Titre : Figaro : journal non politique
Éditeur : Figaro (Paris)
Date d'édition : 1910-12-17
Contributeur : Villemessant, Hippolyte de (1810-1879). Directeur de publication
Contributeur : Jouvin, Benoît (1810-1886). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34355551z
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 17 décembre 1910 17 décembre 1910
Description : 1910/12/17 (Numéro 351). 1910/12/17 (Numéro 351).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
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Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Description : Collection numérique : France-Brésil Collection numérique : France-Brésil
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k289064c
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
Samedi iTDëcembpèlMlE
Ê66 Année 3e Série H° 351
Le Numéro avec son Supplément 10 CENTIMES dans toute te France Étranger 20 CENTIMES
Gaston CALMETTE
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c Loué par ceux-ci, blâmé par ceux-là, me moquant des sots, bravant les méchants, je me- hâte.
'de rire de tout. de peur d'être obligé d'en pleurer. » (Beaumarchais.)
Dans les ooloniea françaises; mêmes prit
d'abonnement que pour Paris.' .̃'̃ ?
I*1b Triomphe du Cœur
Ne reste pas ainsi, blanche et muette, en face
De la ville houleuse où la clarté s'efface
Et sur qui le brouillard pèse comme une mer.
Le balcon semble un pont frémissant de steamer;
Hors des flots épaissis qu'un pignon d'angle troue
Un toit émerge obliquement comme une proue;
Un autre, au loin, s'enlise et dresse un mât figé.
On dirait que la ville entière a naufragé,
Avec sa cargaison de cris et de lumières,
Dans un lourd océan sans flux et sans colères s
Qù: monte, mousse et traîne, en indolents circuits, • >
Une écume de voix, de lueurs et de bruits..
Ferme les yeux au froid spectacle qui t'obsède
Re.tourne-toi derrière nous la chambre est tiède.
Le signet pend au livre ancien que nous lisons1;
Les flammes ont noué leur écharpe aux tisons;
Les reflets familiers tremblent aux murs. Qu'importe
Le flot fuligineux noyant la ville morte,
Si nous pouvons ici, loin des gels et. des vents,
Comme dans une serre aux effluves fervents
Où germent pour nous seuls de fabuleux mensonges, >. ,-•
jBpanouir la fleur magique de nos songes?.
Dehors, le ciel frissonne et l'air même est transi;
L'horizon se restreint. Ne reste pas ainsi
Droite, et blanche, et, comme une vigie, obstinée
4. guetter, à travers la brume déchaînée,
Les reflets d'on ne sait quel rivage incertain;
Oublie où nous aborderons demain matin;
Viens les coussins légers ont gardé ton empreinte:
Abandonne ta lassitude à leur étreinte; ̃:
Mais ne va pas, avec un sourire attristé,
Soupirer comme hier Ah 1 notre cher été 1.
Sans doute, il était magnifique
L'été qui cacha nos amours.
̃'• Il nous vêtit d'une tuuique
De rayons clairs et de beaux jours.
Il fit plus brûlantes nos fièvres
Par ses ardeurs qu'il y mêlait;
Nous baisions son souffle à nos lèvres;. ̃ •̃
Son regard nous auréolait.
~*Ji» Sur son sein de mousses et d'herbes,
̃̃̃••• II nous berçait, extasiés
Nos doigts cueillaient toutes les gerbes' -–•̃-<•̃'«<̃>"̃»•«̃̃
Tous les lis étaient sous nos pieds. v
,Par ses fluides harmonies
Et la splendeur de ses décors,
Par ses langueurs indéfinies
Où se dissolvaient nos deux corps,
Par les multiples stratagèmes
De ses parfums aux longs remous,
Il sut nous ravir à nous-mêmes
Comme un tyran sauvage et doux. •'
Nous cédions à tous ses prestiges,
̃̃̃̃' Et nous sentions ses grandes mains
Qui nous mêlaient à des vertiges
Trop profonds pour des sens humains.
Comme les arbres et les plantes,
Nous nous tendions, insoucieux,-
Vers les caresses violentes ̃•̃'̃•
De l'air, de la terre, et des cieux; ̃•>
Et leur ivresse était la nôtre
Dans les bras fauves de Tété;
Mais que savions-nous l'un de l'autre
Au delà de la volupté ?.
Tandis que sur nos fronts versant leurs sortilèges
Les heures déployaient leurs éclatants cortèges,
N'as-tu jamais été triste, n'as-tu jamais,
Dans l'abîme de flamme où tu te consumais,
Senti l'obsession grave et l'inquiétude
De l'ombre, du silence et de la solitude?.
Ne regrette donc pas l'impérieux été;
Nous n'avons pas besoin de sa complicité.
Lés éhoses nous couvraient ainsi qu'une marée;
Mais leur séduction s'est de nous retirée
Les parfums dans les vents d'automne ont pris leur vol;
jusqu'au printemps prochain les sèves dans le sol
Languissent; les échos s'affaissent; les cieux dorment;
La clarté s'épaissit les contours se déforment;
Des objets vacillants qu'estompent des pâleurs
On voit se détacher et glisser les couleurs. •̃'•
Autour de nous le monde hostile est en déroute;
Les choses n'ont plus l'air que de leur ombre. Ecoute
Nous sommes seuls et, dans la paix où nous baignons,
Nos liens, un àun, sont tombés. Nous régnons.
Je retrouve tes traits sereins, tes gestes chastes,
Ton fragile visage pâle et tes yeux vastes,
Où, sous l'azur, à de lointaines profondeurs,
Scintille un firmament d'astres intérieurs.
Loin de l'âpre saison qui fit de nous ses proies,
Nous devrons à nous seuls nos douleurs et nos joies.
Nous commençons enfin à nous appartenir;
Sans un regret et sans même le souvenir
Des heures d'esclavage et des ardeurs brutales,
Comme une Ûeur de pourpre aux flamboyants pétales,
Au-dessus de l'hiver nous dresserons, vainqueurs,
L'jvresse triomphale et libre de.ttos cœurs.
Le brouillard, cependant, déferle à la fenêtre, V
Et la nuit. Souriante à l'hiver qui va naître,
Tu consens au bonheur nouveau qui nous attend;
Tu frôles de ton front mon épaule; et pourtant,
Tu murmures « Si nous allions. et ta figure
S'inquiète des mots que ta bouche murmure,
•Si dans l'ombre limpide où nous nous enfermons,
Nous allions distinguer jusqu'où nous nous aimons!
Maurice Levjûïl&it.
LA VIE DE PARIS
Les Enfants s'amusent
les Parents aussi
Voici l'époque où les petits enfants sont
bien sages. Ils ne frappent plus du tanibour
pendant que leur père fait semblant de tra-
vailler. Ils ne courent plus à toutes jambes à
travers l'appartement. Ils ne cassent presque
plus rien. Ils semblent avoir perdu l'habitude
de déchirer tous les papiers. Et même ils re-
noncent à cette absolue domination par le cri
qu'ils exercent, durant toute l'année, sur toute
la maison. Ils acceptent lâchement toutes les
remontrances. Et nous nous réjouissons, alors
que nous devrions peut-être nous inquiéter.
Nps enfants ne sont sages que par intérêt. La
cupidité vient de toucher leurs petites âmes.
Nos enfants veulent des étrennes.
Ils les auraient tout de même. Chut ne le
disons pas trop fort. Les enfants sont si pré-
coces, aux jours où nous sommes 1 Peut-être
bien qu'ils nous entendraient. Ils les auraient
tout de même, s'ils continuaient à hurler.
Mais ils croient encore à ce que nous disons.
Et nous leur disons qu'ils n'auront rien du
tout, s'ils sont méchants. Alors, ils sont
sages comme tout..
Ils sont assis sur les chaises et regardent,
les catalogues d'étrennes. Que désirent-ils ?
Là petite fille hésite entre la poupée, le mé-
nage de la poupée, la voiture de la poupée,
la, chambre de la poupée, ou la. cuisine
où se prépare la dinétte de la poupée. Le
petit garçon ne sait point si c'est un che-
val qu'il préfère, ou l'automobile, ou le
petit chemin de fer avec sa gare, ses rails et
même sa catastrophe. Il y a bien les livres
aussi. Les livres sont pour les enfants pleins
de mystère. Il y a de tout petits bébés qui
regardent les livres d'un air pensif, et, tour-
nant les pages, balbutient des phrases aux-
quelles on ne comprend rien, et qu'ils sem-
blent découvrir dans l'ouvrage obscur qu'ils
manient.
Et le père et la mère, qui sont des enfants
aussi, mais des enfants que, miraculeusement,
on prend au sérieux, lisent pareillement des
catalogues. Tous les catalogues. Mais lequel
pourrait les intéresser davantage que celui de
}a maison Hachette ? On sait les merveilles qui,
chaque année à cette époque, sortent des
presses de cette grande maison. Et nous
l'avons souvent louée ici de savoir donner,
tous les décembres, aux bibliophiles, la joie
nouvelle des luxueuses éditions qu'on manie
avec des précautions dévotes, et qu'on ne serre
"qti*a "regret dans l'armoire aux beaux livres.
.«G&&: parfaits chefs-d'œuvre,, la librairie- Ba«*-
Chette pourrait s'en interdire là coûteuse folie.
Mais elle tient à cette folie, elle veut, chaque
année, après le fécond labeur des douze mois
écoulés, nous donner le régal de quelques
très belles choses dont elle ne saurait tirer
sans doute aucun profit mais qui lui feront
beaucoup d'honneur c'est une fleur à la bou-
tonnière, fleur précieuse infiniment c'est une
coquetterie dont vraiment il faut remercier la
librairie Hachette, de garder si magnifique-
ment la tradition. Ainsi elle travaille brillam-
ment pour la renommée et pour l'honneur de
4a Librairie française tout entière. 1
Nous étudierons prochainement en détail
les admirables productions de la librairie
Hachette. Mais dès maintenant nous ne pou-
vons,nous retenir de signaler particulière-
ment les plus beaux ouvrages. Voici d'abord
Bans Memlinc. Jamais encore l'oeuvre du
grand peintre flamand n'a été si luxueusement
présentée. Les tableaux de ce maître sont re-
produits en couleurs, avec une finesse et une
fidélité auxquelles il eût été impossible d'at-
teindre, avant les merveilleux progrès de la
gravure polychrome. La Châsse de Sainte
Ursule, le Diptyque de Marten van Nieu-
wenhove, tous les chefs-d'œuvre indiscutés du
grand primitif sont réunis dans ce magni-
fique volume, et commentés en de savantes
notices.
Et voici Tiepolo, sa vie, son œuvre, son
temps. On apprend à connaître le dernier
grand peintre de la République des Doges,
ce merveilleux artiste dédaigné par ses con-
temporains, dans la savante documentation
de M. Molmenti. Quatre cents gravures ex-
posent son œuvre expressive et mouvemen-
tée, où apparaissent les mille visages de
l'humanité. La joie des yeux par la beauté de
l'illustration. La joie de l'esprit, par la sûreté
et la science de la critique. Tel est cet ou-
vrage unique.
Voici encore l'Or du Rhin, la Walkyrie,
de Richard Wagner, ornés de quarante illus-
trations en couleurs, d'après les aquarelles de
Arthur Rackham. Jamais la verve du presti-
gieux illustrateur du Songe d'une nuit d'été
ne s'est plus pleinement exercée. Il avait
pour la stimuler les Ondines gracieuses et
légères qui vivent en des grottes de cristal,
au sein des eaux vertes du vieux fleuve.
Il avait les walkyries casquées d'ailes, che-
vauchant dans les airs leurs montures de
rêve. Il avait les monstres et les héros, les
hommes et les dieux. Et ses quarante tableaux
enrichissent ce que l'on croyait impossible
le prologue et la première partie de la Té-
tralogie, dont les deux autres parties seront
publiées l'année prochaine. Mais on n'ose pas
trop vanter cette publication. La raison est
simple le premier tirage est déjà épuisé. Et
nos éloges deviendraient vite, chez nos lec»
teurs, des regrets.
Et c'est l'Histoire dé, France publiée sous la
'direction d'Ernest Lavisse, grandiose monu-
ment dont la librairie Hachette avait entre-
pris if y a longtemps l'édification et qui en
dix-sept volumes se trouve aujourd'hui para-
chevé. `
Deux ouvrages encore en hâte, car la
place commence' à nous manquer. Ce sont
l'Architecture romane en France, recueil de
313' gravures grâce à quoi les profanes pour-
ront désormais pénétrer tous les secrets de la
technique romane, et s'initier à la beauté de
cette architecture les Estampes japonaises,
une étude claire, approfondie et complète,
due à M. de Seidlitz, qui s'est acquis une
haute renommée parmi les historiens de l'art
japonais. Son ouvrage est orné de seize admi-
rables planches en couleur.
Voilà quelques-unes des étrennes que la
librairie Hachette offre cette année à ses
fidèles bibliophiles. ,̃ )
Elles sont dignes de son passé et de ses
traditions. Elles sont une preuve nouvelle de
sa merveilleuse jeunesse, et de cette acti-
vité surprenante à laquelle nous devons ces
publications animées et vivantes qui sont
les Lectures pour tous, la Vie Heureuse,
la Vie d la campagne, le Journal de la
jeunesse, tant de revues, et si diverses
qu'il y en a, comme on dit, pour tous les
goûts, et pour tous les âges, et que parents
et enfants, cessant, les uns de gronder, les
autres de crier, penchent sur la table fami-
liale des visages apaisés et réconciliés.
Echos
'̃ha Température
Il fait très chaud pour la saison et il pleut.
Hier matin le thermomètre marquait 9° à
midi, 140. Baromètre, 752""11. Les dépressions
continuent à se succéder sur l'ouest de l'Eu-
rope, ce qui ne nous annonce pas du beau
temps. Sur les côtes de la, Manche et de l'O-
céan, la mer est démontée. Elle est belle sur
le littoral de la Méditerranée.
Départements, le matin. Au-dessus de \éro
i° â Gap .6° à Clermont et à Lyon 70 à Mar-
seille 8° à Limoges et à Dunkerque •, 90 à
Boulogn/J çt'à Toulouse 11» -à.~BÔr.d€aux
13° à, Brest; 130 à Nantes et à Cherbourg;
140 à Rochefort; 170 à Biarritz et à Alger.
En France, des pluies sont encore proba-
bles le temps va rester doux.
(La température du 16 décembre 1909 était,
à Paris le matin, 2° au-dessous de zéro à
midi, 50 au-dessus. Baromètre, 75Ômm9. Jour-
née agréable.)
Du New York Herald
A New York Temps beau. Tempéra-
ture maxima, 70 minima, 30. Vent nord-
ouest.
A Londres Temps pluvieux. Température
maxima, ii°; minima, 90. Baromètre 752mm.
A Berlin Température (à midi) 70.
A Travers Paris.
Encore 1.
La commission des douanes s'est oc-
cupée hier de la question des droits qui
doivent frapper les briquets automa-
tiques importés de l'étranger. Elle a éta-
bli un droit de 0 fr. 25 sur chaque bri-
quet ordinaire importé.'
Ce droit, qui sera perçu en plus de la
taxe intérieure de deux francs votée
mardi dernier par la Chambre, pourra
être encore plus élevé pour les briquets
^Jaqualilé supérieure,
La Chambre va être appelée a voter à
bref délai le projet de la commission des
douanes.
.A force de taxer ce pauvre pyro-
gène, on équilibrera peut-être le budget I
Les péripéties d'un buste.
Le grand Barbey d'Aurevilly n'eut pas
beaucoup de chance, dans la vie; et son
orgueil, égal à son génie, dépassa triste-
ment sa destinée.
Or voici oue son buste a, lui aussi, des
ennuis. On" 1 inaugura, naguère, à Saint-
Sauveur-le-Vicomte. Pour la cérémonie,
on l'avait placé, provisoirement, sur une
caisse de bois. Et puis, les discours ache-
vés, on le laissa, on l'oublia.
Maintenant, la caisse de bois, endom-
magée par l'humidité, menace ruine. Le
Conseil municipal de Saint-Sauveur-le-
Vicomte s'en est aperçu et, ne voulant
pas avoir la responsabilité d'une chute
inconvenante, il décida que, si le comité
n'avisait pas d'ici à quinze jours, le
buste de Barbey serait relégué à la
mairie.
Pauvre Barbey!
Demain, à l'Hôtel Drouot, s'ouvre l'ex-
position des objets d'art et d'ameuble-
me/at, tableaux, bijoux,, fourrures, orfè-
vrerie ancienne et moderne, objets de
vitrine, meubles et sièges de style, tapis,
etc., ainsi que de deux voitures automo-
biles, dépendant de la succession de Mme
Valtesse de La Bigne. Parmi les tableaux
se trouvent des œuvres importantes de
M. Ed. Détaille.
La vente aura lieu les 19, 20, 21, 22 dé-
cembre, et sera dirigée par Me Lair-Du-
breuil, assisté de M. Jules Bataille, ex-
pert.
Notre excellent confrère Comœdia s'est
assuré, pour son numéro de Noël, la pu-
blication d une page de lopéra-comique
de M. Edouard Mongin,. les Deux Séré-
nades. Cette œuvre, tirée du poème de
Charles Grandmougin, fut représentée
l'an dernier au T rianon-Lyrique. La cri-
tique l'a signalée alors comme une œu-
vre nettement originale et pleine d'heu-
reuses qualités. M. Edouard Mongin est
'un harmoniste délicat, dont la concep-
tion et l'expression musicales affirment
avant tout une grande honnêteté de
moyens. Les dileltanti apprécieront à sa
valeur le fragment de la partition des
Deux Sérénades suaves que Comœdia va
publier. _JV^
"L'étude de la composition des Gouttes
Livoniennes de T rouette-Pérret explique
leur puissance pour fortifier les bronches
et guérir les maladies de l'appareil res-
piratoire elles contiennent en effet de
la créosote pure de hêtre, du baume de
tolu et du goudron de Norvège. On ne
peut mieux choisir pour guérir, et même
pour préserver des rhumes, toux, bron-
chites, catarrhe, grippe, enrouements,
etc. On en prend habituellementdeuxau
milieu de chaque repas.
-ciow-
Avant qu'il ferme, ce qui ne saurait
tarder puisqu'il prend fin demain soir
dimanche, rendons un sincère hommage
au Salon de l'Automobile. Il constitue la
plus intéressante exposition qui soit;
on sait combien, depuis la naissance de
la bicyclette, s'est développée en France,
et partout d ailleurs, le goût de la méca-
nique, .dont la technique s'accompagne
dé tant d'art. Li; Salon fournit à tous
l'occasion unique de voir dans des condi-
tions de splendeur exceptionnelle toutes
les merveilles de Tindustrie française et
étrangère d'où son succès. On voit, on
compare et l'on conclut en fin de compte
que la meilleure et la plus belle est la
Rochet-Schneider.
PETITES CURIOSITÉS
Les écrivains dogmatisent volontiers sur
l'élégance. Un écrivain qui ne consacra pas
tous ses loisirs à la littérature et qui oc-
cupa d'autre part une importante situation
dans le monde, S. M. la reine Victoria, a
produit sur ce chapitre des remarques dignes
de retenir l'attention des philosophes. On sait
que M. Jacques Bardoux a présenté aux lec-
teurs français la correspondance si intéres-
sante de la grande souveraine; à propos
d'une étude qu'il vient de consacrer à
Edouard VII, il cite une lettre fort curieuse
où la reine Victoria expose sa philosophie
de la toilette au jeune prince de Galles
qui vient d'être autorisé à choisir lui-même
ses vêtements; après avoir déclaré qu'il ne
faut pas trop accroître l'importance de l'ha-
billement, l'auguste correspondante observe
que la question a néanmoins quelque im-
portance, et en particulier pour ceux qui
occupent une haute situation. « Le vêtement,
écrit-elle, est le seul signe extérieur d'après
leqùeliles gens, -en général, puissent se pro-
noncer sur l'état d'esprit et les' sentiments:
d'une personne ». N'est-ce pas là une re-
marque qu'il est, agréable de rencontrer sous
la plume d'une princesse dont la ferme sa-
gesse gouverna le grand pays où Brummel
eut tant d'admirateurs ? La reine Victoria va
plus loin encore dans sa critique philoso-
phiqué du bon goût et de la décence, appli-
qués à la tenue en exhortant l'héritier de la
couronne à éviter les couleurs voyantes, elle
ajoute qu'une mise excentrique le rendrait
« indifférent à ce qui est moralement mau-
vais ». On sait que la souveraine'eut, dans
son fils, un élève digne de la comprendre
Edouard VII ne fut pas seulement un grand
roi, mais le premier gentleman de son royaume.
-0-=>-0-
Il est admis par tous que la saison des
étrennes si impatiemment attendue des
enfants ne commence réellement que
lorsque le Bazar de l'Hôtel-de-Ville a
ouvert son Exposition de jouets tous les
Parisiens avisés attendent ce moment
pour faire leurs achats, sûrs de trouver
dans le grand établissement de la rue
de Rivoli mieux et meilleur marché que
partout ailleurs.
Pour permettre à ses nombreux clients
retenus la sejnaine par leurs occupations
de faire leurs achats, le Bazar de l'Hôtel-
de-Yille 'restera *exceptïonnè'llp.metrtl ou-
vert le dimanche 18 et le dimanche 25,
jour de Noël.
Il n'est pas une femme qui puisse ré-
sister aux tentations que la maison
Jeanne Hallée Diemert, rue de la Ville-
l'Evëque, lui offre en ce moment. Ce
sont tous les charmants modèles de la
saison qui sont soldés à des prix extra-
ordinaires, conditions inespérées qui les
mettent à la portée de toutes les Pari-
siennes.
L'Amoureuse initiation, que vient de
publier M. O.-W. Milosz, est un de ces
livres qui captivent et la critique et le
public. Sous forme de mémoires, le che-
valier Waldemar de L. nous raconte
les aventures les plus curieuses, les plus
amusantes dans un style vif, alerte, qui
est un véritable feu d'artifice de mots,
de trouvailles heureuses, d'allégresses
bouffonnes ou suaves. L Amoureuse ini-
tiation est en même temps l'œuvre d un
penseur, d'un écrivain avec lequel il faut
compter désormais. D'ailleurs, M. O.-W.
Milosz s'était déjà révélé au monde des
lettres par deux volumes de vers, le
Poème des décadences, les Sept Solitudes,
pleins d'une grande poésie originale, ly-
rique, qui va se montrer bientôt en robe
classique dans les Eléments.
A quoi rêvent les enfants, sinon aux
merveilleux jouets qui seront mis en
vente par les Grands Magasins du bou-
levard Bonne-Nouvelle, les Nouvelles
Galeries « A la Ménagère » pour l'expo-
sition de jouets? Leurs parents consta-
teront avec plaisir, dès demain dimanche
(car les Magasins seront ouverts toute
la journée), le bon goût, la nouveauté et
le bon marché des articles mis en vente.
Ne pas oublier de réclamer le superbe
agenda illustré donné en prime.
-c--<>
« Le domaine propre du risible est la
laideur mais on ne rit des choses bas-
ses et laides que si les expressions par
lesquelles on les désigne ne le sont
pas. »
C'est à Cicéron que l'on doit cette dé-
finition dont nos revuistes se devraient
inspirer, se souvenant que tout est dans
la manière, la manière de lancer une
épigramme, de trousser un couplet, de
faire claquer avec une joyeuse sonorité
le fouet d'Aristophane. Il n'est point
malséant, pour le Français épris de
beauté, d'y ajouter une note d'art, en
s'inspirant, pour la mise en scène, non
point de traditions surannées, mais des
chefs-d'œuvre qui-encombrent nos mu-
sées.
Et c'est là tout, le secret de l'immense
succès, fait de gaieté et de bon goût, de
« la Revue des Folies-Bergère », de MM.
P.-L. Fiers et Eugène Héros.
Nouvelles à la Main
Les trous de Paris.
M. de Pontich va probablement
être nommé officier de la Légion d'hon-
neur.
Ah c'est un homme qui a percé.
#*#
Que donnera-t-on alors à ceux qui,
au lieu d'enlaidir Paris et dîexasperer
le public, rendent des services à leur
pays ?
On né les décorera pas) parce qu'ils
sont beaucoup moins connus que M. ââ<
Pontich, ̃>'̃
••
Cette promotion est bien bizarre.
Du tout 1 il faut la souhaiter car si
oh ne lui donne pas sa rosette, il sera
mécontent et creusera encore plus da
trous
Le Masque de Fer.
L'Heure présente
On ne dira pas que nos députés nous
marchandent leurs instants. Il fallait cinq
minutes pour régler la question des bri-
quets automatiques. La Chambre y a
consacré une séance entière.
Dès l'instant que le briquet entrait dans
l'usage courant, l'obligation de le, taxer-
s'imposait. Intérêts de l'Etat^ intérêts dé
l'industrie privée réclamaient d'urgence
cette rigueur. Pour être votée, elle n'en
a pas moins fourni la matière de vingt
discours interminables qui occupent
quinze pages de'. 1' 'Officiel.- Elle à néces-
sité l'intervention de deux ou trois an-
ciens ministres des finances', de quatre
rapporteurs de grands budgets, d'une quan-
tité de spécialistes et d'une multitude
d'incornpétences. Elle a exigé deux t'ou'ts
de scrutin. Elle a pris six heures d'hor-
loge. Bref, à tous égards, un modèle de
travail législatif.
Mais au Palais-Bourbon, la belle hu-
meur ne perd jamais ses droits. Certains
députés, jugeant donc la discussion, trop
sévère, ont cru devoir l'égayer par des
facéties de bon goût. C'est ainsi qu'en
manière d'argument, un député ayant al-
lumé soudain un de ces fameux briquets
proscrits, son ingénieuse initiative npas tardé à être suivie sur les autres gra-
dins. Et en quelques secondes, d'un bout
à l'autre de l'amphithéâtre, s'improvisait,
joyeusement, la plus jolie fête vénitienne,
avec hilarités prolongées à la clef.
Voilà évidemment qui nous change un
peu des mœurs austères de l'antique par-
lementarisme. On ne se figure pas oiea
M. Thiers répondant à M. Guizot en lui
lâchant un pétard sous le nez, ou M. Dj-
faure ripostant à M. de Fourtou par une
série de feux de Bengale.
Seulement, une fois entrés dans cette
voie nouvelle, nos députés auraient tort
de s'en tenir là.
Pour le budget des beaux-arts, quelques
refrains populaires repris en chœur; pour
le budget de la guerre, quelques coups de e
revolver à blanc; pour le budgetde Tag'iv
culture, ..des irmtalians :variées ..de-c^s
d'animaux, –ils n'ont que l'embarras du
choix entre les mystifications réjouis-
santes. Qu'ils s'y abandonnent carrément.
Tout cela ne peut que relever leur pres-
tige..
Vous ou Moi.
EN ALSACE-LORRAINE
y., •
La Constitution
(Pardépèche de notre correspondant particulier) J
Berlin, 16 décembre.
Le Conseil fédéral a approuvé aujour-
d'hui, en séance plénière, les projets re-
latifs à la Constitution de l'Alsace-Lor-
raine, ainsi que celui relatif au mode
électoral.
Rien n'est changé aux rapports politi-
ques existant entre l'Empereur et le
pays d'Empire, auquel pourtant une plus
grande autonomie est accordée. L'Em-
pereur continuera à. exercer la souverai-
neté comme représentant la totalité des
Etats confédérés; les fonctions de Stat-
thaller restent également inchangées;
sa nomination faite par l'Empereur sera
contresignée par le chancelier, comme
tous les actes du pouvoir impérial. Des
après son entrée en fonction, c'est lui
qui contresignera les actes de l'Empe-
reur pour ce qui concerne le pays d'Em-
pire.
Le Statthalter sera remplacé par le se-
crétaire d'Etat tant qu'il ne s'agira pas
de l'exercice du pouvoir souverain.
Les lois pour l'Alsace-Lorraine seront t
décrétées à l'avenir uniquement par
l'Empereur, avec l'assentiment du Land-
tag composé des deux Chambres du
pays d Empire.
Pour chaque loi, l'accord de l'Empe-
reur et des deux Ch,ambres sera néces-
saire. N
Le Reichstag et le Conseil fédéral
n'existent plus en tant que facteurs lé-
gislatifs du pays d'Empire.
La première Chambre comprendra les
évoques de Strasbourg, de Metz, les pré-
sidents du consistoire supérieur de la
Confession d'Augsbourg et du conseil
synodal de l'Eglise réformée, les prési-
dents du tribunal supérieur, un profes-
seur ordinaire de l'université de Stras-
bourg, un représentant des consistoires
israélites, ainsi qu'un représentant des
quatre grandes villes Strasbourg, Metz,
Colmar, Mulhouse, que les conseils mu-
nicipaux de ces villes 'éliront parmi les
membres qui les composent; trois re-
présentants des Chambres de commerce
de Strasbourg et de Metz ainsi que de
Colmar et de Mulhouse, trois du conseil
d'agriculture et un de la chambre pro-
fessionnelle de Strasbourg, soit en tout
dix-huit personnes auxquelles s'ajoutent
un nombre égal de députés nomméspar
l'Empereur sur la proposition du Conseil
fédéral.
Seront éligibles seuls les ressortis-
sants dé l'Empire qui ont leur domicile
en Alsace-Lorraine et sont âgés d'au
moins trente ans.
La seconde Chambre sera élue au
moyen du droit électoral général, direct
et secret, suivant la loi électorale jointe
an projet.
Seront électeurs les habitants mâles
d'Alsace-Lorraine, en tant qu'ils sont
sujets de l'Empire et ont, vingt-cinq ans
Ê66 Année 3e Série H° 351
Le Numéro avec son Supplément 10 CENTIMES dans toute te France Étranger 20 CENTIMES
Gaston CALMETTE
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c Loué par ceux-ci, blâmé par ceux-là, me moquant des sots, bravant les méchants, je me- hâte.
'de rire de tout. de peur d'être obligé d'en pleurer. » (Beaumarchais.)
Dans les ooloniea françaises; mêmes prit
d'abonnement que pour Paris.' .̃'̃ ?
I*1b Triomphe du Cœur
Ne reste pas ainsi, blanche et muette, en face
De la ville houleuse où la clarté s'efface
Et sur qui le brouillard pèse comme une mer.
Le balcon semble un pont frémissant de steamer;
Hors des flots épaissis qu'un pignon d'angle troue
Un toit émerge obliquement comme une proue;
Un autre, au loin, s'enlise et dresse un mât figé.
On dirait que la ville entière a naufragé,
Avec sa cargaison de cris et de lumières,
Dans un lourd océan sans flux et sans colères s
Qù: monte, mousse et traîne, en indolents circuits, • >
Une écume de voix, de lueurs et de bruits..
Ferme les yeux au froid spectacle qui t'obsède
Re.tourne-toi derrière nous la chambre est tiède.
Le signet pend au livre ancien que nous lisons1;
Les flammes ont noué leur écharpe aux tisons;
Les reflets familiers tremblent aux murs. Qu'importe
Le flot fuligineux noyant la ville morte,
Si nous pouvons ici, loin des gels et. des vents,
Comme dans une serre aux effluves fervents
Où germent pour nous seuls de fabuleux mensonges, >. ,-•
jBpanouir la fleur magique de nos songes?.
Dehors, le ciel frissonne et l'air même est transi;
L'horizon se restreint. Ne reste pas ainsi
Droite, et blanche, et, comme une vigie, obstinée
4. guetter, à travers la brume déchaînée,
Les reflets d'on ne sait quel rivage incertain;
Oublie où nous aborderons demain matin;
Viens les coussins légers ont gardé ton empreinte:
Abandonne ta lassitude à leur étreinte; ̃:
Mais ne va pas, avec un sourire attristé,
Soupirer comme hier Ah 1 notre cher été 1.
Sans doute, il était magnifique
L'été qui cacha nos amours.
̃'• Il nous vêtit d'une tuuique
De rayons clairs et de beaux jours.
Il fit plus brûlantes nos fièvres
Par ses ardeurs qu'il y mêlait;
Nous baisions son souffle à nos lèvres;. ̃ •̃
Son regard nous auréolait.
~*Ji» Sur son sein de mousses et d'herbes,
̃̃̃••• II nous berçait, extasiés
Nos doigts cueillaient toutes les gerbes' -–•̃-<•̃'«<̃>"̃»•«̃̃
Tous les lis étaient sous nos pieds. v
,Par ses fluides harmonies
Et la splendeur de ses décors,
Par ses langueurs indéfinies
Où se dissolvaient nos deux corps,
Par les multiples stratagèmes
De ses parfums aux longs remous,
Il sut nous ravir à nous-mêmes
Comme un tyran sauvage et doux. •'
Nous cédions à tous ses prestiges,
̃̃̃̃' Et nous sentions ses grandes mains
Qui nous mêlaient à des vertiges
Trop profonds pour des sens humains.
Comme les arbres et les plantes,
Nous nous tendions, insoucieux,-
Vers les caresses violentes ̃•̃'̃•
De l'air, de la terre, et des cieux; ̃•>
Et leur ivresse était la nôtre
Dans les bras fauves de Tété;
Mais que savions-nous l'un de l'autre
Au delà de la volupté ?.
Tandis que sur nos fronts versant leurs sortilèges
Les heures déployaient leurs éclatants cortèges,
N'as-tu jamais été triste, n'as-tu jamais,
Dans l'abîme de flamme où tu te consumais,
Senti l'obsession grave et l'inquiétude
De l'ombre, du silence et de la solitude?.
Ne regrette donc pas l'impérieux été;
Nous n'avons pas besoin de sa complicité.
Lés éhoses nous couvraient ainsi qu'une marée;
Mais leur séduction s'est de nous retirée
Les parfums dans les vents d'automne ont pris leur vol;
jusqu'au printemps prochain les sèves dans le sol
Languissent; les échos s'affaissent; les cieux dorment;
La clarté s'épaissit les contours se déforment;
Des objets vacillants qu'estompent des pâleurs
On voit se détacher et glisser les couleurs. •̃'•
Autour de nous le monde hostile est en déroute;
Les choses n'ont plus l'air que de leur ombre. Ecoute
Nous sommes seuls et, dans la paix où nous baignons,
Nos liens, un àun, sont tombés. Nous régnons.
Je retrouve tes traits sereins, tes gestes chastes,
Ton fragile visage pâle et tes yeux vastes,
Où, sous l'azur, à de lointaines profondeurs,
Scintille un firmament d'astres intérieurs.
Loin de l'âpre saison qui fit de nous ses proies,
Nous devrons à nous seuls nos douleurs et nos joies.
Nous commençons enfin à nous appartenir;
Sans un regret et sans même le souvenir
Des heures d'esclavage et des ardeurs brutales,
Comme une Ûeur de pourpre aux flamboyants pétales,
Au-dessus de l'hiver nous dresserons, vainqueurs,
L'jvresse triomphale et libre de.ttos cœurs.
Le brouillard, cependant, déferle à la fenêtre, V
Et la nuit. Souriante à l'hiver qui va naître,
Tu consens au bonheur nouveau qui nous attend;
Tu frôles de ton front mon épaule; et pourtant,
Tu murmures « Si nous allions. et ta figure
S'inquiète des mots que ta bouche murmure,
•Si dans l'ombre limpide où nous nous enfermons,
Nous allions distinguer jusqu'où nous nous aimons!
Maurice Levjûïl&it.
LA VIE DE PARIS
Les Enfants s'amusent
les Parents aussi
Voici l'époque où les petits enfants sont
bien sages. Ils ne frappent plus du tanibour
pendant que leur père fait semblant de tra-
vailler. Ils ne courent plus à toutes jambes à
travers l'appartement. Ils ne cassent presque
plus rien. Ils semblent avoir perdu l'habitude
de déchirer tous les papiers. Et même ils re-
noncent à cette absolue domination par le cri
qu'ils exercent, durant toute l'année, sur toute
la maison. Ils acceptent lâchement toutes les
remontrances. Et nous nous réjouissons, alors
que nous devrions peut-être nous inquiéter.
Nps enfants ne sont sages que par intérêt. La
cupidité vient de toucher leurs petites âmes.
Nos enfants veulent des étrennes.
Ils les auraient tout de même. Chut ne le
disons pas trop fort. Les enfants sont si pré-
coces, aux jours où nous sommes 1 Peut-être
bien qu'ils nous entendraient. Ils les auraient
tout de même, s'ils continuaient à hurler.
Mais ils croient encore à ce que nous disons.
Et nous leur disons qu'ils n'auront rien du
tout, s'ils sont méchants. Alors, ils sont
sages comme tout..
Ils sont assis sur les chaises et regardent,
les catalogues d'étrennes. Que désirent-ils ?
Là petite fille hésite entre la poupée, le mé-
nage de la poupée, la voiture de la poupée,
la, chambre de la poupée, ou la. cuisine
où se prépare la dinétte de la poupée. Le
petit garçon ne sait point si c'est un che-
val qu'il préfère, ou l'automobile, ou le
petit chemin de fer avec sa gare, ses rails et
même sa catastrophe. Il y a bien les livres
aussi. Les livres sont pour les enfants pleins
de mystère. Il y a de tout petits bébés qui
regardent les livres d'un air pensif, et, tour-
nant les pages, balbutient des phrases aux-
quelles on ne comprend rien, et qu'ils sem-
blent découvrir dans l'ouvrage obscur qu'ils
manient.
Et le père et la mère, qui sont des enfants
aussi, mais des enfants que, miraculeusement,
on prend au sérieux, lisent pareillement des
catalogues. Tous les catalogues. Mais lequel
pourrait les intéresser davantage que celui de
}a maison Hachette ? On sait les merveilles qui,
chaque année à cette époque, sortent des
presses de cette grande maison. Et nous
l'avons souvent louée ici de savoir donner,
tous les décembres, aux bibliophiles, la joie
nouvelle des luxueuses éditions qu'on manie
avec des précautions dévotes, et qu'on ne serre
"qti*a "regret dans l'armoire aux beaux livres.
.«G&&: parfaits chefs-d'œuvre,, la librairie- Ba«*-
Chette pourrait s'en interdire là coûteuse folie.
Mais elle tient à cette folie, elle veut, chaque
année, après le fécond labeur des douze mois
écoulés, nous donner le régal de quelques
très belles choses dont elle ne saurait tirer
sans doute aucun profit mais qui lui feront
beaucoup d'honneur c'est une fleur à la bou-
tonnière, fleur précieuse infiniment c'est une
coquetterie dont vraiment il faut remercier la
librairie Hachette, de garder si magnifique-
ment la tradition. Ainsi elle travaille brillam-
ment pour la renommée et pour l'honneur de
4a Librairie française tout entière. 1
Nous étudierons prochainement en détail
les admirables productions de la librairie
Hachette. Mais dès maintenant nous ne pou-
vons,nous retenir de signaler particulière-
ment les plus beaux ouvrages. Voici d'abord
Bans Memlinc. Jamais encore l'oeuvre du
grand peintre flamand n'a été si luxueusement
présentée. Les tableaux de ce maître sont re-
produits en couleurs, avec une finesse et une
fidélité auxquelles il eût été impossible d'at-
teindre, avant les merveilleux progrès de la
gravure polychrome. La Châsse de Sainte
Ursule, le Diptyque de Marten van Nieu-
wenhove, tous les chefs-d'œuvre indiscutés du
grand primitif sont réunis dans ce magni-
fique volume, et commentés en de savantes
notices.
Et voici Tiepolo, sa vie, son œuvre, son
temps. On apprend à connaître le dernier
grand peintre de la République des Doges,
ce merveilleux artiste dédaigné par ses con-
temporains, dans la savante documentation
de M. Molmenti. Quatre cents gravures ex-
posent son œuvre expressive et mouvemen-
tée, où apparaissent les mille visages de
l'humanité. La joie des yeux par la beauté de
l'illustration. La joie de l'esprit, par la sûreté
et la science de la critique. Tel est cet ou-
vrage unique.
Voici encore l'Or du Rhin, la Walkyrie,
de Richard Wagner, ornés de quarante illus-
trations en couleurs, d'après les aquarelles de
Arthur Rackham. Jamais la verve du presti-
gieux illustrateur du Songe d'une nuit d'été
ne s'est plus pleinement exercée. Il avait
pour la stimuler les Ondines gracieuses et
légères qui vivent en des grottes de cristal,
au sein des eaux vertes du vieux fleuve.
Il avait les walkyries casquées d'ailes, che-
vauchant dans les airs leurs montures de
rêve. Il avait les monstres et les héros, les
hommes et les dieux. Et ses quarante tableaux
enrichissent ce que l'on croyait impossible
le prologue et la première partie de la Té-
tralogie, dont les deux autres parties seront
publiées l'année prochaine. Mais on n'ose pas
trop vanter cette publication. La raison est
simple le premier tirage est déjà épuisé. Et
nos éloges deviendraient vite, chez nos lec»
teurs, des regrets.
Et c'est l'Histoire dé, France publiée sous la
'direction d'Ernest Lavisse, grandiose monu-
ment dont la librairie Hachette avait entre-
pris if y a longtemps l'édification et qui en
dix-sept volumes se trouve aujourd'hui para-
chevé. `
Deux ouvrages encore en hâte, car la
place commence' à nous manquer. Ce sont
l'Architecture romane en France, recueil de
313' gravures grâce à quoi les profanes pour-
ront désormais pénétrer tous les secrets de la
technique romane, et s'initier à la beauté de
cette architecture les Estampes japonaises,
une étude claire, approfondie et complète,
due à M. de Seidlitz, qui s'est acquis une
haute renommée parmi les historiens de l'art
japonais. Son ouvrage est orné de seize admi-
rables planches en couleur.
Voilà quelques-unes des étrennes que la
librairie Hachette offre cette année à ses
fidèles bibliophiles. ,̃ )
Elles sont dignes de son passé et de ses
traditions. Elles sont une preuve nouvelle de
sa merveilleuse jeunesse, et de cette acti-
vité surprenante à laquelle nous devons ces
publications animées et vivantes qui sont
les Lectures pour tous, la Vie Heureuse,
la Vie d la campagne, le Journal de la
jeunesse, tant de revues, et si diverses
qu'il y en a, comme on dit, pour tous les
goûts, et pour tous les âges, et que parents
et enfants, cessant, les uns de gronder, les
autres de crier, penchent sur la table fami-
liale des visages apaisés et réconciliés.
Echos
'̃ha Température
Il fait très chaud pour la saison et il pleut.
Hier matin le thermomètre marquait 9° à
midi, 140. Baromètre, 752""11. Les dépressions
continuent à se succéder sur l'ouest de l'Eu-
rope, ce qui ne nous annonce pas du beau
temps. Sur les côtes de la, Manche et de l'O-
céan, la mer est démontée. Elle est belle sur
le littoral de la Méditerranée.
Départements, le matin. Au-dessus de \éro
i° â Gap .6° à Clermont et à Lyon 70 à Mar-
seille 8° à Limoges et à Dunkerque •, 90 à
Boulogn/J çt'à Toulouse 11» -à.~BÔr.d€aux
13° à, Brest; 130 à Nantes et à Cherbourg;
140 à Rochefort; 170 à Biarritz et à Alger.
En France, des pluies sont encore proba-
bles le temps va rester doux.
(La température du 16 décembre 1909 était,
à Paris le matin, 2° au-dessous de zéro à
midi, 50 au-dessus. Baromètre, 75Ômm9. Jour-
née agréable.)
Du New York Herald
A New York Temps beau. Tempéra-
ture maxima, 70 minima, 30. Vent nord-
ouest.
A Londres Temps pluvieux. Température
maxima, ii°; minima, 90. Baromètre 752mm.
A Berlin Température (à midi) 70.
A Travers Paris.
Encore 1.
La commission des douanes s'est oc-
cupée hier de la question des droits qui
doivent frapper les briquets automa-
tiques importés de l'étranger. Elle a éta-
bli un droit de 0 fr. 25 sur chaque bri-
quet ordinaire importé.'
Ce droit, qui sera perçu en plus de la
taxe intérieure de deux francs votée
mardi dernier par la Chambre, pourra
être encore plus élevé pour les briquets
^Jaqualilé supérieure,
La Chambre va être appelée a voter à
bref délai le projet de la commission des
douanes.
.A force de taxer ce pauvre pyro-
gène, on équilibrera peut-être le budget I
Les péripéties d'un buste.
Le grand Barbey d'Aurevilly n'eut pas
beaucoup de chance, dans la vie; et son
orgueil, égal à son génie, dépassa triste-
ment sa destinée.
Or voici oue son buste a, lui aussi, des
ennuis. On" 1 inaugura, naguère, à Saint-
Sauveur-le-Vicomte. Pour la cérémonie,
on l'avait placé, provisoirement, sur une
caisse de bois. Et puis, les discours ache-
vés, on le laissa, on l'oublia.
Maintenant, la caisse de bois, endom-
magée par l'humidité, menace ruine. Le
Conseil municipal de Saint-Sauveur-le-
Vicomte s'en est aperçu et, ne voulant
pas avoir la responsabilité d'une chute
inconvenante, il décida que, si le comité
n'avisait pas d'ici à quinze jours, le
buste de Barbey serait relégué à la
mairie.
Pauvre Barbey!
Demain, à l'Hôtel Drouot, s'ouvre l'ex-
position des objets d'art et d'ameuble-
me/at, tableaux, bijoux,, fourrures, orfè-
vrerie ancienne et moderne, objets de
vitrine, meubles et sièges de style, tapis,
etc., ainsi que de deux voitures automo-
biles, dépendant de la succession de Mme
Valtesse de La Bigne. Parmi les tableaux
se trouvent des œuvres importantes de
M. Ed. Détaille.
La vente aura lieu les 19, 20, 21, 22 dé-
cembre, et sera dirigée par Me Lair-Du-
breuil, assisté de M. Jules Bataille, ex-
pert.
Notre excellent confrère Comœdia s'est
assuré, pour son numéro de Noël, la pu-
blication d une page de lopéra-comique
de M. Edouard Mongin,. les Deux Séré-
nades. Cette œuvre, tirée du poème de
Charles Grandmougin, fut représentée
l'an dernier au T rianon-Lyrique. La cri-
tique l'a signalée alors comme une œu-
vre nettement originale et pleine d'heu-
reuses qualités. M. Edouard Mongin est
'un harmoniste délicat, dont la concep-
tion et l'expression musicales affirment
avant tout une grande honnêteté de
moyens. Les dileltanti apprécieront à sa
valeur le fragment de la partition des
Deux Sérénades suaves que Comœdia va
publier. _JV^
"L'étude de la composition des Gouttes
Livoniennes de T rouette-Pérret explique
leur puissance pour fortifier les bronches
et guérir les maladies de l'appareil res-
piratoire elles contiennent en effet de
la créosote pure de hêtre, du baume de
tolu et du goudron de Norvège. On ne
peut mieux choisir pour guérir, et même
pour préserver des rhumes, toux, bron-
chites, catarrhe, grippe, enrouements,
etc. On en prend habituellementdeuxau
milieu de chaque repas.
-ciow-
Avant qu'il ferme, ce qui ne saurait
tarder puisqu'il prend fin demain soir
dimanche, rendons un sincère hommage
au Salon de l'Automobile. Il constitue la
plus intéressante exposition qui soit;
on sait combien, depuis la naissance de
la bicyclette, s'est développée en France,
et partout d ailleurs, le goût de la méca-
nique, .dont la technique s'accompagne
dé tant d'art. Li; Salon fournit à tous
l'occasion unique de voir dans des condi-
tions de splendeur exceptionnelle toutes
les merveilles de Tindustrie française et
étrangère d'où son succès. On voit, on
compare et l'on conclut en fin de compte
que la meilleure et la plus belle est la
Rochet-Schneider.
PETITES CURIOSITÉS
Les écrivains dogmatisent volontiers sur
l'élégance. Un écrivain qui ne consacra pas
tous ses loisirs à la littérature et qui oc-
cupa d'autre part une importante situation
dans le monde, S. M. la reine Victoria, a
produit sur ce chapitre des remarques dignes
de retenir l'attention des philosophes. On sait
que M. Jacques Bardoux a présenté aux lec-
teurs français la correspondance si intéres-
sante de la grande souveraine; à propos
d'une étude qu'il vient de consacrer à
Edouard VII, il cite une lettre fort curieuse
où la reine Victoria expose sa philosophie
de la toilette au jeune prince de Galles
qui vient d'être autorisé à choisir lui-même
ses vêtements; après avoir déclaré qu'il ne
faut pas trop accroître l'importance de l'ha-
billement, l'auguste correspondante observe
que la question a néanmoins quelque im-
portance, et en particulier pour ceux qui
occupent une haute situation. « Le vêtement,
écrit-elle, est le seul signe extérieur d'après
leqùeliles gens, -en général, puissent se pro-
noncer sur l'état d'esprit et les' sentiments:
d'une personne ». N'est-ce pas là une re-
marque qu'il est, agréable de rencontrer sous
la plume d'une princesse dont la ferme sa-
gesse gouverna le grand pays où Brummel
eut tant d'admirateurs ? La reine Victoria va
plus loin encore dans sa critique philoso-
phiqué du bon goût et de la décence, appli-
qués à la tenue en exhortant l'héritier de la
couronne à éviter les couleurs voyantes, elle
ajoute qu'une mise excentrique le rendrait
« indifférent à ce qui est moralement mau-
vais ». On sait que la souveraine'eut, dans
son fils, un élève digne de la comprendre
Edouard VII ne fut pas seulement un grand
roi, mais le premier gentleman de son royaume.
-0-=>-0-
Il est admis par tous que la saison des
étrennes si impatiemment attendue des
enfants ne commence réellement que
lorsque le Bazar de l'Hôtel-de-Ville a
ouvert son Exposition de jouets tous les
Parisiens avisés attendent ce moment
pour faire leurs achats, sûrs de trouver
dans le grand établissement de la rue
de Rivoli mieux et meilleur marché que
partout ailleurs.
Pour permettre à ses nombreux clients
retenus la sejnaine par leurs occupations
de faire leurs achats, le Bazar de l'Hôtel-
de-Yille 'restera *exceptïonnè'llp.metrtl ou-
vert le dimanche 18 et le dimanche 25,
jour de Noël.
Il n'est pas une femme qui puisse ré-
sister aux tentations que la maison
Jeanne Hallée Diemert, rue de la Ville-
l'Evëque, lui offre en ce moment. Ce
sont tous les charmants modèles de la
saison qui sont soldés à des prix extra-
ordinaires, conditions inespérées qui les
mettent à la portée de toutes les Pari-
siennes.
L'Amoureuse initiation, que vient de
publier M. O.-W. Milosz, est un de ces
livres qui captivent et la critique et le
public. Sous forme de mémoires, le che-
valier Waldemar de L. nous raconte
les aventures les plus curieuses, les plus
amusantes dans un style vif, alerte, qui
est un véritable feu d'artifice de mots,
de trouvailles heureuses, d'allégresses
bouffonnes ou suaves. L Amoureuse ini-
tiation est en même temps l'œuvre d un
penseur, d'un écrivain avec lequel il faut
compter désormais. D'ailleurs, M. O.-W.
Milosz s'était déjà révélé au monde des
lettres par deux volumes de vers, le
Poème des décadences, les Sept Solitudes,
pleins d'une grande poésie originale, ly-
rique, qui va se montrer bientôt en robe
classique dans les Eléments.
A quoi rêvent les enfants, sinon aux
merveilleux jouets qui seront mis en
vente par les Grands Magasins du bou-
levard Bonne-Nouvelle, les Nouvelles
Galeries « A la Ménagère » pour l'expo-
sition de jouets? Leurs parents consta-
teront avec plaisir, dès demain dimanche
(car les Magasins seront ouverts toute
la journée), le bon goût, la nouveauté et
le bon marché des articles mis en vente.
Ne pas oublier de réclamer le superbe
agenda illustré donné en prime.
-c-
« Le domaine propre du risible est la
laideur mais on ne rit des choses bas-
ses et laides que si les expressions par
lesquelles on les désigne ne le sont
pas. »
C'est à Cicéron que l'on doit cette dé-
finition dont nos revuistes se devraient
inspirer, se souvenant que tout est dans
la manière, la manière de lancer une
épigramme, de trousser un couplet, de
faire claquer avec une joyeuse sonorité
le fouet d'Aristophane. Il n'est point
malséant, pour le Français épris de
beauté, d'y ajouter une note d'art, en
s'inspirant, pour la mise en scène, non
point de traditions surannées, mais des
chefs-d'œuvre qui-encombrent nos mu-
sées.
Et c'est là tout, le secret de l'immense
succès, fait de gaieté et de bon goût, de
« la Revue des Folies-Bergère », de MM.
P.-L. Fiers et Eugène Héros.
Nouvelles à la Main
Les trous de Paris.
M. de Pontich va probablement
être nommé officier de la Légion d'hon-
neur.
Ah c'est un homme qui a percé.
#*#
Que donnera-t-on alors à ceux qui,
au lieu d'enlaidir Paris et dîexasperer
le public, rendent des services à leur
pays ?
On né les décorera pas) parce qu'ils
sont beaucoup moins connus que M. ââ<
Pontich, ̃>'̃
••
Cette promotion est bien bizarre.
Du tout 1 il faut la souhaiter car si
oh ne lui donne pas sa rosette, il sera
mécontent et creusera encore plus da
trous
Le Masque de Fer.
L'Heure présente
On ne dira pas que nos députés nous
marchandent leurs instants. Il fallait cinq
minutes pour régler la question des bri-
quets automatiques. La Chambre y a
consacré une séance entière.
Dès l'instant que le briquet entrait dans
l'usage courant, l'obligation de le, taxer-
s'imposait. Intérêts de l'Etat^ intérêts dé
l'industrie privée réclamaient d'urgence
cette rigueur. Pour être votée, elle n'en
a pas moins fourni la matière de vingt
discours interminables qui occupent
quinze pages de'. 1' 'Officiel.- Elle à néces-
sité l'intervention de deux ou trois an-
ciens ministres des finances', de quatre
rapporteurs de grands budgets, d'une quan-
tité de spécialistes et d'une multitude
d'incornpétences. Elle a exigé deux t'ou'ts
de scrutin. Elle a pris six heures d'hor-
loge. Bref, à tous égards, un modèle de
travail législatif.
Mais au Palais-Bourbon, la belle hu-
meur ne perd jamais ses droits. Certains
députés, jugeant donc la discussion, trop
sévère, ont cru devoir l'égayer par des
facéties de bon goût. C'est ainsi qu'en
manière d'argument, un député ayant al-
lumé soudain un de ces fameux briquets
proscrits, son ingénieuse initiative npas tardé à être suivie sur les autres gra-
dins. Et en quelques secondes, d'un bout
à l'autre de l'amphithéâtre, s'improvisait,
joyeusement, la plus jolie fête vénitienne,
avec hilarités prolongées à la clef.
Voilà évidemment qui nous change un
peu des mœurs austères de l'antique par-
lementarisme. On ne se figure pas oiea
M. Thiers répondant à M. Guizot en lui
lâchant un pétard sous le nez, ou M. Dj-
faure ripostant à M. de Fourtou par une
série de feux de Bengale.
Seulement, une fois entrés dans cette
voie nouvelle, nos députés auraient tort
de s'en tenir là.
Pour le budget des beaux-arts, quelques
refrains populaires repris en chœur; pour
le budget de la guerre, quelques coups de e
revolver à blanc; pour le budgetde Tag'iv
culture, ..des irmtalians :variées ..de-c^s
d'animaux, –ils n'ont que l'embarras du
choix entre les mystifications réjouis-
santes. Qu'ils s'y abandonnent carrément.
Tout cela ne peut que relever leur pres-
tige..
Vous ou Moi.
EN ALSACE-LORRAINE
y., •
La Constitution
(Pardépèche de notre correspondant particulier) J
Berlin, 16 décembre.
Le Conseil fédéral a approuvé aujour-
d'hui, en séance plénière, les projets re-
latifs à la Constitution de l'Alsace-Lor-
raine, ainsi que celui relatif au mode
électoral.
Rien n'est changé aux rapports politi-
ques existant entre l'Empereur et le
pays d'Empire, auquel pourtant une plus
grande autonomie est accordée. L'Em-
pereur continuera à. exercer la souverai-
neté comme représentant la totalité des
Etats confédérés; les fonctions de Stat-
thaller restent également inchangées;
sa nomination faite par l'Empereur sera
contresignée par le chancelier, comme
tous les actes du pouvoir impérial. Des
après son entrée en fonction, c'est lui
qui contresignera les actes de l'Empe-
reur pour ce qui concerne le pays d'Em-
pire.
Le Statthalter sera remplacé par le se-
crétaire d'Etat tant qu'il ne s'agira pas
de l'exercice du pouvoir souverain.
Les lois pour l'Alsace-Lorraine seront t
décrétées à l'avenir uniquement par
l'Empereur, avec l'assentiment du Land-
tag composé des deux Chambres du
pays d Empire.
Pour chaque loi, l'accord de l'Empe-
reur et des deux Ch,ambres sera néces-
saire. N
Le Reichstag et le Conseil fédéral
n'existent plus en tant que facteurs lé-
gislatifs du pays d'Empire.
La première Chambre comprendra les
évoques de Strasbourg, de Metz, les pré-
sidents du consistoire supérieur de la
Confession d'Augsbourg et du conseil
synodal de l'Eglise réformée, les prési-
dents du tribunal supérieur, un profes-
seur ordinaire de l'université de Stras-
bourg, un représentant des consistoires
israélites, ainsi qu'un représentant des
quatre grandes villes Strasbourg, Metz,
Colmar, Mulhouse, que les conseils mu-
nicipaux de ces villes 'éliront parmi les
membres qui les composent; trois re-
présentants des Chambres de commerce
de Strasbourg et de Metz ainsi que de
Colmar et de Mulhouse, trois du conseil
d'agriculture et un de la chambre pro-
fessionnelle de Strasbourg, soit en tout
dix-huit personnes auxquelles s'ajoutent
un nombre égal de députés nomméspar
l'Empereur sur la proposition du Conseil
fédéral.
Seront éligibles seuls les ressortis-
sants dé l'Empire qui ont leur domicile
en Alsace-Lorraine et sont âgés d'au
moins trente ans.
La seconde Chambre sera élue au
moyen du droit électoral général, direct
et secret, suivant la loi électorale jointe
an projet.
Seront électeurs les habitants mâles
d'Alsace-Lorraine, en tant qu'ils sont
sujets de l'Empire et ont, vingt-cinq ans
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