Titre : Figaro : journal non politique
Éditeur : Figaro (Paris)
Date d'édition : 1918-06-29
Contributeur : Villemessant, Hippolyte de (1810-1879). Directeur de publication
Contributeur : Jouvin, Benoît (1810-1886). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34355551z
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 29 juin 1918 29 juin 1918
Description : 1918/06/29 (Numéro 180). 1918/06/29 (Numéro 180).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
Description : Collection numérique : BIPFPIG69 Collection numérique : BIPFPIG69
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Description : Collection numérique : France-Brésil Collection numérique : France-Brésil
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k291818p
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
Samedi 29 Juin ~9i`~
le Numéro quotidien DfJi CENTIMES en France et eh Belgique Etranger VINGT CENTIMES
64" Année 3«» Série N" 180
H. DE VILLEMESSANT
Fondateur ̃ ̃̃
..Gaston CALMETTE
Directeur (1902-1914) 111
̃ • il; ̃
RÉDACTION ADMINISTRATION
26, Rue Drouot, taris (9» Arr')
'̃ '̃ «Loué par ceux-ci, blâmé par ceux-là, me mo^tiant des sots, bravant les méchants, je me pressa
.̃ de rire de tout. de peur d'êtïe oblige d'en pleurer.» (Beaumarchais)
RÉDACTION ADMINISTRATION
26, Rue Drouot, Paris (9' Arr')
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pr~po~ >d~
/•, .son.. ;•̃; •
plus récent bafouillage
'•'̃••̃'•••.•' Juin 1918.
Le pitre sanglant, dont les pantalon-
nades nous ont déjjà. fait tant de fois sou-
rire au milieu dé nos pires angoisses,
vient donc de se surpasser lui-même
dans un toast ineffable, au banquet an-
niversaire de la trentième année de son
règne. Et il faudrait, pour la joie de nos
̃descendants, pouvoir fixer la, bouffon-
nerie de cela, qui, je le crains, sera trop
vite oubliée. •
Trente ans de cabotinage et de basse
scélératesse! Trente ans de prémédita-
tion acharnée, pour aboutir â battre
tous les records du crime Trente ans à
préparer dans l'ombre, et par les igno-
bles moyens que chacun sait, 1 horreur
immense que nous subissons tous.
Vraiment se peut-il qu'on ait trouvé,
même. en Prusse, des gens pour célé-
brer un tel anniversaire, des êtres hu-'
mains pourièterça ,-••̃'
A ce 'banquet, le toast d'Hindenburg
au moins" ne manquait pas d'une cer-
taine crânerie 'barbare « Eh bien oui,
là, osait-il'dire'; oui, les brigands du
monde, c'est ce que nous sommes et ce
que nous 'avons toujours été. » Et puis,
lui, fut un vrai soldat, non pas, comme
l'autre, un général pour ciné;matogra-
phe. Mais l'autre, oh l'autre, le ma-
cabre empereur, quel radotage sénile,
que sa réponse; comme on sent bien
qu'il achève de. perdre l'équilibre et que
la peur- détraque ses rouages! Quel-
ques éclats de rire, mais pas assez, cela
en méritait tellement plus, ont fusé
en France et niêaie en Allemagne, au
milieu de nos deuils, quand nous avons
appris de sa bouche candide que son
ami le Seigneur Dieu lui avait mis sur
les épaules la bien lourde charge d'amé-
liorer le monde; qu'il était surtout le
prince de la paix et qu'il ne se battait
que pour faire triompher la conception
» prussienne, allemande, germanique du
» droit, de .la- liber té, de l'honneur et de
» la morale » ̃ {sic). Quelle insanité,
quelle misère! Oui, c'est bien la peur,
la Grand'Peur devant l'abomination de
son-couvre, qui déjà' le tenaille au venr
tre peur de toutes les nations civilisées
que le dégoût soulevé contre lui, niais
peur aussi de sOïv propre; peuple qu'il a
si impudemment. trompé et qui déjà
s'a.me,ute à ses troussés, avec de la
haine plein ses millions de gros yeux
bleurfaïence. « Si pourtant on le pen-
» dait, celui-là, commence-t-on à dire
» de l'autre côté du Rhin, est-ce que du
» même coup les boucheries ne fini-
» raient pas? » »
**«
Or, pendant que l'on festoyait le Mons-
tre, la désolation battait son plein par-
tout alentour. A la vaste région ancien-
nement saccagée, sur laquelle trois ou
quatre printemps ont déjà passé et où
il ne reste plus rien que de méconnais-
sables ruines dans un silence de mort,
une zone nouvelle venait de s'ajouter,
empiétant un peu plus sur notre France;
la zone sur quoi s'est abattue la plus
récente des ruées barbares, la grande
ruée d'hier, avec des moyens de destruc-
tion toujours plus perfectionnés; la zone
qui saigne encore, où tout est pantelant,
où les incendies n'ont pas fini d'exhaler
leurs fumées noires, ni les cadavres de
répandre leur odeur. On sait que, sur
les grèves, le,flot qui s'est retiré laisse
une ligne de: détritus de même ici le
flot germanique, avant son endigue-
jnent, a laissé. comme pour marquer la
limite de son avance, des séries de pe-
tits tertres qui de loin ne sont pas
effroyables, mais de près révèlent des
détails devant quoi les cheveux se dres-
sent on en. voit sortir çà et là des
mains crispées, ou bien des figures qui
sO; et qui ouvrent tout grand des mâchoires
où s'assemblent les mouches. Or, ce
sont. les enfants de l'Allemagne, l'élite
physique de l'Allemagne, tous ces petits
tertres; c'est la fine fleur de ses guer-
riers, ce sont les soldats que l'envahis-
seur,, pour les rendre invisibles, avait
habillés,, les uns de gris-verdàtre, les
autres de vert-feuille; iis gisent ici, des
milliers et des milliers, sacrifiés comme
simple troupeau d'abattoir par le
«prince de la paix» et par son dégénéré
de Isau masque fuyant de singe lému-
rien.
Après ces monticules, d'une trom-
peuse couleur de terre et d'herbe, dans
un rayon de plusieurs kilomètres en-
core, en continuant de s'éloigner du
Grand Quartier Général où le Monstre
trône en sécurité, tout a été bouleversé,
bien entendu, par les tirs « preparatoi-1
res»;; ̃• e-n cinq ou six jours, tes obus-
ayant-coureurs, toujours plus énormes
et plus foudroyants, ont mis la déso-
lation presque au point, comme dans
ûos autres provinces depuis plus long-
temps sous la'botte. Oh! les atroces
'dernières nuits qu'ils auront connues
ici, nos martyrs français, surpris cette
fois eornme nous tous par la brutalité
sournoise de l'agression, mais obstinés
malgré 'tout à s'accrocher aux vieilles
demeures héréditaires. Avant les rafales
d artillerie, ils avaient été attaqués par
tous ces-horribles procédés de la science
moderne, dont! Allemagne n'apas craint
d'inaugurer l'emploi contre nos villes
ouvertes, contre nos vieillards, nos fem-
mes et nos enfants. D'abord étaient ve-
nus les grands oiseaux d'acier, pour ter-
roriser, pour empoisonner l'air respira-
bie, commencer de tuer et de démolir; du
fond des caves de refuge, on les enten-
dait qui' passaient très bas, plus bas que
jamais, -presque à raser les toits comme
par ironie,. pour faire davantage frémir
avec le bruit infernal de leur vol leur
ronronnement tout proche servait de
basse constante au fracas déchirant de
leurmitraiïle. Oh! le bruit, rion que le
continuel excès de bruit, il faut avoir
connu cela pour comprendre que c'est
déjà un genre de torture. Enfin, bon
gré mal gré, il avait fallu partir, car
décidément les Boches arrivaient. Par-
tir, puisque ce serait demain l'orgie, le
viol et le massacre; fuir et en toute
hâte, quand les voies ferrées étaient
déjà détruites, partir dans les plus im-
possibles carrioles, ou bien à pied, em-
portant sur des brouettes ou sur les
épaules de pauvres objets choisis très
vite, presque au hasard, dans l'affole-
ment suprême.
C'est alors que les routes se sont peu-
plées de processions à fendre l'âme,
nos routes de France, si jolies et ,si
gaies pourtant à la splendeur de juin,
avec leurs bordures de beaux arbres et
leurs talus pleins de fleurs. Je n'avais
plus vu de ces fuites éperdues depuis
l'automne 1914, quand, après la viola-'
tion éhontée de la Belgique, les premiè-
res hordes s'étaient jetées sur nous.
Et. pour quelques-uns, c'était même
le second exode. On sait qu'au lende-
main de nos victoires de la Marne, beau-
coup étaient revenus, rassurés, n'imagir;
nant pas que le Monstre nous préparait
le « coup » de la Russie ils avaient
même rebâti, replanté, ensemencé. ̃
« Que retrouverons-nous, disaient-ils au-
jourd'hui, la prochaine fois que ?wus
reviendrons? » car, tous, ils comp-
taient bien revenir, et ils s'en allaient
Confiants malgré tout dans l'éternité de
notre France.
Dieu merci, il faisait des temps mer-
veilleux, des nuits-tranquilles et douces,
bienveillantes. à ceux qui tomberaient
d'épuisement pour se coucher en tas,
n'importe où, à la belle étoile, au bord
du chemin.
V
Confiants, oui; mais quand même je
revois toujours quelques-uns de ces re-
gards de détresse infinie, que j'aimerais
mieux n'avoir jamais croisés. Je revois
cette femme encore jeune, qui surgit
tout à coup d'un fossé, me présentant
un misérable petit être de quelques
mois, qu'elle allaitait malgré la faim et
qui avait la figure crispée à force de
pleurer. Qui sait, peut-être naguère en-
core avait-elle été heureuse etaimée?
«Monsieur, dit-elle, vous le voyez,
» mon petit; il pleure parce qu'il a tout
» mouillé ses langes, et je n'aj.pas de
» quoi le changer- Oh monsieu refaites-
M moi donner une couverture, n'im-
» porte quel vieux morceau de couver-
» ture pour l'envelopper. Autrement
» s'il reste dehors comme ça toute la
» nuit, vous pensez bien qu'il va mou-
» rir » Je me rappelle aussi cette
vieille dame aux yeux d'agonisante,
qui avait l'air si comme il faut avec
ses boucles blanches et ses longs voi-
les de crêpe elle avait mis un cha-
peau, un manteau, mais gardé, des
pantoufles, sans doute pour marcher
avec moins de peine peut-être quel-
que grand'mère qu'avaient tendrement
vénérée des fils tombés au champ d'hon-
neur et qui n'avait plus personne
elle trottinait à petits pas, toute pen-
chée en avant, d'une allure de machine
détraquée, sans savoir où elle allait,
mais vite, aussi vite qu'elle pouvait,
pour fuir l'horreur qui, derrière elle, ar-
rivait à grande allure.
Plus touchants encore ces pauvres
petits de cinq ou six ans, les élèves
d'une école maternelle,. qui, sous la
conduite d'un chef d'une dizaine d'an-
nées, marchaient si graves en se don-
nant la main, allongeant de leur mieux
leurs jambes frêles, et qui emportaient
pendu au cou leur masque contre les
gaz de mort, ces gaz qui détruisent
aussi les plantes et -qui sont comme une
des formes de la puanteur boche. Oh
pauvres, pauvres petits, quel enfantil-
lage de leur avoir donné des masques;
est-ce qu'ils seraient jamais capables de
les garder sur leur ligure, ces envelop-
pes étouffantes que les grandes per-
sonnes ont à peine le courage de sup-
porter. Non, et leurs poumons tendres
seraient brûlés au premier souffle.
Et puis, aux abords de tous les vil-
lages, ces, cohues de malheureux qui,
par un effort suprême, avaient fini par
arriver là, exténués, dans l'espoir d'y
trouver au moins l'abri de quelque
grange, mais que l'on avait dû laisser
dehors .parce que tout était plein; aux
entrées des petites rues, ces amas de
fuyards, plus lamentables encore par
l'entassement, par r.humiiiantfouillisdes
êtres humains, des bêtes et des choses
vieilles charrettes dételées, hardes et
matelas déjà souillés par la terré des
routes aïeules à bout de forces, à moi-
tié. ensevelies parmi de la paille sordide,
nourrissons qui hurlaient de souffrance
et de. mouillure serins en cage., chats
du foyer que l'on avait voulu emmener
et qui miaulaient longuement la faim
dans leur parler.- Pauvre, humanité qui
hier encore était gaie et prospère, mais
qui, de par l'ambition enragée d'unGuil-
laume II, s'en allalt on ne sait où, mou-
rir de mort affreuse, aux carrefours des
routes de l'exil.
Quand on a tout cela encore frais dans
la mémoire et que l'on repense au toast
du professionnel imposteur qui l'a dé-
crété, vraiment on ne sait plus si
l'on va pouffer de rirer ou grincer les
denls de rage
Encore un autre groupe dont j'ai gardé
la vision, d un singulier charme une
vingtaine déjeunes tilles, assises sur un
entassement de matelas et de couver-
tures, dans une grande vieille charrette
qui était tout ornée de bouquets piqués
au bout de bâtons, des bouquets d'hum-
bles fleurs cueillies en route dans les
champs. Elles semblaient presque élé-
gantes et s'en allaient sans une larme,
sans une plainte, sans une parole, l'air
fier et résolu, ayant chacune au corsage
les mêmes fleurs que colles dont leur
charrette était décorée.. Q.u'cst-cc que
cela pouvait bien être, que ce jeune
monde- là? Ah vraisemblable-
ment les «grandes » de quelque ly-
cée de province. Et mon étonnement
presque indigné de les voir si fleu-
ries,. fit tout à coup place aune émo-
tion profonde quand j'eus compris ce
qu'ils signifiaient leurs bouquets, tous
pareillement composés de trois touffes
réunies, l'une de bleuets, l'autre de pâ-
querettes blanches, la troisième de co-
quelicots: les trois couleurs, plus que
jamais glorieuses, de nos cocardes et de
nos drapeaux!
Bleuets, pâquerettes blanches et co-
quelicots, c'étaient du reste ces trois
sortes.de fleurs et point d'autres, qui
foisonnaient partout ici dans les blés,
dans les foins parfumés. Je ne l'aurais
pas remarqué sans ces petites filles on
eût dit que les champs avaient voulu
d'eux-mêmes prendre nos couleurs de
France
Pierre Loti,
de l'Académie française.
Après les Raids
^x Nous n'avons jamais ici agité ta
T^ question des représailles qu'au point
d.e,v,ue, strictement réaliste. Les repré-
sailles sont-elles utiles ? Est-il possible de
les exécuter régulièrement ? Je ne pense
pas que dans l'état actuel de nos rapports
avec l'Allemagne on ait encore le droit
d'agiter des. considérations d'humanité
ou d'idéologie. Ces considérations présen-
teraient une valeur si nous avions .trouvé
un moyen qui nous fût propre d'arrêter
les raids ou même de les rendre à peu
près inoffensifs. Alors, les scrupules au-
raient un sens. La parade serait décou-
verte que je comprendrais à la rigueur
qu'on ne lançât point la riposte. Nous
pourrions en ce cas, peut-être, invoquer
notre supériorité morale et la noblesse
des sentiments. Mais la parade est encore
imparfaite comme on l'a vu hier, ou tout
au moins elle ne suffit pas à protéger
complètement la cité.
Prenons alors les représailles sous
leur double aspect. D'abord, l'utilité.
Quel est le but d'un raid sur une ville
comme Paris? Ce n'est point la des-
truction de quelques maisons, ni la
tuer.ie de quelques passants. C'est l'é-
ibrarriemen't des nerfs et par conséquent
une -atteinte à la résistance générale.
Or, une collectivité attaquée est profon-
dément sensible à la notion de revan-
che qui est une forme de l'idée de jus-
tice. Elle y est beaucoup plus, sensible
qu'un simple particulier, n'ayant pas à
sa disposition les subtilités du raisonne-
ment et la patience. Il n'y a donc rien
de plus déprimant pour elle que de
croire impunis les coups auxquels elle
est exposée. Dans l'alfaire des raids, le
défaut de représailles fortifie donc le
dessein de l'ennemi. ,>
Seconde partie de la question jus-
qu'à quel point sont-elles exécutables?,
Sujet délicat qui est au centre de la
défense nationale. Mais nous avons là-
dessus des affirmations trop nettes et
trop récentes pour en douter. Notre avia-
tion est certainement à la hauteur de
cette lâche, urgente et féconde entrer
toutes. Les gothas ne pourront rien
sur un Paris qui se saura vengé
Alfred Capus,
de l'Acadéinis française.
Autour de là Bataille
Deux contre-attaques
Nos troupes ont brillamment exécuté, hier
matin, une opération d'importance qui n'est
point négligeable, dans la région au sud
de l'Aisne. Il ne s'agit, cette lois encore,
que d'une opération locale. Cependant le
front d'attaque; au sud d'Amblény, aux en-
virons de Saint-Pierre-Aigle, atteignait sept
kilomètres.
On sait que cette région fut le théâtre de
]a deuxième poussée offensive allemande.
Après leur arrêt devant Compiègne, les Alle-
mands essayèrent, partant de Soissons, de
pousser dans la direction de Pierrefonds et
de la iorêt de Compiègne. Leur succès fut
assez médiocre et, depuis, la reprise de Cœu-
vres leur avait fait perdre ce que leur gain
comportait de plus essentiel.
L'attaque réussie d'hier achève de les dé-
loger des points les plus importants de cette
ligne. Elle était surtout destinée, nous dit le
communiqué, à nous rendre maîtres des
places d'armes qu'ils avaient constituées
dans ce secteur, en vue d'une reprise éven-
tuelle d'offensive.
Il est certain que ce couloir, entre la forêt
de Yillers-Cotterets et l'Aisne est un des points
où il ,faut prévoir que l'effort allemand, tôt ou
tard, se portera avec. ampleur. L'heureuse
opération d'hier aura servi à rendre inutiles
les préparatifs que l'ennemi avait déjà
faits. Cela suffit à montrer l'importance
réelle de ce fait- d'armes, dont l'honneur re-
vient à un général qu'il ne nous est pas per-
mis de nomnier, mais que de récents succès
plus considérables encore dans la région de
Courcelles désignaient pour cette tâche glo-
rieuse.
Nos, alliés britanniques, à la même heure,
réussissaient, eux aussi, une opération locale
d'importance à peu près égale et d'un carac-
tère tout semblable. A l'est de; la forêt de
Nieppe, entre Merviile etBailleul, sur un front
de six kilomètres, ils ont culbuté l'ennemi et
avancé leurs lignes de. 1,800 mètres en
moyenne. C'est encore là une région elle
mène directement à Hazebrouck où l'on
est en droit de prévoir un jour un puissant
effort ennemi. Toute mesure préventive ten-
dant à faciliter ultérieurement la' défense y
et 'donc d'une utilité incontestable.
La (-merre
1,426" jour de guerre
Communiqués officiels
DES SUCCÈS LOCAUX
»t«
FRONT FRANÇAIS
28 JUIN 2 HEURES APRÈS-MIDI
Au nord-ouest de Montdidier, nous
avons réalisé une légère avance au bois
Senécat et fait une trentaine de prison-
niers.. ̃_
Entre la Marna et l'Ourcq, une opé-
ration de détail au sud de Dammard
nous a permis de faire vingt-deux pri-
sonniers.
Nuit calme sur le reste du front.
28 JUIN 11 HEURES SOIR
Au sud de l'Aisne, nous avons atta-
qué be matin depuis le sud d'Amblény
jusqu'à l'est de Montgobsrt, dans le
dessein d'enlever à l'ennemi les places
d'armes qu'il avait aménagées dans
cette région. ̃ ̃
Sur un front de sept kilomètres, nos
troupes ont pénétré dans les organi-
sations allemandes, enlevé Fosses-en-
ijaut Laversine et les hauteurs au
nord-ouest, Cutry, et ont porté leur
ligne aux abords ouest de Saint-
Pierre-Aigle, ainsi que sur la croupe
au sud de ce village. Notre avance
atteint, sur certains points, deux kilo-
mètres.
Le chiffré des prisonniers actuelle-
ment dénombrés dépasse 1,060.
Aucun. événement important à signa-
ler sur le reste du front.
FRONT BRITANNIQUE
28 JUIN APRÈS-MIDI
Dans la nuit du 20 au 27 juin, un raid
contre un de nos postes dans les envi-
rons de Moyenneville, au sud d'Arras,
a été repoussé avec des pertes pour
l'ennemi.
Hier, un détachement de nos troupes
a exécuté, avec succès, un raid en plein
jour, près de Méricourt, et fait quelques
prisonniers, sans perdre un homme.
Pendant la nuit, notre artillerie et
celle de l'ennemi se sont montrées ac-
tives aux environs du bois du Rossignol,
au sud-est de Gommecourt, où nos pa-
Vrouilles ont infligé des pertes à l'en-
nemi.
28 JUIN SOIR
Ce matin, les troupes anglaises ont
réussi une opération de détail sur un
front d'environ trois milles et demi à
l'est de la forêt de Nieppe.
Notre ligne sur ce front a été avan-
cée dune profondeur moyenne de
un mille; plus de trois cents prison-
niers ont été faits et vingt-deux mi-
trailleuses ont été capturées. Tous nos
objectifs ont été atteints, y compris les
hameaux de l'Epinette-Verte, Rue et La
Becque.
L ennemi a été surpris et nos pertes
sont légères. v
A la même heure, les troupes austra-
liennes ont attaqué et enlevé plusieurs
postes à l'ouest de Merris, faisant qua-
rante-trois prisonniers et capturant
six mitrailleuses.
Sur le reste du front britannique, la
situation n'a- pas changé. ̃.
M. CLEMENCEAU AU FRONT
-~e.T"-
M. Clemenceau est allé rendre visite,
mercredi, à la division américaine qui
enleva le.bois Beleau.
,Le président du Conseil, reçu dans
une grange transformée "en poste de
Commandement, dit au général améri-
cain qu'il était venu apporter ses cha-
leureuses, félicitations à la troupe qui
avait si vaillamment combattu.
Jeudi, il s'est rendu dans la région de
B,eims, au milieu des.troupes italiennes.
Il était accompagné du commandant ita-
lien de ce secteur et de généraux fran-
çais. Il, a félicité les troupes de leurs
succès.
FRONT ITALIEN
Rome, 28 juin.
Commandement suprême
Sur l'ensemble du front, actions d'ar-
tillerie modérées. L'activité des groupes
d'explorateurs a donné lieu à des épi-
sodes de lutte sur le mont Gorno' et au
sud du Sasso Rosso,
Sur le plateau d'Asiago, un détache-
ment britannique a pénétré dans les
tranchées ennemies, infligeant des per-
tes à l'adversaire et ramenant des pri-
sonniers.
Les aviateurs ont effectué des bom-
bardements très actifs.
UN ORDRE'DU JOUR DU DUC D'AOSTE
Rome, 28 juin.
Le duc d'Aoste, commandant de la
troisième armée, a adressé à ses soldats
l'ordre du jour suivant
L'ennemi n'a pas pu résister à votre hé-
roïsme et, en pleine déroute, il a repassé le
Piave. Vous avez battu en neuf jours un
adversaire beaucoup plus nombreux, lui pre-
nant plus de 10,000 prionniers et un butin
énorme.
[ Fier do vous avoir conduits à la victoire
qui a été remportée grâce à votre complète
obéissance, je vous exprime ma reconnais-
sànee et mon admiration.
Aux mères, aux épouses, aux fils des
héros tombés pour la patrie, ce ne sont pas
des paroles de deuil que j'adresse, mais des
mots d'admiration.
Leur sa'ng versé fera surgir des contingents
nouveaux, des forces nouvelles pour la gran-
deur de l'Itàlie que nous aimons' par-dessus'
tout, et que' moi, dans' ce jour de joie'
patriotique, j'embrasse dans ndtro glorieux
drapeau qui symbolise la fraternité, 1 ardeur,
la victoire.
Emmanuel-Philibert de SAVOIE.
Bruit d'assassinat
Confirmation, infirmation
Hier, une dépêche de Bâle, datée du
28 juin, annonçait, d'après la Gazette
de Francfort, que la Cour du grand-duc
de Darmstadt avait reçu de Moscou un
télégramme signé Tchitcherine, selon
lequel le tsar Nicolas avait été assas-
siné entre Ekaterinenbourg et Perm.
Mais l'Agence Havas a publié, hier
soir, à 8 h. 1/2, cette dépêche
Zurich, 28 juin.
D'après des nouvelles allemandes pro-
venant de Darmstadt, de source compé-
tente, le bruit de l assassinai de l'ex-tsar
Nicolas Il ne serait pas confirmé.
Mais l'agence Radio publiait, à 9 h. 1/2,
ce télégramme
.Amsterdam, 28 juin.
Une dépêche Wolff confirme la mort du
tsarévitch et l'assassinat de Nicolas If. L'ex-
tïar'dârait été. tué dans le train, alors qu'il
quittait. Ekaterinenbourg, immédiatement
après la prise de la ville, par les Tchéco-Slo-
vaques.
La même dépêche annonce que le grand-
duc Michel se trouve effectivement à Omsk
à la tête du mouvement antiboichevik.
Dans la confusion des dépêches contra-
dictoires, il est encore impossible d'être
assuré de la mort du tsar Nicolas. Sans
doute, le fait même qu'aucun démenti
net et précis n'est encore venu, laisse
supposer que la nouvelle de l'assassinat
du. malheureux souverain peut être
exacte. Cependant le doute subsiste.
Et dans cette incertitude, il serait
prématuré de vouloir devancer le ju-
gement de l'histoire et de chercher à
déterminer avec exactitude le caractère
et le rôle de celui qui aura été, selon
toute vraisemblance, le dernier tsar au-
tocrate.
Tout ce qu'on peut raisonnablement
dire, c'est que le destin avait assigné à
Nicolas II un rôle qu'il était malheureu-
sement incapable de remplir. Souverain
absolu d'un immense empire, il n'avait
pas les qualités d'intelligence ni de ca-
ractère qui eussent été nécessaires à son
rôle. Il manquait trop d'idées person-
nelles et d e confiance en soi pour ne
pas subir toutes les influences qui
s'exercèrent successivement sur lui.
Celle de son père, celle des maîtres
qu'il lui avait donnés avaient fait
de lui le défenseur obstiné de l'au-
tocratie et de l'intolérance nationaliste.
Pour imposer ces idées et les faire pré-
valoir dans les époques troublées qu'il
eut à traverser, il aurait fallu une éner-
gie et une persévérance qu'il ne possé-
dait à aucun degré. Il aurait fallu au
moins qu'il sût s'entourer d'hommes de
valeur et qu'il leur eût accordé sa
confiance. Comme beaucoup d'àmes fai-
bles, Nicolas II, s'il se méfiait de lui-
même, se méfiait encore plus de tous ceux
qui étaient à même d'être autour de son
trône d'utiles conseillers ou d'énergiques
ministres, quelle que fût la politique
qu'il entendît suivre. Incertain et plein
de contradictions, il n'a jamais pu se dé-
cider à prendre un parti et à le suivre.
De là viennent tous les malheurs de son
règne et l'abandon sans exemple où il
s'est trouvé aux heures sombres de la
révolution.
Mais les gouvernements qui sont ve-
nus après le sien rendent à son égard
la sévérité difficile, La faiblesse chimé-
rique du premier gouvernement révo-
lutionnaire, la pusillanimité grandilo-
quente de la dictature de Kerensky,
1 abjecte turpitude de la tyrannie maxi-
maliste doivent incliner la France à
l'indulgence envers celui qui, du moins,
ne l'a jamais trahie.
Le ràid de jeudi soir
Hier, à midi, le communiqué suivant
a été communiqué
« On connaît maintenant exactement
le nombre des victimes du bombardement
par avions de la nuit dernière onze
morts et quatorze blessés.
» La plupart des personnes atteintes le
furent dans la rue.
» Le gouvernement rappeile instam-
ment, à cette occasion, qu'il est indis-
pensable, en cas de raid, de se mettre à
l'abri. La population ne doit négliger
aucune des mesures de précaution pré-
vues et dont, seule. la stricto observa-
tion peut permettre, d'atténuer les dan-
gers du bombardement. »
On ne peut que souligner la sagesse
de ces conseils. Si attirant que soi-t le'
spectacle des obus dont l'éclatement'
allume des'vers luisants dans le ciel; si:
beaux que soient les grondements, lea:
aboiements furieux des canons de la
défense, il faut avoir le courage de res-
ter à l'abri.
Voici le nom des victimes
Morts MM. Tanly (Nicolas), 52 ans;
Envique (Henri), 25 ans Tapagélias (Bazilc),
56 ans Guiffer (Joseph), 25. ans Moléuat
(Victor); Desmarest (Auguste), 34 ans
Massias (André), 19 ans Mmes Lagriffoul
(Albine) 23 ans; Sobry (Marguerite), 26 ans;
Ledoux (Jeanne) 63 ans Mlle Desmazièrca
(Yvonne). ̃
Blessés: MM. Ghichet (Pierre), 24 ans;
Couturier (Robert), 18 ans; Gibot (Henri),
23 ans Mayeux (Auguste), 41 ans Mme Al-
Jaiii (Marie), 43 ans; M. Ledoux (Gaston),
34 ans; M. Barrier, 56 ans;' Mlle Bransart
(Hélène), 23 ans; Mme Geoffroy,' 37 ans;
MM. Chabrol (Joseph), 52 ans Dulièga
(Jean), 47 ans Rossijhol (Gélestin), 45 ans;
Mme Cavelier (Lucie), 30 ans; MM. Dubois,.
Saviard et Virret, gardiens de la paix.
M. Pierre Chichet, fils de notre confrère;
de l'Homme libre, et :lui-même journa-
liste aété blesse pendant qu'il accom-
plissait un devoir professionnel.
Un Eaid sur Paris
DEUX ALERTES
La sirène est un bel instnwient, mais
il ne faut pas en abuser. Hier soir, on a
donné l'alerte à Paris, deux fois. Une
première fois, à onze heures. Une se-
conde fois à minuit moins vingt. ̃
Entre ces deux alertes l'une fausse,
l'autre réelle point de tir de barrage.
Voici le communiqué officiel relatif à
la seconde
Quelques avions ennemis se sont diri-
gés, hier soir, sur la région parisienne.
Ils ont été violemment canonnés par'
nos postes d'artillerie.
Ils ont lancé quelques bombes, mais
on ne signale pas de victimes.
L'alerte, donnée à 11 h. 39, a cessé à
minuit 30.
En l'honneurdes États-Unis
FÊTES NATIONALES COMMUNES
4 ET 14 JUILLET
La fête nationale des .Etats-Unis doit
se célébrer, on le sait, le 4 juillet prot
chain. Le gouvernement et le Parlemen-
ont décidé d'y associer, la France en-
tière.
M. Pams, ministre de l'intérieur, a
adressé, par télégramme la circulaire
suivante aux préfets
L'armée américaine arrive en France par
centaines de mille hommes chaque mois. De
semaine en semaine, de nouvelles divisions
entrent en ligne côte a côte avec nos soldats
et avec ceux de nos alliés, témoignant, dès
les premières rencontres, d'un héroïsme égal
à celui de leurs frères d'armes.
L'aide que les Etats-Unis, nous apportent,
avec tous leurs cœurs, avec toute leur puis-
sari,e'e, vaut à la France envahie, à l'heure
décisive de cette guerre, un immense récon-
fort matériel et moral.
L'ennemi redouble ses coups parce qu'il a
besoin de finir vite. Nous redoublons de fer-
meté, parce que nous savons que chacune
des dures journées que nous vivons nous
rapproche de celle où la supériorité de notre
force mettra dans nos mains la victoire.
L'histoire dira ce qu'a été, dans la lutte
sacrée où nous sommes engagés, le, concours
américain. Elle dira que l'Amérique désinté-
ressée est venue à nous à l'appel de son chef
éminent, parce que notre cause est juste.
Elle dira que l'Amérique pacifique, par prin-
cipe et par tradition, est entrée dans la plus
atroce des guerres, parce qu'il y avait dans
cette guerre à défendre la liberté humaine et
le droit des démocraties. Elle dira que pour
tenir sa place dans la bataille que nous me-
nons depuis quatre ans, l'Amérique a fourni
le plus prodigieux effort militaire, industriel
et financier que jamais peuple libre se soit
imposé pour répondre au commandement du
devoir. Avec l'Amérique et par elle, nous et
nos alliés, soldats de la justice, nous som-
mes sûrs de vaincre,et nous savons attendre
en combattant.
La sainteté d'un même idéal de paix et
de liberté unit les cœurs américains et les
cœurs français. En repoussant l'agression
allemande, nous faisons la guerre à la guerre.
Nous préparons à la démocratie un monde
où la force sera la sauvegarde du droit.
Le 4 juillet prochain, les Etats-Unis célè-
brent leur fête nationale de même que la
nôtre, dix jours plus tard, sera une fête
américaine, la fête américaine doit être une
fête française. Entre les deux Républiques
sœurs, tout désormais est commun, souf-
frances et joies, deuils et espoirs. Le gouver-
nement est donc assuré do répondre au sen-
timent profond du pays en prescrivant pour
le 4 juillet les mêmes dispositions que pour
le 14 juillet.
Vous voudrez bien, en donnant à ce qui
précède la publicité voulue, permettre à nos
populations des villes et des campagnes, si
grandes par leur labeur et par leur sacrifice,
de s'associer aux souvenirs glorieux pour
l'Amérique et pour la France que cet anni-
versaire évoque des deux côtés de l'Océan.
A LA CHAMBRE
Hier, au début de la séance, M. Des-
chanel a annoncé qu'il était saisi d'un
projet de résolution de M. Bokanowski
et de plusieurs de ses collègues, tendant
à associer le peuple français à la célé-
bration de la fête nationale des Etats-
Unis d'Amérique. M. Franklin-Bouillon,
président de la commission des affaires
extérieures, a immédiatement donné lec-
ture du rapport qui approuve le projet
de résolution. Après avoir rappelé qu'il
y a un an les premiers soldats améri-
cains débarqués» en France étaient au
nombre de trois mUte, et qu'aujourd'hui
le Numéro quotidien DfJi CENTIMES en France et eh Belgique Etranger VINGT CENTIMES
64" Année 3«» Série N" 180
H. DE VILLEMESSANT
Fondateur ̃ ̃̃
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Directeur (1902-1914) 111
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'̃ '̃ «Loué par ceux-ci, blâmé par ceux-là, me mo^tiant des sots, bravant les méchants, je me pressa
.̃ de rire de tout. de peur d'êtïe oblige d'en pleurer.» (Beaumarchais)
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pr~po~ >d~
/•, .son.. ;•̃; •
plus récent bafouillage
'•'̃••̃'•••.•' Juin 1918.
Le pitre sanglant, dont les pantalon-
nades nous ont déjjà. fait tant de fois sou-
rire au milieu dé nos pires angoisses,
vient donc de se surpasser lui-même
dans un toast ineffable, au banquet an-
niversaire de la trentième année de son
règne. Et il faudrait, pour la joie de nos
̃descendants, pouvoir fixer la, bouffon-
nerie de cela, qui, je le crains, sera trop
vite oubliée. •
Trente ans de cabotinage et de basse
scélératesse! Trente ans de prémédita-
tion acharnée, pour aboutir â battre
tous les records du crime Trente ans à
préparer dans l'ombre, et par les igno-
bles moyens que chacun sait, 1 horreur
immense que nous subissons tous.
Vraiment se peut-il qu'on ait trouvé,
même. en Prusse, des gens pour célé-
brer un tel anniversaire, des êtres hu-'
mains pourièterça ,-••̃'
A ce 'banquet, le toast d'Hindenburg
au moins" ne manquait pas d'une cer-
taine crânerie 'barbare « Eh bien oui,
là, osait-il'dire'; oui, les brigands du
monde, c'est ce que nous sommes et ce
que nous 'avons toujours été. » Et puis,
lui, fut un vrai soldat, non pas, comme
l'autre, un général pour ciné;matogra-
phe. Mais l'autre, oh l'autre, le ma-
cabre empereur, quel radotage sénile,
que sa réponse; comme on sent bien
qu'il achève de. perdre l'équilibre et que
la peur- détraque ses rouages! Quel-
ques éclats de rire, mais pas assez, cela
en méritait tellement plus, ont fusé
en France et niêaie en Allemagne, au
milieu de nos deuils, quand nous avons
appris de sa bouche candide que son
ami le Seigneur Dieu lui avait mis sur
les épaules la bien lourde charge d'amé-
liorer le monde; qu'il était surtout le
prince de la paix et qu'il ne se battait
que pour faire triompher la conception
» prussienne, allemande, germanique du
» droit, de .la- liber té, de l'honneur et de
» la morale » ̃ {sic). Quelle insanité,
quelle misère! Oui, c'est bien la peur,
la Grand'Peur devant l'abomination de
son-couvre, qui déjà' le tenaille au venr
tre peur de toutes les nations civilisées
que le dégoût soulevé contre lui, niais
peur aussi de sOïv propre; peuple qu'il a
si impudemment. trompé et qui déjà
s'a.me,ute à ses troussés, avec de la
haine plein ses millions de gros yeux
bleurfaïence. « Si pourtant on le pen-
» dait, celui-là, commence-t-on à dire
» de l'autre côté du Rhin, est-ce que du
» même coup les boucheries ne fini-
» raient pas? » »
**«
Or, pendant que l'on festoyait le Mons-
tre, la désolation battait son plein par-
tout alentour. A la vaste région ancien-
nement saccagée, sur laquelle trois ou
quatre printemps ont déjà passé et où
il ne reste plus rien que de méconnais-
sables ruines dans un silence de mort,
une zone nouvelle venait de s'ajouter,
empiétant un peu plus sur notre France;
la zone sur quoi s'est abattue la plus
récente des ruées barbares, la grande
ruée d'hier, avec des moyens de destruc-
tion toujours plus perfectionnés; la zone
qui saigne encore, où tout est pantelant,
où les incendies n'ont pas fini d'exhaler
leurs fumées noires, ni les cadavres de
répandre leur odeur. On sait que, sur
les grèves, le,flot qui s'est retiré laisse
une ligne de: détritus de même ici le
flot germanique, avant son endigue-
jnent, a laissé. comme pour marquer la
limite de son avance, des séries de pe-
tits tertres qui de loin ne sont pas
effroyables, mais de près révèlent des
détails devant quoi les cheveux se dres-
sent on en. voit sortir çà et là des
mains crispées, ou bien des figures qui
sO;
où s'assemblent les mouches. Or, ce
sont. les enfants de l'Allemagne, l'élite
physique de l'Allemagne, tous ces petits
tertres; c'est la fine fleur de ses guer-
riers, ce sont les soldats que l'envahis-
seur,, pour les rendre invisibles, avait
habillés,, les uns de gris-verdàtre, les
autres de vert-feuille; iis gisent ici, des
milliers et des milliers, sacrifiés comme
simple troupeau d'abattoir par le
«prince de la paix» et par son dégénéré
de Isau masque fuyant de singe lému-
rien.
Après ces monticules, d'une trom-
peuse couleur de terre et d'herbe, dans
un rayon de plusieurs kilomètres en-
core, en continuant de s'éloigner du
Grand Quartier Général où le Monstre
trône en sécurité, tout a été bouleversé,
bien entendu, par les tirs « preparatoi-1
res»;; ̃• e-n cinq ou six jours, tes obus-
ayant-coureurs, toujours plus énormes
et plus foudroyants, ont mis la déso-
lation presque au point, comme dans
ûos autres provinces depuis plus long-
temps sous la'botte. Oh! les atroces
'dernières nuits qu'ils auront connues
ici, nos martyrs français, surpris cette
fois eornme nous tous par la brutalité
sournoise de l'agression, mais obstinés
malgré 'tout à s'accrocher aux vieilles
demeures héréditaires. Avant les rafales
d artillerie, ils avaient été attaqués par
tous ces-horribles procédés de la science
moderne, dont! Allemagne n'apas craint
d'inaugurer l'emploi contre nos villes
ouvertes, contre nos vieillards, nos fem-
mes et nos enfants. D'abord étaient ve-
nus les grands oiseaux d'acier, pour ter-
roriser, pour empoisonner l'air respira-
bie, commencer de tuer et de démolir; du
fond des caves de refuge, on les enten-
dait qui' passaient très bas, plus bas que
jamais, -presque à raser les toits comme
par ironie,. pour faire davantage frémir
avec le bruit infernal de leur vol leur
ronronnement tout proche servait de
basse constante au fracas déchirant de
leurmitraiïle. Oh! le bruit, rion que le
continuel excès de bruit, il faut avoir
connu cela pour comprendre que c'est
déjà un genre de torture. Enfin, bon
gré mal gré, il avait fallu partir, car
décidément les Boches arrivaient. Par-
tir, puisque ce serait demain l'orgie, le
viol et le massacre; fuir et en toute
hâte, quand les voies ferrées étaient
déjà détruites, partir dans les plus im-
possibles carrioles, ou bien à pied, em-
portant sur des brouettes ou sur les
épaules de pauvres objets choisis très
vite, presque au hasard, dans l'affole-
ment suprême.
C'est alors que les routes se sont peu-
plées de processions à fendre l'âme,
nos routes de France, si jolies et ,si
gaies pourtant à la splendeur de juin,
avec leurs bordures de beaux arbres et
leurs talus pleins de fleurs. Je n'avais
plus vu de ces fuites éperdues depuis
l'automne 1914, quand, après la viola-'
tion éhontée de la Belgique, les premiè-
res hordes s'étaient jetées sur nous.
Et. pour quelques-uns, c'était même
le second exode. On sait qu'au lende-
main de nos victoires de la Marne, beau-
coup étaient revenus, rassurés, n'imagir;
nant pas que le Monstre nous préparait
le « coup » de la Russie ils avaient
même rebâti, replanté, ensemencé. ̃
« Que retrouverons-nous, disaient-ils au-
jourd'hui, la prochaine fois que ?wus
reviendrons? » car, tous, ils comp-
taient bien revenir, et ils s'en allaient
Confiants malgré tout dans l'éternité de
notre France.
Dieu merci, il faisait des temps mer-
veilleux, des nuits-tranquilles et douces,
bienveillantes. à ceux qui tomberaient
d'épuisement pour se coucher en tas,
n'importe où, à la belle étoile, au bord
du chemin.
V
Confiants, oui; mais quand même je
revois toujours quelques-uns de ces re-
gards de détresse infinie, que j'aimerais
mieux n'avoir jamais croisés. Je revois
cette femme encore jeune, qui surgit
tout à coup d'un fossé, me présentant
un misérable petit être de quelques
mois, qu'elle allaitait malgré la faim et
qui avait la figure crispée à force de
pleurer. Qui sait, peut-être naguère en-
core avait-elle été heureuse etaimée?
«Monsieur, dit-elle, vous le voyez,
» mon petit; il pleure parce qu'il a tout
» mouillé ses langes, et je n'aj.pas de
» quoi le changer- Oh monsieu refaites-
M moi donner une couverture, n'im-
» porte quel vieux morceau de couver-
» ture pour l'envelopper. Autrement
» s'il reste dehors comme ça toute la
» nuit, vous pensez bien qu'il va mou-
» rir » Je me rappelle aussi cette
vieille dame aux yeux d'agonisante,
qui avait l'air si comme il faut avec
ses boucles blanches et ses longs voi-
les de crêpe elle avait mis un cha-
peau, un manteau, mais gardé, des
pantoufles, sans doute pour marcher
avec moins de peine peut-être quel-
que grand'mère qu'avaient tendrement
vénérée des fils tombés au champ d'hon-
neur et qui n'avait plus personne
elle trottinait à petits pas, toute pen-
chée en avant, d'une allure de machine
détraquée, sans savoir où elle allait,
mais vite, aussi vite qu'elle pouvait,
pour fuir l'horreur qui, derrière elle, ar-
rivait à grande allure.
Plus touchants encore ces pauvres
petits de cinq ou six ans, les élèves
d'une école maternelle,. qui, sous la
conduite d'un chef d'une dizaine d'an-
nées, marchaient si graves en se don-
nant la main, allongeant de leur mieux
leurs jambes frêles, et qui emportaient
pendu au cou leur masque contre les
gaz de mort, ces gaz qui détruisent
aussi les plantes et -qui sont comme une
des formes de la puanteur boche. Oh
pauvres, pauvres petits, quel enfantil-
lage de leur avoir donné des masques;
est-ce qu'ils seraient jamais capables de
les garder sur leur ligure, ces envelop-
pes étouffantes que les grandes per-
sonnes ont à peine le courage de sup-
porter. Non, et leurs poumons tendres
seraient brûlés au premier souffle.
Et puis, aux abords de tous les vil-
lages, ces, cohues de malheureux qui,
par un effort suprême, avaient fini par
arriver là, exténués, dans l'espoir d'y
trouver au moins l'abri de quelque
grange, mais que l'on avait dû laisser
dehors .parce que tout était plein; aux
entrées des petites rues, ces amas de
fuyards, plus lamentables encore par
l'entassement, par r.humiiiantfouillisdes
êtres humains, des bêtes et des choses
vieilles charrettes dételées, hardes et
matelas déjà souillés par la terré des
routes aïeules à bout de forces, à moi-
tié. ensevelies parmi de la paille sordide,
nourrissons qui hurlaient de souffrance
et de. mouillure serins en cage., chats
du foyer que l'on avait voulu emmener
et qui miaulaient longuement la faim
dans leur parler.- Pauvre, humanité qui
hier encore était gaie et prospère, mais
qui, de par l'ambition enragée d'unGuil-
laume II, s'en allalt on ne sait où, mou-
rir de mort affreuse, aux carrefours des
routes de l'exil.
Quand on a tout cela encore frais dans
la mémoire et que l'on repense au toast
du professionnel imposteur qui l'a dé-
crété, vraiment on ne sait plus si
l'on va pouffer de rirer ou grincer les
denls de rage
Encore un autre groupe dont j'ai gardé
la vision, d un singulier charme une
vingtaine déjeunes tilles, assises sur un
entassement de matelas et de couver-
tures, dans une grande vieille charrette
qui était tout ornée de bouquets piqués
au bout de bâtons, des bouquets d'hum-
bles fleurs cueillies en route dans les
champs. Elles semblaient presque élé-
gantes et s'en allaient sans une larme,
sans une plainte, sans une parole, l'air
fier et résolu, ayant chacune au corsage
les mêmes fleurs que colles dont leur
charrette était décorée.. Q.u'cst-cc que
cela pouvait bien être, que ce jeune
monde- là? Ah vraisemblable-
ment les «grandes » de quelque ly-
cée de province. Et mon étonnement
presque indigné de les voir si fleu-
ries,. fit tout à coup place aune émo-
tion profonde quand j'eus compris ce
qu'ils signifiaient leurs bouquets, tous
pareillement composés de trois touffes
réunies, l'une de bleuets, l'autre de pâ-
querettes blanches, la troisième de co-
quelicots: les trois couleurs, plus que
jamais glorieuses, de nos cocardes et de
nos drapeaux!
Bleuets, pâquerettes blanches et co-
quelicots, c'étaient du reste ces trois
sortes.de fleurs et point d'autres, qui
foisonnaient partout ici dans les blés,
dans les foins parfumés. Je ne l'aurais
pas remarqué sans ces petites filles on
eût dit que les champs avaient voulu
d'eux-mêmes prendre nos couleurs de
France
Pierre Loti,
de l'Académie française.
Après les Raids
^x Nous n'avons jamais ici agité ta
T^ question des représailles qu'au point
d.e,v,ue, strictement réaliste. Les repré-
sailles sont-elles utiles ? Est-il possible de
les exécuter régulièrement ? Je ne pense
pas que dans l'état actuel de nos rapports
avec l'Allemagne on ait encore le droit
d'agiter des. considérations d'humanité
ou d'idéologie. Ces considérations présen-
teraient une valeur si nous avions .trouvé
un moyen qui nous fût propre d'arrêter
les raids ou même de les rendre à peu
près inoffensifs. Alors, les scrupules au-
raient un sens. La parade serait décou-
verte que je comprendrais à la rigueur
qu'on ne lançât point la riposte. Nous
pourrions en ce cas, peut-être, invoquer
notre supériorité morale et la noblesse
des sentiments. Mais la parade est encore
imparfaite comme on l'a vu hier, ou tout
au moins elle ne suffit pas à protéger
complètement la cité.
Prenons alors les représailles sous
leur double aspect. D'abord, l'utilité.
Quel est le but d'un raid sur une ville
comme Paris? Ce n'est point la des-
truction de quelques maisons, ni la
tuer.ie de quelques passants. C'est l'é-
ibrarriemen't des nerfs et par conséquent
une -atteinte à la résistance générale.
Or, une collectivité attaquée est profon-
dément sensible à la notion de revan-
che qui est une forme de l'idée de jus-
tice. Elle y est beaucoup plus, sensible
qu'un simple particulier, n'ayant pas à
sa disposition les subtilités du raisonne-
ment et la patience. Il n'y a donc rien
de plus déprimant pour elle que de
croire impunis les coups auxquels elle
est exposée. Dans l'alfaire des raids, le
défaut de représailles fortifie donc le
dessein de l'ennemi. ,>
Seconde partie de la question jus-
qu'à quel point sont-elles exécutables?,
Sujet délicat qui est au centre de la
défense nationale. Mais nous avons là-
dessus des affirmations trop nettes et
trop récentes pour en douter. Notre avia-
tion est certainement à la hauteur de
cette lâche, urgente et féconde entrer
toutes. Les gothas ne pourront rien
sur un Paris qui se saura vengé
Alfred Capus,
de l'Acadéinis française.
Autour de là Bataille
Deux contre-attaques
Nos troupes ont brillamment exécuté, hier
matin, une opération d'importance qui n'est
point négligeable, dans la région au sud
de l'Aisne. Il ne s'agit, cette lois encore,
que d'une opération locale. Cependant le
front d'attaque; au sud d'Amblény, aux en-
virons de Saint-Pierre-Aigle, atteignait sept
kilomètres.
On sait que cette région fut le théâtre de
]a deuxième poussée offensive allemande.
Après leur arrêt devant Compiègne, les Alle-
mands essayèrent, partant de Soissons, de
pousser dans la direction de Pierrefonds et
de la iorêt de Compiègne. Leur succès fut
assez médiocre et, depuis, la reprise de Cœu-
vres leur avait fait perdre ce que leur gain
comportait de plus essentiel.
L'attaque réussie d'hier achève de les dé-
loger des points les plus importants de cette
ligne. Elle était surtout destinée, nous dit le
communiqué, à nous rendre maîtres des
places d'armes qu'ils avaient constituées
dans ce secteur, en vue d'une reprise éven-
tuelle d'offensive.
Il est certain que ce couloir, entre la forêt
de Yillers-Cotterets et l'Aisne est un des points
où il ,faut prévoir que l'effort allemand, tôt ou
tard, se portera avec. ampleur. L'heureuse
opération d'hier aura servi à rendre inutiles
les préparatifs que l'ennemi avait déjà
faits. Cela suffit à montrer l'importance
réelle de ce fait- d'armes, dont l'honneur re-
vient à un général qu'il ne nous est pas per-
mis de nomnier, mais que de récents succès
plus considérables encore dans la région de
Courcelles désignaient pour cette tâche glo-
rieuse.
Nos, alliés britanniques, à la même heure,
réussissaient, eux aussi, une opération locale
d'importance à peu près égale et d'un carac-
tère tout semblable. A l'est de; la forêt de
Nieppe, entre Merviile etBailleul, sur un front
de six kilomètres, ils ont culbuté l'ennemi et
avancé leurs lignes de. 1,800 mètres en
moyenne. C'est encore là une région elle
mène directement à Hazebrouck où l'on
est en droit de prévoir un jour un puissant
effort ennemi. Toute mesure préventive ten-
dant à faciliter ultérieurement la' défense y
et 'donc d'une utilité incontestable.
La (-merre
1,426" jour de guerre
Communiqués officiels
DES SUCCÈS LOCAUX
»t«
FRONT FRANÇAIS
28 JUIN 2 HEURES APRÈS-MIDI
Au nord-ouest de Montdidier, nous
avons réalisé une légère avance au bois
Senécat et fait une trentaine de prison-
niers.. ̃_
Entre la Marna et l'Ourcq, une opé-
ration de détail au sud de Dammard
nous a permis de faire vingt-deux pri-
sonniers.
Nuit calme sur le reste du front.
28 JUIN 11 HEURES SOIR
Au sud de l'Aisne, nous avons atta-
qué be matin depuis le sud d'Amblény
jusqu'à l'est de Montgobsrt, dans le
dessein d'enlever à l'ennemi les places
d'armes qu'il avait aménagées dans
cette région. ̃ ̃
Sur un front de sept kilomètres, nos
troupes ont pénétré dans les organi-
sations allemandes, enlevé Fosses-en-
ijaut Laversine et les hauteurs au
nord-ouest, Cutry, et ont porté leur
ligne aux abords ouest de Saint-
Pierre-Aigle, ainsi que sur la croupe
au sud de ce village. Notre avance
atteint, sur certains points, deux kilo-
mètres.
Le chiffré des prisonniers actuelle-
ment dénombrés dépasse 1,060.
Aucun. événement important à signa-
ler sur le reste du front.
FRONT BRITANNIQUE
28 JUIN APRÈS-MIDI
Dans la nuit du 20 au 27 juin, un raid
contre un de nos postes dans les envi-
rons de Moyenneville, au sud d'Arras,
a été repoussé avec des pertes pour
l'ennemi.
Hier, un détachement de nos troupes
a exécuté, avec succès, un raid en plein
jour, près de Méricourt, et fait quelques
prisonniers, sans perdre un homme.
Pendant la nuit, notre artillerie et
celle de l'ennemi se sont montrées ac-
tives aux environs du bois du Rossignol,
au sud-est de Gommecourt, où nos pa-
Vrouilles ont infligé des pertes à l'en-
nemi.
28 JUIN SOIR
Ce matin, les troupes anglaises ont
réussi une opération de détail sur un
front d'environ trois milles et demi à
l'est de la forêt de Nieppe.
Notre ligne sur ce front a été avan-
cée dune profondeur moyenne de
un mille; plus de trois cents prison-
niers ont été faits et vingt-deux mi-
trailleuses ont été capturées. Tous nos
objectifs ont été atteints, y compris les
hameaux de l'Epinette-Verte, Rue et La
Becque.
L ennemi a été surpris et nos pertes
sont légères. v
A la même heure, les troupes austra-
liennes ont attaqué et enlevé plusieurs
postes à l'ouest de Merris, faisant qua-
rante-trois prisonniers et capturant
six mitrailleuses.
Sur le reste du front britannique, la
situation n'a- pas changé. ̃.
M. CLEMENCEAU AU FRONT
-~e.T"-
M. Clemenceau est allé rendre visite,
mercredi, à la division américaine qui
enleva le.bois Beleau.
,Le président du Conseil, reçu dans
une grange transformée "en poste de
Commandement, dit au général améri-
cain qu'il était venu apporter ses cha-
leureuses, félicitations à la troupe qui
avait si vaillamment combattu.
Jeudi, il s'est rendu dans la région de
B,eims, au milieu des.troupes italiennes.
Il était accompagné du commandant ita-
lien de ce secteur et de généraux fran-
çais. Il, a félicité les troupes de leurs
succès.
FRONT ITALIEN
Rome, 28 juin.
Commandement suprême
Sur l'ensemble du front, actions d'ar-
tillerie modérées. L'activité des groupes
d'explorateurs a donné lieu à des épi-
sodes de lutte sur le mont Gorno' et au
sud du Sasso Rosso,
Sur le plateau d'Asiago, un détache-
ment britannique a pénétré dans les
tranchées ennemies, infligeant des per-
tes à l'adversaire et ramenant des pri-
sonniers.
Les aviateurs ont effectué des bom-
bardements très actifs.
UN ORDRE'DU JOUR DU DUC D'AOSTE
Rome, 28 juin.
Le duc d'Aoste, commandant de la
troisième armée, a adressé à ses soldats
l'ordre du jour suivant
L'ennemi n'a pas pu résister à votre hé-
roïsme et, en pleine déroute, il a repassé le
Piave. Vous avez battu en neuf jours un
adversaire beaucoup plus nombreux, lui pre-
nant plus de 10,000 prionniers et un butin
énorme.
[ Fier do vous avoir conduits à la victoire
qui a été remportée grâce à votre complète
obéissance, je vous exprime ma reconnais-
sànee et mon admiration.
Aux mères, aux épouses, aux fils des
héros tombés pour la patrie, ce ne sont pas
des paroles de deuil que j'adresse, mais des
mots d'admiration.
Leur sa'ng versé fera surgir des contingents
nouveaux, des forces nouvelles pour la gran-
deur de l'Itàlie que nous aimons' par-dessus'
tout, et que' moi, dans' ce jour de joie'
patriotique, j'embrasse dans ndtro glorieux
drapeau qui symbolise la fraternité, 1 ardeur,
la victoire.
Emmanuel-Philibert de SAVOIE.
Bruit d'assassinat
Confirmation, infirmation
Hier, une dépêche de Bâle, datée du
28 juin, annonçait, d'après la Gazette
de Francfort, que la Cour du grand-duc
de Darmstadt avait reçu de Moscou un
télégramme signé Tchitcherine, selon
lequel le tsar Nicolas avait été assas-
siné entre Ekaterinenbourg et Perm.
Mais l'Agence Havas a publié, hier
soir, à 8 h. 1/2, cette dépêche
Zurich, 28 juin.
D'après des nouvelles allemandes pro-
venant de Darmstadt, de source compé-
tente, le bruit de l assassinai de l'ex-tsar
Nicolas Il ne serait pas confirmé.
Mais l'agence Radio publiait, à 9 h. 1/2,
ce télégramme
.Amsterdam, 28 juin.
Une dépêche Wolff confirme la mort du
tsarévitch et l'assassinat de Nicolas If. L'ex-
tïar'dârait été. tué dans le train, alors qu'il
quittait. Ekaterinenbourg, immédiatement
après la prise de la ville, par les Tchéco-Slo-
vaques.
La même dépêche annonce que le grand-
duc Michel se trouve effectivement à Omsk
à la tête du mouvement antiboichevik.
Dans la confusion des dépêches contra-
dictoires, il est encore impossible d'être
assuré de la mort du tsar Nicolas. Sans
doute, le fait même qu'aucun démenti
net et précis n'est encore venu, laisse
supposer que la nouvelle de l'assassinat
du. malheureux souverain peut être
exacte. Cependant le doute subsiste.
Et dans cette incertitude, il serait
prématuré de vouloir devancer le ju-
gement de l'histoire et de chercher à
déterminer avec exactitude le caractère
et le rôle de celui qui aura été, selon
toute vraisemblance, le dernier tsar au-
tocrate.
Tout ce qu'on peut raisonnablement
dire, c'est que le destin avait assigné à
Nicolas II un rôle qu'il était malheureu-
sement incapable de remplir. Souverain
absolu d'un immense empire, il n'avait
pas les qualités d'intelligence ni de ca-
ractère qui eussent été nécessaires à son
rôle. Il manquait trop d'idées person-
nelles et d e confiance en soi pour ne
pas subir toutes les influences qui
s'exercèrent successivement sur lui.
Celle de son père, celle des maîtres
qu'il lui avait donnés avaient fait
de lui le défenseur obstiné de l'au-
tocratie et de l'intolérance nationaliste.
Pour imposer ces idées et les faire pré-
valoir dans les époques troublées qu'il
eut à traverser, il aurait fallu une éner-
gie et une persévérance qu'il ne possé-
dait à aucun degré. Il aurait fallu au
moins qu'il sût s'entourer d'hommes de
valeur et qu'il leur eût accordé sa
confiance. Comme beaucoup d'àmes fai-
bles, Nicolas II, s'il se méfiait de lui-
même, se méfiait encore plus de tous ceux
qui étaient à même d'être autour de son
trône d'utiles conseillers ou d'énergiques
ministres, quelle que fût la politique
qu'il entendît suivre. Incertain et plein
de contradictions, il n'a jamais pu se dé-
cider à prendre un parti et à le suivre.
De là viennent tous les malheurs de son
règne et l'abandon sans exemple où il
s'est trouvé aux heures sombres de la
révolution.
Mais les gouvernements qui sont ve-
nus après le sien rendent à son égard
la sévérité difficile, La faiblesse chimé-
rique du premier gouvernement révo-
lutionnaire, la pusillanimité grandilo-
quente de la dictature de Kerensky,
1 abjecte turpitude de la tyrannie maxi-
maliste doivent incliner la France à
l'indulgence envers celui qui, du moins,
ne l'a jamais trahie.
Le ràid de jeudi soir
Hier, à midi, le communiqué suivant
a été communiqué
« On connaît maintenant exactement
le nombre des victimes du bombardement
par avions de la nuit dernière onze
morts et quatorze blessés.
» La plupart des personnes atteintes le
furent dans la rue.
» Le gouvernement rappeile instam-
ment, à cette occasion, qu'il est indis-
pensable, en cas de raid, de se mettre à
l'abri. La population ne doit négliger
aucune des mesures de précaution pré-
vues et dont, seule. la stricto observa-
tion peut permettre, d'atténuer les dan-
gers du bombardement. »
On ne peut que souligner la sagesse
de ces conseils. Si attirant que soi-t le'
spectacle des obus dont l'éclatement'
allume des'vers luisants dans le ciel; si:
beaux que soient les grondements, lea:
aboiements furieux des canons de la
défense, il faut avoir le courage de res-
ter à l'abri.
Voici le nom des victimes
Morts MM. Tanly (Nicolas), 52 ans;
Envique (Henri), 25 ans Tapagélias (Bazilc),
56 ans Guiffer (Joseph), 25. ans Moléuat
(Victor); Desmarest (Auguste), 34 ans
Massias (André), 19 ans Mmes Lagriffoul
(Albine) 23 ans; Sobry (Marguerite), 26 ans;
Ledoux (Jeanne) 63 ans Mlle Desmazièrca
(Yvonne). ̃
Blessés: MM. Ghichet (Pierre), 24 ans;
Couturier (Robert), 18 ans; Gibot (Henri),
23 ans Mayeux (Auguste), 41 ans Mme Al-
Jaiii (Marie), 43 ans; M. Ledoux (Gaston),
34 ans; M. Barrier, 56 ans;' Mlle Bransart
(Hélène), 23 ans; Mme Geoffroy,' 37 ans;
MM. Chabrol (Joseph), 52 ans Dulièga
(Jean), 47 ans Rossijhol (Gélestin), 45 ans;
Mme Cavelier (Lucie), 30 ans; MM. Dubois,.
Saviard et Virret, gardiens de la paix.
M. Pierre Chichet, fils de notre confrère;
de l'Homme libre, et :lui-même journa-
liste aété blesse pendant qu'il accom-
plissait un devoir professionnel.
Un Eaid sur Paris
DEUX ALERTES
La sirène est un bel instnwient, mais
il ne faut pas en abuser. Hier soir, on a
donné l'alerte à Paris, deux fois. Une
première fois, à onze heures. Une se-
conde fois à minuit moins vingt. ̃
Entre ces deux alertes l'une fausse,
l'autre réelle point de tir de barrage.
Voici le communiqué officiel relatif à
la seconde
Quelques avions ennemis se sont diri-
gés, hier soir, sur la région parisienne.
Ils ont été violemment canonnés par'
nos postes d'artillerie.
Ils ont lancé quelques bombes, mais
on ne signale pas de victimes.
L'alerte, donnée à 11 h. 39, a cessé à
minuit 30.
En l'honneurdes États-Unis
FÊTES NATIONALES COMMUNES
4 ET 14 JUILLET
La fête nationale des .Etats-Unis doit
se célébrer, on le sait, le 4 juillet prot
chain. Le gouvernement et le Parlemen-
ont décidé d'y associer, la France en-
tière.
M. Pams, ministre de l'intérieur, a
adressé, par télégramme la circulaire
suivante aux préfets
L'armée américaine arrive en France par
centaines de mille hommes chaque mois. De
semaine en semaine, de nouvelles divisions
entrent en ligne côte a côte avec nos soldats
et avec ceux de nos alliés, témoignant, dès
les premières rencontres, d'un héroïsme égal
à celui de leurs frères d'armes.
L'aide que les Etats-Unis, nous apportent,
avec tous leurs cœurs, avec toute leur puis-
sari,e'e, vaut à la France envahie, à l'heure
décisive de cette guerre, un immense récon-
fort matériel et moral.
L'ennemi redouble ses coups parce qu'il a
besoin de finir vite. Nous redoublons de fer-
meté, parce que nous savons que chacune
des dures journées que nous vivons nous
rapproche de celle où la supériorité de notre
force mettra dans nos mains la victoire.
L'histoire dira ce qu'a été, dans la lutte
sacrée où nous sommes engagés, le, concours
américain. Elle dira que l'Amérique désinté-
ressée est venue à nous à l'appel de son chef
éminent, parce que notre cause est juste.
Elle dira que l'Amérique pacifique, par prin-
cipe et par tradition, est entrée dans la plus
atroce des guerres, parce qu'il y avait dans
cette guerre à défendre la liberté humaine et
le droit des démocraties. Elle dira que pour
tenir sa place dans la bataille que nous me-
nons depuis quatre ans, l'Amérique a fourni
le plus prodigieux effort militaire, industriel
et financier que jamais peuple libre se soit
imposé pour répondre au commandement du
devoir. Avec l'Amérique et par elle, nous et
nos alliés, soldats de la justice, nous som-
mes sûrs de vaincre,et nous savons attendre
en combattant.
La sainteté d'un même idéal de paix et
de liberté unit les cœurs américains et les
cœurs français. En repoussant l'agression
allemande, nous faisons la guerre à la guerre.
Nous préparons à la démocratie un monde
où la force sera la sauvegarde du droit.
Le 4 juillet prochain, les Etats-Unis célè-
brent leur fête nationale de même que la
nôtre, dix jours plus tard, sera une fête
américaine, la fête américaine doit être une
fête française. Entre les deux Républiques
sœurs, tout désormais est commun, souf-
frances et joies, deuils et espoirs. Le gouver-
nement est donc assuré do répondre au sen-
timent profond du pays en prescrivant pour
le 4 juillet les mêmes dispositions que pour
le 14 juillet.
Vous voudrez bien, en donnant à ce qui
précède la publicité voulue, permettre à nos
populations des villes et des campagnes, si
grandes par leur labeur et par leur sacrifice,
de s'associer aux souvenirs glorieux pour
l'Amérique et pour la France que cet anni-
versaire évoque des deux côtés de l'Océan.
A LA CHAMBRE
Hier, au début de la séance, M. Des-
chanel a annoncé qu'il était saisi d'un
projet de résolution de M. Bokanowski
et de plusieurs de ses collègues, tendant
à associer le peuple français à la célé-
bration de la fête nationale des Etats-
Unis d'Amérique. M. Franklin-Bouillon,
président de la commission des affaires
extérieures, a immédiatement donné lec-
ture du rapport qui approuve le projet
de résolution. Après avoir rappelé qu'il
y a un an les premiers soldats améri-
cains débarqués» en France étaient au
nombre de trois mUte, et qu'aujourd'hui
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