Titre : Figaro : journal non politique
Éditeur : Figaro (Paris)
Date d'édition : 1914-02-21
Contributeur : Villemessant, Hippolyte de (1810-1879). Directeur de publication
Contributeur : Jouvin, Benoît (1810-1886). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34355551z
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 21 février 1914 21 février 1914
Description : 1914/02/21 (Numéro 52). 1914/02/21 (Numéro 52).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
Description : Collection numérique : BIPFPIG69 Collection numérique : BIPFPIG69
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Description : Collection numérique : France-Brésil Collection numérique : France-Brésil
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k290233b
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
?0T Année ^ 3ma Série - N° 52
Le Numéro avec le Supplément : DIX CENTIMES en France et en Belgique - Etranger : VINGT CENTIMES
Samedi 21 Février 1914
Gaston CALMETTE
Directeur-Gérant
RÉDACTION - ADMINISTRATION
26, rue Dronot, Paris (9= Arr')
POUR LA PUBLICITÉ
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LE FIGARO
* , , . >''. '. . s . "
« Loué par ceux-ci, blâmé par ceux-là, me moquant des sots, bravant les méchants, je me bâte
de rire de tout.;, de peur d'être obligé d'en pleurer. ». (BEAUMARCHAIS.)*
H. DE VILLEMESSANT
Fondateur
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Supplément Littéraire
ENCARTÉ dans la quatrième page
du Figaro d'aujourd'hui.
SOMMAIRE
Un historien allemand de la Grande Armée :
HENRY ROUJON.
L'armée russe : RENÉ MARCHAND.
Amérique latine : GEORGES BOURDON.
Dessin : « Par fil spécial » : A. GUILLAUME.
La Chambre : L'étal sanitaire de l'armée ;
Discours de M. Maginot : PAS-PERDUS.
Le Dînèr de la Société Victor-Hugo : G..D.
Le Clairon de Sidi-Brahim : MAXIME GIRARD.
Courrier de la Bourse : Louis AUBERT.
Figaro-Théâtre : Au théâtre de Monte-Carlo :
« Cléopatre » ?: JULES MÉRY. - Avant le
rideau Au-.théâtre Antoine. -Courrier
des théâtres : RÉGIS GIGNOUX.
Feuilleton : « Plus penser que dire » : ANGEL
- .FLORY. ,
Un historien allemand
de la Grande Armée
Mon très cher ami Frédéric Masson
supporterait mal chez un de ses compa-
triotes la prétention de l'égaler dans le
culte de Napoléon. Il accepte toutefois,
et cela de la meilleure grâce du inonde,
la' courtoise rivalité d'un étranger. Et
d'un Allemand, s'il vous plaît, de pure
origine rhénane; d'un Germain au-
thentique, mais chez qui subsiste un
peu de l'esprit des riverains du grand
lleuve alors qu'ils échangeaient d'un
bord à l'autre des besoins de fraternité.
M. Paul Holzhausen, dans un souci d'é-
quité supérieure et par un acte de
libre amour, s'est fait en littérature
germanique l'historien, à, la fois, exact
et lyrique, de l'Epopée française. 11
nous donne aujourd'hui ce nouveau
travail, où se résument de longues
années de recherche : Les .Allemands
en Russie avec la Grande Armée. Ils
furent plus de deux cent mille, les fils
de l'Allemagne que Napoléon entraîna
au delà du Niémen ; après les Prus-
siens de York et les Autrichiens , de
Schwarzenberg, venaient ceux dés Aile-
magnes napoléonisées, Badois, Bava-
rois, Saxons, Wurtembergeois, Meck-
lembourgeois, Hessois, Westphaliens.
'Cent "mille d'entre eiix ne revinrent
pas. Louis de Bavière, ce romantique
couronne qui rêvait hautement, a voulu
élever dans sa capitale un monument
aux Bavarois victimes de la campagne
de Russie. Aux autres, à tous les Alle-
mands de la Grande Armée, M. Holz-
hausen consacre à son tour, mieux qu'un
monument de marbre ou de bronze, un
grand livre de gloire et de deuil, ke mi-
racle, c'est que cet historien, à l'âme de
poète, ait pu évoquer les épouvantes
du sacrifice le plus cruel qu'ait exigé
la guerre, sans un mot de reproche au
Sacrificateur. ? »
Qu'on en juge. M. Holzhausen m'écri-
vait ceci à la date du 9 février : « Au-
jourd'hui, il y a cent ans, les dernières
bandes de la Grande Armée avec le ter-
rible capitaine étaient en marche entre
Sézanne et Champaubert. La manoeuvre
de Montmirail avait commencé- C'est
avec un certain orgueil qu'à une journée
de si glorieuse mémoire j'ai reçu" la nou-
velle .de la publication de l'édition fran-
çaise de mon livre. » En vérité, il est une
sorte de religion napoléonienne où les
esprits les plus différents viennent com-
munier d'un bout à l'autre de l'univers
et de la pensée. A coup sûr M. Holzhau-
sen garde un coeur allemand, et qui
l'en blâmerait? Mais son grand-père
maternel avait fait campagne dans le
contingent francisé de Hesse-Darmstadt.
A Leipzig, à l'heure du suprême aban-
don, les Hessois demeurèrent fidèles. Le
vétéran enseigna l'histoire à son petit-fils
par la méthode du tambour Legrand de
Henri Heine. Plus tard, l'élève du vieux
soldat hessois apprit l'histoire à la ma-
nière des historiens ; au fond de sa
conscience, la charge napoléonienne bat-
tait toujours. Et c'est ainsi que persiste
dans la libre intelligence d'un docte
professeur de Bonn la foi d'un grognard
de la garde. Le phénomène n'est pas
pour nous déplaire.
Un souvenir de sa petite enfance a
dédié M. Holzhausen à la mission qu'il
accomplit aujourd'hui. « Enfant encore,
dit-il; j'assistais dans la petite ville de
Rheine à une des fêtes anniversaires de
notre pays. En tète des associations de
vétérans, parut une vieille femme, por-
tant en sautoir le bonnet des ' cahtiniè-
res. Tous la saluaient, car elle avait été,
la tremblante aïeule, avec le 61 ranci
Corse,'en Russie. Jeune femme en 1812,
elle avait, comme épouse d'yn soldat,
pris part à l'épopée, et à la mort de son
mari, avait courageusement poursuivi
sa route vers la Bérézina qu'elle passait
en habit d'homme. »
Cette revenante héroïque, appuyée sur
son tonnelet, c'est la Muse de l'historien
allemand de la Grande Armée, sa Clio
villageoise, en coiffe de veuve. La beauté
du livre de Paul Holzhausen et son ori-
ginalité poignante viennent de ceci que
l'auteur a tenu la {Diurne sous la dictée
des voix d'outre-tombe, il venait soixante
ans trop tard pour pouvoir récueillir les
derniers témoignages des survivants de
l'Année Douze; toutau plus lui fut-il per-
mis de pister l'oreille à dés balbutiements
de centenaires encore épouvantés. Les
dépositions directes, l'infatigable enquê-
teur les a-Cherchées et trouvées partout,
aux imprimés d'abord, mais ensuite,
mais surtout aux sources manuscrites,
carnets d'e route, journaux intimes, feuil-
lets jaunis.où de pauvres doigts à demi
gelés avaient griffonné des procès-ver-
baux de surhumaines douleurs. « J'ai,
m'écrivait encore M. Holzhausen, in-
terrogé, non pas #m, mais une cen-
taine de témoins oculaires, généraux,
officiers, maréchaux de logis, simples
soldats, jusqu'à des palefreniers. » Rien
de plus douloureux, de plus injuste, de
.plus atroce et de plus magnifique, rien
qui dévoile aussi implacablement toute
l'horreur de la Guerre et tout son su-
blime que cet interrogatoire de fan-
tômes. Rien qui exalte et venge mieux
le soldat !
Le Héros de -ce funèbre et sanglant
poème, c'est vraiment, sans aucun rival,
le troupier, le chiffre du nombre. C'est
le pauvre soldat d'un sou, qu'il ait été
Français de France, ou Allemand, ou
Belge", ou Hollandais, ou Illyrien, ou
Dalmate, ou Croate', ou Polonais, ou
Suisse, ou Espagnol, ou Portugais, ou
Italien. A l'appel du dominateùr, l'Occi-
dent s'était mis en marche vers le Nord,-
à la poursuite d'on ne sait quel rêve,
d'une vague conquête de l'Inde, d'une
Toison d'or, poussé par l'étemel besoin
de chimère et de violence ; tous étaient
partis à l'aventure, à l'exception des
Suédois, des Turcs et des Anglais. Dans
cette horde vouée aux colères divi-
nes, le meilleur de notre pitié et de
notre hommage s'en va vers ceux de
notre sang. M. Holzhausen préfère
les siens. Allez donc garder « l'ob-
jectivité », comme dit l'autre, lors-
que vous errez sur un champ de ba-
taille pour ramasser vos morts ! J'ad-
mire quelqu'un qui pourrait conserver
son calme en racontant 1812. Ce livre
d'un Allemand est mouillé de larmes.
Son effort d'équité n'en est que plus
noble.
Est-il vrai de dire que cette armée, où
SQ mêlaient quatorze peuples, ne mar-
chait qu'au fouet, à contre-coeur, médi-
tant d'avance l'abandon du Chef sans
égal, prête à le trahir au premier revers?
Mensonges. Eh juin, à Kowno, lors-
qu'elle franchit le Niémen, cette foule
pensait courir à une fête guerrière. L'ar-
rière-pensée félonne qui se cachait au
fond des rancunes de quelques généraux
prussiens, pour l'immense masse de nos
alliés étrangers n'eût représenté qu'op-
probre et infamie. La solidarité militaire,
l'ardeur do faire campagne, l'amour
ancestral du combat cher à toutes les
Amanites, l'orgueil de servir sous le
demi-dieu des batailles, tout cela fournis-
sait à cette Babel en marche le ciment
d'une sorte do patriotisme géant. Ils se
sentaient frères d'armes au milieu de
l'infinie confusion- des: langages et des
pensées'. Ils firent tous de leur mieux, d'a-
bord. Pour les Westphaliens, livrés à Ju-
not que guettait lafolie; pour les Bavarois,
disparus dans les flammes de Polosk ;
pour les Saxons, fauchés devant la grande
redoute de Borodino ; pour les Souabes,
qui montèrent aux murs de Smolensk
notre deuil a les mêmes larmes que
pour nos gars de Gascogne, de Cham-
pagne ou de Lorraine. Il faut bien une
môme sépulture à ces deux cent cin-
quante mille martyrs sans tombeaux.
Us reposent au sein du gigantesque
poème international édifié par la piété
des peuples. Dans cette magnanime
offrande expiatoire, où Ségur, Marbot et
Fezensac ont apporté l'immortelle de
Franco, Paul Holzhausen vient déposer
sa fleur du souvenir. Elle ressemble au
pâle myosotis des plaines rhénanes,
qui était cher aux Allemagnes d'autre-
fois.
Oui, les leurs ont combattu sous nos
aigles eii toute sincérité et dans l'ivresse
auguste d'obéir. Pourquoi donc en rou-
giraient-ils ? Gomment faire d'ailleurs
pour rénier les mille témoignages que
l'historien arrache aux tombeaux? On sait
les mots qui commençaient la proclama-
tion de Napoléon, à la veille de Boro-
dino, cette parole dont on s'étonne au
coin du feu, et que tout soldat comprend
à merveille : « Voilà enfin la bataille que
vous avez tant désirée ! » Aux souf-
frances qu'inflige la guerre il n'est
d'autre amusement que le combat.
Quelques jours avant Borodino, les
Wurtembergeois avaient vu passer en
hâte un courrier qui leur criait : « Pres-
sez-vous, si vous voulez prendre part à
la grande bataille ! » Ils se pressèrent.
Lorsqu'ils prirent connaissance du ma-
nifeste enflammé de l'Empereur, les cui-
rassiers saxons poussèrent les mêmes
vivais que ceux de la garde. « Jamais,
témoigne le lieutenant Meerheim, Na-
poléon ne fut pareillement acclamé
par nous. » Avant Moscou, avant l'hi-
ver, l'illusion s'explique. Mais écou-
tons un major wurtembergeois, le
docteur Roos; en novembre, par un
des froids soleils du retour, il vit pas-
ser Napoléon. « Là, comme aupara-
vant et comme plus tard, l'affection de
tous et la Considération générale le sui-
vaient, maigre les malheurs déjà suppor-
tés et les misères probables de l'ave-
nir. Tous les regards de ses troupes
étaient dirigés vers lui et on y lisait
l'admiration, la confiance et l'espoir.
A ce moment, comme dans la suite,
j'entendis des officiers de différentes
nations dire: « Tant que Napoléon sera au
» milieu de nous, le courage ne nous fera
» pas défaut. » Un chirurgien, weimarien,
Geissler, aperçut Napoléon, à la fin,
quand tout était perdu, alors qu'il les
quittait, leur laissant à sa place l'admi-
rable et incertain Murât: « Nous ne pou-
vions nous arrêter de contempler cet
homme dont les hauts faits remuaient
le monde. »
Un livre où l'on entend l'écho de ces
voix lointaines dire l'hymne du sacri-
fice militaire et célébrer la folie sacrée,
n'est-ce point une belle riposte à. ce
lourd monument de Leipzig où l'on a en-
tassé des moellons de haines ? Si toutes
les guerres sbnt criminelles, tous les-:
soldats y sont innocents et sanctifiés.
1812 reste l'année de l'hécatombe inex-
piable. Ceux qui' revinrent de Russie'
apparurent comme autant d'échappés
de l'enfer. « On me passait de main en
main », disait un brave Bavarois, de-
venu brigadier de police à Nurem-
berg . Le caporal Buttner, un des
témoins les plus véridiques, invalide
à vingt-sept ans, vivait' d'une pension
de sept florins par mois. Il obtint au
bout de-quinze ans un petit emploi-
dans les finances ; les gouvernements
ne se pressent jamais. Dans les vil-
lages, on s'obstinait à croire que le
fils, l'époux, le fiancé n'était pas en-
dormi sous les neiges, que les Cosaques
l'avaient emmené en Sibérie, qu'il re-
viendrait. Une paysanne du Mecklem-
bourg demandait à Reuter s'il y avait
encore en Russie des prisonniers ; elle
attendait depuis trente-sept ans son
amoureux.
Il sied à l'Histoire de se faire, à l'exem-
ple de cette humble fille, une âme de
tendresse et de fidélité.
Henry Roujon.
Échos
£> Température
Le ciel, hier, eut de singuliers caprices.
Au commencement de l'après-midi, un gai
soleil brillait. Puis, brusquement, vers cinq
heures, une pluie froide se mit à tomber.
La température s'est relevée légèrement. A
midi, le thermomètre marquait 7°5 ; à cinq
heures, 10°. Le baromètre accusait à midi
757*°y
Les' pluies ont continué sur le nord et
l'ouest de l'Europe.
Départements, le matin, au-dessus de \êro :
3°i à Nantes ; 40 à Lyon, 4°6 à Limoges ; 6°8
à Nancy; 8° à Marseille; 8"2 à Bordeaux;
9°2 à Nice ; II° à Biarritz ; n°4 à Alger.
En France, un temps doux et nuageux est
probable.
(La température du 20 février 1913 était, à
Paris : le matin, 50 au-dessous de zéro ; le
soir, 2°S au-dessous. Baromètre, 762""°. Jour-
née froide.)
Pu New York Herald :
A New-York : Nuageux. Température :
max., - I°I ; - min., 5°5- Vent nord-est. -
A Londres : Pluvieux. Température : max.,
io° ; min., 3°3. Baromètre : 748°"°. Vent sud-
sud-est. - A Berlin : Température, 6°.
Les Course^
Aujourd'hui, à deux heures, Courses
Samt-Quen. .- Gagnants du Figaro î
Prix de l'Artois : Guise II ; Chambly.
Prix de la Scarpe : Valéria ; Prétendante.
Prix du Cambrais : Chloral; Le Balafré II.
Prix de la Flandre : Bozkario ; Onzain.
Prix du Hainaut : Sir Peter ; Le Potache.
Prix de l'Oise : Tribun II ; Usurier.
. M ^ .
ENFIN, BRAVO!
^ Nous avons enfin une occasion de
féliciter le cabinet Doumergue et
de l'applaudir , avec tous les amis de
l'armée.
C'est à M. Maginot, sous-secrétaire
d'Etat à la guerre, que revient l'honneur
d'avoir fait entendre les paroles de bon
sens et de patriotique raison qui ont dé-
clanché les acclamations de la Chambre
au milieu de la consternation de l'ex-
trême gauche et des unifiés stupéfaits.
La Lorraine pensive devait inspirer le
député de la Meuse, à propos de la ré-
forme militaire que tant d'alliés du mi-
nistère, se conformant aux votes anti-
militaristes du congrès de Pau, veu-
lent saboter puis détruire; et M. Ma-
ginot s'est montré à la hauteur de sa no-
ble tâche quand,; à propos des maladies
répandues dans les casernes, il a déclaré
qu'il ne fallait pas chercher à soulever
l'opinion publique contre cette loi de
trois ans que le Parlement a jugée né-
cessaire à la défense nationale.
L'indignation de quelques-uns,, l'en-
thousiasme de tous les autres ont
été - indescriptibles quand le sous-se-
crétaire d'Etat a ' ajouté qu'il fallait
une longue adaptation et qu'on, ne pou-
vait décemment espérer, à quelques
mois de distance, que le Parlement
donnerait Y invraisemblable spectacle de
vouloir revenir sur ces mesures indis-
pensables.
M. Marcel Sembat a donné à cet inci-
dent toute sa véritable portée en s'éle-
vant contre le langage de M. Maginot et
en demandant si le président du Conseil
approuvait des déclarations d'une pa-
reille gravité.
La réponse de M. Doumergue et de M.
Noulens a été aussi nette que l'affirma-
tion de M. Maginot. Les deux ministres
se sont levés pour féliciter le sous-se-
crétaire d'Etat en lui serrant les mains ;
et M^ Barthou, témoin heureux de cette
manifestation militariste, a spirituelle-
ment. ajouté : « Voilà une poignée de
main qui sera mentionnée au Journal
officiel ». .
Dans le pays, cette poignée de main a
produira un effet encore plus considé- '
rable qu'à la Chambre, si grande qu'ait
été l'émotion de nos députés; .
C'est l'indice, en effet, d'un change-
ment complet dans l'attitude de la
portion raisonnable du cabinet, et la
répercussion en a été immédiate au
Palais-Bourbon. La Chambre, qui avait
refusé vendredi dernier par 353 voix
contre 189 de continuer avant le vendredi
suivant la discussion sur l'hygiène
de l'armée, a jugé, comme on le lui de-
mandait en vain huit jours auparavant,
« que la santé de nos soldats devait pri-
mer toutes les autres questions » et
qu'elle poursuivrait dès lundi cette in-
terpellation. Ce vote a eu lieu à mains
levées tant, cette fois, il réunissait
l'immense majorité des députés. Puis
comme M. Caillaux et M. Cochery in-
sistaient pour qu'on affectât à la dis-
cussion du budget la séance de vendredi
prochain-, 280 Voix contre 279 ont décidé
au contraire de consacrer ce vendredi à
l'intrepellation sur la politique finan-
cière du cabinet : et M. Jaurès a pour la
première fois voté contre M. Caillaux.
Il a repris sa libertéi puisque le prix
de son alliance était la loi militaire dé-
testée.
Les unifiés commencent d'ailleurs à
comprendre que leur cause sera fatale-
ment trahie, si les élections générales
sont dirigées par un gouvernement dont
l'estampillé les rend les esclaves énervés
ou les protégés asservis.
L'équivoque est donc à peu près dissi-
pée, et la solution est proche.
La situation du ministère, désormais
suspect, est en tout cas terriblement
modifiée puisque, au sujet d'une même
. question d'ordre du jour, le cabinet, qui
réunissait 353 voix vendredi dernier, ne
comptait plus hier que 279 voix pour lui.
La journée est bonne pour le pays. -
Gaston CALMETTE.
A Travers Paris
Le prince d'Arenberg, MM. Paul Beau-
regard et Louis Bernier, de l'Institut,
viennent d'accepter avec M. Pallain,
gouverneur, de la Banque de France, de
faire partie d'un comité présidé par
M.Jean Coignet, président de la Cham-
bré( de: commerce de Lyon, et qui se
propose d'élevêr un monument à la
mêmoire du regretté M. Aynard, ancien
membre de l'Académie des beaux-arts,
régent de la Banque de France et dé
puté du Rhône.
M. Albert Jonnart, président du
conseil d'arrondissement de Lyon, et
M. de Nalèche, directeur du Journal des
Débats, sont également membres du
comité.
Ce monument, un buste, sera placé
dans les jardins du palais du Commerce,
à Lyon.
. . ? !
Une grande enquête.
Elle vient de se clore. Elle a duré près
de vingt ans, Il s'agit, en effet, de la
très importante enquête ouverte en 1895,
sur l'initatiye du regretté M. Cheysson,
par la Société des agriculteurs de France,
sous forme d'un concours de monogra-
phies concernant 1' « Histoire et la si-
tuation actuelle d'une commune rurale
en France ».
Hier, au congrès -des agriculteurs, M.
Cornelis de Witt a étudié les résultats
dp cette belle enquête ; et il l'a fait dans
un rapport très remarqué et très ap-
plaudi. Constatant avec plaisir que par-
tout les « dirigeants », les « éducateurs
de la race », - ecclésiastiques, institu-
teurs^ médecins, propriétaires, géomè-
tres, - ont répondu à l'appel de la So-
ciété des agriculteurs de* France, il a
ajouté que la consultation s'est produite
dans tous lés coins du pays, dans les
communes des types ruraux les plus di-
vers : aussi: offre-t-elle les aspects les
plus variés, les plus complets, les plus
instructifs...
M. Cornelis de Witt estime avec rai-
son qu'il convient maintenant de cou-
ronner cette enquête, due au bon vou-
loir de tant d'observateurs isolés et sa-
gaces, en procédant à des travaux d'en-
semble, à une sorte de synthèse écono-
mique et sociale, qui servirait à son tour
de point de départ à une action et une
propagande efficaces.
C est là un voeu qu'il faut répéter et
aider à se réaliser, dans l'intérêt si évi-,
dent de l'agriculture française.
Et maintenant, quand paraîtra la nou-
velle.monnaie de nickel?
Il est très probable que les premières
piécettes do 25, 10 et 5 centimes porte-
ront le millésime de 1914 et seront mises
dès cette année en circulation.
M. Lindauer a été convoqué à la Mon-
naie et, dès hier, il s'est entendu avec
M .^Martin, directeur de cet établisse-
ment, et M. Patey, graveur général des
monnaies, sur les détails et les délais de
fabrication des divers instruments de
frappe.
Il pourrait livrer ces instruments,
qu'il exécutera lui-même, d'ici à quelques
mois, et on commencerait alors la frappe.
La quantité de pièces de nickel à lancer
cette année sera fixée par décret.
Il n'est pas* impossible que les pre-
mières sortent des presses du quai Conti
dans le courant de l'été. Le billon de
bronze ne serait d'ailleurs retiré que
lentement de la circulation.
Nous recevons du Carnet d'Epicure,
« organe de la Ligue des Gourmands »,
la lettre suivante :
Monsieur et cher confrère,
Nous avons décidé de fêter par un dîner
très simple, mais excellent, le deux-centième
anniversaire de Denis Papin, mort de misère
aux environ^ de Marbourg en 1714.
Dans un article paru il y a deux ans, nous
manifestions l'espoir que les grands indus-
triels, qui doivent tant à Denis Papin, ne
laisseraient pas passer cette date sans rendre
hommage à l'illustre savant. Notre appel ne
trouva qu'un seul écho, et ce fut au Canada.
Peut-etre faut-il se féliciter qu'aucun co-
mité officiel ne se soit formé en France, car
ce comité eût encore fait ériger une statue
nouvelle, ce qui eût été lamentable.
Mais nous espérons que dans toutes les
villes de notre pays, comme en Angleterre et
ailleurs, on fêtera dignement Denis Papin,
le 25 avril, en buvant, en son honneur, les
glorieux vins de'France.
Veuillez agréer, etc.
Th. GRINGOIRE,
Rédacteur en chef.
On pourrait se demander pourquoi le
Carnet d'Epicure prend l'initiative de
commémorer Denis Papin, mort de
faim. Voici : Denis Papin était cuisi-
nier. Il est vrai que M. Nordmann, l'é-
minent astronome, a contesté naguère
ce fait dans le Matin. Mais, justement,
le Carnet d'Epicure entre en polémique,
et lance un défi à M. Nordmann, dans
les termes que voici :
Nous offrions de prouver que .les docu-
ments auxquels se référait l'éminent astro-
nome établissaient au contraire d'une façon
nette et précise que le docteur Denis Papin
avait exerce la cuisine, et que ce furent ses
obsérvations de cuisinier qui l'amenèrent à
découvrir ,ies principes de la machine à va-
peur.
Le Matin n'ayant pas cru devoir rectifier,
un ami du Carnet d'Epicure, qui désire gar-
der l'anonymat, mais, dont nous nous por-
tons garants, offre de verser 500 guinées
(13,200 fr.) à l'hôpital français de Londres, si
M.. Charles Nordmann veut bien faire la
preuve de son assertion qui se résume ainsi :
« Denis Papin ne fut pâs cuisinier ».
Cette preuve devra être faite au plus tard
le 25 avril 1914; date fixée par le Garnet d'E-
picure pour le dîner international en l'hon-
neur de Denis Papin, à l'occasion de son se-
cond centenaire.
Il reste à savoir si les amis de la bonne
cuisine confondront l'ami des étoiles.
Gomme nous l'avons dit, c'est lundi
prochain, à pnze heures du matin, que
S. A. S\ le prince de Monaco inaugurera,
en présence de M, Viviani, ministre de
l'instruction publique et des beaux-arts
de la République française ; du délégué
de l'Académie des beaux-arts de Paris,
M. Denys Puech ; du général Massenet
de Marancour, représentant la famille
Massenet, et des notabilités de la prin-
cipauté. et du département des Alpes-
Maritimes, le monument élevé à Monte-
Carlo au maître Massenet.,
Rappelons que la première de Cléo-
pâtre, l'oeuvre posthume de l'illustre
compositeur, sera donnée à cette occa-
sion, lundi soir, à l'Opéra de Monte-
Carlo.
Le sourcier sans lé savoir.
Les ingénieurs de la Ville de Paris,
plus heureux que certains sourciers, ont
trouvé hier dans les propriétés do la
Ville, aux environs de Nemours, une
source dont nul aspect extérieur n'indi-
quait la présence.
Et quelle source! Elle débite par jour
huit mille mètres cubes d'une eau lim-
pide et exquise : de quoi alimenter une
ville de vingt-cinq mille âmes.
Ce qu'il y a de plus amusant, c'est que
la source a été rencontrée à l'endroit
précis où les ingénieurs convoitaient de
recapter la source de « la Folie », déjà
captée par eux, il y a plusieurs années,
en arrière de la voie ferrée du Bourbon-
nais. L'ingénieur en chef, estimant que
la source, libre en ce moment, passait
sous la voie, redouta une contamination
des eaux. Il délibéra de la capter à nou-
veau en avant de la voie. Les sondages
exécutés, l'eau jaillit en quantités impor-
tantes et, au grand étonnëment des in-
génieurs, le débit de la source de « la
Folie », à l'ancien captage, de l'autre
côté-de la Loire, ne diminua pas.
On s'était donc trompé en croyant re-
trouver, en avant de la ligne ferrée, la
source dë <^lâ Folie i».< Elle avait ùn autre
parcours, inédite.
Ce fut la bonne erreur. Paris gagnera
de recevoir bientôt, chaque jour, huit
mille mètres cubes supplémentaires
d'eau d'une pureté absolue.
C'est un cri unanime dans Paris : la
Revue de l'Amour, aux Folies-Bergère,
dépasse de cent longueurs, tous les
succès'connus jusqu'à ce jour. Le spec-
tacle dans la salle avec le Pont Lumi-
neux, désormais légendairè, est un' des
grands attraits parmi les mille attraits
de cette revue. Les meilleures places
pour apprécier ce spectacle sont les
loges et les avant-scènes, aussi est-il bon
de les retenir d'avance, car il y a foule
chaque soir aux Folies-Bergère pour
applaudir la Revue de l'Amour avec
toutes ses attractions, et particulière-
ment le fameux trio Gomez, qui sont
bien les plus extraordinaires danseurs
que l'Espagne nous ait jamais envoyés.
On prépare en ce moment dans les
ateliers de Boissonnas et Taponier, rue
de la Paix, un ouvrage très intéressant
sur la Grèce. Il sera illustré de merveil-
leuses photographies obtenues par un
procède nouveau.
' Le texte est d'un de nos académiciens
les plus distingués 1 et très amoureux de
la Grèce antique.
Le format de l'ouvrage et son prix se-
ront raisonnables, et sûrement il obtien-
dra, près des amateurs, le succès qu'ont
toujours les oeuvres pleines de goût et
d'art de Taponier.
Nouvelles à la Main
- Guillaume Rolland, le clairon de
Sidi-Brahim, est arrivé hier à Paris et a
été reçu à la gare avec un grand enthou-
siasme.
- Vous n'auriez pas voulu que ce glo-
rieux vieillard débarquât sans tambour
ni trompette.
Le Masque de Fer.
Souscription an monument Paul Déroulède
Nous avons reçu au Figaro pour le
monument à élever à Déroulède :
M. Georges Leygués, député..Fr. 500 »
M. et Mme Georges Dehaut...... 250 »
M. de Freycinet...... 40 »
M. Jules Lax 20 »
R. T.................-........... 20 »
A. G*- A. L ... «....«...........* 20 »
Un petit patriote de dix ans ..... 1 »
M. A. Tavernier 20 »
M. l'abbé Louis Gourdoux 10 »
M. E. Dervaux 50 »
Georges et André Haakman, « en
souvenir de notre collaboration
avec le grand patriote 10 »
Deux Frapçais de Bruxelles 5 »
M. et Mme Henry-Thomas Fala-
teiif.... 100 »
M. Georges Linzeler 20 »
M. J. Ployer 40 »
M. et Mme Eugène Jardin 40 H
Anonyme, bon de poste 5 m
Total.. Fr. 1.151 »
Listes précédentes....Fr. 2.825 »
Total général... Fr. 3.976 »
Nous transmettrons ces sommes à îa
Ligue des Patriotes.
ANTICIPATIONS
Les Joies de l'Impôt sur le revenu
\ ' -? m ' . - A -
Ûn de nos lecteurs nous adresse l'intéres-
sante communication que voici :
Point n'est besoin d'aller en Allema-
gne pour étudier la façon dont fonc-
tionne l'impôt avec déclaration contrô-
lée.
Cet impôt existe déjà en France, c'est
l'impôt appliqué sur le montant des dé-
clarations de succession.
Voici un exemple de son caractère
abusif et vexatoire.
En l'occurrence, il s'agit pourtant d'un
cas qui ne .devrait soulever aucune dif-
ficulté, puisque la succession est repré-
sentée par quelque chose de bien dé-
fini : une maison.
Tout d'abord quel est le . capital re-
présenté par une maison?
L'Enregistrement admet que le capital
représenté par une maison est égal au
revenu de cette maison multiplié par
vingt.
Que fait donc le contribuable ? Si sa
maison est louée par baux, il additionné
le montant de ses baux, multiplie ce
montant par vingt, et fait sa déclara-
tion. C'est son droit et cette façon de
voir-trouve appui sur un jugement du
Tribunal de la Seine du 20 décembre
1911.
L'Enregistrement intervient alors et
déclare : "
« Si le revenu calculé d'après les
baux est supérieur au revenu cadastral >.
vous paierez sur le revenu calculé d'à*
près les baux. Si le revenu calculé d'a-
près les baux est inférieur au revenu
cadastral, vous paierez d'après le revenu
cadastral. »
L'Enregistrement prend toujours,
comme on voit, le revenu qui corres-
pond au maximum de perception.
Vous faites alors remarquer à l'Enre-
gistrement que vous ne devez payer que ?
sur le revenu existant au moment du
décès, revenu dont vous héritez réelle-
ment ; que ce revenu réel est celui qui
est indiqué par les baux; que le revenu,
cadastral ne correspond pas au revenu
réel au moment du décès ; que, depuis
qu'il a été établi, des changements ont
pu se produire. Vains arguments. L'En-
registrement maintient ses prétentions.
Vous lui faites remarquer que ce dif-
férend a_ déjà été tranché ; que votre
thèse a été acceptée par le Tribunal de
la Seine : l'Enregistrement répond que ?
ce jugement lui importé peu, et il vous
somme d'avoir à payer immédiatement,
sinon une contrainte va vous être signi-
fiée.
D'où procès... et frais de procédure
fort élevés, si vous n'habitez pas la ville
où vous êtes propriétaire. :
Cette histoire date d'hier ; j'en suis le
triste héros et vais être obligé de payer
pour m'éyiter des frais et des ennuis!
Devant les difficultés qù'entrâîne une
déclaration aussi simple que celle d'une'
maison, devant les ennuis que crée l'En-
registrement qui ne veut même pas
s'incliner devant la jurisprudence, on
peut, d'ores et déjà, prévoir ce qui se
produirait dans le cas où un impôt se-
rait basé sur la déclaration !
MORAN
Ingénieur à Paris, proprié-
taire à Bordeaux.
L'Armée russe
Une nomination Importante
. . (DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Saint-Pétersbourg, 20 février.'
Le bruit court avec persistance que le
général Soukhomlinoff, ministre de îa
guerre, va être nommé gouverneur
général et commandant en chef des
troupes de la circonscription militaire
de Varsovie. Des informations sûres
me permettent de considérer cette no-
mination comme très possible et aussi
de vous signaler l'importance considé-
rable qu'il faudrait lui attribuer si elle
se 'faisait, car elle serait motivée direc-
tement par l'état incertain de la situa-
tion extérieure.
On sait l'oeuvre inoubliable accomplie
au ministère de la guerre depuis cinq
ans par le général Soukhomlinoff. Ce
n'est un secret pour personne qu'au-
jourd'hui cette oeuvre est presque ter-
minée. Les effectifs de l'armée russe ont
été augmentés dans des proportions sans
précédent.
La mesure exceptionnelle prise deux
ans de suite déjà dé maintenir la classe
libérable sous les drapeaux au delà du
terme normal va devenir, incessamment,
une loi, puisque le projet soumis aux
Chambres fixe la date de la libération de
la classe au mois d'avril au lieu de no-
vembre, donnant ainsi au ministre de la
guerre la possibilité de disposer à toute
époque de quatre classes instruites sous
les drapeaux. En outre, les effectifs de
chaque classe ont été augmentés dans la
proportion de cent soixante-deux mille
^hommes et l'armée russe, sur le pied de
paix, compte dès maintenant un million
et demi d'hommes.
Quant aux réserves, leur importance
numérique se trouve dès aujourd'hui,
par suite du nouveau système adopté,
accrue dans des proportions qui permet-
tent d'affirmer que les effectifs.de guerre
dépasseraient cinq millions de combat-
tants.
D'autre part, le matériel dé guerre a
fait des progrès immenses. L'artillerie
est portée, à une force offensive que l'on
n'avait jamais connue. Les derniers cré-
dits de 500 millions de roubles néces-
saires pour achever complètement l'oeu-
vre du général Soukhomlihoff viennent
d'être .demandés à la Douma-
La nomination du général Soukhomli-
noff à Varsovie, dans le moment actuel, .
Le Numéro avec le Supplément : DIX CENTIMES en France et en Belgique - Etranger : VINGT CENTIMES
Samedi 21 Février 1914
Gaston CALMETTE
Directeur-Gérant
RÉDACTION - ADMINISTRATION
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LE FIGARO
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« Loué par ceux-ci, blâmé par ceux-là, me moquant des sots, bravant les méchants, je me bâte
de rire de tout.;, de peur d'être obligé d'en pleurer. ». (BEAUMARCHAIS.)*
H. DE VILLEMESSANT
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d'abonnement que pour Paris.
Nos lecteurs trouveront notre
Supplément Littéraire
ENCARTÉ dans la quatrième page
du Figaro d'aujourd'hui.
SOMMAIRE
Un historien allemand de la Grande Armée :
HENRY ROUJON.
L'armée russe : RENÉ MARCHAND.
Amérique latine : GEORGES BOURDON.
Dessin : « Par fil spécial » : A. GUILLAUME.
La Chambre : L'étal sanitaire de l'armée ;
Discours de M. Maginot : PAS-PERDUS.
Le Dînèr de la Société Victor-Hugo : G..D.
Le Clairon de Sidi-Brahim : MAXIME GIRARD.
Courrier de la Bourse : Louis AUBERT.
Figaro-Théâtre : Au théâtre de Monte-Carlo :
« Cléopatre » ?: JULES MÉRY. - Avant le
rideau Au-.théâtre Antoine. -Courrier
des théâtres : RÉGIS GIGNOUX.
Feuilleton : « Plus penser que dire » : ANGEL
- .FLORY. ,
Un historien allemand
de la Grande Armée
Mon très cher ami Frédéric Masson
supporterait mal chez un de ses compa-
triotes la prétention de l'égaler dans le
culte de Napoléon. Il accepte toutefois,
et cela de la meilleure grâce du inonde,
la' courtoise rivalité d'un étranger. Et
d'un Allemand, s'il vous plaît, de pure
origine rhénane; d'un Germain au-
thentique, mais chez qui subsiste un
peu de l'esprit des riverains du grand
lleuve alors qu'ils échangeaient d'un
bord à l'autre des besoins de fraternité.
M. Paul Holzhausen, dans un souci d'é-
quité supérieure et par un acte de
libre amour, s'est fait en littérature
germanique l'historien, à, la fois, exact
et lyrique, de l'Epopée française. 11
nous donne aujourd'hui ce nouveau
travail, où se résument de longues
années de recherche : Les .Allemands
en Russie avec la Grande Armée. Ils
furent plus de deux cent mille, les fils
de l'Allemagne que Napoléon entraîna
au delà du Niémen ; après les Prus-
siens de York et les Autrichiens , de
Schwarzenberg, venaient ceux dés Aile-
magnes napoléonisées, Badois, Bava-
rois, Saxons, Wurtembergeois, Meck-
lembourgeois, Hessois, Westphaliens.
'Cent "mille d'entre eiix ne revinrent
pas. Louis de Bavière, ce romantique
couronne qui rêvait hautement, a voulu
élever dans sa capitale un monument
aux Bavarois victimes de la campagne
de Russie. Aux autres, à tous les Alle-
mands de la Grande Armée, M. Holz-
hausen consacre à son tour, mieux qu'un
monument de marbre ou de bronze, un
grand livre de gloire et de deuil, ke mi-
racle, c'est que cet historien, à l'âme de
poète, ait pu évoquer les épouvantes
du sacrifice le plus cruel qu'ait exigé
la guerre, sans un mot de reproche au
Sacrificateur. ? »
Qu'on en juge. M. Holzhausen m'écri-
vait ceci à la date du 9 février : « Au-
jourd'hui, il y a cent ans, les dernières
bandes de la Grande Armée avec le ter-
rible capitaine étaient en marche entre
Sézanne et Champaubert. La manoeuvre
de Montmirail avait commencé- C'est
avec un certain orgueil qu'à une journée
de si glorieuse mémoire j'ai reçu" la nou-
velle .de la publication de l'édition fran-
çaise de mon livre. » En vérité, il est une
sorte de religion napoléonienne où les
esprits les plus différents viennent com-
munier d'un bout à l'autre de l'univers
et de la pensée. A coup sûr M. Holzhau-
sen garde un coeur allemand, et qui
l'en blâmerait? Mais son grand-père
maternel avait fait campagne dans le
contingent francisé de Hesse-Darmstadt.
A Leipzig, à l'heure du suprême aban-
don, les Hessois demeurèrent fidèles. Le
vétéran enseigna l'histoire à son petit-fils
par la méthode du tambour Legrand de
Henri Heine. Plus tard, l'élève du vieux
soldat hessois apprit l'histoire à la ma-
nière des historiens ; au fond de sa
conscience, la charge napoléonienne bat-
tait toujours. Et c'est ainsi que persiste
dans la libre intelligence d'un docte
professeur de Bonn la foi d'un grognard
de la garde. Le phénomène n'est pas
pour nous déplaire.
Un souvenir de sa petite enfance a
dédié M. Holzhausen à la mission qu'il
accomplit aujourd'hui. « Enfant encore,
dit-il; j'assistais dans la petite ville de
Rheine à une des fêtes anniversaires de
notre pays. En tète des associations de
vétérans, parut une vieille femme, por-
tant en sautoir le bonnet des ' cahtiniè-
res. Tous la saluaient, car elle avait été,
la tremblante aïeule, avec le 61 ranci
Corse,'en Russie. Jeune femme en 1812,
elle avait, comme épouse d'yn soldat,
pris part à l'épopée, et à la mort de son
mari, avait courageusement poursuivi
sa route vers la Bérézina qu'elle passait
en habit d'homme. »
Cette revenante héroïque, appuyée sur
son tonnelet, c'est la Muse de l'historien
allemand de la Grande Armée, sa Clio
villageoise, en coiffe de veuve. La beauté
du livre de Paul Holzhausen et son ori-
ginalité poignante viennent de ceci que
l'auteur a tenu la {Diurne sous la dictée
des voix d'outre-tombe, il venait soixante
ans trop tard pour pouvoir récueillir les
derniers témoignages des survivants de
l'Année Douze; toutau plus lui fut-il per-
mis de pister l'oreille à dés balbutiements
de centenaires encore épouvantés. Les
dépositions directes, l'infatigable enquê-
teur les a-Cherchées et trouvées partout,
aux imprimés d'abord, mais ensuite,
mais surtout aux sources manuscrites,
carnets d'e route, journaux intimes, feuil-
lets jaunis.où de pauvres doigts à demi
gelés avaient griffonné des procès-ver-
baux de surhumaines douleurs. « J'ai,
m'écrivait encore M. Holzhausen, in-
terrogé, non pas #m, mais une cen-
taine de témoins oculaires, généraux,
officiers, maréchaux de logis, simples
soldats, jusqu'à des palefreniers. » Rien
de plus douloureux, de plus injuste, de
.plus atroce et de plus magnifique, rien
qui dévoile aussi implacablement toute
l'horreur de la Guerre et tout son su-
blime que cet interrogatoire de fan-
tômes. Rien qui exalte et venge mieux
le soldat !
Le Héros de -ce funèbre et sanglant
poème, c'est vraiment, sans aucun rival,
le troupier, le chiffre du nombre. C'est
le pauvre soldat d'un sou, qu'il ait été
Français de France, ou Allemand, ou
Belge", ou Hollandais, ou Illyrien, ou
Dalmate, ou Croate', ou Polonais, ou
Suisse, ou Espagnol, ou Portugais, ou
Italien. A l'appel du dominateùr, l'Occi-
dent s'était mis en marche vers le Nord,-
à la poursuite d'on ne sait quel rêve,
d'une vague conquête de l'Inde, d'une
Toison d'or, poussé par l'étemel besoin
de chimère et de violence ; tous étaient
partis à l'aventure, à l'exception des
Suédois, des Turcs et des Anglais. Dans
cette horde vouée aux colères divi-
nes, le meilleur de notre pitié et de
notre hommage s'en va vers ceux de
notre sang. M. Holzhausen préfère
les siens. Allez donc garder « l'ob-
jectivité », comme dit l'autre, lors-
que vous errez sur un champ de ba-
taille pour ramasser vos morts ! J'ad-
mire quelqu'un qui pourrait conserver
son calme en racontant 1812. Ce livre
d'un Allemand est mouillé de larmes.
Son effort d'équité n'en est que plus
noble.
Est-il vrai de dire que cette armée, où
SQ mêlaient quatorze peuples, ne mar-
chait qu'au fouet, à contre-coeur, médi-
tant d'avance l'abandon du Chef sans
égal, prête à le trahir au premier revers?
Mensonges. Eh juin, à Kowno, lors-
qu'elle franchit le Niémen, cette foule
pensait courir à une fête guerrière. L'ar-
rière-pensée félonne qui se cachait au
fond des rancunes de quelques généraux
prussiens, pour l'immense masse de nos
alliés étrangers n'eût représenté qu'op-
probre et infamie. La solidarité militaire,
l'ardeur do faire campagne, l'amour
ancestral du combat cher à toutes les
Amanites, l'orgueil de servir sous le
demi-dieu des batailles, tout cela fournis-
sait à cette Babel en marche le ciment
d'une sorte do patriotisme géant. Ils se
sentaient frères d'armes au milieu de
l'infinie confusion- des: langages et des
pensées'. Ils firent tous de leur mieux, d'a-
bord. Pour les Westphaliens, livrés à Ju-
not que guettait lafolie; pour les Bavarois,
disparus dans les flammes de Polosk ;
pour les Saxons, fauchés devant la grande
redoute de Borodino ; pour les Souabes,
qui montèrent aux murs de Smolensk
notre deuil a les mêmes larmes que
pour nos gars de Gascogne, de Cham-
pagne ou de Lorraine. Il faut bien une
môme sépulture à ces deux cent cin-
quante mille martyrs sans tombeaux.
Us reposent au sein du gigantesque
poème international édifié par la piété
des peuples. Dans cette magnanime
offrande expiatoire, où Ségur, Marbot et
Fezensac ont apporté l'immortelle de
Franco, Paul Holzhausen vient déposer
sa fleur du souvenir. Elle ressemble au
pâle myosotis des plaines rhénanes,
qui était cher aux Allemagnes d'autre-
fois.
Oui, les leurs ont combattu sous nos
aigles eii toute sincérité et dans l'ivresse
auguste d'obéir. Pourquoi donc en rou-
giraient-ils ? Gomment faire d'ailleurs
pour rénier les mille témoignages que
l'historien arrache aux tombeaux? On sait
les mots qui commençaient la proclama-
tion de Napoléon, à la veille de Boro-
dino, cette parole dont on s'étonne au
coin du feu, et que tout soldat comprend
à merveille : « Voilà enfin la bataille que
vous avez tant désirée ! » Aux souf-
frances qu'inflige la guerre il n'est
d'autre amusement que le combat.
Quelques jours avant Borodino, les
Wurtembergeois avaient vu passer en
hâte un courrier qui leur criait : « Pres-
sez-vous, si vous voulez prendre part à
la grande bataille ! » Ils se pressèrent.
Lorsqu'ils prirent connaissance du ma-
nifeste enflammé de l'Empereur, les cui-
rassiers saxons poussèrent les mêmes
vivais que ceux de la garde. « Jamais,
témoigne le lieutenant Meerheim, Na-
poléon ne fut pareillement acclamé
par nous. » Avant Moscou, avant l'hi-
ver, l'illusion s'explique. Mais écou-
tons un major wurtembergeois, le
docteur Roos; en novembre, par un
des froids soleils du retour, il vit pas-
ser Napoléon. « Là, comme aupara-
vant et comme plus tard, l'affection de
tous et la Considération générale le sui-
vaient, maigre les malheurs déjà suppor-
tés et les misères probables de l'ave-
nir. Tous les regards de ses troupes
étaient dirigés vers lui et on y lisait
l'admiration, la confiance et l'espoir.
A ce moment, comme dans la suite,
j'entendis des officiers de différentes
nations dire: « Tant que Napoléon sera au
» milieu de nous, le courage ne nous fera
» pas défaut. » Un chirurgien, weimarien,
Geissler, aperçut Napoléon, à la fin,
quand tout était perdu, alors qu'il les
quittait, leur laissant à sa place l'admi-
rable et incertain Murât: « Nous ne pou-
vions nous arrêter de contempler cet
homme dont les hauts faits remuaient
le monde. »
Un livre où l'on entend l'écho de ces
voix lointaines dire l'hymne du sacri-
fice militaire et célébrer la folie sacrée,
n'est-ce point une belle riposte à. ce
lourd monument de Leipzig où l'on a en-
tassé des moellons de haines ? Si toutes
les guerres sbnt criminelles, tous les-:
soldats y sont innocents et sanctifiés.
1812 reste l'année de l'hécatombe inex-
piable. Ceux qui' revinrent de Russie'
apparurent comme autant d'échappés
de l'enfer. « On me passait de main en
main », disait un brave Bavarois, de-
venu brigadier de police à Nurem-
berg . Le caporal Buttner, un des
témoins les plus véridiques, invalide
à vingt-sept ans, vivait' d'une pension
de sept florins par mois. Il obtint au
bout de-quinze ans un petit emploi-
dans les finances ; les gouvernements
ne se pressent jamais. Dans les vil-
lages, on s'obstinait à croire que le
fils, l'époux, le fiancé n'était pas en-
dormi sous les neiges, que les Cosaques
l'avaient emmené en Sibérie, qu'il re-
viendrait. Une paysanne du Mecklem-
bourg demandait à Reuter s'il y avait
encore en Russie des prisonniers ; elle
attendait depuis trente-sept ans son
amoureux.
Il sied à l'Histoire de se faire, à l'exem-
ple de cette humble fille, une âme de
tendresse et de fidélité.
Henry Roujon.
Échos
£> Température
Le ciel, hier, eut de singuliers caprices.
Au commencement de l'après-midi, un gai
soleil brillait. Puis, brusquement, vers cinq
heures, une pluie froide se mit à tomber.
La température s'est relevée légèrement. A
midi, le thermomètre marquait 7°5 ; à cinq
heures, 10°. Le baromètre accusait à midi
757*°y
Les' pluies ont continué sur le nord et
l'ouest de l'Europe.
Départements, le matin, au-dessus de \êro :
3°i à Nantes ; 40 à Lyon, 4°6 à Limoges ; 6°8
à Nancy; 8° à Marseille; 8"2 à Bordeaux;
9°2 à Nice ; II° à Biarritz ; n°4 à Alger.
En France, un temps doux et nuageux est
probable.
(La température du 20 février 1913 était, à
Paris : le matin, 50 au-dessous de zéro ; le
soir, 2°S au-dessous. Baromètre, 762""°. Jour-
née froide.)
Pu New York Herald :
A New-York : Nuageux. Température :
max., - I°I ; - min., 5°5- Vent nord-est. -
A Londres : Pluvieux. Température : max.,
io° ; min., 3°3. Baromètre : 748°"°. Vent sud-
sud-est. - A Berlin : Température, 6°.
Les Course^
Aujourd'hui, à deux heures, Courses
Samt-Quen. .- Gagnants du Figaro î
Prix de l'Artois : Guise II ; Chambly.
Prix de la Scarpe : Valéria ; Prétendante.
Prix du Cambrais : Chloral; Le Balafré II.
Prix de la Flandre : Bozkario ; Onzain.
Prix du Hainaut : Sir Peter ; Le Potache.
Prix de l'Oise : Tribun II ; Usurier.
. M ^ .
ENFIN, BRAVO!
^ Nous avons enfin une occasion de
féliciter le cabinet Doumergue et
de l'applaudir , avec tous les amis de
l'armée.
C'est à M. Maginot, sous-secrétaire
d'Etat à la guerre, que revient l'honneur
d'avoir fait entendre les paroles de bon
sens et de patriotique raison qui ont dé-
clanché les acclamations de la Chambre
au milieu de la consternation de l'ex-
trême gauche et des unifiés stupéfaits.
La Lorraine pensive devait inspirer le
député de la Meuse, à propos de la ré-
forme militaire que tant d'alliés du mi-
nistère, se conformant aux votes anti-
militaristes du congrès de Pau, veu-
lent saboter puis détruire; et M. Ma-
ginot s'est montré à la hauteur de sa no-
ble tâche quand,; à propos des maladies
répandues dans les casernes, il a déclaré
qu'il ne fallait pas chercher à soulever
l'opinion publique contre cette loi de
trois ans que le Parlement a jugée né-
cessaire à la défense nationale.
L'indignation de quelques-uns,, l'en-
thousiasme de tous les autres ont
été - indescriptibles quand le sous-se-
crétaire d'Etat a ' ajouté qu'il fallait
une longue adaptation et qu'on, ne pou-
vait décemment espérer, à quelques
mois de distance, que le Parlement
donnerait Y invraisemblable spectacle de
vouloir revenir sur ces mesures indis-
pensables.
M. Marcel Sembat a donné à cet inci-
dent toute sa véritable portée en s'éle-
vant contre le langage de M. Maginot et
en demandant si le président du Conseil
approuvait des déclarations d'une pa-
reille gravité.
La réponse de M. Doumergue et de M.
Noulens a été aussi nette que l'affirma-
tion de M. Maginot. Les deux ministres
se sont levés pour féliciter le sous-se-
crétaire d'Etat en lui serrant les mains ;
et M^ Barthou, témoin heureux de cette
manifestation militariste, a spirituelle-
ment. ajouté : « Voilà une poignée de
main qui sera mentionnée au Journal
officiel ». .
Dans le pays, cette poignée de main a
produira un effet encore plus considé- '
rable qu'à la Chambre, si grande qu'ait
été l'émotion de nos députés; .
C'est l'indice, en effet, d'un change-
ment complet dans l'attitude de la
portion raisonnable du cabinet, et la
répercussion en a été immédiate au
Palais-Bourbon. La Chambre, qui avait
refusé vendredi dernier par 353 voix
contre 189 de continuer avant le vendredi
suivant la discussion sur l'hygiène
de l'armée, a jugé, comme on le lui de-
mandait en vain huit jours auparavant,
« que la santé de nos soldats devait pri-
mer toutes les autres questions » et
qu'elle poursuivrait dès lundi cette in-
terpellation. Ce vote a eu lieu à mains
levées tant, cette fois, il réunissait
l'immense majorité des députés. Puis
comme M. Caillaux et M. Cochery in-
sistaient pour qu'on affectât à la dis-
cussion du budget la séance de vendredi
prochain-, 280 Voix contre 279 ont décidé
au contraire de consacrer ce vendredi à
l'intrepellation sur la politique finan-
cière du cabinet : et M. Jaurès a pour la
première fois voté contre M. Caillaux.
Il a repris sa libertéi puisque le prix
de son alliance était la loi militaire dé-
testée.
Les unifiés commencent d'ailleurs à
comprendre que leur cause sera fatale-
ment trahie, si les élections générales
sont dirigées par un gouvernement dont
l'estampillé les rend les esclaves énervés
ou les protégés asservis.
L'équivoque est donc à peu près dissi-
pée, et la solution est proche.
La situation du ministère, désormais
suspect, est en tout cas terriblement
modifiée puisque, au sujet d'une même
. question d'ordre du jour, le cabinet, qui
réunissait 353 voix vendredi dernier, ne
comptait plus hier que 279 voix pour lui.
La journée est bonne pour le pays. -
Gaston CALMETTE.
A Travers Paris
Le prince d'Arenberg, MM. Paul Beau-
regard et Louis Bernier, de l'Institut,
viennent d'accepter avec M. Pallain,
gouverneur, de la Banque de France, de
faire partie d'un comité présidé par
M.Jean Coignet, président de la Cham-
bré( de: commerce de Lyon, et qui se
propose d'élevêr un monument à la
mêmoire du regretté M. Aynard, ancien
membre de l'Académie des beaux-arts,
régent de la Banque de France et dé
puté du Rhône.
M. Albert Jonnart, président du
conseil d'arrondissement de Lyon, et
M. de Nalèche, directeur du Journal des
Débats, sont également membres du
comité.
Ce monument, un buste, sera placé
dans les jardins du palais du Commerce,
à Lyon.
. . ? !
Une grande enquête.
Elle vient de se clore. Elle a duré près
de vingt ans, Il s'agit, en effet, de la
très importante enquête ouverte en 1895,
sur l'initatiye du regretté M. Cheysson,
par la Société des agriculteurs de France,
sous forme d'un concours de monogra-
phies concernant 1' « Histoire et la si-
tuation actuelle d'une commune rurale
en France ».
Hier, au congrès -des agriculteurs, M.
Cornelis de Witt a étudié les résultats
dp cette belle enquête ; et il l'a fait dans
un rapport très remarqué et très ap-
plaudi. Constatant avec plaisir que par-
tout les « dirigeants », les « éducateurs
de la race », - ecclésiastiques, institu-
teurs^ médecins, propriétaires, géomè-
tres, - ont répondu à l'appel de la So-
ciété des agriculteurs de* France, il a
ajouté que la consultation s'est produite
dans tous lés coins du pays, dans les
communes des types ruraux les plus di-
vers : aussi: offre-t-elle les aspects les
plus variés, les plus complets, les plus
instructifs...
M. Cornelis de Witt estime avec rai-
son qu'il convient maintenant de cou-
ronner cette enquête, due au bon vou-
loir de tant d'observateurs isolés et sa-
gaces, en procédant à des travaux d'en-
semble, à une sorte de synthèse écono-
mique et sociale, qui servirait à son tour
de point de départ à une action et une
propagande efficaces.
C est là un voeu qu'il faut répéter et
aider à se réaliser, dans l'intérêt si évi-,
dent de l'agriculture française.
Et maintenant, quand paraîtra la nou-
velle.monnaie de nickel?
Il est très probable que les premières
piécettes do 25, 10 et 5 centimes porte-
ront le millésime de 1914 et seront mises
dès cette année en circulation.
M. Lindauer a été convoqué à la Mon-
naie et, dès hier, il s'est entendu avec
M .^Martin, directeur de cet établisse-
ment, et M. Patey, graveur général des
monnaies, sur les détails et les délais de
fabrication des divers instruments de
frappe.
Il pourrait livrer ces instruments,
qu'il exécutera lui-même, d'ici à quelques
mois, et on commencerait alors la frappe.
La quantité de pièces de nickel à lancer
cette année sera fixée par décret.
Il n'est pas* impossible que les pre-
mières sortent des presses du quai Conti
dans le courant de l'été. Le billon de
bronze ne serait d'ailleurs retiré que
lentement de la circulation.
Nous recevons du Carnet d'Epicure,
« organe de la Ligue des Gourmands »,
la lettre suivante :
Monsieur et cher confrère,
Nous avons décidé de fêter par un dîner
très simple, mais excellent, le deux-centième
anniversaire de Denis Papin, mort de misère
aux environ^ de Marbourg en 1714.
Dans un article paru il y a deux ans, nous
manifestions l'espoir que les grands indus-
triels, qui doivent tant à Denis Papin, ne
laisseraient pas passer cette date sans rendre
hommage à l'illustre savant. Notre appel ne
trouva qu'un seul écho, et ce fut au Canada.
Peut-etre faut-il se féliciter qu'aucun co-
mité officiel ne se soit formé en France, car
ce comité eût encore fait ériger une statue
nouvelle, ce qui eût été lamentable.
Mais nous espérons que dans toutes les
villes de notre pays, comme en Angleterre et
ailleurs, on fêtera dignement Denis Papin,
le 25 avril, en buvant, en son honneur, les
glorieux vins de'France.
Veuillez agréer, etc.
Th. GRINGOIRE,
Rédacteur en chef.
On pourrait se demander pourquoi le
Carnet d'Epicure prend l'initiative de
commémorer Denis Papin, mort de
faim. Voici : Denis Papin était cuisi-
nier. Il est vrai que M. Nordmann, l'é-
minent astronome, a contesté naguère
ce fait dans le Matin. Mais, justement,
le Carnet d'Epicure entre en polémique,
et lance un défi à M. Nordmann, dans
les termes que voici :
Nous offrions de prouver que .les docu-
ments auxquels se référait l'éminent astro-
nome établissaient au contraire d'une façon
nette et précise que le docteur Denis Papin
avait exerce la cuisine, et que ce furent ses
obsérvations de cuisinier qui l'amenèrent à
découvrir ,ies principes de la machine à va-
peur.
Le Matin n'ayant pas cru devoir rectifier,
un ami du Carnet d'Epicure, qui désire gar-
der l'anonymat, mais, dont nous nous por-
tons garants, offre de verser 500 guinées
(13,200 fr.) à l'hôpital français de Londres, si
M.. Charles Nordmann veut bien faire la
preuve de son assertion qui se résume ainsi :
« Denis Papin ne fut pâs cuisinier ».
Cette preuve devra être faite au plus tard
le 25 avril 1914; date fixée par le Garnet d'E-
picure pour le dîner international en l'hon-
neur de Denis Papin, à l'occasion de son se-
cond centenaire.
Il reste à savoir si les amis de la bonne
cuisine confondront l'ami des étoiles.
Gomme nous l'avons dit, c'est lundi
prochain, à pnze heures du matin, que
S. A. S\ le prince de Monaco inaugurera,
en présence de M, Viviani, ministre de
l'instruction publique et des beaux-arts
de la République française ; du délégué
de l'Académie des beaux-arts de Paris,
M. Denys Puech ; du général Massenet
de Marancour, représentant la famille
Massenet, et des notabilités de la prin-
cipauté. et du département des Alpes-
Maritimes, le monument élevé à Monte-
Carlo au maître Massenet.,
Rappelons que la première de Cléo-
pâtre, l'oeuvre posthume de l'illustre
compositeur, sera donnée à cette occa-
sion, lundi soir, à l'Opéra de Monte-
Carlo.
Le sourcier sans lé savoir.
Les ingénieurs de la Ville de Paris,
plus heureux que certains sourciers, ont
trouvé hier dans les propriétés do la
Ville, aux environs de Nemours, une
source dont nul aspect extérieur n'indi-
quait la présence.
Et quelle source! Elle débite par jour
huit mille mètres cubes d'une eau lim-
pide et exquise : de quoi alimenter une
ville de vingt-cinq mille âmes.
Ce qu'il y a de plus amusant, c'est que
la source a été rencontrée à l'endroit
précis où les ingénieurs convoitaient de
recapter la source de « la Folie », déjà
captée par eux, il y a plusieurs années,
en arrière de la voie ferrée du Bourbon-
nais. L'ingénieur en chef, estimant que
la source, libre en ce moment, passait
sous la voie, redouta une contamination
des eaux. Il délibéra de la capter à nou-
veau en avant de la voie. Les sondages
exécutés, l'eau jaillit en quantités impor-
tantes et, au grand étonnëment des in-
génieurs, le débit de la source de « la
Folie », à l'ancien captage, de l'autre
côté-de la Loire, ne diminua pas.
On s'était donc trompé en croyant re-
trouver, en avant de la ligne ferrée, la
source dë <^lâ Folie i».< Elle avait ùn autre
parcours,
Ce fut la bonne erreur. Paris gagnera
de recevoir bientôt, chaque jour, huit
mille mètres cubes supplémentaires
d'eau d'une pureté absolue.
C'est un cri unanime dans Paris : la
Revue de l'Amour, aux Folies-Bergère,
dépasse de cent longueurs, tous les
succès'connus jusqu'à ce jour. Le spec-
tacle dans la salle avec le Pont Lumi-
neux, désormais légendairè, est un' des
grands attraits parmi les mille attraits
de cette revue. Les meilleures places
pour apprécier ce spectacle sont les
loges et les avant-scènes, aussi est-il bon
de les retenir d'avance, car il y a foule
chaque soir aux Folies-Bergère pour
applaudir la Revue de l'Amour avec
toutes ses attractions, et particulière-
ment le fameux trio Gomez, qui sont
bien les plus extraordinaires danseurs
que l'Espagne nous ait jamais envoyés.
On prépare en ce moment dans les
ateliers de Boissonnas et Taponier, rue
de la Paix, un ouvrage très intéressant
sur la Grèce. Il sera illustré de merveil-
leuses photographies obtenues par un
procède nouveau.
' Le texte est d'un de nos académiciens
les plus distingués 1 et très amoureux de
la Grèce antique.
Le format de l'ouvrage et son prix se-
ront raisonnables, et sûrement il obtien-
dra, près des amateurs, le succès qu'ont
toujours les oeuvres pleines de goût et
d'art de Taponier.
Nouvelles à la Main
- Guillaume Rolland, le clairon de
Sidi-Brahim, est arrivé hier à Paris et a
été reçu à la gare avec un grand enthou-
siasme.
- Vous n'auriez pas voulu que ce glo-
rieux vieillard débarquât sans tambour
ni trompette.
Le Masque de Fer.
Souscription an monument Paul Déroulède
Nous avons reçu au Figaro pour le
monument à élever à Déroulède :
M. Georges Leygués, député..Fr. 500 »
M. et Mme Georges Dehaut...... 250 »
M. de Freycinet...... 40 »
M. Jules Lax 20 »
R. T.................-........... 20 »
A. G*- A. L ... «....«...........* 20 »
Un petit patriote de dix ans ..... 1 »
M. A. Tavernier 20 »
M. l'abbé Louis Gourdoux 10 »
M. E. Dervaux 50 »
Georges et André Haakman, « en
souvenir de notre collaboration
avec le grand patriote 10 »
Deux Frapçais de Bruxelles 5 »
M. et Mme Henry-Thomas Fala-
teiif.... 100 »
M. Georges Linzeler 20 »
M. J. Ployer 40 »
M. et Mme Eugène Jardin 40 H
Anonyme, bon de poste 5 m
Total.. Fr. 1.151 »
Listes précédentes....Fr. 2.825 »
Total général... Fr. 3.976 »
Nous transmettrons ces sommes à îa
Ligue des Patriotes.
ANTICIPATIONS
Les Joies de l'Impôt sur le revenu
\ ' -? m ' . - A -
Ûn de nos lecteurs nous adresse l'intéres-
sante communication que voici :
Point n'est besoin d'aller en Allema-
gne pour étudier la façon dont fonc-
tionne l'impôt avec déclaration contrô-
lée.
Cet impôt existe déjà en France, c'est
l'impôt appliqué sur le montant des dé-
clarations de succession.
Voici un exemple de son caractère
abusif et vexatoire.
En l'occurrence, il s'agit pourtant d'un
cas qui ne .devrait soulever aucune dif-
ficulté, puisque la succession est repré-
sentée par quelque chose de bien dé-
fini : une maison.
Tout d'abord quel est le . capital re-
présenté par une maison?
L'Enregistrement admet que le capital
représenté par une maison est égal au
revenu de cette maison multiplié par
vingt.
Que fait donc le contribuable ? Si sa
maison est louée par baux, il additionné
le montant de ses baux, multiplie ce
montant par vingt, et fait sa déclara-
tion. C'est son droit et cette façon de
voir-trouve appui sur un jugement du
Tribunal de la Seine du 20 décembre
1911.
L'Enregistrement intervient alors et
déclare : "
« Si le revenu calculé d'après les
baux est supérieur au revenu cadastral >.
vous paierez sur le revenu calculé d'à*
près les baux. Si le revenu calculé d'a-
près les baux est inférieur au revenu
cadastral, vous paierez d'après le revenu
cadastral. »
L'Enregistrement prend toujours,
comme on voit, le revenu qui corres-
pond au maximum de perception.
Vous faites alors remarquer à l'Enre-
gistrement que vous ne devez payer que ?
sur le revenu existant au moment du
décès, revenu dont vous héritez réelle-
ment ; que ce revenu réel est celui qui
est indiqué par les baux; que le revenu,
cadastral ne correspond pas au revenu
réel au moment du décès ; que, depuis
qu'il a été établi, des changements ont
pu se produire. Vains arguments. L'En-
registrement maintient ses prétentions.
Vous lui faites remarquer que ce dif-
férend a_ déjà été tranché ; que votre
thèse a été acceptée par le Tribunal de
la Seine : l'Enregistrement répond que ?
ce jugement lui importé peu, et il vous
somme d'avoir à payer immédiatement,
sinon une contrainte va vous être signi-
fiée.
D'où procès... et frais de procédure
fort élevés, si vous n'habitez pas la ville
où vous êtes propriétaire. :
Cette histoire date d'hier ; j'en suis le
triste héros et vais être obligé de payer
pour m'éyiter des frais et des ennuis!
Devant les difficultés qù'entrâîne une
déclaration aussi simple que celle d'une'
maison, devant les ennuis que crée l'En-
registrement qui ne veut même pas
s'incliner devant la jurisprudence, on
peut, d'ores et déjà, prévoir ce qui se
produirait dans le cas où un impôt se-
rait basé sur la déclaration !
MORAN
Ingénieur à Paris, proprié-
taire à Bordeaux.
L'Armée russe
Une nomination Importante
. . (DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Saint-Pétersbourg, 20 février.'
Le bruit court avec persistance que le
général Soukhomlinoff, ministre de îa
guerre, va être nommé gouverneur
général et commandant en chef des
troupes de la circonscription militaire
de Varsovie. Des informations sûres
me permettent de considérer cette no-
mination comme très possible et aussi
de vous signaler l'importance considé-
rable qu'il faudrait lui attribuer si elle
se 'faisait, car elle serait motivée direc-
tement par l'état incertain de la situa-
tion extérieure.
On sait l'oeuvre inoubliable accomplie
au ministère de la guerre depuis cinq
ans par le général Soukhomlinoff. Ce
n'est un secret pour personne qu'au-
jourd'hui cette oeuvre est presque ter-
minée. Les effectifs de l'armée russe ont
été augmentés dans des proportions sans
précédent.
La mesure exceptionnelle prise deux
ans de suite déjà dé maintenir la classe
libérable sous les drapeaux au delà du
terme normal va devenir, incessamment,
une loi, puisque le projet soumis aux
Chambres fixe la date de la libération de
la classe au mois d'avril au lieu de no-
vembre, donnant ainsi au ministre de la
guerre la possibilité de disposer à toute
époque de quatre classes instruites sous
les drapeaux. En outre, les effectifs de
chaque classe ont été augmentés dans la
proportion de cent soixante-deux mille
^hommes et l'armée russe, sur le pied de
paix, compte dès maintenant un million
et demi d'hommes.
Quant aux réserves, leur importance
numérique se trouve dès aujourd'hui,
par suite du nouveau système adopté,
accrue dans des proportions qui permet-
tent d'affirmer que les effectifs.de guerre
dépasseraient cinq millions de combat-
tants.
D'autre part, le matériel dé guerre a
fait des progrès immenses. L'artillerie
est portée, à une force offensive que l'on
n'avait jamais connue. Les derniers cré-
dits de 500 millions de roubles néces-
saires pour achever complètement l'oeu-
vre du général Soukhomlihoff viennent
d'être .demandés à la Douma-
La nomination du général Soukhomli-
noff à Varsovie, dans le moment actuel, .
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