,. Il
tenait particnliërement à rester fidèle imainte-
nant.
Le critique militaire de la Gazette Berli-
noise de Midi, envisage l'hypothèse d'une
accentuation de la retraite allemande
Il.faut attendre pour voir jusqu'où notre état-
major sera amené à aller pour prendre à l'ar-
rière des positions plus favorables. Nous, ser-
vons mieux nos projets en nous esquivant dans
de nouvelles ppsitions, que nous 'laissons l'ad-
versaire attaquer d'une façon sanglante, qu'en
sacrifiant nos meilleures forces dans des com-
bats opiniâtres pour quelques morceaux de ter-
rain.
Le moment où une grande décision définitive
ou Une mise en action de toutes les forces de-
viendra importante n'est pas encore- venu pour
nous. C'est pourquoi, il ne faut considérer tous
les combats des dernières semaines et des se-
maines qui viennent que comme des étapes sur
le chemin de la victoire finale. Malgré l'abandon
de terrain, et en partie à cause de cet abandon,
notre situation est telle que nous restons, après
comme avant, maîtres de nos actes.
Ne raillons pas trop ces journaux. Ils font
ce qu'ils peuvent, ils disent ce qu'ils doivent
dire à un peuple inquiet et découragé. Aussi,
dans ces articles, no retenons-nous avec-
quelle, satisfaction que l'aveu de cette
inquiétude et de ce découragement.-
La (luerre
1,471 r jour de guerre
Communiqués officiel!
FRONT FRANÇAIS
12 AOUT 2 HEURES APRÈS-MIDI
Entre l'Avre fit l'Oise la situation
reste sans changement,
Pendant la nuit,, bombardement dans
la région Marqarvillara,: Grivillers.
Rien à signaler sur le reste du front.
12 AOUT. 11 HEURES SOIR
Entre l'Avre et l'Oise, nos troupes
jont enlevé lé village de Gury et fait
quelques progrès au nord de Roye-
sur-Matz et de Chevincourt.
Sur le front de la VesJe, nous avons
repoussé deux violentes attaques sur
nos positions de la rive nord, dans la
région de Fismes.
Journée calme partout ailleurs.
Dans la journée du 11 août, en dépit
de l'activité de l'aviation ennemie qui a
tenté de s'opposer au passage de nos
forces aériennes, nos escadrilles de bom-
bardement onteffectué des expéditions
fructueuses sur les lignes ennemies.
Les centres de rassemblements, les
croisements de routes, les ponts, les
carrefours, les voies ferrées ont été co-
pieusement arrosés de projectiles et les
colonnes en marche mitraillées.
L'important nœud de communication
de Porquericourt a reçu, pour sa part,
dix-sept tonnes de projectiles en plein
jour et de nombreux convois ont été em-
bouteillés. Au total, cinquante-sept ton-
nes. ont été jetées, dont vingt-deux pen-
dant la nuit, sur les régions de Hani,
Noyon, Guiscard, Tergnier, etc.
Le même jour, quinze avions et quatre
ballons captifs ont été abattus et vingt
et. un mis hors de combat par nos pilotes
opérant en collaboration avec des équi-
pages américains.
'ifci-. ,̃ ̃ -s- ̃
h: ptRQNT BRITANNIQUE ,;·T.
12 AOUT APRÈS-MIDI
L'ennemi a de nouveau attaqué, hier
soir, nos positions au sud de Lihons;
il a été repoussé.
A la suite d'une opération exécutée
avec succès, immédiatement au sud de
là Somme, nous avons fait deux cents
prisonniers, et nos positions à l'est de
Mèricourt ont été reliées à notre ligne
à l'est d'Etinehem, sur la rive nord de
là Somme.
Sur la droite de la quatrième armée
britannique, nos alliés ont fait des pro-
grès, hier dans l'après-midi, en direc-
tion de Roye, enlevant les villages
d'Armancourt et Tilloloy.
Dans la partie nord du front britanni-
que, nous avons amélioré notre ligne à
l'est de Robecqet entre Vieux-Berquin
et Merris.
'̃' 12 AOUT SOIR
Aujourd'hui, des combats heureux
ont eu lieu dans le voisinage de la route
de Roye, à l'est de Fouquescourt, et
sur la rive sud de la Somme. Sur chacun
de. ces points, nous avons avancé notre
ligne et fait quelques centaines de pri-
sonniers.
Au sud de la Somme, nos troupes se
sont emparées du village de Proyart,
après de vifs combats au cours desquels
l'ennemi a subi de lourdes pertes, tant
eu prisonniers qu'en tués. Les combats
continuent dans les environs de cette
localité. ̃̃ ̃̃̃̃̃
Sur la droite de l'armée britannique,
les troupes françaises ont pris Les
Loges.
Rien à signaler sur le reste du front
britannique.
a~
Pendant la journée du il août, ainsi
que dans la nuit du 11 au 12, nos avia-
teurs ont lancé cinquante- deux tonnes
de bombes. Leurs deux objectifs prin-
cipaux, de jour et de nuit, étaient les
passages de la Somme et les embranche-
ments de chemin de fer d'importance
militaire.
La gare de Courtrai et les voies de ga-
rage.furent violemment bombardées en
plein jour par quelques-unes de nos
escadrilles, volant à faible hauteur, sans
aucune perte pour nous.Plusieurs coups
directs furent observés..
Pendant la nuit, les gares de Péronne
et de Cambrai furent également atta-
quées avec vigueur, et l'on' a pu consta-
ter de bons résultats.
-Tous nos appareils de bombardement
de nuit sont rentrés indemmes.
Les appareilsennemis,en grandes for-
mations, furent actifs sur tout le front
bataille-
Pendant le jour, vingt-neuf d'entre
eux furent détruits en combats aériens
et vingt-quatre sont tombés désemparés.
Quatre ballons ennemis ont été abattus
en flammes.
Cinq de nos appareils manquent.
Le travail d'observation de nos àppa-
xsils et de nos ballons attachés à l'artil-
lerie se poursuivit sans. interruption.
Dans la nuit du 10 au 11 août, un go-
tha a été abattu par notre tir antiaérien
enplus Bés appareils déjà sïgria-Tés. ->~
LA GUERRE AERIENNE
Calais bombardé
On télégraphie de Calais
Cette nuit, plusieurs avions ennemis ont
survolé la ville, de dix heures et demie à
minuit et demi. Des tirs de barrage furent
déclenchés aussitôt mais les appareils réus-
sirent à passer et à lancer aussitôt des bom-
bes. Malgré la gravité du danger couru au
milieu des projectiles qui tombaient sans
cesse, et des tirs de mitrailleuses de l'en-
nemi, les secours s'organisèrent 'rapidement
sous la direction du général Ditté, gouver-
neur, qui donnant personnellement l'exem-
plo du dévouement, s'est prodigué ainsi que
les états-majors et les soldats des armées
alliées. La population est restée calme.
Un raid allemand a eu lieu également
sur Boulogne.
Les trois moments
de l'offensive picarde
« Interruption désagréable de l'offen-
sive allemande », traduisait le général
von Ardenne (1) après les batailles du
Tardenois, avant les batailles du San-
terre.
Après Morlancourt et Montdidier, va-
t-il continuer à ne pas appeler les choses
par leur nom ? `'
Lés trois mouvements de l'offensive en
Santerre se sont succédé avec une par-
faite régularité. Like clock ivork, selon
l'expression anglaise, « comme du tra-
vail d'horloge ».
Pendant la première phase, le progrès
des Britanniques a été plus rapide que
le nôtre, de leur côté de la route d'Amiens
à Roye, entre le grand axe de la bataille
et la Somme. La sagesse nous comman-
dait de marcher avec plus de précau-
tions sur les plateaux nus; entre la route
et la coupure profonde que fait l'Avre.
La deuxième phase voit les magnifi-
ques combats des Anglais, et de quel-
ques contingents américains, contre les
durs morceaux de Morlancourt et de
Chipilly à leur gauche, pendant que
Jeurs:escadrons et. leurs tanks -poussent
un raid fructueux aux environs de
.Chaulnes. Nous accélérons, de notre
icoté, le mouvement autour de Montdi-
dier, dès que le passage de l'Avre, dis-
puté avec une énergie farouche, a per-
mis l'exécution des manecuvres conver-
gentes. L'armée de Humberts'avancepar
le sud et le sud-est, emportant brillam-
ment les obstacles. L'arméede Debeney a
lancé son attaque par le nord, en liaison
constante avec les Britanniques sur sa
gauche. Cette conquête de Montdidier,
que les Allemands avaient bruyamment
claironnée au printemps, ils ne la dé-
fendent plus, avec de lourdes pertes
(plus de 2,000 prisonniers), que pour
donner au gros de leurs troupes le
temps de s'échapper par l'étroit et rabo-
teux couloir de Guerbigny. Nous entrâ-
mes à Montdidier comme les Allemands
n'avaient pas encore achevé de décam-
per. L'impatiente cavalerie se mit à leur
poursuite. Combien de fois l'a-t-on
entendu traiter d'arme surannée, ar-
chaïque Il faut remercier ses défen-
seurs impénitents. Autos blindées et
auto-mitrailleuses aidant, la retraite al-
lemande fut dure.
Enfin la troisième phase de la bataille
amène de nouveaux progrès sur toute la
ligne, qui tend à former un-demi-cercle,
en direction de Roye. Rawlinson, au
nord, se rapproche de la grande route
de Montdidier à Péronne, qui coupe à
Roye celle d'Amiens à Noyon, et, plus
haut, entre Chaulnes et Nesle, la voie
ferrée d'Amiens à La Père. Les réac-
tions allemandes y sont rudes. Debeney,
au centre, suit les deux côtés de la
chaussée de Montdidier à Roye, la haute
vallée de l'Avre picarde à sa gauche et
la vallée marécageuse du Matz à sa
droite. Humbert, au sud, pousse droit
devant lui au massif de Lassigny-Noyon,
à travers un pays difficile, où .l'ennemi
dispute chaque village (Ressons, Orvil-
lers-Sorel, Gury) et chaque crête boisée.
Voilà le saillant allemand du Santerre
gravement pressé et déjà entamé, sur
les deux flancs.
&
Evidemment, la bataille n'est pas finie.
Ou, plus exactement, une autre bataille
commence, la bataille allemande d'arrêt
où le kronprinz bavarois appelle en hâte
ses réserves et résiste sur les anciennes
lignes de 1914.
Quand il décorait du nom de repli stra-
tégique la retraite où l'avait condamné
notre victoire de la Somme, Hindenburg
trichait; tout de même, il s'en allait,
sans'combattre, après avoir évacué toutes
ses batteries et tous ses magasins, vers
les lignes fameuses Wotan et Siegfried.
La formule, d'ailleurs usée, échappait à
Lûdendorff qui n'avait pas cessé, pen-
dant quatre jours, de se battre sur un
frontde 80 kilomètres, et d'y être partout
battu. La sagesse lui aurait-elle conseillé
une franche manœuvre en arrière qu'il au-
rait eu peine à faire abstraction des com-
mentaires allemands. Il n'y a pas encore
un mois qu'il lançait ce Friedenssturm
qui, cette fpis, devait tout emporter; et
tous ses grands objectifs se sont dérobés,
il n'a pas cédé moins de terrain en Pi-
cardie qu'en Champagne-, ses réserves
s'épuisent, l'initiative a changé de camp
ce n'est plus lui, comme il en avait l'or-
gueil, qui règle la marche des événe-
ments et qui dicte la loi. Il eût pu,
beau joueur, saluer la victoire de Foch.
Mais celle de Kithlmann? '?
Polybe.
(1) TagebtaU du G auiil.
EN ROUMANIE
LA RÉPONSE DU CABINET BRATIANO
Zurich, 12 août.
M. Bratiano et ses collègues ont fait,
au rapport de ta commission d'enquête*
sur leur mise en jugement, la réponse
suivante qui a été lue le 5 août à la'
Chambre des députés '•'
Monsieur le président.
Conformément à l'article 18 de la loi sur
la responsabilité ministérielle, nous vous
prions de bien vouloir communiquer à l'as-
semblée, en séance publique, la déclaration
ci-jointe nous vous prions en même temps
de vouloir bien, en vertu du droit de défense
dont la loi sur la responsabilité nous laisse.
disposer, que cette déclaration soit affichée
dans toutes les communes rurales en morne
temps que le rapport de la commission de
l'information, suivant la décision prise dans
la séance du 17 juillet.
*̃' "̃ •
La guerre pour laquelle on demande notre
mise en accusation est une suite naturelle de
notre développement national, quelles qu'en
puissent être les douleurs et les épreuves a.
l'heure présente; nous attendons avec con-
fiance les résultats définitifs et avec fierté le
jugement de l'histoire. Par cette guerre, pour
la première fois dans les temps modernes,)
nous avons proclamé et acquis au prix du"
sang le droit des Roumains a 'leur unité na-
tionale.. ;̃
Avant la paix généralo'qui doit établir lus-
résultats de notre action, on ne pourra re-
chercher avec sincérité et dans leur ensemble
les circonstances dans lesquelles notreactipn
a été préparée, développée et conduite, ni la
responsabilité des sacrifices qu'elle imposait,
sans faire péricliter par ce débat, les fruits
mêmes qu'elle doit porter. Jusque-là, la dis-
cussion et la publication des actes relatifs
ne se foraient qu'à un profit étranger et au
détriment des intérêts supérieurs de l'Etat»
roumain; rien ne saurait nous forcer à nous'
prêter à de pareilles entreprises d'ailleurs
nous ne reconnaissons ni l'autorité morale,.
ni l'autorité légale de ceux qui ont la préten-
tion de juger aujourd'hui notre politique et
nos actions.
Nous contestons l'autorité morale d'un ju-
gement ordonné par l'ennemi contre lequel,
nous avons porté les armes. Les déclarations!
faites au Reichstag allemand, ainsi que l'a-'
veu contenu dans l'exposé des motils du«(
parlement roumain, montrent assez claire-i
ment le caractère de la tentative dont nous'
sommes l'objet de la part de çeux qui, en.
même temps, amnistient les criminels contre
la Patrie et le Drapeau, et collaborent 'avec'
tous les traîtres et les déserteurs nous con-
testons l'autorité légale d'un parlement élu
sans la participation de la Dobroudja, par
un système de suffrage contraire aux pres-
criptïohs'râtionncllos de la Constitution, alors;
que' les deux tiers du pays se trouvaïent,so,u"s
la domination directe des baïonnettes étran-
gères et où seuls pouvaient pénétrer les candf1'
dats autorisés individuellement par la kom-
mandanture, alors que le plus grand nom-
bre de citoyens n'auront pas possibilité ma-'
térielle d'exercer leurs droits et qu'un régime;
général d'état de siège et de censure ne nous
a pas permis de faire connaître nos opinions
et nos croyances.
Reconnaître quelque apparence d'autorité
morale ou légale aux sentences que le Parle-
ment actuel est ainsi appelé à rendre, serait
en contradiction flagrante avec la situation
dont nous avons eu l'honneur d'être les re-
présentants dans une phase historique de la
vie de notre peuple. Le souci des intérêts na-
tionaux nous a fait un impérieux devoir de
patriotisme d'éviter tout ce qui pourrait com-
promettre les fruits de glorieux sacrifices que
s'est imposés le pays c'est pourquoi nous
sommes décidés à ne faciliter en rien la ten-
tative que l'on fait, à ne répondre à aucune
question, à ne présenter devant les commis-
sions du Parlement aucune défense contre
les accusations portées contre nous, mênw
pas en ce qui concerne les points par les-
quels on a tenté de donner l'apparence
de la réalité aux faux les plus auda-
cieux nous nous bornons seulement à dé-
noncer le but, le caractère de cette mise en
scène et le fondement que l'on peut prêter à
des preuves établies dans. de pareilles condi-
tions. Les ministres du jour imposent main-
tenant leurs décisions us nous est une sa-
tisfaction de voir en elles une nouvelle ma-
nifestation des liens qui, nous attachent aux
aspirations les plus sacrées de la race nous
ne serons jugés que par la conscience natio-
nale, le jour où Qlle pourra s'exprimer libre-
ment et par l'histoire qui fera mûrir les
fruits des sacrifices actuels.
(Signé) Bratiano, E. Costinëscu,
V.-Gr. MORTZUN, A. CONSTANTI-
NESCO, Vintila Bratiano.
EN RUSSIE
Décadence bolcheviste
Le gouvernement allemand, lequel se
pique de ne point s'embarrasser des tra-
ditions diplomatiques, n'avait peut-être
point imaginé que ses représentants à
l'étranger dussent jamais se trouver,
dans-la situation de ceux qu'il accrédita
près des bolcheviks. La légation alle-
mande de Moscou, le docteur Jlelfferieh
en tête et les membres des diverses'
commissions qui avaient tant/de choses
à régler, ont jugé qu'ils n'étaient plus en
sûreté à proximité du Kremlin, Et les
événements tendent à montrer qu'ils
n'avaient point tort.
Ayant jugé de la sorte, ces diplomates
et ces commissaires eurent l'idée de'se
transporter à Petrograd. Petrograd, esa-
men. l'ait de la situation, n'était guère plus
sûr que Moscou. Finalement, l'errante lé-
gation reçut l'ordre de lixer sa résidence
à Pskof. Cette ville, du moins, se trouve
dans les territoires russes encore occu-
pés par les Allemands. Entre Allemands
on doit s'entendre. Les diplomates au-
ront du moins des soldats pour veiller
sur leurs précieuses personnes. 11 est
vrai que les relations régulières avec le
gouvernement près duquel ils sont ac-
crédités deviendront difficiles. Autant
vaudrait, à tout prendre, demeurer a
Berlin, où M. Helfferich se trouve d'ail-
leurs en compagnie du baron Franz, le
ministre d'Autriche-Hongrie à Moscou,
lequel ne manifeste aucune envie de re-
joindre son poste..
Au reste, M. Ilelfferich, lui non plus,
ne se fait aucune illusion sur lès incon-
vénients singuliers qu'il y aurait pour
lui a vouloir résider dans la capitale,
bolchevik. La Gazette de Francfort lie
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