Titre : Figaro : journal non politique
Éditeur : Figaro (Paris)
Date d'édition : 1914-07-08
Contributeur : Villemessant, Hippolyte de (1810-1879). Directeur de publication
Contributeur : Jouvin, Benoît (1810-1886). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34355551z
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 08 juillet 1914 08 juillet 1914
Description : 1914/07/08 (Numéro 189). 1914/07/08 (Numéro 189).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
Description : Collection numérique : BIPFPIG69 Collection numérique : BIPFPIG69
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Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Description : Collection numérique : France-Brésil Collection numérique : France-Brésil
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
60mt Année -3re Série - N° 189
Le Numéro quotidien : DIX CENTIMES en France et en Belgique - Etranger : VINGT CENTIMES
Mercredi 8 juillet 1914
Gaston CALMETTE
Directeur (1902-1914)
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Rédaction en Chef !
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LE FIGARO
« Loué par ceux-ci, blâmé par ceux-là, me moquant des sots, bravant les méchants, je me presse
de rire de tout... de peur d'être obligé d'en pleurer, ç» (BEAUMARCHAIS) .
H. DE VILLEMESSANT
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SOMMAIRE
La seconde charrette : COMTE D'HAUSSONVILLE.
La future impératrice d'Autriche : M. RAY.
La Galerie parlementaire : M. Paul Jacquier.
lin sous-marin coulé.
Lettre de Saint-Pétersbourg : R. MARCHAND.
La Chambre : AUGUSTE AVRIL.
Au Sénat : L'impôt sur le revenu : L. CH.
Académie de médecine : HORACE BIANCHON.
Les Cascades de Gimel : FRANÇOIS PONCETTON.
En l'honneur de Victor Hugo.
Courrier de la Bourse ; Louis AUBERT.
Figaro-Théâtre : Les Concours du Conserva?
toire : HENRI QUITTARD. - Courrier des
théâtres : RÉGIS GIGNOUX.
Feuilleton : « Ce dont je me souviens » : POREL.
La seconde charrette
Sous ce titre, la Première Charrette, je
signalais au mois de mars dernier le dé-
pôt d'un projet de loi préparé.par le ca-
binet Caillaux-Doumergue et invitant la
Chambre des députés à refusér l'autori-
sation à vingt-sis congrégations hospi-
talières ou contemplatives qui l'avaient
sollicitée et, partant, à prononcer leur
dissolution.
La mise en marche de la charrette a
été un peu retardée par les élections,
les députés, tout entiers à leurs petites
affaires, n'ayant pas eu le loisir de s'oc-
cuper de ce projet; elle n'est pas encore
arrivée au pied de l'échafaud et n'a pas
eu le temps de débarquer son monde. Il
est probable que les victimes ne per-
dront rien pour attendre.
Voici qu'une seconde charrette se met
en marche.'Elle est abondamment rem-
plie et des é éments les plus divers.
Elle comprend une congrégation, trois
communautés de femmes et onze éta-
blissements religieux.
La législation qui régit aujourd'hui
les congrégations est si compliquée qu'il
importe de bien préciser de quel droit
le cabinet Viviani, ne mettant pas moins
d'ardeur à tirer sur les congrégations
que le cabinet Caillaux, a cru pouvoir
agir.
La congrégation, les communautés et
les établissements religieux dissous
avaient tous été, à des dates différentes,
; reconnus et autorises comme étant d'u-
tilité publique. Mais l'article 13 de la loi
de 1901, consacrant un principe géné-
ral, stipule que l'autorisation peut tou-
jours être retirée. La seule formalité
nécessaire est qu'elle le soit par un
décret rendu en Conseil des ministres.
11 faut, pour dissoudre ces établisse-
ments, quinze décrets au bas de chacun
desquels doit être apposée la signature
, de M. le Président do la République.
Mais de môme que la reconnaissance
d'utilité publique n'est pas accordée
sans raison, de môme elle n'est pas,
elle n'était pas du moins retirée non
plus sans raison. Quelle raison est allé-
guée pour ces quinze décrets? Aucune.
La note officielle publiée .à la suite de
la délibération du Conseil des ministres
s'est bornée à cette affirmation vague
que ces établissements 110 présentaient
« aucun caractère d'utilité publique ».
Cela est bientôt dit.
On comprend qu'en quelques jours je
n'aie pu recueillir des renseignements
sur tous les établissements dissous : en
voici cependant quelques-uns.
La congrégation de Notre-Dame du
Calvaire d'Orléans était une commu-
nauté de Bénédictines fondée en 10015
par le P. Joseph l'éminence grise de
Richelieu. Elles avaient été enseignan-
tes Telles n'étaient plus que contempla-
tives, et pour ne pas troubler la paix du
quartier où elles vivaient, elles avaient
Soin de ne pas sonner la cloche qui au-
rait i dû retentir pour l'office de la
nuit. Elles avaient pu conserver le coeur
du P. Joseph "et soignaient quelques
vieilles personnes du monde, sans for-
tune, et quelques vieilles religieuses'in-
firmes, qui ne savent ce qu'elles vont
devenir.
Quelle raison de retirer à cette congré-
gation l'autorisation dont elle jouissait?
La vraie raison, je vais vous la dire.
M. Rabier est le maire d'Orléans, et
Mgr Touchet en est l'évoque. C'est un
tour du maire à l'évoque.
Un établissement est fermé à Males-
herbes, dans le Loiret. Il était tenu par
les Filles de.la Croix. Cet établissement,
qui comprenait autrefois école et maison
de secours, avait été fondé avec- autori-
sation en 1837 par la famille de Chateau-
briand. L'école avait été fermée, mais
les Fi les de la Croix continuaient à soi-
gner les malades. Aucun intérêt public
à ce que les malades continuent d'être
soignés, n'est-ce pas? ^Voulez-vous la
. vraie raison. Elles avaient fondé un pa-
tronage que fréquentaient les élèves des
écoles laïques et un ouvroir où venaient
travailler pour les pauvres quelques
dames de la ville. Cela agaçait les épou-
ses des membres de la municipalité radi-
cale qui peuvent dire comme feu Mme
Flocon : «Aujourd'hui c'est nous qui
sont les princesses», mais chez lesquelles
les dames, de la ville 11e vont pas.
A Thodure, dans l'Isère, un établisse-
ment tenu par les Trinitaires de Valence
a été fermé. Cet établissement recevait
des religieuses en retraite ét âgées de la
communauté, qui cependant visitaient
encore les pauvres. Aucun intérêt pu-
blic à ce que les pauvres d'une com-
mune soient visités, n'est-ce pas? Puis-
que je suis appelé à parler des Trini-
taires, j ajoute qu'elles tenaient en Al-
gérie, à Oran, à Tlemcen et jusque sur
les confins du désert, à Sidi-bel-Abbès,
des écoles maternelles ou populaires,
qui ont été ou vont être fermées.
A La Flotte, Charente-Inférieure, les
Filles de. la Sagesse avaient une maison;
elles s'occupaient du soin des malades à
domicile; à Triel, les Soeursde Saint-Paul
de Chartres avaient un hôpital où* les
malades indigents de la commune étaient
soignés gratuitement - je trouve ces
renseignements dans la France chari-
table. Ces deux établissements sont fer-
més. Aucun intérêt public non plus à ce
que des' malades indigents soient soi-
gnés gratuitement.
Voilà tout ce que j'ai pu réunir de
renseignements en quelques jours. On
voit que le pire arbitraires présidé à ces
fermetures Ce sont des raisons locales
qui les ont déterminées. Ici, un candidat
battu aura vou lu se venger, ou vainqueur
montrer sa force. Ailleurs, il a peut-
être fallu, comme on disait l'autre jour
à la Chambre, « donner confiance » à
une Amicale d'instituteurs qui voulait
du mal à un patronage. Qui sait si ces
fermetures ne donnent pas en même
temps satisfaction à des concupiscences?
Je me souviens d'avoir lu, il y a quel-
ques années, la délibération .du conseil
municipal d'une ville, importante ;do la
Haute-Savoie auquel on demandait son
avis sur le maintien ou la fermeture de
deux établissements congréganistes. Il
optait pour le maintien de 1 un, mais
pour la fermeture de l'autre, « parce qu'il
y avait un grand jardin qui permettrait
d'agrandir celui de la mairie ».
Cette congrégation, ces communautés
dissoutes,- possédaient une fortune. Il
faudra les liquider. Ces établissements
fermés étaient des immeubles. On voudra
peut-être s'en emparer et les vendre. Oh !
je sais bien que le beau temps des Duez
et des Martin Gauthier est passé, que
la- liquidation sera opérée par les soins
de l'administration de l'enregistrement
et qu'aux employés de l'Etat il ne res-
tera pas de l'argent des congrégations
aux doigts. Mais les liquidations finis-
sent par des mises en vente d'immeu-
bles, et l'on verra se renouveler le spec-
tacle scandaleux de ce qui s'est passé à
Paris où des immeubles importants ont
été adjugés à vil prix, d'une part parce
qu'ils ont été mis en vente avec lé mini-
mum de publicité possible et à un mo-
ment bien choisi pour que les amateurs
aux enchères fussent rares et, d'autre
part, parce que les grandes sociétés im-
mobilières ayant décidé de 11e pas se
présenter à l'adjudication de biens mal
acquis, . ces biens ont -été -adjugés à d'au-,
; 1res sociétés ou à des individus honora-
bles par ailleurs, mais que 11e retenaient
aucun scrupule religieux. Il s'est' 'fait
ainsi des bénéfices scandaleux et cons-
titué des fortunes énormes. Nous allons
voir se renouveler ce trafic et la chasse
aux congrégations se terminera par une
curée de spéculateurs.
***
La seconde charrette contient encore
une autre catégorie, de victimes : ce
sont les 127 dernières écoles congréga-
nistes fermées en exécution de la loi
du 7 juillet 1904 qui proscrit l'enseigne-
ment' congréganiste sous toutes ses for-
mes. Cette loi et celle de 1901 qui pros-
crit les associations religieuses demeu-
reront dans l'histoire bien plus que
la Séparation, je ne me lasserai jamais
de le répéter, le scandale du régime,
car elles sont contraires au programme
libéral qui était autrefois celui des répu-
blicains. Cette loi de 1904 impartissait
un délai de dix ans pour la fermeture
des écoles. Le délai expirant le 7 juillet de
cette aunée, c'est la raison qu'on donne
pour justifier cette hécatombe, le mot
n'est que trop juste. On comprend éga-
lement que je n'aie pas eu le temps de
faire une enquête sur la situation où
vont se trouver les enfants qui fréquen-
taient ces 127 écoles. Je ne saurais dire
si partout il y a des écoles publiques
prêtes à les recevoir. Peut-être bien
que non ; peut-être bien que dans cer-
. tains villages, l'apte de place à l'école
laïque,; les enfants vont être exposés
aux dangers du vagabondage. Tout
cd que.je sais, c'est qu'à Paris il y a
certains quartiers où les écoles publi-
ques sont encore notoirement insuffi-
santes et que. si des écoles libres no
? s'ouvrent pas poùr recevoir les enfants,'
ceux-ci demeureront exposés pendant
plusieurs mois au moins à tous les dan-
gers de la rue. Et l'on s'étonne que la
criminalité augmente dans la jeunesse!
Il n'y a riph 'à ajouter sur ce point à
la lettre de l'archevêque, si éloquente
dans sa tristesse et cependant si mesu-
rée.
. ***
Parmi ces classes fermées, n'y en a-t-il
pas un certain nombre qui dépendaient
d'établissements charitables consacrés
à l'enfance : orphelinats, asiles d'en-
fants infirmes ou.incurables, etc... Cela
est probable. Ici la responsabilité du
ministre qui a signé ces arrêtés est di-
rectement engagée. En : effet, l'article 3
de la loi de juillet 1904 le laisse juge de
la question de savoir si, pour des rai-
sons tirées de l'intérêt des enfants, ces
écoles ne peuvent pas être conservées.
Combien y en a-t-il dans ce cas? Je
l'ignore, mais je suis certain qu'il y en
a au moins une.
Tout le monde connaît, j'ose le dire,
l'existence de l'orphelinat créé par mon
père au Vésinet, qui abrite en ce moment
.cinquante-deux petites*filles originaires
de l'Alsace ou de la Lorraine et dont un
de mes confrères de l'Académie fran-
çaise veut bien, tous les ans, présider là
distribution des prix. Dans cet orphe-
linat, il y avait naturellement une classé
'tenue par une Soeur brevetée. J'ai été
avisé que cette école allait être fermée.
J'ai sollicité une;audience de M. le sous-
secrétaire d'Etat, dans les attributionsdu-
quel rentrent particulièrement, ces ques-
tions. Je lui ai fait observer que l'école
publique était située à un kilomètre de
l'orphelinat, que ce n'était pas seules
ment une perte de temps inutile défaire
faire ce voyage quatre fois par jour, par
tous les temps, à des fillettes de six à
douze ans, mais que c'était les exposer
a des bronchites, à des pneumonies, à
tous les accidents qui prédisposent la
jeunesse à la tuberculose. 11 m'a reçu
fort courtoisement, mais m'a dit qu'il
ne pouvait pas me donner de réponse
et qu il allait en référer au ministre.
J'attends cette réponse, et peut-être bien
que par cet article je compromets la
cause que j'ai voulu plaider. Mais « la
vérité l'emporte », comme disait M. de
Ta leyrand à M, le comte d'Artois.
Un "moment; j'ai. pensé à porter cette
cause devant M. le Président de la Répu-
blique et à le prier d'user de l'influence
qu'on peut lui supposer sur un de ses mi-
nistres en faveur de ses petites compa-
triotes. Puis je me suis rappelé l'axiome
de droit romain qu'on nous enseignait
dans notre jeunesse H De minimis non
curât pvaetor. Je'me suis dit qu'il devait
avoir en ce moment cure de Choses plus
graves et qu'il fallait le laisser à ses pa-
triotiques soucis et à ses préparatifs de
voyage. ?
***
Cette seconde charrette ne sera pas,
assurément, la dernière,-car c'est une
politique que l'on inaugure ou plutôt à
laquelle on revient : elle consiste à main-
tenir ou à refaire l'union entre républi-
cains en les conviant à taper à tour de
bras sur l'Eglise. Or, il 11e reste plus
guère que des congréganistes et en par-
ticulier des Soeurs sur lesquels on puisse
taper. On commence, ou plutôt on re-
commence. C'est ainsi qu'en province
les parquets s'acharnent après ces mal-
heureuses Soeurs, qu'on accuse de re-
constituer des congrégations dissoutes
parce qu'elles se réunissent à deux ou
à trois pour vivre ensemble plus écono-
miquement. « Il faut trois moutons pour
faire un troupeau », disait l'ancienne
scolàstique. D'après les parquets, deux
ou même une religieuse constituent une
congrégation.
De même, éplucher des légumes danè
un établissement d'enseignement, c'est
reconstituer une congrégation. Ainsi en
avait décidé le parquet de Nantes qui a
poursuivi naguère soixante-deux reli-
gieuses de la même congrégation em-
ployées dans divers établissements aux
plus bas offices du ménage. Mais cette
fois le tribunal a trouvé que c'était trop
fort et il a acquitté. 11 faut s'attendre I
désormais à. voir chaque mois, chaque]
semaine peut-être, dé nouvelles persé-
cutions dirigées contre des religieuses.
Cela ne fait-if pas penser aux vers célè-
bres par lesquels André Chénier a désho-
noré les jacobins d'autrefois. Bientôt,
disait-il :
Mille autres moutons comme moi,
Pendus au croc sanglant du charnier populaire,
Seront servis au peuple roi.
Le charnier n'est pas sanglant, il est
vrai. Mais ce ne sont pas des moutons
qu'on y suspend, ce sont des brebis
puisque ce sont des femmes. Ce n'en
est pas plus courageux pour cela.
Comte d'Haussonville,
de l'Académie française.
Li FUTURE IMPÉRATRICE D'AUTRICHE
(De notre correspondant particulier)
Vienne, 5 juillet.
On sait en France que le comte de Cham-
bord avait fait do son château de Frohsdorf,
en Basse-Autriche, une île de culture fran-
çaise. Aujourd'hui encore, il n'est personne à
Frohsdorf qui ne parle ou comprenne notre
langue, et l'ancien chef de la Maison de
France a laisse un souvenir inoubliable dans
tout ce pays dont il a été le bienfaiteur. Ce
qu'on sait m'oins, c'est que la tradition fran-
çaise s'est maintenue intacte dans'la famille
du prince Robert de Bourbon-Parme, héri-
tier des biens du comte de Chambord, et que
i sa fille, la princesse Zita, la jeune et char-
; mante femme de l'archiduc-héritier Charles
François-Joseph, est une vraie Française
d'esprit et de coeur.
Un éminent diplomate français, se trouvant
un jour voisin de table de la jeune, archi-
duchesse, admirait qu'elle parlât le français
avec une pureté et une sûreté impeccables.
«? Mais le français est ma langue maternelle ! »
s'écria la princesse. Elle rappela les séjours
nombréux et prolongés qu'elle avait faits en
France,, et elle ajouta : « Quand nous sommes'
seuls, l'archiduc Charles et moi, nous ne par-
lons guère que le français ». La princesse eût
pu ajouter qu'au temps où elle était jeune fille,
elle s'était déjà choisi une devise française :
« Plus pour vous que pour moi. »
Deux des frères de la future Impératrice
résident eii France et sont des Parisiens de
Paris. L'un est le prince Elie de Bourbon-
Parme, qui était officier de' l'armée autri-
chienne, et qui, depuis quelques années, s'est
fait mettre en congé illimité pour se consacrer-
à la restauration et à l'entretien du magni-
fique château de Chambord. Le prince Elie
habite un bel hôtel de l'avenue du Bois-de-
Boulogne ; il a épousé une des filles de l'ar-
chiduc Frédéric et de l'archiduchesse née 1
princesse de Croy.
Un autre frère de l'archiduchesse Zita, le
jeune prince Sixte de Parme, est également
bien connu . dans la meilleure société pari-'
sienne. Il a récemment fait ^paraître dans le
Correspondant un article sur -r. Chambord et
la Maison de France », qui a été très remar-
qué. Docteur en droit depuis quelques mois,
il a essayé de démontrer, dans sa thèse de
doctorat, que leg princes de la Maison de
Bourbon ne peuvent jamais perdre la natio-
nalité française, môme s'ils naissent ou pren-
nent du service dans un autre pays. De bons
jurisconsultes assurent que le prince a sou-
tenu d'une manière très plausible cette thèse
originale. En choisissant ce sujet, il a dé-
montré, en tout cas, avec une évidence in-
contestable, qué les princes de la Maison de
Bourbon dont la future Impératrice est issue
veulent être et demeurer Français.
Marcel Ray.
Échos
Aujourd'hui, à 2 heures, Courses au
Tremblay. - Gagnants du Figaro :
Prix Parmesan; Buzenval ; Valley Forge.
Prix Pauline : Glossop; La Valade.
Prix Sweetmeat : Atocha ; Roi des Etés.
Prix Partisan : Rosendale ; Saturnale.
Prix Gladiator : Baldaquin ; Gilles de Rais.
Prix Gruyère : Prude ; Kola.
LE PATRIOTISME UNIFIÉ
11 n'y a eu hier aucune émotion
dans la Chambre lorsque, à l'occa-
sion du voyage de M. le Président de la
République en Russie, M. Jaurès a de-
mandé la parole.
On savait que le grand orateur socia-
liste allait protester contre le crédit de
400,000 francs et à peu près en quels
termes. Cette protestation est un des
rites du culte unifié et M. Jaurès n'y
manquerait point pour un empire, fût-
ce l'Empire russe.
Son intervention n'a donc soulevé au-
cune colère. Mais ce qu'on remarque de-
puis quelque temps dans les discours et
les articles de M. Jaurès relatifs à la
politique extérieure et à l'armée, c'est
une préoccupation de passer pour un bon
patriote, qui lui était parfaitement étran-
gère autrefois.
Est-ce un fléchissement ou une con-
quête de la doctrine? Ce qui est évident,
c'est que, même dans les éclats de l'élo-
quence, le patriotisme de M. Jaurès, que
je crois pourtant profondément sincère,
sonne faux. Il s'exprime en termes gran-
dioses, mais apprêtés. Il a l'air, suivant
le terme à la mode, incorporé à une
thèse sociale, afin "que, devant l'opinion
française, cette thèse 11e soit pas défini-
tivement tarée.
Or, le patriotisme n'est pas une théo-
rie, c'est un sentiment'. Voilà pourquoi,
quand il développe théoriquement son
patriotisme, M. Jaurès, malgré la magie
des phrases, trébuche à chaque instant.
Il choque, il heurte, il gêne. Lorsqu'il
parlait hier de l'alliance franco-russe,
c'était de la glace qui tombait de la tri-
bune.
Dans je ne sais quel article M. Jaurès
écrivait : « Celui qui ne me croit pas
patriote est un misérable. » Là, il avait
i le ton juste, et c'était le patriote atteint
j au coeur qui criait. Mais dès qu'il essaie
I de détourner le sentiment, patriotique
au profit de sa doctrine, on ne se sent
pas du même pays que lui.
S'il , n'était qu'un rêveur et un poète,
cela n'aurait pas de gravité. Dans.son
discours à Guernesey, M. Augàgneur a
rappelé les vers de Victor Hugo :
Lo poète, en des jours impies,
Vient préparer les temps meilleurs.
? II' est l'homme des utopies.
.Les utopies de M. Jaurès n'ont pas la
magnifique innocence de celles de Hugo.
Par le journal, par l'influence parle-
mentaire, elles enveloppent et troublent
?l'es coeurs, et dès que la lâcheté cher-
che une excuse, elles la lui fournissent.
A. C -
A Travers Paris
L'ÉCHO D'AUTREFOIS O
(Extrait du Figaro du 8 juillet 1874)
L'auteur de la Juive était l'inexactitude
même ; jamais on ne l'a vu arriver à un ren-
dez-vous à l'heure fixée.
- Pourquoi, lui demandait-on un jour, ne
voulez-vous pas vous contraindre à être exact ?
- Mais je ne veux pas l'être, répondit Ba-
lévy, - être exact, c'est attendre les autres.
??i
i lia peur au Luxembourg.
Le Sénat a adopté, hier, les derniers
articles de l'impôt sur le 'revenu. Com-
bien de sénateurs approuvent la loi
nouvelle? A. coup sûr, pas la majorité
qui l'a volée. Dans les embrasures de
fenêtres et dans les salons, ils recon-
naissent les dangers de l'oeuvre qu'ils
viennent d'accomplir et sont pde la préface qu'ils ont écrite à l'inqui-
sition fiscale.
Mais ils ajoutent « qu'ils ne pou-
vaient pas faire autrement ».
Oui. Le courage leur a manqué.
Ils ont voté l'impôt sur le revenu,
comme ils vont voter la semaine an-
glaise: par crainte des menaces révolu-
tionnaires; comme ils rétabliront, après
la Chambre, les crédits qu'ils avaient
réduits dans le budget des postes : par
peur de la grève.
Le Sénat, en vérité, ne vote plus : il
chante.
M. Augàgneur, ministre de l'instruc-
tion publique, a prononcé hier un dis-
cours à l'inauguration du monument de
Victor Hugo.
On a beaucoup remarqué cette citation
qu'il y a faite :
Hugo avait connu cet état de proscrit
qu'il définissait plus tard, sur la tombe d'Ed-
gar Quinet : Etre proscrit, c'est cire choisi
par le crime pour représenter le droit.
M. Augàgneur, en relisant Hugo, a ou-
blié - et nous l'en louons - qu'il repré-
sentait un gouvernement chargé d'ap-
pliquer à des princes des lois d'exil.
La « glossomancie ».
C'est une nouvelle science... Une ri-
vale de la chiromancie, de la grapholo-
gie... Une nouvelle, méthode psycholo-
gique !
Elle révèle, paraît-il, le caractère de
chacun, d'après la forme et les dimen-
sions... de sa langue...
Longue, la langue indique^ la fran-
chise; courte, la dissimulation; large,
l'expansion', étroite, la concentration.
Longue et large, elle révèle un bavar-
dage intense et une franchise allant
jusqu'à la naïveté et à l'inconséquence.
Longue et étroite, la franchise est mo-
dérée. Courte et large, c'est'l'indice du
mensonge. Courte et étroite, ruse et mé-
chanceté... etc.
<" C'est bien extraordinaire. Mais soyons
prudents, - et-ne tirons- jamais la lan-
gue à personne...
Le sculpteur Bernstamm est rentré,
hier, de Russie, où il vient de présenter
à S. M. Nicolas II une statue colossale, de
plus do quatre mètres de hauteur, do
Pierre le Grand.
Cette statue sera érigée à Poltawa.
L'Empereur a demandé à M. Bern-
stamm un monument à la mémoire de
son auguste père, le tsar Alexandre III,
monumênt dont Sa Majesté a désigne
elle-même l'emplacement dans le jardin
Michel, à Saint-Pétersbourg. >
L'Exposition de Lyon, la route des
Alpes, par les autos-cars du P.-L.-M.,
jusqu'à la Méditerranée ; une promenade
de Monaco à Gênes par le paquebot
France, voilà un programme de tourisme
auquel on peut appliquer la devise :
Multa paucis. ?
Beaucoup de merveilles en peu de
temps, et'à peu de frais.
.Les Parisiennes apprendront avec in-
térêt que la maison Drecoll, place de
l'Opéra, a fixé la vente au comptant do
ses délicieux modèles de robes, man-
teaux, fourrures, etc., à aujourd'hui
mercredi et demain jeudi. Les prix extrê-
mement avantageux, consentis à cette
occasion, ne dépasseront pas 100 francs
par robe. A signaler tout particulière-
ment de superbes occasions en'fourrures.
Ainsi qu'on pouvait s'y attendre, le
succès le plus vif et le plus complet a
accueilli l'inauguration des après-dîners
mondains, tout .récemment organisés
dans le cadre ravissant du Pavillon
Bleu de Saint-Cloud, cet éden champê-
tre où règne vers le soir une si déli-
cieuse fraîcheur. Aussi M Moreux, fon-
dateur de ce bel établissement, a-t-il
décidé, pour rehausser encore le plaisir
de se^ hôtes d'élite, d'instituer désor-
mais des thés-tango, dont l'ordonnance
a été également confiée à Duque, le cé-
lèbre professeur de tango tant apprécié.
Nul doute que cette initiative nouvelle
n'ajoute encore à la gloire du Pavillon
Bleu, à l'éclat, de ses déjeuners et de
ses soupers si hautement réputés.
De Deauville :
« Inaugurée sous les meilleurs aus-
pices, la saison s'annonce singulière-
ment brillante ; la foule des claires et
coquettes villas qu'inonde le soleil s'ap-
prêtent à accueillir leurs hôtes nom-
breux ; les hôtels sont ouverts et presque
entièrement loués pour ce mois-ci et
pour août. Comme de coutume, la direc-
tion du Casino, qui est confiée depuis
son ouverture au sympathique M. Hély,
a fait merveille pour plaire à ses habi-
tués d'élite. Enfin M. Cornuché, dont
l'inlassable activité se partage entre le
théâtre, le music-hall, les hôtels, le res-
taurant, s'apprête à rejoindre lui-même
Deauville qu'il ne quittera qu'à la fin de
la saison. »
jy A? . p
- N'avons-nous pas déjà, en France,
mieux que la semaine anglaise?
- Oui, celle des quatre jeudis.
M x
Le Jardin de Paris va disparaître et
nous manquer..-.
- Evidemment, ça fera un trou !
MX
On dit devant Calino que l'emprunt
sera couvert quarante fois. 11 s'inquiète.
- Quarante fois!... Comment rem-
bourserons-nous tout cet argent?
, sr &
Au baccalauréat. Le fils d'un député
passe l'oral.
- Pouvez-vous me dire où se trouve
Pau ?
- Pau !... C'est du côté de la rue de
Valois.
Le Masqua de Fer.
L'ÈRE DES SECTEURS
Hier, pendant que la Chambre votait
toute une série de crédits au scrutin
public, les spectateurs des galeries et
des.tribunes s'amusaient au spectacle
de la salle, où . les députés délogés de
leurs places habituelles s'installaient
dans les secteurs politiques.
Il y a maintenant des secteurs politi-
ques, qui seront un jour où l'atmosphère
parlementaire sera "surchargée, des sec-
teurs électro-politiques. A l'extrême
gauche sont les cent unifiés; immédia-
tement à côté d'eux les 173 radicaux-
socialisteS unifiés. Et ces deux partis
mordent sur le centre où s'installent les
radicaux non unifiés, les républicains
de gauche. MM. Briand, Barthou, Guis-
t'hau, Klotz siègent au centre droit, tout
en haut des travées.
A droite sont maintenant la gauche
démocratique, les anciens progressistes
transformés en Fédération républicaine ;
enfin l'Action .libérale s'en va à l'ex-
trême droite avec la droite et les « sau-
vages ». Toute cette petite installation
s'est faite dans d'excellentes conditions.
Il ne reste plus maintenantqu'à chan-
ger à l'Officiel les vocables qui signa-
laient les applaudissements ou les mur-
mures.
On ne dira plus : rumeurs à gauche,
mais bien : rumeurs sur les bancs oc-
cupés par les radicaux-socialistes; ex-
clamations au centre, mais : exclama-
tions dans le groupe de la gauche radi-
cale.
Qu'on y prenne garde: ces notations
de l'Officiel vont devenir singulièrement
précises pour les électeurs qui étaient
habitués aux vagues expressions : droite»
gauche, centré. Les exclamations elles-
mêmes deviendront, pour les-journaux
locaux, des sujets de polémique !
A cette ère nouvelle, lu'l'as ! il n'est
pas probable que correspondent des
moeurs parlementaires nouvelles.
A. A.
LA GALERIE PARLEMENTAIRE
M. PAUL JACQUIER
M. Paul Jacquier est blond, gras et rose.
Quand il inaugurait, comme sous-secrétaire
d'Etat aux beaux-arts, une exposition, les
agents de la force publique voulaient régu-
lièrement l'expulser du cortège, sous prétexte
qu'il ne devait même pas avoir l'âge d'être
attaché de cabinet.
Pourtant M. Jacquier a déjà derrière lui une
bel e carrière et il la mérite. 11 possède en
effet - parmi d'autres - la vertu la plus rare
de ce temps : il est bien élevé.
Lorsqu'on le mit, pour la première fois, en
présence de M. Combes, il l'entoura tout de
suite de tant de vénération que ce vieillard
jura d'assurer sa carrière. Lorsqu'il entra au
Parlement, il enveloppa ses collègues de préve-
nances. Lorsqu'il devint sous-secrétaire d'Etat,
il couvrit ses subordonnés d'attentions. Et
même on affirme qu'au ministère de l'intérieur,
il témoigne à M. Malvy de la déférence.
On le voit, quelle que puisse être la fortune
de M. Jacquier, elle n'atteindra jamais à la
hauteur de ses mérites, car, de toutes les
vertus de ce temps, il a choisi la plus diffi-
cile : je veux dire le respect.
- Comment, direz-vous, s'y prend-il?
D'Estournelles de Constant, le père, nous
suggère là-dessus une réponse :
- Je me sauve, avait-il coutume de dire,,
de la familiarité par le respect.
C'était en effet une excuse.
Si, de tous les hommes de sa génération,
M. Paul Jacquier est celui.qui est entré 1e
plus jeune dans les conseils du gouvernement,
il le dut déjà à sa modestie.
A l'époque où tous ses camarades se ruaient
éperdument à l'assaut de la vie et rêvaient de
conquérir Paris, lui se retira modestement,
dans sa petite ville de Thonon, pour y plaider
des questions de murs mitoyens et pour y
surveiller la succession d'un député fatigué.
11 plaida sans défaut, il succéda sans heurt,
il entra au Parlement sans éclat, il y réussit !
sans scandale. A son premier cheveu blanc,
il deviendra ministre, et il est si gentil que,
même s'il fait de grandes choses, on 11e lui eu .
voudra pas.
Quand il aura soixante ans, on continuera
à l'appeler « le petit Jacquier 2, et les derniers-
venus au Parlement s'imagineront qu'ils le
protègent.
Il a de l'intelligence, de la probité, du ta-
lent. Néanmoins quand on lui demandera le
secret de sa carrière, il répondra :
- J'ai été poli.
«Le respect, disait J.-J. Weiss, ne s'en va
pas comme on le dit, ce qui s'en va c'est ce
qui est respectable. Le respect lui-même nous
reste. »
Et M. Paul Jacquier le détient.
Sténo.
Un sous-marin coulé
Une dépêche du préfet maritime de
Toulon apportait hier soir au ministère
de la marine une triste nouvelle : un
sous-marin, abordé par un torpilleur,
avait coulé au large pendant les ma-
noeuvres d'escadre. L'équipage était
heureusement sauvé.
Notre correspondant de Toulon nous
adressait, à dix et onze heures, les dé-
pêches suivantes :
Toulon, 10 heures.
La préfecture maritime vient d'intercepter
1111 radiotélégramme envoyé par le contre-
torpilleur Mousqueton au cuirassé Courbet,
battant pavillon du vice-amiral Boue do La-
peyrère. Lo, contre-torpilleur Mousqueton an-
nonce qu'il vient de couler lo sous-marin Ca-
lypso, dont tout l'équipage a été sauvé.
Toulon, 11 heures.
L'armée navale, complète de ses escadres
el de ses divisions, avait appareillé de Tou-
lon à midi trente. A quatre heures et
demie, pendant les exercices effectués dans
les parages de l'île d'Hyères, le contre-torpil-
leur Mousqueton, qui convoyait la deuxième
division de la deuxième escadrille des sous-
marins, aborda lo Calypso. Le Calypso coula,
par cent cinquante mètres do fond, au large
de la pointe do l'île de Titan, à quatre milles
du cap Camarat.
L'état-major et l'équipage comprenant
vingt-six hommes ont été sauvés par lo
Mousqueton et deux sous-marins, le Circê et
le Bemouilli, qui naviguaient à côté 'du
Calypso : l'équipage était composé de vingt-
trois hommes sous les ordres du lieutenant
de vaisseau Vernisy et de l'enseigne de vais-
seau Pringent. Mais il y avait, en outre, à
bord le lieutenant Aubert, qui se préparait à
prendre le commandement du sous-marin.
Le sous-marin Calypso était un bâtiment
de 301 tonnes, du type Laubeuf, et qui avait
été lancé en 1907. 11 faisait partie de la 2° es-
cadrille des sous-marins de l'armée navale
et, le premier parmi les sous-marins, avait
effectué le raid Toulon-Bizerte et retour. Lo
Mousqueton est un bâtiment de 314 tonnes,
commandé par lo capitaine de frégate Urvoy
de Portzamparc. - P. E.
D'après les renseignements parvenus
en dernière heure à la préfecture mari-
time; l'abordage du Caypso par le Mous-
queton fut très brusque et l'eau pénétra
rapidement par un trou béant ouvert
dans la coque du sous-marin. La mer
était grosse et le bâtiment coula ra-
pidement. L'équipage fut admirable.
Rassemblé sur le pont,' il attendit en si-
lence que les embarcations envoyées à
son secours aient accosté. Les trois offi-
ciers quittèrent les derniers la coque
du sous-marin qui s'enfonçait sous leurs
pieds.
Le vice-amiral Boué de Lapeyrère,
qui commande l'armée navale, a fait
rassembler, à sept heures du soir, tous
les vaisseaux des escadres dans les
parages où le Calypso avait sombré, et
a fait effectuer quelques évolutions à ses
bâtiments, entre les îles d'Hyères et
Le Numéro quotidien : DIX CENTIMES en France et en Belgique - Etranger : VINGT CENTIMES
Mercredi 8 juillet 1914
Gaston CALMETTE
Directeur (1902-1914)
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.. ( M. ALFRED CAPVS
Rédaction en Chef !
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Et pour les Annonces et Réclames
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LE FIGARO
« Loué par ceux-ci, blâmé par ceux-là, me moquant des sots, bravant les méchants, je me presse
de rire de tout... de peur d'être obligé d'en pleurer, ç» (BEAUMARCHAIS) .
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SOMMAIRE
La seconde charrette : COMTE D'HAUSSONVILLE.
La future impératrice d'Autriche : M. RAY.
La Galerie parlementaire : M. Paul Jacquier.
lin sous-marin coulé.
Lettre de Saint-Pétersbourg : R. MARCHAND.
La Chambre : AUGUSTE AVRIL.
Au Sénat : L'impôt sur le revenu : L. CH.
Académie de médecine : HORACE BIANCHON.
Les Cascades de Gimel : FRANÇOIS PONCETTON.
En l'honneur de Victor Hugo.
Courrier de la Bourse ; Louis AUBERT.
Figaro-Théâtre : Les Concours du Conserva?
toire : HENRI QUITTARD. - Courrier des
théâtres : RÉGIS GIGNOUX.
Feuilleton : « Ce dont je me souviens » : POREL.
La seconde charrette
Sous ce titre, la Première Charrette, je
signalais au mois de mars dernier le dé-
pôt d'un projet de loi préparé.par le ca-
binet Caillaux-Doumergue et invitant la
Chambre des députés à refusér l'autori-
sation à vingt-sis congrégations hospi-
talières ou contemplatives qui l'avaient
sollicitée et, partant, à prononcer leur
dissolution.
La mise en marche de la charrette a
été un peu retardée par les élections,
les députés, tout entiers à leurs petites
affaires, n'ayant pas eu le loisir de s'oc-
cuper de ce projet; elle n'est pas encore
arrivée au pied de l'échafaud et n'a pas
eu le temps de débarquer son monde. Il
est probable que les victimes ne per-
dront rien pour attendre.
Voici qu'une seconde charrette se met
en marche.'Elle est abondamment rem-
plie et des é éments les plus divers.
Elle comprend une congrégation, trois
communautés de femmes et onze éta-
blissements religieux.
La législation qui régit aujourd'hui
les congrégations est si compliquée qu'il
importe de bien préciser de quel droit
le cabinet Viviani, ne mettant pas moins
d'ardeur à tirer sur les congrégations
que le cabinet Caillaux, a cru pouvoir
agir.
La congrégation, les communautés et
les établissements religieux dissous
avaient tous été, à des dates différentes,
; reconnus et autorises comme étant d'u-
tilité publique. Mais l'article 13 de la loi
de 1901, consacrant un principe géné-
ral, stipule que l'autorisation peut tou-
jours être retirée. La seule formalité
nécessaire est qu'elle le soit par un
décret rendu en Conseil des ministres.
11 faut, pour dissoudre ces établisse-
ments, quinze décrets au bas de chacun
desquels doit être apposée la signature
, de M. le Président do la République.
Mais de môme que la reconnaissance
d'utilité publique n'est pas accordée
sans raison, de môme elle n'est pas,
elle n'était pas du moins retirée non
plus sans raison. Quelle raison est allé-
guée pour ces quinze décrets? Aucune.
La note officielle publiée .à la suite de
la délibération du Conseil des ministres
s'est bornée à cette affirmation vague
que ces établissements 110 présentaient
« aucun caractère d'utilité publique ».
Cela est bientôt dit.
On comprend qu'en quelques jours je
n'aie pu recueillir des renseignements
sur tous les établissements dissous : en
voici cependant quelques-uns.
La congrégation de Notre-Dame du
Calvaire d'Orléans était une commu-
nauté de Bénédictines fondée en 10015
par le P. Joseph l'éminence grise de
Richelieu. Elles avaient été enseignan-
tes Telles n'étaient plus que contempla-
tives, et pour ne pas troubler la paix du
quartier où elles vivaient, elles avaient
Soin de ne pas sonner la cloche qui au-
rait i dû retentir pour l'office de la
nuit. Elles avaient pu conserver le coeur
du P. Joseph "et soignaient quelques
vieilles personnes du monde, sans for-
tune, et quelques vieilles religieuses'in-
firmes, qui ne savent ce qu'elles vont
devenir.
Quelle raison de retirer à cette congré-
gation l'autorisation dont elle jouissait?
La vraie raison, je vais vous la dire.
M. Rabier est le maire d'Orléans, et
Mgr Touchet en est l'évoque. C'est un
tour du maire à l'évoque.
Un établissement est fermé à Males-
herbes, dans le Loiret. Il était tenu par
les Filles de.la Croix. Cet établissement,
qui comprenait autrefois école et maison
de secours, avait été fondé avec- autori-
sation en 1837 par la famille de Chateau-
briand. L'école avait été fermée, mais
les Fi les de la Croix continuaient à soi-
gner les malades. Aucun intérêt public
à ce que les malades continuent d'être
soignés, n'est-ce pas? ^Voulez-vous la
. vraie raison. Elles avaient fondé un pa-
tronage que fréquentaient les élèves des
écoles laïques et un ouvroir où venaient
travailler pour les pauvres quelques
dames de la ville. Cela agaçait les épou-
ses des membres de la municipalité radi-
cale qui peuvent dire comme feu Mme
Flocon : «Aujourd'hui c'est nous qui
sont les princesses», mais chez lesquelles
les dames, de la ville 11e vont pas.
A Thodure, dans l'Isère, un établisse-
ment tenu par les Trinitaires de Valence
a été fermé. Cet établissement recevait
des religieuses en retraite ét âgées de la
communauté, qui cependant visitaient
encore les pauvres. Aucun intérêt pu-
blic à ce que les pauvres d'une com-
mune soient visités, n'est-ce pas? Puis-
que je suis appelé à parler des Trini-
taires, j ajoute qu'elles tenaient en Al-
gérie, à Oran, à Tlemcen et jusque sur
les confins du désert, à Sidi-bel-Abbès,
des écoles maternelles ou populaires,
qui ont été ou vont être fermées.
A La Flotte, Charente-Inférieure, les
Filles de. la Sagesse avaient une maison;
elles s'occupaient du soin des malades à
domicile; à Triel, les Soeursde Saint-Paul
de Chartres avaient un hôpital où* les
malades indigents de la commune étaient
soignés gratuitement - je trouve ces
renseignements dans la France chari-
table. Ces deux établissements sont fer-
més. Aucun intérêt public non plus à ce
que des' malades indigents soient soi-
gnés gratuitement.
Voilà tout ce que j'ai pu réunir de
renseignements en quelques jours. On
voit que le pire arbitraires présidé à ces
fermetures Ce sont des raisons locales
qui les ont déterminées. Ici, un candidat
battu aura vou lu se venger, ou vainqueur
montrer sa force. Ailleurs, il a peut-
être fallu, comme on disait l'autre jour
à la Chambre, « donner confiance » à
une Amicale d'instituteurs qui voulait
du mal à un patronage. Qui sait si ces
fermetures ne donnent pas en même
temps satisfaction à des concupiscences?
Je me souviens d'avoir lu, il y a quel-
ques années, la délibération .du conseil
municipal d'une ville, importante ;do la
Haute-Savoie auquel on demandait son
avis sur le maintien ou la fermeture de
deux établissements congréganistes. Il
optait pour le maintien de 1 un, mais
pour la fermeture de l'autre, « parce qu'il
y avait un grand jardin qui permettrait
d'agrandir celui de la mairie ».
Cette congrégation, ces communautés
dissoutes,- possédaient une fortune. Il
faudra les liquider. Ces établissements
fermés étaient des immeubles. On voudra
peut-être s'en emparer et les vendre. Oh !
je sais bien que le beau temps des Duez
et des Martin Gauthier est passé, que
la- liquidation sera opérée par les soins
de l'administration de l'enregistrement
et qu'aux employés de l'Etat il ne res-
tera pas de l'argent des congrégations
aux doigts. Mais les liquidations finis-
sent par des mises en vente d'immeu-
bles, et l'on verra se renouveler le spec-
tacle scandaleux de ce qui s'est passé à
Paris où des immeubles importants ont
été adjugés à vil prix, d'une part parce
qu'ils ont été mis en vente avec lé mini-
mum de publicité possible et à un mo-
ment bien choisi pour que les amateurs
aux enchères fussent rares et, d'autre
part, parce que les grandes sociétés im-
mobilières ayant décidé de 11e pas se
présenter à l'adjudication de biens mal
acquis, . ces biens ont -été -adjugés à d'au-,
; 1res sociétés ou à des individus honora-
bles par ailleurs, mais que 11e retenaient
aucun scrupule religieux. Il s'est' 'fait
ainsi des bénéfices scandaleux et cons-
titué des fortunes énormes. Nous allons
voir se renouveler ce trafic et la chasse
aux congrégations se terminera par une
curée de spéculateurs.
***
La seconde charrette contient encore
une autre catégorie, de victimes : ce
sont les 127 dernières écoles congréga-
nistes fermées en exécution de la loi
du 7 juillet 1904 qui proscrit l'enseigne-
ment' congréganiste sous toutes ses for-
mes. Cette loi et celle de 1901 qui pros-
crit les associations religieuses demeu-
reront dans l'histoire bien plus que
la Séparation, je ne me lasserai jamais
de le répéter, le scandale du régime,
car elles sont contraires au programme
libéral qui était autrefois celui des répu-
blicains. Cette loi de 1904 impartissait
un délai de dix ans pour la fermeture
des écoles. Le délai expirant le 7 juillet de
cette aunée, c'est la raison qu'on donne
pour justifier cette hécatombe, le mot
n'est que trop juste. On comprend éga-
lement que je n'aie pas eu le temps de
faire une enquête sur la situation où
vont se trouver les enfants qui fréquen-
taient ces 127 écoles. Je ne saurais dire
si partout il y a des écoles publiques
prêtes à les recevoir. Peut-être bien
que non ; peut-être bien que dans cer-
. tains villages, l'apte de place à l'école
laïque,; les enfants vont être exposés
aux dangers du vagabondage. Tout
cd que.je sais, c'est qu'à Paris il y a
certains quartiers où les écoles publi-
ques sont encore notoirement insuffi-
santes et que. si des écoles libres no
? s'ouvrent pas poùr recevoir les enfants,'
ceux-ci demeureront exposés pendant
plusieurs mois au moins à tous les dan-
gers de la rue. Et l'on s'étonne que la
criminalité augmente dans la jeunesse!
Il n'y a riph 'à ajouter sur ce point à
la lettre de l'archevêque, si éloquente
dans sa tristesse et cependant si mesu-
rée.
. ***
Parmi ces classes fermées, n'y en a-t-il
pas un certain nombre qui dépendaient
d'établissements charitables consacrés
à l'enfance : orphelinats, asiles d'en-
fants infirmes ou.incurables, etc... Cela
est probable. Ici la responsabilité du
ministre qui a signé ces arrêtés est di-
rectement engagée. En : effet, l'article 3
de la loi de juillet 1904 le laisse juge de
la question de savoir si, pour des rai-
sons tirées de l'intérêt des enfants, ces
écoles ne peuvent pas être conservées.
Combien y en a-t-il dans ce cas? Je
l'ignore, mais je suis certain qu'il y en
a au moins une.
Tout le monde connaît, j'ose le dire,
l'existence de l'orphelinat créé par mon
père au Vésinet, qui abrite en ce moment
.cinquante-deux petites*filles originaires
de l'Alsace ou de la Lorraine et dont un
de mes confrères de l'Académie fran-
çaise veut bien, tous les ans, présider là
distribution des prix. Dans cet orphe-
linat, il y avait naturellement une classé
'tenue par une Soeur brevetée. J'ai été
avisé que cette école allait être fermée.
J'ai sollicité une;audience de M. le sous-
secrétaire d'Etat, dans les attributionsdu-
quel rentrent particulièrement, ces ques-
tions. Je lui ai fait observer que l'école
publique était située à un kilomètre de
l'orphelinat, que ce n'était pas seules
ment une perte de temps inutile défaire
faire ce voyage quatre fois par jour, par
tous les temps, à des fillettes de six à
douze ans, mais que c'était les exposer
a des bronchites, à des pneumonies, à
tous les accidents qui prédisposent la
jeunesse à la tuberculose. 11 m'a reçu
fort courtoisement, mais m'a dit qu'il
ne pouvait pas me donner de réponse
et qu il allait en référer au ministre.
J'attends cette réponse, et peut-être bien
que par cet article je compromets la
cause que j'ai voulu plaider. Mais « la
vérité l'emporte », comme disait M. de
Ta leyrand à M, le comte d'Artois.
Un "moment; j'ai. pensé à porter cette
cause devant M. le Président de la Répu-
blique et à le prier d'user de l'influence
qu'on peut lui supposer sur un de ses mi-
nistres en faveur de ses petites compa-
triotes. Puis je me suis rappelé l'axiome
de droit romain qu'on nous enseignait
dans notre jeunesse H De minimis non
curât pvaetor. Je'me suis dit qu'il devait
avoir en ce moment cure de Choses plus
graves et qu'il fallait le laisser à ses pa-
triotiques soucis et à ses préparatifs de
voyage. ?
***
Cette seconde charrette ne sera pas,
assurément, la dernière,-car c'est une
politique que l'on inaugure ou plutôt à
laquelle on revient : elle consiste à main-
tenir ou à refaire l'union entre républi-
cains en les conviant à taper à tour de
bras sur l'Eglise. Or, il 11e reste plus
guère que des congréganistes et en par-
ticulier des Soeurs sur lesquels on puisse
taper. On commence, ou plutôt on re-
commence. C'est ainsi qu'en province
les parquets s'acharnent après ces mal-
heureuses Soeurs, qu'on accuse de re-
constituer des congrégations dissoutes
parce qu'elles se réunissent à deux ou
à trois pour vivre ensemble plus écono-
miquement. « Il faut trois moutons pour
faire un troupeau », disait l'ancienne
scolàstique. D'après les parquets, deux
ou même une religieuse constituent une
congrégation.
De même, éplucher des légumes danè
un établissement d'enseignement, c'est
reconstituer une congrégation. Ainsi en
avait décidé le parquet de Nantes qui a
poursuivi naguère soixante-deux reli-
gieuses de la même congrégation em-
ployées dans divers établissements aux
plus bas offices du ménage. Mais cette
fois le tribunal a trouvé que c'était trop
fort et il a acquitté. 11 faut s'attendre I
désormais à. voir chaque mois, chaque]
semaine peut-être, dé nouvelles persé-
cutions dirigées contre des religieuses.
Cela ne fait-if pas penser aux vers célè-
bres par lesquels André Chénier a désho-
noré les jacobins d'autrefois. Bientôt,
disait-il :
Mille autres moutons comme moi,
Pendus au croc sanglant du charnier populaire,
Seront servis au peuple roi.
Le charnier n'est pas sanglant, il est
vrai. Mais ce ne sont pas des moutons
qu'on y suspend, ce sont des brebis
puisque ce sont des femmes. Ce n'en
est pas plus courageux pour cela.
Comte d'Haussonville,
de l'Académie française.
Li FUTURE IMPÉRATRICE D'AUTRICHE
(De notre correspondant particulier)
Vienne, 5 juillet.
On sait en France que le comte de Cham-
bord avait fait do son château de Frohsdorf,
en Basse-Autriche, une île de culture fran-
çaise. Aujourd'hui encore, il n'est personne à
Frohsdorf qui ne parle ou comprenne notre
langue, et l'ancien chef de la Maison de
France a laisse un souvenir inoubliable dans
tout ce pays dont il a été le bienfaiteur. Ce
qu'on sait m'oins, c'est que la tradition fran-
çaise s'est maintenue intacte dans'la famille
du prince Robert de Bourbon-Parme, héri-
tier des biens du comte de Chambord, et que
i sa fille, la princesse Zita, la jeune et char-
; mante femme de l'archiduc-héritier Charles
François-Joseph, est une vraie Française
d'esprit et de coeur.
Un éminent diplomate français, se trouvant
un jour voisin de table de la jeune, archi-
duchesse, admirait qu'elle parlât le français
avec une pureté et une sûreté impeccables.
«? Mais le français est ma langue maternelle ! »
s'écria la princesse. Elle rappela les séjours
nombréux et prolongés qu'elle avait faits en
France,, et elle ajouta : « Quand nous sommes'
seuls, l'archiduc Charles et moi, nous ne par-
lons guère que le français ». La princesse eût
pu ajouter qu'au temps où elle était jeune fille,
elle s'était déjà choisi une devise française :
« Plus pour vous que pour moi. »
Deux des frères de la future Impératrice
résident eii France et sont des Parisiens de
Paris. L'un est le prince Elie de Bourbon-
Parme, qui était officier de' l'armée autri-
chienne, et qui, depuis quelques années, s'est
fait mettre en congé illimité pour se consacrer-
à la restauration et à l'entretien du magni-
fique château de Chambord. Le prince Elie
habite un bel hôtel de l'avenue du Bois-de-
Boulogne ; il a épousé une des filles de l'ar-
chiduc Frédéric et de l'archiduchesse née 1
princesse de Croy.
Un autre frère de l'archiduchesse Zita, le
jeune prince Sixte de Parme, est également
bien connu . dans la meilleure société pari-'
sienne. Il a récemment fait ^paraître dans le
Correspondant un article sur -r. Chambord et
la Maison de France », qui a été très remar-
qué. Docteur en droit depuis quelques mois,
il a essayé de démontrer, dans sa thèse de
doctorat, que leg princes de la Maison de
Bourbon ne peuvent jamais perdre la natio-
nalité française, môme s'ils naissent ou pren-
nent du service dans un autre pays. De bons
jurisconsultes assurent que le prince a sou-
tenu d'une manière très plausible cette thèse
originale. En choisissant ce sujet, il a dé-
montré, en tout cas, avec une évidence in-
contestable, qué les princes de la Maison de
Bourbon dont la future Impératrice est issue
veulent être et demeurer Français.
Marcel Ray.
Échos
Aujourd'hui, à 2 heures, Courses au
Tremblay. - Gagnants du Figaro :
Prix Parmesan; Buzenval ; Valley Forge.
Prix Pauline : Glossop; La Valade.
Prix Sweetmeat : Atocha ; Roi des Etés.
Prix Partisan : Rosendale ; Saturnale.
Prix Gladiator : Baldaquin ; Gilles de Rais.
Prix Gruyère : Prude ; Kola.
LE PATRIOTISME UNIFIÉ
11 n'y a eu hier aucune émotion
dans la Chambre lorsque, à l'occa-
sion du voyage de M. le Président de la
République en Russie, M. Jaurès a de-
mandé la parole.
On savait que le grand orateur socia-
liste allait protester contre le crédit de
400,000 francs et à peu près en quels
termes. Cette protestation est un des
rites du culte unifié et M. Jaurès n'y
manquerait point pour un empire, fût-
ce l'Empire russe.
Son intervention n'a donc soulevé au-
cune colère. Mais ce qu'on remarque de-
puis quelque temps dans les discours et
les articles de M. Jaurès relatifs à la
politique extérieure et à l'armée, c'est
une préoccupation de passer pour un bon
patriote, qui lui était parfaitement étran-
gère autrefois.
Est-ce un fléchissement ou une con-
quête de la doctrine? Ce qui est évident,
c'est que, même dans les éclats de l'élo-
quence, le patriotisme de M. Jaurès, que
je crois pourtant profondément sincère,
sonne faux. Il s'exprime en termes gran-
dioses, mais apprêtés. Il a l'air, suivant
le terme à la mode, incorporé à une
thèse sociale, afin "que, devant l'opinion
française, cette thèse 11e soit pas défini-
tivement tarée.
Or, le patriotisme n'est pas une théo-
rie, c'est un sentiment'. Voilà pourquoi,
quand il développe théoriquement son
patriotisme, M. Jaurès, malgré la magie
des phrases, trébuche à chaque instant.
Il choque, il heurte, il gêne. Lorsqu'il
parlait hier de l'alliance franco-russe,
c'était de la glace qui tombait de la tri-
bune.
Dans je ne sais quel article M. Jaurès
écrivait : « Celui qui ne me croit pas
patriote est un misérable. » Là, il avait
i le ton juste, et c'était le patriote atteint
j au coeur qui criait. Mais dès qu'il essaie
I de détourner le sentiment, patriotique
au profit de sa doctrine, on ne se sent
pas du même pays que lui.
S'il , n'était qu'un rêveur et un poète,
cela n'aurait pas de gravité. Dans.son
discours à Guernesey, M. Augàgneur a
rappelé les vers de Victor Hugo :
Lo poète, en des jours impies,
Vient préparer les temps meilleurs.
? II' est l'homme des utopies.
.Les utopies de M. Jaurès n'ont pas la
magnifique innocence de celles de Hugo.
Par le journal, par l'influence parle-
mentaire, elles enveloppent et troublent
?l'es coeurs, et dès que la lâcheté cher-
che une excuse, elles la lui fournissent.
A. C -
A Travers Paris
L'ÉCHO D'AUTREFOIS O
(Extrait du Figaro du 8 juillet 1874)
L'auteur de la Juive était l'inexactitude
même ; jamais on ne l'a vu arriver à un ren-
dez-vous à l'heure fixée.
- Pourquoi, lui demandait-on un jour, ne
voulez-vous pas vous contraindre à être exact ?
- Mais je ne veux pas l'être, répondit Ba-
lévy, - être exact, c'est attendre les autres.
??i
i lia peur au Luxembourg.
Le Sénat a adopté, hier, les derniers
articles de l'impôt sur le 'revenu. Com-
bien de sénateurs approuvent la loi
nouvelle? A. coup sûr, pas la majorité
qui l'a volée. Dans les embrasures de
fenêtres et dans les salons, ils recon-
naissent les dangers de l'oeuvre qu'ils
viennent d'accomplir et sont pde la préface qu'ils ont écrite à l'inqui-
sition fiscale.
Mais ils ajoutent « qu'ils ne pou-
vaient pas faire autrement ».
Oui. Le courage leur a manqué.
Ils ont voté l'impôt sur le revenu,
comme ils vont voter la semaine an-
glaise: par crainte des menaces révolu-
tionnaires; comme ils rétabliront, après
la Chambre, les crédits qu'ils avaient
réduits dans le budget des postes : par
peur de la grève.
Le Sénat, en vérité, ne vote plus : il
chante.
M. Augàgneur, ministre de l'instruc-
tion publique, a prononcé hier un dis-
cours à l'inauguration du monument de
Victor Hugo.
On a beaucoup remarqué cette citation
qu'il y a faite :
Hugo avait connu cet état de proscrit
qu'il définissait plus tard, sur la tombe d'Ed-
gar Quinet : Etre proscrit, c'est cire choisi
par le crime pour représenter le droit.
M. Augàgneur, en relisant Hugo, a ou-
blié - et nous l'en louons - qu'il repré-
sentait un gouvernement chargé d'ap-
pliquer à des princes des lois d'exil.
La « glossomancie ».
C'est une nouvelle science... Une ri-
vale de la chiromancie, de la grapholo-
gie... Une nouvelle, méthode psycholo-
gique !
Elle révèle, paraît-il, le caractère de
chacun, d'après la forme et les dimen-
sions... de sa langue...
Longue, la langue indique^ la fran-
chise; courte, la dissimulation; large,
l'expansion', étroite, la concentration.
Longue et large, elle révèle un bavar-
dage intense et une franchise allant
jusqu'à la naïveté et à l'inconséquence.
Longue et étroite, la franchise est mo-
dérée. Courte et large, c'est'l'indice du
mensonge. Courte et étroite, ruse et mé-
chanceté... etc.
<" C'est bien extraordinaire. Mais soyons
prudents, - et-ne tirons- jamais la lan-
gue à personne...
Le sculpteur Bernstamm est rentré,
hier, de Russie, où il vient de présenter
à S. M. Nicolas II une statue colossale, de
plus do quatre mètres de hauteur, do
Pierre le Grand.
Cette statue sera érigée à Poltawa.
L'Empereur a demandé à M. Bern-
stamm un monument à la mémoire de
son auguste père, le tsar Alexandre III,
monumênt dont Sa Majesté a désigne
elle-même l'emplacement dans le jardin
Michel, à Saint-Pétersbourg. >
L'Exposition de Lyon, la route des
Alpes, par les autos-cars du P.-L.-M.,
jusqu'à la Méditerranée ; une promenade
de Monaco à Gênes par le paquebot
France, voilà un programme de tourisme
auquel on peut appliquer la devise :
Multa paucis. ?
Beaucoup de merveilles en peu de
temps, et'à peu de frais.
.Les Parisiennes apprendront avec in-
térêt que la maison Drecoll, place de
l'Opéra, a fixé la vente au comptant do
ses délicieux modèles de robes, man-
teaux, fourrures, etc., à aujourd'hui
mercredi et demain jeudi. Les prix extrê-
mement avantageux, consentis à cette
occasion, ne dépasseront pas 100 francs
par robe. A signaler tout particulière-
ment de superbes occasions en'fourrures.
Ainsi qu'on pouvait s'y attendre, le
succès le plus vif et le plus complet a
accueilli l'inauguration des après-dîners
mondains, tout .récemment organisés
dans le cadre ravissant du Pavillon
Bleu de Saint-Cloud, cet éden champê-
tre où règne vers le soir une si déli-
cieuse fraîcheur. Aussi M Moreux, fon-
dateur de ce bel établissement, a-t-il
décidé, pour rehausser encore le plaisir
de se^ hôtes d'élite, d'instituer désor-
mais des thés-tango, dont l'ordonnance
a été également confiée à Duque, le cé-
lèbre professeur de tango tant apprécié.
Nul doute que cette initiative nouvelle
n'ajoute encore à la gloire du Pavillon
Bleu, à l'éclat, de ses déjeuners et de
ses soupers si hautement réputés.
De Deauville :
« Inaugurée sous les meilleurs aus-
pices, la saison s'annonce singulière-
ment brillante ; la foule des claires et
coquettes villas qu'inonde le soleil s'ap-
prêtent à accueillir leurs hôtes nom-
breux ; les hôtels sont ouverts et presque
entièrement loués pour ce mois-ci et
pour août. Comme de coutume, la direc-
tion du Casino, qui est confiée depuis
son ouverture au sympathique M. Hély,
a fait merveille pour plaire à ses habi-
tués d'élite. Enfin M. Cornuché, dont
l'inlassable activité se partage entre le
théâtre, le music-hall, les hôtels, le res-
taurant, s'apprête à rejoindre lui-même
Deauville qu'il ne quittera qu'à la fin de
la saison. »
jy A? . p
- N'avons-nous pas déjà, en France,
mieux que la semaine anglaise?
- Oui, celle des quatre jeudis.
M x
Le Jardin de Paris va disparaître et
nous manquer..-.
- Evidemment, ça fera un trou !
MX
On dit devant Calino que l'emprunt
sera couvert quarante fois. 11 s'inquiète.
- Quarante fois!... Comment rem-
bourserons-nous tout cet argent?
, sr &
Au baccalauréat. Le fils d'un député
passe l'oral.
- Pouvez-vous me dire où se trouve
Pau ?
- Pau !... C'est du côté de la rue de
Valois.
Le Masqua de Fer.
L'ÈRE DES SECTEURS
Hier, pendant que la Chambre votait
toute une série de crédits au scrutin
public, les spectateurs des galeries et
des.tribunes s'amusaient au spectacle
de la salle, où . les députés délogés de
leurs places habituelles s'installaient
dans les secteurs politiques.
Il y a maintenant des secteurs politi-
ques, qui seront un jour où l'atmosphère
parlementaire sera "surchargée, des sec-
teurs électro-politiques. A l'extrême
gauche sont les cent unifiés; immédia-
tement à côté d'eux les 173 radicaux-
socialisteS unifiés. Et ces deux partis
mordent sur le centre où s'installent les
radicaux non unifiés, les républicains
de gauche. MM. Briand, Barthou, Guis-
t'hau, Klotz siègent au centre droit, tout
en haut des travées.
A droite sont maintenant la gauche
démocratique, les anciens progressistes
transformés en Fédération républicaine ;
enfin l'Action .libérale s'en va à l'ex-
trême droite avec la droite et les « sau-
vages ». Toute cette petite installation
s'est faite dans d'excellentes conditions.
Il ne reste plus maintenantqu'à chan-
ger à l'Officiel les vocables qui signa-
laient les applaudissements ou les mur-
mures.
On ne dira plus : rumeurs à gauche,
mais bien : rumeurs sur les bancs oc-
cupés par les radicaux-socialistes; ex-
clamations au centre, mais : exclama-
tions dans le groupe de la gauche radi-
cale.
Qu'on y prenne garde: ces notations
de l'Officiel vont devenir singulièrement
précises pour les électeurs qui étaient
habitués aux vagues expressions : droite»
gauche, centré. Les exclamations elles-
mêmes deviendront, pour les-journaux
locaux, des sujets de polémique !
A cette ère nouvelle, lu'l'as ! il n'est
pas probable que correspondent des
moeurs parlementaires nouvelles.
A. A.
LA GALERIE PARLEMENTAIRE
M. PAUL JACQUIER
M. Paul Jacquier est blond, gras et rose.
Quand il inaugurait, comme sous-secrétaire
d'Etat aux beaux-arts, une exposition, les
agents de la force publique voulaient régu-
lièrement l'expulser du cortège, sous prétexte
qu'il ne devait même pas avoir l'âge d'être
attaché de cabinet.
Pourtant M. Jacquier a déjà derrière lui une
bel e carrière et il la mérite. 11 possède en
effet - parmi d'autres - la vertu la plus rare
de ce temps : il est bien élevé.
Lorsqu'on le mit, pour la première fois, en
présence de M. Combes, il l'entoura tout de
suite de tant de vénération que ce vieillard
jura d'assurer sa carrière. Lorsqu'il entra au
Parlement, il enveloppa ses collègues de préve-
nances. Lorsqu'il devint sous-secrétaire d'Etat,
il couvrit ses subordonnés d'attentions. Et
même on affirme qu'au ministère de l'intérieur,
il témoigne à M. Malvy de la déférence.
On le voit, quelle que puisse être la fortune
de M. Jacquier, elle n'atteindra jamais à la
hauteur de ses mérites, car, de toutes les
vertus de ce temps, il a choisi la plus diffi-
cile : je veux dire le respect.
- Comment, direz-vous, s'y prend-il?
D'Estournelles de Constant, le père, nous
suggère là-dessus une réponse :
- Je me sauve, avait-il coutume de dire,,
de la familiarité par le respect.
C'était en effet une excuse.
Si, de tous les hommes de sa génération,
M. Paul Jacquier est celui.qui est entré 1e
plus jeune dans les conseils du gouvernement,
il le dut déjà à sa modestie.
A l'époque où tous ses camarades se ruaient
éperdument à l'assaut de la vie et rêvaient de
conquérir Paris, lui se retira modestement,
dans sa petite ville de Thonon, pour y plaider
des questions de murs mitoyens et pour y
surveiller la succession d'un député fatigué.
11 plaida sans défaut, il succéda sans heurt,
il entra au Parlement sans éclat, il y réussit !
sans scandale. A son premier cheveu blanc,
il deviendra ministre, et il est si gentil que,
même s'il fait de grandes choses, on 11e lui eu .
voudra pas.
Quand il aura soixante ans, on continuera
à l'appeler « le petit Jacquier 2, et les derniers-
venus au Parlement s'imagineront qu'ils le
protègent.
Il a de l'intelligence, de la probité, du ta-
lent. Néanmoins quand on lui demandera le
secret de sa carrière, il répondra :
- J'ai été poli.
«Le respect, disait J.-J. Weiss, ne s'en va
pas comme on le dit, ce qui s'en va c'est ce
qui est respectable. Le respect lui-même nous
reste. »
Et M. Paul Jacquier le détient.
Sténo.
Un sous-marin coulé
Une dépêche du préfet maritime de
Toulon apportait hier soir au ministère
de la marine une triste nouvelle : un
sous-marin, abordé par un torpilleur,
avait coulé au large pendant les ma-
noeuvres d'escadre. L'équipage était
heureusement sauvé.
Notre correspondant de Toulon nous
adressait, à dix et onze heures, les dé-
pêches suivantes :
Toulon, 10 heures.
La préfecture maritime vient d'intercepter
1111 radiotélégramme envoyé par le contre-
torpilleur Mousqueton au cuirassé Courbet,
battant pavillon du vice-amiral Boue do La-
peyrère. Lo, contre-torpilleur Mousqueton an-
nonce qu'il vient de couler lo sous-marin Ca-
lypso, dont tout l'équipage a été sauvé.
Toulon, 11 heures.
L'armée navale, complète de ses escadres
el de ses divisions, avait appareillé de Tou-
lon à midi trente. A quatre heures et
demie, pendant les exercices effectués dans
les parages de l'île d'Hyères, le contre-torpil-
leur Mousqueton, qui convoyait la deuxième
division de la deuxième escadrille des sous-
marins, aborda lo Calypso. Le Calypso coula,
par cent cinquante mètres do fond, au large
de la pointe do l'île de Titan, à quatre milles
du cap Camarat.
L'état-major et l'équipage comprenant
vingt-six hommes ont été sauvés par lo
Mousqueton et deux sous-marins, le Circê et
le Bemouilli, qui naviguaient à côté 'du
Calypso : l'équipage était composé de vingt-
trois hommes sous les ordres du lieutenant
de vaisseau Vernisy et de l'enseigne de vais-
seau Pringent. Mais il y avait, en outre, à
bord le lieutenant Aubert, qui se préparait à
prendre le commandement du sous-marin.
Le sous-marin Calypso était un bâtiment
de 301 tonnes, du type Laubeuf, et qui avait
été lancé en 1907. 11 faisait partie de la 2° es-
cadrille des sous-marins de l'armée navale
et, le premier parmi les sous-marins, avait
effectué le raid Toulon-Bizerte et retour. Lo
Mousqueton est un bâtiment de 314 tonnes,
commandé par lo capitaine de frégate Urvoy
de Portzamparc. - P. E.
D'après les renseignements parvenus
en dernière heure à la préfecture mari-
time; l'abordage du Caypso par le Mous-
queton fut très brusque et l'eau pénétra
rapidement par un trou béant ouvert
dans la coque du sous-marin. La mer
était grosse et le bâtiment coula ra-
pidement. L'équipage fut admirable.
Rassemblé sur le pont,' il attendit en si-
lence que les embarcations envoyées à
son secours aient accosté. Les trois offi-
ciers quittèrent les derniers la coque
du sous-marin qui s'enfonçait sous leurs
pieds.
Le vice-amiral Boué de Lapeyrère,
qui commande l'armée navale, a fait
rassembler, à sept heures du soir, tous
les vaisseaux des escadres dans les
parages où le Calypso avait sombré, et
a fait effectuer quelques évolutions à ses
bâtiments, entre les îles d'Hyères et
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